moquer
moquer
v.t.se moquer
v.pr. (de)moquer
Participe passé: moqué
Gérondif: moquant
Indicatif présent |
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je moque |
tu moques |
il/elle moque |
nous moquons |
vous moquez |
ils/elles moquent |
MOQUER (SE)
(mo-ké) v. réfl.PROVERBES
- La pelle se moque du fourgon, se dit lorsqu'une personne se moque d'une autre qui aurait autant de sujet de se moquer d'elle. L'abbé Testu dit rudement à notre voisine : Mais, madame, si elle vous avait répondu que la pelle se moque du fourgon, qu'auriez-vous dit ? Monsieur, dit-elle, je ne suis point une pelle, et elle est un fourgon [SÉV., 387]
- Il ne faut pas se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village, c'est-à-dire il ne faut pas choquer un homme tant qu'on est dans un lieu où il peut vous nuire.
- Donner à plus riche que soi, le diable s'en moque, signifie que, les largesses faites à des riches étant rarement désintéressées, le diable ne doit pas en tenir compte, ou bien qu'il est ridicule de donner à plus riche que soi.
REMARQUE
- 1. On notera que moquer a une forme passive, bien qu'il n'ait pas de forme active. On ne dit pas moquer quelqu'un ; mais on dit être moqué par quelqu'un. L'ancienne langue employait régulièrement l'actif.
- 2. À côté de se faire moquer, tournure qui est la tournure régulière, il s'en est introduit une autre qui est complétement inconciliable avec la syntaxe ; c'est : vous vous ferez moquer de vous, il s'est fait moquer de lui, etc. De vous, de lui, etc. ne peuvent se construire : faire moquer soi de soi, ne signifie rien. Cependant il faut ajouter que cette locution, tout opposée à la grammaire et même toute barbare qu'elle est, a pour elle l'usage, l'autorité de l'Académie et celle des exemples. Ne vaut-il pas mieux porter son mal en patience, que de se faire moquer de soi par des regrets inutiles ? [D'ABLANCOURT, Lucien, Dial. des morts, Achille et Antiloque.]Il se fait moquer de lui en public à cause de sa timidité [ID., Lucien, Jupiter le tragique.]Xanthus avait une femme de goût assez délicat, et à qui toutes sortes de gens ne plaisaient pas ; si bien que de lui aller présenter sérieusement son nouvel esclave [Ésope], il n'y avait pas d'apparence, à moins qu'il ne la voulût mettre en colère et se faire moquer de lui [LA FONT., Vie d'Esope.]C'est un orgueil indiscipliné qui se vante, qui va à la gloire avec un empressement trop visible ; il se fait moquer de lui [BOSSUET, Pensées chrét. 21]Je me ferais moquer de moi [DANCOURT, les Bourgeoises à la mode, IV, 6]Certains particuliers qui.... excitent par une dépense excessive et par un faste ridicule les traits et la raillerie de toute une ville qu'ils croient éblouir, et se ruinent ainsi à se faire moquer de soi [LA BRUY., VII]Albergotti s'évanouit chez Mme de Maintenon, et, tout à la mode qu'il fût, se fit moquer de lui [SAINT-SIMON, 12, 143]Je crus que je me ferais moquer de moi, si je m'expliquais d'une manière bien claire [MONTESQ., Lett. pers. 130]Un étranger qui écrirait en français croirait bien faire que d'emprunter beaucoup de phrases à Molière, et se ferait moquer de lui [D'ALEMB., Mél. t. V, Sur la latinité des modernes.]Tu te fais moquer de toi par les voyageurs qui descendent dans cette auberge [PICARD, la Petite ville, II, 1]Malgré ces exemples, et quoique cette tournure se trouve dans Charron dès le XVIe siècle, on fera bien de l'éviter soit en parlant soit en écrivant.
HISTORIQUE
- XIIIe s. Teus [tel] me tient ore en grant honneur et en grant reverence qui adont se moqueroit de moi [, Hist. litt. de la France, t. XXIII, p. 727]Vostre orguel ne vaut une coque ; Sachiés que fortune vous moque [, la Rose, 6542]De joste son seignor se sist Au mangier, et maintenant rist De Renart qui les a moquiez [, Ren. 22137]Le bon comte de Soissons, en ce point là où nous estions, se moquoit à moy [plaisantait avec moi] et me disoit : Seneschal, lessons huer ceste chiennaille [JOINV., 228]Sa fame et si enfant vraiement s'en anuient ; Li estrange le moquent, et li sien le defuient [fuient] [J. DE MEUNG, Test. 186]
- XIVe s. Quant l'empereur vist l'escript, il fut tout esmerveillé, et dit que le clerc s'estoit moqué de luy [, Modus, f° CXIX]Nariller, frotter la narine ou mouquer [subsannare] [DU CANGE, narire.]
