marcher

marcher

v.i. [ du frq. ]
1. Se déplacer, se mouvoir en mettant un pied devant l'autre : Leur fils a su marcher à un an. Nous avons marché au hasard dans les rues de cette ville flâner, se promener
2. Mettre le pied sur, dans qqch, en se déplaçant : Ne marchez pas sur la pelouse !
3. En parlant d'un véhicule, d'un mobile, se mouvoir, se déplacer : Ce train marche à plus de 300 kilomètres à l'heure aller, rouler
4. Être en état de marche, en parlant d'un appareil, d'un organe, etc. : Le graveur de l'ordinateur marche fonctionner
5. Être en activité, en parlant d'organismes, de services, etc. : Après une semaine de grève, l'entreprise s'est remise à marcher tourner
6. Se dérouler correctement ; faire des progrès : Depuis qu'ils ont créé ce produit, leurs affaires marchent se développer, prospérer
7. Fam. Donner son accord à une proposition ; consentir à participer à qqch avec qqn : Je ne marche pas je ne suis pas d'accord prendre part à
8. Fam. Faire preuve de crédulité : Cette histoire est insensée, et pourtant ils ont marché croire
Ça marche,
Fam. c'est d'accord.
Faire marcher qqn,
le taquiner ; abuser de sa crédulité, de sa gentillesse : Vous me faites marcher, vous n'avez pas osé lui dire cela ?
Marcher droit,
se conduire conformément à la discipline imposée.
Marcher sur les traces ou les pas de qqn,
suivre son exemple, l'imiter : Elle marche sur les traces de cette chanteuse.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

marcher


Participe passé: marché
Gérondif: marchant

Indicatif présent
je marche
tu marches
il/elle marche
nous marchons
vous marchez
ils/elles marchent
Passé simple
je marchai
tu marchas
il/elle marcha
nous marchâmes
vous marchâtes
ils/elles marchèrent
Imparfait
je marchais
tu marchais
il/elle marchait
nous marchions
vous marchiez
ils/elles marchaient
Futur
je marcherai
tu marcheras
il/elle marchera
nous marcherons
vous marcherez
ils/elles marcheront
Conditionnel présent
je marcherais
tu marcherais
il/elle marcherait
nous marcherions
vous marcheriez
ils/elles marcheraient
Subjonctif imparfait
je marchasse
tu marchasses
il/elle marchât
nous marchassions
vous marchassiez
ils/elles marchassent
Subjonctif présent
je marche
tu marches
il/elle marche
nous marchions
vous marchiez
ils/elles marchent
Impératif
marche (tu)
marchons (nous)
marchez (vous)
Plus-que-parfait
j'avais marché
tu avais marché
il/elle avait marché
nous avions marché
vous aviez marché
ils/elles avaient marché
Futur antérieur
j'aurai marché
tu auras marché
il/elle aura marché
nous aurons marché
vous aurez marché
ils/elles auront marché
Passé composé
j'ai marché
tu as marché
il/elle a marché
nous avons marché
vous avez marché
ils/elles ont marché
Conditionnel passé
j'aurais marché
tu aurais marché
il/elle aurait marché
nous aurions marché
vous auriez marché
ils/elles auraient marché
Passé antérieur
j'eus marché
tu eus marché
il/elle eut marché
nous eûmes marché
vous eûtes marché
ils/elles eurent marché
Subjonctif passé
j'aie marché
tu aies marché
il/elle ait marché
nous ayons marché
vous ayez marché
ils/elles aient marché
Subjonctif plus-que-parfait
j'eusse marché
tu eusses marché
il/elle eût marché
nous eussions marché
vous eussiez marché
ils/elles eussent marché
Collins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011

MARCHER1

(mar-ché)

