courir
courir
v.i. [ du lat. currere ]courir
Participe passé: couru
Gérondif: courant
Indicatif présent |
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je cours |
tu cours |
il/elle court |
nous courons |
vous courez |
ils/elles courent |
COURIR
(kou-rir) , je cours, tu cours, il court, nous courons, vous courez, ils courent ; je courais ; je courus, nous courûmes ; je courrai ; je courrais ; cours, courez, courons ; que je coure, que tu coures, qu'il coure, que nous courions ; que je courusse ; courant ; couru, courue v. n.REMARQUE
- 1. S'en courir a été usité dans le XVIIe siècle. Il s'en court en disant : à Dieu me recommande [RÉGN., Sat. X]Mon esprit agité Douteux s'en court de l'une à l'autre extrémité [ID., Élég. 2]À la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus [LA FONT., Fabl. VIII, 2]L'associé des frais et du plaisir S'en court en haut [ID., Quiproquo]Ce discours fut à peine proféré Que l'écoutant s'en court... [ID., aveux]Des grammairiens ont condamné cette locution comme fautive c'est à tort ; elle est aussi correcte que s'en aller ou s'enfuir. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elle est archaïque et tombée en désuétude.
- 2. On trouve dans quelques auteurs courir v. n. conjugué avec l'auxiliaire être. Je suis courue ici [SÉV., 489]J'y suis courue en vain, ç'en était déjà fait [RAC., Théb. V, 2]J'y suis couru [ID., Bérén. II, 1]Les grammairiens condamnent cet emploi, disant que courir exprimant une action ne peut recevoir l'auxiliaire être. Mais venir exprime aussi une action et ne s'en conjugue pas moins avec l'auxiliaire être. Ici encore l'usage est pour l'auxiliaire avoir ; l'auxiliaire être est très peu usité, mais est également correct ; dans l'ancienne langue il était de plein usage.
- 3. L'usage trouve cours-je ? trop dur, ou du moins (car courge a le même son et n'est pas rejeté) nous ne sommes pas habitués à renverser ainsi les verbes monosyllabiques ; on tourne la phrase en : est-ce que je cours ?
HISTORIQUE
- XIe s. Si s'en commourent tote la gent de Rome ; Plus tost i vint ki plus tost i peut curre [, St-Alexis, CIII][Il] Plus curt à pied que ne fait un cheval [, Ch. de Rol. LXIX]Puis sont montez sur leur curanz destriers [, ib. LXXXVIII]Son cheval [il] broche, laisse curre à esforz [, ib. XCI]Rolant [il] regarde, puis si lui est curut [, ib. CLIII]
- XIIe s. Li destrier [il] broche, il cort par tel randon.... [, Ronc. p. 52]Puis [il] laisse corre tout une randonnée [, ib.]Rolant le vit, sel [si le] corut à aider [, ib. p. 96]Par toute Espaigne là où corent mes lois [, ib. p. 122]Tres qu'es chevols lui est li brans [l'épée] coru [, ib. p. 145]Saisne lui corrent sus par vertu et par ire [, Sax. X]L'aigue lui cort du cuer parmi les oilz à rais [, ib. X]Jo n'ai pas trait m'espée, ne jo ne li cur sure [, Th. le mart. 36]Quant l'arcevesque veit que tuit li curent sure [, ib. 107]
- XIIIe s. Les larmes de son cuer corrent de tel ravine, Que ses mantaus en mouille et ses bliaus d'ermine [AUDEFR. LE BAST., Romancero, p. 24]Einsi coururent par mer tant qu'ils vindrent à Cademalée, en un tres pas [cap] qui sied seur mer [VILLEH., LX.]Chascuns i est couru la merveille esgarder [, Berte, III][Une ourse] Qui vers lui s'en venoit courant gueule baée [, ib. XLVI]Courant [elle] vint à sa mere, n'i fit pas long delai [, ib. LVII]Sachiez, ce jour [il] i ot maint grant destrier couru [, ib. CXXXVII]Bruiant et Bernart et Beaucent As armes corent maintenant [, Ren. 26940]Que trop par est ma pance plaine ; Au core [à courir] me faudroit [manquerait] l'alaine [, ib. 20668]Ausinc cuer qui d'amer ne cesse, Ne queurt pas tous jors d'une lesse [, la Rose, 7594]Qui cercheroit jusqu'en Cartage, Et d'Orient en Occident.... Et corust tous jors sans paresce, Tant cum porroit, grant