dédaigner

dédaigner

v.t. [ de daigner ]
1. Refuser avec mépris ce que l'on juge indigne de soi : Il a dédaigné toutes nos propositions décliner, rejeter ; accepter
2. Traiter avec dédain : Elle dédaigne les flatteurs mépriser ; apprécier
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

DÉDAIGNER

(dé-dè-gné) v. a.
Marquer du dédain pour quelqu'un ou quelque chose. Cette fierté d'âme qui dédaigne les serviles bienséances.
Vous n'êtes point pour elle un homme à dédaigner [CORN., Cinna, II, 1]
Gardez-vous de rien dédaigner, Surtout quand vous avez à peu près votre compte ; Bien des gens y sont pris.... [LA FONT., Fabl. VII, 4]
La maison d'Israël n'a eu que du mépris pour moi, dit le Seigneur, comme une femme qui dédaigne un homme qui l'aime [SACI, Bible, Jérémie, III, 20]
Les grands dédaignent les gens d'esprit qui n'ont que de l'esprit [LA BRUY., IX.]
J'ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes [RAC., Andr. IV, 5]
Elle me dédaignait, un autre l'abandonne [ID., Androm. II, 1]
On dédaignait un Scythe ; et la honte et l'outrage De mes vœux mal conçus devinrent le partage [VOLT., Orphel. II, 6]
Avec de et un infinitif.
D'un des pans de sa robe il couvre son visage, à son mauvais destin en aveugle obéit, Et dédaigne de voir le ciel qui le trahit, De peur que d'un coup d'œil, contre une telle offense Il ne semble implorer son aide ou sa vengeance [CORN., Pomp. II, 2]
Il ne dédaignait pas d'en être l'arbitre [MASS., Pet. car. Écueils.]
Et pour tout autre objet ton âme indifférente Dédaignait de brûler d'une flamme innocente [RAC., Phèd. IV, 2]
Le pavillon d'Antoine est auprès du rivage : Passez et dédaignez de venger mon outrage [VOLT., Triumv. IV, 3]
Napoléon dédaigna d'attribuer ce mécompte à l'habileté du général ennemi ; il s'en prit aux siens ; déjà il sentait que sa présence était partout nécessaire, ce qui la rendait partout impossible [SÉGUR, Hist. de Nap. IV, 6]

REMARQUE

  • 1. Malherbe a dit se dédaigner :
    Il ne s'est lassé ni dédaigné d'aucun service [MALH., le Traité des bienf. de Sénèque, VI, 16]
    C'est un archaïsme.
  • 2. Le même Malherbe a dit je dédagne, qui était une ancienne forme, aujourd'hui tombée en désuétude :
    Puisque tu m'as esté si mauvaise compagne, Ton infidèle foi maintenant je dédagne [MALH., Poés. I, 4]

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Si tu veis qu'il se desdeigne e enquierge pur quei nus si apruchames al mur [, Rois, 156]
    E nostre sire s'en desdeignad forment, si ocist plusors del pople [, ib. 304]
  • XIIIe s.
    En doivent bien avoir bon guerredon Cil qui lui ont enseigné et apris à eslogner ceus de ci environ ; Et ele [la reine Blanche] a bien fermée [retenu] sa leçon ; Car tous [elle] les hait et desdaigne [HUES DE LA FERTÉ, Romancero, p. 184]
    Cil n'ont le conmant desdaingné, Ainz s'entornent sanz plus atendre [, Ren. 30222]
    Car s'il desdaingnoit l'assolution, et desobeissoit au commandement de sainte Eglise, adont seroit il escommeniés à Dieu et au siecle [BEAUMANOIR, XLVI, 11]
  • XVIe s.
    Ô viateur, ne te desdaigne mye Veoir cest escript et piteuse omelie [MAROT, V. 354]
    Le pere de misericorde ne desdaignant point condescendre en cet endroit à notre infirmité [CALVIN, 183]
    Ainsi les desdaignoit le vulgaire comme ignorant les premieres choses et communes, et comme presumptueux et insolents [MONT., I, 140]
    Cette genereuse jeunesse desdaignant tout aultre joug que de la vertu [ID., I, 151]
    Ilz en devindrent si glorieux qu'ilz ne vouloient point et desdaignoient qu'on les meslast avec les autres soudards qui s'estoient laissé battre par plusieurs fois [AMYOT, Alc. 59]
    Celuy qui desdaigne de caresser le peuple pour en avoir faveur, doibt aussi moins que tout autre chercher à s'en venger s'il en est rebuté [ID., Alc. et Cor. comp. 7]
    Des Teilles choisi pour les vivres, Baronniere ne se desdaigna pas de l'artillerie et des munitions de guerre [D'AUB., Hist. II, 148]
    Je me desdaignai [je pris en mépris] bien fort de son ingratitude [CARL., VI, 34]
    Sa majesté establit M. le mareschal de Vieilleville son lieutenant general au dict siege d'Angely, se desdaignant d'y estre en personne [ID., IX, 44]
    Qu'on se donne bien garde de les desdaigner [dégoûter] de manger par trop de viandes [aliments], comme cela avient quand desordonnément on les affourrage [O. DE SERRES, 282]