Résumé

V. a. Fouler, pétrir avec les pieds.
V. n. Mettre le pied sur.
Se mouvoir à l'aide des pieds ou des pattes.
Marcher, en termes de danse et d'escrime.
Marcher, en termes de manége.
Marcher, en termes de vénerie.
Marcher, en termes de marine.
Marcher devant, précéder.
S'avancer de quelque manière que ce soit, à pied, à cheval, en voiture.
10° Marcher à, s'avancer vers.
11° Se mouvoir, en parlant des troupes.
12° Il se dit de la manœuvre que fait un corps de troupes, un général.
13° Marcher sous, obéir à un chef.
14° Tenir un certain rang dans les cérémonies.
15° Employé emphatiquement pour le verbe être.
16° Faire un service, en parlant de voiture, de chemin de fer.
17° Il se dit des choses qui se meuvent.
18° Fonctionner, en parlant d'un mécanisme.
19° Passer, en parlant du temps.
20° Aller selon un certain progrès en bien ou en mal, en parlant des personnes.
21° Agir.
22° Avoir un certain progrès en parlant des choses.
23° Il se dit des choses auxquelles on prête un mouvement comme si elles étaient animées.
24° Il se dit du progrès dans le développement d'une pièce de théâtre, d'un roman.
25° En musique, il se dit de la succession des tons et des accords.
26° Y marcher, être employé, en parlant des choses.
V. a. Pétrir avec les pieds l'argile qu'on a humectée (le sens le plus ancien du verbe marcher est presser du pied ; il n'est resté que dans le langage de certains métiers). Donner une égale épaisseur à une feuille d'ouate, en passant dessus une espèce de coussin. Terme de chapelier. Marcher l'étoffe d'un chapeau, la fouler avec les mains, la comprimer soit à froid, soit à chaud.
V. n. Mettre le pied sur. Marcher sur le pavé, sur l'herbe. Il lui marche sur le pied. Prenez garde où vous marchez.
C'est sur mon corps sanglant qu'il lui faudra marcher [VOLT., Olymp. II, 5]
Fig. Il a marché sur quelque mauvaise herbe. Sur quelle herbe a-t-il marché ? voy. HERBE, n° 1. Marcher sur les pas, sur les traces de quelqu'un, le suivre de très près.
Allons, seigneur, marchons sur les pas d'Hermione [RAC., Andr. III, 6]
Que faites-vous, madame, et d'où vient que ces lieux N'offrent point avec vous votre fille à mes yeux ?... Ne peut-elle à l'autel marcher que sur vos pas ? [ID., Iph. IV, 3]
Fig.
Ainsi, de toutes parts, les plaisirs et la joie M'abandonnent, Zaïre, et marchent sur leurs pas [de Bajazet et de Roxane] [RAC., Baj. III, 1]
Fig. Marcher sur les pas, sur les traces de quelqu'un, l'imiter, suivre ses exemples.
Marchez donc sur ses pas [de Malherbe], aimez sa pureté [BOILEAU, Art p. I]
Apprend-il à marcher sur les pas de son père ? [DELILLE, Énéide, III]
Marcher sur les talons de quelqu'un, le suivre de trop près. Familièrement.
Il marche, il est toujours sur mes talons, il m'importune en ne me quittant pas [, Dict. de l'Acad.]
Fig. et familièrement. Marcher sur les talons de quelqu'un, suivre quelqu'un de près pour l'âge, pour la fortune, pour les succès. Fig. Marcher sur des épines, être dans une conjoncture difficile. Fig. Marcher sur des charbons ardents, passer vite sur un sujet délicat et dangereux.
C'était marcher sur des charbons ardents, sur des rasoirs, que de traiter cette matière si adroitement et avec tant d'esprit [SÉV., 5 mars 1683]
Il ne faut pas lui marcher sur le pied, se dit d'un homme susceptible qu'il est dangereux de choquer.
Quand j'étais jeune, il ne fallait pas me marcher sur le pied, non plus qu'à présent [DANCOURT, Vert galant, sc. 3]
Fig. et familièrement. Marcher sur, rencontrer à chaque pas.
On marche sur les mauvais plaisants, et il pleut par tout pays de cette sorte d'insectes [LA BRUY., V]
On ne marchait dans mon jeune temps que sur des métamorphoses [VOLT., Taureau blanc, 4]
Fig. Marcher sur quelque chose, suivre une certaine indication.
Tous vos amis avaient la complaisance de me dire que j'avais raison de vous souhaiter avec ardeur : voilà sur quoi je marchais [SÉV., 28 déc. 1673]
Fig. Marcher sur quelque chose, en parler, s'en occuper.
Mon Dieu ! madame, marchons là-dessus, s'il vous plaît, avec beaucoup de retenue [MOL., Comtesse, 1]
Fig. et familièrement. Marcher sur les gens, n'en tenir aucun compte par fierté ou par dureté.
Se mouvoir à l'aide des pieds ou des pattes. Marcher à grands pas, à petits pas. Cet homme marche bien.
Tous deux près de Galba marchaient d'un pas égal [CORN., Othon, V, 8]
Il [un mulet] marchait d'un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette [LA FONT., Fabl. I, 4]
L'archer Voit le long d'un sillon une perdrix marcher [ID., ib. VIII, 27]
Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre [MOL., Tart. I, 1]
J'ai vu les filles de Sion la tête levée, marchant d'un pas affecté, avec des contenances étudiées [BOSSUET, la Vallière.]
Illustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais, en marchant, fait un pas en arrière [BOILEAU, Lutr. V]
L'estropié marcha, l'aveugle ouvrit les yeux [ID., Sat. XI]
De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air, Qui marchent sur la terre, ou nagent dans la mer [ID., ib. VIII]
Levez la tête ; encor ; soyez droite ; approchez ; Faut-il tendre toujours le dos quand vous marchez ? [REGNARD, le Distr. I, 4]
Tel était vraisemblablement le sort d'un enfant d'environ dix ans, qui vivait parmi les ours, et qu'on trouva en 1694, dans les forêts qui confinent la Lithuanie et la Russie ; il ne donnait aucune marque de raison, marchait sur ses pieds et sur ses mains, n'avait aucun langage et formait des sons qui ne ressemblaient en rien à ceux d'un homme [CONDIL., Traité sens, IV, 7]
Marcher tout seul, se dit d'un enfant qui commence à faire des pas sans aucune aide ou appui. Fig. Marcher tout seul, n'avoir pas besoin d'aide.
Je ne trouve pas bon que vous me remerciiez de l'amitié que j'ai pour lui [mon médecin] ; il marche tout seul, et n'a nul besoin de votre assistance [SÉV., 364]
Familièrement. Marcher comme un Basque, comme un chat maigre, marcher fort vite. Marcher à quatre pattes, marcher sur les mains et sur les pieds, à la manière des quadrupèdes.
On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage [le Discours sur l'inégalité des conditions] [VOLT., Lett. J. J. Rousseau, 30 août 1755]
Marcher à pas de loup, s'avancer avec précaution et sans faire de bruit. Marcher à pas de tortue, marcher avec une excessive lenteur. Marcher à pas de géant, marcher en faisant de grandes enjambées ; et fig. faire des progrès rapides. Fig. et dans un sens très populaire. Faire marcher, mystifier (le sens intermédiaire est : faire faire une course inutile). Fig. Marcher entre des précipices, rencontrer de tous côtés des dangers. On dit de même : marcher entre des écueils.
L'intérêt et l'injustice, toujours mêlés trop avant dans les grandes affaires du monde, font qu'on marche parmi des écueils [BOSSUET, Bourgoing.]
Fig. Marcher sur le bord du précipice, être exposé aux tentations périlleuses, aux chutes, etc.
Crois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle pourra marcher sans que le pied lui glisse ? [BOILEAU, Sat. X]
Activement, en style poétique, marcher des pas, faire des pas.
