tête

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tête

n.f. [ du bas lat. testa, crâne, de testa, pot en terre cuite, carapace ]
1. Extrémité supérieure du corps de l'homme, formée du crâne contenant le cerveau et du visage ; partie antérieure du corps d'un animal : Avoir une petite tête. Hocher la tête. Le chien avait la tête basse.
2. Boîte crânienne de l'homme, en partic. le cerveau ; le crâne : Avoir mal à la tête.
3. Partie supérieure du crâne où poussent les cheveux : Sortir tête nue.
4. Visage dont les traits traduisent les sentiments, les tendances, l'état ; expression : Avoir une bonne tête inspirer confiance
5. Ensemble des facultés mentales : Elle a toujours des idées plein la tête. Il n'a rien dans la tête il est stupide
6. Présence d'esprit ; sang-froid : Perdre la tête raison
7. Comportement volontaire ; tempérament obstiné : Une femme de tête. Avoir la tête dure être buté
8. Personne intelligente et volontaire : La nouvelle ministre est une tête.
9. Personne ou groupe qui conçoit, qui dirige intellectuellement : Frapper une organisation à la tête.
10. Personne ; individu : Le repas coûte 20 euros par tête.
11. Animal compté dans un troupeau : Trente têtes de bétail.
12. Vie de qqn : Je le jure sur la tête de mes enfants.
13. Extrémité renflée d'un objet : La tête d'un clou.
14. Partie supérieure de qqch : La tête d'un arbre cime, sommet
15. Partie antérieure ou initiale de qqch, notamm. dans une chose orientée ou en mouvement ; commencement : La tête du train 2. devant ; 2. arrière, queue début ; 1. fin
16. Hauteur de la tête, prise comme unité de mesure pour les personnes : Elle a une tête de plus que lui.
17. Longueur de la tête, prise comme unité de distance séparant des chevaux de course à l'arrivée : Ce cheval a gagné d'une courte tête à peine d'une tête
18. Au football, action de frapper le ballon avec le front pour dévier sa trajectoire : Le joueur a fait une tête.
À la tête de,
au premier rang de ; à la direction de : À la tête d'une entreprise.
Avoir ses têtes,
Fam. montrer du parti pris dans ses sympathies ou ses antipathies à l'égard des autres.
Avoir toute sa tête,
jouir de toute sa raison : Un vieillard qui a encore toute sa tête.
Baisser la tête,
avoir honte.
De tête,
mentalement ; sans avoir recours à l'écriture : Calculer de tête.
En avoir par-dessus la tête,
Fam. être excédé par qqch, qqn.
En tête à tête,
seul à seul : Nous avons dîné en tête à tête.
Être tombé sur la tête,
Fam. avoir perdu la raison ; avoir l'esprit dérangé.
Faire la tête,
Fam. bouder ; être de mauvaise humeur.
Il en fait une tête !,
Fam. son visage exprime un sentiment de malaise, de tristesse, de colère.
La tête haute,
sans honte ; avec fierté.
Monter à la tête,
étourdir, griser ; troubler la raison : Ce parfum me monte à la tête. Le succès lui monte à la tête.
Ne pas avoir de tête,
être très étourdi.
Sa tête est mise à prix,
on le recherche activement, en parlant d'un criminel.
Se mettre dans la tête ou en tête de,
prendre la résolution de faire qqch : Elle s'est mise en tête de déménager (= elle l'a décidé) ; se persuader, se convaincre que : Il s'est mis en tête que je lui mentais.
Se monter la tête,
se faire des illusions.
Tenir tête,
résister : Il tient tête à son chef il s'oppose à ses volontés
Tête baissée,
sans réfléchir ; sans se préoccuper du danger.
Tête blonde,
Fam. enfant : Un film pour nos chères têtes blondes.
Tête chercheuse
Tête de lecture
Tête de ligne,
endroit d'où part une ligne de transport (par opp. à terminus) : L'incident s'est produit en tête de ligne.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

TÊTE

(tê-t') s. f.

