air

1. air

n.m. [ lat. aer, du gr. aêr ]
1. Mélange gazeux qui constitue l'atmosphère : L'air est composé principalement d'azote et d'oxygène.
2. Ce mélange gazeux, en tant que milieu de vie : Le bon air. Respirer l'air pur des montagnes. Ouvrez la fenêtre, on manque d'air ici.
3. Espace qu'occupe l'air : Fusée qui s'élève dans l'air, dans les airs atmosphère
4. Vent léger ; souffle : Le soir, il y a un peu d'air. Ouvre la fenêtre pour faire un courant d'air.
Air comprimé,
air dont on réduit le volume par compression en vue d'utiliser l'énergie qu'il produit en se détendant.
Air liquide,
air liquéfié par détentes et compressions successives, et utilisé dans l'industrie.
En l'air,
en haut, au-dessus de la tête ; sans fondement : Regarder en l'air par terre
En plein air,
à l'extérieur ; dans la nature : Passer toutes ses vacances en plein air.
Être dans l'air,
faire l'objet de nombreuses conversations ; être imminent : Ces idées sont dans l'air. Sa démission est dans l'air.
L'air,
l'aviation, l'aéronautique, les transports aériens : Hôtesse de l'air. Armée de l'air. Baptême de l'air.
L'air du temps,
ce qui est d'actualité, occupe les esprits et fonde les grandes tendances de l'opinion : L'air du temps est à l'optimisme.
Le grand air,
la nature ; les grands espaces : Le grand air lui fera du bien.
Ne pas manquer d'air,
Fam. faire preuve d'une certaine impudence.
Prendre l'air,
se promener, sortir de chez soi ; s'envoler, en parlant d'un avion.

2. air

n.m. [ de 1. air ]
Manière d'être, apparence d'une personne : Elle a un air gentil, satisfait.
Avoir l'air,
présenter tel aspect ; faire tel effet : Ces pêches ont l'air bonnes. Cette enseignante a l'air gentille ou a l'air gentil.
Avoir l'air de,
donner l'impression de : Elle a l'air d'aller bien. Votre dernière phrase a l'air d'une menace.
Avoir un air de famille,
présenter une certaine ressemblance souvent due à la parenté.
N'avoir l'air de rien,
donner l'impression fausse d'être insignifiant, facile ou sans valeur.
Sans en avoir l'air,
en prétendant faire autre chose.

airs

n.m.pl.
Prendre des airs ou de grands airs,
affecter la supériorité.

3. air

n.m. [ it. aria ]
1. Mélodie instrumentale : Un air de clarinette.
2. Pièce musicale chantée : Air à boire chanson
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

