mépriser

mépriser

v.t. [ de 1. priser ]
1. Avoir ou témoigner du mépris pour qqn, pour qqch : Il méprise ses voisins dédaigner ; estimer
2. Ne faire aucun cas de : Des cascadeurs qui méprisent le danger braver, s'exposer à, narguer ; redouter ignorer ; observer, respecter
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

MÉPRISER

(mé-pri-zé) v. a.
Tenir en mépris.
Vous méprisez trop Rome, et vous devriez faire Plus d'estime d'un roi qui vous tient lieu de père [CORN., Nicom. III, 1]
Michol, fille de Saül, regardant par la fenêtre, vit le roi David qui sautait et qui dansait ; et elle le méprisa dans son cœur [SACI, Bible, Paralip. I, XV, 29]
On a bien de l'obligation à ceux qui avertissent des défauts ; car ils mortifient : ils apprennent qu'on a été méprisé [PASC., Pens. XXV, 38]
Ne vous étonnez pas si le même Ecclésiaste méprise tout en nous, jusqu'à la sagesse, et ne trouve rien de meilleur que de goûter en repos le fruit de son travail [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Les chrétiens ne connaissent plus la sainte frayeur dont on était saisi autrefois à la vue du sacrifice.... loin de trembler devant les autels, on y méprise Jésus-Christ présent [ID., Louis de Bourbon.]
C'est dans ce même esprit qu'il méprisa souvent les bruits du vulgaire [FLÉCH., Lamoignon.]
Vous méprisez mes pleurs ! mes cris sont superflus ! [QUINAULT, Pers. II, 6]
Qui méprise Cotin n'estime point son roi [BOILEAU, Sat. IX]
Ses mains ne méprisent point le travail [FÉN., Tél. XXII]
Il est encore assez ordinaire de mépriser qui nous méprise [LA BRUY., XI]
J'ai assez d'orgueil pour mépriser d'un mépris souverain les discours de ceux qui ne me connaissent pas [VOLT., Lett. Thieriot, 28 janv. 1739]
Les sots jugements et les folles opinions du vulgaire ne rendront point malheureux un homme qui a appris à supporter des malheurs réels ; et qui méprise les grands peut bien mépriser les sots [ID., ib. 4 août 1728]
Fig. et par plaisanterie.
Je suis si bien aujourd'hui, que je crois que je prendrai le parti qu'ils me conseillent, qui est de mépriser ma jambe [malade], et de ne la point questionner à tout moment [SÉV., 1er juill. 1685]
Absolument.
Cliton : Dirons-nous rien nous deux ? - Lise. Non. - Cliton : Comme tu méprises ! - Lise : Je n'ai pas le loisir d'entendre tes sottises [CORN., Suite du Ment. II, 6]
Fouler aux pieds, transgresser.
Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi [RAC., Esth. I, 4]
Cruel, si, de mes pleurs méprisant le pouvoir, Vous consentez sans peine à ne me plus revoir [ID., Phèdre, V, 1]
Je puis vous paraître à présent indigne de votre affection ; mais votre promesse, pourquoi la méprisez-vous ? [STAËL, Corinne, XV, I]
Ne pas donner une suffisante attention.
Ceux qui veulent qu'on méprise tout, veulent en même temps laisser tout courir [BOSSUET, États d'oraison, I, 10]
Il ne faut pas mépriser de tels détails, qui sont la source cachée de la ruine des États, comme des familles [VOLT., Mœurs, 79]
Repousser un amant, un prétendant.
[toi] Pour qui j'ai méprisé Ce mortel qu'aujourd'hui le sort a fait ton maître [VOLT., Orph. II, 3]
S'élever au-dessus de l'amour ou de la crainte qu'on a ordinairement pour une chose.
Qui méprise la vie est maître de la sienne [d'Auguste] [CORN., Cinna, I, 2]
Laissons-lui donc mépriser tous les états de cette vie, puisqu'enfin, de quelque côté qu'on s'y tourne, on voit toujours la mort en face, qui couvre de ténèbres tous nos plus beaux jours [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Mais, parce qu'en refusant les présents du monde, on encourt infailliblement ses disgrâces, non-seulement mépriser ses biens, mais encore mépriser sa haine, et ne pas craindre de lui déplaire, voilà la seconde maxime [ID., 2e sermon, Pentec. 1]
Quand on peut mépriser le charme de l'amour, Quels enchantements peut-on craindre ? [QUINAULT, Armide, II, 1]
La franchise qui règne en cet heureux séjour Fait mépriser les fers et l'orgueil de la cour [VOLT., Scythes, I, 3]
Voulons-nous avoir le droit de mépriser les riches ? commençons par mépriser les richesses ; changeons nos mœurs [DUCLOS, Consid. mœurs, 10]
Mépriser de, avec un infinitif.
Vous, hommes, enfants de Dieu... si, plus stupides et plus insensibles que les créatures inanimées, vous méprisez de suivre les lois que Dieu même vous a données [BOSSUET, 2e sermon, Quinquagésime, 2]
Se mépriser, v. réfl. Avoir du mépris pour soi-même.
Il ne faut pas permettre à l'homme de se mépriser tout entier, de peur que, croyant avec les impies que notre vie n'est qu'un jeu où règne le hasard, il ne marche sans règle et sans conduite au gré de ses aveugles désirs [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
C'est se mépriser soi-même que de n'oser paraître ce qu'on est [MASS., Madame.]
Se mépriser, avoir un mépris réciproque l'un pour l'autre. Ces deux hommes se méprisent, et ils ont raison tous les deux.