aleüre [, ib. 5399]Lor nature est que doivent corre Por la gent aidier et secorre [, ib. 5201]Ne jà n'aura [le marchand] assés acquis, Se crient [s'il craint] perdre l'avoir acquis, Et queurt après le remanant Dont jà ne se verra tenant [, ib. 5093]Onques mès n'avoie veüe Cele iave [eau] qui si bien coroit [, ib. 115]Encor apartient au baillif que char soit vendue à droit pris, et les autres viandes, et que droites mesures corgent [, Liv. de just. 70]Toutes crient ensemble : Ce soit à Dieu plaisir ! Aus osteus sont corutes por les bordons saisir [, Ch. d'Ant. VIII, 471]Et s'el lait l'an et le jor passer, toz li tans sera courus contre li [BEAUMANOIR, LXV, 17]Autre matiere noz quort sus, si noz soufrerons à tant [nous arrêterons ici] [ID., XLVI, 12]Il sanlleroit qu'il peust plus laissier du quint de son heritage, se li torfès et les detes ne sont si grant que tout y quore [y passe, y soit employé] [ID., XII, 6]Une coustume quort entre les procureurs en la cort de crestienté, laquele ne quort pas en cort laie [ID., LXV, 83]Quant ce fu fait, il le mistrent en la fosse avec son seigneur et avec le cheval tout vif, et puis lancerent sus la fosse planches bien chevillées, et tout l'ost courut a pierres et à terre [JOINV., 266]Et pour ce la renommée couru en estranges terres, dont maint marcheant lessierent à venir en l'ost [renoncèrent à venir] [ID., 217]Mort, vielz et jeunes, nous queurt seure ; Mort nous prent, nous ne gardons l'eure [J. DE MEUNG, Tr. 1345]
- XIVe s. En la maniere que aucuns servans vistes et hastis qui s'en cuerent executer avant que il aient oÿ tout le commandement [ORESME, Eth. 205]Si comme un cheval quant il queurt bien ou porte bien, il est bon [ID., ib. IX, 15]
- XVe s. Le comte de Flandre dit : Je m'esmerveille de ces Anglois qui me queurent sus et prennent mon pays.... [FROISS., II, II, 207]Et fut la cité de Vennes toute courue et robée [après la prise d'assaut] [ID., I, I, 199]Si comme renommée keurt [ID., II, II, 53]Et passerent là une riviere qui y queurt, qui se fiert en l'Escaut, et vient d'amont devers Arleux.... [ID., I, I, 79]En priant Dieu, digne pucelle, Qu'il vous doint longue et bonne vie, Qui vous ayme, ma damoiselle, Jà ne coure sur lui envie [CH. D'ORL., Bal. 102]C'est qu'entre tous court voix et renommée De pis avoir pour le pueple et l'eglise [E. DESCH., Souffrances du peuple.]Male bouche tient bien grand court ; Chascun à mesdire estudie ; Faulx amoureux au temps qui court Servent tous de goliardie [A. CHART., La belle dame sans merci.]Il envoya à Callais trois ou quatre cens hommes qui coururent tout le pays de Boullenoys [COMM., III, 6]Et la riviere couroit entre nous et eux [ID., VIII, 7]Je vous enjoins que vous gardez de jamais courir votre cheval en la vallée [LOUIS XI, Nouv. LII]
- XVIe s. Plustost le Rosne en contre-mont courra [MAROT, I, 225]Lors que la peur aux talons met des ailes, L'homme ne sçait où s'enfuir, ne courre [ID., III, 8]Ce livre court pieça ez mains des gents d'entendement [MONT., I, 206]Ils se coururent sus, l'espée au poing [ID., I, 256]Tout ce qui est soubs le ciel court une loy et fortune pareille [ID., II, 166]Ceulx qui ont abbregé leurs jours à courir toute la terre habitable [AMYOT, Préf. VII, 33]Theseus, voulant courir la mesme fortune que feroient ses citoyens, s'offrit voluntairement à y estre envoyé [ID., Thesée, 19]Quand ilz furent depuis parvenus en aage d'hommes, ilz coururent sus à Tarchetius, et le desfeirent [ID., Rom. 3]Il trouva la riviere si enflée et courant si roide, qu'il ne s'oza approcher du fil de l'eau [ID., ib. 4]Aussi tost qu'ilz apperceurent le signe, ils s'en coururent çà et là enlever les filles des Sabins [ID., ib. 20]Hieron envoya à la feste des jeux olympiques, des chevaux pour courir [ID., Thém. 47]Ici fait son dernier sejour Euchidas qui d'icy courut jusqu'en Delphes, et racourut de là icy en un seul jour [ID., Arist. 50]Il soublagea un peu les debteurs, en retranchant partie des usures qui couroient sur eulx [ID., César, 48]Dès le printemps de l'année que nous courons [D'AUB., Hist. III, 268]Humer et souffler, courir et corner, n'est pas chose à tolerer [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 305]
