rien
1. rien
pron. indéf. [ lat. rem, de res, chose ]2. rien
n.m. [ de 1. rien ]RIEN
(riin) s. m. indéterminéRésumé
PROVERBES
- On ne fait rien pour rien, l'intérêt personnel se mêle presque toujours dans les services rendus. Rien pour rien en tous lieux est une loi suivie, Les mains vides sont sans appas [QUIN., Alceste, IV, 1]
- Qui ne risque rien n'a rien.
- Qui prouve trop ne prouve rien.
- Il fait de cent sols quatre livres, et de quatre livres rien, se dit d'un mauvais ménager.
- Ce que vous dites et rien, c'est tout un, c'est la même chose, ce sont des paroles inutiles, qui ne prouvent rien.
REMARQUE
- 1. Le sens étymologique et propre de rien est chose.
- 2. Avec la négation ne, rien niant toute chose, équivaut au latin nihil.
- 3. De cet emploi presque continu vient le sens de chose très petite : des riens, un rien.
- 4. De là l'inutilité d'un autre mot comme pas, point, pour déterminer la négation ; voy. plus haut, n° 1, le vers de Molière.
- 5. De là aussi, dans le style négligé et dans des phrases très communes, l'emploi de rien avec le sens négatif, sans ne ; emploi qui est presque toujours mauvais dans le style élevé, par exemple : Le général La Romana avait beaucoup promis, et presque rien fait [THIERS, Hist. de l'Emp. XX]
- 6. Le Dictionnaire de l'Académie conseille d'éviter la locution rien moins, attendu qu'elle prête à l'amphibologie, signifiant tantôt en aucune façon, et tantôt au contraire rien de moindre. Il est vrai que l'Académie elle-même et plusieurs auteurs, parmi lesquels Bossuet, donnent quelquefois à rien moins le sens de rien de moins, de rien moindre. Il n'est rien moins que sage, veut dire proprement : il n'est aucune chose moins que sage, en d'autres termes : de toutes les choses qu'il est, celle qu'il est le moins c'est sage. Cette locution est essentiellement négative, et ne peut pas être autre chose. Rien moins ne peut pas dire chose moindre, pas plus que rien plus ne veut dire dit chose plus grande. Il paraît donc qu'il faut dans tous les cas conserver à rien moins sa signification négative ; et, quand on voudra le sens positif, on emploiera rien moindre ou rien de moins.
HISTORIQUE
- XIIe s. Quant jà por riens qui soit née N'oublierai ceste honor D'amer toute la meillor [, Couci, I]Las ! Pourquoi l'ai de mes euz [yeux] regardée, La douce rien qui fausse amie a nom ? [, ib. VI]Et s'il est riens qui m'en puisse partir [, ib. VIII]Car riens, fors moi, ne porroit endurer Les grans travaus que j'ai por li [la] servir [, ib. X]Voir, il n'est riens dont je soie en tristour [, ib. XVII]Par ço les voil partut à raisun maintenir ; Ne jà pur nule rien ne m'en verrez flechir [, Th. le mart. 27]N'a baron en la court qui de rien l'en desdie [, Sax. XXXII]
- XIIIe s. Chanter m'esteut, que m'en est pris courage, Non pas pour ce que d'amours me soit rien [QUESNES, Romancero, p. 85]Se j'onques fis rien que vous voulsissiez.... [, ib. LE ROI JEAN DE BRIENNE, p. 141]Quant la saison du douz temps s'asseüre.... Que toute riens à sa douce nature Vient et retrait.... [, Anonyme, dans Couci, p. 125]De riens que commandez, ne serez jà desdite [, Berte, LIV]Et pour rien qui aviegne, ne soit son lit guerpis [, ib. LXXV]Fisicien [les médecins] me dient que la clarté m'empire.... nule riens ne m'est pire [, ib. LXXXVIII]Pour savoir se de Berte seroit riens retrouvée [, ib. CIV]....Et vous plus l'honorez Qu'ainçois ne faisiez, se vous de rien m'aimez [, ib. CXXI]Joieusement [ils] chevauchent, n'est riens qui les tourmente [, ib. CXXXIV]Et por agencier le plus bel, Me sui porpensé d'une rien, Se vos loez que ce soit bien [, Ren. 2526]En mai estoie, ce songoie, El tens amoureus plain de joie, El tens où tote riens s'esgaie [, la Rose, 49]Se tu creins Dieu, si te creindront toutes les riens [choses] qui te verront [JOINV., 192]Et pource que elle n'en voult riens faire [ID., 202]Qui auques [quelque chose] a, si est amez ; Et qui n'a riens, s'est fols clamez ; Fols est clamez cil qui n'a rien [RUTEB., 226]
