perdre

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perdre

v.t. [ lat. perdere ]
1. Cesser de posséder, d'avoir à sa disposition : La joueuse a perdu une grosse somme au poker gagner conserver, garder
2. Cesser d'avoir une partie de soi, une faculté : Grâce à ce régime, il a perdu quinze kilos prendre
3. Être privé d'un de ses éléments, d'une de ses parties : La voiture a perdu un enjoliveur récupérer reprendre, retrouver
4. Abandonner un comportement ; ne plus éprouver un sentiment : Je souhaiterais que tu perdes l'habitude d'arriver en retard ! Ne perdons pas espoir, il est encore possible qu'on le retrouve vivant ne désespérons pas
5. Ne plus pouvoir trouver : J'ai perdu une boucle d'oreille égarer
6. Cesser de contrôler par la pensée, de maintenir un lien avec : Elle n'a pas perdu un mot de notre conversation elle a tout suivi
7. Être séparé de qqn par la mort : Elle a perdu son mari il y a deux ans.
8. Être quitté par qqn : Depuis cette affaire, l'équipe a perdu beaucoup de supporteurs.
9. Avoir le dessous dans une compétition : Le joueur d'échecs a perdu la première partie gagner, remporter
10. Faire un mauvais emploi de : J'ai perdu deux heures à essayer de l'appeler gâcher, gaspiller
11. Ne pas profiter de ; laisser échapper : Ils ont perdu une occasion de marquer un but manquer
12. Faire subir un grave préjudice matériel ou moral à : Sa crédulité l'a perdu.
N'avoir rien à perdre,
n'être exposé à aucune conséquence fâcheuse en agissant de telle façon ; être dans une situation telle qu'on ne peut rien redouter de pire.
Ne rien perdre pour attendre,
n'avoir aucune chance d'échapper à une punition ou à une revanche.
Perdre de vue,
cesser d'être en relation avec qqn, de s'occuper de qqch.
Perdre du terrain,
aller moins vite que son adversaire ; reculer.
Perdre la raison ou la tête,
ne plus avoir tout son bon sens ; devenir fou.
v.i.
1. Avoir le dessous ; être vaincu, battu : Cette championne ne peut pas perdre gagner
2. Faire une perte d'argent : Ce spéculateur a beaucoup perdu.
3. Ne pas bénéficier d'un avantage : Tu n'as rien perdu en n'assistant pas à la réunion.

se perdre

v.pr.
1. Ne plus trouver son chemin : Elles se sont perdues dans le centre-ville s'égarer
2. Ne plus être perceptible ; disparaître : Le voleur se perdit dans la foule se fondre
3. Devenir inutilisable ; s'avarier : Les pêches vont se perdre si on ne les mange pas tout de suite se gâter, pourrir
4. Cesser d'être en usage : Cette coutume tend à se perdre disparaître, s'éteindre
Se perdre dans les détails,
s'y attarder trop longuement.
S'y perdre,
ne plus rien comprendre : Je m'y perds ; qui est le frère de qui ?
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

perdre


Participe passé: perdu
Gérondif: perdant

Indicatif présent
je perds
tu perds
il/elle perd
nous perdons
vous perdez
ils/elles perdent
Passé simple
je perdis
tu perdis
il/elle perdit
nous perdîmes
vous perdîtes
ils/elles perdirent
Imparfait
je perdais
tu perdais
il/elle perdait
nous perdions
vous perdiez
ils/elles perdaient
Futur
je perdrai
tu perdras
il/elle perdra
nous perdrons
vous perdrez
ils/elles perdront
Conditionnel présent
je perdrais
tu perdrais
il/elle perdrait
nous perdrions
vous perdriez
ils/elles perdraient
Subjonctif imparfait
je perdisse
tu perdisses
il/elle perdît
nous perdissions
vous perdissiez
ils/elles perdissent
Subjonctif présent
je perde
tu perdes
il/elle perde
nous perdions
vous perdiez
ils/elles perdent
Impératif
perds (tu)
perdons (nous)
perdez (vous)
Plus-que-parfait
j'avais perdu
tu avais perdu
il/elle avait perdu
nous avions perdu
vous aviez perdu
ils/elles avaient perdu
Futur antérieur
j'aurai perdu
tu auras perdu
il/elle aura perdu
nous aurons perdu
vous aurez perdu
ils/elles auront perdu
Passé composé
j'ai perdu
tu as perdu
il/elle a perdu
nous avons perdu
vous avez perdu
ils/elles ont perdu
Conditionnel passé
j'aurais perdu
tu aurais perdu
il/elle aurait perdu
nous aurions perdu
vous auriez perdu
ils/elles auraient perdu
Passé antérieur
j'eus perdu
tu eus perdu
il/elle eut perdu
nous eûmes perdu
vous eûtes perdu
ils/elles eurent perdu
Subjonctif passé
j'aie perdu
tu aies perdu
il/elle ait perdu
nous ayons perdu
vous ayez perdu
ils/elles aient perdu
Subjonctif plus-que-parfait
j'eusse perdu
tu eusses perdu
il/elle eût perdu
nous eussions perdu
vous eussiez perdu
ils/elles eussent perdu
Collins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011

PERDRE

(pèr-dr' ; à la 2e et à la 3e personne, tu perds, il perd, se prononcent pêr, sans que l's ou le d se lient : il pêr un temps précieux) v. a.je perds, tu perds, il perd ; je perdais ; je perdrai ; je perdrais ; je perdis ; perds, perdons ; que je perde, que nous perdions ; que je perdisse ; perdant, perdu.