Je foule autant de cœurs que je marche de pas [ROTR., St Genest, II, 3]
Oh ! qu'ils boivent dans cette goutte [d'eau] L'oubli des pas qu'il faut marcher ! [LAMART., Joc. IX, 293]
On a dit, poétiquement aussi, marcher, en parlant des pas.
Est-ce que vous pouvez, sans tristesse et sans plainte, Voir nos ombres flotter, où marchèrent nos pas ? [V. HUGO, Rayons et ombres, XXXIV]
Terme de danse. Marcher, faire, dans le cours d'une danse, quelques pas qui ne sont que des pas de marche. Terme d'escrime. Porter en avant le pied droit, puis le pied gauche, en gardant entre deux la même distance. Marcher à grands pas, laisser un espace de huit pouces environ entre les pieds. Trop marcher, approcher de trop près de son adversaire.
Terme de manége. Marcher en avant se dit de l'action du cavalier pour déterminer un cheval à continuer sa même allure, quand il paraît vouloir la ralentir. Marcher large, faire suivre le mur du manége au cheval. Marcher de côté, se dit du cheval qui fuit le talon ou les jambes. Marcher l'amble, prendre l'allure ainsi nommée.
Plus.... mieux le cheval marche l'amble [BUFF., Cheval.]
Terme de vénerie. On dit qu'un cerf marche bien quand le pied de derrière est bien placé sur le talon du pied de devant et que les allures sont bien croisées.
Terme de marine. Faire du chemin. Ce vaisseau marche bien, marche mal. Marcher dans les eaux d'un autre vaisseau, faire même route que lui, passer incontinent après lui là où il a passé. Fig. Marcher dans les eaux de quelqu'un, l'appuyer, le seconder. Marche avec ! commandement pour que les marins saisissent un cordage et produisent leur effort en marchant ensemble au pas.
Marcher devant, précéder. Il marchait devant, les autres suivaient. Il se dit aussi de choses qui vont devant.
Ce n'est pas sans raison que je fais marcher ces vers à la tête de l'Œdipe, puisqu'ils sont cause que je vous donne l'Œdipe [CORN., Œdipe, au lecteur.]
Dieu fait marcher l'épouvante devant eux [BOSSUET, Hist. III, 7]
Nos plus riches trésors marcheront devant nous [dans notre fuite vers un asile] [RAC., Esth. III, 1]
Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux [Éliacin et un autre] ? [ID., Athal. IV, 1]
Dans le langage biblique, il se dit de Dieu, à qui l'on prête des mouvements humains.
Je marcherai devant toi dans les combats ; à ton approche je mettrai les rois en fuite [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
C'est lui [Dieu] qui, m'excitant à vous oser chercher, Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher [RAC., Esth. I, 3]
'avancer de quelque manière que ce soit, à pied, à cheval, en voiture ou autrement. Cet homme marche toujours bien accompagné. Nous avons marché à la fraîcheur pour ne pas fatiguer nos chevaux.
Marchez, courez, volez où l'honneur vous appelle [BOILEAU, Lutr. III]
Debout, dit l'avarice, il est temps de marcher [ID., Sat. VIII]
Voilà nos alliés, marchons de ce côté [RAC., Mithr. I, 3]
Quand on dit que Vénus, la déesse de la beauté, ne doit point marcher sans les Grâces, on dit une vérité charmante [VOLT., Dict. phil. Figure.]
Mme des Ursins avait marché toute la nuit ; un profond silence régnait dans le carrosse ; elle ne pouvait se persuader ce qui lui arrivait [DUCLOS, Louis XIV, Œuvres, t. V, p. 87]
10° Marcher à, s'avancer vers. Il marcha à la mort avec un grand courage.
Et qu'élevé si haut, mais sur un précipice, S'il ne montait au trône, il [le duc de Guise] marchait au supplice [VOLT., Henr. III]
Je refuserais pour mon gendre le plus riche parti de France, qui ne pourrait pas prouver que ses ancêtres ont marché aux premières croisades [DESTOUCHES, Fausse Agn. I, 1]
11° Se mouvoir, en parlant des troupes. L'armée marchait en ordre de bataille.
Pour assembler et faire marcher ces nobles régiments [SÉV., 558]
Vitellius, quand il passa dans cette province [la Judée] pour porter la guerre en Arabie, fit marcher ses troupes sans enseignes [BOSSUET, Hist. II, 9]
Intrépides soldats, Marchons en invoquant l'arbitre des combats [RAC., Athal. IV, 3]
L'empereur lui-même, avant que le jour du 19 octobre l'éclaire, sort de Moscou, il s'écrie : marchons sur Kalougha, et malheur à ceux qui se trouveront sur mon passage ! [SÉGUR, Hist. de Nap. VIII, 11]
En avant, marche, commandement à une troupe de se mettre en mouvement. Marcher au pas, marcher en suivant la cadence du pas militaire.
Conscrits, au pas, Marchez au pas [BÉRANG., Vieux cap.]
Ce régiment, ce corps marche, il fait la campagne. Faire marcher, signifie quelquefois imposer un service militaire. On fit marcher la garde nationale.
Ce n'est que dans les besoins pressants qu'on fait marcher les esclaves, les étrangers établis dans l'Attique, et les citoyens les plus pauvres [BARTHÉL., Anach. ch. 10]
12° Il se dit de la manœuvre que fait un corps de troupes, un général.
M. de Turenne nous écrit qu'il est sur le point de se déclarer pour le parti ; qu'il n'y a plus que deux colonels dans son armée qui lui fassent peine ; qu'il s'en assurera d'une manière ou d'autre avant qu'il soit huit jours, et qu'à l'instant il marchera à nous [RETZ, Mém. t. I, livre II, p. 367, dans POUGENS]
Elle marche comme un général à la tête d'une armée royale [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Marchons, et dans son sein renvoyons cette guerre Que sa fureur [de Rome] envoie aux deux bouts de la terre [RAC., Mithr. III, 1]
Babylone, seigneur, à son prince fidèle, Voyait, sans s'étonner, notre armée autour d'elle ; Les Persans rassemblés marchaient à son secours [ID., Baj. I, 1]
Il prit la résolution de marcher aux ennemis [HAMILT., Gramm. 5]
Solamir veut tenter le destin des batailles ; Nous marcherons à lui [VOLT., Tancr. III, 5]
Le général Fairfax ne voulut point marcher contre l'Écosse [ID., Mœurs, 181]
13° Marcher sous, se dit d'une troupe qui obéit à un chef.
Sous ce chef redouté Marche des cuirassiers l'escadron indompté [BOILEAU, Ép. IV]
Ses soldats a battus, Ne marchant plus sous lui, semblaient déjà vaincus [VOLT., Henr. IX]
Marcher sous les lois de, être soumis à.
Sous les lois du plus jeune on vit marcher l'aîné [CORN., Nicom. II, 3]
Dans un camp où tout vous est soumis.... Où je vois sous vos lois marcher la Grèce entière [RAC., Iph. III, 1]
Quoiqu'à regret, seigneur, ils [les janissaires] marchent sous ses lois [d'Amurat] [ID., Baj. I, 1]
14° Tenir un certain rang dans les cérémonies. Les ducs et pairs marchaient anciennement dans l'ordre de leur réception.
Il dira toujours qu'il marche après la maison régnante et, à force de le dire, il sera cru [LABRUY., VIII]
15° Dans le style élevé ou poétique, il n'est quelquefois qu'une forme emphatique du verbe être.
Mais en vain pour un temps une taxe l'exile [un partisan] ; On le verra bientôt, pompeux, en cette ville, Marcher encor chargé des dépouilles d'autrui [BOILEAU, Sat. I]
Déserteur de leur loi [des Hébreux], j'approuvai l'entreprise, Et par là de Baal méritai la prêtrise ; Par là je me rendis terrible à mon rival, Je ceignis la tiare et marchai son égal [RAC., Ath. III, 4]