- XIVe s. C'est la conclusion de cest chapitre que la partie ou puissance irraisonnable nuttritive ne appartient de rien as vertus [ORESME, Eth. 30]
- XVe s. Il fut ordonné que on iroit mettre le siege devant le chastel de Gavre.... mais il n'en fut rien ; je vous dirai pourquoi [FROISS., II, II, 232]Il y a un trop grand rien à repasser [pour s'en retourner] [ID., II, II, 228]Là furent donnés et delivrés plus de cinq cents [blancs chaperons] et tous à compagnons qui trop plus aimoient cher la guerre que la paix ; car ils n'avoient rien que perdre [ID., II, II, 52]Et lui mandoit [le comte d'Ermignac] que il ne pouvoit venir, et que il ne lui en convenoit pas encore armer pour le pays de Berne, car il n'y avoit rien [rien n'était arrivé] [ID., II, III, 12]Ernauton de Sainte-Colombe avoit un varlet qui regardoit la bataille ni point ne se combattoit, ni aussi on ne lui demandoit rien [ID., II, III, 9]Et [Louis Rambaut] ne cuidoit avoir nulle rencontre, et ne se doutoit en rien de Limousin ; c'estoit la mendre pensée que il eust [ID., II, III, 17]Messire Louis d'Espaigne et sa route gardoient si soigneusement le pas de la mer, que à trop grand'mesaise venoit rien en l'ost des Anglois [FROISS., I, I, 211]En memoire me vient que j'ay souvent à plusieurs ouy dire : je n'iroye pour riens soubz de pannon de tel [AL. CHART, Quadril.]inv Certes vous amez autre part, Et voy que vous ne m'amez rien [E. DESCH., Poésies mss. f° 493]De riens ne servent pleurs, ne plains ; Tous mourrons, ou tart ou briefment [CH. D'ORL., Ball. 70]Si ne firent les dits Anglois semblant de riens, mais hastivement tournerent bride [G. CHASTEL., Chr. du duc Philippe, I, 24]Et me venez requerir que j'escrive pour vous ! par la Pasque-Dieu saincte ! je n'en feray riens [ID., ib. I, 60]En la saison que toute riens maine joye, et que bois et prés se revestent de fleurs et la terre verdoye [, Bouciq. I, 13]
- XVIe s. Tel est vestu d'habit monachal, qui on dedans n'est rien moins que moyne [RAB., Garg. I, Prol.]Voyre, mais ilz prient Dieu pour nous. Rien moins, respondit Gargantua [ID., ib. I, 40]Tout n'y servit de rien [ID., Pant. II, 7]Ja long temps ha que nous sommes icy sans rien faire que despendre [ID., ib. II, 10]Mon amy, voulez vous rien replicquer ? [ID., ib. II, 12]Ung guand, une aiguillette : peu de chose, rien d'importance [ID., ib. III, 12]Dormez vous rien ? [ID., ib. V, 7]L'on a belle envie de sçavoir si vous avez riens faict [MARG., Lett. 10]Je partiray lundy pour vous mercier de tant de paine que vous prenés pour riens [ID., ib. 54]Je n'en ouse faire bruit, de peur que ce ne soit riens [ID., ib. 57]Celuy qui peult, s'il luy plest, faire estre de riens quelque chose, et de glace feu ardent [ID., ib. 8]Puisqu'il vous plest vous en fier à nous, nous n'aurons regard à riens particulier, mais seulement à vostre service [ID., ib. 130]Il n'est rien plus sot que celui qui pense estre fin, ne rien plus sage que celui qui connaît son rien [néant] [ID., Nouv. XXVIII]Mais je trouve que c'est outrance Que l'un a trop, et l'autre rien [MAROT, II, 133]Ô viateur, pour t'abreger le compte, Ci gist un rien, là où tout triumpha [ID., III, 262]Ce grand Dieu redoute, Qui fit tout de rien [ID., IV, 272]Touchant rien, presque tous s'abusent à l'usage d'icelui mot, estimans ne signifier nulle chose que ce soit ; mais c'est tout le contraire ; car avec ce mot nous mettons toujours une négation ; ou nous l'entendons, comme si je demande, que fais-tu ? tu responds : rien ; mais la negation s'entend : je ne fay rien [ROB. EST., Gramm. franç. p. 127, dans LACURNE]Comme je ne voudrois user des deux autres [mots], aussi ne voudrois je dire sur toute rien ou sur tout rien, comme au premier livre d'Amadis : toutesfois il est bien deceu, car elle le