Résumé

Être privé de quelque chose dont on était en possession.
Être privé d'un avantage, d'un profit qu'on aurait pu obtenir.
Être privé, par la mort ou autrement, de personnes qu'on aime, qu'on regrette.
Être privé de quelque partie de soi.
Ne pas entendre ; ne pas comprendre ; ne pas voir.
Être privé d'une chose qui est sortie de notre possession par quelque accident ; se séparer de ; égarer.
Cesser d'avoir, n'avoir plus.
Cesser de suivre, d'occuper, laisser échapper, laisser prendre.
Perdre, en termes de marine.
10° Faire un mauvais emploi, un emploi inutile.
11° Avoir le désavantage.
12° Causer la ruine de quelqu'un.
13° Gâter l'esprit, corrompre les mœurs, causer la damnation.
14° Endommager, gâter.
15° Confondre avec, rendre insensible dans.
16° V. n. Ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on espérait.
17° Avoir le désavantage au jeu.
18° Diminuer de valeur.
19° Perdre, en termes de marine.
20° Se perdre, v. réfl. Être perdu, devenir à rien.
21° S'abîmer.
22° Disparaître.
23° Se terminer.
24° Se confondre en.
25° S'anéantir.
26° Faire naufrage.
27° S'égarer, ne plus retrouver son chemin.
28° Avoir l'esprit surmonté par la grandeur ou la difficulté des choses.
29° Avoir l'esprit absorbé.
30° Cesser d'avoir des rapports d'amitié.
31° Causer sa propre ruine.
32° Se damner.
33° Au billard, jeter sa propre bille dans une blouse.
Être privé de quelque chose dont on était en possession.
On perd tout quand on perd un ami si fidèle [CORN., Hor. II, 1]
Je perdrai mes États, et garderai mon rang [ID., Nicom. III, 1]
Elle eut une magnificence royale ; et l'on eût dit qu'elle perdait ce qu'elle ne donnait pas [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Je serrais les bras, mais j'avais déjà perdu ce que je tenais [ID., Duch. d'Orl.]
Les misérables qui n'ont rien à perdre [ID., Hist. III, 7]
Le prince d'Espagne, Louis de la Cerda, fils de celui qui perdit le trône [VOLT., Mœurs, 141]
Perdre Dieu, ne plus avoir sa grâce, ne plus croire en lui.
C'est ainsi que nous perdons Dieu, dont toutefois nous ne pouvons nous passer ; car il y a au fond de notre âme un secret désir qui le demande sans cesse [BOSSUET, la Vallière.]
Familièrement. Vous ne perdrez rien pour attendre, c'est-à-dire le retard ne vous sera pas préjudiciable, ou, ironiquement, vous serez puni comme vous le méritez.
Croyez-moi, vous n'y perdrez rien [LA FONT., Fianc.]
On dit dans le même sens : n'en perdre que l'attente.
Tu n'en perds que l'attente, et je te le promets [MOL., le Dép. III, 10]
Il se dit aussi des personnes en ce même sens.
Après tout, je suis plus à vous que jamais ; il est vrai, madame, que vous ne sauriez me perdre, quelque négligence que vous ayez pour moi [VOIT., Lett. 17]
Il faut venger un père et perdre une maîtresse [CORN., Cid, I, 9]
Je crus que je ne vous perdrais pas pour cela [une lettre non écrite], puisque vous ne m'aviez pas perdue pour quelque chose de plus [SÉV., à Bussy, 6 juillet 1670]
On le négligea comme un serviteur qu'on ne pouvait perdre [FLÉCH., Duc de Mont.]
La neutralité entre des femmes qui nous sont également amies, quoiqu'elles aient rompu pour des intérêts où nous n'avons nulle part, est un point difficile ; il faut choisir souvent entre elles, ou les perdre toutes deux [LA BRUY., III]
Être privé d'un avantage, d'un profit qu'on aurait pu obtenir. Perdre les bonnes grâces de quelqu'un. Perdre sa réputation, son honneur, ses emplois.
Deux mots que lui dit son père lui font bien entendre qu'il n'a pas perdu ses avantages [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Je perdrais ma vengeance en la rendant si prompte [RAC., Bajaz. IV, 6]
Ils se voient mille fois à la veille de perdre en un instant le fruit d'une vie entière de recueillement et de pénitence [MASS., Carême, Samarit.]
Être séparé, par la mort ou autrement, de personnes qu'on aime, qu'on regrette. Notre servante s'est mariée ; nous avons perdu là une excellente domestique.
Plaignez-moi d'avoir perdu le cardinal de Retz [SÉV., à Bussy, 25 août 1679]
Je crains toujours qu'elle ne perde bientôt son mari, et que vous ne la perdiez ensuite [MAINTENON, Lettre à Mme de Caylus, 15 oct. 1715]
Mais il me faut tout perdre et toujours par vos coups [RACINE, Andr. I, 4]
J'ai perdu, dans la fleur de leur jeune saison, Six frères.... [ID., Phèdre, II, 1]
J'ai perdu mon cher Damilaville, dont l'amitié ferme et courageuse avait été longtemps ma consolation [VOLT., Lett. à M. Thiriot, 27 janv. 1769]
Vous aurez déjà appris que nous avons perdu Gresset, si le mot perdu n'est pas trop fort pour un homme qui ne disait plus que des orémus [D'ALEMB., Lett. à Voltaire, 23 juin 1777]
Être privé de quelque partie de soi.
Quel avantage pensait nous procurer Platon, en disant que c'était [l'homme] un animal à deux jambes sans plumes ?... puisqu'un homme ne perd pas l'humanité en perdant les deux jambes, et qu'un chapon ne l'acquiert pas en perdant ses plumes [PASC., Géométr. I]
Il vaut bien mieux perdre votre pied, votre main, votre œil, tout votre corps, que de vous mettre en danger de perdre votre âme [BOURDAL., 3e dim. après Pâq. Dominic. t. II, p. 107]
Il perdait son sang et ses forces [FÉN., Tél. X]
Perdrai-je l'œil ? lui dit Messer Pancrace [qui avait reçu un coup dans l'œil]. - Non, mon ami ; je le tiens dans ma main [J. B. ROUSS., Épigr. I, 25]
Perdre la vie, mourir.
Je crus que Mentor avait perdu la vie [FÉN., Tél. IV]
Perdre la tête, avoir la tête coupée.
Trois pairs écossais furent condamnés à perdre la tête [VOLT., Louis XV, 25]
Fig. Perdre la tête, devenir fou, et aussi ne savoir plus où l'on en est.
Ayez pitié de votre ancienne créature qui a perdu la tête, et à qui il ne reste que son cœur [VOLT., Lett. d'Argental, 15 août 1777]
Le comte : Ah ! qu'il consente à tout, et je ne lui demande rien. - Figaro : Que la quittance de mes cent écus : ne perdons pas la tête [BEAUMARCH., Barb. de Sév. IV, 8]
Populairement. Perdre la boule, ne plus savoir ce qu'on fait (boule est ici un mot populaire pour tête). Laissez-moi donc tranquille ; avec toutes vos observations vous me feriez perdre la boule. Subir la perte ou la diminution de quelque faculté physique ou morale. Perdre le repos, le sommeil. Perdre patience. Perdre courage.
Il [Charles Ier] a montré qu'il n'est pas permis aux rebelles de faire perdre la majesté à un roi qui sait se connaître [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Il perd le sentiment [RAC., Andr. v, 5]
Si je le hais, Cléone ? il y va de ma gloire Après tant de bontés dont il perd la mémoire [ID., Andr. II, 1]
Je plains Votre Majesté si elle commence, comme elle prétend, à perdre la mémoire ; il y a longtemps que j'ai commencé à la perdre aussi [D'ALEMB., Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782]
Perdre la parole, l'usage de la parole, perdre la voix, ne plus pouvoir parler.
Dandin : Parlez donc, avocat. - Petit Jean : J'ai perdu la parole [RAC., Plaid. III, 3]
Perdant tout ensemble et la voix et les pleurs [DUCIS, Oscar, II, 2]
Fig. Perdre la parole, devenir muet de surprise, de crainte, d'embarras.
Avez-vous donc perdu, dites-moi, la parole ? [MOL., Tart. II, 3]
Perdre haleine, l'haleine, la respiration, manquer de respiration.
Écoute, mouchard, mon ami, Je suis ton capitaine ; Sois gai pour tromper l'ennemi, Et chante à perdre haleine [BÉRANG., la Conspir. des chansons.]
Perdre l'esprit, devenir fou, et aussi ne pas savoir comment se tirer de quelque embarras.
Je tremble au seul récit de la tempête furieuse dont sa flotte fut battue pendant dix jours ; les matelots furent alarmés jusqu'à perdre l'esprit [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
On dit dans le même sens : perdre le jugement.
Avez-vous, dites-moi, perdu le jugement ? [MOL., Mis. IV, 3]
Familièrement. Il en perd le boire et le manger, c'est-à-dire il est tellement préoccupé de quelque chose qu'il semble ne songer à rien autre.
Ne pas entendre. Il a l'oreille dure, il perd une partie de ce qui se dit dans la conversation.
Je ne perdis rien de tout ce qu'elle me dit, et en vérité je vous le rapporte presque mot pour mot, tant j'en fus frappée [MARIVAUX, Marianne, part. I]
Ne pas comprendre. Il sait l'anglais imparfaitement, et il perd une partie de ce qui se dit. Ne pas voir. Il était mal placé, et perdait une partie du jeu des acteurs.
Sainville ne perdait aucun de ses mouvements [GENLIS, Vœux téméraires, t. III, p. 242, dans POUGENS]
Être privé d'une chose qui est sortie hors de notre possession par quelque accident. Perdre son chapeau, son mouchoir.
Le bon est qu'en courant il a perdu sa botte, Et que, marchant toujours, enfin il s'est trouvé Une botte de moins quand il est arrivé [REGNARD, le Distr. I, 6]
Priver quelqu'un d'une chose qu'on met par accident hors de sa possession.
On lui perd tout, on lui égare tout [LA BRUY., XI]
Perdre quelqu'un, se séparer de lui de manière à ne plus pouvoir le retrouver.
J'ai perdu mon maître à l'Opéra ; je ne sais ce qu'il est devenu [BARON, Homme à bonnes fort. IV, 5]
En ce sens, il se dit aussi de certains animaux. Ce chien a perdu con maître. Perdre quelqu'un, le détourner de sa route, l'égarer. Ce postillon nous a perdus. Perdre quelqu'un, perdre un chien, signifie aussi l'égarer de manière à ne plus le retrouver. Il faut perdre ce chien.
Cidalise la promène ; elle tâchera de la perdre comme un animal incommode [DANCOURT, Foire de Besons, SC. 14]
esser d'avoir, n'avoir plus. Les arbres ont perdu leurs feuilles. Cette étoffe a perdu sa couleur.
Attale : Insolent ! est-ce enfin le respect qui m'est dû ? - Nicomède : Je ne sais de nous deux, seigneur, qui l'a perdu [CORN., Nicom. I, 2]
Tellier et Servien se contentèrent de ne lui pas applaudir [à Mazarin] ; mais le garde des sceaux lui perdit tout respect [RETZ, III, 136]
Ce présent perdait son prix par son abondance [PASC., Géométr. 2]
J'ai perdu, à force de vous écouter, la grossière ignorance sur bien des choses [SÉV., 15 sept. 1680]
À force d'attentats perdre tous mes remords [RAC., Athal. III, 3]
Nous avons perdu l'espérance de le revoir [FÉN., Tél. I]
Il n'avait rien perdu de sa fierté [ID., ib. XVI]
Fig. J'y perdrai mon nom, voy. NOM, n° 1, à la fin. Cette rivière perd son nom dans telle autre, cette rivière, en tombant dans telle autre, prend le nom de celle-ci. Renoncer à.
Ah ! madame, perdez cette injuste créance [MAIRET, Sophon. III, 4]
La belle, voyez-vous, qu'on perde ces caprices [CORN., la Gal. du Pal. Roy. IV, 11]
Et les premières flammes S'établissent des droits si sacrés sur les âmes, Qu'il faut perdre fortune et renoncer au jour, Plutôt que de brûler des feux d'un autre amour [MOL., Femmes sav. IV, 2]