16° Faire un service, en parlant de voiture, de chemin de fer. Cette voiture publique marche deux fois la semaine, La neige qui est tombée empêche le chemin de fer de marcher.
17° Il se dit des choses qui se meuvent. Saturne est une des planètes qui marchent le plus lentement.
Tel qu'à vagues épandues Marche un fleuve impérieux, De qui les neiges fondues Rendent le cours furieux [MALH., II, 2]
Les rivières sont des chemins qui marchent, et qui portent où l'on veut aller [PASCAL, Pens. VII, 37, éd. HAVET.]
18° Marcher, se dit d'un mécanisme qui fonctionne. Le moulin ne marche pas. Une montre qui marche.
Avec mon pistolet le cordon s'embarrasse, Fait marcher le déclin : le feu prend, le coup part [CORN., Ment. II, 5]
On l'a dit, par extension, du mouvement du pouls.
Le feu sort de vos yeux pétillants et troublés, Votre pouls inégal marche à pas redoublés [BOILEAU, Ép. III]
Fig.
Il faut prêter la main à un système, avant qu'il soit en état de marcher de lui-même, [, Lett. sur le nouv. syst. de finances, dans DESFONTAINES]
19° Il se dit du temps qui passe.
Le temps, qui toujours marche, avait pendant deux nuits Échancré, selon l'ordinaire, De l'astre au front d'argent la face circulaire [LA FONT., Fabl. XI, 6]
Que le temps qui s'enfuit marche à pas lents pour nous ! [DUCIS, Macbeth, III, 2]
20° Fig. Aller selon un certain progrès, en bien ou en mal, en parlant des personnes. Nous marchons tous à la mort. Marcher hardiment à son but.
Il marche au sacrilége avec impunité [VOLT., Sémir. V, 2]
Richelieu, Mazarin, ministres immortels, ....Marcheront à grands pas au pouvoir despotique [ID., Henr. VII]
En vérité, on marche de surprise en surprise [PICARD, Capitaine Belronde, II, 11]
S'avancer dans une certaine voie.
Afin que nous marchions en assurance dans le chemin du salut [BOURDAL., 7° dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 52]
La vieillesse chagrine incessamment amasse.... Marche en tous ses desseins d'un pas lent et glacé [BOILEAU, Art p. III]
Les peuples à l'envi marchent à ta lumière [RAC., Athal. III, 7]
21° Agir.
D'abord marcher sourdement et ne point troubler leur sincérité [DIDER., Père de famille, IV, 13]
Marcher droit, être irréprochable dans sa conduite, ne pas commettre de faute.
Vous devez marcher droit pour n'être pas berné [MOL., Éc. des f. I, 1]
Avecque don Bertrand il faut marcher bien droit [TH. CORN., D. Bertr. de Cigarral, I, 2]
Marchez bien droit et bien sûrement, monseigneur, dans l'affaire de Mme de Mondouville [MAINTENON, Lett. au card. de Noailles, 11 janv. 1706]
Je le ferai marcher droit, je l'empêcherai de s'écarter de son devoir. Marcher d'un même pas dans une affaire, agir de concert. Marcher à tâtons, marcher en aveugle dans une affaire, agir sans avoir les lumières nécessaires pour s'y bien conduire.
C'est ainsi que nous vivons et que nous marchons en aveugles, ne sachant où nous allons, prenant pour mauvais ce qui est bon, prenant pour bon ce qui est mauvais, et toujours dans une entière ignorance [SÉV., à Bussy, 15 déc. 1683]
Dans le langage biblique et élevé, marcher dans, suivre pour guide.
Ils n'ont point gardé l'alliance faite avec Dieu, et n'ont point voulu marcher dans sa loi [SACI, Bible, Psaume CLXXVII, 10]
Je ne marche point dans de vastes pensées [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Il [Dieu] fait un nouveau pacte avec David, et s'oblige de le protéger lui et les rois ses descendants, s'ils marchent dans les préceptes qu'il leur a donnés par Moïse [ID., Hist. II, 4]
Les fidèles alors y jouissaient de la paix, marchant dans la crainte du Seigneur et s'édifiant mutuellement [CONDILLAC, Hist. anc. XV, 5]
Mais moi, fils du désert.... Sans crainte, sans remords, avec simplicité Je marche dans ma force et dans ma liberté [DUCIS, Othello, II, 17]
22° Il se dit des choses qui font un certain progrès en bien ou en mal. Les choses marchent vers une solution. Cet État marche à sa ruine. Ces deux affaires marchent de front.
À l'instant le parti est pris [dans une affaire militaire] : il commande et il agit tout ensemble, et tout marche en concours et en sûreté [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie [BOIL., Art p. I]
Le monde avec lenteur marche vers la sagesse [VOLT., Lois de Minos, III, 5]
Les devoirs et les affaires sérieuses marchent avant tout [ID., Lett. prince roy. de Prusse, 1er janv. 1739]
Tel est l'arrêt du sort, tout marche à son déclin [DELILLE, Georg. I]
Il paraît que l'affaire marche à merveille [PICARD et MAZÈRES, Trois quartiers, I, 12]
Cette affaire ne marche pas, elle ne fait aucun progrès vers une terminaison. Absolument. Être en progrès. La civilisation marche. Le monde marche.
23° Fig. Il se dit des choses auxquelles on prête un mouvement comme si elles étaient animées.
La gloire que V. A. s'est acquise en cette dernière campagne marchera au premier rang des événements les plus illustres de notre siècle [ARN. D'ANDILLY, Lett. CXXIV]
Que la crainte et la terreur marchent avec vous [MONTESQ., Lett. pers. 148]
Marcher ensemble, se dit de choses qui sont compatibles entre elles.
Il est difficile d'être équitable et conquérant en même temps, et je vois bien que la vaillance et la justice sont deux vertus qui ne marchent guère ensemble [VOIT., Lett. 83]
Ne pas marcher sans, en parlant des choses, être accompagné de.
Les grands talents ne marchent point sans une forte inclination pour tout ce qui se rapporte à leur objet [MAIRAN, Éloges, card. de Polignac.]
24° Fig. Il se dit du progrès dans le développement d'une pièce de théâtre, d'un roman, d'un écrit. Ce discours, ce poëme marche bien. L'action de ce drame ne marche pas.
Ainsi la tragédie agit, marche et s'explique [BOILEAU, Art p. III]
Un poëme excellent où tout marche et se suit [ID., ib.]
Que l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une scène vide [ID., ib.]
Marcher, se dit du style dans un sens analogue.
Vous écrivez comme un ange ; je lis vos lettres avec admiration ; cela marche, vous arrivez [SÉV., 1er déc. 1675]
Le style [des cantiques]... qui marche par de vives et impétueuses saillies, affranchi des liaisons ordinaires... [BOSSUET, Hist. II, 3]
Son style impétueux souvent marche au hasard [BOILEAU, Art p. III]
Le vers, comme un torrent, en grondant doit marcher [DU RESNEL, Harm. imitative.]
Ces vers marchent bien, le mouvement en est facile.
25° Terme de musique. Se dit de la succession des sons et des accords qui se suivent dans un certain ordre.
J'ai gardé toujours une affection tendre pour un certain air du Conditor alme siderum qui marche par ïambes [J. J. ROUSS., Confess. III]
26° Fig. et familièrement. Y marcher, se dit de choses qu'on emploie. Nous avons beaucoup de monde à dîner, il faut que toute la vaisselle y marche, que tous les poulets de la basse-cour y marchent.
Vous êtes toujours trop regrettée et tendrement souhaitée dans cette petite chambre ; le café y marche tous les matins [SÉV., 11 oct. 1688]
Quand l'argent marche, tout va bien. Quand on veut bien employer l'argent dans une affaire, elle réussit.