hait sur tout rien ; je ne voudrois, dis-je, ainsi parler, encore que je sache bien que rien signifie autant que chose ; car je n'ay rien du monde, et je n'ay chose du monde valent autant l'un que l'autre [H. EST., De la précellence.]La lecture des histoires ne scauroit que bien peu, ou rien du tout, servir à l'acquisition de prudence - Rien ne sert à devenir bon peintre, avoir ouy souvent parler de la peinture [AMYOT, Préf. IX]Nous sommes icy à ne rien faire [ID., Cam. 43]Il feit chasser Hyperbolus qui ne se doubtoit de rien moins [ID., Alc. 20]Il estoit riche et en biens opulent, Mais pour cela de rien plus insolent [ID., Pélop. 6]Ilz ne vouloient rien moins qu'aller chocquer [ils ne voulaient pas....] de front les Romains à coups de main [ID., Crass. 40]Des mariniers qui ne sçavoient du tout rien, estoient patiemment escoutez [ID., Démosth. 10]Il jugea que c'estoit peu de chose et presque rien du tout, que de s'exerciter à bien dire.... [ID., ib.]Cela qui coule de ma playe est du vray sang, et non point, comme dit Homere : Une liqueur de rien, semblable à celle Qui flue aux dieux de nature immortelle [ID., Alex. 53]Ils ne sont rien moins que prestres [CALV., Inst. 914]L'homme est reduit à neant, l'homme n'est rien ; mais comment n'est-il du tout rien, veu que Dieu le magnifie ? [ID., ib. 441]Nous avons à penser que rien de ces choses n'advient, sinon par le vouloir et providence du Seigneur [ID., ib. 557]La louange du Seigneur ne doit estre empeschée par rien du monde [ID., ib.]Quelle authorité a un message apporté par des femmes si effrayées que rien plus ? [ID., ib. 794]Vistes vous jamais rien si confus ? [MONT., I, 75]Il n'est rien si contraire à mon style que.... [ID., I, 103]Il n'y a rien de mal en la vie pour celuy.... [ID., I, 77]Les hazards et dangiers nous approchent peu ou rien de nostre fin [ID., I, 78]Si peu que rien [MONT., I, 155]Je ne traicte à poinct nommé de rien que du rien [ID., IV, 221]Il [La Boétie] n'avoit pensé à rien moins qu'à mettre au jour ces ouvrages [ID., Lettre IX]Les semences de bien que la nature met en nous.... s'abastardissent, se fondent et viennent en rien [LA BOÉTIE, Servit. volont.]Il se trouva si surpris et esperdu, qu'il n'attendoit rien moins [rien de moins] sinon qu'on le vinst assieger [, Sat. Mén. p. 133]Je ne puis assez blasmer la sotte arrogance et temerité d'aucuns de nostre nation, qui, n'estans rien moins que Grecz ou Latins, desprisent toutes choses escriptes en françois [DU BELL., I, 3, verso]Brief, en toutes formes et manieres de vivre non moins louables que proufitables, nous ne sommes rien moins qu'eux [de rien inférieurs aux anciens] [ID., I, 4, verso]La fortune amiable Est-ce pas moins que rien ? [ID., II, 67, recto.]Hé qu'est il rien que ce garçon [l'Amour] ne brule ? [RONS., 116]Il estoit un grand fat d'aimer sans avoir rien [ID., 124]Si je souhaite rien, vous estes mon souhait [ID., 139]....Et que nostre fangeuse masse Si tost s'esvanouyt en rien, Qu'à grand'peine avons-nous l'espace De gouster la douceur du bien [ID., 409]Et si je faux, au destin soit la faute, Et non à moy de rien ambitieux [ID., 614]....Et si de mes labeurs qui honorent la France, Je ne remporte rien qu'un rien pour recompense [ID., 703]....Qui fait que nostre vie est seulement un songe, Et que tous nos desseins se finissent en rien [ID., 774]Il emporta en un rien le pris d'estre un très bon capitaine [BRANT., Médicis.]Rien n'a, qu'assez n'a [COTGRAVE, ]On ne fait de rien grasse poirée [ID., ]Qui rien ne porte, rien ne lui chet [ID., ]Qui ne sçait rien, de rien ne doute [ID., ]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, rin ; bourguig. et bressan, ran ; wallon, rein ; provenç. re ; anc. catal. ren ; catal, mod. re, res ; du lat. rem, chose. Dans l'ancienne langue, riens est le nominatif singulier et rien le régime singulier ; au pluriel, riens est le régime.
