croire
croire
v.t. [ lat. credere ]se croire
v.pr.croire
Participe passé: cru
Gérondif: croyant
Indicatif présent |
---|
je crois |
tu crois |
il/elle croit |
nous croyons |
vous croyez |
ils/elles croient |
CROIRE
(kroi-r' ; en 1703, la prononciation indiquée est crere, sur le théâtre on disait je croa et non pas je cres ; plusieurs prononcent crere, dit Chifflet, Gramm. p. 201 ; je crais, dit Vaugelas ; la prononciation longtemps incertaine, comme on voit, est maintenant fixée) , je crois, nous croyons, vous croyez, ils croient ; je croyais, nous croyions ; je crus, nous crûmes ; je croirai ; je croirais ; crois, croyons, croyez ; que je croie, que nous croyions, que vous croyiez, qu'ils croient ; que je crusse ; croyant ; cru, crue v. a.Résumé
PROVERBE
- Croyez cela et buvez de l'eau, c'est-à-dire buvez de l'eau pour mieux digérer de pareils contes.
REMARQUE
- 1. Croire, suivi de que, dans une phrase affirmative, veut l'indicatif : Je crois que cela est. Mais autrefois il n'en était pas ainsi ; et le sens dubitatif qui est naturellement attaché à croire faisait qu'on mettait volontiers le subjonctif : La plus belle des deux je crois que ce soit l'autre [CORN., le Ment. I, 4]Je croyais bien qu'on fût damné pour n'avoir pas de bonnes pensées, mais.... [PASC., Prov. 4]Vous croyez donc qu'il faille avoir Beaucoup de peine à Rome en fait que d'aventures ? [LA FONT., Cand.]Elle croyait que le petit Noirmoutier dût être aveugle [SÉV., 6]Je croyais que tout fût perdu [ID., 114]Je croyais que vous n'eussiez point fait réponse au cardinal [ID., 128]Il croyait que ce dût être le 15e de ce mois [ID., 324]Malgré ce rejet actuel du subjonctif, on l'admettra sans peine dans une phrase telle que celle-ci : Nous nous demandons sans cesse ce qu'on croit que nous soyons [MASS., Myst. Incarn.]
- 2. Croire suivi de que, dans une phrase négative ou interrogative, veut le subjonctif : Je ne crois pas qu'il vienne. Croyez-vous qu'il le fasse ? Avez-vous cru qu'il partît si tôt ? Je ne croyais pas qu'il payât. Croyez-vous encore qu'il ait de l'habileté, après toutes les sottises qu'il a faites ?
- 3. Croire, dans une phrase interrogative, suivi de que, peut être suivi du futur de l'indicatif ou du conditionnel : Croyez-vous qu'il payera ses dettes ? Aviez-vous cru qu'il payerait ses dettes ? Les grammairiens se sont efforcés d'établir une différence de sens entre ces constructions et celles où l'on met le subjonctif ; croyez-vous qu'il paye ? aviez-vous cru qu'il payât ? mais toutes les différences paraissent arbitraires.
- 4. Croire se construit avec un verbe à l'infinitif sans préposition intermédiaire ; on n'imitera donc pas les exemples suivants : Ils [les évêques de Beauvais et Beaufort] crurent d'en venir facilement à bout [LAROCHEF., Mém. 9]Mais enfin croyez-vous de vivre toujours ? [J. J. ROUSS., Ém. V]
- 5. On a dit en croire à : Vous n'en avez cru ni à ma parole ni à l'expérience [BOSSUET, cité dans le Dict. de BESCHERELLE]Il est mort ; cependant si j'en crois à mes yeux.... [CRÉB., Électre, IV, 1]Cet homme, car déjà j'en crois à ma fureur [BERNIS, Religion, I, 233]Cette locution n'est pas incorrecte en soi, puisqu'on dit activement en croire ; mais elle est peu usitée.
SYNONYME
- 1. CROIRE QUELQUE CHOSE, CROIRE à QUELQUE CHOSE ; CROIRE QUELQU'UN, CROIRE à QUELQU'UN. Croire quelque chose, c'est l'estimer véritable : Je crois ce que vous me dites. Croire à quelque chose, c'est y ajouter foi, y avoir confiance, s'y fier : Je ne crois pas à l'efficacité de ce remède. Croire quelqu'un, c'est ajouter foi à ce qu'il dit : Il ne faut pas croire les menteurs. Croire à quelqu'un, c'est croire à son existence : Croire aux sorciers, c'est croire qu'il y en a ; Croire les sorciers, c'est croire ce qu'ils disent.