REMARQUE

  • Corneille a dit : Va marcher sur leurs pas où l'honneur te convie, Cinna, I, 3. Voltaire a relevé cette locution : " On ne dit pas plus allons marcher qu'allons aller " . Mais M. Gérusez objecte qu'on dit bien va courir, et que rien n'empêche de dire va marcher. Béranger n'a-t-il pas dit : Voir c'est avoir ; allons courir, Vie errante Est chose enivrante, Bohém.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Que li chevax marcha le fust Qui tenoit la porte de fer [CHRESTIEN DE TROIES, Cheval. au lion, V. 949]
  • XIIIe s.
    Comme l'on plus marcoit la flor, Tant en issoit plus bone odor [, Partonop. V. 10833]
    La pucele velz [tu veux] aler querre, Qui fut proiée en autre terre ; Ceste terre est molt convoitiée, Et sovent de gerre [guerre] marchiée [, Flore et Blanchefl. p. 176, édit. DU MÉRIL]
    Par la cheveçaille l'a pris, Come cil qui est d'ire espris ; Contre terre l'a trebuchié, Sor le ventre li a marchié, Durement li fole la pance [, Ren. 4692]
    Pour la maladie des vers garir (à vos iex [yeux] la veeiz, à vos piez la marchiez), la meilleur herbe qui soit elz quatre parties dou monde, ce est l'ermoize [RUTEB., I, 257]
  • XIVe s.
    Tantost que Jehan de Lorme oy la frainte et les marchies desdiz jeunes gens au dit jardin [DU CANGE, marcheriae.]
  • XVe s.
    Lieve toi, alons nous esbatre, Marcir la rousée et abatre, Dont l'oudour est trop plus propisce, Et mieuls vault que de mille espices [FROISS., Poésies mss. p. 353, dans LACURNE]
    Si allay tout seul et ainsi Que l'ay de coustume, et aussi Merchai l'herbe poignant menue [A. CHART., le Livre des quatre dames, p. 594]
    L'un lui presente beaux moz plaisans et gracieux, l'autre lui marche dessus le pié ou lui estraint la main [, Les 15 joies de mariage, p. 19]
  • XVIe s.
    Cinq ou six mil Suisses lors passerent Devant le roi, marchans fiers soubz la picque [J. MAROT, V, 101]
    Voyre, et Dieu scet quant passoient par devant, S'ilz se marchoient fiers comme ung poursuyvant [ID., V, 102]
    Lequel [Cupidon] pour son devis Au poing tenoit un arc riche tendu, Le pied marché et le bras estendu, Prest de lascher une fleche aiguisée [MAROT, I, 170]
    Ilz marcherent incontinent en bataille le grand pas contre les barbares [AMYOT, Arist. 33]
    Et quand et quand feit marcher le reste de ses gens le chemin de Platées [ID., ib. 39]
    La tigre à qui on a derobé les petits fants, ne la vipere estant marchée sur la queue, ne sont plus terribles qu'une femme offensée [YVER, 569]
    Il marcha son armée en Lombardie, où il fit de braves gestes [CARLOIX, I, 34]
    Depuis la feste Saint Martin jusques à la Notre Dame de mars [les pâturages] sont communs en la ditte chastellenie ; et peuvent marcher et pasturer l'un dans l'autre [, Coust. génér. t. II, p. 474]