rien
Il s'emploie le plus souvent avec la négation ne et signifie Nulle chose. Rien n'est plus glorieux, plus commode, plus avantageux, plus nécessaire. Rien ne me plaît davantage. Il n'y a rien de si fâcheux. Il ne fait rien. Il ne sent rien. Je ne dis rien. Je ne demande rien. C'est un homme qui n'aime rien, qui ne se soucie de rien. Cela ne signifie rien, ne prouve rien. Il semble que cela ne tienne à rien. Tenez cette affaire secrète, n'en dites rien. Ne faites semblant de rien. Je ne lui ai rien fait, ni rien dit. Il ne fait rien qui vaille. Il passe sa vie à ne rien faire. Cela ne vaut rien. Je ne ferais cela pour rien au monde. N'avoir rien au monde. Il n'a plus rien pour vivre. Cet homme n'a rien. Tout cela n'aboutit à rien, ne mène à rien, ne conduit à rien. Cela ne vous servira de rien. Cet homme n'est bon à rien. Je ne veux vous nuire en rien.
Je n'ai rien fait que ce qu'il m'a dit, Je n'ai pas fait autre chose que ce qu'il m'a dit.
Il n'en est rien, Ce n'est pas exact, ce n'est pas vrai, il n'y a rien de vrai dans ce qu'on a dit.
Fam., Ne savoir rien de rien, Ne savoir absolument rien.
Cet homme ne fait rien, Il n'a aucun emploi, aucune occupation. Il ne fait plus rien, Il n'a plus d'emploi. Cet auteur ne fait plus rien, Il n'écrit plus.
Fam., Cela ne fait rien, Cela n'importe pas. Cela ne fait rien à l'affaire. Cela ne me fait rien. On dit dans le même sens : Cela me fait moins que rien.
Fam., Cela ne me dit rien, Je n'en ai nulle envie. Cela ne me dit rien qui vaille, Cela ne m'inspire nullement confiance.
Fam., Cela ne ressemble à rien, Cela est mal fait, cela n'a pas le sens commun.
Il ne tint à rien qu'il ne fît telle chose, Il s'en fallut de peu qu'il ne la fît.
Cet homme ne m'est rien, il n'est point mon parent; et familièrement, Cet homme ne m'est de rien, cela ne m'est de rien, Je n'y prends aucun intérêt.
Comme si de rien n'était, Comme si la chose dont il s'agit n'était pas arrivée. Après cette querelle, ils se sont parlé amicalement comme si de rien n'était.
Prov., On ne fait rien de rien, On ne saurait réussir dans une entreprise, mener une oeuvre à bien, si l'on n'a les moyens, les matériaux nécessaires.
Prov., On ne fait rien pour rien, Il entre toujours quelques vues d'intérêt personnel dans les services que rendent les hommes.
Prov., Qui ne risque rien n'a rien. Qui prouve trop ne prouve rien.
RIEN s'emploie souvent pour Nulle chose avec la négation sous-entendue. Que vous a coûté cela? Rien, rien du tout. Rien de nouveau. Tout ou rien. Ce que vous dites et rien c'est la même chose. Moins que rien. Si peu que rien. Dieu a créé le monde de rien. Compter pour rien.
Cela s'est réduit à rien, Il n'en est presque rien resté. Les frais une fois payés, Le bénéfice de l'affaire s'est réduit à rien.
Cet homme est sorti de rien, s'est élevé de rien, Il est d'une très basse extraction. On dit aussi : C'est un homme de rien.
Rien que signifie, elliptiquement, En ne faisant que. Rien que d'y penser on en est effrayé. Rien qu'à le voir on prenait de lui une bonne opinion.
Rien moins. Voyez MOINS.
RIEN signifie aussi, par exagération, Peu de chose. Il a eu cette maison, ce domaine pour rien. Il ne m'a donné que cent francs, ce n'est rien, c'est moins que rien. Il dépense très peu, il vit de rien. Dans ce pays-là on vit pour rien. Il se fâche de rien, pour rien.