Quoi ! vous ne perdrez point cette cruelle envie [de mourir] ? [RAC., Phèdre, I, 3]
Votre mélancolie m'afflige ; vous la perdrez sans doute devant la fille que je vous destine [BRUEYS, Muet, I, 5]
Vous resterez, je le veux ; il faut perdre cet air chagrin et demeurer [Mme RICCOBONI, Sophie de Vallière, t. IV, p. 123, dans POUGENS]
Cesser de suivre, d'occuper, laisser échapper, laisser prendre. Perdre son chemin. Le cocher s'est laissé couper, il a perdu la file.
Je ferai que le pilote perdra sa route [FÉN., Tél. IX]
Tout à coup elle [Cymodocée] s'aperçoit qu'elle a perdu le sentier de la montagne [CHATEAUBR., Mart. I]
Fig. Perdre la trace, les voies, le train d'une affaire, ne savoir plus où elle en est. Perdre du terrain, reculer au lieu d'avancer ; se laisser distancer par un concurrent. Terme de manége. Perdre du terrain, se rétrécir sur les voltes. Perdre de vue, voy. VUE. Fig. Perdre le fil de son discours, n'en pouvoir plus trouver la suite. Perdre le fil du discours d'un autre, n'en pas pouvoir comprendre la suite. Perdre pied, perdre terre, ne plus trouver le fond de l'eau avec les pieds ; et fig. ne savoir plus où l'on on est.
Terme de marine. Perdre terre, cesser de voir la terre. Perdre la sonde, ou perdre le fond, quitter les parages où l'on pouvait sonder. Perdre la tramontane, voy. TRAMONTANE. Fig. et familièrement. Perdre la carte, se brouiller dans ses idées. Perdre ses mâts, ses voiles, son gouvernail, se dit lorsque les mâts sont abattus, les voiles emportées, le gouvernail démonté par l'effet du mauvais temps. Un officier commandant perd ou a perdu un bâtiment, lorsque ce bâtiment fait ou a fait naufrage pendant qu'il le commandait.
10° Perdre, faire un mauvais emploi, un emploi inutile.
Et je perds mon trépas, Puisque, mourant pour lui, je ne le sauve pas [CORN., Héracl. v, 6]
Il aime mieux se jeter aux pieds de cette marâtre impérieuse qu'il hait et qu'il a bravée, que de perdre des prières et des soupirs auprès d'un père qui l'aime dans le fond de l'âme, et n'oserait lui rien accorder [ID., Ex. de Théod.]
Perdez fort peu de temps en ce doux entretien [ID., Sophon. IV, 4]
Ne perds plus de raisons à combattre ma flamme [ID., Tite et Bérén. v, 1]
A-t-on gagé d'être parfaite ? non assurément ; et, si j'avais fait cette gageure, j'y aurais bien perdu mon argent [SÉV., 61]
Entrez dans ces raisonnements [les probabilités que le jeune de Grignan n'aille pas à la guerre] .... et ne vous mettez point si tôt en travail ; c'est dommage de perdre vos douleurs [ID., 28 févr. 1689]
Et de ce peu de jours si longtemps attendus, Ah ! malheureux ! combien j'en ai déjà perdus ! [RAC., Bérén. IV, 4]
En quels retardements D'un jour si précieux perdez-vous les moments ? [ID., Bajaz. IV, 6]
Ma vengeance est perdue, S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue [ID., Andr. IV, 4]
Perdre temps, perdre du temps.
Laisse-moi, raison importune.... Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir [MALH., V, 18]
Je n'ai point perdu temps, et, voyant leur colère [des conjurés contre Auguste] Au point de ne rien craindre, en état de tout faire, J'ajoute en peu de mots.... [CORN., Cinna, I, 3]
Qu'on ne perde point temps à s'entre-regarder ; Parlez.... [ID., Androm. II, 1]
Perdre temps, ne pas arriver à temps.
Monsieur, j'ai perdu temps, votre homme se dédit [MOL., l'Ét. III, 2]
Ne perdez point de temps à, hâtez-vous de (locution vieillie).
Ne perdez point de temps à le porter [l'entier payement] ici, ni à le donner à Saint-Georges sur son reçu [Mme DE GRIGNAN, à un homme d'affaires, 1694, dans Bibl. des chartes, 1le série, t. IV.]
Familièrement. Il y perd son latin, voy. LATIN, n° 6. Dans un sens analogue.
Je sens déjà crouler notre planète ; L'observatoire y perdra ses compas [BÉRANGER, Comète.]
Fig. Vous y perdez vos pas, c'est-à-dire vous ne réussirez pas à ce que vous entreprenez.
Qui va, qui vient, qui court, qui perd ses pas [LA FONT., Magn.]
11° Avoir le désavantage.
Je voudrais, m'en coutât-il grand'chose, Pour la beauté du fait avoir perdu ma cause [MOL., Mis. I, 1]
Si vous perdez une bataille, tout est perdu dans ce moment ; si vous ne la donnez pas, vous perdez tout, peut-être un peu plus lentement, mais vous perdez tout [MAINTENON, Lett. à Mme des Ursins, 18 juillet 1706]
La jurisprudence d'Espagne est précisément comme celle de France : on change de lois en changeant de chevaux de poste, et on perd à Séville le procès qu'on aurait gagné à Saragosse [VOLT., Lett. Servan, 13 janv. 1768]
Ne rien perdre, n'éprouver aucun désavantage.
Il m'envoie sa harangue, qui ne perd rien pour être imprimée [SÉV., 228]
Si leur union [de Louis XIV et de Charles II] ne perd rien de sa fermeté [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Je me trouvai sur son passage, elle ne perdait rien à être vue de près [MARIVAUX, Pays. parv. part. v.]
Terme de jeux. Perdre les cartes, faire moins de levées que la personne contre laquelle on joue. Il se dit aussi de l'argent que l'on donne à celui qui gagne une partie de jeu.
Mon fils me fit l'autre jour une assez méchante plaisanterie : il me manda qu'il avait perdu au reversis deux cent soixante louis [SÉV., 442]
Fig. Il joue à tout perdre, il expose au hasard tout ce qu'il a, ou les plus grands intérêts dont il soit chargé.
12° Causer la ruine.
Quels que soient leurs décrets [des dieux], déclarez-vous pour eux, Et pour leur obéir perdez le malheureux [CORN., Pomp. I, 1]
Je perdrai qui me perd, ne pouvant me sauver [ID., ib. II, 4]
Je perdrai toute la maison d'Achab, et je tuerai de la maison d'Achab jusqu'aux petits enfants, jusqu'aux animaux [SACI, Bible, Rois, IV, IX, 8]
Étant tous unis dans le dessein de perdre M. Arnauld [PASC., Prov. I]
Antiochus l'illustre, roi de Syrie, conçut le dessein de perdre ce peuple divisé [les Juifs], pour profiter de ses richesses [BOSSUET, Hist. II, 5]
L'empereur [Théodose], ayant appris ce désordre, en fut tellement irrité, qu'il résolut de perdre cette ville [Thessalonique], et condamna à la mort une partie de ses habitants [FLÉCH., Hist. de Théodose, IV, 2]
Et, pour nous rendre heureux, perdons les misérables [RAC., Brit. II, 8]
On se perdait en voulant perdre l'innocence [MASS., Dauphin.]
Que voulez-vous que je vous réponde ? vous avez voulu me perdre, et vous réussissez à merveille [DANCOURT, Bourg. à la mode, v, sc. dern.]
Les leudes et les grands officiers se crurent perdus ; ils la perdirent [Brunehault] [MONTESQ., Esp. XXXI, 1]
La cabale jésuitique ne voulut-elle pas perdre Fontenelle ? [VOLT., Dict. phil. Quisquis.]
Perdre d'honneur, de réputation, ôter l'honneur, la réputation, en action ou en parole.
Il a perdu d'honneur [par un soufflet] Celui que de mon fils j'ai fait le gouverneur [CORN., Cid, II, 7]
Toujours protectrice des gens qu'elle perdait de réputation par la bouche des autres [MARIVAUX, Pays. parv. part. 3]
Tu me perds d'honneur, ma chère Polly [VOLT., Écoss. II, 5]
Perdre auprès de quelqu'un, dans l'esprit de quelqu'un, ôter la faveur, la bonne opinion.
Je vois qu'il a voulu me perdre auprès de vous [CORN., Nicom. IV, 2]
Que ne m'avez-vous consultée avant que d'écrire à ma mère, lui repartis-je en sanglotant ? vous achevez de me perdre auprès d'elle [MARIVAUX, Marianne, 9e part.]
Par exagération. Causer un grand tort, un grand embarras.
Mon cher oncle, je m'en irai ; je m'en retournerai ; ne me perdez pas [DIDEROT, Père de famille, v, 12]
Viens donc, malheureux ! tu me perds [BEAUMARCH., Barb. de Sév. I, 2]
Il se dit aussi des choses qui causent la ruine.
D'un si lâche dessein mon âme est incapable, Il perd trop d'innocents pour punir un coupable [CORN., Cinna, III, 1]
Je lui ai dit que son indiscrétion la perdrait, que son silence ferait sa fortune [MARIV., Marianne, 6e part.]
Il leur est arrivé [aux jésuites] dans un siècle de lumière et de modération ce qui arriva aux templiers dans un siècle d'ignorance et de barbarie : l'orgueil perdit les uns et les autres [VOLT., Louis XV, 38]
13° Gâter l'esprit, corrompre les mœurs.
Lorsque le roi Henri VIII s'égara dans les passions qui ont perdu Salomon et tant d'autres rois [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Malheureuse ! voilà comme tu m'as perdue [RAC., Phèdre, IV, 6]
Perdre une femme, la jeter dans le désordre.
Comment l'amour, qui perd tant d'honnêtes femmes.... [J. J. ROUSS., Hél. v, 13]
L'indigence et la séduction perdaient une fille modeste et sage, qui peut faire un jour une excellente mère de famille [ID., ib. I, 39]
Causer la damnation.
Et mille fois elle [l'âme du religieux] se félicite elle-même d'avoir su perdre sa liberté, afin que sa liberté ne la perdît pas [BOURDAL., Pensées, t. II, p. 481]
C'est une illusion qui perd une infinité de demi-chrétiens, et qui nous perdra [ID., 6e dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 331 et 332]
Ô Dieu !... si le nombre de ceux qu'il faudrait perdre ne vous fait rien rabattre de la sévérité de vos lois [MASS., Carême, Élus.]
Perdre son âme, se damner.
14° Endommager, gâter. La nielle a perdu les blés. La pluie a perdu la robe de cette dame.
15° Confondre avec, rendre insensible dans. Il faut perdre cette nuance dans les autres. Terme de gravure. Perdre une taille, la rendre insensible ; la joindre à une autre, de manière que les deux se confondent ensemble.
16° V. n. Perdre, ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on espérait.
Si elle [Mme de Bouillon] est innocente, elle perd infiniment de n'avoir pas le plaisir de triompher [SÉV., 16 févr. 1680]
Je comprends qu'en effet vous perdez un peu que je ne sois plus à Paris [SÉV., 17 mai 1680]
Je suis charmé de mon prédicateur ; vous avez bien perdu de n'être pas à son sermon [FÉN., t. XXI, p. 3]
Ce marchand perd sur sa marchandise, il la vend moins cher qu'il ne l'a achetée. Il perd dans son commerce, il y souffre du dommage, du préjudice. On dit de même : perdre tant sur une marchandise, sur un marché. Perdre à, manquer à.
Je perds bien à gagner, de ce que ma boutique, Pour être trop étroite, empêche ma pratique [CORN., la Gal. du Pal. I, 4]
17° Avoir le désavantage au jeu.
Si l'on joue, il gagne au jeu : il veut railler celui qui perd, et il l'offense [LABRUY., V]
Tu peux me faire perdre, ô fortune ennemie ! Mais me faire payer, parbleu, je t'en défie [REGNARD, le Joueur, I, 5]
Jouer à qui perd gagne, jouer à un jeu où l'on convient que celui qui perdra la partie selon les règles ordinaires, la gagnera ; et fig. obtenir un avantage réel au prix d'un désavantage apparent.
18° Diminuer de valeur. Les actions ont perdu.
Je ne dormirai point sous de riches lambris : Mais voit-on que le somme en perde de son prix ? [LA FONT., Fabl. XI, 4]