- 2. FAIRE CROIRE, FAIRE ACCROIRE., Faire croire, c'est persuader à autrui une chose que l'on croit vraie ou que l'on croit fausse. Faire accroire, c'est persuader à autrui une chose que l'on sait fausse. Aussi faire croire peut se dire des choses comme des personnes : Ce nuage de poussière me fit croire qu'une troupe de cavaliers venait ; mais faire accroire ne peut se dire que des personnes.
HISTORIQUE
- XIe s. Il dit au rei : jà mar crerez Marsile [, Ch. de Rol. XI]Iert i sis nies [son neveu y sera] li quens Rolans, ce crei [je crois] [, ib. XLII]Mort sont li conte, se est qui mei en creit [, ib. XLII]Del rei paien, sire, por ver [pour vrai] creez [, ib. LIII][Il] Ne creit en Deu le fil sainte Marie [, ib. CXII]Respont li dus : sire, je vous en crei [, ib. CCLII]Li reis creit Deu, faire veut son service [, ib. CCLXVIII]Creire [elle] veut Deu, chrestientet demande [, ib. CCXCII]
- XIIe s. Ostages bien creüz [en qui on puisse se fier] [, Ronc. p. 12]Se ne creez mes dits [, ib. p. 22]Creez [croyez] mon los [conseil] [, ib. p. 27]Si voirement come nous le creon [, ib. p. 48]Las ! se jel pert, de ce sui bien creanz, Jamais n'ert jor que n'en soie dolans [, ib. p. 86]Et si [il] cresra sainte crestienté [, ib. p. 117]Dame, cil dex en cui [nous] somes creant [, ib. p. 121][Dame] qui croit faus druz [amant] menteor [, Couci, I]Je sai moult bien qu'ele croit les felons [, ib. XII]Conseil [il] aura creü moult fol et enfantif [, Sax. XXIV]
- XIIIe s. Biaus sire, nous avons vos lettres veües, qui nous dient que nous vos creons de tout ce que vos dirés [VILLEH., LXVI]Et vos feistes mout mal quant vos les creütes [ID., CXXIII]Les lettres disoient que autant les creüt-on comme lor seigneurs [ID., X]Bien fait qui se porvoit En croire ce qu'il doit, Ce dit li vilains [, Proverbes du comte de Bret. Ms. de St-Germ. f° 114, dans LACURNE]Çà est li bons vins de Soissons ; Sor l'erbe vert et sor les jons Fait bon boivre à henap [coupes] d'argent ; Caiens [céans] croit l'en [l'on fait crédit] toute la gent ; Caiens boivent et fol et saige [CORTOIS D'ARTOIS, Ms. de St-Germ. f° 83, dans LACURNE]Se croire me voulez, bien serez assenée [dirigée] [, Berte, XLVI]Constance, dist Symons, je croi que elle ait faim [, ib. XLIX]Sachiez, vous en avez mauvais conseil creü [, ib. LI]Un certain messager qui bien faisoit à croire [en qui on se pouvait fier] Pour bien faire message, n'estoit pas com le loire [, ib. LXVI]Je croi qu'ele soit morte [, ib. XCV]Ains croi [je] que sans point de demore, Son hommage [tu] li renoiasses, Ne jamès par amor n'amasses [, la Rose, 4264]Amors, qui te fait en li croire, Te tolt ton sens et ta memoire, Et de ton cuer les iex avugle [, ib. 6929]Et trouva que le Vieil de la Montagne ne creoit pas en Mahommet, ainçois creoit en la loy de Haali, qui fu oncles de Mahommet [JOINV., 260]Il a maint preuhomme chevalier en la terre des Crestiens et des Sarrazins, qui onques ne crurent Dieu ne sa mere [ID., 275]Le saint roi se esforça de tout son pooir, par ses paroles, de moi faire croire en la loi crestienne [ID., 197]Ertaut de Nogent fu le bourgois du monde que le conte creoit le plus [ID., 205]Moult de ses gens li loerent [conseillèrent] que il attendist tant que ses gens feussent revenus, parce que il ne li estoit pas demouré que la tierce partie de ses gens ; et il ne les en voult onques croire [ID., 214]
- XIVe s. Et il s'en croient au jugement de ceulz qui sont bons et sages [ORESME, Eth. 243]Qui croit paroles doucereuses souvent les trouve venimeuses [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 387]Vous parlez saigement ; Se ne croy vo conseil, jammais Diex ne m'ament [m'amende] ; Car de boin conseil croire, vienent li bien souvent [, Baud. de Seb. VIII, 460]