RIEN est aussi un nom masculin s'employant au singulier avec un et, au pluriel, avec des; Il signifie alors Chose de peu d'importance, bagatelle. Un rien le fâche. Ils se sont brouillés pour un rien. C'est un rien. S'amuser à des riens, s'arrêter à des riens. Il nous fait prendre bien de la peine pour des riens. Un grand diseur de riens.
Fam., Un rien qui vaille, un rien du tout, Un homme méprisable.
EN MOINS DE RIEN, EN UN RIEN DE TEMPS, loc. adv. Très promptement, en très peu de temps. Il a fait cela en moins de rien.
rien
Rien, monosyll. Semble estre le mot propre François de ce mot Latin, Res, S'il y a rien qui te nuise, dy le moy, Si res est aliqua quae tibi noceat, etc. S'il est rien en quoy je te puisse servir, Si vlla in re possum tibi esse vsui, Selon laquelle signification, est prins en Amadis au premier livre, Toutesfois il est bien deceu, car elle le hayt sur tout rien, c'est à dire, sur toutes choses. Rien aussi est quelquesfois negatif, Nihil, Et ce en respondant à un qui interroge, comme, que veux-tu? Rien, que dis- tu? Rien, Quid vis? quid ais? Nihil, Et sans interrogation precedente, comme, Je ne fais rien qui vaille, Nihil frugi facio Je ne mange rien, Nihil manduco, Et ainsi semble qu'en ladite phrase, s'il y a rien qui te nuise, il le faut exposer par aliquid. Si aliquid est quod officiat, l'Italien dit niente, Qui symbolise aucunement à nostre neant, et l'Espagnol nada.
Je luy demande s'il ne veut rien mander. Rien dit-il, Rogo nunquid velit. Recte, inquit, Terent.
Rien du monde, Nihil prorsus, Nunquam quicquam.
Rien qui soit, Nihilum.
Cela n'est rien, Nihil est.
Ce n'est rien au pris ou à la comparaison de cestuy la, Nihil ad illum.
N'y a il plus rien? Nunquid praeterea?
Il n'est rien si facile, Nihil facilius est.
Il n'y a rien que, etc. Nihil est quod illi, etc.
Il n'y a rien que nous les avons veu, Plane paulo ante vidimus.
N'y a il rien autre chose? Nunquid est aliud?
Rien plus, ou d'avantage, Nihil amplius.
Jamais rien plus, Nihil vnquam magis.
N'as tu rien eu d'advantage affaire avec elle? Nunquidnam amplius tibi cum illa fuit?
Rien moins, Nihil minus.
Duquel les fueilles ne sont en rien differentes de, etc. Cuius folia nihil ab Indico nardo distant.
Je ne cognoy rien, Mihi tenebrae sunt.
Je n'en sçay rien, Nihil scio.
Je m'en vay, ne veux tu rien mander? Nunquid vis?
Je n'ay en rien eu affaire avec luy, Nihil mihi cum illo fuit.
Qui a moins que rien, Cui minus nihilo est.
Il n'a plus rien, Defectus est facultatibus, B. ex Vlp. Exhaustae sunt eius facultates.
Ce n'est rien, Il ne va que bien, Recte.
Cela n'y fait rien, Nihil refert, B.
Tiltres qui ne servent de gueres, ou de rien, Authoritates ieiunae, B.
Qui ne vaut rien, Nequam.
Je n'en veux plus rien ouyr, Nihil audio.
Ce n'est plus rien que de moy, Nullus sum, Nihili sum.
rien
RIEN, s. m. [Monos. ien n'y a pas le son d'ian Pron. rien. = Quelques-uns prononcent ren; cela ne vaut ren: c'est une prononciation vicieûse.] S. m. Nulle chôse. "Dieu a créé le monde de rien. "Il ne fait rien: rien ne peut le toucher. = Il ne se dit que des chôses; il est du masculin sans pluriel: il se décline sans article, comme les noms propres: rien, de rien, à rien: on ne peut m'acuser de rien: je ne tiens à rien: je ne veux rien, je ne me soucie de rien. "Qui n'a besoin de rien n'est jamais pauvre. Volt. "Me voilà resté seul dans le bon parti; car... ceux-ci ne sont bons à rien, et ceux-là ne se soucient de rien. Let. de Cic. à Attic. Mongault. = 1°. Rien, employé dans une négative et suivi de que ou de comme, régit de et l'infinitif. "Rien n'est si beau que de pardoner. "Rien ne porte malheur comme de payer ses dettes. Cette dernière phrâse est de Regnard, dans Le Joueur; mais comme il y avait une syllabe de trop, il a retranché de:
Rien ne porte malheur comme payer ses dettes.