Résumé

Partie qui, chez l'homme et les animaux, contient le cerveau et les organes des sens, et qui est unie au corps par le cou.
La tête séparée du tronc.
Tête de Méduse.
Tête de mort.
La partie de la tête qui est recouverte par les cheveux.
L'intérieur de la tête.
Fig. Sur la tête, au-dessus de, en domination.
Au-dessus de la tête, se dit de ce qui recouvre, submerge.
Par-dessus la tête, plus qu'on ne veut, plus qu'on ne peut.
10° Lever la tête. Tête levée.
11° Tête baissée.
12° Jeter à la tête, au propre et au figuré.
13° Faire tête à.
14° Tête, en termes de manége.
15° Tête, en termes de vénerie.
16° Une belle tête.
17° Représentation d'une tête humaine par un peintre, par un sculpteur.
18° Mesure comparative, à l'aide de laquelle on fixe, en peinture, les dimensions des autres parties du corps.
19° Sur le turf, une tête, la longueur de la tête d'un cheval.
20° Dans les monnaies, côté de la figure.
21° Chevelure.
22° Tête à perruque.
23° Course de la tête.
24° Individu.
25° Personne.
26° Vie.
27° L'ensemble de tout ce qui comprend et imagine.
28° Personne douée de telle ou telle qualité.
29° Tête se dit, avec une épithète, de personnages occupant une position importante.
30° Saine raison.
31° Têtes rondes. Têtes blanches.
32° Chef.
33° Sommet, sommité.
34° Il se dit de ce qui est comparé à une tête.
35° En anatomie, tête d'un os, d'un muscle.
36° Dans les plantes, assemblage d'organes réunis en un faisceau terminal.
37° Extrémité ou partie antérieure d'un objet.
38° Tête, en termes de marine.
39° Tête, en termes de musique.
40° Tête, en termes d'astronomie.
41° Tête, en termes d'architecture.
42° Tête, en termes de guerre.
43° Tête, au trictrac.
44° Il se dit de ce qui sert de commencement.
45° La tête d'une station de fiacre.
46° Tête de ligne, dans les chemins de fer.
47° Tête de ligne, dans une armée navale.
48° Partie d'une armée, d'une troupe, d'un cortége qui marche la première. à la tête de.
49° Corps de troupes qui s'avance vers quelque endroit.
50° Têtes de vin, les premières cuvées.
51° Tête, dite par assimilation de forme.
52° Tête-morte.
53° Tête-de-More.
54° Tête de nègre, chez les relieurs.
55° Noms de quelques plantes.
56° Noms de quelques coquilles.
57° Nom d'un coléoptère.
58° Noms de poissons.
59° Noms de sauriens et de serpents.
60° Noms d'oiseaux.
61° De tête.
62° Tête à tête.
63° Tête pour tête.
64° Ah ! tête ! par la tête !
Partie qui chez l'homme et les animaux contient le cerveau et les organes des sens, et qui est unie au corps par le cou. Le haut de la tête. Une tête de chapon. Une tête de carpe, de brochet.
Vous ne jurerez pas par votre tête, parce que vous n'en pouvez rendre un seul cheveu blanc ou noir [SACI, Bible, Év. St Matthieu v, 36]
Il [Saül] était plus grand que tout le peuple de toute la tête [ID., ib. Rois, I, IX, 2]
Le dernier acte [de la vie humaine] est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste ; on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais [PASC., Pens. XXIV, 58, éd. HAVET.]
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête ; car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds ; mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée, ce serait une pierre ou une brute [ID., ib. I, 2]
S'ils [les grands hommes] sont plus grands que nous, c'est qu'ils ont la tête plus élevée ; mais ils ont les pieds aussi bas que les nôtres [ID., ib. VI, 30]
Pomenars [qui avait un procès criminel] est divin, il n'y a point d'homme à qui je souhaite plus volontiers deux têtes : jamais la sienne n'ira jusqu'au bout [SÉV., 75]
Puisque c'est l'air, et qu'il faudrait changer de place aux brouillards [à cause de la situation élevée du château de Grignan], et mettre au-dessus de votre tête ce qui est au-dessous de vos pieds [ID., 80]
Il [le prince de Condé] n'a pas besoin d'armer cette tête qu'il expose à tant de périls ; Dieu lui est une armure plus assurée [BOSSUET, Louis de Bourbon]
Ses superbes coursiers.. L'œil morne maintenant et la tête baissée, Semblaient se conformer à sa triste pensée [RAC., Phèdre, v, 6]
La tête de l'homme est à l'extérieur et à l'intérieur d'une forme différente de celle de la tête de tous les autres animaux, à l'exception du singe, dans lequel cette partie est assez semblable [BUFF., Hist. nat. hom. Œuv. t. IV, p. 313]
La tête en entier prend, dans les passions, des positions et des mouvements différents ; elle est abaissée en avant dans l'humilité, la honte, la tristesse ; penchée à côté dans la langueur, la pitié ; élevée dans l'arrogance ; droite et fière dans l'opiniâtreté [ID., ib. p. 299]
Je ne chercherai point à placer une tête de géant sur un corps de nain [CARMONTELLE, Prov. Entr'actes, t. IV, p. 3, dans POUGENS]
Il est grandi de la tête et fortifié à proportion [GENLIS, Ad. et Th. t. I, p. 409, dans POUGENS]
Mettre la tête à la fenêtre, ouvrir la fenêtre et passer la tête en dehors.
Nous avons mis la tête à la fenêtre, et nous avons pris le soleil pour la lune, tant il était pâle [VOLT., Lett. en vers et en prose, 10]
De la tête aux pieds, du haut du corps jusqu'en bas.
C'est de la tête aux pieds un homme tout mystère [MOL., Mis. II, 5]
Nous le tournâmes en ridicule depuis la tête jusqu'aux pieds [LESAGE, Guzm. d'Alf. VI, 8]
Pour moi, je souffre de la tête aux pieds dans mon pauvre corps, et mon esprit est à la torture [VOLT., Lett. d'Argental, 27 déc 1774]
Donner une tête, piquer une tête, se jeter dans l'eau la tête la première Très familièrement, tomber cul par-dessus tête, tomber la tête en bas et le derrière en l'air. Fig. Il y va de cul et de tête, comme une corneille qui abat des noix, il s'y emploie de toute sa force, sans ménagement. Ce sont deux têtes dans un même bonnet, se dit de personnes liées d'amitié ou d'intérêt. Il a la tête près du bonnet, se dit d'un homme prompt et colère.
À propos, vous frondez la perruque de Boileau [les vers où il parle de sa perruque] ; vous avez la tête bien près du bonnet [VOLT., Lett. d'Alemb. 8 oct. 1760]
C'est vouloir donner de la tête contre les murs, c'est tenter une entreprise où il est impossible de réussir. On dit aussi : c'est se donner la tête, c'est donner de la tête contre un mur. Fig. et familièrement, ne savoir où donner de la tête, ne savoir que faire, que devenir, quel parti prendre.
Apollon et Mercure, étant brouillés là-haut, Ne savaient ici-bas où donner de la tête [BOURSAULT, És. à la cour, I, 5]
On ne sait où donner de la tête pour de l'argent [pour avoir de l'argent] [SÉV., 179]
Ne sachant plus où donner de la tête, le comte de Soissons eut recours à son cadet, le prince Eugène [SAINT-SIMON, 109, 198]
Porter la tête sur un échafaud, sur l'échafaud, avoir la tête tranchée sur un échafaud. Par exagération. Je parie ma tête, je parie ma tête à couper, je mettrais ma tête à couper que cela est, je parie to ut ce qu'on voudra que cela est, je me soumets à tout ce qu'on voudra si cela n'est pas Fig. Il y a eu beaucoup de têtes cassées à ce siége, on y a tué beaucoup de gens. Fig. Avoir cinquante ans, soixante ans sur la tête, être âgé de cinquante ans, de soixante ans. Par extension.
L'invocation des saints a plus de 1200 ans sur la tête [JURIEU, dans BOSSUET 3e Avert. 8]
Fig. Sur la tête, se dit de ce qui est conféré à quelqu'un.
On mettait sur la tête d'un même homme plusieurs charges ; ce qui était considéré à Carthage comme la preuve d'un mérite non commun [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 205]
Chez les Turcs, ces trois pouvoirs sont réunis sur la tête du sultan [MONTESQ., Esp. XI, 6]
Fig. Attirer sur sa tête, provoquer contre soi.
Antoine sur sa tête attira notre haine En se déshonorant par l'amour d'une reine [CORN., Cinna, III, 4]
Fig. et familièrement. Laver la tête à quelqu'un, lui faire une forte réprimande.
Il [Benserade parlant du déluge] s'exprime ainsi : Dieu lava bien la tête à son image ; peut-on.... dire rien de plus petit ni de plus ridicule ?... [BOILEAU, Préf. VI, de l'édit. de 1701]
Lavons la tête à ce large visage [VOLT., Enf. prod. I, 2]
Se jeter dans l'eau la tête la première, s'y précipiter la tête en avant.
Lorsqu'on a, comme moi, épousé une méchante femme, le meilleur parti qu'on puisse prendre, c'est de s'aller jeter dans l'eau la tête la première [MOL., G. Dand. III, 15]
Pour moi, j'ai bien l'air de me jeter la tête la première dans le lac de Genève, si vous ne réussissez pas dans ce que vous entreprenez [VOLT., Lett. d'Argental, 22 oct. 1777]
Fig. et familièrement. Il s'y est jeté la tête la première, il s'est engagé brusquement, inconsidérément dans une affaire périlleuse.
La tête séparée du tronc.
Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire [CORN., Cinna, I, 3]
Donnez-moi présentement dans un bassin la tête de Jean-Baptiste [SACI, Bible, Év. St. Matthieu XIV, 8]
On craignait qu'Amurat, par un ordre sévère, N'envoyât demander la tête de son frère [RAC., Baj. I, 3]
La tête d'Orphée qui faisait encore de la musique, et qui chantait Eurydice quand on la jetait dans les eaux de l'Ebre [VOLT., Dict. phil. Sensation.]
Les Espagnols, au siége de Harlem, ayant jeté dans la ville la tête d'un de leurs prisonniers, les habitants leur jetèrent onze têtes d'Espagnols, avec cette inscription : dix têtes pour le payement du douzième denier, et l'onzième pour l'intérêt [ID., Mœurs, 164]
Tête de Méduse, voy. MÉDUSE.
Tête de mort, tête humaine dont il ne reste que la partie osseuse.
Mme de Monaco, en mourant, n'avait aucun trait ni aucun reste qui pût faire souvenir d'elle ; c'était une tête de mort gâtée par une peau noire et sèche [SÉV., à Bussy, 27 juin 1678]
Tête de mort, nom que les marchands de tableaux et les doreurs de Paris donnaient aux bordures de bois uni, qui ont six pouces de hauteur sur quatre pouces neuf lignes de largeur ; apparemment de ce que les premières estampes pour lesquelles on en fit, représentaient des têtes de morts. Fromage tête de mort, nom populaire du fromage de Hollande en boule. Tête de mort, espèce de papillon crépusculaire ; c'est le sphinx tête de mort. Tête de mort, trou à la surface d'un ouvrage de menuiserie, causé par la rupture d'une cheville qui s'est brisée au-dessous de la surface. Obus tête de mort, obus qu'on employait autrefois, percé de plusieurs trous par lesquels il lançait des matières enflammées. Terme de marine. Tête de mort, espèce de nœud.
Particulièrement, la partie de la tête qui est recouverte par les cheveux. En tombant il a failli se fendre la tête. Les coups à la tête sont dangereux.
Accoutumé tout comme les paysans à courir tête nue au soleil, au froid, à s'essouffler, à se mettre en sueur [J. J. ROUSS., Hél. v, 3]
Je parie qu'à quinze ans elle ne saura ni entrer dans une chambre, ni s'habiller de bonne grâce, ni poser une fleur dans sa tête [GENLIS, Ad. et Th. t. II, p. 257, dans POUGENS]
Tête pelée, tête chauve, se disent en parlant d'une personne qui n'a point du tout de cheveux, ou qui n'en a point sur une partie de la tête.
L'intérieur de la tête. Mal de tête. Douleur de tête.
Ce sont quelques vapeurs qui me viennent de monter à la tête [MOL., Mar. forcé, 4]
L'autre jour il me dit : pourquoi touchez-vous à votre tête, ma mère, vous y avez mal ? [SÉV., 570]
Avoir la tête pesante, embarrassée, éprouver dans la tête un sentiment de pesanteur, d'embarras. C'est un casse-tête, voy. CASSE-TÊTE, n° 3 et n° 4. Il a la tête bonne, il boit beaucoup sans s'enivrer. Porter à la tête, se dit d'une odeur forte, de la vapeur du charbon, de certains vins. On dit de même : Ce vin monte à la tête, il envoie des fumées à la tête.
Le vin pur monte à la tête [MOL., l'Av. III, 2]
Le vin qui monte à la tête Fait jaser le perroquet ; Ce n'est pas la seule bête Dont le vin fait le caquet [CHAUL., Dial. entre deux perroq.]
On dit dans le même sens : donner dans la tête....
Le nouveau [vin] donne fort dans la tête, Quand on le veut boire sans eau [MOL., Amph. III, 2]
Fendre la tête, la tête me fend, voy. FENDRE, n° 1 et n° 4. Rompre la tête à quelqu'un de quelque chose, l'en importuner.
[La mouche à la fourmi] Puis allez-moi rompre la tête De vos greniers... [LA FONT., Fabl. IV, 3]
Se rompre la tête à faire quelque chose, s'y appliquer avec une contension d'esprit fatigante. Il se rompt la tête à résoudre des problèmes. On dit dans le même sens : se casser la tête.
Il [le cardinal de Retz] se casse la tête d'application [SÉV., 12 oct. 1677]
Crier à tue-tête, crier de toute sa force.
La fait crier à tue-tête, Comme on fait après un larron [SCARR., Virg. IV]
On dit dans le même sens : crier à pleine tête, du haut de sa tête.
Il crierait, comme moi, du haut de son gosier ; Et cette autre personne honnête Crierait tout du haut de sa tête [LA FONT., Fabl. VIII, 12]
Ce fut lui [Cléon] qui le premier donna l'exemple de crier à pleine tête dans les assemblées, où jusque-là on avait gardé beaucoup de décence et de modération [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 584, dans POUGENS]
Voix de tête, voy. VOIX.
Fig. Sur la tête, au-dessus de, en domination.
Enfin il fit si bien qu'il se trouva sur la tête de tout le monde dans le temps que tout le monde croyait l'avoir encore à ses côtés [RETZ, Mém. t. I, liv. II, p. 97, dans POUGENS]
Le peuple, forcé par son besoin propre à se donner un maître, ne peut rien faire de mieux que d'intéresser à sa conservation celui qu'il établit sur sa tête [BOSSUET, 5e avert. 56]
Vous verriez avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l'oubli de Dieu et cette terrible pensée de n'avoir rien sur sa tête [ID., Sermons, Impénit. 1]
Fig. Se mettre sur la tête quelqu'un, l'élever au-dessus de soi.
Je vous le dis encor, mettre Othon sur nos têtes, C'est nous livrer tous deux à d'horribles tempêtes [CORN., Oth. II, 4]
Ce ne fut pas sans douleur que Tromp, à qui la naissance, le succès éclatant du dernier combat et les applaudissements de la multitude avaient élevé le courage, se vit mettre Ruyter sur la tête [PELLISS., Hist. de Louis XI]
Au-dessus de la tête, se dit de ce qui recouvre, submerge.
Malheureux Girondins, s'ecriait Danton, ils nous ont précipités dans l'abîme de l'anarchie, ils en ont été submergés ; nous le serons à notre tour, et déjà je sens la vague à cent pieds au-dessus de ma tête [LAMARTINE, Girondins, XLV]
Fig. Au-dessus de sa tête, au-dessus de soi.
Qu'il n'est pas tout à fait indigne de vos feux, Et qu'il peut en prétendre une juste conquête, N'ayant plus que les dieux au-dessus de sa tête [CORN., Pomp. IV, 3]
Fig. Par-dessus la tête, plus qu'on ne veut ou qu'on ne peut.
Je vous fais mille amitiés de Mme de la Fayette, qui m'en a chargée par-dessus la tête [SÉV., 14 oct. 1676]
Avoir des affaires par-dessus la tête, avoir beaucoup d'affaires. Avoir des dettes par-dessus la tête, être accablé de dettes. En avoir par-dessus la tête, être excédé de quelque chose.
Il faudrait la quitter si souvent, que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête [BEAUMARCH., Mar. de Fig. III, 5]
10° Fig. Lever la tête, se montrer, paraître avec plus de hardiesse.
Quand vous verrez, mes frères, l'iniquité qui lève la tête au milieu même du temple de Dieu [BOSSUET, Sermons, sur l'Église, 3]
Lève, Jérusalem, lève ta tête altière [RAC., Ath. III, 7]
Ceux mêmes qui sont assez sages pour condamner un si grand désordre, ne le sont pas assez pour oser lever la tête les premiers, et pour donner des exemples contraires [FÉN., Tél. XXII]
Lorsque cette république [la Hollande] levait la tête hors de ses marais, le reste de l'Europe était plongé dans les guerres civiles par le fanatisme [RAYNAL, Hist. phil. XIX, 5]