ÉTYMOLOGIE
- Bourg. cori ; Berry, courre ; picard, keurir ; provenç. et esp. correr ; ital. correre ; du latin currere. L'ancienne conjugaison est courre, corre, reproduisant l'accent latin cúrrere ; c'est de là que vient le futur, je courr-ai ; s'il venait de courir, il serait je courir-ai, les futurs venant de l'auxiliaire avoir combiné avec l'infinitif. Courir provient d'un changement de la conjugaison latine, currire pour cúrrere, changement qui n'est pas rare.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- COURIR. Ajoutez :
courir
Il se dit absolument des Chevaux qui disputent le prix de la vitesse. Ce cheval a couru aux dernières courses. Faire courir signifie Envoyer sur le champ de course des chevaux pour disputer ce prix. Transitivement, Courir le grand prix de Paris.
Il se dit aussi des Épreuves de vitesse de cyclisme, d'automobilisme, de bateaux à rames, à voiles ou à moteurs.
Fig. et transitivement, Courir une carrière, Être engagé dans une profession, une entreprise, etc., où l'on s'efforce d'obtenir des succès, de l'emporter sur ses rivaux. Vous courez une périlleuse carrière. Hortensias et Cicéron couraient la même carrière.
Prov. et Fig., Ce n'est pas le tout que de courir, il faut partir de bonne heure, ou Rien ne sert de courir, il faut partir à temps, Ce n'est pas assez de se hâter quand on veut réussir dans une entreprise, il faut prendre ses mesures de loin.
Fig. et fam., Je cours encore, Il court encore, signifie qu'on s'est échappé en toute hâte, qu'on ne se laissera plus prendre à une chose. Il m'a suffi de le voir, de l'entendre : je cours encore.
Courir sus à quelqu'un se disait, dans les anciennes Ordonnances, pour Se jeter sur quelqu'un, l'arrêter, le maltraiter. Il fut mis hors la loi, et chacun eut le droit de lui courir sus. Figurément, il signifie S'en prendre à quelqu'un, se précipiter violemment sur lui. Tout le monde lui court sus.
Il signifie quelquefois Aller plus vite que le pas. Vous allez trop vite, vous ne marchez pas, vous courez.
Il signifie aussi Aller avec empressement. Courir au feu. Je cours le prévenir. Courez, ne perdez pas un instant. Courir au plus pressé, S'occuper, avant toute autre chose, de ce qui importe le plus dans le moment. Fig., Courir après les honneurs, les places, les richesses, la fausse gloire, etc. Courir après des chimères, après des fantômes. Courir à sa perte, à sa ruine.
Fig., Courir après l'esprit, Mettre de la recherche, de l'affectation, de l'effort à montrer de l'esprit.
Fam., Courir après l'argent, Chercher toutes les occasions de gagner de l'argent. Il ne se dit qu'en mauvaise part.
Fam., Courir après son argent, Continuer à jouer pour regagner ce qu'on a perdu. Il signifie aussi Faire des démarches, des poursuites pour recouvrer une somme d'argent qu'on a de la peine à se faire rendre, à se faire payer.
Courir à sa fin se dit des Choses qui sont près de finir, qui n'ont pas longtemps à durer. Ma provision de bois court à sa fin. Cette maladie court à sa fin.
Il se dit aussi figurément de Toute action précipitée, de tout ce qu'on fait trop vite. Il faut aller bride en main, on ne fait pas les affaires en courant.
Il se dit particulièrement d'une Personne qui lit, qui récite, qui prononce, qui écrit ou qui compose trop vite. Lisez doucement, ne courez pas. Il a écrit cela en courant. Il laisse courir sa plume sur le papier.
