couler

couler

v.i. [ lat. colare, de colum, tamis ]
1. Se mouvoir, aller d'un lieu à un autre, en parlant d'un liquide, d'une matière en poudre : Le sang coule dans les veines circuler ; stagner
2. Passer à tel endroit, en parlant d'un cours d'eau : Le Danube coule à Vienne.
3. S'échapper de qqch, en parlant d'un liquide ; s'écouler : En été, l'eau ne coule pas très fort. Sang qui coule d'une blessure.
4. Laisser un liquide s'échapper : Le robinet coule fuir
5. Se liquéfier, se répandre en perdant sa forme initiale : La bougie a coulé.
6. En parlant d'une embarcation, s'abîmer au fond de l'eau : La goélette a heurté un écueil et a coulé s'engloutir, sombrer ; flotter
Couler à pic,
s'engloutir dans l'eau ; fig., aller à sa ruine, être discrédité.
Couler de source,
être évident ; être la conséquence logique de qqch.
Faire couler de l'encre ou beaucoup d'encre,
être le sujet d'un grand nombre d'écrits ; fig., avoir un grand retentissement.
v.t.
1. Faire passer un liquide, un métal en fusion d'un lieu à un autre : Couler de la cire dans un moule verser, transvaser
2. Fabriquer un objet en métal fondu et versé dans un moule : Couler une cloche mouler
3. Faire sombrer une embarcation ; saborder : Couler un navire ennemi.
4. Mener qqch, qqn à l'échec : Leur manque de rigueur a coulé le journal ruiner discréditer, perdre
Couler des jours paisibles, heureux,
les passer tranquillement, sans incident.

se couler

v.pr.
1. Se glisser quelque part : Elle s'est coulée dans les draps bien frais se faufiler, s'introduire
2. Adopter un comportement, une attitude conforme à ce qui représente une norme : Les apprentis doivent se couler dans la tradition de l'atelier se conformer à, se fondre
Se la couler douce,
Fam. mener une vie heureuse ; ne pas se fatiguer, ne pas faire d'efforts.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

couler


Participe passé: coulé
Gérondif: coulant

Indicatif présent
je coule
tu coules
il/elle coule
nous coulons
vous coulez
ils/elles coulent
Passé simple
je coulai
tu coulas
il/elle coula
nous coulâmes
vous coulâtes
ils/elles coulèrent
Imparfait
je coulais
tu coulais
il/elle coulait
nous coulions
vous couliez
ils/elles coulaient
Futur
je coulerai
tu couleras
il/elle coulera
nous coulerons
vous coulerez
ils/elles couleront
Conditionnel présent
je coulerais
tu coulerais
il/elle coulerait
nous coulerions
vous couleriez
ils/elles couleraient
Subjonctif imparfait
je coulasse
tu coulasses
il/elle coulât
nous coulassions
vous coulassiez
ils/elles coulassent
Subjonctif présent
je coule
tu coules
il/elle coule
nous coulions
vous couliez
ils/elles coulent
Impératif
coule (tu)
coulons (nous)
coulez (vous)
Plus-que-parfait
j'avais coulé
tu avais coulé
il/elle avait coulé
nous avions coulé
vous aviez coulé
ils/elles avaient coulé
Futur antérieur
j'aurai coulé
tu auras coulé
il/elle aura coulé
nous aurons coulé
vous aurez coulé
ils/elles auront coulé
Passé composé
j'ai coulé
tu as coulé
il/elle a coulé
nous avons coulé
vous avez coulé
ils/elles ont coulé
Conditionnel passé
j'aurais coulé
tu aurais coulé
il/elle aurait coulé
nous aurions coulé
vous auriez coulé
ils/elles auraient coulé
Passé antérieur
j'eus coulé
tu eus coulé
il/elle eut coulé
nous eûmes coulé
vous eûtes coulé
ils/elles eurent coulé
Subjonctif passé
j'aie coulé
tu aies coulé
il/elle ait coulé
nous ayons coulé
vous ayez coulé
ils/elles aient coulé
Subjonctif plus-que-parfait
j'eusse coulé
tu eusses coulé
il/elle eût coulé
nous eussions coulé
vous eussiez coulé
ils/elles eussent coulé
Collins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011