On dit de même : relever la tête. Tête levée, la tête haute.
Ah ! c'est l'original De mes airs de grandeur qui vient tête levée ; Mon éclat emprunté cesse à son arrivée [DESTOUCH., Glor. II, 9]
Fig. Aller tête levée, la tête levée, aller sans craindre aucun reproche, aucun affront.
J'en vois marcher tête levée, Qui n'iraient pas ainsi, j'ose vous l'assurer, Si sur le bout du nez tache pouvait montrer Que telle chose est arrivée [LA FONT., Petit chien.]
Socrate.... conservant sa liberté, et marchant tête levée au milieu de trente tyrans, qui faisaient tout trembler [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 118, dans POUGENS]
Je vais tête levée par tout le monde, sans craindre que quelqu'un m'ose faire le moindre reproche [LESAGE, Guzm. d'Alf. I, 6]
11° Tête baissée, sans regarder devant soi.
Une chauve-souris donna tête baissée Dans un nid de belette [LA FONT., Fabl. II, 5]
Heureux ceux qui se jettent tête baissée et les yeux fermés entre les bras du Père des miséricordes ! [FÉN., t. XVIII, p. 388]
Il [Dion] crut que l'exemple serait plus efficace que les discours, et se jeta tête baissée au milieu des ennemis [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 276, dans POUGENS]
Quand on entre dans une chambre où on le tient enfermé [le grand pluvier], il ne cherche qu'à se cacher, à fuir, et va, dans son effroi, donner tète baissée et se heurter contre tout ce qui se rencontre [BUFF., Ois. t. XV, p. 170]
Fig. Y aller tête baissée, se précipiter aveuglément dans le péril, dans le désordre.
Allons-nous-en, tête baissée, Leur montrer que nous sommes gens à les manger à belles dents [SCARR., Virg. II]
Il y avait dans cette lettre de quoi faire donner tête baissée dans une aventure plus téméraire que celle qu'on lui proposait [HAMILT., Gramm. 9]
Son fils donnait tête baissée dans les égarements de son âge [MARMONTEL, Cont. mor. École pér.]
Il se dit aussi d'un homme qui entreprend avec chaleur une affaire. Il y donne tête baissée, il donne complétement dans le piége.
12° Jeter à la tête, lancer quelque chose à la tête de quelqu'un.
Il était non-seulement permis par le Deutéronome, mais ordonné d'épouser la veuve de son frère quand elle n'avait point d'enfants ; la veuve était en droit de sommer son beau-frère d'exécuter cette loi, et, sur son refus, elle devait lui jeter un soulier à la tête [VOLT., Mœurs, 135]
Fig. Jeter à la tête, présenter d'une façon brusque.
Vous m'avez jeté fort à propos vos vers à la tête pour m'amuser et m'empêcher de voir la petitesse de votre lettre [SÉV., 25 janv. 1690]
Jeter à la tête, reprocher. Il lui jeta à la tête ses richesses mal acquises. Il lui jeta à la tête qu'il avait été contrebandier. Fig. et familièrement. Jeter une marchandise à la tête, l'offrir à vil prix. Il y avait tant de gibier au marché, qu'on le jetait à la tête. Fig. et familièrement. Jeter une chose à la tête de quelqu'un, la lui offrir sans qu'il l'ait demandée.
D'éloges on regorge, à la tête on les jette [MOL., Mis. III, 7]
Les meilleures choses sont dégoûtantes, quand elles sont jetées à la tête [SÉV., 142]
Je voyais, dis-je, un établissement certain qu'on me jetait à la tête [MARIV., Pays. parv. 1re part.]
Il est fâcheux à un galant homme à qui tout Paris jette ses filles à la tête, et qui les refuse toutes, de venir lui-même essuyer les dédains d'une jeune citoyenne de village [ID., l'Épreuve, sc. 14]
Se jeter à la tête, faire les premières avances.
Et l'on en est réduite à n'espérer plus rien, à moins que l'on se jette à la tête des hommes [MOL., Psyché, I, 1]
Elle n'ira pas se jeter à la tête d'un jeune homme [J. J. ROUSS., Ém. IV.]
Ce sont toujours les fripons qui se jettent à la tête des gens [PICARD, Prov. à Paris, IV, 20]
13° Faire tête à, présenter la face à.
C'est aux environs de Wilsen, où M. de Turenne battit les ennemis de l'année passée, et presque au même endroit, excepté qu'on fait tête à la brèche qu'il avait à dos [PELLISSON, Lett. hist. t. II, p. 412]
Fig. Tenir tête à quelqu'un, faire tête à quelqu'un, s'opposer à lui, lui résister, ne lui point céder en quelque chose.
Viriatus.... le plus grand homme que l'Espagne ait opposé aux Romains, et le dernier qui leur a fait tête dans ces provinces avant Sertorius [CORN., Sertor. Au lecteur.]
Il [saint Pierre] n'avait pas eu la force de résister à une servante, et le voilà qui tient tête à tous les magistrats de Jérusalem [BOSSUET, Panég. St Pierre, 2]
Il veut qu'on fasse tête contre tous les vices, et il n'y a que celui-ci [la volupté] contre lequel il ordonne de s'assurer par la fuite [ID., Panég. St Benoît, I]
Il [Darius] s'était fortifié de l'infanterie grecque, qu'il avait rangée près de lui, la jugeant seule capable de tenir tête à la phalange macédonienne [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 351]
Un petit coin de terre [la Hollande] presque noyé dans l'eau, qui ne subsistait que de la pêche du hareng, est devenu une puissance formidable, a tenu tête à Philippe II, a dépouillé ses successeurs de presque tout ce qu'ils avaient dans les Indes orientales [VOLT., Mœurs, 164]
Pour tenir tête, sire, à un adversaire tel que Votre Majesté, il faudrait du moins que j'eusse tout entière à ma disposition la pauvre petite tête que Dieu m'a donnée [D'ALEMB., Lett. au roi de Pr. 14 déc. 1767]
Elle avait pour maxime que, lorsque dans le monde on entendait dire du mal de ses amis, il ne fallait jamais prendre vivement leur défense et tenir tête au médisant ; car c'était le moyen d'irriter la vipère et d'en exalter le venin [MARMONTEL, Mém. VI]
Faire tête, montrer de la fermeté.
Morguant les accidents, fait tête à la fortune [RÉGNIER, Sat. XVI]
Fais tête au malheur qui t'opprime [J. B. ROUSS., Odes, II, 4]
J'aurais dû peut-être tenir tête à l'orage, si je m'en étais senti le talent [J. J. ROUSS., Conf. VIII]
En un autre sens, faire tête à des visiteurs, leur faire les honneurs de sa maison.
Je me trouve dans un pays situé tout juste au milieu de l'Europe ; tous les passants viennent chez moi ; il faut que je tienne tête à des Allemands, à des Anglais, à des Italiens, et même à des Français que je ne verrai plus [VOLT., Lett. Mme du Deffant, 4 juin 1764]
Mettre un homme en tête à quelqu'un, opposer à quelqu'un un homme qui puisse lui résister.
Chez les Romains, les témoins étaient entendus publiquement en présence de l'accusé, qui pouvait leur répondre, les interroger lui-même, ou leur mettre en tête un avocat [VOLT., Dict. phil. Criminel.]
Avoir quelqu'un en tête, avoir quelqu'un pour concurrent, pour adversaire.
Dans cette terrible journée [la bataille du faubourg St-Antoine] où le ciel sembla vouloir décider du sort de ce prince, où, avec l'élite des troupes, il avait en tête un général si pressant [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
14° Terme de manége. Mettez la tête du cheval à la muraille ; placez la tête ; relevez la tête ; portez la tête en dedans. Avoir la tête dedans ou en dedans, se dit d'un cheval, lorsqu'on le mène de biais sur la volte et qu'on lui fait plier la tête un peu en dedans de la volte. Tête de more ou de maure, se dit d'un cheval qui a la tête noire et le reste du corps d'une autre couleur. On dit qu'un cheval est en tête, légèrement ou fortement en tête, quand il présente une tache blanche plus ou moins grande sur le front ou sur le chanfrein. Dessus de tête, partie supérieure de la têtière d'une bride, qui passe derrière les oreilles du cheval.
15° Terme de vénerie. Bois ou cornes des bêtes fauves. Tête portant trochures, bois qui porte trois ou quatre andouillers à la sommité. Tête en fourche, bois dont les andouillers du sommet font la fourche. Tête paumée, bois dont le sommet s'ouvre et figure une paume de main. Tête couronnée, bois dont les andouillers du sommet forment une espèce de couronne. Têtes ouvertes, tête de cerf, de daim et de chevreuil, dont les perches sont fort écartées ; ce qui est leur plus belle qualité. Tête bien née, tête bien régulière. Tête rouée, tête formant une sorte de roue. Tête couverte, se dit d'un animal rentré dans ses demeures. Les cerfs, dans leur troisième année, se nomment cerfs à la première tête ; dans leur quatrième, cerfs à la seconde tête ; et dans leur cinquième, cerfs à la troisième tête, etc. parce qu'ils ont leur premier bois complet, puis leur deuxième, leur troisième, etc.
Mais moi, mon jugement, sans qu'aux marques j'arrête, Fut qu'il n'était que cerf à sa seconde tête [MOL., Fâch. II, 7]
Dès que le cerf est à sa quatrième tête, il est assez reconnaissable pour ne s'y pas méprendre [BUFF., Quadrup. t. II, p. 18]
Terme de fauconnerie. Faire la tête d'un oiseau, accoutumer un oiseau au chaperon.
16° Une belle tête, tête d'homme qui produit un bel effet, tant par les traits du visage que par la belle conformation du crâne.
Ma taille est deux ou trois doigts au-dessous de la médiocre ; j'ai la tête assez belle avec beaucoup de cheveux gris [VOIT., Lett. 78]
J'ai les cheveux noirs, naturellement frisés, et avec cela assez épais et assez longs pour pouvoir prétendre en belle tête [LA ROCHEFOUCAULD, Son portrait fait par lui-même, imprimé en 1658]
Belle tête, dit-il, mais de cervelle point [LA FONT., Fabl. IV, 14]
17° Représentation d'une tête humaine par un peintre, par un sculpteur.
Il me semble que j'ai fait beaucoup quand j'ai terminé une tête en un jour, pourvu qu'elle fasse son effet [POUSSIN, Lett. 20 août 1645]
Tant de livres faits sur la peinture par des connaisseurs n'instruiront pas tant un élève que la seule vue d'une tête de Raphaël [VOLT., Œdipe, Préf. 1729]
En général les grosses têtes raccourcissent les figures [DIDER., Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 60, dans POUGENS]
Tête d'étude se dit d'une tête faite avec soin et qui n'est pas un portrait. Fig. et populairement. Faire sa tête, prendre de grands airs. Génin, Récréat. t. I, p. 186, explique ainsi cette locution : " Un apprenti qui en a fini avec les nez, les yeux, les bouches et les oreilles passe à l'ensemble ; à partir de ce jour, il est artiste, il fait le fier : il fait sa tête. " Explication douteuse. Il se peut que cela vienne de l'habitude des acteurs de se faire une tête de convention pour la scène. Ornement de sculpture qui se met à la clef d'un arc, d'une plate-bande, etc. On dit aussi masque ou mascaron. Cartes à jouer à deux têtes, cartes dont les figures ont une tête en haut et une tête en bas, ce qui épargne la peine de les retourner.
18° Terme de peinture. Mesure comparative à l'aide de laquelle on fixe les dimensions des autres parties du corps. L'ensemble d'une figure a de sept têtes à sept têtes et demie.
19° Sur le turf, une tête, la longueur de la tête d'un cheval. Ce cheval ne l'a emporté que d'une tête.
20° Dans les monnaies, côté de la figure.
21° Par extension, chevelure. Tête frisée.
Elle [Mme de Nevers] avait tous les cheveux coupés sur la tête et frisés naturellement par cent papillottes qui lui font souffrir toute la nuit mort et passion ; tout cela fait une petite tête de chou ronde, sans nulle chose par les côtés [SÉV., 18 mars 1671]
Tête naissante, cheveux qui reviennent après avoir été coupés, et qui sont déjà un peu longs.
22° Tête à perruque, voy. PERRUQUE. Têtes pour coiffeurs et pour modistes.
23° Course de la tête, sorte d'exercice militaire et de manége qui consiste à frapper au grand galop, avec la lance, l'épée ou le pistolet, des têtes de carton qui sont placées à cet effet.
Le roi alla tirer dans son petit parc, Monseigneur courut les têtes, et s'essaya à en courre sept ; on ajoutait aux quatre têtes ordinaires celle du sabre, celle du pistolet et celle de la flèche [DANGEAU, I, 51, 3 sept. 1684]
Ils disputèrent le prix en une seule course, dans laquelle ils firent chacun quatre têtes [ID., I, 131, 4 mars 1685]
Tête de Méduse, la seconde tête qui est plate et large d'un pied. Tête de more, ou la tête de Turc, la troisième tête. Tête de more ou de Turc, se dit aussi d'une enclume en forme de tête qui sert de dynamomètre.
Dumas avait un jonc en bois de sycomore, Et près de lui Gautier qui sur la tête more Fait cinq cent vingt pour son écot [TH. DE BANVILLE, Odes funambulesques, Lévy, 1859, p. 155]
Fig.
Souvent ce fonctionnaire [le commissaire de police, dans les réunions publiques] n'est pour les orateurs qu'une tête de Turc sur laquelle on trouve agréable de frapper [, le journ. la Liberté, 12 nov. 1869]
Terme de marine. Tête de more, ancien nom du chouquet sur la Méditerranée.
24° Individu.
Un nombre infini de Romains périrent entre les mains des barbares, faute d'être rachetés à un écu par tête [BOSSUET, Hist. I, 11]
Si tu [Neptune] me fais revoir l'île de Crète malgré la fureur des vents, je t'immolerai la première tête qui se présentera à mes yeux [FÉN., Tél. v.]
À raison de 275 drachmes par tête d'esclave, Nicias possédait un capital de 275000 drachmes ou de 46 talents, qui lui rapportaient plus de dix talents [LETRONNE, Instit. Mém. inscr. et belles-lettres t. VI, p. 203]
On le dit des animaux dans un sens analogue. Ce troupeau est composé de tant de têtes. Payer tant par tête de loup, payer tant à celui qui tue un loup et qui en apporte la tête. Mettre une rente viagère sur la tête de quelqu'un, constituer une rente viagère, pour en jouir durant la vie de quelqu'un.
Relativement aux rentes constituées sur deux ou plusieurs têtes.... on n'y fait mention que de l'âge de la tête qui est certifiée existante [, Décret du 23 floréal an II, rapport Cambon, p. 88]
Emprunts ruineux à raison de dix pour cent sur des têtes de tout âge, tout le monde ayant intérêt de choisir de jeunes têtes [, ib. p. 90]
Cette rente, cette pension passera sur la tête d'un tel, il aura cette rente, cette pension après le décès de la personne qui en jouit maintenant. Têtes de choix, individus qui, considérés par rapport à certaines conditions de durée de la vie, présentent des qualités exceptionnellement favorables. Terme de jurisprudence. Succéder par tête, se dit lorsque des copartageants viennent de leur chef à la succession et sans représentation d'aucun autre.
25° Personne.
Tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une tête qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Depuis plus de six mois éloigné de mon père, J'ignore le destin d'une tête si chère [RAC., Phèdre, I, 1]
Tu m'oses présenter une tête ennemie [ID., ib. IV, 2]
Tête couronnée, empereur ou roi.
Je connais trois têtes couronnées du nord qui feraient honneur à notre Académie, l'impératrice de Russie, le roi de Pologne et le roi de Prusse ; voilà trois philosophes sur le trône [VOLT., Lett. Marmontel, 20 déc. 1766]
À la main des bourreaux ils m'auraient condamnée ! Une tête royale et trois fois couronnée ! [P. LEBRUN, Marie Stuart, I, 6]
Familièrement.
Il n'y a tête d'homme qui ose entreprendre de faire telle chose, il n'y a aucun homme assez hardi.... Tellement donc.... qu'il n'y a tête d'homme qui ose lui en parler [SÉV., 19 oct. 1689]
26° Vie.
Ta tête répondra de tant de barbaries [CORN., Médée, v, 7]
Me montrant à la cour, je hasardais ma tête [ID., Cid, IV, 3]
Je ne viens point ici demander ma conquête ; Je viens tout de nouveau vous apporter ma tête [ID., ib. v, 8]
Nous avons parlé assez sérieusement de ses affaires [de Pomenars], qui ne sont jamais de moins que de sa tête ; le comte de Créancé veut à toute force qu'il ait le cou coupé, Pomenars ne veut pas ; voilà le procès [SÉV., 70]
Il y a des gens qui en veulent à sa tête [de Gadagne] [ID., à Pompone, 17 nov. 1664]
La vigueur qui, durant cinq ans, lui fit dévouer sa tête aux fureurs civiles [BOSSUET, le Tellier.]