Il signifie encore familièrement Aller çà et là, sans s'arrêter longtemps en chaque endroit. Il ne fait que courir. Il est toujours à courir. Il court depuis le matin jusqu'au soir.
Il se dit particulièrement des Courses, des démarches qu'on est obligé de faire pour quelque objet que ce soit. Il a couru toute la journée pour cette affaire.
En termes de Marine, il signifie Faire route. Courir au nord. Courir au sud. Transitivement, Courir des bordées, courir des bords, Louvoyer, aller alternativement à droite et à gauche, quand le vent est presque debout.
Il se dit particulièrement d'une Côte, d'une terre, d'une montagne, etc., qui se prolonge dans une direction déterminée. Cette côte court de l'est à l'ouest l'espace de trois ou quatre lieues. Ces montagnes courent du nord au sud et partagent de grands continents.
Il s'emploie pour Couler, s'écouler. Le ruisseau qui court dans la prairie. Le Rhône court du nord au sud. L'eau qui court.
Il se dit figurément du Temps. Le temps court insensiblement. Au temps ou par le temps qui court, Dans le temps présent, dans les circonstances actuelles.
Il se dit à propos d'une Rente, des gages, des appointements, etc., pour désigner l'Époque à partir de laquelle ils doivent être comptés. L'intérêt de cette rente court du commencement de l'année. Ses gages, ses appointements courent du milieu du mois. Son loyer court du mois de janvier.
Il signifie encore Circuler, se propager, se communiquer ; et, en ce sens, il est souvent impersonnel. Il court des bruits fort désavantageux sur son compte. Faire courir de fausses nouvelles. Une rumeur très alarmante court depuis hier dans le public.
Il signifie aussi figurément Être en vogue. La mode qui court. Cette chanson courait par la ville.
COURIR est aussi verbe transitif, alors il signifie Poursuivre à la course avec dessein d'attraper. Il s'emploie surtout en termes de Chasse. Courir le cerf, le lièvre, le daim. Il a droit de courir le cerf sur ses terres. Voyez aussi COURRE.
Fig. et fam., Courir le même lièvre se dit de Deux personnes qui sont en concurrence pour la même chose.
Prov. et fig., Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, ou Qui court deux lièvres n'en prend aucun, Poursuivre deux affaires à la fois, c'est s'exposer à ne réussir ni dans l'une ni dans l'autre.
Fig. et fam., Courir le cachet. Voyez CACHET.
COURIR se dit figurément en parlant des Personnes ou des Choses qu'on recherche avec empressement, qui sont fort en vogue. On ne l'emploie guère qu'au participe passé. Ce prédicateur est fort couru. Ce spectacle est très couru.
Il signifie aussi figurément Être exposé à. Courir un danger. Courir risque, courir le risque de, Être en péril de. Il court grand risque de perdre son bien.
Courir des chances, courir la chance de..., S'exposer à un risque dans l'espoir d'un avantage.
Courir même fortune, Être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d'affaires.
Courir les aventures se disait des Chevaliers qui allaient à la recherche des exploits guerriers. Il se dit aussi de Quelqu'un qui cherche à se faire un nom ou une fortune par des moyens qui ne sont pas les moyens ordinaires.
Il signifie encore Parcourir. J'ai couru toute la ville sans le trouver. Courir les rues. Courir les champs.
Courir le pays, Parcourir tel ou tel pays, en vue de le connaître à fond.
Courir le monde, Voyager en divers pays par goût d'aventure.
Fam., Cette nouvelle, cette aventure, cette histoire court les rues, Elle est sue de tout le monde. L'esprit court les rues, L'esprit est commun, tout le monde en a.
Fam., Courir la prétantaine. Voyez PRÉTANTAINE.
Pop., Courir le guilledou. Voyez GUILLEDOU.
Il signifie également Hanter, fréquenter Courir les buts. Courir les spectacles, les concerts, les maisons de jeu, les mauvais lieux, etc.
courir
Courir, act. acut. Qu'on dit aussi Courre, Tantost est simplement aller de course, Currere. Il a couru grand'erre, Longum iter cursu per egit. Tantost aller sur une beste courant. Ainsi l'on dit, Courir la Poste. Tantost poursuyvre à course de cheval quelque homme ou beste, Aliquem equi cursu persequi. Il l'a couru longuement, Diu illum citato equo insequutus est. Courir le Cerf, Ceruum equi cursu agitare, Venationi Cerui dare operam. Et se prend pour chasser, parce qu'à la chasse y a ordinairement des picqueurs pour accompagner la meute des chiens courants. Courir aussi est gaster un païs par courses hostiles. Nicole Gilles en la vie de Philippe de Valois; Ils coururent, et prindrent les Isles de Gazé, et autres ports d'Angleterre, Excursionibus vastarunt, voyez Coureurs. L'Espagnol dit aussi Correr la Herra de Moros, en cette signification.