= 2°. Sans négation, il a le sens de aucune chôse, quelque chôse: "Je ne crois pas que rien le touche: "Y-a-t-il rien de plus aimable? etc. REST. — Boileau dit, dans sa 2e Satire:
Pâsser tranquillement, sans souci, sans affaire,
La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire.
La Fontaine met la négative dans son Épitaphe.
L'une à dormir, et l'aûtre à ne rien faire.
Boileau demanda à l'Académie laquelle de ces deux manières valait mieux. Il pâssa tout d'une voix que la siène était la meilleûre; parce qu'en ôtant la négative, rien faire était une espèce d' ocupation. Tout le monde ne trouvera pas peut-être cette raison trop bone, et plusieurs préfèreront la manière~ de La Fontaine. Rien faire, c'est ne faire quoi que ce soit; ne faire aucune chôse; le sens et l'analogie semblent~ donc demander la négation. = C'est sur-tout dans les interrogations et avec si, que rien signifie quelque chôse, et qu'il faut retrancher ne: "Y a-t-il rien qui conviène mieux: "S'il n'y eût jamais rien, dit Bourdaloue, qui fût capable de m'attacher fortement à Dieu.... c'étoit cette pensée: Dieu est mort pour moi. Il falait: s'il y eût jamais rien qui, etc. Peut-être cet illustre Orateur a mis la négative à caûse de jamais, mais avec si on ne met point de négation devant jamais. = 3°. Rien, à l'acusatif, se place aprês le verbe dans les tems simples; et dans les tems composés entre l'auxiliaire et le participe; il précède toujours l'infinitif. "Il ne fait rien; il n'a rien fait. Il ne veut ou ne peut rien faire; et non pas, il n'a fait rien, il ne veut faire rien. "J'aime à n'avoir rien à faire, et non pas à ne rien faire. J'aime le loisir et non l'oisiveté. L'Ab. Trub. "Racine et Molière le mettent aprês l'infinitif. "Je ne puis dire rien. Bajazet. "Et sans lui dire rien. École des Maris. Il faut je ne puis rien dire, et sans lui rien dire. Gresset a dit aussi:
Elle vous croit trop bon pour lui refuser rien.
La contrainte de la rime ocasione ces constructions vicieûses, mais ne les autorise pas. Des Prosateurs, qui n'ont pas cette excûse, ont fait la même faûte, si c'en est une, comme je le crois. "Pour moi, je ne puis vous pardoner rien. Télém. "Je ne veux pas vous dire rien. Fonten. Remarquez outre cela pas, et Voyez n°. 4°. "Comencer tout et n'achever rien. Neuville. Il est mieux placé en cet endroit, à cause de l' oposition de tout et de rien. = Quand il est suivi de son régime, il peut se placer devant ou aprês l'infinitif. "Je voulois n'ignorer rien (ou, ne rien ignorer) de tout ce qui sert au gouvernement d'un grand Royaume. Télémaque. = Dans les câs obliques, aûtres que l'accusatif, rien se met toujours aprês le verbe, en quelque tems qu'il soit: "Il ne pense à rien: il ne s'est mis en peine de rien: il est heureux de ne se soucier de rien: il n'a servi de rien, et non pas, il n'a de rien servi, comme ont dit Molière, Jurieu, Rollin et autres Auteurs. = 4°. Quand rien est employé avec la négative, on ne met ni pas, ni point.
On ne veut pas rien faire ici qui vous déplaise.
Rac. Plaid.
"Voilà précisément, dit D'Olivet, le cas pour lequel les deux Savantes de Molière vouloient que leur servante fût chassée.
De pas mis avec rien tu fais la récidive,
Et c'est, comme on l'a dit, trop d'une négative.