AIR1

(êr) s. m.
Fluide invisible, transparent, sans odeur ni saveur, pesant, compressible, élastique, qui forme autour de la terre une couche nommée atmosphère, et qui est composé de 0,79 d'azote et de 0,21 d'oxygène. L'air était un des quatre éléments de l'ancienne physique. L'air n'est pas un élément, c'est un corps composé. Les nuages sont portés dans l'air. L'air est l'aliment de la respiration. Un air pur, un air vif, un air tempéré. Ces émanations ont infecté l'air. Un air lourd et épais.
Si l'air était plus épais, il n'aurait pas cette douceur qui fait une nourriture continuelle du dedans de l'homme [FÉN., Exist. 14]
Ces gardes, cette cour, l'air qui nous environne, Tout dépend de Pyrrhus et surtout d'Hermione [RAC., Andr. III, 1]
Je sais trop que je dois au bien de votre empire Et le sang qui m'anime et l'air que je respire [CORN., Cid. IV, 3]
Les habitants de l'air, les oiseaux.
Au pluriel, les airs, l'espace au-dessus de nos têtes. Le ballon s'enleva dans les airs.
Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ? [RAC., Iph. I, 1]
Hélas ! ma prière inutile Se perdra-t-elle dans les airs ? [J. B. ROUSS., Cantate, 5]
Ses foudres impuissants se perdaient dans les airs [VOLT., Henr. v.]
Dans un sons général, air signifie gaz. L'oxygène, l'azote et l'hydrogène sont des airs différents. L'ancienne chimie donnait le nom d'airs à tous les fluides aériformes qu'on appelle gaz aujourd'hui ; de là le nom d'air atmosphérique attribué souvent à l'air proprement dit. Dans l'ancienne chimie, l'air fixe est le gaz acide carbonique ; l'air inflammable est l'hydrogène.
Air libre, l'espace ouvert. On dit dans le même sens le plein air. Arbres de plein air, arbres en plein air. Air confiné, désigne, par opposition à air libre, l'air des enceintes dans lesquelles séjournent des êtres vivants, et qui se trouve par conséquent plus ou moins vicié.
En termes de théologie, le prince de l'air, Satan ; les puissances de l'air, les démons.
Mettre, exposer à l'air, soumettre une chose à l'influence, à l'action de l'air.
Prendre l'air, respirer le frais, se promener.
Je marche et je prends l'air avec plaisir [SÉV., 261]
Se faire porter dans son carrosse pour prendre l'air [ID., 40]
Il faudrait prendre l'air quand il est bon [ID., 517]
Prendre l'air à sa fenêtre [MOL., L'Av. II, 6]
Fig. Prendre l'air, prendre la fuite.
Il n'est rien tel que de mettre son crime ou son innocence au grand air [s'enfuir quand on est accusé] [SÉV., 402]
Fendre l'air, en parlant d'un oiseau, voler ; et fig. traverser l'espace avec rapidité. Les oiseaux fendent l'air. La flèche fend l'air et vient frapper le but.
L'exécution fut prompte : le jeune homme fendit les airs [MONTESQ., Lett. pers. 141]
Donner de l'air à une chambre, en ouvrir les fenêtres et en renouveler l'air. Fig. Donner de l'air à un tableau, en détacher les différents plans, de sorte que l'air semble circuler entre eux.
10° Air natal, le pays où l'on est né.
C'est l'air natal qui séchera tes larmes [BÉRANG., Nostalg.]
11° Vent. Il fait beaucoup d'air. Il ne fait pas un souffle d'air. Courant d'air, air en mouvement qui pénètre par les ouvertures d'un appartement. La porte et la fenêtre ouvertes feront un courant d'air. Ne vous mettez pas dans le courant d'air ; vous en seriez incommodé. Coup d'air, fluxion ou douleur qui survient à la face, au cou, aux mâchoires, et qui est souvent causée par l'impression d'un air froid.
12° Prendre l'air du feu, un air de feu, se chauffer un moment, en passant.
13° Cela est dans l'air, se dit de certaines conditions physiques ou morales qu'on croit provenir de la nature d'un pays, d'une société, etc.
14° Porter le mauvais air en quelque endroit, y porter la contagion ; prendre le mauvais air, gagner la contagion. Fig. L'air du monde est contagieux, la fréquentation du monde n'est pas salutaire au moral.
L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise [LA BRUY., 8]
On suit le train du monde, on est de toutes ses compagnies, on en prend toutes les manières ; et est-il surprenant alors que dans un air si corrompu on s'empoisonne et qu'au milieu de tant de scandales on fasse des chutes grièves et mortelles ? [BOURD., Pensées, t. I, p. 85]
15° Fig. et familièrement. L'air du bureau, ce qui paraît en bien ou en mal des dispositions de ceux qui ont la décision d'une affaire.
16° Diverses locutions familières, proverbiales et figurées. Être libre comme l'air, n'avoir aucune sujétion. Ne faire que battre l'air, se donner inutilement beaucoup de peine. Vivre de l'air du temps, être dans la plus profonde misère, n'avoir rien pour subsister. En l'air, loc. adv. Au milieu de l'air, dans les airs. Tirer en l'air, un coup en l'air, tirer sans viser de but ; et fig. Faire une démarche sans résultat. Paroles, projets en l'air, paroles, projets sans fondement, sans réalité.
Ce ne sont pas là, mes pères, des contes en l'air comme les vôtres [PASC., Prov. 16]
Ils dépendent d'un discours en l'air, de mille occasions imprévues [ID., Conv. I]
Vous l'accusez seulement en l'air de quatre faussetés [ID., Réfut. de la rép. à la 12e Lett.]
Et si d'une offre en l'air votre âme encor frappée Veut bien s'embarrasser du rebut de Pompée.... [CORN., Sertor. IV, 2]
Ces menaces en l'air vous donnent trop de peine [ID., ib. V, 4]
Un discours en l'air qu'il forge [ID., Le Ment. V, 2]
Et d'une cause en l'air il le faut bien leurrer [RAC., Plaid. III, 2]
Moïse ne parle point en l'air, il particularise et circonstancie toutes choses [BOSSUET, Hist. univ. II, 3]
Ce discours en leur bouche n'est qu'un discours en l'air [ID., ib. II, 13]
La sincérité ne permet pas de donner des paroles en l'air [ID., Lett. 52]
Que de suppositions bâties en l'air ! [ID., Déf. com.]
Il ne s'agit pas d'un soupçon en l'air [ID., Rem.]
Quoiqu'il ait trouvé plus aisé de parler en l'air du droit des peuples [ID., Avert. 5]
Ce n'est point un fait qu'on avance en l'air [ID., Hist. II, 12]
Ce n'est pas ici une prédiction en l'air [MASS., Car. Communion.]
Il est venu arrêter les pensées vagues de l'esprit humain et fixer ses raisonnements en l'air [BALZ., Socrate, Disc. 1]
Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux [BOILEAU, Sat. IX]
Il est qui fait la moue aux chimères en l'air [RÉGNIER, Sat. X]
Parler ainsi, c'est parler en l'air, et vouloir être cru sur tout ce qu'on s'imagine [FÉN., Exist. 78]
Ne vous amusez pas à vous inquiéter en l'air [SÉV., 215]
Je vous dis cela extrêmement en l'air [ID., 210]
Il me le dit en l'air [ID., 379]
C'est une chose qu'on dit souvent en l'air [ID., 34]
Il dit une parole en l'air à M. de Lavardin [ID., 584]
Sur des soupçons en l'air je m'irais alarmer [MOL., Le Dép. I, 1]
Contes en l'air [ID., Tart. IV, 3]
Les personnages qu'il représente sont des personnages en l'air [ID., Impr. 3]
À considérer cet ouvrage comme un système, j'en trouve le fondement bien incertain, bien en l'air [DIDER., Lett. de Ramsay.]
Je n'ai pas prétendu faire un système en l'air et qui n'eût aucun fondement [FONTEN., Mondes, Préface]
Il fut question de Mlle d'Armagnac et de Mlle de La Trémouille, mais fort en l'air [SAINT-SIMON, 28, 61]
Être, mettre en l'air, en mouvement, dans l'agitation. Cette affaire mit toutes les têtes en l'air.
Puisque vous êtes en l'air [SÉV., 339]
Je suis tellement en l'air que je m'en vais.... [ID., 540]
Enfin j'ai un pied en l'air [je suis prête à partir] [ID., 142]
Il faudra n'être plus ici un pied en l'air, comme vous y êtes toujours [ID., 399]
En parlant des choses, être en l'air, en désordre. Dans son cabinet tout est en l'air. N'être pas solide. Toute sa fortune est en l'air. En termes militaires, on dit qu'une troupe est en l'air, quand elle n'est pas appuyée sur son flanc par un obstacle quelconque. L'aile droite de l'armée était en l'air. En termes de fauconnerie, prendre l'air se dit d'un oiseau qui s'élève fort haut. Nouer [nager] entre deux airs, manière de voler particulière aux oiseaux de proie.

REMARQUE

  • En termes de marine, air de vent, chacune des trente-deux divisions du vent.
    Je suivais le même air de vent pour toute règle [J. J. ROUSS., Ém. V]
    Les marins ont pris l'habitude d'écrire air de vent ; mais ce n'en est pas moins une faute et une confusion d'air avec aire ; l'expression propre est une aire de vent (voy. AIRE), c'est-à-dire la 32e partie de la surface ou cercle qui renferme la direction des trente-deux vents. On trouve aussi air pour vitesse : Ce vaisseau a de l'air, il va vite. C'est encore une faute, et c'est erre qu'il faut mettre (voy. ce mot) : ce vaisseau a de l'erre.

REMARQUE

  • Airs au plur. se prend dans deux sens différents. Air s'emploie pour gaz ; en ce sens l'azote, l'hydrogène sont des airs différents l'un de l'autre. L'examen approfondi des propriétés nous apprend qu'il existe des airs d'espèces très diverses, c'est-à-dire plusieurs airs, BIOT., C'est là le pluriel comme on l'entend ordinairement. Quand au contraire on dit : s'élever dans les airs, entend-on parler de plusieurs airs, en tant qu'ils diffèrent les uns des autres ? Non assurément ; on veut seulement désigner la généralité de l'air ; ce pluriel n'a donc qu'un sens collectif et non pas le sens distributif qu'exige la définition ordinaire du nombre pluriel, [JULLIEN, ]