Mettre la tête de quelqu'un à prix, promettre une somme à qui le tuera. Il lui en coûta la tête, il paya de sa tête, il subit la mort.
Et tout autre que vous, malgré cette conquête, Revenant sans mon ordre, eût payé de sa tête [CORN., Nicom. II, 2]
Sur la tête, sur la vie.
J'en réponds sur ma tête et j'aurai l'œil à tout [CORN., Héracl. III, 4]
Dès ce moment, je mets sur votre tête les moindres fautes qui se commettront [MONTESQ., Lett. pers. 148]
La prise de cette place a coûté bien des têtes, il en a coûté la vie à bien du monde.
27° Fig. L'ensemble de tout ce qui comprend et imagine.
Apollon reconnut ce qu'il [un consultant] avait en tête [LA FONT., Fabl. IV, 9]
J'avais prévu ma chute en montant sur le faîte ; Je m'y suis trop complu ; mais qui n'a dans la tête Un petit grain d'ambition ? [ID., ib. x, 10]
Tu te prends à plus dur que toi, Petit serpent à tête folle [ID., ib. v, 16]
Il faut avouer que, quand la vieillesse se met l'amour en tête, elle fait plus d'extravagances que la jeunesse [HAUTEROCHE, Crisp. méd. III, 4]
La tête d'une femme est comme une girouette Au haut d'une maison, qui tourne au premier vent [MOL., le Dép. IV, 2]
Et [pensez-vous] quand nous nous mettons quelque chose à la tête, Que l'homme le plus fin ne soit pas une bête ? [ID., Éc. des mar. I, 2]
C'est une idée qui m'avait passé une fois par la tête [ID., Impromptu, 1]
Pour peu que l'on s'oppose à ce que veut sa tête [ID., Fem. sav. II, 9]
J'admire Jupiter, et je ne comprends pas Tous les déguisements qui lui viennent en tête [ID., Amph. Prologue]
Tout ce que vous lui direz sera inutile ; elle s'est mis cela dans la tête [ID., Festin, II, 5]
Ce vulgaire dessein [vous marier] vous peut monter en tête ? [ID., Fem. sav. I, 1]
Faites, faites, monsieur, les choses à ma tête [ID., ib. v, 3]
J'ai jeté tout cela dans la tête de la Troche [SÉV., 232]
Si Vardes passe à Grignan, comme il me le mande, mettez-lui dans la tête de venir à Vichy [ID., 353]
La reine a été deux fois aux Carmélites avec Mme de Montespan, où cette dernière se mit à la tête de faire une loterie [ID., 29 avr. 1676]
N'admirez-vous point.... de quelle manière les choses entrent différemment dans la tête ? [ID., 22 mars 1680]
Mme de la Fayette.... a dans la tête que vous ne preniez point ... l'esprit ni les pensées de Provence [ID., 12 janv. 1689]
Elle [la grande-duchesse de Toscane] a dans la tête Mme de Céreste, comme la plus.... extravagante personne qu'elle ait jamais vue [ID., 26 juill. 1675]
Lorsqu'on a mis dans la tête d'un peuple ignorant que tout est si clair dans l'Écriture, qu'il y entend tout ce qu'il y faut entendre... [BOSSUET, Var. VII, 66]
Ce pélagianisme.... que M. de Jurieu impute à l'Église romaine, n'est assurément que dans sa tête [ID., 2e avert. 18]
J'avais tellement le jeu dans la tête [HAMILT., Gramm. 3]
Je me suis mis dans la tête que chaque étoile pourrait bien être un monde [FONTEN., les Mondes, 1er soir.]
â propos de quoi me supposez-vous l'amour en tête ? je n'ai pas ce bonheur ou ce malheur-là [D'ALEMB., Lett. à Voltaire, 29 août 1764]
Le dérangement de la tête influe sur le cœur, et le dérangement du cœur sur la tête [DIDER., Lett. à Mlle Voland, 1er juin 1759]
Il y a peu d'hommes dont la tête ait moins senti l'influence de la vieillesse [CONDORCET, Maurepas.]
Vous connaissez ma tête ; vous le savez, je suis extrême en tout [GENLIS, Ad. et Th. t. I, p. 365, dans POUGENS]
Il faut que je parle à ces novices ; il s'agit de leur remettre la tête [GENLIS, Théât. d'éduc. Cécile, sc. 1]
Je vous préviens.. que sa tête est légère, qu'il est étourdi, inconséquent et vain [ID., ib. Zélie, III, 2]
Toujours des idées romanesques en tête [BEAUMARCH., Barb. de Séville, III, 4]
Moi, messieurs, j'ai une pauvre tête, peu de jugement ; j'ai été gâté par ma mère [PICARD, Deux Philiberts, III, 13]
Mettez-vous bien dans la tête que, soyez bien convaincu, bien persuadé que.
Mettez-vous bien dans la tête, baron, que les femmes ne s'aiment guère, et qu'en particulier la comtesse me hait [SAURIN, Mœurs du temps, sc. 1]
Il a la tête dure, il ne peut rien apprendre. Avoir la tête dure, signifie aussi être rebelle, opiniâtre.
Vous êtes un peuple d'une tête dure [SACI, Bible, Exode, XXXIII, 3]
Il a la tête encore trop faible, il ne peut s'appliquer. Avoir martel en tête, avoir dans l'esprit des choses qui inquiètent. On dit dans le même sens : Cela lui met martel en tête, lui donne martel en tête ; il en a martel en tête. En faire à sa tête, agir à sa tête, faire, agir suivant sa propre volonté.
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue, Qu'on dise quelque chose, ou qu'on ne dise rien, J'en veux faire à ma tête ; il le fit et fit bien [LA FONT., Fabl. III, 1]
Doucement, doucement, petit garçon, soyez sage. - Je n'en ferai qu'à ma tête [DANCOURT, Com. des coméd. Amour charl. III, 17]
On a dit dans le même sens : faire par sa tête.
M. Amelot se pique de tout faire par sa tête [D'ARGENSON, Mémoires, t. II, p. 131]
Donner dans la tête, inspirer une passion.
Ribaldos lui avait donné dans la tête sans qu'elle en sût rien [VOLT., Cosi sancta.]
Faire un coup de tête, faire sans réflexion une chose hardie. Faire des coups de tête, faire des étourderies. Faire un coup de sa tête, se déterminer de soi-même, sans prendre conseil.
Qu'on me traite partout du plus grand des faquins, S'il est aucun respect ni pouvoir qui m'arrête, Et si je ne fais pas quelque coup de ma tête [MOL., Tart. III, 1]
Avoir de la tête, avoir du jugement et du calme.
Vous avez de la tête, du jugement, du discernement [SÉV., 432]
On dit dans un sens contraire : n'avoir pas de tête, avoir peu de tête
Tout cela arrivait par le peu de tête du chef [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 97, dans POUGENS]
C'est un homme de tête, c'est un homme qui réunit la capacité à la fermeté.
On voit ici ce que peut dans une république, dans un État, un homme de tête et de bon conseil [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 386]
M. Oronte est homme d'esprit, homme de tête ; ce n'est point à lui qu'il faut se jouer [LESAGE, Crispin rival, sc. 14]
Avoir de la tête, signifie aussi être opiniâtre, capricieux. C'est une bonne femme, mais elle a de la tête. Conserver sa tête, garder le sang-froid nécessaire pour prendre un parti. On dit dans le sens contraire : perdre la tête, n'avoir plus sa tête, n'avoir plus la tête à soi.
Le lâche qui perd la tête et la raison dans le danger [GENLIS, Ad. et Th. t. I, p. 145, dans POUGENS]
Le comte : Je ne lui demande rien. - Figaro : Que la quittance de mes cent écus : ne perdons pas la tête [BEAUMARCH., Barb. de Séville, IV, 8]
La tête lui tourne, faire tourner la tête, voy. TOURNER. Il a une bonne tête, il a la tête bonne, il a de la force d'esprit et une raison solide.
Il avait à beaucoup d'égards ce qu'on appelle une bonne tête [STAËL, Corinne, I, 3]
Avoir la tête chaude, prendre feu, s'emporter aisément.
Ma femme bien souvent a la tête un peu chaude [MOL., Fem. sav. II, 5]
Je n'aurai pas la tête assez chaude pour me fâcher [VOLT., Lett. d'Argental, 31 juillet 1769]
Cet homme a la tête froide, il conserve son sang-froid. Avoir la tête légère, être étourdi, inconstant.
Nous avons, je le vois, la tête un peu légère [GRESSET, Méchant, III, 9]
28° Tête se dit pour personne douée de telle ou telle qualité.
Si vous en consultiez des têtes bien sensées, Elles vous déferaient de ces belles pensées [CORN., Nicom. II, 3]
M. de Pompone.... je n'ai jamais vu une tête si bien faite [SÉV., 394]
Les têtes les plus froides sont les plus animées dans les grandes occasions [VOLT., Jenni, 2]
Saint Paul et saint Augustin, dit le fougueux jésuite, étaient des têtes chaudes qu'on mettrait aujourd'hui à la Bastille [DUCLOS, Œuv. t. v, p. 124]
Une bonne tête, une forte tête, personne d'un esprit droit, de jugement, de capacité.
Les bonnes têtes vous diront ce qu'il leur semble de votre retour ; je ne veux pas que vous m'en croyiez, croyez-en M. de la Garde [SÉV., 2 nov. 1673]
On en était convenu avec les meilleures têtes de l'assemblée [BOSSUET, Lett. 97]
Eumène était un homme ferme et la meilleure tête de tous les capitaines d'Alexandre [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 75]
Vous autres, fortes têtes, Vous voilà ; vous prenez tous les gens pour des bêtes [GRESSET, Méch. I, 4]
C'est une tête carrée se dit d'un homme qui a un jugement juste et solide. Une tête sage, rassise, posée, personne d'un jugement droit, d'une imagination réglée. Une tête faible, personne qui se laisse entraîner par l'imagination, par la terreur, qui se laisse aller trop facilement à tout ce qu'on lui suggère. Une tête folle, un extravagant, un jeune homme étourdi, inappliqué. Une tête légère, personne qui a peu de suite et de tenue dans les idées, dans la conduite. Une tête à l'évent, personne qui manque de jugement, de conduite, dont l'esprit est frivole et le caractère léger. On dit de même : tête éventée, écervelée, sans cervelle, de linotte, de girouette. Absolument, c'est une tête, se dit quelquefois d'une personne qui manque de jugement, de conduite.
Point de nouvelles de Sirven, sinon qu'il est à Toulouse.... autre tête encore que ce Sirven ; le monde est fou [VOLT., Lett. Beaumont, 24 janv. 1770]
Tête de fer, se dit d'un homme d'une opiniâtreté invincible.
Le baron Grothusen remarqua que les Turcs ne mêlaient dans leurs cris aucune injure contre le roi, et qu'ils l'appelaient seulement tête de fer [VOLT., Charles XII, 6]
Une tête de fer signifie aussi un homme qui supporte le plus pénible travail de cabinet. C'est une tête de fer, il étudierait vingt heures par jour. Mauvaise tête, personne sujette à beaucoup d'écarts et de travers dans sa conduite ou dans ses opinions.
Ah, fi, comme vous dites, des mauvaises têtes ! cela gâte tout, et ruine même la société [SÉV., 29 janv. 1690]
Mauvaise tête se dit aussi d'un homme qui prend facilement querelle et duel.
29° Tête se dit aussi, avec une épithète, de personnages occupant quelque position importante.
Les choses en demeurèrent là par la difficulté de soutenir un mensonge si fort avéré par tant de gens principaux et des premières têtes [SAINT-SIMON, 10, 123]
Plusieurs bons bourgeois, plusieurs grosses têtes qui se croient de bonnes têtes, vous disent avec un air d'importance, que les livres ne sont bons à rien [VOLT., l'Homme aux 40 écus, Proportions]
Têtes de corps, s'est dit pour ce qu'on appelle maintenant cadre, en termes militaires.
Il n'y a d'autre moyen pour former cette armée que de rappeler quelques-unes de vos troupes d'Allemagne, afin d'avoir au moins des têtes de corps, et de faire augmentation de milices pour les y incorporer [1742] [, Corresp. de Louis XV et de Noailles, t. I, p. 7]
30° Fig. Saine raison. Perdre la tête. Sa tête n'y est plus. La tête est partie.
Vous voyez bien, messieurs, qu'il n'a pas sa tête [D'ALEMB., Lett. au roi de Pr. 1er juill. 1778]
Je crus m'apercevoir que, dans certains moments, il n'avait pas entièrement sa tête [GENLIS, Ad. et Th. t. II, p. 408, dans POUGENS]
Il a encore toute sa tête, il a conservé toute sa tête, se dit d'un vieillard, d'un malade qui garde toutes ses facultés intellectuelles.
Elle est visiblement mieux : plus d'assoupissement, toute sa tête, un son de voix naturel [GENLIS, Vœux témér. t. III, p. 243, dans POUGENS]
On dit au sens contraire : il n'a plus de tête ; il n'a plus sa tête. C'est une tête perdue, c'est une personne qui montre de l'égarement dans sa conduite, dans ses discours. Il a la tête mal timbrée, la tête fêlée ; il a un coup de hache, de marteau à la tête, se dit d'un homme léger, étourdi, bizarre, extravagant. On dit dans le même sens : c'est une tête fêlée, c'est une tête mal timbrée. Il a des chambres vides à louer dans la tête, se dit d'un homme dont la raison n'est pas saine. Autrefois on disait qu'un homme a la tête verte, que c'est une tête verte, pour exprimer qu'il est brusque et évaporé.
Pourvu qu'il demeure d'accord qu'il a la tête verte [SÉV., 23 oct. 1676]
31° Têtes rondes, nom par lequel les cavaliers ou partisans de la cour, pendant la guerre de Charles Ier et jusque sous Charles II, désignèrent leurs ennemis, les parlementaires ; il fut plus tard remplacé par celui de whig. Ce sobriquet de tête ronde fut d'abord donné aux Écossais, parce qu'ils avaient les cheveux rasés de fort près (LEGOARANT). Têtes blanches, turbans, Turcs.
Envoyez cent mille écus à deux favoris du grand seigneur, et, avant qu'il soit six mois, on verra toute l'Italie si pleine de têtes blanches que ses calamités et misères nous feront trop plus de pitié que leurs ruses et finesses ne nous donneront de crainte [, Mém. de Villeroy, t. III, p. 98, dans LACURNE]
32° Chef.
L'empire est à donner, et le sénat s'assemble Pour choisir une tête à ce grand corps qui tremble [CORN., Pulch. I, 1]
Sur moi seul doit tomber l'effort de la tempête ; Quand le bras a failli, l'on en punit la tête ; Qu'on nomme crime ou non ce qui fait nos débats, Sire, j'en suis la tête, il n'en est que le bras [ID., le Cid, II, 9]
Ainsi Rome n'était pas proprement une monarchie ou une république, mais la tête d'un corps formé par tous les peuples du monde [MONTESQ., Rom. 6]
Alors on regardait l'Europe comme un corps à deux têtes ; et ces deux têtes étaient l'empereur et le pape ; les autres princes n'étaient regardés aux diètes de l'empire et aux conclaves que comme des membres qui devaient être des vassaux [VOLT., Mœurs, 70]
33° Par analogie, sommet, sommité.
Qui ne sait de quelles tempêtes Leur fatale main autrefois, Portant la foudre de nos rois, Des Alpes a battu les têtes ? [MALH., IV, 5]
L'arbre étendit trop loin ses branches, et la tête se sécha [MONTESQ., Espr. XXXI, 32]
En Suisse, où les têtes des premières montagnes sont couvertes d'une verdure abondante et fleurie [BUFF., Quadrup. t. v, p. 81]
Cette fumée enveloppe constamment la tête du volcan, et se répand sur ses flancs en brouillard ténébreux [ID., Min. t. III, p. 76]
En continuant de marcher au sud, je passai sur une tête de rocher composée en entier de delphinite [SAUSSURE, Voy. Alpes, t. VIII, p. 216]
34° Il se dit de ce qui est comparé à une tête. La tête d'un compas, la partie ronde où les deux jambes du compas sont assemblées par une charnière. La tête d'un marteau, partie du fer d'un marteau qui ne se termine pas en pointe. Il y a des marteaux à deux têtes. On dit de même : la tête d'une coignée. Boulet à deux têtes, boulet ramé.
Les boulets à deux têtes valent douze à quinze livres le cent [, Corresp. de Colbert, III, 2, p. 311]
35° Terme d'anatomie. L'extrémité arrondie de certains os longs, comme le fémur, l'humérus.
Les têtes des os, qui se durcissent les dernières et qui sont les parties les plus éloignées du milieu, sont aussi les parties les plus grosses de l'os [BUFF., Hist. nat. Hom. Œuv. t. IV, p. 345]
La portion la plus volumineuse de certains organes mous. La tête de l'épididyme. La tête d'un muscle, son attache supérieure.
36° Dans les plantes, assemblage d'organes réunis en un faisceau terminal ou formant un ensemble arrondi.
C'est dans la cavité même de la tête du chardon que notre chenille se transforme en chrysalide [BONNET, Observ. 19e, Insect.]
La tête du cocotier se couronne de dix ou douze feuilles ailées [RAYNAL, Hist. phil. I, 17]
Cet oranger fait bien sa tête, la tête en est bien garnie et bien ronde. Il se dit de l'extrémité d'en haut. Des têtes de pavots, d'artichauts, ou de pavot, d'artichaut. Il se dit dans d'autres plantes, de l'extrémité d'en bas, qui est dans la terre. La tête d'un oignon. La tête d'un poireau. Se dit de la réunion de tous les aulx, de toutes les gousses qui ont crû ensemble. Tête de la racine, le point de celle-ci qui touche à la tige. Dans certains fruits, l'extrémité opposée à la queue. Cette pomme commence à se pourrir par la tête. Poire à deux têtes.