- XVe s. Il estoit moult aimé et cru en la ville [FROISS., I, I, 190]Puis que nature s'entremit D'entailler si digne figure, Il est à croire qu'elle y mit De ses biens à comble mesure [ALAIN CHART., Excusation de maître Alain.]Et le roy, croyant ces choses, s'en alla audit pais de Normandie [JEAN DE TROYES, Chron. 1475]Et pour ce à vous bien confesser me doy De croire [prêter] ainsi, dont j'ai grant repentance, Quant on n'a pas renvoyé devers moy Un prest que fis.... [EUST. DESCH., Poésies mss. f° 343, dans LACURNE]Suppliant au roy ne vouloir legierement croire contre luy et son filz [COMM., I, 1]Le bruyt d'artillerie faisoit croire de tous les deux costez quelque grande entreprinse [ID., I, 11]Quant le roy eut ce ouy, il dit à Tanor : Tanor, ne me croyez jamais, se celluy qui là a parlé n'est Salphar de Liban [, Perceforest, t. VI, f° 107]Le roy y estoit en personne, qui à ce siege ne croyoit personne [ne s'en rapportait à personne] [, ib. t. V, f° 101]Il ne fut pas maistre pour lors ne cru de faire son vouloir [LOUIS XI, Nouv. I]
- XVIe s. Il appert par les livres des anciens Peres que cela estoit receu sans difficulté, de dire croire l'Eglise, et non pas en l'Eglise [CALV., Instit. 811]Ils l'envoyarent vivre en la forest de Biere ; je croy qu'elle n'y soit plus maintenant [RAB., Gar. I, 21]Messieurs, je croy que vous soyez faict mal, pardonnez le nous [ID., Pant. II, 25]Je croy en Dieu le pere tout-puissant.... Je croy la saincte et catholicque Eglise Estre des sainctz et des fideles une Vraye union, entre eux en tout commune.... Finalement croi la vie eternelle [MAROT, IV, 342]Je croy que, avant que recepvez ceste reponse, vous aurez du roy ce que avés demandé [MARG., L. 50]Je vous supplie le croire de ce que je l'ay prié vous dire [ID., ib. 49]S'il en faut croire du Bellay [MONT., I, 25]Je ne croy pas que ces mouvements se feissent avecques discours [réflexion] [ID., I, 50]Si ce sont medecins, je les crois en ce qu'ils disent de.... [ID., I, 58]Je crois de la medecine tout le pis ou le mieulx qu'on vouldra [ID., I, 130]Ils croyent les ames immortelles, et les mauldites estre logées du costé de l'occident [ID., I, 238]Les grands esprits font un aultre genre de biencroyants [ID., I, 389]Au moins se trouveroit-il une chose qui se croiroit par les hommes d'un consentement universel [ID., II, 319]Il ne fault pas croire à chascun, dict le precepte [ID., II, 331]Du mont souvent armée devalla, Croyant pour vray qu'en la campaigne il soit : Puis ne trouvant personne, s'en alla, Et croit qu'il est monté par autre voye [LA BOÉTIE, 487]Je n'en diray pas davantage, sinon que je me fay croire qu'elle en viendroit à bout en huit jours [LANOUE, 437]Et, pour cela, il s'en faisoit croire, et parloit. d'une braveté grande [DESPER., Contes, XLII]Ses amis allerent enhortans le peuple assistant de croire à ce qu'il avoit dit [AMYOT, Solon, 11]Les Megariens le creurent facilement [ID., ib. 12]Ne croire point aux dieux [ID., Péric. 60]Il leur feit à croire que Alexandre s'estoit, en dormant, apparu à luy [ID., Eum. 25]Plusieurs croient que le poëte et l'historien soient d'un mesme mestier ; mais ils se trompent beaucoup [RONS., 514]Legier croire [croire légèrement] fait decevoir ; Il faut congnoistre avant que aymer [, l'Amant rendu Cordelier, p. 514, dans LACURNE]Ne croire à Dieu que sur bons gages [COTGRAVE, ]Fol ne croit jusques à tant qu'il reçoit [ID., ]Pour neant demande conseil qui ne le veut croire [ID., ]Qui sempres croit et asne meine, son corps ne sera jà sans peine [ID., ]
ÉTYMOLOGIE
- Saintong. crére ; wallon, creure ; Berry, creire ; provenç. creire ; espagn. creer ; portug. crer ; ital. credere ; du latin credere.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- CROIRE. - REM.