HISTORIQUE

  • XIIIe s.
    Eles repairent à lor premiere matere et deviennent airs ansi come uns aniaus pert sa forme au fu et devient ors ou argens que il estoit ançois [, Comput, f. 13]
    Et mout estoit li airs de froide atrempeüre [, Berte, XLII]
  • XIVe s.
    Ele vit de l'aer non pas pur et sans mangier [ORESME, Eth. 23]
  • XVe s.
    Car estoit tané de tant avoir esté à Bruges sans changier air [G. CHASTEL., Chr. des D. de Bourg. III, ch. 159]
    Et pour la puantise des bestes que on tuoit en l'ost, l'air en estoit ainsi qu'à demi corrompu.... et vint le roi loger, telle fois fut, à Male, pour esloigner ce mauvais air [FROISSART, II, II, 232]
  • XVIe s.
    [Le vent] barbe et cheveux tous blancs me fait branler, Ne plus ne moins que feuilles d'arbre en l'air [MAROT, I, 395]
    D'un toict de tortue qui eschappa des pattes d'un aigle en l'air [MONT., I, 74]
    L'on ne leur demandoit qu'un titre en l'air, au lieu de quoy on leur offroit realement et de faict les choses dont ilz avoient plus grant besoin [AMYOT, Sertor. 35]
    Si tost que les deux compagnons ouirent parler de cette rumeur, ils prirent l'air sous couleur d'aler à la guerre, et depuis on a su leurs projets [D'AUB., Hist. III, 60]
    Ou je suis fol, encores vaut-il mieux Aimer en l'air une chose incogneue Que n'aimer rien.... [RONS., 215]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourguig. et Berry, ar ; provenç. aer, air, aire ; ital. aria, aere ; espagn. aire ; du latin aer, le même que le grec.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    1. AIR. Ajoutez :
    17° Populairement. Se donner de l'air, prendre la fuite, pour échapper à des poursuites.
    Il aurait mieux valu rester et prouver son innocence ; mais H.... et ses pareils aiment mieux se donner de l'air ; dans leur jargon, c'est une ordonnance de non-lieu [Me LÉON DUVAL, Gaz. des Trib. 15 mars 1873, p. 253, 1re col.]

    HISTORIQUE

    • Ajoutez : XIIe s.
      En près si tost come il enteise [la flèche], Flanbe li fers, l'ers et li venz [BENOIT DE STE-MORE, Roman de Troie, V. 12282]