37° Extrémité ou partie antérieure d'un objet, d'un instrument quelconque. Tête d'écouvillon, de refouloir, de lanterne. La tête d'un clou, d'une vis, l'extrémité ronde ou aplatie qui est opposée à la pointe.
Il y a de l'indigence d'esprit à dire également la tête d'un clou, la tête d'une armée [VOLT., Dict. phil. Langues.]
Clou, vis à tête perdue, clou, vis dont la tête n'excède point la surface de ce qu'ils attachent ou retiennent. Tête à la romaine, se dit de la sommité d'une grosse vis, qui est sphérique et percée d'un trou pour la faire tourner. Têtes de clous, nom qu'on donne en imprimerie à des caractères usés. La tête d'une épingle, l'extrémité ronde opposée à la pointe. La tête d'une aiguille, le bout du chas. Premier assemblage des pièces de bois d'un train à flotter. Petit bout d'un pain de sucre. Extrémité d'une bougie, d'une chandelle, par où on l'allume. Tête d'un filet, partie supérieure d'un filet qui est tendu verticalement. Tête d'un instrument à cordes, le haut du manche, où s'attachent les chevilles. Tête de filon, son affleurement. Tête de sonde, la partie supérieure d'une sonde. Partie de pavé au-devant de deux ruisseaux circulaires qui se réunissent pour n'en former qu'un. Terme de tapissier. Le haut d'un rideau. En artillerie, tête d'affût, bande en fer qui recouvre la partie antérieure des flasques d'un affût.
38° Terme de marine. Partie avancée ou placée de l'avant. Tête de bossoir. Tête de rade. La tête d'un mât, du gouvernail, leur extrémité supérieure. Tête d'alouette, se dit d'une espèce de nœud. Faire tête à son ancre, se dit d'un bâtiment qui est placé dans la direction de son ancre et de son câble. Tête du vent, instant où le vent commence à souffler De tête en tête, se dit de la longueur d'un navire mesurée de la tête de l'étrave à celle de l'étambot, ou encore de ses extrémités les plus éloignées.
39° Terme de musique. La tête d'une note, la partie la plus grosse et la plus apparente, dont la position sur la portée détermine quelle est la note.
40° Terme d'astronomie. La tête d'une comète, nébulosité plus ou moins lumineuse qui semble former le corps de l'astre, par opposition à la queue qui est une traînée lumineuse située à la partie opposée. Tête du dragon, nœud ascendant de la lune.
41° Terme d'architecture. Tête de nef, la partie antérieure d'une nef. Tête de voussoir, la partie antérieure d'un voussoir. Tête de mur, l'épaisseur d'un mur à son extrémité. Terme de charpenterie. Tête de chevalement, pièce de bois posée horizontalement sur deux étais pour porter un mur, un plancher, un pan de bois chevalé. Tête de cabestan, la partie de l'axe qui est percée de mortaises pour le faire mouvoir. Terme de serrurerie. Tête de pivot, partie saillante d'un pivot à équerre.
42° Terme de guerre. La tête de la tranchée, l'endroit qui est le plus avancé du côté de la place assiégée. La tête du camp, la partie du camp qui regarde le terrein destiné pour y mettre les troupes en bataille.
On tire de la prison ce chef infortuné avec sept cents prisonniers qui y étaient avec lui, et on les fait venir à la tête du camp ; Giscon est exécuté le premier, et tous les autres ensuite [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. I p. 355, dans POUGENS]
Tête de pont, ouvrage élevé sur la rive ennemie d'une rivière, pour couvrir des ponts, et assurer à une armée le passage d'une rive à l'autre. On dit : les deux têtes du pont, quand le pont est fortifié des deux côtés. Tête de défilé, le bout qui regarde l'ennemi.
43° Au trictrac, la flèche du coin.
44° Il se dit de ce qui sert de commencement. La tête d'un canal, d'un bois. Tête de chapitre.
Il n'y a presque point de mots dont la sévérité de cette dame ne veuille retrancher ou la tête ou la queue, pour les syllabes déshonnêtes qu'elle y trouve [MOL., Critique, 6]
La première personne qui se présente [dans une généalogie] est un fort grand seigneur, il y a plus de cinq cents ans, des plus considérables de son pays, dont nous trouvons la suite jusqu'à nous ; il y a peu de gens qui puissent trouver une si belle tête [SÉV., à Bussy, 22 juillet 1685]
Arrivé avec son armée à la tête de deux chemins, dont l'un conduit à Jérusalem, l'autre à Rabbath, capitale des Ammonites, ce prince incertain et flottant délibère lequel il prendra [ROLLIN, Hist. anc. Préface]
En tête ou à la tête, au commencement, au frontispice.
Cette morale qui a en tête un Dieu crucifié [PASC., Pensées pour les Provinciales, I, éd. FAUGÈRE.]
Quoi ! mes pères ! afficher vous-même dans Paris un livre si scandaleux, avec le nom de votre père Meynier à la tête [ID., Prov. XVI]
La préface qu'ils mirent à la tête de leur confession de foi [BOSSUET, Var. 11]
En Angleterre, le parlement qui fit mourir Charles Ier sur un échafaud, commença par mettre le nom du prince à la tête de toutes les résolutions qu'il prenait pour le perdre [VOLT., Charles XII, 2]
Terme d'imprimerie. Ligne de tête, celle qui est ordinairement occupée par le titre courant, et par le numéro ou folio de la page. Terme de commerce. Avoir tête et queue, se dit d'une pièce d'étoffe qui n'a point été entamée. Terme de chemin de fer. Fourgon de tête, fourgon à bagages qui est placé immédiatement après le tender.
45° La tête d'une station de fiacres, l'endroit où elle commence. Se dit quelquefois de la voiture qui est la première de la file. Prendre la tête. Faire marcher la tête.
46° Terme de chemin de fer. Têtes de ligne, le point d'où part un chemin de fer et celui où il aboutit. Paris et Brest sont les deux têtes de ligne du chemin de fer de l'Ouest. Fig.
Paris est tête d'opinion, comme, en langage de chemins de fer, il est tête de ligne [E. DE GIRARDIN, la Liberté, 26 mai 1869]
47° Terme de marine. Tête d'une ligne de bataille, le premier ou les premiers vaisseaux de cette ligne.
Le Fortuné menait la tête, Il aborda celui de la tête des Hollandais ; mais, ses grappins ayant rompu, les vaisseaux se séparèrent [, Rapport de J. Bart, 11 juill. 1694, dans JAL.]
48° Partie d'une armée. d'une colonne de troupe, d'un cortége, etc. qui marche la première. La tête du cortége.
Peut-être il vaudrait mieux, en tête d'une armée, Faire parler pour moi toute ma renommée [CORN., Héracl. II, 7]
S'il [le peuple] le voit à sa tête, il en fera son roi [ID., Nicom. v, 5]
Je perdis un de mes frères, qui fut tué à la tête ou régiment de la reine, dragons [Mme DE CAYLUS, Souvenirs, p. 239, dans POUGENS]
La tête de l'armée ayant décampé [MAIRAN, Élog. du Card. de Fleury.]
Les boulets traversaient de tête en queue sa colonne [SÉGUR, Hist. de Nap. XI, 7]
Il fut cassé à la tête de sa compagnie, en présence de sa compagnie, devant les premiers rangs.
Entre nous, l'État n'a pas grand besoin de vous, puisqu'il vous a remercié de vos services à la tête de votre compagnie [REGNARD, Attendez-moi sous l'orme, 9]
Ce régiment a la tête de tout, il forme l'avant-garde de toute l'armée. Fig. Tenir la tête, se dit, dans le cours d'un scrutin, du candidat qui a le plus de voix. À la tête de, à la première place, au premier rang, le plus souvent avec l'idée de commandement ou de supériorité.
Elle marche comme un général à la tête d'une armée royale [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Toujours grand dans l'action et dans le repos, il parut à Chantilly comme à la tête des troupes [ID., Louis de Bourbon.]
Les Volsques, toujours battus par les Romains, espérèrent de se venger, ayant à leur tête le plus grand homme de Rome [Coriolan] [ID., Hist. III, 6]
La cour rassemblait alors un assez grand nombre de gens illustres par l'esprit, MM. Racine, Despréaux, de la Bruyère, de Malezieu, de Court ; M. de Meaux était à la tête [FONTEN., Malezieu.]
Génie rare [Galilée] et dont on verra toujours le nom à la tête de plusieurs des plus importantes découvertes sur lesquelles soit fondée la philosophie moderne [ID., Viviani.]
Phidias mérite, par bien des raisons, d'être mis à la tête des sculpteurs [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. XI, 1re part. p. 82]
Le célèbre philosophe Leibnitz.... qui s'était mis en Allemagne à la tête d'une école opposée [à Newton], attaqua ces expressions du philosophe anglais [espace pur, durée] [VOLT., Phil. Newt. I, 2]
Pierre Alexiovitz, qui, vingt ans auparavant, n'avait pas une barque dans la mer Baltique, se voyait alors maître de cette mer, à la tête d'une flotte de trente grands vaisseaux de ligne [ID., Charles XII, 7]
Vous êtes à la tête de la bonne compagnie, et je vis dans la retraite [ID., Lett. Mme du Deffant, 26 juill. 1764]
Les premiers qui marchent dans une carrière restent toujours à la tête des autres dans la postérité [ID., Lett. Faugères, 3 mai 1776]
Être à la tête des affaires, en avoir la direction.
Ceux qui sont à la tête des grandes affaires, ne trouvent pas moins d'embarras dans leur propre parti que dans celui de leurs ennemis [RETZ, Mém. t. III, liv. IV, p. 388, dans POUGENS]
Ce peuple [Athéniens], qui tous les jours met à la tête de ses affaires des gens que je ne voudrais pas mettre à la tête des miennes [BARTHÉLEMY, Anach. ch. 27]
On dit de même : être à la tête d'une maison, d'une administration, d'une entreprise, etc.
Je suis à la tête d'une bonne manufacture de fer étamé et de cuivre [VOLT., Jeannot et Colin.]
Sétoc fut appelé du fond de l'Arabie pour être mis à la tête du commerce de Babylone [ID., Zadig, 21]
Familièrement. Être à la tête de, posséder.
Si l'on se souvient que je suis à la tête de quatre mille livres de rente [MARIV., Pays. parv. 7e part.]
49° Particulièrement. Corps de troupes qui s'avance vers quelque endroit, soit pour s'opposer à l'ennemi, soit pour lui dérober la connaissance de quelque chose (sens aujourd'hui peu usité). L'armée montra une tête de ce côté-là.
50° Têtes de vin, les premières cuvées des meilleurs vins de Bourgogne et de Champagne. Tête du blé, le blé de la meilleure qualité.
51° Tête de chat, petit moellon que l'on a trop arrondi. Tête de moine, sorte de fromage du Cantal, de forme entièrement ronde. Bourrelet qui est formé à l'extrémité d'une glace coulée. Tête de palastre, bout de chaque serrure qui affleure l'épaisseur de la porte et dans lequel est pratiqué le passage du pêne. Terme de marbrier. Partie saillante formée par un élégissement dans un travers de cheminée, etc.
52° Ancien terme de chimie. Tête-morte, résidu ; on dit plus souvent : caput mortuum.
Je vois des mixtes, tels que les végétaux et les animaux, que je décompose et dont je tire quelques éléments grossiers, l'esprit, le phlegme, le soufre, le sel, la tête-morte [VOLT., Phil. Newt. I, 8]
Fig.
Peut-être dans tous ces creusets des philosophes y a-t-il une ou deux onces d'or ; mais tout le reste est tête-morte, fange insipide dont rien ne peut naître [VOLT., Dict. phil. Philosophie, IV]
53° Tête-de-More, vaisseau de cuivre étamé en dedans, qui sert dans quelques distillations (avec une M majuscule).
54° Terme de relieur. La tête de nègre, couleur noire tirant sur le bleu, avec un reflet rougeâtre.
55° Tête d'âne, la centaurée scabieuse. Tête de carpe, espèce d'agaric. Tête de coq l'hedysarum caput galli, Linné. Tête de mort, l'antirrhinum orontium, L.
56° Tête d'araignee, nom marchand d'une coquille univalve, le murex tribule. Tête de barbet, nom marchand d'une coquille univalve, le murex noueux de Linné, devenu la cérite ou mieux la cérite goumier de Bruguière. Il est appelé en Languedoc le tutarel. Tête de bécasse, nom marchand d'une coquille univalve, le murex haustellum (mer des Indes et Moluques) de Linné. Tête de fourmilier ou de tamanoir, espèce de coquille, la pyrrhule canaliculée, univalves de Lamarck, murex canaliculé (mers glaciales, Canada) de Linné, appelé aussi tête d'Isis. Tête de requin, nom vulgaire d'une coquille univalve, le casque bourse, que l'on trouve dans l'île de l'Ascension.
Tête de serpent, espèce de coquille univalve, le strombe lentigineux qu'on nous apporte de l'océan Indien [LEGOARANT, ]
57° Tête armée, nom donné par Geoffroy à l'aphodie fouisseur, coléoptères, de Fabricius.
58° Tête d'âne, ou âne, nom donné, dans les départements méridionaux, au chabot ou cotte goujon, acanthoptérygiens. Tête de lièvre, espèce de poisson, le gobie lagocéphale, acanthoptérygiens. Tête nue, nom distinctif de l'esox gymnocéphale de Linné, malacoptérygiens abdominaux, lequel fait actuellement partie du genre érythrine.
Tête de tortue, le tétraodon testudiné, plectognathes ; il habite les mers de l'Inde [LEGOARANT, ]
59° Tête fourchue, basilic d'Amboine, nom donné par Lacépède au lophyre fourchu (sauriens) d'Oppel (île d'Amboine). Tête de chien, espèce de boa. Tête noire, espèce de couleuvre. Tête plate, espèce de gecko.
60° Tête blanche, le suiriri, oiseau d'Amérique. Tête noire, nom donné à quelques oiseaux. Fauvette, bouvreuil à tête noire. Grosse tête, bouvreuil et gros-bec (Picardie).
61° De tête, loc. adv. De mémoire, d'imagination. Faire un paysage, un portrait de tête.
Il [Crébillon] imaginait des sujets de romans qu'il composait ensuite de tête et sans les écrire ; car sa mémoire était aussi prodigieuse que sa paresse était insurmontable [D'ALEMB., Élog. Créb.]
Agir de tête, payer de tête, prendre son parti de sang-froid, avec résolution, dans une occasion difficile.
62° Tête à tête, loc. adv. seul à seul.
Pour être tête à tête, on n'en est pas moins sage [HAUTEROCHE, les Appar. tromp. I, 6]
Quoi ! l'on ne peut jamais vous parler tête à tête ? à recevoir le monde on vous voit toujours prête [MOL., Mis. II, 3]
Elle [la maréchale de Clérenbaut] perdit mille louis contre le petit d'Harouys, tête à tête [SÉV., 27 déc. 1679]
Je m'en vais faire de grandes promenades toute seule tête à tête, comme disait Tonquedec [ID., 63]
Pardon de ce volume dont je vous ennuie ; que ne puis-je vous ennuyer tête à tête, et vous dire combien je vous suis attaché ! [VOLT., Lett. Richelieu, août 1750]
S. m. Tête-à-tête, entrevue d'une personne avec une autre.
J'évite le tête-à-tête avec cette comtesse ridicule dont vous m'embarrassez [MOL., Comtesse, 1]
M. de Louvois a ménagé à Mme de Montespan un tête-à-tête avec le roi [MAINTENON, Lett. à Mme de Fontenac, 1680, t. I, p. 71, dans POUGENS.]
Tu crois, dans les douceurs qu'un tendre amour apprête, Soutenir de Daphné l'éternel tête-à-tête [VOLT., Disc. 4]
Interromps ou préviens les trop longs tête-à-tête [J. J. ROUSS., Hél. IV, 13]
Les amants qui ont usé le premier feu de la passion sont charmés qu'on coupe la longueur du tête-à-tête [DUCLOS, Œuv. t. VIII, p. 166]
L'Académie, à tête-à-tête substantif, met ordinairement des traits d'union ; pourtant elle l'écrit aussi sans traits d'union. Ils ont dîné, ils ont été se promener maritalement en tête à tête, au mot maritalement.
63° Tête pour tête, loc. adv. se dit pour exprimer une rencontre inopinée ; l'un devant l'autre.
Mme de B*** que je trouvai l'autre jour tête pour tête [SÉV., 14 mars 1689]
Il lui est arrivé plusieurs fois de se trouver tête pour tête à la rencontre d'un prince et sur son passage [LA BRUY., XI]
64° Ah ! tête ! par la tête ! espèce de jurement.
Ils sont d'intelligence ; ah ! tête [CORN., l'Illus. III, 10]
Par la mort ! par la tête ! par le ventre ! si je le trouve, je le veux échiner [MOL., Scapin, II, 9]
Ah ! tête ! ah ! ventre ! que ne le trouvé-je à cette heure avec tout son secours ! [ID., ib. II, 9]