Cet homme a beaucoup perdu dans l'opinion, c'est-à-dire on en fait moins de cas qu'auparavant.
Vous aviez gagné chez les paysans, vous perdez chez les beaux esprits [J. J. ROUSS., Hél. II, 27]
Sa réputation perd chaque jour, l'estime qu'on faisait de lui diminue chaque jour. Diminuer d'intensité, de force, de qualité. Le vin perd en vidange. Ces fruits perdent à attendre.
Je cherchai combien la lumière du soleil perdait par la réflexion à différentes distances [BUFF., Hist. min. Introd. part. exp. Œuv. t. VII, p. 144]
Empirer.
Chez les peuples misérables l'espèce perd et quelquefois dégénère [MONTESQ., Lett. pers. 122]
Dans maint auteur de science profonde J'ai lu qu'on perd à trop courir le monde [GRESSET, Ver-vert, ch. I]
19° Terme de marine. La mer perd, la marée se retire. Les marées perdent, lorsqu'elles sont dans la période pendant laquelle chaque marée est plus faible que celle qui l'a précédée. Un navire perd, lorsqu'il est gagné par un autre ou qu'il recule au lieu d'avancer. Il perd au vent lorsqu'il ne tient pas bien le vent.
20° Se perdre, v. réfl. Être perdu, devenir à rien.
Le temps se perd, seigneur [CORN., Othon, I, 5]
Elle gémit en vain ; sa plainte au vent se perd [LA FONT., Fabl. II, 8]
Lui [Dieu], aux yeux de qui rien ne se perd [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Nous mourons tous... et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour [ID., ib.]
J'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue [RAC., Brit. II, 2]
J'entends dire qu'elle [une actrice] n'a que des défauts qui se perdent aisément, mais qu'elle a toutes les qualités qui ne s'acquièrent point [D'ALEMB., Lett. à Voltaire, 23 juin 1766]
Ses parents, qui n'approuvaient pas ce dessein, l'envoyèrent [Juste Lipse] à Louvain, où sa vocation se perdit [DIDEROT, Opin. des anc. philos. (Stoïcisme).]
Se perdre, se dit des espèces qui cessent d'exister. Il y a des espèces qui se perdent. Les espèces qui se sont perdues. L'odeur de cette liqueur, de cette essence, s'est perdue, elle s'est dissipée. Neutralement. Laisser perdre, ne pas avoir soin de garder.
La fortune ne laisse rien perdre pour les hommes heureux [LA ROCHEFOUC., Prem. pens. n° 17]
Il se dit des lois, des usages, des coutumes qui cessent, des mots qui tombent en désuétude. Cet usage se perd de jour en jour. Ce mot se perd. Cette acception s'est perdue.
La loi des Wisigoths triompha, et le droit romain s'y perdit [MONTESQ., Espr. XXVIII, 7]
Cette rivière se perd dans la terre, sous terre à tel endroit, elle s'enfonce en terre et disparaît à cet endroit.
Si ces eaux trouvent des terres sablonneuses, elles se filtrent au travers, et se perdent ; il faut des fonds qui les arrêtent, tels que sont des lits de glaise [FONTEN., Couplet.]
Cette rivière se perd, va se perdre dans telle autre, dans un lac etc. elle se jette dans telle autre, dans un lac, etc.
L'Uruguay, qui se perd dans le même fleuve [le Paraguay] vers le 34e degré de latitude [RAYNAL, Hist. phil. VIII, 15]
Cette rivière se perd dans les sables, elle y finit son cours et ses eaux s'y absorbent. Le chemin se perd en cet endroit, il cesse d'être frayé.
21° S'abîmer.
J'ai demandé Thésée aux peuples de ces bords Où l'on voit l'Achéron se perdre chez les morts [RAC., Phèdre, I, 1]
Les jours, les mois, les années s'enfoncent, et se perdent sans retour dans l'abîme des temps [LA BRUY., XIII]
La rivière s'élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables qui s'élevaient jusqu'au ciel [VOLT., Candide, 17]
Qui percera cette nuit profonde, qui sondera cet abîme où la nature va se perdre ? [BONNET, Consid. corps organ. Œuv. t.v, p. 188, dans POUGENS.]
Fig. Tomber comme dans un précipice.
C'est dans cet abîme profond [l'incrédulité] que la princesse palatine allait se perdre [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Les fleuves courent se mêler dans la mer : les monarchies vont se perdre dans le despotisme [MONTESQ., Esp. VIII, 17]
En niant le péché originel, vous serez forcés d'aller vous perdre dans l'athéisme [CHATEAUBR., Génie, I, I, 4]
22° Disparaître.
Et dans un char de feu te perdant à mes yeux [TRISTAN, Marianne, v, 3]
Des montagnes qui se perdaient dans les nues [FÉN., Tél. I]
Je lui répondis que Paris était pour moi un trop grand théâtre, que je m'y perdrais dans la foule [MARMONTEL, Mém. II]
Je me perds dans la foule et deviens invisible [C. DELAVIGNE, Marino Fal. II, 4]
Fig. Se perdre dans les nues, dans les nuages, parler avec emphase et obscurité.
L'un a peur de ramper, il se perd dans la nue [BOILEAU, Art p. I]
Fig. Se perdre dans des digressions, se livrer à des digressions qui font oublier le sujet principal.
23° Se terminer.
De ces petits pourpoints sous les bras se perdant [MOL., Éc. des maris, I, 1]
Se perdre en, se terminer en, s'épuiser en, en parlant de choses.
Que l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais en une scène vide [BOILEAU, Art p. III]
Tandis.... Que vos ressentiments se perdront en discours [RAC., Brit. I, 4]
24° Se confondre en.
Les dix tribus se perdent parmi les gentils [BOSSUET, Hist. II, 4]
Les peuples, réconciliés ou vaincus, viennent se perdre dans le peuple romain [CHATEAUBR., Génie, IV, III, 1]
Ces nuances, ces couleurs se perdent l'une dans l'autre, elles deviennent tellement mêlées qu'on n'en voit plus la différence.
25° S'anéantir.
Se perdre en Dieu, c'est s'oublier soi-même, pour n'avoir le cœur occupé que de lui [BOSSUET, Rép. aux diff. de Mme de la Maisonfort.]
Je me sentais avec une sorte de volupté accablé du poids de cet univers.... j'aimais à me perdre en imagination dans l'espace [J. J. ROUSS., 3e lett. à M. de Malesherbes, Corresp. t. IV, p. 94, dans POUGENS.]
Va donc, douce chimère d'une âme sensible, félicité si charmante et si désirée, va te perdre dans la nuit des songes ; tu n'auras plus de réalité pour moi [ID., Hél. II, 6]
26° Se perdre, faire naufrage.
Un vieux gentilhomme qui s'était enrichi aux Indes, et qui s'était perdu en mer six mois après son mariage.... [SCARR., Rom. com. I, 22]
Depuis trente ans que je navigue, il ne m'est pas arrivé de voir deux vaisseaux aussi près de se perdre [LAPÉROUSE, Voy. t. II, p. 149, dans POUGENS]
27° S'égarer, ne plus retrouver son chemin.
Cet autre [chemin] si droit, par lequel on m'assurait que je ne me pourrais perdre quand je le voudrais, je m'y perdis hier trois fois en ne le voulant pas [VOIT., Lett. 149]
Neutralement. Mener perdre, conduire quelqu'un pour l'égarer. Fig.
Il [Épictète] se perd dans la présomption de ce que l'on peut [PASC., Entret. avec M. de Saci.]
Je ne me perds point, dit David, dans de tels excès ; et voilà l'orgueil méprisé dans ses égarements [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Fig. Se perdre, ne plus se retrouver soi-même.
Mais, en se trouvant ainsi soi-même, étrange confusion ! elle [l'âme] se perdra bientôt soi-même [BOSSUET, la Vallière.]
Ainsi il est vrai qu'il a perdu Dieu ; mais nous avons dit, et il est vrai, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'est après cela perdu lui-même [ID., ib.]
28° Fig. Avoir l'esprit surmonté par la grandeur ou la difficulté des choses.
C'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée [PASC., Pens. I, 1, édit. HAVET.]
Ils embrouillent toutes choses, et, perdant tout ordre et toute lumière, ils se perdent eux-mêmes et s'égarent dans des embarras inexplicables [ID., Géométr. 1]
Ne nous perdons pas, chrétiens, dans ces hautes spéculations [BOSSUET, 2e sermon, Annonc. 3]
Quel esprit ne se perdrait dans la contemplation de tant de merveilles ? [ID., 2e sermon, Nativ. 1]
Enfin dans cet horrible gouffre De misère et de vanité Je me perds ; et plus j'envisage La faiblesse de l'homme et sa malignité, Et moins de la divinité En lui je reconnais l'image [DESHOULIÈRES, le Ruisseau.]
Les raisonneurs hardis qui se sont perdus dans la profondeur de ces recherches [VOLT., Métaph. 3]
Je me perdais dans ces foules de règles [J. J. ROUSS., Confess. VI]
Je m'y perds, je n'y connais rien.
Tout le monde a envie de rire : j'avoue, pour moi, que je m'y perds [BOSSUET, Lett. quiét. 404]
Comment le fils d'un berger peut-il donner quarante gros diamants ? pourquoi est-il monté sur une licorne ? on s'y perdait [VOLT., Princ. de Babyl. II]
Plus je sonde l'abîme, hélas ! plus je m'y perds [LAMART., Méd. I, 2]
On dit aussi en ce sens : je me perds.
Quand vous me dites que cela n'est pas considérable, je me perds et ne peux comprendre comme cela se peut faire [SÉV., 21 août 1680]
Comme vous je me perds d'autant plus que j'y pense [RAC., Bérén. II, 5]
Ma tête se perd, je m'égare, mes idées se troublent.
29° Avoir l'esprit absorbé.
Je me perds dans cette pensée [SÉV., 358]
Le Nestor des Natchez parut se perdre dans quelque grand souvenir [CHATEAUBR., Natch. liv. I]
30° Cesser d'avoir des rapports d'amitié.
Nous ne nous perdons point, de notre race ; nos liens s'allongent quelquefois, mais ils ne se rompent jamais [SÉV., à Bussy, 6 juill. 1670]
31° Causer sa propre ruine. Il se perd par ses dépenses excessives.
Vous, s'il y faut périr, périssez avec moi ; C'est gloire de se perdre en servant ce qu'on aime [CORN., Sertor. IV, 2]
Cléone : Vous vous perdez, madame ; et vous devez songer... - Hermione : Que je me perde ou non, je songe à me venger [RAC., Andr. IV, 4]
Il joue à se perdre, se dit d'un homme qui s'expose à perdre sa vie, sa fortune, sa réputation. Se perdre d'honneur, ruiner soi-même sa réputation.
Voulez-vous que pour lui je me perde d'honneur ? [CORN., Pulch. I, 5]
Se perdre dans l'esprit de quelqu'un, s'enlever auprès de lui tout crédit, toute bonne opinion.
Mademoiselle [de Montpensier] se perdit pour jamais dans l'esprit du roi [VOLT., Louis XIV, 5]
Se perdre à crédit, à plaisir, de gaieté de cœur, se faire tort par étourderie.
C'est se perdre de gaieté de cœur [C. DELAV., D. Juan d'Autriche, II, 7]
32° Se damner.
Si vous en demeurez là, vous ne laisserez pas de vous perdre, mais au moins vous vous perdrez en honnête homme [PASC., Condit. des grands, 3]
Les pécheurs ordinaires se perdent par un excès de confiance ; mais les libertins et les impies déclarés se perdent par un défaut de confiance [BOURDAL., Exhort. sur la trah. de Judas, t. I, p. 450]
Verrai-je tout le monde se convertir, pendant que vous demeurerez dans le chemin de vous perdre ? [MAINTENON, Lett. à M. d'Aubigné, 15 mars 1693]
Elles se perdaient gaiement par la galanterie, la bonne chère et par l'oisiveté ; et elles se perdent tristement par la présomption et par l'envie [LA BRUY., III]
33° Terme de jeu de billard. Se perdre, mettre sa propre bille dans une blouse, ou la faire sauter hors des bandes.