AIR2

(êr) s. m.
Apparence extérieure.
D'abord on ne l'avait point regardé, à cause de ses habits simples et négligés, de sa contenance modeste, de son silence presque continuel, de son air froid et réservé [FÉN., Tél. VI]
Ne vous y fiez pas, elle a, ma foi, les yeux fripons ; je lui trouve l'air bien coquet [BOILEAU, Héros de romans.]
Les blessures du visage y donnent d'ordinaire certain air violent et guerrier qui ne sied pas mal [HAMILT., Gramm. 7]
Je ne suis point d'avis qu'on vous peigne en amazone ; vous avez l'air trop doux [FONTEN., Lett. XLI]
Elle a l'air bien furibond [VOLT., L'Écoss. I, 5]
Elle avait l'air timide, embarrassé [ID., L'Enf. prod. IV, 7]
Qu'elle est laide à présent, et qu'elle a l'air mauvais ! [REGNARD, Dém. amour. IV, 7]
De grâce, dites-moi, parlant sincèrement, Sous l'habit de Vénus aurais-je l'air charmant ? [ID., ib.]
Mon-Dieu ! qu'elle est jolie et qu'elle a l'air mignon ! [MOL., L'Étour. III, 11]
Je l'ai vu ; son même air, son même habit de lin [RAC., Athal. II, 5]
J'admirais sa douceur, son air noble et modeste [ID., ib.]
Elle a l'air doux et semble assez docile [COL. D'HARLEV, Célib. III, 10]
Un inconnu qui avait un air majestueux [FÉN., Tél. XXIV]
Votre père me regardait avec un air de compassion [ID., ib. X]
Protésilas reprenant son air sévère et hautain [FÉN., Tél. XI]
Un air de famille, une sorte de ressemblance. Avoir un faux air de quelqu'un.
Vous avez un peu de l'air de Mme de Sottenville [SÉV., 153]
Elle a de l'air du coadjuteur [ID., 86]
Manière, façon.
Il est vrai, madame, que ce jeune prince a fait voir une adresse peu commune, et que l'air dont il a paru a été quelque chose de surprenant [MOL., Princesse d'Él. III, 5]
Parlez, Don Juan, et voyons de quel air vous saurez vous justifier [ID., Fest. 1, 3]
Et traitent du même air l'honnête homme et le fat [ID., Mis. I, 1]
Au contraire, j'agis d'un air tout différent [ID., L'Étour. V, 13]
Vous preniez tout l'air d'un méchant garnement [ID., Tart. I, 1]
Les gens de mon air [ID., Mis. III, 1]
Et je me vis à demeurer d'accord Que l'air dont vous viviez vous faisait un peu tort [ID., ib. III, 5]
Et l'école du monde en l'air dont il faut vivre Instruit mieux à mon gré que ne fait aucun livre [ID., Éc. des mar. I, 2]
L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris ; il s'est aussi répandu dans les provinces [ID., Préc. rid. 1]
Et voyez cependant de quel air on m'écrit [CORN., Sertor. I, 2]
Promenades où il n'y ait ni dissipation dans les airs ni indécence dans les habits [FLÉCH., Serm. II, 334]
Ces dévotions superficielles qui retranchent à l'extérieur quelques airs mondains et qui laissent au cœur la liberté de ses désirs [ID., Panég. II, p. 315]
Qu'est-ce que ces airs de franchise, de simplicité, de cordialité, que nous affectons quelquefois en parlant au prochain, et lui disant certaines vérités très désagréables ? [BOURD., Pensées, t. II, p. 299]
Ils disent d'un air envenimé ce qui n'avait été dit qu'avec des intentions innocentes [MASS., Pard.]
Rien ne l'égalait [Louis XIV] ni pour les grâces de sa personne, ni pour la grandeur de son air [HAMILT., Gram. 5]
Ce fut d'un air et d'un regard à lui faire croire que c'était Vénus avec toutes ses grâces qui venait de lui parler [ID., ib. 8]
Elle connut à l'air et aux manières de son mari.... [ID., ib.]
Il n'y avait point à la cour d'homme de meilleur air [ID., Gram. 9]
Il me lâcha par la ville pour perdre l'air de la campagne [ID., ib. 3]
J'avais tellement l'air de la cour et du monde.... [ID., ib. 3]
Elle n'aura point un air de gouvernante [BOSSUET, Lett. abb. 108]
Elles auront assez de l'air d'une dame de province [SÉV., 220]
Il a pris le mauvais air des officiers subalternes [ID., 336]
Le roi l'avait regardée d'un bon air [ID., 523]
Accueil.
Elle nous fit un air honnête [SÉV., 419]
Vous avez vu l'air gracieux que S. M. m'a fait [HAMILT., Gram. 5]
En termes de peinture et de sculpture, un air de tête, des airs de tête, l'attitude d'une tête.
Pour former ce vif coloris, ces attitudes si variées, ces airs de tête si passionnés [FÉN., Exist. 8]
Le bel air, les manières élégantes.
J'ai vu les personnes du bel air [MOL., Pourc. III, 2]
Apprendre le bel air des choses [ID., Préc. 5]
Croyant introduire le bel air en traitant les Anglais d'étrangers [HAMILT., Gramm. 6]
Les beaux esprits et les gens du bel air traiteront d'imbécile un homme qui professe le désintéressement [DIDER., Disc. prélim.]
Ce n'est plus la mode du bel air [SÉV., 42]
Votre frère est dans le bel air [ID., 42]
Un chapeau du bel air [SÉV., 156]
Quand on la voit habillée du bel air [ID., 282]
Ils ont pourtant été d'un assez bel air [ID., 232]
Tout le bel air [le beau monde] était sur le théâtre [ID., 112]
Les dames, les jeunes gens, tout le bel air de la cour était pour M. de Luxembourg [SAINT-SIMON, XVII, 201]
Le grand air, le ton du grand monde.
Quels biens sur vous un prince va répandre ! D'abord viendra l'étiquette aux grands airs [BÉRANG., Belges.]
Grand air, un grand air, une belle et noble apparence.
La duchesse de Bourgogne avait un grand air, une taille noble [VOLT., Louis XIV, 27]
En mauvaise part, les grands airs, des manières hautaines et fastueuses.
Barbezieux, avec tous ses grands airs, sentait plus l'intendant que le général d'armée [SAINT-SIMON, 23, 5]
Bon air, manière élégante, distinguée ; mauvais air, les manières de la mauvaise compagnie.
On voit l'impudence devenue un bon air [MASS., Pan. Ste-Agnès.]
Vous accoutumez les pécheurs à regarder la débauche comme un bon air en l'opposant au ridicule de la vertu [ID., Car. Inj. du monde.]
La profession d'incrédulité est presque devenue un bon air parmi nous [ID., Doutes.]
L'extérieur de la piété est un mauvais air dont on se cache [MASS., Vices.]
Il y en a à Vitré qui ont fort bon air [SÉV., 555]
Il cherchait le bon air [PASC., édit. Cous.]
Cela n'est point du bon air [ID., Préf. génér.]
Il n'affecte point d'avoir son chapeau cloué sur sa tête pour montrer qu'il sait les bons airs [J. J. ROUSS., Hél. VI, 9]
Vous avez tout à fait bon air avec cet habit [MOL., Bourg. III, 4]
M. le comte a tout à fait bon air [ID., Comtesse, 29]
Il est bien fait, oui, ce petit pendard, il a bon air, bonne physionomie [ID., la Princ. III, 5]
Absolument.
Elle n'avait point de taille, encore moins d'air [HAMILT., Gramm. 6]
Il avait le visage fort agréable, la tête assez belle, peu de taille et moins d'air [ID., ib. 8]
Au lieu de mettre de l'accent dans son parler, il y met de l'air [J. J. ROUSS., Ém. I]
Bon air, en parlant des choses.
Rien n'est d'un meilleur air pour la maison que de bâtir pendant le procès [SÉV., 479]
Un château qui a le meilleur air du monde [ID., 354]
Le carrosse qu'on avait fait pour le roi n'avait pas trop bon air [HAMILTON, Gramm. 7]
Sorte de manière affectée qui consiste à faire entendre ce qu'on ne témoigne pas. Faire une chose par air.
Tout cela était un air pour me faire savoir qu'elle a un équipage [SÉV., 69]
Quand je vous ai demandé si vous n'aviez point jeté mes lettres, c'était un air [ID., 98]
Prendre, se donner des airs, de grands airs, affecter un ton, des manières au-dessus de son état.
Bien loin de se donner de ces airs que prennent les gouverneurs en pareille occasion [HAMILT., Gramm. 8]
Vous voyez les airs qu'elle se donne [ID., ib. 8]
S'étant aperçue des airs que Sydney se donnait [ID., ib. 10]
Avec cela, on fait le fier, on se donne des airs [VOLT., L'h. aux 40 écus.]
Se donner l'air de, prendre l'air de, se montrer comme....
Pour parer mon discours et me donner l'air d'habile homme [MOL., Méd. m. lui, III, 1]
Ces airs mystérieux qu'on se donne [FLÉCH., M. de Mont.]
Je ne saurais me donner des airs de singularité [MASS., Visit.]
Mme Guyon continue à se donner un air prophétique [BOSSUET, Relat.]
Pour leur apprendre à prendre un air de guerre [SÉV., 559]
Familièrement. Se mettre sur son air, prendre une certaine manière d'être.
Enflé de ses premières prospérités, il s'était mis sur son air vainqueur pour achever cette dernière conquête [HAMILT., Gramm. 6]
10° En parlant des choses, avoir l'air, avoir un air de, paraître.
Votre dernière lettre a un air de gaieté [SÉV., 491]
Nous voulûmes donner à cette chambre un air d'accouchement [ID., 5]
Cela a toujours l'air d'un miracle [ID., 478]
Quoique ces paroles aient un air de dureté bien sec [BOSSUET, Dév. I]
Et ses effets soudains ont de l'air des miracles [MOL., Éc. des f. III, 4]
11° En termes de manége, allure du cheval. Airs bas, ceux où le cheval manie près de terre ; airs relevés, ceux où le cheval s'enlève davantage.
12° Suite de tons et de notes qui composent un chant. Il se dit aussi du chant et des paroles. Chanter des airs à boire.
J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter [A. CHÉN., 16]
Vivent les grands airs Du conservatoire ! [BÉRANG., Musique.]
Que leur nom retentit dans les airs que l'on chante [RÉGNIER, Sat. III]
N'être pas dans l'air, ne pas chanter exactement un air. Fig. Je connais des paroles sur cet air-là, j'ai déjà entendu les mêmes choses, les mêmes opinions, les mêmes excuses, etc. Fig. Avoir l'air à la danse, annoncer des dispositions à réussir dans ce qu'on fait, être disposé à faire ce dont il s'agit, être vif et dispos.