Courir aussi se prend pour estre usité et en usage commun des hommes, Assolere, comme, Cette façon d'habit ne court, Haec vestis forma in vsu esse desiit, Exsoleuit. Corn. Tac. lib. 14. Amictus Graeci, quos per eos dies plerique incesserant, tum exsoleuerant.
Sçavoir bien courir, Cursu valere.
Se prendre à courir, Pedes in curriculum coniicere.
Courir et tracasser par cy par là, Hac illac circumcursare, Peruagari.
Courir bien avant, Excurrere.
Courir devant, Praecurrere, Procurrere.
Courir à grand rendon dedans les ennemis, Impetum in hostes facere, Incurrere.
Courir au devant de quelqu'un, Occurrere alicui. Ouid. lib. 2. de Ar. aman.
Courir de tous costez, Circumcursare, Discurrere.
Courir haut et bas, Decurrere sursum deorsum.
Courir en diligence, Transcurrere, Curriculo celeri ire.
La rente, ou arrerages, ou usure, ne courent plus, c. n'ont plus de trait. La raison en cette signification est, que les arrerages croissent avec le temps, duquel est le propre courir, Consistit vsura. Bud. ex Cic.
La rente court depuis tel jour, Ducitur vsura ab eo die, etc. Bud. ex Cicer.
La rente court tousjours, Procedit vsura. B.
Courir les ruës, c'est estre furieux ou enragé, insensé, ou transporté de rage de mal; Car telles gents n'arrestent en nul lieu, Mente captum, Furore percitum esse, Vi morbi agi. Plaut. Pen. Haud quisquam hodie nostrum curret per vias, Neque nos populus procerritis insectabit lapidibus.
Courir aussi fort qu'un homme à cheval, Equitem cursu aequare.
Courir aux armes, est par chascun, qui çà, qui là, aller hastivement prendre les armes. Ce qui se fait en une soudaine alarme ou tumulte et necessité impourveuë, Aduolare, accurrere, concurrere ad arma.
Courir sus à quelqu'un, proprement prins est de cours et d'eslans, nuire et endommager aucun, Infestare, comme font les voleurs et brigands, Incursare, Impetere aliquem. Mais par catachrese il se prend pour entre-prendre sur les desseings et profits d'autruy, Alterius commodis, consiliis ac rationibus officere. Suyvant cela on dit, Courir sur le marché d'autruy, Alterius negotij gestionem interuertere, Laedere, Emptionem alterius interturbare, Difficiliorae ac magis dispendiosam concurrendo efficere, reddere.
Nos gens-d'armes, et ceux des ennemis courent les uns sur les autres, Concurrunt inter se milites aduersis hastis.
Courir fortune, est quand la tourmente et fortunal est sur la mer, et le navire va à grand peril et hazard où il plaist au vent et à la fortune, Iactari tempestate. Virgil. lib. 1. AEneid. Tempestatem marinam obire, Vlpian. l. 2. $. si non. ff. Siquis cautionib. Maris procellosi periculum obire. Liu. lib. 1. ab vrb. cond. Plin. lib. 18. c. 28. Car fortune et fortunal en mer, c'est tempeste de mer. La raison de cette maniere de parler est, parce qu'en tels fortunaulx le navire est contraint courir à outrance et de singlée de vent et de heurtis de oules, ainsi que Virgile au 1. de l'Eneide descrit, la fortune que courut l'armée navale d'Enée; Estant icy le mot de fortune prins pour peril et danger abusement, à cause de l'incertitude de l'issuë que le navire aura de telle tourmente. Aussi le mot de fortune est à deux envers, et en fait de tourmente de mer se prend mal. Virgil. 1. AEneid. Nunc eadem fortuna viros tot casibus actos insequitur. Et peu apres, Diuersa per aequora vectos, Forte sua Lybici tempestas appulit oris, où Servius expose, Forte sua, par Casu suo, conformément à ce que Virgile dit peu apres: Quis te, nate Dea, per tanta pericula casus insequitur?