- 6. Racine a dit : Vous croyez qu'un amant vienne vous insulter, Andr. II, 1. Laharpe trouve là une faute évidente qu'il faut corriger en lisant : croyez-vous ? On ne peut être de l'avis de Laharpe ; les exemples cités à la Remarque 1 rendent sa correction tout à fait inutile.
- 7. Croyez-moi que, reconnaissez avec moi. Croyez-moi qu'Alcidon n'en sait guère en amour [CORN., Veuve, III, 4]Si tes feux en son cœur produisaient même effet, Crois-moi que ton bonheur serait bientôt parfait [ID., Mélite, I, 2]Cela [à propos de paroles flatteuses du roi sur les Grignan] fut charmant, et l'on doit être comblé ; mais croyez-moi que les temps changent [SÉV., 28 févr. 1680]
- 8. Je l'ai cru s'éteindre, a été dit pour : J'ai cru qu'il s'éteignait. Hélas ! qu'il était grand quand je l'ai cru s'éteindre, Votre amour, et qu'à tort ma flamme osait s'en plaindre ! [CORN., Androm. Lexique, éd. Marty-Laveaux]
- Ajoutez : M. Darmesteter, Mém. de la Soc. de linguistique, t. III, p. 52, a décomposé le verbe credo, en do, je donne, et çrad, cœur (le même que kard, voy. CŒUR) : je donne mon cœur, ma foi ; sanscr. çraddadhami ( le a de la terminaison " dhami" est long).
ÉTYMOLOGIE
croire
Il signifie particulièrement, en matière de Religion, Avoir la foi et recevoir avec soumission d'esprit tout ce que l'Église enseigne. Je crois fermement qu'il existe un Dieu. Croire les mystères, les articles du symbole. Croire l'Évangile. On dit dans le même sens Croire en Dieu, en JÉSUS-CHRIST. Croire à la Sainte Vierge, au Saint-Esprit. Absolument, À la première prédication des Apôtres, beaucoup de Juifs crurent. Cet impie ne croit point.
Fam., Croire une chose comme l'Évangile, comme article de foi, La croire fermement. Croire tout comme article de toi, Être fort crédule.
Suivi d'un complément direct, nom de personne, il signifie Tenir pour sincère, véridique. Croyez-vous cet homme-là? Je vous crois. C'est un menteur avéré, on le ne croit plus, il ne peut plus se faire croire. Il ne croit point les médecins.
En croire quelqu'un, en croire quelque chose, S'en rapporter à quelqu'un, à quelque chose. Je vous en croirai sur parole. Il aura beau dire, il n'en sera pas cru. Si vous m'en croyez, vous ne ferez pas cela. À l'en croire, s'il faut l'en croire, tout est perdu. J'en crois à peine mes yeux. En croirez-vous cette lettre? Si j'en croyais mon courage. S'il faut en croire les apparences. On dit aussi S'il avait voulu m'en croire, il ne serait pas aujourd'hui dans l'embarras. On dit également S'en croire, Obéir à un sentiment intime. Si je m'en croyais, je ne le verrais plus.
Croire à quelqu'un, à quelque chose, Ajouter foi à quelqu'un, à quelque chose, s'y fier. Croire aux astrologues, aux voyants. Croire au rapport, au témoignage de quelqu'un. On ne croit plus à ses promesses, à ce qu'il dit. En parlant des Personnes, on dit aussi Croire quelqu'un, mais avec une certaine différence dans le sens. Croire un médecin, c'est Suivre ses avis, ses prescriptions. Croire aux médecins, c'est Avoir foi dans leur puissance de guérir. Croire en quelqu'un, Avoir confiance en lui, en ses talents, en sa parole.
Croire à quelque chose signifie aussi Tenir pour vraisemblable, réel ou possible. Il proteste de son innocence, mais je n'y crois pas. Croire aux revenants, aux esprits, aux sorciers, à la magie.
Il signifie encore simplement Penser, estimer, s'imaginer, présumer. À ce que je crois. Vous ferez bien, je crois, de ne plus fréquenter cet homme-là. Je crois cet homme capable de tout. Je l'avais toujours cru sage. Le croyez- vous homme d'honneur? On me croyait son père. Elle n'est pas aussi jeune que je l'avais cru. Qui aurait jamais cru cela? Que va-t-on croire de moi? Je crois tout de lui. Cet homme se croit habile. Il se crut obligé de répondre. Il se croyait au moment de réussir.
croire
Croire, Credere.