COULER

(kou-lé) v. n.
Se mouvoir, en parlant des liquides. Ce ruisseau, cette fontaine coule lentement.
Malc aimait un ruisseau coulant entre des roches [LA FONT., Captivité de St Malc.]
Épargnez-moi des pleurs qui coulent à ma honte [CORN., Poly. II, 2]
Voyez couler nos pleurs sans y mêler vos larmes [ID., Hor. III, 6]
L'Inde et l'Hydaspe entier vont couler sous vos lois [RAC., Alex. IV, 2]
Moi qui.... Par d'austères conseils ai fait couler vos larmes [ID., Iphig. V, 6]
J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poison que Médée apporta dans Athènes [ID., Phèd. V, 7]
Tant qu'un reste de sang coulera dans mes veines [ID., Iph. IV, 6]
De vos yeux attendris je vois des pleurs couler [VOLT., Orph. I, 6]
S'il faut mon sang pour la victoire, Agnès, tout mon sang coulera [BÉRANG., Charles VII]
L'union de deux rivières en une les fait couler plus vite, parce que, au lieu du frottement des quatre rives, elles n'ont plus que celui de deux à surmonter [FONTEN., Guglielmini.]
L'acier, l'or et l'argent coulent en longs ruisseaux [DELILLE, Énéide, VIII]
Par analogie.
On appelait faire couler l'Eucharistie, la donner détrempée dans une liqueur [BOSSUET, Comm.]
Faire couler le sang, engager une lutte, une bataille.
Le sang à votre gré coule trop lentement [RAC., Athal. II, 5]
Fig.
Quand l'âge dans mes nerfs a fait couler sa glace [CORN., Cid, I, 7]
Aucun espoir n'y coule [dans mon cœur], où j'ose persister [ID., Poly. III, 1]
Elle sentit la flamme qui coulait déjà dans son sein [FÉN., Tél. VII]
Il était convenable qu'il coulât dans son sein quelque étincelle de cet amour [BOSSUET, III, Nativ. 2]
Henri voit ces beaux lieux, et soudain à leur vue Sent couler dans son âme une joie inconnue [VOLT., Henr. VII]
Heureux, dit-on, le peuple florissant Sur qui ces biens coulent en abondance ! [RAC., Esth. II, 9]
Par quelle adresse il fit couler jusqu'à vous ses assistances imprévues [FLÉCH., M. de Mont.]
La douce persuasion coulait de ses lèvres [FÉN., Tél. X]
Des provinces les plus éloignées par les soins des hommes apostoliques coulaient des fleuves de charité [MASS., Carême, Aumône.]
Sentant couler dans son âme un détachement secret de toutes les choses créées et une sensible confiance que ses vœux seraient exaucés [FLÉCH., Panég. Ste Thérèse.]
Par extension, laisser échapper, en parlant d'un vase, d'un tonneau. Ce tonneau coule. Quand on est enrhumé du cerveau, le nez coule. La chandelle coule, c'est-à-dire du suif qui ne brûle pas avec la mèche, coule et se répand le long de la chandelle.
Être plus ou moins fluide. Cette encre ne coule pas assez.
Passer, en parlant du temps.
Elle aurait vu couler sans crainte et sans envie, Chez un prince allié, les restes de sa vie [CORN., Nicom. I, 5]
Il coulera du temps avant qu'il s'établisse [TRISTAN, M. de Chrispe, IV, 11]
Le temps coule trop vite à son gré [FLÉCH., Panég. I, 242]
Seize années d'une prospérité accomplie qui coulèrent sans interruption [BOSSUET, Reine d'Anglet. 9]
Je voyais près d'Iris couler mes heureux jours [BOILEAU, Poésies div. 6]
Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs [RAC., Brit. II, 3]
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence [ID., Phèd. I, 3]
Tous les siècles qui ont coulé jusqu'à nous, vous les regarderiez comme des instants fugitifs [MASS., Carême, Mort.]
Jusqu'à quand verrai-je couler les jours rapides de ma carrière ? [ID., Carême, Faus. confi.]
Le torrent des siècles, qui entraîne tous les hommes, coule devant ses yeux [ID., Carême, Mort.]
Le siècle d'or coula sous ses auspices, Le siècle d'or ne vit que des heureux [MALFIL., Narcisse, ch. I]
Laissons revenir en foule Mensonge, erreurs, passions ; Sur ce peu de temps qui coule Faut-il des réflexions ? [CHAULIEU, à la duchesse de Bouillon.]
Découler, résulter.
C'est de lui que coulent ses autres vices [MASS., Petit carême, Tent. d. gr.]
Si je puis une fois établir ce principe, on en verra couler les lois comme de leur source [MONTESQ., Esp. I, 3]
C'étaient des effets différents, puisqu'ils coulaient de principes divers [ID., Esp. XXVII, ch. unique.]