PROVERBES

  • Grosse tête, peu de sens, la grosseur de la tête n'augmente pas la capacité de l'esprit.
  • Tête de fou ne blanchit jamais, se dit des personnes qui, ne faisant attention à rien et à personne, n'ont point de souci et ne prennent guère de cheveux blancs.
  • Le poisson commence toujours à sentir par la tête.
  • À laver la tête d'un More, à laver la tête d'un âne, on perd son temps et sa lessive, on perd sa peine à corriger un homme incorrigible.
  • Autant de têtes, autant d'opinions, autant de personnes, autant de manières de voir.
  • Mauvaise tête et bon cœur, les gens étourdis et emportés ont souvent un bon cœur.
    Tu crois te justifier en disant que tu as une mauvaise tête et un bon cœur ; belle excuse ! [PICARD, Deux Philiberts, I, 11]
  • Il est comme le bonnetier, il n'en fait qu'à sa tête, se dit d'un opiniâtre.
  • Une tête de mouton est une bisque de gueux.
  • Sa tête donne bien du mal à ses pieds, se dit d'un homme inquiet.
  • Quand on n'a pas bonne tête, il faut avoir bonnes jambes, se dit des gens étourdis, sujets à oublier, que leurs oublis forcent à courir beaucoup pour les réparer.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Dunc [il] rendra le chatel [l'avoir] e vingt sols pur la teste [, Lois de Guill. 4]
    De noz ostages ferat trencher les testes [, Ch. de Rol. IV]
  • XIIe s.
    Tous li moins courrouciez s'estoit bien aatis [résolu], Qu'ains [auparavant] i lairroit la teste que il fust asservis [, Sax. XXVI]
  • XIIIe s.
    Comment que vilenages viennent, il se departent par teste, autant à l'un comme à l'autre [BEAUMANOIR, XIV, 11]
  • XIVe s.
    Girars ha male teste, mais bientost se revient ; à gens qui tost se muevent faire ainssin le convient [, Girart de Ross. V. 945]
    Mais il le savoit bien estre de telle teste, Qu'il croyoit le consoil malvais plus que l'oneste [, ib. V. 3211]
    Distribuant egalement et par testes, c'est à dire tant à I'un comme à l'autre [BERCHEURE, f° 22, verso.]
  • XVe s.
    Et faisoit commander sur la teste, que nul ne mist devant les bannieres [FROISS., I, I, 41]
    Les compagnons qui ouïrent le comte et messire Gautier ainsi parler, mirent leurs testes ensemble [délibérèrent ensemble] et dirent l'un à l'autre.... [ID., I, I, 217]
    Sitost qu'il le virent, ils commencerent à murmurer et à bouter trois testes en un chaperon, et dirent : Voici celui qui est trop grand maistre et qui veut ordonner de la comté de Flandre à sa volonté [ID., I, I, 248]
    Le roi d'Angleterre entendit aux paroles de ce comte dessus nommé si parfaitement, que oncques puis ne lui purent issir hors de la teste [ID., II, II, 237]
    Je suis informé de pieça que le roi de France a bien vingt mille hommes d'armes, ce sont soixante mille testes armées [ID., II, II, 185]
    Je n'en pensois pas moins ; car l'archevesque, où que il soit, a trop chaude teste [ID., II, III, 50]
    Vous savez.... Que, quant une femme s'arreste à peu de chose ou autrement, Jamès n'en fera qu'à sa teste [, Mistere d'Orleans, p. 462]
    Autres fois la teste lui fent De doleur.... [E. DESCH., Poesies mss. f° 252]
    Quand la teste Dieu jurera [ID., ib. f° 32]
    Adonc un bourgois honourable Qui Jehan Maillart fut appelés.... Dist au prevost, teste levée, Que jà clef ne seroit livrée [ID., Miroir de mariage, p. 147]
    Ainsi escouterent, et le sire de Roqueton dist : j'ay bien oy gens qui sont entre cy et le pont ; or que nous ne facions point la teste sourde ; escoutons encores l'un çà l'autre là au coing de ceste haie [, le Jouvencel, f° 62, dans LACURNE]
    [Louis XI] homme de teste, ouvrant de soy mesmes sans conseil de nulluy [G. CHASTEL., Chr. des ducs de Bourg. II, 48]
    Ils devoient combatre de haches, et en ferir chascun quinze coups de la teste et martel, sans rien toucher de la pointe ny d'estoc [MATH. DE COUCY, Hist. de Charles VII, p. 555, dans LACURNE.]
    Onques puis ne trouva le roy de France homme qui osast lever la teste contre luy [COMM., V, 1]
    Sergens armez dont chascun tenoit une arbalestre tendue, et avoit sur chascune encoche ung vireton de telle teste que pour froisser et tuer ung cheval [, Perceforest, t. I, f° 37]
    Foy que doy les yeulz de ma teste, De son courroux forment m'ennuie [, la Passion de N. S. J. C]
    .... Vous estes Tenu l'une des saiges testes Qui soit en toute la paroisse [, Patelin]
    Hélas ! j'ay usé par ci devant de ma teste, j'ay voulu suivre mon seul sens par trop d'obstination [, l'Amant ressuscité, p. 535, dans LACURNE]
  • XVIe s.
    Ils ocioient ceulx qui s'opiniastroient à leur faire teste [AMYOT, Lyc. 49]
    Des testes d'oignons [ID., Numa, 27]
    Il acorda que l'on eschangeroit les prisonniers en rendant 250 drachmes d'argent pour chasque teste [ID., Fab. 19]
    La premiere hostie immolée, le devin luy en monstra le foye qui n'avoit point de teste ; mais, à la seconde qu'il immola, se trouva une belle et grosse teste du foye [ID., Marc. 48]
    Le cheval jetta par terre son maistre tout armé de pied en teste comme il estoit [ID., Arist. 34]
    Et si dit on que à la veue de son capitaine il combatit teste à teste contre un des ennemis et le desfeit [ID., Mar. 3]
    Le gros bout du foye, qu'on appelle la teste, desfailloit [ID., Cimon, 33]
    Crier à pleine teste [ID., Nicias, 14]
    Ilz leur meirent au devant une teste de leurs hommes d'armes bardez et armez de toutes pieces, et espandirent leur chevaux legers çà et là à l'entour d'eulx [ID., Crass. 48]
    Il meit en teste à Agesilaus qu'il entreprist ce voyage [ID., Agés. 7]
    Les aulx ou oignons, et generalement toutes les plantes ayans teste [PARÉ, Animaux, 21]
    Passe temps : On luy avoit tout refusé [à un fol qui vient de prendre un morceau sur la table].Je pleige d'autant : Il en a de sa teste usé [, Recueil de farces, p. 346]
    Je ne pense pas qu'on cognoisse les fols par la teste, encores qu'on die : il a la teste mal faite [BOUCHET, Serées, III, p. 248, dans LACURNE]
    La vertu n'est pas plantée à la teste d'un mont coupé, rabotteux et inaccessible [MONT., I, 176]
    J'ay voulu que ces vers portassent votre nom en teste [ID., I, 222]
    Il y a apparence que les Turcs ne voudroyent faire là leur teste [prendre cette ville pour point de résistance] [LANOUE, 441]
    .... Se saisir d'Orleans pour là dresser une grosse teste, si on venoit aux armes [ID., 546]
    Un des plus braves gentils-hommes de ce royaume, et qui avoit du feu et du plomb en la teste [ID., 564]
    J'ay desjà cinquante ans sur la teste [ID., ib.]
    M. le prince, estant deslogé, dressa sa teste vers la Normandie [ID., 591]
    On fit un conseil de guerre de sept testes seulement [D'AUB., Mém. p. 137]
    Vous estes fils de serfs, et vos testes tondues Vous font ressouvenir de vos meres vendues [ID., Tragiques, Princes.]
    Les deux gros, n'aiant pris loisir que de prendre leurs sallades, donnent teste pour teste [ID., Hist. I, 328]
    L'amiral avoit interrompu, disant avoir pour suspects ceux qui l'avoient condamné au gibet, et avoient mis sur sa teste 50 000 escus [ID., ib. II, 15]
    Après plusieurs altercations, sur ce que Mirambeau ne se pourroit faire avouer des hardies paroles qu'il avoit prononcées, les desputez le prirent sur leur teste [ID., ib. II, 252]
    Je vous apporterai cent doubles ducats à deux testes [ID., ib. II, 332]
    Teste Dieu pleine de reliques [jurement] [BRANT., Cap. fr. t. I, p. 102]
    Ce fut un grand sujet de joye à toute l'armée de se voir ainsi portée de la teste à la queue [d'une fâcheuse situation à une bonne] en un moment par l'arrivée imprevue d'un chef dont l'attente avoit jusqu'alors soutenu ses esperances [, Mém. de Tavannes, p. 196, dans LACURNE]
    Ce vieux et rusé capitaine [le prince de Parme] lui faisoit [ à Henri IV désireux d'engager une bataille] tousjours des testes d'infanterie [lui présentait toujours quelque infanterie pour l'arrêter] [SULLY, Mém. t. I, p. 425]
    Tenez chaud le pied et la teste, au demeurant vivez en beste [COTGRAVE, ]
    La maladie des enfants de Pavin, la teste plus grosse que le poing [OUDIN, Curios. franç.]
    Avoir des grillons en la teste [ID., ib.]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, tiess ; bourg. téte ; génev. dire de tête, savoir de tête, dire par cœur, savoir par cœur ; provenç. espagn. portug. et ital. testa ; du lat. testa, vase de terre cuite, et, plus tard, par assimilation, crâne, tête : testa est pour tersta, comme tostus est pour torstus, et se rattache au radical sanscr. tars, sécher (voy. TERRE et TORRIDE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    TÊTE.
    Ajoutez :
  • Se monter la tête, se passionner (voy. MONTER, n° 38).
    Le lendemain il était recherché et fêté ; ses vers retentissaient dans le monde élégant et lettré, où l'on se montait la tête pour lui, selon le mot de Fontanes [CH. DE MAZADE, Lamartine, dans Rev. des Deux-Mondes]
  • Par-dessus la tête. Ajoutez :
  • Par-dessus la tête, en ne tenant pas compte de telle ou telle personne.
    Savez-vous comment s'est effectuée cette convention ? elle a été négociée et conclue aux Tuileries, par-dessus la tête du ministre des finances, par-dessus la tête de tous les ministres [, Journ. offic. 15 mai 1872, p. 3246, 1re col.]
  • 65° En termes de marchand de houille, têtes-de-moineau, voy. GAILLETIN au Supplément.
    66° La tête bleue, papillon dit aussi le double oméga, bombyx caeruleocephala.
    67° Terme militaire. Cheval de cavalerie supérieur aux autres.
    Chevaux de carrière et de manége, 1700 francs ; chevaux de tête, 1200 francs ; chevaux de troupe : réserve, 1000 francs ; ligne, 900 francs ; légère, 800 francs ; chevaux arabes : tête, 800 francs ; troupe, 600 francs [, Journ. offic. 20 déc. 1873, p. 7947, 1re col.]
    Pour se couvrir des risques et des frais de son industrie, l'éleveur devait compter sur l'appui de l'administration et le haut prix des chevaux de tête qu'il pouvait lui vendre [BOCHER, Rapp. à l'Assemblée nationale, n° 1910, p. 82]
    68° Tête de mort, un peroxyde de fer.
    On range dans la même classe [oxydes de fer artificiels] les préparations que l'on désigne communément dans le commerce sous les noms de brun de Van Dyck et de rouge de Van Dyck ou tête de mort, et qui sont, du reste, de simples peroxydes de fer [, Douanes, Tarif de 1877, note 356]
    69° Tête de chou, un chou pommé et faisant tête.
    Des têtes de choux ont été payées 5 shillings (6 fr. 25) la pièce [aux mines de diamant du Cap] [, Journ. offic. 18 mai 1872, p. 3339, 2e col.]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

tête

TÊTE. n. f. Chef, partie supérieure du corps, qui est le siège du cerveau et des principaux organes des sens, et qui, chez l'homme et chez la plupart des animaux, tient au reste du corps par le cou. Le devant, le derrière de la tête. Le sommet de la tête. Le haut de la tête. Avoir la tête ronde, la tête plate, la tête pointue. Avoir la tête enfoncée dans les épaules. Avoir les yeux à fleur de tête. Lever la tête. Baisser la tête. Tourner la tête. Branler, hocher la tête. Faire signe de la tête. Examiner quelqu'un de la tête aux pieds, depuis les pieds jusqu'à la tête. Couper la tête. Trancher la tête à un criminel. On le condamna à avoir la tête tranchée. Avoir mal à la tête. Un mal de tête. Être, rester tête nue, nu-tête. La tête d'un lion. La tête d'un cheval. Ce cheval porte bien sa tête, place bien sa tête, ramène bien sa tête. La tête d'un oiseau. La tête des poissons et des serpents tient immédiatement au reste du corps.

En termes de Manège, Mettez la tête (du cheval) à la muraille; placez la tête; relevez la tête; portez la tête en dedans.

En termes de Courses, Ce cheval a gagné d'une tête, d'une longueur de tête.

Tête de mort, Tête humaine dont il ne reste que la partie osseuse.

Avoir la tête pesante, lourde, Éprouver dans la tête un sentiment de pesanteur, d'embarras.

Fig. et fam., C'est une tête fêlée se dit de Quelqu'un qui a un grain de folie.

Fig. et fam., Avoir la tête près du bonnet. Voyez BONNET.

Fig. et fam., Ce sont deux têtes sous un même bonnet. Voyez BONNET.

Avoir la tête de plus que quelqu'un, Être plus grand que lui de toute la hauteur de la tête.

Fig. et fam., Avoir des affaires, des tracas, des soucis, etc., par-dessus la tête, Être accablé d'affaires, de tracas, de soucis, etc.

Fig. et fam., Ne savoir où donner de la tête, Ne savoir que devenir, que faire.

Fig., C'est à donner de la tête contre les murs, C'est à désespérer.

Prov. et fig., À laver la tête d'un More, à laver la tête d'un âne, on perd sa lessive, On se donne inutilement beaucoup de peine pour faire comprendre à un homme quelque chose qui passe sa portée, ou pour corriger un homme incorrigible.

Fig. et fam., Laver la tête à quelqu'un, Lui faire une sévère, une forte réprimande.

Fig., Lever la tête, Se montrer, paraître avec plus de hardiesse. Ce parti commençait à lever la tête. On dit de même : Relever la tête.

Fig., Aller partout tête levée, tête haute, la tête levée, la tête haute, Aller partout sans craindre, sans appréhender aucun reproche, aucun affront. C'est un homme irréprochable et qui peut aller partout tête haute.

Fig. et fam., Il y va tête baissée se dit d'un Homme qui se précipite aveuglément, sans réfléchir, sans mesurer le danger. Il y donne tête baissée se dit d'un Homme qui donne complètement dans un piège.

Tomber la tête la première, Tomber la tête en avant, la tête en bas.

Fig. et fam., Il s'y est jeté la tête la première se dit d'un Homme qui s'est engagé brusquement et inconsidérément dans une affaire périlleuse.

Piquer une tête, Faire un plongeon, se jeter dans l'eau la tête la première.