PROVERBES

  • Il se faut garder des gens qui n'ont rien à perdre.
  • Marchand qui perd ne peut rire.
  • À tout perdre il n'y a qu'un coup périlleux, se dit, lorsqu'en risquant tout, on se résout à tout ce qui peut arriver.
  • À laver la tête d'un âne, d'un More, on perd sa lessive, on perd sa peine à instruire une personne têtue, stupide, indocile.
  • Il ne faut pas laisser perdre les bonnes coutumes, se dit en parlant de quelque fête où l'on se réjouit.
  • Qui quitte la partie la perd, se dit au jeu, et aussi pour marquer qu'il faut poursuivre ce qu'on entreprend.
  • Il est aujourd'hui la Saint-Lambert, qui quitte sa place la perd.
  • Qui perd le sien, perd le sens.

REMARQUE

  • Fléchier voulait qu'on dît au présent, avec l'interrogation : perdé-je ? Vaugelas, qu'on dît perds-je ? Perdé-je est dit par Mme de Grignan : Rien n'est plus digne de vos regrets [que la mort de Mme de Sévigné] ; et moi, monsieur, que ne perdé-je point ? dans SÉV. t. x, p. 387, éd. RÉGNIER. Louis XIV dit un jour : Depuis six ans que j'ai tant d'ennemis sur les bras, perds-je un seul pouce de terre, dans RICHELET, Dict. Il ne faut pas dire perdé-je qui est un barbarisme ; perds-je, qui est correct, n'est pas usité : il faut dire est-ce que je perds ?

HISTORIQUE

  • Xe s.
    Melz [mieux] [elle] sostendreiet les empedemenz, Qu'elle perdesse sa virginitet [, Eulalie]
    Car co videbant per spiritum prophete, que astreient [seraient] li judei perdut, si cum il ore sunt, Fragm. de Valenc. E io ne dolreie [je ne serais pas en chagrin] de tanta millia hominum, si perdut erent ? [, ib. p. 469]
  • XIe s.
    Dous [deux] sunt perceners [ont portion] de une erité, e est l'un emplaidé senz l'altre, e per sa folie si pert ; ne deit pur ço l'altre estre perdant [, Lois de Guill, 39]
    Assez est mielz qu'il i perdent les chez [têtes] [, Ch. de Rol. III]
    A bien petit que il ne pert le sens [, ib. XXII]
  • XIIe s.
    La teste [il] i pert, n'i laissa autre gage [, Ronc. p. 64]
    Car qui le sien donne retraiament [de mauvaise grace], Son gré en pert.... [, Couci, XVI]
    Onques teurtre [tourterelle] qui pert son compagnon Ne fut un jour de moi plus esbahie [, ib. XXIV]
    Car cil qui voit tel amour desevrer, A assez plus de duel [deuil] et de pesance Que n'auroit jà li rois s'il perdoit France [, ib. XXIV]
    N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses oevres ne son tens [, Sax. v]
    Jà Herupe la gente.... Ne perdra à mon temps sa franchise et son nom [, ib. XX]
  • XIIIe s.
    Tant [elle] fuit que de lui [elle] perdent li serjant le regart [, Berte, XXII]
    Et longuement avez esté au bois perdue [, ib. LII]
    ....Qui font tant par trop boire Que il en perdent si le sens et la memoire.... [, ib. LXVI]
    J'ai ma route [chemin] perdue, s' [si] en ai le cuer dolent [, ib. CX]
    Et quant li quens [le comte] vit et entendit lor mauvais cuers et lor mauvais respons, si ot tout le cuer pierdu [, Chr. de Rains, 183]
    Quant ton tens perdu i auras [, la Rose, 4632]
    Qui ne pense neant des choses alées [passées] a sa vie perdue [BRUN. LATINI, Trésor, p. 349]
    Vos choses visitez sovent.... quar li sages dist que celly qui sovent veyt son desert, se rien ne gaigne, rien ne pert [, Bibl. des chartes, 4e série, t. II, p. 375]
    Se nous ne nous croisons, nous perdrons le roy ; et se nous nous croisons, nous perdrons Dieu ; que [car] nous ne nous croiserons pas pour li [JOINV., 299]
    Et il me vit, et estandi ses bras, et me dit : A ! seneschal, j'ai perdue ma mere [ID., 281]
  • XIVe s.
    Se je perdi ier soir, je doi hui recouvrer [, Baud. de Seb. VIII, 483]
    Et se tu prens gens de nient, Tu te pers tout à escient [MACHAUT, p. 112]
  • XVe s.
    Y [il] ne fault qu'un coup pour tout perdre, Ou pour estre victorieux [, Myst. du siége d'Orléans, p. 761]
    Le pays me sembla moult estrange ; et me tinsse pour perdu ou en très grande aventure, si ce ne fust la compagnie du chevalier [FROISS., II, III, 9]
    Si nous estions pris à force, nous perderiemes nos corps et le nostre [ID., II, III, 38]
    Par voies tortes et obliques et par chemins perdus [ID., II, III, 7]
    Ce fut peine perdue [MONSTREL., II, 151]
    Les Anglois estoient en adventure de perdre une grant perte [LEFEVRE DE ST-REMY, Hist. de Charles VI, p. 84, dans LACURNE]
    Et furent contraintz de passer parmi nous, aucuns eschapperent, et le plus se perdirent [COMM., I, 4]
  • XVIe s.
    Qui pert et recoeuvre ne sçait qu'est dueil [G. CRETIN, p. 192, dans LACURNE]
    Je me perds en cette contemplation [RAB., Pant. III, 4]
    Si mes ans les plus beaux, hélas ! trop mal perdus Au volage appetit d'amour et d'une dame [DESPORTES, Œuvres chrestiennes, sonnets, 8]
    Dieu des hommes perdus [Amour], sera-ce jamais fait ? Seray-je tousjours butte aux douleurs incurables ? [ID., Diane, II, 53]
    L'ame qui n'a point de but estably, elle se perd [MONT., I, 32]
    Perdre un procez [ID., I, 130]
    En cecy perdoi-je mon latin [ID., I, 139]
    Il se jecta à corps perdu dans la presse des ennemis [ID., I, 254]
    Toute l'Asie se perdit et se consomma en guerres pour le macquerellage de Paris [ID., II, 188]
    Il joua contre luy un soupper : il perdit, paya son soupper... [ID., II, 272]
    Qui diable vous a dit cela en ce païs perdu ? je pensois qu'aussi bien que les Bretons, vous ne sçussiez nouvelle du mariage des rois qu'au basteme de leurs enfans [D'AUB., Faen. II, 3]
    Au milieu des deux estoit à l'ancre la caraque bien chargée de lest, qui avec des couleuvrines tiroit à coups perdus dans la ville [ID., Hist. II, 41]
    ....pour l'extreme jalousie du mari, qui ne la perdoit non plus que son ombre [ID., ib. II, 331]
    La honte se perdit, vostre cœur fut taché De la pasle impudence, en aimant le peché [ID., Tragiq. Princes.]
    C'estoit un homme escervelé et furieusement espris et perdu de convoitise de regner [AMYOT, Timol. 4]
    Peu après il s'apperceut bien qu'il s'estoit ruiné luy mesme, et avoit quant et quant perdu la liberté de son païs [ID., Cicéron, 58]
    Toutes les fois qu'ilz jouoient aux dez, Antonius perdoit tousjours [ID., Anton. 40]
    Perdit le boire et le manger [MARG., Contes, p. 394, dans LACURNE]
    À gens de bien on ne perd rien [COTGRAVE, ]
    Argent fait perdre gent [ID., ]
    Asseurement chante qui n'a que perdre [ID., ]
    Assez gaigne qui malheur perd [ID., ]
    Il ne perd rien qui ne perd Dieu [ID., ]
    On ne doit point querir brebis qui se veut perdre [ID., ]
    Par trop presser l'anguille on la perd [ID., ]
    Qui ne retire de sa vache que la queue ne perd pas tout [ID., ]
    Chose perdue est lors cogneue [ID., ]
    Tout est perdu ce qu'on donne à fol [ID., ]
    Tout ce qui gist en peril, n'est pas perdu [ID., ]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, pied ; Berry, parde ; bourg. pardre ; les paysans dans la comédie, pardre (
    Ils m'ont fait pardre [MOL., Don Juan, II, 1]
    ) ; prov. perdre ; cat. perdrer ; esp. perder ; ital. perdere ; du lat. perdere, de per, et dare, donner.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    PERDRE. Ajoutez :
    34° S. m. Le perdre, l'action de perdre.
    Ce n'est point le perdre qui nous afflige, c'est l'opinion seule d'avoir perdu [MALH., Lexique, éd. L. Lalanne.]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