REMARQUE

  • 1. Elle a l'air fâché ou fâchée. L'adjectif se rapporte également au sujet du verbe ou à son propre substantif. Quelques grammairiens ont voulu régler l'emploi de ces deux accords et fonder sur des nuances fines, mais arbitraires, le choix de l'un ou de l'autre ; mais l'usage a rejeté avec raison ces distinctions, et conserve à celui qui parle ou qui écrit une entière liberté. Il est toujours entendu que, pour que cette liberté existe, l'adjectif doit pouvoir se rapporter aux deux substantifs. S'il était impossible qu'il se rapportât à l'un des deux, il faudrait nécessairement l'accorder avec l'autre. Ainsi on dira : Cette femme a l'air enceinte, et non pas l'air enceint, puisque enceint n'a pas de masculin dans ce sens.
    Ils ont l'air fâchés de ce qu'ils viennent d'apprendre, parce que le complément de ce qu'ils viennent d'apprendre ne peut être une cause de fâcherie que pour les personnes et non pour l'air [JULLIEN, p. 234]
    On peut ajouter que, quand le sujet est un nom de chose, il vaut mieux accorder l'adjectif avec ce nom qu'avec air. Cette poire a l'air mûre ; cette maison a l'air gaie. En effet, on ne peut que difficilement concevoir que l'air de la poire, de la maison, soit mûr ou gai.
    Cette proposition n'a pas l'air sérieuse [VOLT., Remarque sur les Horaces]
    Cependant quelques écrivains ont, même en ces cas, accordé l'adjectif avec air.
    La tuile a l'air plus propre et plus gai que le chaume [J. J. ROUSS., Emile.]
    En voilà une [statue] qui a l'air bien grossier [FÉN., Fable, XXV, 3]
  • 2.
    Grand air, air grand. Ce sont deux choses bien différentes. On dit d'un homme qui vit en grand seigneur : il a le grand air. On dit d'un homme dont la physionomie est noble et la mine haute, qu'il a l'air grand [BOUHOURS, Remarques sur le langage]
  • 3. De même, ne confondez pas mauvais air avec air mauvais, bon air avec air bon, etc. Il a mauvais air, il a des manières de mauvaise compagnie ; il a l'air mauvais, il paraît méchant. Il a bon air, il a des manières de bonne compagnie ; il a l'air bon, il paraît d'un bon caractère.
  • 4. De Caillières (1690) remarque qu'à la cour on dit : Il se donne d'un air d'homme à bonne fortune ; ces sentiments-là vous donnent d'un air de vieillard ; et Bouhours, Nouv. rem. dit : " Prendre l'air, c'est ainsi qu'on parle ; prendre de l'air, comme disent quelques-uns, c'est mal dit. " Ces locutions sont mauvaises, et le de ne peut être accepté. Mais que faut-il penser de ces phrases-ci : Cela a bien de l'air d'une chimère, LE PRÉSIDENT HÉNAULT, ; et :
    Vous ne devez pas trouver étrange que, vous aimant comme je le fais, je sois si facile à m'alarmer sur toutes les choses qui ont de l'air d'une faute [RACINE, Lettre 19 à son fils]
    Féraud fait observer, à l'occasion de ces deux phrases, que ce de est inutile et contre l'usage ; en effet, ce n'est que quand on parle de la ressemblance qui existe entre les traits du visage de deux personnes, que le de s'emploie avant le mot air : Ils ont bien de l'air l'un de l'autre ; ils ont beaucoup d'air l'un de l'autre. Mais ici on doit dire que ce de est partitif, et atténue la force de l'expression dans la phrase de Racine, ainsi : sur toutes les choses qui ont de l'apparence d'une faute. Quant à l'exemple du président Hénault, le de est sans doute amené par l'adverbe de quantité bien qui le précède.

SYNONYME

  • AIR, MINE. Les auteurs de synonymes adjoignent d'ordinaire physionomie ; mais physionomie ne s'appliquant qu'au visage, ne peut pas être synonyme de mine et d'air qui s'appliquent à toute la personne. Mine et air sont très voisins. Ce qui paraît le plus les distinguer, c'est que mine se rapporte plutôt à l'apparence de la personne, et air plutôt aux manières et au maintien. Un homme de bonne mine, c'est un homme dont la personne est d'un bon aspect ; un homme de bon air est un homme dont les manières sont bonnes. Un malade a meilleure mine, quand des signes du retour de la santé se manifestent. Un jeune homme a meilleur air, quand il s'est habitué à la politesse du monde.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Ahi ! cuivert, mauvais hom de pute aire [, Ch. de Rol. 69]
  • XIIe s.
    Mais se vos œil ne mi sont de male aire [, Couci, 2]
  • XIIIe s.
    Kar estes fel et de put aire [MARIE DE FRANCE, t. II, p. 377]
    Nés fu de Mazovie et nourri de vostre aire [DU CANGE, area.]
  • XVIe s.
    C'est une ladrerie spirituelle qui a quelque air de santé [MONT., I, 62]

ÉTYMOLOGIE

  • Provenç. aire ; catal. ayre ; anc. ital. aire (cuore di bon aire). Les dictionnaires confondent air, fluide gazeux, et air, manière, façon. Il est bien difficile de voir comment l'air atmosphérique aurait fini par signifier l'apparence, la manière. Diez a senti la difficulté, et il tire air dans le second sens de l'allemand art, manière, façon. Mais on ne voit pas comment le t aurait disparu. Dans un travail subséquent, il est disposé à réunir air de l'atmosphère et air manière, par le sens de souffle, spiritus, qui, donnant esprit, conduirait à manière, caractère. Le vieux français, à ma connaissance, n'emploie pas aire dans le sens d'air atmosphérique ; et il a air auquel il ne donne pas le sens de manière. Le provençal, qui a aer, air atmosphérique, ne s'en sert pas pour signifier manière, non plus que l'ancien catalan de son aer, et l'italien de son aer ou aere. Le provençal et l'espagnol emploient aire, ayre, dans le double sens de manière et d'air atmosphérique : c'est donc sur aire seul que porte le double sens ; c'est aire seul qui a permis une confusion ; car en effet aire (voy. AIRE) existe, dans l'ancien français du moins, avec le sens de place et nid. Voici dès lors comment je conçois la filiation des sens : place et nid ; demeure, famille ; qualité, manière. Puis air et aire se seraient confondus dans les langues romanes. Air de vent et aire de vent est un exemple d'une confusion analogue. C'est, je crois, la fauconnerie qui, en signalant le faucon de bon aire, a permis le passage d'idée entre aire, nid, et extraction, famille, qualité.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    2. AIR. Ajoutez :
    13° Donner de l'air à, ressembler (locution vieillie). Bayle, note i de l'article Patin (Guy), cite un éloge de cet auteur où on lit : Feu M. Huguetan, avocat de Lyon, qui le connaissait particulièrement, trouvait qu'il donnait de l'air à Cicéron dont on voit la statue à Rome. Bayle ajoute en note : Cette phrase est fort en usage à Genève et dans ces quartiers-là.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

air

AIR. n. m. Fluide élastique, dont la masse totale forme l'atmosphère qui enveloppe la terre. Air atmosphérique. L'air est plus léger que l'eau. La basse, la haute, la moyenne région de l'air. Une colonne d'air. La pesanteur de l'air. La circulation de l'air. L'air se dilate, se raréfie. L'air se condense, se comprime. La masse de l'air. Nous respirons l'air. Dans les airs. Au plus haut des airs.

Il se dit souvent par rapport à la Température et à la qualité de l'air. Air sain, malsain. Bon air. Grand air. Mauvais air. Air vif. Air frais. Air doux. Air tempéré. Air subtil. Air pur. Air lourd. Air étouffé, renfermé, vicié, infect. Air brûlant. Air glacé. L'air du soir est humide. L'air de ce pays est excellent. Air marin. Air des montagnes, des bois, etc.

Air natal, L'air du pays où l'on est né. Prendre l'air natal. Aller respirer l'air natal.

Aller prendre l'air, Aller se promener, aller au grand air; et simplement Prendre l'air, Respirer l'air, être dans un lieu où l'on respire un air plus pur, plus léger. Changer d'air, Changer de séjour, afin de respirer un autre air.

Mettre, exposer quelque chose à l'air, Le placer dehors, en un lieu où il soit exposé à l'action de l'air. On dit de même Se tenir à l'air. On dit aussi En plein air, Dans un lieu où l'action de l'air se fait sentir de tous côtés, où rien ne garantit de l'action de l'air.