Courir danger par tourmente de mer. Aussi dit-on, courir danger, en tout essay et emprinse de hazard, pour estre en bransle et le bon et le mauvais succez, Adire discrimen. Plin. in epist. Periculum. Cic. li. 1. de fin. et crebro alibi. Terent. Andr. Fortunam. Liu. lib. 5. belli Pun. Et courir la fortune d'aucun, ou Courir fortune avec luy, pour se livrer à participer au bien et au mal qui luy peut arriver de quelque entre-prinse, Omnem fortunam adire. Liu. ibid. L'Italien dit Fortuna de mare, ainsi que Ulpian en la susdite Loy 2. Tempestas marina. Et Plin. Epist. 2. lib. 5. Turbida maris tempestas.
Courir quelque escrit, est le lire couramment, et sans se beaucoup arrester à peser la diction, ne la matiere, Raptim perlegere, Percurrere legendo, Cursim legere. Plin. epist. 15. lib. 5.
courir
COURIR, v. neut. [Kou-ri, 1re br. Devant l'e muet, ils coûrent, suivant d'Olivet, elle est douteûse; suivant la règle générale, elle doit être longue.] Je cours, tu cours, il court, nous courons, ils coûrent. Je courais, j'ai couru, je courus, je courrai, courrais, cours, que je coûre, je courusse. Courant, couru. — Il a en certaines phrâses un aûtre infinitif, qui est courre. Voy. ce mot. — On disait autrefois, je courerai, je courerais, et par conséquent, j'acourerai, je concourerais. "Il ne sert de rien de remédier aux faûtes, tandis qu'elles coureront par toute la terre. Bossuet. "Nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres Du Bos. — D'aûtres disent, je courirai, je courirais, qui est encôre plus mauvais. Il faut dire, je courrai, accourrai, concourrai; je courrais, accourrais, concourrais. = D'Olivet a repris Racine d'avoir dit, j'y suis couru, pour, j' y ai couru. Ce qu'il y a de plus étonant, c'est que l'Auteur, deux vers auparavant, avait employé l'auxil. avoir.
...J'ai couru chez la Reine;
Dans son apartement ce Prince avait paru.
Il en étoit sorti, lorsque j' y suis couru.
Mde. de Sévigné a dit aussi: Mr... est couru ici.
COURIR est, 1°. Aler de vitesse, et avec impétuosité. Acad. Se mouvoir promptement, aler en quelque lieu le plus vite qu'on peut. Trév. Se rendre vite en un lieu: aller en hâte en quelque lieu, à quelque chôse. Rich. Port. La première définition est la meilleûre. "Courir de toute sa force. Cet homme court comme un Basque: Courir à toute bride, à bride abatûe, à toutes jambes. = 2°. Aler plus vite que le pas. Courir au feu, au Médecin, au remède. — Figurément, courir à sa perte: Tous les Chrétiens couroient au martyre; tous les Peuples couroient au Baptême. L' Histoire de ces premiers temps est un prodige continuel. J. J. Rousseau — 3°. Courir après, poursuivre: il courait après moi; il court depuis long-temps après une charge. — Courir après les honeurs.
4°. Courir, quoique neutre de sa nature, est employé comme actif dans plusieurs phrâses. Courir la même carrière, avoir les mêmes prétentions. — Courir, ou courre la poste. — Courir quelqu'un pour le prendre; le courir l'épée dans les reins: courir le cerf, le daim, le lièvre. — Courir des bordées (Marine). Aler alternativement à droite, à gauche. — Courir un Bénéfice, une charge, les poursuivre. Courir même fortune; être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d'afaires. — Courir une belle fortune, être en pâsse de parvenir à quelque chôse de grand. — Courir fortune, ou risque ou hasard de... "Il court fortune de perdre son bien. "Il court risque de la vie, ou de mourir: "J'ai couru hasard de me tuer. — Courir le plat pays, courir la mer: ravager, pirater. — Courir le pays, courir le monde, voyager.
Rarement, à courir le monde,
Devient-on plus homme de bien.