perdre

PERDRE. (Je perds, tu perds, il perd; nous perdons, vous perdez, ils perdent. Je perdais. Je perdis. Je perdrai. Je perdrais. Perds. Que je perde. Que je perdisse. Perdant. Perdu.) v. tr. Être privé de quelque chose qu'on avait, qu'on possédait. Perdre son bien. C'est un homme qui n'a rien à perdre. Ce prince perdit ses États, perdit la couronne. Lorsque les chrétiens perdirent Constantinople. Les ennemis perdirent leurs meilleures troupes dans cette bataille. Perdre sa bourse. Perdre son argent au jeu.

Tout est perdu, Il n'y a plus de ressource, plus d'espérance.

Vous ne perdrez rien pour attendre, Votre paiement, pour être retardé, n'en est pas moins assuré. Il se dit, par extension, pour exprimer que Le retard apporté à quelque chose n'est pas un préjudice et peut même être un avantage. On tarde à vous donner une place, mais vous ne perdrez rien pour avoir attendu. Il se dit aussi, ironiquement et par manière de menace, pour signifier Je vous châtierai, vous serez puni tôt ou tard. Allez, vous ne perdrez rien pour attendre.

Fig., C'est du bien perdu se dit de Tout ce qui s'offre d'agréable ou d'utile à une personne qui ne sait pas ou qui ne peut pas en profiter. Lire de beaux vers devant des gens qui n'ont ni goût ni oreille, c'est du bien perdu.

PERDRE signifie aussi Être privé d'un avantage, d'un profit. Perdre la grâce de Dieu. Il perdit les bonnes grâces du prince. Perdre l'estime, la bienveillance, la faveur, la confiance de quelqu'un. Perdre sa réputation, son crédit, son honneur. Perdre de son crédit, de sa réputation. Perdre son emploi.

Prov., Ce qui est différé n'est pas perdu, Il ne faut pas désespérer d'une chose qui peut n'être que remise.

PERDRE signifie encore Être privé, par la mort ou autrement, d'une personne qu'on aimait, qu'on a sujet de regretter. Ce père a perdu depuis peu un de ses enfants. Il a perdu son père et sa mère. Il a quitté Paris, et nous avons perdu ainsi un bon ami.

Il signifie en outre Être privé de quelque partie de soi, subir la perte ou la diminution sensible de quelque faculté, de quelque avantage physique ou moral que l'on possédait. Perdre un bras, une jambe. Perdre la santé. Perdre la vue. Perdre connaissance. Perdre la raison, l'esprit, le jugement. Perdre la mémoire. Perdre le repos, le sommeil, l'appétit. Perdre sa gaieté. Perdre courage. Perdre l'usage de ses sens.

Perdre la vie, Mourir.

Perdre la parole, l'usage de la parole, Ne plus pouvoir parler. Le malade a perdu la parole depuis vingt-quatre heures. Il signifie aussi Devenir muet de surprise, de crainte, etc.

Perdre haleine, l'haleine, perdre la respiration, En venir à respirer difficilement par suite d'un effort, d'une émotion, etc. Courir à perdre haleine.

Fig., Perdre la tête, Devenir fou. Il signifie aussi Ne savoir plus où l'on en est. J'ai tant d'embarras, tant de chagrins, que j'en perds la tête. On dit, dans un sens analogue : Ma tête se perd, je m'égare. Avoir la tête perdue.

Fig. et fam., Il en perd le boire et le manger se dit d'un Homme tellement appliqué à quelque travail qu'il semble négliger toute autre chose. On le dit en général d'une Personne fortement et uniquement occupée de quelque objet.

PERDRE signifie aussi Cesser d'avoir, n'avoir plus. Les arbres ont perdu leurs feuilles. Cette pierre a perdu de sa dureté. La cuisson fait perdre à ces fruits leur âpreté. Cette étoffe a perdu sa couleur, a perdu son lustre, a perdu de son lustre. Cette action perd son prix, perd beaucoup de son prix. Perdre l'aplomb, l'équilibre. J'ai perdu l'envie d'aller là. J'en ai perdu l'espérance. Perdre l'usage, l'habitude. Perdre le souvenir d'une chose. J'ai perdu la bonne opinion que j'avais de lui. Perdre l'estime, l'amitié qu'on avait pour quelqu'un. Il y a de quoi perdre contenance.

Il signifie encore Cesser de suivre ou d'occuper, laisser échapper ou laisser prendre. Perdre son chemin. Il s'arrêta pendant que le cortège marchait, et il perdit son rang. Perdre la file. Les chiens ont perdu la piste, la trace, la voie, les voies de la bête.

Perdre du terrain, Se laisser distancer. Il s'emploie aussi figurément et signifie Reculer dans une affaire, au lieu d'avancer.

Perdre un objet de vue, Cesser de le voir. Ne perdez pas cet enfant de vue. Le vaisseau s'éloigna et nous le perdîmes de vue.

Fig., Perdre de vue une affaire, Cesser de la suivre, de s'en occuper. Perdre quelqu'un de vue, Être longtemps sans en entendre parler.

Perdre le fil d'un discours, Ne pouvoir plus suivre le discours qu'on avait commencé, ne pouvoir plus se ressouvenir de ce qu'on avait à dire. Je ne sais plus où j'en étais, vous m'avez fait perdre le fil de mon discours. On le dit aussi en parlant du Discours d'un autre. Cet orateur a un débit si précipité que l'on perd souvent le fil de son discours.

Perdre pied, Ne plus trouver le fond de l'eau avec les pieds. Il s'emploie aussi figurément et signifie Ne savoir plus où l'on en est, se décontenancer.

Perdre terre se dit d'un Bâtiment qui s'éloigne assez de la terre pour la perdre de vue.

En termes de Marine, sur la Méditerranée : Perdre la tramontane; sur les autres mers : Perdre le nord, Ne plus voir l'étoile polaire, à cause des nuages qui couvrent le ciel; ne plus pouvoir s'aider de la boussole, à cause de l'agitation du vaisseau.

Fig. et fam., Perdre la tramontane, perdre le nord, Être troublé, ne plus savoir où l'on en est, ne plus savoir ce qu'on fait ni ce qu'on dit.