ÉTYMOLOGIE

  • Espagn. marchar ; ital. marciare ; allem. marschiren. Ces trois mots sont formés du français ; mais d'où vient le français lui-même ? Diez pense que marcher est proprement aller de marche en marche, et par conséquent il le fait venir de marche, frontière. D'autres l'ont tiré de mercari, commercer, à cause que le commerçant va de lieux en lieux ; d'autres enfin, de l'ancien allemand march, cheval. Toutes ces étymologies ont été mises à néant par Scheler, qui, à l'aide d'exemples du XIIe siècle et du XIIIe, a montré que le sens le plus ancien de marcher est presser avec le pied, mettre le pied sur. À ce sens on ne peut arriver ni de marche, frontière, ni de mercari, ni de march. À la vérité, on a dit marcher et marchir, comme le prouvent l'exemple du XIVe siècle [les marchies, les foulées, les pas], et celui de Froissart ; et marchir, venant de marche, frontière, a signifié être avoisinant ; mais ce n'est qu'une similitude fortuite. Allant plus loin, Scheler pense que marcher, presser du pied, et marc, résidu d'une chose pressée, ont le même radical, et que ce radical est dans le latin marc-us, marc-ulus, marc-ellus, marteau (voy. à MARC 2 une autre conjecture). L'hypothèse qui rattache marcher et marc est certainement ingénieuse, probable même ; mais ce sera toujours une hypothèse, tant qu'on ne trouvera pas soit dans marcher quelque sens positif qui se rapproche de marc, ou dans marc quelque sens qui se rapproche de marcher. En Normandie, on dit : marcher une terre, un bois, les parcourir en tous sens, afin d'en examiner l'état.

MARCHER2

(mar-ché ; l'r ne se prononce et ne se lie jamais) s. m.
La manière dont on marche.
Ne te donna-t-on pas des avis, quand la cause Du marcher et du mouvement, Quand les esprits, le sentiment, Quand tout faillit en toi ? [LA FONT., Fabl. VIII, 1]
Un rat des plus petits voyait un éléphant Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent De la bête de haut parage [ID., Fabl. VIII, 15]
Ah ! monsieur, c'est un spectre, je le reconnais au marcher [MOL., Festin, V, 5]
Tous les marchers, toussers, éternuers, sont différents [PASC., Pens. XXV, 63, édit. HAVET.]
Les vieilles même, au marcher symétrique, Des ans tardifs ont oublié le poids [GRESSET, Vert-Vert, III]
L'endroit où l'on marche, relativement au plus ou moins de facilité qu'on a d'y marcher.
Comment le parfum des fleurs, le charme de la verdure, l'humide vapeur de la rosée, le marcher mol et doux sur la pelouse, enchanteront-ils les sens ! [J. J. ROUSS., Émile, III]
Nous avions sous nos pieds un marcher doux, commode et sec [ID., Hél. IV, 11]
Terme de chasse. Faux marcher, se dit de la biche qui biaise en marchant, et du cerf après qu'il a mis bas son bois.

HISTORIQUE

  • XVIe s.
    Martius seul, ny en sa contenance, ny en son marcher, ny en son visage, ne se montra onques estonné ny ravalé de courage [AMYOT, Cor. 32]

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    MARCHER.
    Ajoutez :
  • Ne pas se laisser marcher sur le pied, n'être pas endurant.
  • 27° S. m. Le marcher, l'action de marcher.
    Le seoir est aussi naturel que l'être debout ou le marcher [MALH., Lexique, éd. L. Lalanne.]

    REMARQUE

      Ajoutez :
    • 2. Bien que le sens primitif de marcher, comme on peut le voir à l'historique et à l'étymologie, soit fouler, presser, cependant on le trouve avec son sens actuel dans le courant du XIIIe siècle :
      En grant martire estoit ses cors, Et jambe et pié avoit porri ; Qui lui donast tout Montorri Ne tout l'avoir d'une grant terre, Ne marchast il deux pas à terre [GAUTIER DE COINSY, les Miracles de la sainte Vierge, page 181, éd. abbé Poquet.]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

marcher

MARCHER. v. intr. S'avancer d'un lieu à un autre par le mouvement des jambes. Marcher en avant, en arrière, à reculons, Marcher posément, doucement, rapidement, fièrement. Marcher à grands pas, à petits pas, à pas comptés, à tâtons, sur la pointe du pied. Marcher au hasard. Cet enfant ne marche pas encore. Il commence à marcher tout seul. Marcher avec une canne, avec des béquilles.

Fam., Marcher comme un Basque, comme un chat maigre, Marcher fort vite.

Fam., Marcher à quatre pattes, Marcher sur les mains et sur les pieds.

Fig. et fam., Marcher à pas de loup, Marcher avec précaution et sans faire de bruit; Marcher à pas de tortue, Marcher avec une excessive lenteur; et Marcher à pas de géant, Marcher en faisant de grandes enjambées. Marcher à pas de géant se dit, surtout figurément, dans le sens de Faire un progrès rapide. Cet homme marche à pas de géant à la gloire, à la fortune, etc.