Croire et dire, Autumare.
Aisé à croire, Credibilis.
Croire facilement, Se credulum praebere.
Croire pour tout certain, Pro haud dubio habere.
Comme je croy par quelques conjectures que j'ay, Vt coniicio.
Chacun le croit ainsi pour certain, Ita persuasum est omnibus.
¶ Croire aucun, Credere alicui.
Croire aucun et se fier à luy, Fidem alicui habere, Fidere illi.
Croire à quelqu'un, et adjouster foy en ses paroles, Fidem alicui adhibere.
Croire à la parole d'aucun, à sa foy et promesse, Fidem alicuius sequi.
Vouloir en croire ceux qui y estoient presens, Estre d'accord de prendre droit par ce que les tesmoings en diront, Sponsione aduersarium lacessere, ni testes ita dicerent testimonium.
Croire ce qu'un autre dit, Accredere.
Luy crois-tu de ce qu'il dit? Credis huic quod dicat?
Si tu me veux croire, Si tu me audies.
Croy moy, Mihi crede.
Croy moy de cecy, Crede hoc meae fidei.
Je t'en croy, Ego credo tibi.
¶ On te croit, Creditur tibi.
On luy creut, Creditum est.
¶ J'en croiray le premier que tu voudras, Cedo quemuis arbitrum.
Qui en veux-tu croire? Quem tibi iudicem feram? B. ex Liuio.
¶ C'est bien un homme de croire, Est vero huic credendum, dit par mocquerie.
¶ Qui croit de legier, Credulus, Vanus ingenio.
Faire croire, Persuadere.
Faire qu'aucun nous croye, Fidem facere.
Je desiroy que tu creusses cela certainement, Velim tibi ita persuadeas.
Je pense que tu le crois, Credo te credere.
Qui ne croit pas legierement, Incredulus.
¶ Vouloir estre creu, et ne vouloir faire autre chose que ce qu'on a deliberé, Stare suo iudicio.
Estre creu, Fidem impetrare, Audiri, Fidem accipere.
On a creu cecy, Istud fidem accepit.
On l'a creu, et s'est-on fié en luy, Habita huic fides.
C'est merveilles combien on a creu celuy qui apporta ces nouvelles, Mirum quantum illi viro haec nuncianti fides fuerit.
¶ Il croit que tout ce que je di de Cesar soit vray, Nobis de Caesare credit.
On ne sçauroit croire combien, etc. Non verisimile est quam, etc.
Il est plus à croire, Propius est fidem. B. ex Liuio.
On ne pourroit croire si on le racontoit, combien facilement ils se prindrent ensemble, Incredibile est memoratu quam facile coaluerint.
¶ Croire quelque chose, Fidem alicui rei adhibere.
Croire à choses lourdes et ouïr fables, ou aimer à les ouïr, Duci ineptiis, ac fubulis.
Chose qui fait croire, et met en teste un autre, Persuasorius.
Est-ce chose de croire? Hoccine credibile est?
Je le croy bien, Satis credo.
Qui est aisé à croire, Opinabilis.
Qu'on ne peut croire, Incredibilis.
Je croy que paraventure tous s'en ennuyoient, Credo iam omnium taedebat.
Faire qu'on ne croye plus une personne, Fidem abrogare alicui.
¶ Un homme qu'on ne croit point, et ne peut estre receu en tesmoing, Intestatus.
Homme qui n'est point à croire, Leuis author.
Je ne croy point à Homere, Nec Homerum audio, qui, etc.
Faire qu'on ne nous croye pas une autre fois, Fidem perdere.
On ne te croit pas, Fides verbis tuis non fit.
Je ne leur croy pas, Ego non credulus illis.
On ne me croit point, Incredibilis sum.
Il croyoit ce qu'il eust bien voulu qu'il fust avenu, Spei suae indulgebat. B. ex Curtio.
Qu'il creust les medecins, Pro se quisque praecari coepere, ne festinatione periculum augeret, sed esset in potestate medentium. B. ex Curtio.
Il n'est pas prest de croire aux argumens des Philosophes, Longe abest vt argumentis credat philosophorum.
C'est icy une chose qu'on ne peut croire, Fidem non habet haec res, Fide caret haec res.
Cela n'est point à croire, Absonum fidei est illud.