Avoir une facile et heureuse abondance, en parlant du style. Un style qui coule de source.
Cette harmonie ravissante fait que, dans la plupart de ses ouvrages [de Sapho], ses vers coulent avec plus de grâce et de mollesse que ceux d'Anacréon et de Simonide [BARTHÉL., Anach. ch. 3]
Terme de fondeur. Cette cloche a coulé, le métal s'est échappé par quelque fente du moule.
Terme d'agriculture. Ne pas venir à bien, en parlant des fleurs qui ne nouent pas et tombent sans se former en fruit.
Ou quelque longue pluie, inondant vos vallons, A-t-elle fait couler vos vins et vos melons ? [BOILEAU, Sat. III]
Les pluies ou les brouillards qui surviennent dans le temps de la floraison et qui font couler les fruits en empêchant l'action des poussières sur les embryons [BONNET, Lett. div. Œuvres, t. XII, p. 274, dans POUGENS]
Nous voilà saufs de la Saint-Anicet, temps critique pour nos bourgeons ; si la vigne peut passer fleur et ne point couler, on ne saura où mettre tout le vin cette année [P. L. COUR., Gaz. du village, IV]
Couler, se dit aussi d'une chienne qui paraît pleine et ne fait pas de petits.
10° Glisser, s'échapper. L'échelle avait trop de pied, elle coula.
Cette divinité ne touche point du pied à terre ; elle coule légèrement dans l'air comme un oiseau le fend de ses ailes [FÉN., Tél. XXIV]
Ce rasoir coule bien, il coupe sans gratter. Terme de billard. Jouer de telle façon que la bille du joueur, au lieu de faire un angle après le choc, suive la bille atteinte, en ligne droite ou légèrement oblique, pour toucher l'autre bille un peu masquée. Couler après, faire entrer sa bille dans une blouse après la bille de son adversaire. Terme de manége. Rendre la bride au cheval, afin qu'il aille un peu plus vite, quand il galope autour du manége. Couler au galop, se dit lorsque le cheval va un galop uni et qui avance.
11° Glisser le long d'une chose. Il saisit la corde et se laisse couler jusqu'à terre.
Je voudrais couler sur une rivière tranquille, je suis entraîné par un torrent [MONTESQ., Esp. XX, 1]
Passer sans bruit et à la dérobée. Coulez vite le long de cette muraille. L'ennemi commençait à couler sur la droite le long du camp. Fig. Couler sur quelque chose, en parler à peine, ne pas s'y arrêter. Cet endroit était délicat ; il a coulé dessus adroitement.
Il me reproche que je coule doucement sur la transsubstantiation [BOSSUET, Euch. 2]
Coulant légèrement sur ces sujets [PASC., 2e conv.]
Plutarque, qui le regarde [Philopémen] avec raison comme un des plus grands capitaines de la Grèce, coule légèrement sur cette action et n'en dit qu'un mot [ROLLIN, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 455, dans POUGENS]
12° Aller au fond de l'eau, en parlant des barques et navires qui s'emplissent d'eau.
Il a vu couler à fond l'amiral [SÉV., 478]
Maintenant que.... ma nacelle coule bas, irai-je me remettre en mer ? [BERN. DE S.-P., Socrate]
13° V. a. Passer au filtre. Couler un bouillon.
Après que cette substance a été délayée dans l'eau, on la coule à travers une espèce de tamis qui retient les parties les plus grossières [RAYNAL, Hist. phil. I, 17]
Couler la lessive, mettre dans un cuvier le linge qu'on veut blanchir, le couvrir d'un morceau de toile dit charrier, sur lequel on met de la cendre ; puis jeter de l'eau à peine tiède, et reprendre cette eau ; la faire chauffer, la jeter de nouveau, et ainsi de suite jusqu'à ce que le linge, très échauffé, laisse l'eau, qui est alors lessive, couler presque bouillante. Terme de maçon. Couler de la chaux, la délayer après l'avoir éteinte et la verser dans un bassin. Couler une pierre, la sceller en plâtre. Couler les joints, les dalles, y verser du plomb fondu.
14° Terme de fondeur. Fondre et mouler. Couler une statue, un bronze, une pièce de canon. Fig.
Il [le christianisme] coule la pensée En bronze palpable et vivant [LAMART., Harm. IV, 13]
Couler une glace, en faire couler la matière fondue sur une table préparée à cet effet.