- XVe s. Ainsi de moy fort amour se mocquoit [CH. D'ORL., I]
- XVIe s. Et que le mocqueur soit à mocquer si adestre, Que le mocqué s'en rie, et ne pense pas l'estre [RONS., 659]Ils y apprenoient à s'entre-moquer plaisamment, et à ne se courroucer point pour estre semblablement moquez [AMYOT, Lyc. 19]Les tribuns ne se feirent que rire et moquer de ceste advertissement [ID., Cam. 23]Diogenes, à un qui luy disoit, " Ceux là se moquent de toy, " " Je ne m'en tiens, dit-il, point pour moqué. " Voulant dire qu'il reputoit ceulx là seuls estre moquez, qui se passionnent et se troublent pour des moqueries [ID., Fab. 23]Et ce je appelle moque Dieu, non oraison [RAB., Garg. I, 40]Qui de nous ne se mocque de veoir.... [MONT., I, 84]Le fourgon se mocque de la paele [ID., III, 388]Elle [la vieillesse] se faict mocquer d'elle [CHARRON, Sagesse, I, 36]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. mochar ; angl. to mock. Diez rapproche l'espagnol mueca, grimace, de moquer, qu'il tire, comme la plupart des étymologistes, du verbe grec signifiant railler. Cette étymologie paraît plausible ; cependant on ne voit pas comment un verbe grec serait entré, sans intermédiaire latin, dans le provençal et le français, et y serait entré sans pénétrer simultanément dans l'espagnol et l'italien ; car l'assimilation de mueca et du terme grec est très problématique. Le celtique a : kimry, moc, moquerie, mociaw, se moquer ; gaél. mag, se moquer ; on pourrait y voir l'origine de notre mot. Enfin Scheler, repoussant aussi le verbe grec, croit que moquer est la forme picarde de moucher (ce qui pourrait être en effet), et que moquer ou moucher est une locution figurée pour railler, duper : se moucher de quelqu'un, à peu près comme les latins disaient emungere, qui signifiait à la fois se moucher, et duper, railler. Cette étymologie est fortement appuyée par l'exemple du XIVe siècle qui rend subsannare, railler, par mouquer ; elle l'est aussi par le sens populaire de moucher, qui veut dire corriger un homme, le battre : je l'ai mouché ; tu vas te faire moucher.
moquer
Il signifie aussi Mépriser, braver, témoigner son dédain. C'est un homme qui se moque de l'opinion publique, qui se moque de tout. Il s'est moqué des remontrances qu'on lui a faites, de tous les avis qu'on lui a donnés. C'est se moquer du monde, c'est se moquer des gens que d'agir ainsi, de parler de la sorte. Je me moque de lui, je ne le crains point.
Il se prend quelquefois absolument et signifie alors Ne pas parler, ne pas agir sérieusement. Quand je dis cela, vous voyez bien que je me moque. C'est se moquer que d'agir comme vous faites. C'est se moquer que de prétendre telle chose, de soutenir une pareille opinion. Vous vous moquez, je pense.
Par civilité, Vous vous moquez de moi, vous vous moquez, Vous me traitez avec trop de cérémonie, vous poussez trop loin la politesse. Vous vous moquez, je ne passerai pas avant vous.
Prov. et fig., Il ne faut point se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village. Voyez CHIEN.
MOQUER s'emploie aussi avec le verbe FAIRE. Si vous en usez comme cela, vous vous ferez moquer de vous, et absolument, vous vous ferez moquer.
moquer
Moquer, Cerchez Mocquer.
moquer
MOQUER (SE) v. réc. [Moké. 2e é fer.] 1°. Se railler de.... en plaisanter. "On s'est moqué de lui, de ses propôs, de ses vers, de sa danse. = 2°. Mépriser. "Il se moque de père et de mère. = Braver, "Se moquer des périls. "Je me moque de lui et de ses menaces. = 3°. Ne dire, ne faire pas sérieûsement. "C' est se moquer que de faire une telle démarche. = 4°. Faire hors de propôs. "C'est se moquer que de soutenir une si mauvaise caûse. "Vous vous moquez de sortir par ce mauvais tems.
Rem. Quelques Auteurs l'ont employé au passif. "La crainte d'être moqué. On dit plutôt, la crainte qu'on ne se moque de moi, de nous, de vous, etc. "Est-ce la crainte d'être moqué, qui vous retient? Et par qui le serez-vous? Mariv. "Ils furent moqués et chassés ignominieûsement. Rollin. "Les esprits forts, qui s'étoient moqués de la Fée furent moqués à leur tour. J. J. Rousseau. Reine Fantasque. Ici l'oposition fait pâsser le passif, qui n'est pas fort usité. — On lit aussi, dans l'Année Litt. "À~ présent qu'il est non-seulement refusé, mais joué, moqué. On y emploi même le participe adjectivement, ce qui est encôre plus extraordinaire. "Le Soldat eut honte de son action, et moqué de ses camarades, il se remit à pied. = Le proverbe dit que: les moqueurs sont souvent moqués; mais le style proverbial a de grands droits, et ne doit point tirer à conséquence. — Je ne dois pas dissimuler qu'on voit dans Trév. cet exemple. "Il fut moqué de tous ceux qui le virent; et que l'Académie remarque que moquer s'emploie avec le verbe faire: vous vous ferez moquer de tout le monde; et au participe, avec le verbe être. "Il fut moqué de tout le monde. — Enfin Boileau a dit dans sa Xe Satire:
Que sous ce joug moqué tout le monde s'engage.
Je doute que cela puisse se dire, même en vers.
On dit proverbialement: se moquer de la barbouillée, ne rien craindre. "On veut lui faire peur; mais il se moque de la barbouillée. Voyez CHIEN, FOURGON.
moquer (se)
moquer
spotziekjeer, flout, gibe, jibe, joke, laugh at, make fun of, mock, poke fun at, scoffשם ללעגmokierenbeffe (farsi beffe di) (səmɔke)verbe pronominal