REMARQUE

  • Mme de Sévigné a accordé, suivant l'ancienne règle, le participe présent : Je vous trouve si pleine de réflexions, si stoïcienne, si méprisante les choses de ce monde et la vie même, 3 avr. 1680.

HISTORIQUE

  • XVIe s.
    Mespriser les offenses receues [MONT., II, 115]
    Nostre appetit mesprise ce qui luy est en main [ID., III, 3]
    Les opinions que l'ancienneté a eues de l'homme, sont celles qui nous mesprisent, avilissent et aneantissent le plus [ID., III, 32]
    Pour ceste premiere fois s'en alla mesprisé et mocqué d'eulx [AMYOT, Lys. 10]

ÉTYMOLOGIE

  • Mes... préfixe, et priser, estimer ; prov. mesprezar, mensprezar, menesprezar ; catal. menyspresar ; esp. menospreciar ; port. menosprezar.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

mépriser

MÉPRISER. v. tr. Avoir du mépris pour une personne, pour une chose, n'en point faire de cas, n'en pas tenir compte. C'est un homme qui méprise tout le monde, qui méprise tout ce qui n'est pas lui. Il ne faut mépriser personne. Mépriser les pauvres, les malheureux est indigne d'un coeur chrétien. C'est un homme universellement méprisé. Il méprise tous les conseils qu'on lui donne. Cet avis n'est pas à mépriser.

MÉPRISER signifie aussi, par extension, S'élever au-dessus de l'amour qu'on a ordinairement pour une chose, ou de la crainte qu'elle inspire. Mépriser les richesses, les honneurs, la vie, la mort, le danger, les injures, la calomnie.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5
Synonymes et Contraires

mépriser

Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

mépriser

despise, scorn, look down on, disdain, disparage, detestverachten, minachten, geringschatten, verafschuwenבז (פ'), זלזל (פיעל), חרף (פ'), צפצף (פיעל), קילס (פיעל), שאט (פ'), שחק (פ'), בָּז, זִלְזֵל, צִפְצֵף, קִלֵּס, שְׁאָטforagtemißachten, verachtenπεριφρονώmalestimidespreciar, desestimardisprezzare, spregiare, vilipendereapolactizaredesprezar, querer malförakta, missaktaيَحْتَقِرُopovrhovathalveksiaprezirati軽蔑する경멸하다foraktewzgardzićпрезиратьเหยียดหยามhor görmekkhinh thường鄙视 (mepʀize)
verbe transitif
1. considérer qqn comme inférieur Il méprise ses subalternes.
2. ne pas tenir compte de qqch mépriser les conventions
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

mépriser

[mepʀize] vt [+ personne] → to despise; [+ gloire, danger] → to scorn
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005