Croire l'argent des pupilles, et employer pour les affaires de la chose publique sous asseurance de la foy qu'on a au peuple, Deponere in publicam fidem pecuniam pupillarem.
croire
CROIRE, v. n. et act. Faut-il prononc. crêre, ou croâ-re? Plusieurs admettent les deux prononciations; la 1re, pour la conversation: la 2de pour le discours soutenu. Un habile homme interrogé, comment il falait prononcer ce mot, répondit: je crais qu'il faut prononcer, je crois. L'Ab. Tallemant, dans le Recueil des Décisions de l'Acad. Franç. (1698) dit que la prôse adoucit la prononciation à plusieurs mots, comme croire, qu'elle prononce craire. La question est encôre indécise: le plus sûr est de toujours prononcer croâre, je croâ, nous croa-ion, etc. — On dit, dans l'Ann. Lit. "M. Retif de la Brétone écrit craire au lieu de croire, comme s'il était convenu généralement de prononcer de la première manière. Cette prononciation même n'est-elle pas ridicule, comme endrait pour endroit, étrait pour étroit, fraid pour froid, etc.
CONJUG. Je crois, nous croyons, ils croient (et non pas croyent, qui ferait deux syllabes, croa-ient.); je croyais, nous croyions, vous croyiez, ils croyaient. Je crus, j'ai cru (et non pas crû, avec l' acc. circ.) Je croirai, croirais; que je croie. (Pron. croâ, monos. et n'écrivez pas croye, qu'on prononcerait croa-ie, et qui serait dissyllabe.); que je crus, tu crusse, il crut (et non pas crût, avec l'accent.); croyant, cru.
Rem. 1°. L'Académie écrit à l'Imparfait comme au présent, nous croyons, vous croyez; c'est confondre un temps avec l'aûtre. Plusieurs Auteurs le font de même: "Nous croyons la chôse finie, mais le lendemain la scène changea. Let. Édif. Je crois qu' il faut écrire et prononcer, nous croyions.
2°. On écrivait aûtrefois je creus, tu creus, il creut. J'ai creu. Aujourd'hui on écrit, et l'on prononce~ je crus, etc. J'ai cru. Quelques-uns y mettent mal-à-propos un accent circ. sous prétexte de marquer la supression de l'e; mais cet accent n'est plus employé aujourd'hui, par ceux qui écrivent bien, que pour marquer les syllabes longues.
CROIRE; c'est 1°. Estimer une chôse véritable. "Je crois cela, je ne le crois pas; j' ai peine à le croire: il croit cela comme l'Évangile, etc. = 2°. Ajouter foi aux persones. Il se dit alors, ou avec le régime direct (l'accusatif): je vous crois. "C'est un menteur, on ne le croit plus: il faut en croire les Auteurs, les Médecins, les Avocats; ou il est neutre, et régit le datif (la prép. à). "Je ne veux pas y croire; croire à cet homme. "Il ne faut pas croire au raport, au témoignage de cet homme. Croire aux Médecins, aux Avocats.
Rem. I. Quelquefois croire a des sens diférens, suivant ses diférens régimes. Par exemple, croire aux sorciers, aux revenans, aux silphes, c'est croire qu'il existe des sorciers, des revenans, des silphes, "Elle a la bêtise de croire aux revenans. Élise croyait aux silphes, et brûloit d'envie d'en avoir un. Marm. — Croire les sorciers, c'est croire vrai ce qu'ils vous disent. = Ces deux régimes et ces deux acceptions de croire sont réunis dans cette phrâse de Bossuet. "Il n'y a point de diférence entre croire l'Église catholique, et croire à l'Église catholique. Il veut dire que dès là qu'on croit qu'il existe une Église catholique, on doit croire ce qu'elle enseigne.
II. Le datif, régi par croire, done souvent à ce verbe le sens de se fier à...
O ciel! qu'on doit peu croire
Aux dehors imposans des humaines vertus!
Gress. Édouard.
Et quelquefois aussi, le sens d'espérer. "Son malheur étoit trop grand, pour qu'elle pût croire à quelque moyen d'y remédier. Anon. Mais ce régime n'est que pour les chôses, en ce sens. = * Molière lui fait régir l'ablatif (la prép. de) de la persone, et lui done le sens de présumer. "Sans trop croire de moi. — Croire n'a pas cette signification et ce régime, en ce sens. On dit, je crois tout de lui, c. à. d. tout ce qu'on me dit sur son compte; mais on ne dirait pas, je crois tout de lui, pour dire, j'espère tout ce qu'on me promet de sa part, je le crois capable de le faire.