Fig. et fam., Perdre la carte, Se troubler, se brouiller, se confondre dans ses idées.

PERDRE signifie également Ne pas entendre, ne pas voir. Il a l'oreille dure et perd une partie de ce qui se dit dans la conversation. J'étais mal placé et j'ai perdu une part du jeu des acteurs. Je l'observais bien et je n'ai pas perdu un seul de ses mouvements.

Il se dit encore pour Égarer. J'ai perdu mon chapeau, mes gants. Nous nous perdîmes dans le bois.

Perdre quelqu'un, Le laisser s'égarer ou L'égarer, le détourner de sa route. Ce guide nous a perdus.

Fig., Je m'y perds, on s'y perd, l'esprit s'y perd se dit en parlant d'une Chose si embrouillée qu'on en vient à n'y plus rien comprendre.

Fig., Se perdre en conjectures, Faire mille conjectures entre lesquelles on ne sait que choisir.

PERDRE signifie aussi Faire un mauvais emploi, un emploi inutile de quelque chose, manquer à en profiter. Perdre le temps. Perdre son temps. Perdre sa peine, ses soins, ses pas. Perdre sa jeunesse. Perdre l'occasion. J'ai perdu ma journée. Il m'a fait perdre toute la matinée.

C'est du temps perdu, c'est peine perdue se dit en parlant des Choses pour lesquelles on emploie inutilement du temps, de la peine, soit parce qu'elles ne le méritent pas, soit parce qu'elles ne doivent pas réussir.

Heures perdues, moments perdus, Heures, moments de loisir d'une personne qui est ordinairement très occupée. On ne l'emploie guère que dans les locutions : À mes heures perdues, à ses moments perdus. J'irai vous voir à vos heures perdues. Il fait de la musique à ses moments perdus.

Prov., Un bienfait n'est jamais perdu, Une bonne action trouve tôt ou tard sa récompense.

Prov. et fig., À laver la tête d'un âne, d'un More, on perd sa lessive, On perd les peines qu'on prend pour instruire une personne stupide, indocile, obstinée, ou pour lui faire entendre raison.

Fig., Perdre son latin, Employer, sans succès, son savoir et sa peine. Il a voulu le persuader, il y a perdu son latin.

PERDRE signifie encore Être vaincu en quelque chose par un autre, avoir du désavantage contre quelqu'un ou quelque chose. Perdre une gageure, un pari, un dédit. Perdre la partie. Qui quitte la partie la perd. Perdre partie, revanche et le tout. Il a perdu son procès. Perdre son avantage, sa supériorité.

Il joue à tout perdre se dit de Celui qui expose, tout d'un coup, au hasard tout ce qu'il a, ou les plus grands intérêts dont il soit chargé.

PERDRE s'emploie quelquefois absolument et signifie Ne pas obtenir le gain, le profit, l'avantage qu'on désirait ou qu'on espérait. Vous n'avez pas perdu au change. Il faut savoir perdre pour gagner. J'ai perdu avec un beau jeu. Je ne perds ni ne gagne rien à ce changement.

Jouer à qui perd gagne, Jouer à un jeu où l'on convient que celui qui perdra selon les lois ordinaires gagnera la partie. Il se dit, figurément et familièrement, Lorsqu'un désavantage apparent procure un avantage réel.

Perdre sur une marchandise, La vendre moins cher qu'on ne l'a achetée.

PERDRE signifie aussi Diminuer de valeur, de qualité. Son papier perd tant pour cent. Ce genre de valeurs a beaucoup perdu ces temps derniers. Ce vin perd à être gardé longtemps.

Cet homme, cet ouvrage a beaucoup perdu, On en fait beaucoup moins de cas qu'auparavant.

Ne rien perdre, ne pas perdre à une chose, N'en pas être diminué de valeur, n'en pas éprouver de désavantage. Cet ouvrage n'a rien perdu à être traduit. Cet homme ne perd pas à être connu.

PERDRE signifie au figuré Ruiner, déshonorer, discréditer; causer du préjudice à la fortune de quelqu'un, à sa réputation, à sa santé, etc. C'est un homme qui vous perdra. Il a perdu tous ceux qui se sont opposés à ses desseins. Son inexactitude l'a perdu dans l'esprit de ses chefs. Cette parole imprudente le perdit. La fréquentation de cette maison l'a perdu. Ses débauches le perdront. Vous vous perdrez d'honneur, de réputation. Il se perd par ses folles dépenses. Être perdu de dettes. Être perdu de goutte, de rhumatismes.

C'est un homme perdu se dit d'un Homme dont les affaires, la fortune sont ruinées.

PERDRE signifie aussi Gâter l'esprit, le jugement; Corrompre les moeurs, débaucher. Il a perdu par ses maximes une infinité de jeunes gens. Vous le perdez par vos flatteries. Il s'est perdu par ses fréquentations. Cette jeune fille risque de se perdre.

Femme perdue, Femme de mauvaise vie.

PERDRE signifie encore Gâter, endommager quelque chose. La nielle a perdu les blés. La rivière a débordé et a perdu toutes les récoltes.

Un moment, une indiscrétion peut tout perdre, Il suffit d'un moment, d'une indiscrétion pour compromettre le sort de l'entreprise, pour la faire manquer.

SE PERDRE signifie Faire naufrage. Ce bâtiment s'est perdu sur une côte, contre un rocher. Ces bateaux se sont perdus corps et biens.

Il signifie aussi Disparaître. Il se perdit dans la foule, et je ne pus le retrouver. Un ballon qui se perd dans les nues.

Fig. et fam., Se perdre dans les nues, dans les nuages, S'élever trop haut, exprimer des idées vagues, chimériques.

Fig., Se perdre dans des digressions, Se livrer à des digressions qui font oublier le sujet principal.

Le parfum de cette liqueur, de cette essence s'est perdu, Il s'est dissipé, il s'est évaporé.

Ces couleurs, ces nuances se perdent l'une dans l'autre, Elles passent insensiblement de l'une à l'autre, elles se fondent l'une dans l'autre.

Cette rivière se perd dans la terre, sous terre à tel endroit, Elle s'enfonce en terre, elle disparaît à tel endroit. Cette rivière se perd, va se perdre dans telle autre, dans un lac, Elle se jette, elle tombe dans telle autre, dans un lac. On dit à peu près de même Ce fleuve, cette rivière se perd dans les sables.

Le chemin se perd en tel endroit, Il cesse d'être frayé en tel endroit.

Cet usage se perd de jour en jour, De jour en jour on cesse de le suivre, on y renonce. On dit dans le même sens Ce mot s'est perdu, cette acception du mot s'est perdue.

SE PERDRE signifie, dans le langage religieux, Se damner. Beaucoup de pécheurs se perdent par orgueil.

ÊTRE PERDU se dit de Quelqu'un qu'on n'a plus d'espoir de guérir. Ce malade est perdu.

Le participe passé s'emploie adjectivement dans un certain nombre d'expressions :

Pays perdu, Pays écarté.

Balle perdue, Balle qui atteint une personne, une chose qui n'était pas visée.

Puits perdu, Puits dont le fond est de sable et où les eaux se perdent.

Fig., en termes de Maçonnerie, Ouvrages à pierres perdues, à pierre perdue, Construction qu'on établit dans l'eau en y jetant de gros quartiers de pierre. Les fondations de cette digue, de ce môle ont été faites à pierres perdues.

Moulage à cire perdue, Moulage dans lequel la maquette en cire est détruite par l'opération.

Faire flotter du bois à bois perdu, à bûche perdue, Le jeter dans de petites rivières non navigables pour le rassembler à leur embouchure dans de plus grandes rivières et en former des trains.

Fig., À corps perdu, Avec impétuosité, sans songer à se ménager. Se jeter à corps perdu sur quelqu'un. Se jeter à corps perdu dans la mêlée. Il se jette à corps perdu dans les entreprises les plus hasardeuses.

Placer de l'argent à fonds perdus, Placer son argent en viager.

Pain perdu. Voyez PAIN.

Fig., Salle des pas perdus, Grande salle de libre accès, qui sert de vestibule à un édifice public et de promenoir d'attente.

Reprise perdue, Reprise faite de manière qu'on ne l'aperçoive pas et qu'elle se confonde avec le tissu de l'étoffe.

En termes de Peinture, Contours perdus, Contours qui ne tranchent pas sur le fond.

En termes de Guerre, Sentinelle perdue, Sentinelle postée dans un lieu extrêmement avancé. Enfants perdus se disait de Ceux que l'on chargeait des expéditions, des missions les plus périlleuses. Commander les enfants perdus. Il combattit à la tête des enfants perdus. Il se dit, par extension, de Ceux que l'on pousse à faire les premières et les plus périlleuses démarches dans une affaire de parti, ou qui s'y aventurent d'eux-mêmes. C'est l'enfant perdu du parti. Il s'est avancé dans cette affaire en enfant perdu.

Fig., C'est une tête perdue se dit d'une Personne qui montre dans sa conduite, dans ses discours une sorte d'égarement d'esprit.

Prov. et fam., Pour un de perdu, deux de retrouvés se dit en parlant des Choses dont on veut faire entendre que la perte est facile à réparer.

Substantivement, Courir comme un perdu, crier comme un perdu, Courir, crier de toute sa force.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

perdre

Perdre, Perdere, Disperdere, Amittere.

Perdre quelque chose que ce soit, Naufragium facere.

Perdre courage, Animos submittere, cerchez le mot Courage.

Le Roy perdit toute contenance, Adeo perturbauit ea vox regem, vt non color, non vultus ei constaret, B. ex Liu.