Donner de l'air à une chambre, En ouvrir les fenêtres, afin que l'air entre et sorte plus librement. On dit dans un sens analogue Renouveler l'air d'une chambre, d'une salle.

Donner de l'air à un tonneau de vin, En ôter le bondon, de peur que le vin ne fasse éclater les douves.

En termes de Peinture, Il n'y a pas d'air dans ce tableau, Les figures n'y sont pas assez détachées du fond et les plans se confondent.

Fendre l'air, se dit d'un Oiseau qui vole rapidement, d'un Cheval lancé à la course, d'une Personne qui court très vite.

Prov. et fig., Ne faire que battre l'air, Se donner inutilement de la peine pour quelque chose.

Prendre l'air du feu, un air de feu, S'approcher du feu, afin de se chauffer comme en passant.

Se donner de l'air, Se dérober, prendre la fuite.

Fig., Porter le mauvais air en quelque endroit, Y porter la contagion; et Prendre le mauvais air, Être atteint de la contagion, gagner le mal contagieux. L'air du monde est contagieux, La fréquentation du monde peut faire contracter des vices.

Fig., Cela est dans l'air se dit de Certains sentiments, généralement répandus et qui se communiquent à tous les esprits. Ces idées étaient dans l'air. La révolution était dans l'air.

AIR se dit, par extension, de Tout fluide élastique et invisible. Dans cette acception, il est synonyme de GAZ. Air fixe, ou Gaz acide carbonique. Air inflammable, ou Gaz hydrogène. Air vital, ou Gaz oxygène, etc.

Il se dit aussi de l'Air en mouvement, du vent. Il ne fait point d'air. Il y a ici de l'air, beaucoup d'air. Il n'y a pas un brin d'air, pas un souffle d'air. Courant d'air. Il faut se défier des courants d'air. Il vient de l'air par cette fenêtre.

Coup d'air, Fluxion ou douleur qui vient de ce qu'on s'est exposé à un courant d'air.

Fig. et fam., L'air du bureau, Ce qui paraît, en bien ou en mal, des dispositions de ceux à qui l'on a affaire. J'allai prendre l'air du bureau et je m'aperçus qu'il m'était contraire.

Fam., Être libre comme l'air, N'avoir aucune sujétion, pouvoir disposer de tous ses moments. Depuis que j'ai donné ma démission, je suis libre comme l'air.

Prov. et fig., Vivre de l'air du temps, N'avoir rien pour vivre.

AIR, en termes d'Aéronautique, désigne la Partie de l'atmosphère où l'homme se meut à l'aide d'appareils construits et aménagés pour le vol. La conquête de l'air. Les routes de l'air. Les héros, les victimes de l'air. Le martyrologe de l'air.

Prendre l'air se dit d'un Aviateur qui se met en route, d'un avion, d'un dirigeable qui sort de son hangar.

Tirer en l'air, tirer un coup en l'air, Tirer un coup de fusil, de pistolet sans le diriger vers aucun but; et figurément et familièrement Faire une démarche inutile, qui ne conduit point au but.

Avoir toujours le pied en l'air, un pied en l'air, Être toujours prêt à partir, à courir, à sauter, à danser. On dit dans le même sens Cet homme, cet enfant est toujours en l'air. On dit encore d'une Personne frivole qu'elle est en l'air.

Fig. et fam.. Tout le monde est en l'air, toute la ville est en l'air, Tout le monde, toute la ville s'agite, est en mouvement. Quand on apprit leur arrivée, toute la ville fut en l'air.

Être en l'air, tout en l'air, se dit aussi d'une Chose qui ne paraît presque soutenue par rien. Un escalier qui est tout en l'air. Fig., Une chambre tout en l'air, En désordre.

Fig. et fam., Toute sa fortune est en l'air, Sa fortune ne porte sur rien de solide.

EN L'AIR se dit figurément et au sens moral des Choses qui sont sans réalité, sans vérité, sans fondement. Des contes en l'air. Des paroles en l'air. Des propos en l'air. Des menaces en l'air. Des projets en l'air. Des craintes en l'air. Un raisonnement en l'air. C'est pour une Iris en l'air qu'il fait des vers amoureux. On dit de même Parler, raisonner en l'air. Vous dites cela en l'air.

air

AIR. n. m. Manière de parler, d'agir, de marcher, de se tenir, de s'habiller, de se conduire dans le monde; et généralement Tout ce qui regarde le maintien, la contenance, la mine, la grâce et toutes les façons de se comporter. À l'air dont il marche, dont il se met, dont il entre, on voit qu'il est plein d'orgueil. De l'air dont il parle, dont il agit, dont il se conduit, on peut juger que... De l'air dont il s'y prend, il aura de la peine à réussir. Dire les choses d'un certain air. Il a un certain air de dire les choses qui fait qu'on ne s'en fâche point. On juge, on voit à son air que... Avoir bon air, mauvais air. Avoir l'air noble, l'air grand, grand air, l'air du monde, l'air distingué, l'air guerrier, l'air martial, l'air d'un honnête homme. Avoir l'air d'un fripon. Avoir l'air agréable, l'air aisé, l'air gracieux, l'air enfantin, l'air enjoué, l'air badin. Avoir l'air bas, l'air simple, l'air niais, l'air ridicule, l'air prétentieux, l'air provincial, l'air bourgeois, l'air écolier, l'air d'un écolier, l'air d'un vaurien, l'air renfrogné, l'air sombre, l'air triste. Cette femme a l'air chagrin, l'air méprisant, l'air hautain. Ils ont tous deux l'air prévenant, l'air spirituel, l'air railleur, etc.

Avoir grand air, se dit des personnes qui ont une Haute distinction, des choses qui ont une Belle et grande apparence.

Un homme du bel air, les gens du bel air, les gens du grand air, se dit de Ceux qui veulent se distinguer des autres par des manières plus recherchées. Il est le plus souvent ironique.

Fam., Prendre des airs, se donner des airs, se donner de grands airs, Affecter, prendre un ton, des manières au-dessus de son état, de sa condition, de sa fortune. Prendre des airs de maître, de savant, de bel esprit, Vouloir s'attribuer sans raison une autorité de maître, affecter de passer pour savant, pour bel esprit, quoiqu'on ne le soit pas.

Fam., Avoir des airs penchés, prendre des airs penchés, Affecter certaines attitudes pour chercher à intéresser et à plaire.

Avoir l'air signifie aussi Sembler, paraître; et alors, quand le mot Air est immédiatement suivi d'un adjectif, si cet adjectif se rapporte également au sujet de la proposition et au mot Air, il s'accorde de préférence avec ce mot. Elle a l'air bon. Elle a l'air faux. Mais quand l'adjectif se rapporte plus directement au sujet, il vaut mieux qu'il s'accorde avec lui, Elle a l'air mal faite; Ces propositions ont l'air sérieuses; ou mieux, d'être mal faite, d'être sérieuses.