Fig. et fam., Fendre la tête à quelqu'un, lui rompre la tête, lui casser la tête, L'incommoder en faisant un grand bruit. Ils me rompent la tête avec leurs cris. Ce bruit, ce tapage me casse la tête; c'est un bruit à fendre la tête, à tête fendre.

Fig. et fam., Rompre, casser la tête à quelqu'un de quelque chose, avec quelque chose, L'en importuner. Il est venu me rompre la tête de ses folies.

Fig. et fam., Se rompre, se casser la tête à quelque chose, S'y appliquer avec une grande contention d'esprit. Il s'est longtemps cassé la tête pour trouver un expédient.

Casse-tête. Voyez ce mot à son rang alphabétique.

Fig., La tête lui tourne, la tête lui a tourné; tourner la tête à quelqu'un. Voyez TOURNER.

Fig., Crier à tue-tête. Voyez TUE-TÊTE.

Porter à la tête se dit d'une Odeur forte, de la vapeur du charbon, de certains vins qui incommodent. On dit de même : Ce vin monte à la tête.

Fig. et fam., Avoir martel en tête. Voyez MARTEL.

Fig. et fam., Jeter quelque chose à la tête de quelqu'un, La lui rappeler avec une intention défavorable, la lui reprocher.

Fig. et fam., Se jeter à la tête de quelqu'un, Lui marquer plus d'empressement qu'il ne convient, lui faire des offres de service qu'il n'a pas demandées. Il ne faut pas se jeter à la tête des gens.

Fig., Tenir tête à quelqu'un, faire tête à quelqu'un, S'opposer à lui, lui résister, ne point lui céder en quelque chose. Il tint tête à un grand nombre d'ennemis. Ils se mirent plusieurs ensemble pour lui tenir tête dans la discussion. On ne trouva personne qui pût lui tenir tête à boire.

Fig., Faire tête à l'orage, Montrer de la fermeté dans une occasion périlleuse.

En termes de Marine, Faire tête au vent, au courant, Se placer face au vent, au courant.

Faire tête à queue se dit d'une Voiture dont la direction se trouve brusquement retournée, par suite d'un dérapage ou de tout autre accident. On dit aussi, substantivement, Un tête- à-queue.

Mettre la tête de quelqu'un à prix, Promettre une somme à qui le tuera.

Porter sa tête sur l'échafaud, Avoir la tête tranchée sur l'échafaud.

Il lui en coûta la tête, il paya de sa tête, Il subit la mort. On dit dans le même sens : Hasarder sa tête pour le service de quelqu'un. Il y va de votre tête. Vous en répondrez sur votre tête.

Fam. et par exagération, Je donnerais ma tête à couper que cela est, Je parie tout ce qu'on voudra que cela est; je me soumets à perdre tout ce qu'on voudra, si cela n'est pas.

Air de tête. Voyez AIR.

Prov., Autant de têtes, autant d'opinions, Autant de personnes, autant de manières de voir différentes.

TÊTE se dit aussi, particulièrement, du Crâne. Il s'est cassé la tête, il s'est fait un trou à la tête. Recevoir un coup à la tête. En tombant, il a failli se fendre la tête.

Il se dit encore, familièrement, de la Figure, du visage, de la physionomie. Une belle tête. Une tête sympathique. Une tête intelligente, stupide.

Il a une bonne tête se dit d'un Homme dont la figure a un certain aspect comique. Il se dit aussi d'un Homme dont le visage inspire la confiance et la sympathie.

Fam., Tête à gifle, tête à claques, Tête déplaisante, qu'on aurait envie de gifler.

TÊTE se dit figurément de l'Esprit, de l'imagination, de la mémoire, de l'intelligence, du jugement. Se remplir la tête de sottises. Se mettre des chimères en tête, dans la tête. Il n'a que cela en tête. Il s'est mis en tête de partir. On ne peut lui ôter de la tête qu'il mourra bientôt. Rouler de grands projets dans sa tête. Avoir la tête dure, la tête mal faite, la tête légère. Dans l'état où il est, il n'est pas capable d'application; il a la tête encore trop faible, il n'a pas la tête assez forte. Cet homme lit beaucoup, mais il n'en reste rien dans sa tête. Il a eu bien de la peine à se mettre dans la tête les éléments de cette science.

Mettez-vous bien dans la tête que..., Soyez bien convaincu, bien persuadé que...

Un homme de tête, Un homme qui réunit la capacité à la fermeté. On dit aussi Une femme de tête.

Une bonne tête, une excellente tête, une forte tête, Un homme d'un esprit droit, de beaucoup de jugement, de beaucoup de capacité. C'est une des meilleures têtes du conseil. C'est une des plus fortes têtes du tribunal.

Fig. et fam., C'est une tête carrée, C'est un homme résolu, entêté, obstiné.

Fig. et fam., Tête de mulet, Personne entêtée.

C'est une tête sage, une tête rassise, posée se dit d'un Homme d'un jugement droit, d'une imagination réglée. C'est une tête faible se dit, au contraire, d'un Homme timoré ou qui se laisse entraîner par l'imagination, qui cède trop facilement à tout ce qu'on lui suggère. C'est une tête folle se dit d'un Extravagant, d'un jeune homme étourdi. C'est une tête légère se dit d'un Homme qui a peu de suite et de tenue dans ses idées, dans sa conduite. C'est une tête à l'évent se dit pour désigner en général le Manque de jugement, de conduite, la frivolité d'esprit, la légèreté de caractère. On dit dans le même sens : Tête sans cervelle, tête de linotte.

C'est une mauvaise tête, une forte tête se dit d'un Sujet indiscipliné et qui ne conforme pas volontiers ses opinions et sa conduite aux idées reçues.

Prov. et fam., Mauvaise tête et bon coeur, Les gens étourdis et inconsidérés ont souvent de bonnes intentions, un bon coeur.

Cet homme a la tête chaude, Il prend feu, il s'emporte aisément. Cet homme a la tête froide, Il conserve son sang-froid.

Examiner une question, une affaire à tête reposée, L'examiner à loisir, quand l'esprit n'est pas fatigué.

Avoir de la tête, Avoir du jugement et du calme. On dit dans le sens contraire : N'avoir pas de tête. Avoir de la tête signifie aussi Être autoritaire, opiniâtre. C'est une femme excellente, mais elle a de la tête.

Fam., N'avoir pas de tête, Ne penser à rien, oublier ce qu'il faut faire.

Prov. et fam., Quand on n'a pas de tête il faut avoir des jambes se dit des Gens étourdis, distraits, qui sont obligés de se déplacer, de faire du chemin pour réparer leurs oublis.

Conserver sa tête, Garder le sang-froid nécessaire pour prendre un parti. On dit dans le sens contraire : Perdre la tête, n'avoir plus sa tête, n'avoir plus sa tête à soi.

C'est une tête perdue se dit d'une Personne qui montre de l'égarement dans sa conduite, dans ses discours. On dit à peu près dans le même sens : Sa tête n'y est plus, la tête est partie.

Il a encore toute sa tête se dit d'un Malade ou d'un vieillard qui a conservé toute sa lucidité d'esprit, dont le jugement n'est point affaibli. On dit dans le sens contraire : Il n'a plus sa tête.

Faire un coup de tête, Faire étourdiment et sans réflexion une chose hardie. N'en faire qu'à sa tête, ne vouloir rien faire qu'à sa tête, Se déterminer de soi-même, sans avoir pris conseil de personne.

TÊTE se dit encore pour Individu, personne. On paie tant par tête. Cet hôtelier prend tant par tête. Une rente sur plusieurs têtes. Dans le langage soutenu, Une tête si chère.

Tête couronnée, Souverain. Avoir le respect des têtes couronnées.

Cette rente, cette pension passera sur la tête d'un tel, Il aura cette rente, cette pension après le décès de la personne qui en jouit maintenant.

TÊTE se dit des Animaux, dans un sens analogue. Il a un troupeau composé de tant de têtes d'une espèce et de tant de telle autre. Posséder cent têtes de bétail.

Il se dit aussi de la Représentation, de l'imitation d'une tête humaine par un peintre, par un sculpteur, etc. Une tête antique. Cela a l'air d'une tête du Carrache. C'est une tête du Titien.

En parlant des Monnaies et des médailles, La tête, Le côté où est l'effigie.

Tête à perruque, Figure de tête d'homme faite en bois, sur laquelle on place une perruque pour la friser. Il se dit, figurément et familièrement, d'un Vieillard qui a peu d'esprit et qui tient opiniâtrement à de vieux préjugés.

Se faire une tête, Se grimer de manière à avoir une certaine physionomie.

Tête de Turc, Sorte de dynamomètre, servant de jeu dans les foires, où la partie sur laquelle on frappe a la forme d'une tête coiffée d'un turban.

Fig., Servir de tête de Turc, Être en butte aux attaques, aux railleries de quelqu'un qui s'acharne contre vous.

TÊTE se dit, en termes de Chasse, du Bois des cerfs. Le cerf a mis bas sa tête. Une belle tête de cerf.

Tête portant trochures, Bois qui porte trois ou quatre andouillers à la sommité. Tête en fourche, Bois dont les andouillers du sommet font la fourche. Tête paumée, Bois dont le sommet s'ouvre et représente les doigts et la paume de la main. Tête couronnée, Bois dont les andouillers du sommet forment une sorte de couronne.

TÊTE se dit, par analogie, du Sommet de certaines choses, et particulièrement des arbres. Des arbres coupés par la tête. Une montagne, un chêne, un sapin qui porte sa tête jusque dans les nues.

Il se dit aussi en parlant de Certaines plantes, de certains légumes; et à l'égard des uns, il désigne l'Extrémité d'en haut : Des têtes de pavot, des têtes d'artichaut, une tête de chou; à l'égard des autres, l'Extrémité inférieure : La tête d'un oignon, la tête d'un poireau.

Il se dit encore de l'Extrémité, de diverses choses. La tête d'un clou, d'une vis. L'extrémité ronde ou aplatie qui est opposée à la pointe.

Clou, vis à tête perdue, Clou, vis dont la tête n'excède point la surface de ce qu'ils attachent ou retiennent. La tête d'une épingle, Le petit bouton arrondi opposé à la pointe, qui sert à retenir l'épingle dans l'étoffe et l'empêcher de passer d'outre en outre comme ferait une aiguille.

La tête d'une aiguille, Le bout qui est percé pour y passer le fil.

La tête d'un compas, La partie ronde où les deux branches du compas sont assemblées par une charnière.

La tête d'un marteau, d'une cognée, La partie dans laquelle entre le manche.

En termes de Marine, La tête d'un mât, Son extrémité supérieure.

En termes de Mécanique, Tête de bielle, Extrémité de la bielle articulée sur la manivelle ou sur le vilebrequin.

En termes d'Anatomie, Tête du fémur, de l'humérus, etc., Extrémité de ces os qui est ronde et soutenue par une partie plus rétrécie nommée Col.

En termes de Musique, Tête d'un instrument à cordes, Partie supérieure où sont fixées les chevilles. La tête d'un violon.

En termes d'Astronomie, Tête d'une comète, Nébulosité plus ou moins lumineuse, et généralement de figure ovoïde, qui semble former le corps de cet astre, par opposition à la Traînée lumineuse qui l'accompagne ordinairement du côté opposé au soleil, et que l'on appelle Queue.

En termes d'Architecture, Tête de nef, Partie antérieure d'une nef. Tête de voussoir, Face antérieure d'un voussoir. Tête de mur, Épaisseur d'un mur à son extrémité.

TÊTE se dit aussi de Ce qui commence quelque chose, de l'endroit où cette chose commence. La tête d'un canal, d'un bois.

Tête de ligne, Point de départ d'une ligne de chemin de fer, de tramway, d'autobus, etc.

En termes de Guerre, La tête de la tranchée, L'endroit de la tranchée qui est le plus avancé du côté de l'ennemi. Il fut tué à la tête de la tranchée.

La tête du camp, La partie du camp qui regarde le terrain où les troupes doivent être mises en bataille. On fortifia la tête du camp. On assembla les gardes à la tête du camp.

Tête de pont, Ouvrage placé en avant d'un pont pour en défendre l'accès aux ennemis. Ces troupes gardent la tête de pont. On dit de même : La tête d'un défilé.

TÊTE se dit aussi du Commencement d'un livre, d'une liste, d'une lettre, etc. L'article de tête d'un journal, d'une revue. Il a mis une belle préface en tête de son livre. Votre nom est en tête de la liste. Faire imprimer des têtes de lettres circulaires, de factures, etc. On dit plutôt, en ce dernier sens, Des en-tête.

En termes d'Imprimerie, Ligne de tête, Celle qui est ordinairement occupée par le titre courant et par le numéro ou folio de la page.

TÊTE se dit également de la Partie d'une armée, d'une colonne de troupes, d'un cortège, etc., qui marche la première, qui ouvre la marche. La tête d'une armée, d'une colonne. La tête d'un défilé, d'un convoi. Ils furent placés en tête du cortège. Marcher en tête. Prendre la tête. Tenir la tête.

La tête d'une station de voitures, L'endroit où se place la première voiture de la file.

TÊTE entre encore dans la composition de certaines expressions particulières :

Tête de loup, Sorte de balai arrondi qui sert à nettoyer les plafonds, les angles des pièces.

En termes de Botanique, Tête de nègre, Sorte de cèpe.

Il se dit aussi, dans le langage courant, d'une Sorte de couleur brune tirant sur le noir. Un manteau tête de nègre.

À LA TÊTE DE, loc. prép. À la première place, au premier rang; il emporte presque toujours l'idée de supériorité, d'autorité, de commandement. Être à la tête de la noblesse. Le roi le mit à la tête de son conseil. Marcher à la tête de l'armée. Se mettre à la tête des troupes. Charger à la tête des dragons. Se mettre à la tête des séditieux, à la tête des mutins. Ils ont à leur tête un homme entreprenant. Cet élève est à la tête de sa classe.

Être à la tête des affaires, Avoir la principale direction des affaires. On dit de même : Être à la tête d'une maison, d'une administration, d'une entreprise, etc.

Fam., Être à la tête d'une belle fortune, Posséder une belle fortune.

DE TÊTE, loc. adv. En faisant l'opération dans son esprit, sans écrire. Calculer de tête. Il composa toute sa tragédie de tête et n'eut plus qu'à l'écrire.

TÊTE À TÊTE, loc. adv. Seul à seul. Parler tête à tête. Dîner tête à tête. Ils furent longtemps tête à tête.