Perdre la veuë, Visu deficere.

Je perdray beaucoup si je ne vay là à la foire, Nisi eo ad mercatum veniam, damnum maximum est.

Tu n'en pers que l'attente, In diem abiit hoc malum.

Tu ne pers rien, Damni nihil facis.

Tu n'y perdras rien, Foeneratum pulchre beneficium tibi dices, B. ex Terent.

Perdre temps, Nihil agere, Actum agere, Bud. ex Modestino.

Tu pers temps, Nec proficis hilum.

Perdre sa peine, Ludere operam, B. ex Terent.

Il faut aucunesfois perdre, Necesse est interdum de suo iure decedere, B. ex Cic.

Cestuy a perdu son credit, Huius iam labefactata est fides. B. ex Sueton.

Qui a tout perdu, Naufragus patrimonio, B. ex Cic.

Perdre sa cause, Offendere, B.

Perdre sa cause à plate cousture, et en avoir tout du long et du lé, Causa cadere casu graui, atque omni genere cumulato forensis offensionis, B.

Perdre sa cause et estre condamné és despens, dommages et interests, Omnis offensionis iudiciariae calamitas, B.

Perdre sa cause par arrest, Offendere apud Curiam, B.

Perdre sa cause par une formalité, Causa casu formulari cadere, Actione e formula cadere, B.

Perdre sa cause tout à trac, et estre condamné en l'amende et en tous les despens, dommages et interests, Turbine iudiciali vel curialicij, ac fulmine percuti, Offensio luculenta, Numeris omnibus dispendij forensis, iacturam causae facere, B.

Perdre sa cause par son propos mesmes, par sa confession, ou par sa mesme production, Impudens litigator vlcus causae attigit, Iugulata causa suo litigantis gladio, Bud.

Plustost perdre sa cause, que tout son bien, Iactum litis facere potius quam census naufragium, B.

Si j'ay perdu en un proces, j'ay gagné en l'autre, Ancipiti adhuc Marte forensi inter nos certatum est, victoriaque alternante causarum, B.

Perdre un incident, Appendice litis cadere, B.

Mieux vaut perdre un incident, que mettre le principal en danger, Haec plaga potius accipienda, quam tota causa prodenda, Praestat liticulae iacturam facere, quam vniuersa controuersia periclitari, Paruo dispendio redimenda causae iactura, Causa summa in gradum reponenda, B.

Perdre l'instance, ou son proces, Causa cadere, Naufragium in foro facere, Bud.

Souvent perdre proces, Estre malheureux en proces, Saepe in scopulos offensionum impingere, B.

Un proces qui se va perdre, Lis inclinata ruensque, B.

Laisser perdre le sien plustost que de plaider, Decedere de iure suo dulcedine tranquillitatis, B.

Perdre ou consumer son temps en proces, Ad pistrinum forense aetatem conterere, B.

¶ Se perdre, Intercidere.

Se perdre sur la mer, ou en mer, Nauem frangere, Teren. Andria. naufragium pati, Faire naufrage et bris de navire.

De faire cela c'est tout temps perdu, Tempus nequicquam absumptum, Liu. lib. 23.

Il ne se perdra rien du principal, Nihil decedet de summa.

L'eau se pert, S'escoule, Aufugit aqua.

La coustume se pert et abolit, Elabitur mos de manibus.

¶ Quand une personne, ou un prince, ou une communauté ont tout perdu sans resource, Accisae res.

Quiconque a perdu quelque chose qu'il aimoit fort, Orbus.

Qui a perdu et gasté quelque chose, et mis à neant, Perditor.

Qui a perdu son credit, sa bonne renommée, et ses biens, Expers fama et fortunis.

Qui a perdu son pere, ou sa mere, Orbus.

Je ne les ay jamais perdus de veuë, Nunquam ab oculis meis abfuerunt.

Celuy qui a perdu sa cause, ou son proces, Pulsus loco et gradu, Bud.

Celuy qui a perdu la recreance, Damnatus vindiciarum, Bud.

Ceux qui ont perdu leur proces par quelque faute, ou inadvertence, s'en peuvent relever par lettres royaux, Qui vel errore ducti, vel inconsulta scriptione, vel editione, vel enuntiatione temeraria, de gradu exciderunt processus iudicialis, codicillorum principalium adminiculo in gradum reponuntur, B.

Un homme qui a perdu un beau proces, Homo causa magna naufragus, B.

Perdu, Amissus.

Perdu tellement qu'on ne le sçauroit recouvrer, Perditus.

Perdus et gastez, qui ont despendu leurs biens à meschancetez, Homines profligati.

Qui n'est point perdu, gasté ne destruit, Imperditus.

Estre perdu, Perire.

Estimer quelque chose estre perdue, et n'en avoir plus d'esperance, In perditis et desperatis habere.

La chose publique seroit-elle perdue pourtant? Meo vnius funere elata respublica esset? B. ex Liu.

Tout est perdu, Actum est.

Je suis perdu, c'est fait de moy, Sepultus sum, Occidi, Perij, Absumptus sum.

Ta louange eust esté perduë, Tua laus pariter cum rep. cecidisset vel concidisset.

Fay en sorte que je ne soy du tout perdu, Fac vt me velis esse aliquem.

Proces perdu, Causa pessundata, B.

Proces ja quasi perdu, Causa aegra et prope conclamata, Bud.

Un proces dont les pieces sont perdues, ou defaillent, Lis facultatibus lapsa, B.

¶ Un homme perdu, Perditus, Homo profligatus.

Un garçon tout perdu, Nequam.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606
Synonymes et Contraires

perdre

verbe intransitif perdre
1.  Ne pas remporter la victoire.

perdre


perdre (se)

verbe pronominal perdre (se)
1.  Ne plus trouver son chemin.
2.  Cesser d'être perceptible.
4.  Ne plus savoir où on en est.
5.  S'absorber dans ses pensées.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

perdre

verlieren, abnehmen, vergeben, verstehen, zerstreiten (sich)lose, forfeit, go missing, merge, be lost, galdu, waste, fall outverliezen, kwijtraken, opgeven, verbeuren, verspelen, afnemen, de verkeerde richting uitsturen, lekken, ruïneren, verspillen, vloeien [vrouw], zwakker worden, verknoeien, verwedden, zoekmaken, uitvallenאבד (פ'), איבד (פיעל), הפסיד (הפעיל), אִבֵּד, אָבַד, הִפְסִידverloorperdreperdiperder, caersekadottaa, hukata, irrota, kadota, menettääperdere, smarrire, sprecare, caderegubić, tracić, przegrać, stracić, wypaść, zgubićperder, cairpierdeпотерять, терять, выпадать, проигратьförlora, mista, gräla, tappakaybetmek, kaybolmak, sıradan çıkmakχάνω, ηττώμαι, ξεκολλώيَخْسَرُ, يَسْقُطُ, يُضَيِّعُprohrát, vypadnout, ztratitfalde ud, tabeispasti, izgubiti・・・をなくす, なくす, 不和になる, 負ける(...을) 잃어버리다, 떨어져 나가다, 패하다falle ut, misteทำหาย, พ่ายแพ้, ร่วง หลุด, สูญเสียđánh mất, mất, rụng, thua丢失, , 失去 (pɛʀdʀ)
verbe transitif
1. ne pas gagner perdre un procès
2. ne plus avoir perdre ses lunettes perdre de l'argent perdre son travail perdre trois kilos perdre la mémoire
3. être séparé de qqn par la mort perdre sa femme dans un accident
4. utiliser pour rien perdre son temps
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

perdre

[pɛʀdʀ]
vt
[+ objet, faculté, somme] → to lose
Cécile a perdu ses clés → Cécile has lost her keys.
Il a perdu la vue à la suite d'un accident → He lost his sight following an accident.
On a perdu plus de 1000 euros sur ces actions → We lost more than 1000 euros on these shares.
J'ai perdu mon chemin → I've lost my way.
perdre qn de vue (fig) → to lose sight of sb
[+ match, bataille, élection] → to lose
perdre un match → to lose a match
(= gaspiller) [+ temps, argent] → to waste; [+ occasion] → to waste, to miss
perdre du temps → to waste time
J'ai perdu beaucoup de temps ce matin → I've wasted a lot of time this morning.
Nous avons perdu notre temps à cette réunion → That meeting was a waste of time.
faire perdre du temps → to be a waste of time
C'est inutile et cela fait perdre du temps → It's pointless and it's a waste of time.
faire perdre du temps à qn → to waste sb's time
Ne me faites pas perdre mon temps! → Don't waste my time!
[+ proche, ami] → to lose
Elle a perdu son mari très tôt → She lost her husband at a very young age.
(moralement) [+ personne] → to cause the downfall of
Son goût du luxe l'a perdu → His taste for luxury was his downfall.
(autre locution) il ne perd rien pour attendre → he'll get what he deserves
tu ne perds rien pour attendre → just you wait
vi
(= être vaincu) → to lose
(sur une vente) → to lose out
[récipient] → to leak [pɛʀdʀ]
vpr/vi (= s'égarer) → to get lost, to lose one's way
Je me suis perdu en route → I got lost on the way here.
vpr/pass
(= être gâché) [denrées périssables, matériaux non utilisés] → to go to waste
(fig) (= disparaître) [coutumes] → to disappear; (dans la brume) [éléments du paysage] → to disappear, to vanish
vpr/récip
se perdre de vue (fig) → to lose touch
Après la fac, on s'est perdus de vue → After uni we lost touch.
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005