ÉTYMOLOGIE

  • Lat. dedignari, de de, et dignari, daigner (voy. DAIGNER) ; provenç. desdegnar ; catal. desdenyar ; espagn. dedeñar ; portug. desdenhar ; ital. disdegnare.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

dédaigner

DÉDAIGNER. v. tr. Considérer avec dédain. Cet artiste a le tort de dédaigner ses rivaux.

Il signifie aussi Rejeter, refuser avec mépris, regarder comme au-dessous de soi, comme indigne de ses désirs. Vous dédaignez mon amitié. Il dédaigne mes services, Elle a dédaigné tous ceux qui ont voulu l'épouser. Il dédaignait de nous parler. Dédaigner les grandeurs, les richesses.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

dédaigner


DÉDAIGNER, v. a. DÉDAIN, s. m. [dédègné, dé-dein: 1re. é fer. 2e. è moy. au 1er. mouillez le g] . Dédain est une sorte de mépris. Dédaigner est donc mépriser en quelque sorte. "Recevoir avec dédain: témoigner du dédain: essuyer le dédain d'un Grand, d'une Belle &c. "Vous dédaigner mon amitié, mes ofres de service. — Dédaigner s'emploie aussi neutralement avec la prép. de et l'infinitif pour régime. "Il dédaigne de nous parler, de nous regarder &c.
   Rem. 1°. Malherbe écrit dédagne, et le fait rimer avec campagne. Cette manière d'écrire est contre l'usage actuel et contre la prononciation. Ce serait aujourd'hui une fausse rime.
   2°. Dans une Édition des OEuvres de Bossuet, on met constamment dédin sans a. "Est-ce l'ortographe de l'Auteur, de l'Éditeur, ou de l'Imprimeur? c'est ce que j' ignôre: mais elle est contraire à l'usage constant et universel.
   3°. Dédain pour dégoût est un gasconisme. * "Il a du dédain pour la nourritûre.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires
Traductions

dédaigner

despise, disdain, dislike, neglect, disparage, fail, infringe, overlook, profane, scorn, violateversmaden, minachten, verachten, achterstellen, verwaarlozen, verzaken, achteloosvoorbijgaanaan, eenhekelhebbenaan, geenaandachtschenkenaan, inbreukmakenop, neerzien (op), zich niet verwaardigen, geringschatten, achteloos voorbijgaan aan, een hekel hebben aan, geen aandacht schenken aan, inbreuk maken opבז (פ'), ביזה (פיעל), זלזל (פיעל), צפצף (פיעל), קילס (פיעל), שאט (פ'), בָּז, בִּזָּה, זִלְזֵל, קִלֵּס, שְׁאָטnegligirforagte, ikke at kunne lidemißachten, außer Acht lassen, verachtenmalestimi, malrespekti, malŝati, neglekti, preteratentiaborrecer, desatender, descuidar, desdeñar, despreciarhafa andstyggð ádisprezzareapolactizaremislikelekceważyć, nie lubieć, pogardzaćdesprezar, aborrecer, deixar passar, depreciar, desconsiderar, descuidar, desdenhar, desleixar, desperceber, negligenciar, querer malförakta, missakta, tycka illa omαπαξιώνωпрезрение鄙視경멸 (dedeɲe)
verbe transitif
1. mépriser dédaigner qqn
2. refuser qqch dédaigner une offre
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

dédaigner

[dedeɲe] vt
(= mépriser) → to despise, to scorn
(= refuser) ne pas dédaigner qch → not to be averse to sth
Elle ne boit pas d'alcool mais ne dédaigne un bon bordeaux de temps en temps → She doesn't drink spirits, but she's not averse to a good claret from time to time.
ne pas dédaigner de faire qch → not to be averse to doing sth
une héroïne qui ne dédaigne pas de porter le vêtement masculin → a heroine who's not averse to donning men's clothes
dédaigner de faire → not to deign to do
(= négliger) → to disregard
ce n'est pas à dédaigner → it's not to be sneezed at
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005