AIR se dit aussi d'une Certaine ressemblance qui résulte de toute la personne, et particulièrement des traits du visage. Avoir un faux air de quelqu'un, Avoir quelque ressemblance avec lui. Il a beaucoup de votre air. Un peintre qui prend bien, qui attrape bien l'air du visage. On voit tous les traits de son visage dans ce portrait, mais la physionomie, l'air n'y est pas.

Avoir un air de famille, Avoir cette conformité de traits, de physionomie, qui existe ou qu'on croit reconnaître entre les personnes d'une même famille.

En termes de Peinture et de Sculpture, Un air de tête, des airs de tête, L'attitude d'une tête, la manière dont une tête est dessinée. De beaux airs de tête. De grands airs de tête. De vilains airs de tête.

AIR, en termes de manège, se dit des Allures d'un cheval. Airs bas, Ceux où le cheval manie près de terre. Airs relevés, Ceux où le cheval s'enlève davantage en maniant. Ce cheval va à tous airs, On le manie comme on veut.

air

AIR. n. m. T. de Musique. Il se dit d'une Suite de sons, de notes qui composent un chant, suivant les règles de l'art. Air gai. Air triste. Air nouveau. Air ancien. Vieil air. Un bel air. Un grand air. Un petit air. Un air noté. Un air connu. Un air à la mode. Un air de violon, de flûte. Un air de ballet. Un air de vaudeville. Un air de danse. Composer un air. Apprendre un air. Chanter, jouer un air. Faire un air sur des paroles. Faire des paroles sur un air. L'air va bien aux paroles.

N'être pas dans l'air, Ne pas chanter exactement un air, détonner.

Prov. et fig. Je connais des paroles sur cet air-là, J'ai entendu en pareille occasion les mêmes choses que vous venez de dire pour vous excuser, pour soutenir cette opinion.

AIR se dit quelquefois du Chant et des paroles tout ensemble. Un air à boire. Un recueil d'airs. Apprendre un air nouveau.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

aïr

Aïr, Mot de deux syllabes, Ira. Il y a seulement transposition de lettres.

air

Air, Mot d'une syllabe, Aer, Dium, Spiritus.

A l'air, Sub dio, siue Sub diuo.

Estre à l'air, Sub dio agere.

Air assemblé, Aer concretus.

Bon air, Bonum caelum.

Bonté et attrempance de l'air, Salubritas caeli atque temperies.

Un air doux et bien temperé, Temperies caeli.

Gros air et mal sain, Malitia caeli.

Air gros et espez, Concretus aer.

Mauvais air, Calamitosum caelum.

S'accoutumer à l'air de quelque lieu, Auras ferre.

Qui est fait en l'air, ou Qui vit de l'air, Aereus, vel Aerius.

Bailler air, Spiramentum dare.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

air


AIR. [pron. èr, è ouvert.] Il est douteux au sing. air, chair, etc. long au pluriel, airs, chairs, etc. D'OLIV.

air


AIR, s. m. [Èr, è ouv. dout. au sing. long au plur. les airs.] Il signifie, 1°. Un des quatre élémens. L'air est plus léger que l'eau; colonne d'air, l'air est pesant, il se dilate. "air sain, mal sain, doux, tempéré, subtil, grossier. = 2°. Il se prend pour le vent: il ne fait point d'air. = 3°. Manière, façon: "l'air dont il fait toutes chôses; dire les chôses d'un certain air, etc. — 4°. Physionomie, ressemblance: "Il a l'air d'un tel; il a beaucoup de votre air. = 5°. En termes de manège, allure du cheval: "Ce cheval va à tous airs; on le manie comme on veut. 6°. En termes de musique, suite de tons qui composent un chant: "Air gai, air triste, air nouveau, air ancien. — Il se dit aussi du chant et des paroles: air à boire.
   Rem. Ce substantif entre dans un grand nombre d' expressions. — Prendre l'air, c'est ainsi qu'on parle, et non pas prendre de l'air. Bouh. On dit pourtant qu'un homme a pris du mauvais air, quand il a été en lieu où il a pris la peste, ou quelque autre maladie épidémique. — * Mais prendre un air, ou un coup d'air, pour dire que l'air nous a saisi, nous a causé une fluxion, un rhume, est un provençalisme.
   Avoir l'air régit les noms, ou sans article, ou avec la pré. de. "Il avoit l'air Seigneur, lors même qu'il l'afectoit le plus. Creb. F. Ainsi l'on dira, il a l'air prélat, il a l'air pédant, et non pas l'air de Prélat, de pédant, etc. — Avec un, la prép. de fait fort bien, soit que ce pron. un soit joint à air, ou au nom qui est régi: il a un air d'empire, il a l'air d'un Prélat, etc. Enfin, quand avoir l'air est suivi d'un adjectif, il n'y a ni article, ni prép. devant le régime: il a l'air triste, l'air content, etc. et c'est la raison pour laquelle les substantifs mêmes se mettent sans article; c'est qu'ils sont employés adjectivement. "Il a l'air Seigneur, etc. — Quelquefois l'adjectif suit le genre du sujet et non celui d'air: "Elle a l'air bien étourdie. Th. d'Éduc. Le Prés. Henaut dit avoir bien de l'air de... "Cela a bien de l'air d'une chimère. Ce de est inutile et contre l'usage. Il faut dire, avoir bien l'air, etc. = Quand on parle de ressemblance, le de va bien devant air: "Le Général Banier avoit beaucoup de l'air de Gustave Adolphe. — Avoir l'air régit de devant les verbes: "Il a l'air d' avoir trop bû: "Ils eurent l'air de se livrer enfin à un examen, par lequel ils auroient dû commencer. Moreau. "Il ne vouloit pas avoir l'air d'y être excité. Hist. d'Angl.Se doner les airs régit aussi de et l'infinitif. "Puisqu'il veut se doner les airs d'aimer, il faut qu'il commence par devenir discret. Th. d'Éduc.
   Prendre ou se doner des airs, se prend en mauvaise part. "Il se done des airs de Marquis; il prend de certains airs, etc. M. de Callières, (dans son Traité du bon ou du mauvais usage de la langue) condamne ces expressions; mais l'Acad. et l'usage les aprouvent. — Les airs, dit Coyer, quel est le Français qui ne les connoît pas? Les petits airs, les grands airs: ce sont les grands qui vous conviennent. Let. à un Grand.
   Rem. 1°. Ce sont deux chôses bien différentes, avoir le grand air, et avoir l'air grand. Le premier se dit d'un homme qui vit en grand Seigneur; le second d'un homme dont la physionomie est noble et la mine haute. Bouh.
   2°. Le bel air et le bon air (synon.) L'un anonce l'élégance, le luxe, la magnificence; l'autre, l'ordre, le goût, la décence, la convenance. Mde. de Sevigné les réunit dans la même phrâse: "Ce n'est pas une chôse indifférente pour la dépense que le bel air et le bon air dans une maison comme la vôtre: cette magnificence est ruineuse. On dit, en ce sens, il est du bel air ou du bon air de faire, etc. "M. le Coadjuteur me disoit, que rien n'étoit d'un meilleur air que de bâtir pendant le procès: je n'en convenois pas; mais ce qui seroit sans difficulté d' un mauvais air, c'est la honte qu'il y auroit à ne pas achever ce qui est commencé. SEV.
   Faut-il donc s'ennuyer pour être du bon air?
       Gresset.
3°. Le bon air, le bon ton. "Le Chevalier de Méré formoit Mlle. d'Aubigné à ce qu'on apelloit alors le bon air, qui fait les précieux, et revenoit à notre bon ton, qui fait les frivoles. La Beaumelle.
   4°. On ne doit pas non plus confondre avoir l' air mauvais et avoir mauvais air. L'un tient au caractère, l'autre aux manières.
   Cléon, lorsque vous nous bravez,
   En démontant votre figure,
   Vous n'avez pas l'air mauvais, je vous jure:
   C'est mauvais air que vous avez.
       Le Cte. de Choiseul.
Remarquez que le premier se dit avec l'article, et le 2d. sans article.
   Dans le style familier on dit, changer d'air, quitter un pays où l'on est malade, pour aller dans un aûtre, dont on croit que l'air, le climat est plus salutaire. "Les Anglais viennent en France pour changer d'air. — Avoir l'air à la danse: avoir l'air de réussir à ce qu'on entreprend, ou avoir l'air gai, éveillé. — Avoir toujours un pied en l'air: être toujours remuant, coureur, etc. Battre l'air: agir inutilement, faire de vains efforts. — Tirer en l'air: faire une démarche inutile, se vanter, mentir. — Air de tête. Voy. TêTE.
   Les Poètes disent, la plaine des airs, le vague des airs. Ils apellent les oiseaux les habitans de l'air ou des airs.
   AIR fournit à quelques adverbes. — En l'air: contes, discours en l'air; parler en l' air; vous dites cela en l'air. * Par analogie. Bossuet a dit: "On nous vante en l'air tous les caractères, etc. À~ ce compte, on pourrait dire, louer en l'air, blamer en l'air, etc. mais cela ne se dit point. L'emploi d'en l'air est très-borné en ce sens-là. = D'un air: "Protésilas écoutoit toutes ces louanges d'un air sec, distrait et dédaigneux. Telem. "Je lui répondis d'un air entre triste et mutin. * Bossuet a dit, en ce sens, pratiquer un air: barbarisme d'expression. "Quelle aûtre a mieux pratiqué cet air obligeant, qui fait qu'on se rabaisse sans se dégrader. = Par air: faire les chôses par air, pour se doner l'air d'un homme à la mode, ou opulent, etc. "Ce Marquis, fatigué de celle qu'il protège, la garde par air, comme il fait la guerre par air. Coyer. "J'ai vu... de ces coquettes par air, qui détruisoient cruellement dans le tête-à-tête les espérances, que leurs agaceries sembloient donner dans le public. Marin, l'Amante ingénue.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