Racine n'a usé de ce barbarisme, ajoute l'illustre Académicien, que pour faire rire; et peut-être auroit-il mieux fait de s'en pâsser. = 5°. Rien veut de devant l'adjectif qui le suit: il n'a rien de grand que la naissance. Vaugelas dit qu'on peut retrancher de devant l'adjectif qui régit de, apparemment pour éviter la cacophonie de deux de placés si prês l'un de l'aûtre. "Il ne fait rien digne de sa réputation. Il est vrai que rien de digne de est bien dur; mais il ne faut pas éviter les mauvaises consonances aux dépens des règles et de l'usage. Il vaut mieux prendre un aûtre tour, et dire: il ne fait rien qui soit digne de sa réputation. Wailly. Les phrâse suivantes pèchent contre cette Règle. "Rien n'aura de force, qui s'éloignera de ces saintes règles. Bossuet. Pour construire régulièrement cette phrâse, il faut dire: rien de ce qui s'éloignera, etc. "Il n'étoit rien plus comode, etc. Fonten. "Il n'y a rien si contraire que, etc. Mallebr. Dites, rien de plus comode; rien de si contraire. = On doit donc dire, il n'y a rien de tel, et non pas, il n'est rien tel, comme l'ont dit de bons Auteurs. "Il n'est rien tel que de prendre ses sûretés. Fonten. "Il n'est rien tel que les méthodes régulières. Id. "Il n'est rien tel qu'une main philosophique pour presser ces éponges (les Libraires). Linguet. = Rien tel n'est suportable que dans le style demi marotique.
Il n'est, ma foi, rien tel que la richesse,
Pour avoir grand nombre d'Amis.
L'Ab. Reyre.
— Le génitif, régime de rien, peut être placé à la tête de la phrâse: "De tout ce qu'on fait sur la terre, rien n'est utile que ce qu' on fait pour le Ciel. = Cette préposition de précède aussi rien, dans le cours de la phrâse, au lieu de le suivre, mais c'est dans un aûtre sens. "Le beau tems ne vous est de rien: vous y êtes trop acoutumée. Sév. On dit aussi, comme si de rien n'étoit. "Tout d'un coup on vient lui dire qu'il verra clair, et que ses paûvres yeux, que la fluxion avoit mis hors de la tête, y étoient rentrés heureusement, comme si de rien n'étoit. Id. "Elle va et vient par le monde, comme si de rien n'étoit. Id. (Comme si elle n'etait pas malade). "On canone, on tiraille... la nuit vient au milieu du tapage: chacun va chez soi écrire des relations... et puis on reparoit des deux côtés, comme si de rien n'étoit. Ling. Tout cela est du style familier. = 6°. Rien, suivi d'un pronom relatif, exige quelquefois que le verbe, qui vient aprês, soit afecté par la particule ne. "Il n'y a rien que je ne fasse pour vous faire plaisir. Si l'on retranchait cette négative, on dirait tout le contraire de ce que l'on voudrait dire dans ces ocasions. = 7°. Rien se met quelquefois au pluriel; et il est pur substantif: il signifie alors des bagatelles, des chôses ou des dificultés, qui n'en valent pas la peine. "Toutes ces objections sont des riens. "Grand diseur de riens; et non pas de rien, comme on le voit dans des Livres. "N'étoit ce pas le câs de ne rien répondre, ou de répondre des riens. L'Ab. Garnier, Hist. de Fr. Ce jeu de mots est frivole et trivial. = 8°. Rien se met quelquefois à la tête de la phrâse, en réponse à une interrogation. "Qu'y a-t-il donc dans ces Historiettes de Mr. Im...? Rien: rien à reprendre; rien à louer. Journ. de Mons. On sous-entend, il n'y a. = * 9°. On a dit aûtrefois rien au fém. pour chôse. On disait, sur toute rien, pour sur toute chôse; par nulle rien, pour, quelque chôse que ce soit. "Beau fils, la première chôse que je t'enseigne et commande à garder, si est que de tout ton coeur et sur toute rien tu aimes Dieu. Joinville, Vie de St. Louis. "Par nulle rien, on ne lui eut souffert. Monstrelet. = * 10°. En certaines Provinces, où l'on parle fort mal, bien des gens disent, cela ne fait de rien, ou, ne fait en rien. Il faut dire, cela ne fait rien. Le Peuple le dit en d'autres Provinces, où les gens qui ont reçu une éducation parlent bien. "Mon Dieu! c'est fête aujourd'hui. — Cela ne fait en rien. Th. d'Éduc. — 11°. Ne savoir rien de rien est du st. famil.
Ne sachant rien de rien,
Au susdit cloitre enfermé pour son bien.