III. Croire se dit des chôses, dont on n' est pas bien assuré. Il est donc ridicule de l'apliquer aux vérités certaines de l'Histoire. "Tandis que la paix régnoit en Europe, je crois que Ferdinand le catholique mourut, dit le Traducteur de M. Hume. C'est un anglicisme; un tour particulier à la langue anglaise, qu'il ne falait point transporter dans notre langue. Il falait dire simplement: Tandis que la paix régnait en Europe, Ferdinant le Catholique mourut.
IV. S'en croire, c. à. d. en croire à ce qu'on voit, ce qu'on entend.
Que vois-je? Ah! je m'en crois à peine.
Quoi! c'est vous, Arondel, c'est vous que je revois?
Gress. Edouard.
On en le dit guère qu'avec à peine.
V. RÉGIMES. Croire régit l'infinitif sans prép. ou la conjonction que, avec l'indicatif ou le subjonctif. Le premier régime s'emploie lorsque le verbe régi se raporte au sujet du v. croire; le second, quand il ne s'y raporte pas: je crois pouvoir le faire; je crois qu'il pouvait le faire. Quelques-uns mettent mal-à-propos la prép. de devant l'infinitif. "Les nouveaux Philosophes croient d'avoir trouvé le secret d'une teintûre, qui blanchit tout ce qui est noir, et qui noircit tout ce qui est blanc. Déplorable secret! Malheureuse invention! Le Chev. des Sablons. Il falait dire, croient avoir trouvé, etc. "On croit de l'avoir déja prouvé. Brès, Avocat. "Je crois de penser à ce moment, et de dicter à mon copiste. Crousaz. "Les Romains avoient cru de leur rendre, etc. Id. Retranchez de dans ces phrâses.
1°. Le que après croire régit l'indicatif, quand le sens est afirmatif, et le subjonctif, quand le sens est négatif ou interrogatif: je crois qu'il viendra: je ne crois pas, ou croyez-vous qu'il viène? "Croyez-vous que ses parens soient inexorables? Marin, Julie. Plusieurs Auteurs ont employé le subjonctif, quoique le sens fût afirmatif.
La plus belle des deux, je crois que ce soit l'autre.
Corn.
Il falait, que c'est l'autre; mais le vers aurait manqué d'une syllabe.
Vous croyez qu'un amant vienne vous insulter.
Racine.
Selon l'usage, il faudrait:
Vous croyez qu'un amant viendra vous insulter.
Ou bien:
Pensez-vous qu'un amant vienne vous insulter?
Voiture a employé ce mode, croyant mal-à-propos que le sens était négatif. "Une des causes qui m'obligent à cette heure de me reconcilier, c'est la crainte que, si je vous témoigne de la haine, on ne croie qu'elle viène (vient) d'envie plutôt que d'un juste ressentiment. — Ce qui a trompé cet Auteur, dailleurs très-correct pour son temps, c'est la particule négative ne, qui afecte croire; mais cette particule n'est point comandée en cet endroit par le sens négatif; mais par le substantif crainte: le sens est afirmatif. C'est comme si l'on disait: si je vous temoignais de la haine, on croirait qu'elle vient d'envie, etc. voilà ma crainte, et cette crainte m'oblige à me réconcilier. = M. l'Ab. Du Bos, qui avait une prédilection peu commune pour les subjonctifs, et qui les prodiguait souvent contre les règles, s'est aussi servi de ce mode dans une phrâse afirmative. "S'il se rencontre quelque sphinx d'une beauté merveilleûse, on peut croire qu'il soit (qu'il est) de quelque Sculpteur Grec.
Au contraire, d'aûtres Auteurs mettent l'indicatif à la place du subjonctif dans des phrases négatives: "Je ne crois pas qu'il seroit (qu'il fût) juste de détruire tout d'un coup le droit de l'Empire Romain. "Je n' avois point cru que M. Newton étoit (fût) capable d'employer cette objection. Leibnitz. Cela est pardonable à un étranger; mais des Auteurs, français d'origine et d' éducation, ont fait la même faûte; ce qui est plus surprenant. "On prie Mr de St. Ange de ne pas croire qu'il y a (qu' il y ait) des absurdités dans Ovide, toutes les fois qu' il ne pourra pas l'entendre, sans lui en suposer. Journ. de Mons. "Croyez-vous qu'aujourd'hui on peut (on puisse) suporter ces idées de perfection? Anon.