Marcher sur quelque chose, Mettre le pied dessus en marchant, ou simplement Poser le pied dessus. Marcher sur le pavé, sur l'herbe, sur des tapis. Marcher sur le pied de quelqu'un. Marchez sur ces étincelles qui risquent de mettre le feu. Prenez garde où vous marchez.

Fig. et fam., Il ne faut pas lui marcher sur le pied, il ne se laisse pas marcher sur le pied, se dit d'un Homme susceptible qu'il est dangereux de choquer.

Fig., Marcher sur les pas, sur les traces de quelqu'un, Imiter ses actions, suivre ses exemples.

Fig. et fam., Marcher sur les talons de quelqu'un, Le suivre de très près. Je vous annonce qu'il arrive; il marche sur mes talons.

Fam., Il marche, il est toujours sur mes talons, Il me suit partout, il m'importune en ne me quittant pas.

Marcher sur les talons de quelqu'un s'emploie aussi dans un sens plus figuré et signifie alors Suivre quelqu'un de près pour l'��ge, ou la fortune, ou les succès.

Fig., Marcher sur des épines, Être dans une conjoncture difficile.

Fig., Marcher sur des charbons ardents, Traiter un sujet délicat ou dangereux, où l'on a sans cesse à craindre de se créer des inimitiés et des ennuis.

Fig. et fam., On marche sur les mauvais plaisants, sur les sots, Ils sont en très grand nombre.

Prov. et fig., Il a marché sur quelque mauvaise herbe, Il lui est arrivé quelque chose qui le met de mauvaise humeur. On dit aussi d'un Homme qui est de mauvaise humeur, sans qu'on sache pourquoi : Sur quelle herbe a-t-il marché aujourd'hui?

Fig., Marcher entre des précipices, Rencontrer de tous côtés des dangers.

MARCHER signifie aussi S'avancer de quelque manière que ce soit, à pied, à cheval, ou autrement. Nous étions les uns à cheval, les autres en voiture, nous avons marché toute la nuit, nous avons marché de compagnie. Nous avons marché à la fraîche, pour ne pas fatiguer nos chevaux.

Il se dit particulièrement des Mouvements des troupes, des armées. L'armée commença à marcher. Faire marcher l'infanterie, la cavalerie. Marcher à l'ennemi. Marcher de front. L'armée marchait en ordre de bataille, marchait sur trois colonnes.

L'impératif singulier Marche sert de commandement militaire, même quand on s'adresse à une troupe. En avant, marche!

Ce régiment, ce corps marche, Il fait la campagne.

MARCHER signifie encore Tenir un certain rang dans les cérémonies. Le corps diplomatique marchait en tête du cortège. Les ducs et pairs marchaient anciennement dans l'ordre de leur réception.

En termes de Marine, Marcher dans les eaux d'un vaisseau, Faire la même route que lui.

Fig., Marcher dans les eaux de quelqu'un, Le seconder.

MARCHER s'emploie figurément en parlant des Personnes, et il exprime en général une idée de Progrès. Il marche hardiment à son but, vers son but. Marcher aux dignités, aux honneurs, à la fortune, à la gloire, à l'immortalité. Nous marchons tous d'un pas égal vers la mort.

Fig., Marcher droit, Être irréprochable dans sa conduite, franc dans ses procédés. Il ne marche pas droit dans cette affaire, Il n'agit pas de bonne foi dans cette affaire. Je le ferai marcher droit, Je l'empêcherai de s'écarter de son devoir, je l'obligerai à se bien conduire.

Marcher d'un même pas dans une affaire, Agir de concert, avec les mêmes sentiments.

Il se dit souvent des Choses inanimées qui se meuvent ou que l'on met en mouvement. Ce vaisseau marche bien. Cette voiture publique marche deux fois la semaine, marche la nuit et le jour. Les trains ne marchent pas encore sur cette partie de la ligne. Les autobus marchent dès sept heures. Les bateaux ne marchent plus sur cette rivière, à cause de la crue. Cette horloge, cette montre marche bien, marche mal, ne marche plus. Les rivières sont des chemins qui marchent.

MARCHER se dit aussi figurément des Choses. Le temps marche avec rapidité. Cet État marche à sa ruine. Ces deux affaires marchent de front. Cette affaire marche toute seule, ne marche pas.

L'action de ce drame ne marche pas, marche lentement, Elle n'avance pas, ou n'avance pas assez vite vers le dénouement.

Bien marcher, Avoir du succès. Cela a bien, a très bien marché.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

marcher

Marcher, Ambulare, Gradi, Gradum facere, Gradum tollere, Ingredi, Pergere, Vestigium facere, Viam inuadere, Viam facere.

Ils marchent en bataille en gros et serrez, Conferti ad pugnam gradiuntur. Liu. lib. 23.

Aller ou marcher avant, Progredi, Pergere viam.

J'ay marché avant dedans le pays de Macedoine quelque journées, Aliquorum dierum viam in Macedoniam perrexi.

Venez et marchez avant, Procedite in medium.

De tant que je marche plus avant, Quicquid progredior.

Marcher avec aucun, Gradum cum aliquo conferre.

Marchez avec les enseignes droict contre les ennemis, Signa ferre.

Je marcheray avec, Contollam gradum.

Marcher aussi fort qu'un autre, Gradum conferre.

Marcher à l'encontre de son ennemy, Gradum conferre cum hoste. B. ex Liuio.

Les Antipodes marchent au contraire de nous, Stant aduersis vestigiis contra nostra vestigia Antipodes.

Marcher devant, Antegredi.

Marcher avec gravité, Magnifice incedere, Inferre se.

Marcher orgueilleusement, et faire grands pas, Grassari.

Marcher outre, Procedere.

Marcher par dessus, Supergredi.

Marcher roide, Celerius ire.

Marcher de roideur sans s'arrester, Contentius ambulare.

Marcher sur quelque chose, et fouler aux pieds, Conculcare.

Il a marché sur un serpent, Anguem pressit humi nitens.

Marche viste, Congredere actutum.

Qui marche en dehors, Valgus.

S'advancer de marcher, Gradum inferre.