air

nom masculin air
1.  Mélange gazeux constituant l'atmosphère.
2.  Ce mélange en tant qu'il se déplace.

air

nom masculin air

air

nom masculin air
Mélodie instrumentale.
aria, ariette, mélodie, refrain.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

air

(ɛʀ)
nom masculin
1. mélange de gaz que l'on respire l'air marin prendre l'air
2.
a. vers le haut regarder en l'air
b. en désordre mettre tout en l'air
c. qui n'est pas sérieux faire des promesses en l'air
3. dehors cinéma en plein air

air

(ɛʀ)
nom masculin
façon d'être avoir un drôle d'air un air de famille
sembler Elle a l'air gentille.

air

Luft, Miene, Anblick, Anschein, Ansehen, Augenschein, Aussehen, Äußere, Gesicht, Schein, Aspekt, Erscheinung, Arie, Luftverschmutzung, Melodieair, look, tune, appearance, aspect, expression, sight, view, countenance, mien, semblancelucht, aanzien, gezicht, uiterlijk, voorkomen, aanblik, air, gelaatsuitdrukking, schijn, uitzicht, verschijning, deuntje, wijsje, melodie, sfeer, uitdrukking, wind, houding, vóórkomen, plateauאוויר (ז), ארשת פנים (נ), מראה (ז), נגינה (נ), ניגון (ז), נעימה (נ), סבר (ז), פנים (ז״ר), צורה (נ), רוח (ז), אֲוִיר, נִגּוּן, נְגִינָה, נְעִימָה, סֵבֶר, רוּחַaanblik, aansien, aansig, air, aspek, gesigaspecte, cara, posatvzduch, melodiesyn, luft, sangaero, aspekto, mieno, ŝajnoaire, aires, apariencia, aspecto, semblante, tonadailme, ilma, sävelmäkifejezés, kinézet, látszat, nézetantariksa, udaraaria, apparenza, aspetto, motivo, piglio, melodiaaspectamen, faciesmina, melodia, powietrzear, aparência, aspecto, cara, expressão, exterioridade, fisionomia, semblante, melodiaвоздух, вид, мелодияanblick, anseende, vy, luft, melodiαέρας, μελωδίαلـَحْن, هَوَاءmelodija, zrak曲, 空気곡조, 공기luft, melodiทำนอง, อากาศhava, melodigiai điệu, không khí空气, 音调въздух空氣 (ɛʀ)
nom masculin
musique morceau de musique un air d'opéra
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air

[ɛʀ] nm
(= élément) → air
l'air que l'on respire → the air we breathe
air chaud → warm air
air froid → cold air
le grand air → the open air
prendre l'air (= s'aérer) → to get some fresh air, to get some air
une bouffée d'air frais (fig) → a breath of fresh air
l'air ambiant → the ambient air
à l'air libre → in the open air
(= mélodie) → tune
Elle a joué un air au piano → She played a tune on the piano.
(= expression) → look, air
avoir l'air... → to look ...
Elle a l'air fatiguée → She looks tired.
Elle a l'air fatigué → She looks tired.
avoir l'air de ... → to look like ...
Il a l'air d'un clown → He looks like a clown.
avoir l'air de faire → to look as though one is doing, to appear to be doing
un air de famille avec → a resemblance to
avoir l'air de dire que ...
Il avait l'air de dire que la pièce n'est pas formidable → He seemed to be saying that the play isn't much good.
prendre de grands airs → to give o.s. airs
prendre de grands airs avec qn → to give o.s. airs with sb
(autres locutions) dans l'air (fig)in the air
en l'air [projets] → up in the air
tirer en l'air → to fire shots in the air
paroles en l'air → idle words, hot air
menaces en l'air → idle threats
être tête en l'air → to be a scatterbrain
l'air de rien (= discrètement) → without any fuss
dire qch l'air de rien → to say sth casually
n'avoir l'air de rien → to be not much to look at
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005