En ce sens, on l'emploie aussi neutralement et sans régime: il a bien couru, il a beaucoup voyagé. — Courir le bal, aler d'un bal à l'aûtre. — Courir les ruelles, aler de visite en visite chez les Dames. — Courir la prétentaine, aler ça et là, de côté et d'aûtre. — Étre fou à courir les rûes ou les champs. — Courir le guilledou, aler en débauche. — Une nouvelle court les rûes, quand elle est sûe de tout le monde. — Courir sa 20e, sa 30e année. — Courir, rechercher. "Se seroit-il enfin engagé à Cesonie, qui l' a tant couru, qui lui a sacrifié une grande foule d'amans. La Bruye. "Les uns vont au devant du plaisir et le manquent: d'aûtres en jouissent sans l'avoir couru.
5°. Courir, couler, s'écouler: L'eau qui court; le sang agité court dans les veines. = Figurément, le temps court, l'année qui court. Les termes, les intérêts, les gages, les délais courent depuis un tel jour.
6°. Être en vogue. La mode qui court; chanson qui court par la Ville. L'avis qui court, qui a le plus de voix dans une délibération qui n'est pas achevée. — Au temps qui court, au temps présent. — Avec le pron. il, comme verbe impersonel: il court un nouveau bruit; il court un bruit que... Il court bien des maladies, des fièvres malignes, des petites véroles, etc.
7°. Faire courir, répandre: — Faire courir des bruits, un livre, un manifeste. Faire courir la voix, demander les avis à ceux qui composent une assemblée. — Faire courir le billet, envoyer un billet pour avertir, ou assembler, ou doner avis des chôses volées, etc.
8°. Courir sus. Vieille expression, qui ne s'emploie plus dans le sérieux, qu'en style d'Ordonances. Elle peut pourtant encôre trouver sa place dans le style badin. Voy. SUS. L'Acad. la met sans remarque, et done ces exemples. "Tout le monde lui court sus: Les Paysans se sont soulevés et ont couru sus aux Troupes: Il y a un Arrêt qui enjoint aux Communes de courir sus aux gens de guerre, qui s'éloignent de leur route.
9°. Courir entre encôre dans plusieurs expressions du style familier. Il court à l'Hôpital, il se ruine. — On y court comme au feu, en foule. — Courir après son argent, continuer à jouer pour regâgner ce qu'on a perdu. — Courir après son éteuf, après un bien, un avantage qu'on a laissé perdre. — Courir sur le marché de quelqu'un, enchérir sur lui, vouloir emporter ce qu'il marchande. On le dit aussi au figuré. Courir sur les brisées a le même sens, et il est plus noble.
Rem. Rollin fait régir à courir l'infinitif sans prép. "Ils coururent la tirer du danger où elle étoit. Ce régime est bon, et je crois qu'on peut l'employer sans dificulté.
COURU, ÛE, adj. et partic. Cerf, lièvre ou daim couru. Voleur couru par les Archers. Pays couru par les énemis. = Recherché; suivi; à la mode. C'est un homme fort couru: ce Prédicateur est fort couru: cette étofe est fort courûe, etc.
courir
courir
courir
(kuʀiʀ)verbe intransitif
courir
laufen, rennen, sprinten, joggenrun, pelt, ride, race, jogrennen, hardlopen, hollen, snellen, aflopen, de keel uithangen, deelnemen (aan een wedren, doorkruisen, doorreizen, druk bezoeken, gelegen zijn, in zwang zijn, jacht maken (op), lopen [tijd], meedoen in de wedstrijd (om), najagen, vervelen, wedstrijd), zich blootstellen (aan), zich haasten, zich verspreiden, draven, lopen, racen, joggenאץ (פ'), רץ (פ'), אָץ, רָץhardloopcórrerběhat, běžetløbe, joggeτρέχω, κάνω τζόγκινγκkuricorrer, hacer footingjuosta, hölkätäszaladrennacorrerecurrereløpe, joggebiec, biec dla zdrowia, biegaćcorreralergaбегать, бежать, лететьkila, raka, jogga, springakoşmak, koşturmakيَجْري, يُـمَارِسُ رِيَّاضَةَ العَدْوَtrčatiジョギングする, 走る달리다, 조깅하다วิ่ง, วิ่งหนี, วิ่งเหยาะchạy, chạy bộ慢跑, 跑verbe transitif
courir
[kuʀiʀ]Elle a traversé la rue en courant → She ran across the street.
courir après qn → to run after sb, to chase sb
Ça ne sert à rien de courir → There's no point in rushing.
faire courir qn → to make sb run around