Defendre de marcher par quelque lieu, Vestigiis interdicere.

Se marcher, Inferre se, Incedere.

Se marcher les poulces à la ceincture, Alis subnixis se inferre. B.

Marcher à la Bretaigne.

Le marcher d'aucun, Incessus, huius incessus.

Ce pays marche au Royaume de, etc. id est, touche, est confin.

Tous les Barons qui marchoient, id est, desquels les terres estoient sur les marches.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

marcher


MARCHER, v. n. et s. m. [Marché: 2e é fer.] 1°. Aler, s'avancer d'un lieu à un aûtre par le mouvement des pieds. "Marcher doucement, pesamment, fièrement, à pas comptés, à pas de loup, etc. "Cet enfant ne marche pas encôre. = 2°. Marcher, signifie quelquefois s'avancer, de quelque manière que ce soit. Ainsi l'on dit que l'armée marche, que des troupes marchent, quoiqu'il y ait un grand nombre de cavaliers. = 3°. Aler suivant un certain ordre. "Les Princes du Sang marchent avant les Ducs = 4°. S. m. La manière, dont on marche. "Je l' ai reconu à son marcher.
   Rem. Ce verbe précède quelquefois le nominatif. "À~ une certaine distance marchoit une multitude innombrable, tant de chrétiens que d'infidèles. Let. Édif. = Employé au figuré, il régit la prép. à. "Marcher à la victoire. "La nature te fit un front élevé: obéis à sa voix: marche aux grandeurs où le Ciel t'appelle. Jér. Dél. = Quelquefois aussi il régit le nominatif de certains noms, comme être, devenir. "Je sais que, jeune encôre, il (M. de Condorcet) a marché le rival, et presque l'égal des Fontaine, des Bernoulli, des Euler, Ann. Lit. Voyez des vers, au mot ÉGAL. = * On dit travailler d'aprês un modèle; mais on doit dire au figuré, comme au propre, marcher aprês, et non pas d'aprês. "Il vaut beaucoup mieux marcher d'aprês les bons modèles, que de s'obstiner à créer des monstres bisârres. Sabat. Dites marcher aprês, ou, mieux encôre, suivre, imiter.
   MARCHER se combine avec plusieurs noms dans le st. figuré famil. — Marcher droit, faire bien son devoir. — Marcher entre des précipices, se trouver dans des conjonctûres dificiles et périlleûses. — Une~ afaire ne marche point, n'avance point. — Elle marche toute seule, quand on n'a pas besoin de soins, de sollicitations pour la faire réussir. — Ce Poème, ce discours marche bien, ils sont bien suivis: l'ordre en est bon: la disposition est juste. — Marcher sur les pas de... imiter. — Marcher à grands pas aux dignités, doner à croire qu'on y parviendra bientôt. = On dit d'une fille, qu'elle marche sur les talons de sa mère, qu'elle est déjà à un âge où sa mère doit songer à l'établir; et qu'elle marche sur les talons de sa soeur ainée, qu'elle la suit de fort prês.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

marcher

verbe marcher
1.  Mettre un pied devant l'autre.
2.  Poser les pieds sur.
3.  Faire une promenade.
4.  Se dérouler correctement.
avorter, capoter, échouer -familier: louper, rater -populaire: foirer.
5.  Fonctionner (machine).
6.  Familier. Faire preuve de crédulité.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

marcher

gehen, laufen, marschieren, tretenwalk, march, run, work, step, go, operate, tread, ambulate, follow, funcionarlopen, marcheren, wandelen, werken, tippelen, erin lopen, erin trappen, functioneren, meedoen, oprukken, rijden, voortgaan, doen, gaan, stappenדרך (פ'), הלך (פ'), הלך ברגל, הפסיע (הפעיל), התהלך (התפעל), פסע (פ'), פעל (פ'), צעד (פ'), הָלַךְ, הִתְהַלֵּךְ, פָּסַע, פָּעַל, צָעַדstapcaminar, marxarchodit, jítgå, marcheremarŝicaminar, marcharmarssia, kävelläcamminare, funzionare, marciare, procedereandar, caminhar, marcharmergeходить, наступить, идтиgå, löpayürümekπερπατώيَـمْشِيšetati歩く걷다chodzićเดินđi bộ (maʀʃe)
verbe intransitif
1. aller à pied Je préfère marcher plutôt que de prendre le métro.
2. fonctionner Le téléphone ne marche plus.
3. réussir, aller bien Notre plan a marché. Son entreprise marche bien.
4. faire croire qqch à qqn
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

marcher

[maʀʃe] vi
[personne] → to walk
Elle marche cinq kilomètres par jour → She walks 5 kilometres every day.
Elle marchait devant → She was walking in front.
marcher sur [+ gazon, l'asphalte] → to walk on; [+ clou] → to step on; [+ crotte de chien] → to step in
marcher dans [+ herbe] → to walk on; [+ flaque] → to step in
(MILITAIRE) [armée] → to march
marcher sur [+ ville, pays] → to march on
(= aller) [affaires, santé] → to go (= bien aller) → to go well
Comment marchent les affaires?
BUT How's business?.
Est-ce que les affaires marchent actuellement? → Is business going well at the moment?
Alors les études, ça marche? → How are you getting on at school?
marcher comme sur des roulettes → to go smoothly, to go without any hitches
(= fonctionner) [appareil] → to work; [transports] → to run
Est-ce que l'ascenseur marche? → Is the lift working?
Le métro marche normalement aujourd'hui → The underground is running normally today.
(= se mouvoir) [véhicule, train] → to go
Le convoi marchait à vive allure → The convoy was going fast., The convoy was moving fast
(= être d'accord) → to go along, to agree
marcher dans la combine → to play the game
Il a refusé de marcher dans la combine → He wouldn't play the game.
(croire naïvement) → to be taken in
faire marcher qn (pour rire) → to pull sb's leg
Il essaie de te faire marcher → He's pulling your leg.; (pour tromper) → to lead sb up the garden path
marché unique nmsingle market
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005