2°. Quand la négative afecte le verbe régi, comme le verbe croire, le câs est plus embarrassant. Faut-il dire, par exemple, je ne crois pas que je ne le fasse pas; ou que je ne le fasse, en retranchant pas; ou bien: je ne crois pas ne pas le faire, en se servant de l'infinitif? — Mde. de Sévigné a employé la seconde manière, qui me plairait assez. "Je ne crois pas que je ne pleure quand je verrai, etc. L'infinitif me parait bon aussi en pareil câs. Mais, à mon avis, la première manière ne vaut rien du tout: je ne crois pas que je ne pleure pas, etc.
3°. Croire que, dans les phrâses interrogatives, a des sens diférens, suivant qu'il régit le futur ou le subjonctif. Croyez-vous qu'il le fera? signifie: je crois qu'il ne le fera pas, et vous seriez trop simple de le croire. Croyez-vous qu'il le fasse? veut dire: je doute qu'il le fasse; je ne sais s' il le fera. Extr. de Mr. Andry de Bois-Regard.
4°. Il est à croire que, a les mêmes régimes que croire: "Il est à croire qu'il le veut ainsi: est-il à croire qu'il le veuille, ou qu'il le voudra ainsi? — On met aussi, il est à croire sans que, en parenthèse. "Une mort chrétienne le mit en possession, comme il est à croire, de la récompense que méritoient ses soufrances et la fermeté de sa foi. Lett. Edif.
5°. Pour revenir au régime de l'infinitif, on ne doit l'employer qu'avec les verbes qui se raportent au sujet de la phrâse, et non au régime. "Je croyois cette brochure intéressante, parce que je la croyois contenir les actions journalières d'un grand Prince. M. de Barruel. Il falait: je croyais qu'elle contenait, etc.
6°. Quelquefois, dans la conversation, on suprime le pron. le devant croire. "Vous en viendrez à bout. — Vous croyez? — Je le crois. On dit, vous croyez? pour, vous le croyez?
CROIRE, signifie aussi avoir la foi, et recevoir avec soumission tout ce que l'Église enseigne. Il s' emploie, ou neutralement et sans régime: "À~ la première prédication des Apôtres, les Juifs crurent. "Il ne croit point, c'est un impie; ou avec la prép. en ou à pour régime: croire en Dieu, en J. C. au St. Esprit, à la Ste. Eglise catholique, etc.~ — M. Crouzaz lui fait régir la prép. dans. "Les hommes vicieux et tirans crurent dans des Dieux tirans et vicieux. J'aimerais mieux en que dans; mais, à des Dieux vaut mieux encôre.
croire
croire
croire (se)
croire
(kʀwaʀ)verbe transitif
avoir l'idée que Je crois qu'il est déjà parti.
croire
glauben, anerkennen, für richtig erkennen, dünkenbelieve, account, accredit, acknowledge, deem, recognize, credit, expect, fancy, hold, admit, avow, concedegeloven, menen, agnosceren, erkennen, honoreren, alswaarheidaannemen, houdenvoor, denken, aannemen, achten, vermoeden, houden voorהאמין (הפעיל), חשב (פ'), הֶאֱמִיןag, glo, meencreure, reconèixertroagnoski, kredicreer, recononceruskoatrúacredere, reputare, ritenere믿다, ...을 믿다agnoscere, crederetrowierzyć, uwierzyćacreditar, crer, admitir, admitir a veracidade de, reconhecercredetro, erkännainanmak, inandırmakπιστεύωверить, думать, считатьيُؤْمِنُ, يُصَدِّقُvěřitsmatrati, vjerovati信じる, 信仰するเชื่อ, เลื่อมใส ศรัทธาtin, tin tưởng相信, 笃信宗教相信verbe intransitif
croire
[kʀwaʀ]Il croit tout ce qu'on lui raconte → He believes everything he's told.
à en croire qn → according to sb
À l'en croire, tout ne serait qu'une coïncidence → According to her, it's all just a coincidence.
à en croire les sondages → if the polls are to be believed
à en croire les journaux → if we can believe what we read in the papers
faire croire qch à qn → to lead sb to believe sth
Tu crois qu'il fera meilleur demain? → Do you think the weather will be better tomorrow?
croyant bien faire
Certains, croyant bien faire, ont administré des doses très élevées → Some, thinking they were doing the right thing, administered very large doses.
croire en qch → to believe in sth
croire en Dieu → to believe in God
Oui, je crois, mais il faut un peu de patience → Yes, I think so, but we must be patient.