Ververt.
Nouvel habitant de ce monde,
Ignorant le mal et le bien,
Ou plutôt ne sachant encore rien de rien,
Un jeune rat de sa niche profonde
Étoit sorti pour la première fois.
L'Ab. Reyre.
= Venir à rien. Voy. VENIR. = N' être de rien. "Il comptoit pour beaucoup cet avantage si peu recherché de n'être de rien. FONTEN. Él. du P. Reyneau de l'Oratoire. = * M. Rétif dit, homme de rien, gens de rien. "Les enfans de famille s'avancent dificilement, tandis que les fils de gens de rien parviennent. L'Acad. met homme de rien, d'une fort basse naissance. On dit aussi, homme de néant; mais je ne sais si l'on peut dire aussi des gens de néant, des gens de rien. = En moins de rien, adv. En peu de tems: "En moins de rien les Japonois furent sur les murâilles. Le P. Charlev. On dit, en ce sens, il n'y a rien que je l'ai vu, il n'y a rien d'ici là. Il sert alors à marquer l'espace de tems ou de lieu. = Il ne tint à rien que: il s'en falut peu que. "Il ne tint à rien qu' il ne se tuât. = Se réduire à rien se dit d'une chôse dont il n'est presque rien resté, ou d'une afaire dont on se promettait un grand succês, et qui n'en a eu aucun. = Cet homme ne m'est rien, n'est pas mon parent: il ne m'est rien, ou de rien; je n'y prends nul intérêt. = Il est venu de rien, il s'est élevé de rien; il est de basse extraction. = On dit, proverbialement, d'un mauvais ménager, qui n'entend pas ses afaires, que: "de cent sous il fait quatre liv. et de quatre livres rien. = On ne fait rien de rien: On ne saurait réussir sans moyens, sans secours. = On ne fait rien pour rien: on a presque toujours quelque vûe d'intérêt dans les services qu'on rend aux aûtres.
rien
(ʀjɛ̃)pronom
rien
nichts, gar nichts, nixnothing, naught, not an ace, nil, nought, nix, shitniets, niks, geenzier, niemendal, nihil, (het) niet(s) zijn, (n)iets, een beetje, kleinigheid, iets, misselijk, nergens, nietigheidאין (תה״פ), אין מאומה, בל (תה״פ), כלום (ז), לא כלום (תה״פ), מאומה (ז), שום דבר, אֵין, בַּל, כְּלוּם, לֹא כְלוּם, שׁוּם דָּבָרصفر, لَاشَيّءَдреболияnicrien, intetκάτι, τίποτε, τίποταnenionadanullsemminiente, alcunché, cazzo, inezia, nonnulla, nulla何も, 何も・・・ない무가치, 아무것 아닌 것nicnadacevaничего, ничтоčo to, maličkosť, nič, niečorieninget, ingentingbir şey, hiçbir şeyніщо无mitättömyysništaingentingไม่มีอะไรkhông có gìnom masculin
rien
[ʀjɛ̃]"Qu'est-ce que vous avez?" - "Rien." → "What have you got?" - "Nothing."
"Qu'est-ce que tu as acheté?" - "Rien." → "What have you bought?" - "Nothing."
pour rien au monde
Pour rien au monde je ne le vendrais → I wouldn't sell it for anything in the world.
Il n'a rien dit → He didn't say anything., He hasn't said anything.
Il n'a rien fait → He didn't do anything., He hasn't done anything.
il n'a rien (= n'est pas blessé) → he's all right
ça ne fait rien → it doesn't matter
il n'y est pour rien → he's got nothing to do with it
ça n'a rien à voir → it has nothing to do with it
il n'en est rien! → nothing of the sort!
rien d'autre → nothing else
rien du tout → nothing at all
n'avoir rien de
Il n'a rien d'un champion → He's no champion.
rien que → just, only
rien que pour lui faire plaisir → just to please him
rien que la vérité → nothing but the truth
rien que cela → that alone
Rien que la voiture coûte un million → The car alone costs a million.
de rien! → not at all!, don't mention it!
"Merci beaucoup!" - "De rien!" → "Thank you very much!" - "Not at all!"
rien à faire! → it's no good!, it's no use!
en rien, il ne lui ressemble en rien → he's nothing like him
Il se met en colère pour un rien → He loses his temper over the slightest thing.
des petits riens, des riens → trivial things pl, little things pl
un petit rien → a little something