TÊTE-À-TÊTE s'emploie aussi comme nom masculin et se dit alors d'une Conversation, d'une entrevue de seul à seul. Ils ont eu un long tête-à-tête. Ils ont de fréquents tête-à-tête. Dans le tête-à-tête.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

tête


TêTE, s. f. [1re ê ouv. et long. 2e e muet.] 1°. La partie de l'animal, qui tient au reste du corps par le cou, et qui est le siège des organes des sens, des yeux, des oreilles, etc. "Le devant, le derrière, le sommèt, le haut de la tête. "Lever, baisser, tourner, branler la tête. "Cheval qui porte bien sa tête, etc. = Tête, chef, (synon.) Le 2d de ces mots n'est d'usage, dans le sens litéral, que lorsqu'on parle des reliques des Saints; le chef de St. Jean, de St. Denis, etc. mais ils sont tous les deux forts usités dans le sens figuré; avec cette diférence, que le mot de tête convient mieux lorsqu'il est question de place ou d'arrangement, et que le mot de chef s'emploie très-proprement, lorsqu'il s'agit d'ordre ou de subordination. On dit, la tête d'un bataillon, et le chef d'une entreprise; être à la tête d'une armée et comander en chef: "Il sied bien au chef de marcher à la tête des troupes. GIR. Synon. "Être à la tête des afaires; en avoir la principale direction. = On dit de la persone la plus puissante ou la plus illustre d'un Royaume, que c'est la première tête de l'État. Le P. Grifet l'a dit de St. Pierre, par raport à l'Église. L'emploi de cette expression n'est pas de bon goût dans cette ocasion. = Tête entre dans plusieurs expressions, qui ne pâssent pas le style médiocre. Jeter une marchandise à la tête à, etc. l'ofrir à vil prix. — Se jeter à la tête des gens, être trop facile à ofrir ses services; ne pas se faire rechercher. "Je voyois un établissement certain, qu'on me jetoit à la tête. MARIV. "Et voulez-vous que ces grands hommes se jettent à la tête, ou pour mieux dire aux pieds, des dispensateurs des grâces. Marm. = Sur sa tête, au péril de sa vie: "Vous en répondrez sur votre tête. Télém. = Tête à tête, adv. et s. m. "Le Calife arrive, et n'est point étoné de trouver son Visir en tête à tête avec Semire. Ann. Lit. — Substantif, il est indéclinable. "Ses fréquens têtes à têtes. Merc. Il falait, quoiqu'au pluriel, ses tête à tête. — On dit, en plaisantant, tête pour tête. "Mde. de B... que je trouvai l'autre jour tête pour tête, et qui ne se corrige point de dire des sotises. Sév. * La Bruyère le dit sérieusement. "Il lui est arrivé (au Distrait) de se trouver tête pour tête à la rencontre d'un Prince, se reconaitre à peine, et n'avoir que le loisir de se coller contre un mur pour lui faire place. Mais, dans cette phrâse, il a un aûtre sens, et signifie, nez à nez. = Tête baissée, aveuglément et sans réflexion. "Il a done tête baissée dans~ cette afaire, sans en remarquer les conséquences. — Cette expression se prend en bone et en mauvaise part. = En tête, adv. Sans régime. On dit, être à la tête d'une armée, et non pas en tête d'une armée, comme dit Molière; mais on dit, avoir une armée en tête. — Quelques-Écrivains font régir à l'adv. en tête la prép. de. "En tête de sa collection, dit M. Moreau: "En tête du dialogue dont il s'agit, etc. Linguet. L'Acad. dit à la tête, et il me semble que c'est l'usage. — Mettre un homme en tête à quelqu'un; lui oposer quelqu'un capable de lui résister. — Avoir ou se mettre en tête ou dans la tête, c. à. d. dans l'esprit: "J'ai en tête que cela réussira. "J'avais bien aûtre chôse dans la tête. "Il se mit en tête de tirer d'eux quelque avantage temporel. * Mde de Sévigné dit, se mettre à la tête. "Mde de Montespan se mit à la tête de faire une loterie. La Fontaine dit, se mettre en tête.
   Le Roi des animaux se mit un jour en tête
   De giboyer.
La dernière manière me parait la seule bone. Se mettre dans la tête est aûtre chôse: c'est s'imaginer
   ...Il s'est mis dans la tête
   Que, depuis qu'il me sert, Minerve lui sourit,
   Et se croit obligé de prétendre à l'esprit.
       Palissot.
= En faire à sa tête, ne point suivre de conseil
  Qu'on dise quelque chose, ou qu'on ne dise rien,
  J'en veux faite à ma tête: il le fit et fit bien.
       La Font.
"Vous avez beau dire: je n'en ferai qu'à ma tête. DESTOUCHES. = En avoir par dessus la tête: en avoir trop. "J'ai déjà de Marseille et de votre absence jusque là; et en même tems je porte ma main un peu au dessus des yeux. Sév. = Par dessus la tête signifie aussi, au dessus de notre portée, de notre capacité. "Ce livre, encôre qu'il nous pâsse cent piques par dessus la tête, ne laisse pas de nous amuser. Sév. = Ne savoir plus où doner de la tête; être fort embarrassé pour vivre où pour réussir dans une afaire. Mde de Sévigné dit plaisamment à sa fille: "Plut à Dieu que vous fussiez si pressée de mes bienfaits que vous fussiez contrainte de vous jeter dans l'ingratitude! Nous avons souvent dit que c'est la vraie porte pour en sortir honêtement, quand on ne sait plus où doner de la tête. = Faire tête, tenir tête, résister, s'oposer. "Il eut l'assurance de lui faire tête. "Turenne sauva l'armée batue (à Valenciènne) et fit tête par-tout à l'ennemi. Volt.
   Fais tête au malheur, qui t' oprime.
       Rouss.
  Ma foi, pour un Auteur c'est avoir du courage
  Que de venir ainsi faire tête à l' orage.
      La Chaussée.
C. à. d. d'assister à la première représentation de sa pièce. "Elle a tenu tête à son mari, à son frère. Wailly. Dans le propre, on dit, tenir la tête à quelqu'un (avec l'article.) Id. = Avoir de la tête, en parlant d'un homme, signifie pour l'ordinaire, avoir du jugement, de la conduite. "Ce général a de la tête: "Mr de... n'a point de tête. — Il signifie aussi, être opiniâtre: "Cet enfant a de la tête: c'est une assez bone femme, mais elle a de la tête. = Être homme, ou femme de tête; avoir du sens et de la conduite. = Faire un coup de tête, se laisser emporter à la vivacité et faire une démarche peu réfléchie et imprudente. = On dit d'un vieillard qu'il a encôre toute sa tête, pour dire que, son esprit n'est point afaibli; et d'un homme troublé, qu' il n'a pas sa tête, qu'il a perdu la tête. "Je ne suis pas dans mon état ordinaire: je n'ai pas ma tête. = Avoir la tête chaude ou froide, s'emporter aisément, ou, conserver son sang froid. = Le Proverbe dit: Autant de têtes, autant d'opinions. = Parler de tête, c'est parler en public, sans avoir écrit ce qu'on doit dire. "Revenons à votre Discours; est-il bien éloquent? — Je n'ai point fait de Discours: — Ah! vous parlerez de tête? — Précisement. Th. d'Éduc. Parmi les Prédicateurs, on dit, précher, parler d'abondance. = On dit, au propre, la tête me fend: j'ai un três-grand mal de tête. — La tête me tourne, il me semble que les objets tournent avec moi. Au fig. "La tête lui tourne; il se trouble et s'aveugle dans la bone fortune. — On dit aussi, dans le mode actif, tourner la tête à quelqu'un, le rendre fou.
   Mais Assan n'est qu'un fat...
   - - - Il a tout ce qu'il faut pour lui tourner la tête.
       LA CHAUSSÉE.
"Tout le monde croit que Mlle Amélie vous tourne la tête. Th. d'Éduc. "Bien des gens sont persuadés qu'on n'a point la tête tournée pour une femme sans de grandes espérances. Ibid. Il me semble qu'il ne fait pas si bien au participe. = Tourner tête (sans article) revenir aprês s'être enfui. "Les Troyens honteux se rallient et tournent tête. Mde Dacier; Iliade. "Les Lores tournèrent tête et l'envelopèrent. Let. Édif. = Perdre la tête. J'ai cru long-tems qu'il ne se disait qu'au figuré pour signifier, être troublé et ne savoir ce qu'on fait: mais j'ai vu que plusieurs Historiens l'emploient dans le propre pour, avoir la tête tranchée. "Dom De La Cerda fut pris et perdit la tête, avec laquelle tomba sa maison. Révol. d'Esp. "Le Parlement de Paris condamne le Maréchal Duc de Biron à perdre la tête. D'Avr. "Le Prince de Condé (en 1560) est arrêté et condamné à perdre la tête, ce qui ne fut pas exécuté. Hénaut. — L'Acad. dit: on le condamna à avoir la tête tranchée; à perdre la tête sur un échafaud: elle ne dit point, perdre la tête, tout seul. = On dit aussi, en ce sens, payer de sa tête: "Ils payoient de leur tête quand ils étoient coupables. Ducerc. — * Le P. Barre dit, au figuré, perdre tête, pour, perdre la tête. "Il perdit tête, dès qu'il vit les énemis prêts à monter à l'assaut. Hist. d'Allem. "Il perdit tête et se retira du champ de batâille. Ibid. On dit, perdit la tête. = Lever la tête, se montrer hardiment et sans respect humain. "Ceux, qui ne sont par assez sages pour condamner un si grand désordre, ne le sont pas assez pour lever la tête les premiers et pour doner des exemples contraires. Télém. = On dit aussi et plus souvent marcher, aler, la tête levée. "Il peut aler par-tout la tête levée. Rich. Port. On ne peut lui faire aucun reproche. = Crier à pleine tête, à tûe tête, rompre la tête: "Ils parloient tous ensemble et crioient à pleine tête. Hist. du Japon. L'expression est bâsse et peu digne, à mon avis du ton de l'Histoire.
   Qu'à chacun Jupiter acorde sa requête!
   Nous lui romprons encor la tête.
       La Font.
— L'Acad. dit aussi en ce sens, crier du haut de sa tête. Celui-ci n'est pas fort en usage, ce me semble. = Se rompre ou se casser la tête à faire quelque chôse, s'y apliquer avec une grande contention. = * Cela ma pâssé de tête, c. à. d. je l'ai oublié; barbarisme d'expression, fort comun en Provence.
   2°. Tête se dit du sommèt des arbres. "Chêne, qui porte sa tête dans les nûes. "Couper un arbre par la tête. = 3°. Il se dit de certaines plantes et de certaines légumes: pour l'extrémité d'en haut: des têtes de pavot, d'artichaut, de chou; ou pour l'extrémité d'en bâs: la tête d'un ognon, d'un poireau. = 4°. La tête d' une épingle, le petit bouton arrondi, ajusté à l'extrémité, oposée à la pointe. La tête d'une aiguille; le bout, qui est percé pour l'enfiler, La tête d' un compâs, le sommet de l'angle, que forment les deux jambes en s'écartant. La tête d'un marteau ou d'une coignée; la partie, dans laquelle entre le manche, etc.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

tête

nom féminin tête
1.  Visage expressif.
2.  Facultés intellectuelles.
3.  Personne qui dirige.
4.  Partie supérieure d'une chose.
5.  Partie antérieure.
6.  Boîte crânienne.
crâne -familier: caillou -populaire: cafetière, calebasse, carafe, carafon, cassis, citron, citrouille -vieux: cabèche.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

tête

Kopf, Haupt, Lusche, Ommehead, pate, lead, blockhoofd, kop, bovenkant, gezicht, kopbal [voetbal], leider, top, kopbal, kruin, kropגולגולת (נ), קודקוד (ז), קרקפת (נ), ראש (ז), קָדְקוֹד, קַרְקֶפֶתkopcaphlavahovedκεφάλιkapocabeza, capochapääfejtesta, ogiva, capo, capocchia, faccia, muso, spallierahodegłowacabeçacapголоваhuvudkichwabaşголоваرَأْسglava머리ศีรษะcái đầu (tɛt)
nom féminin
1. partie du corps qui contient le cerveau baisser la tête avoir mal à la tête
2. visage, expression faire une drôle de tête
montrer qu'on est mécontent
3. esprit, raison perdre la tête
4. décider de se mettre en tête de devenir acteur
5. sans écrire calculer de tête
6. première place d'un classement, d'une course être en tête
7. place du dirigeant être à la tête d'une entreprise
8. personne, individu coûter vingt euros par tête
9. partie avant monter en tête de train être en tête du cortège
10. endroit du lit où l'on pose la tête
11. partie supérieure de qqch la tête d'un clou
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tête

[tɛt] nf
[personne, animal] → head
de la tête aux pieds → from head to toe
la tête en bas → with one's head down
la tête la première [tomber] → head first
se laver la tête → to wash one's hair
gagner d'une (courte) tête → to win by a (short) head
(= visage, expression) → face
faire la tête → to sulk
(FOOTBALL)header
faire une tête → to head the ball, to do a header
(= position) wagon de tête → front carriage
en tête (SPORT)in the lead; (d'un cortège) → at the front, at the head
en tête de (SPORT)leading; [+ cortège] → leading
en tête de la course → in the lead
en tête des meilleures ventes → at the top of the best-seller list
à la tête de [+ organisation] → at the head of, in charge of
prendre la tête de [+ peloton, course] → to take the lead in; [+ organisation, société] → to become the head of
(autres locutions) calculer qch de tête → to work sth out in one's head, to do a mental calculation of sth
avoir la tête dure → to be thickheaded
perdre la tête (= s'affoler) → to lose one's head (= devenir fou) → to go off one's head
ça ne va pas, la tête? → are you crazy?
se mettre en tête que → to get it into one's head that
se mettre en tête de faire → to take it into one's head to do
une forte tête → a rebel
la tête basse → hanging one's head
par tête → per head
tenir tête à qn → to stand up to sb, to defy sb
en avoir par-dessus la tête → to be fed up
tête-à-queue [tɛtakø] nm inv
faire un tête-à-queue → to spin round
tête-à-tête [tɛtatɛt] nm inv
(= entretien, rendez-vous) → tête-à-tête
en tête-à-tête → in private, alone together
(= service) → breakfast set for two
tête-bêche [tɛtbɛʃ] advhead to tail
tête brûlée nfdesperado
tête chercheuse [ʃɛʀʃøz] nfhoming device
tête d'affiche nf (CINÉMA, THÉÂTRE)top of the bill
tête de bétail nfhead inv of cattle
tête de lecture nf → (playback) head
tête de ligne nf (TRANSPORTS)start of the line
tête de liste nf (POLITIQUE)chief candidate
tête de mort nfskull and crossbones
tête d'enregistrement nfrecording head
tête de pont nf (MILITAIRE)bridgehead, beachhead
tête de série nf (TENNIS)seeded player, seed
tête de Turc nf (fig)whipping boy
tête de veau nf (CUISINE)calf's head
tête d'impression nfprinthead
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005