15° Couler bas, ou, simplement, couler un vaisseau, le faire aller au fond de l'eau, en le perçant. Un boulet perça la barque et la coula. Fig. Couler une question à fond, la traiter sans rien omettre. Couler une affaire à fond, la conclure définitivement.
Le prince de Conti coulait tout avec lui [M. le duc] et l'accablait de devoirs et de prévenances [SAINT-SIMON, 220, 217]
Couler quelqu'un à fond, le confondre dans une discussion, ruiner son crédit, son influence.
Qu'avant la fin du jour l'autre le coule à fond [PIRON, Métrom. IV, 1]
16° Passer, en parlant du temps que l'on passe.
Que ne coule-t-il ses jours comme la bête ? [MASS., Carême, Avenir.]
Apprends que ton ami plein de gloire et d'années Coule ici près de moi ses douces destinées [VOLT., Alz. II, 2]
La douce chose de couler ses jours dans le sein d'une tranquille amitié, à l'abri de l'orage des passions impétueuses ! [J. J. ROUSS., Hél. IV, 10]
Ces barbares coulent des jours inutiles dans une inaction entière [RAYN., Hist. phil. I, 17]
17° Terme de musique. Exécuter des notes en les liant. Couler un trait, un passage. Terme de danse. Exécuter en glissant. Couler un pas. Terme de graveur. Conduire des coups de burin en lignes assez droites pour former des tailles. Couler une taille.
18° Faire glisser, faire arriver furtivement. Il a coulé quelques pièces de mauvais drap parmi celles qu'il m'a livrées.
Tu sais adroitement couler ta flatterie [CORN., Suite du Menteur, II, 6]
Je ne sais quel malheur aujourd'hui me menace Et coule dans ma joie une secrète glace [ID., Rodog. I, 7]
.... Me coulant en main quelques pistoles [SCARR., Jodelet, II, 1]
Dans la main, en passant, coulons-lui ce papier [ROTR., Bélis. IV, 2]
Je coulai mes avis dans ce libre murmure [ID., Vencesl. I, 1]
Dans les lettres nouvelles d'érection de Piney [en duché-pairie] on fit adroitement couler : " En tant que besoin serait, " [SAINT-SIMON, 16, 190]
Ah ! les discours de Dieu fatiguent alors le pécheur au lit de la mort ; il faut ménager sa faiblesse en ne coulant que quelques mots à propos [MASS., Avent, Mort du pécheur.]
Et, faisant succéder les effets aux paroles, Il m'a voulu couler dans la main cent pistoles [LA FONT., Florentin, 3]
19° Terme de chasse. Couler la queue, se dit du cerf qui fuit.
20° Se couler, v. réfl. S'introduire à la dérobée ; s'avancer furtivement.
En son quartier souvent je me coulais sans bruit [CORN., le Ment. II, 5]
Ils furent enveloppés d'une troupe qui s'était coulée entre deux eaux [VAUG., Q. C. 488]
Je vous ai vu dans ce lieu vous couler [LA FONT., Mari conf.]
Par malheur il se trouva là un enfant qui s'y était coulé [FONTEN., Parménisque.]
Viens alors, viens ; qu'au travers de la foule De son côté chacun de nous se coule Adroitement et trompe tous les yeux [MALFIL., Narcisse, ch. IV]
Par analogie.
Leurs gens se coulaient furtivement dans les ordinations de l'Église romaine [BOSSUET, Var. 11]
Voilà un traître, un scélérat, qui a violé tous les droits les plus saints, qui s'est coulé chez moi sous le titre de domestique, pour me dérober mon argent et pour me suborner ma fille [MOL., l'Avare, V, 5]
Fig.
Un faux bruit s'y coula touchant la mort du roi [CORN., Rodog. I, 1]
Ces sentiments se coulaient insensiblement parmi le peuple [BOSSUET, Hist. II, 5]
Toutes sortes d'erreurs se coulaient insensiblement dans l'Angleterre [BOSSUET, Variat. VII, § 71]
Elle se coulait dans le sein de l'Église sous prétexte de piété [ID., Or. I]
21° Fig. et familièrement. Se couler, se perdre de réputation ou de fortune.

SYNONYME

  • COULER, GLISSER. Il lui coula dans la main, il lui glissa dans la main quelques pièces d'or ; il se coula, il se glissa derrière la muraille. Ces expressions sont absolument synonymes pour exprimer une action furtive, à la dérobée ; elles ne diffèrent que par la nature de la métaphore ; couler, c'est faire aller comme une eau qui s'écoule ; glisser, c'est faire aller comme sur la glace.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Aval la face [l'eau] lui est clere colée [, Ronc. p. 48]
    Li brans cola sur la sele dorée [, ib. p. 66]
    Li sans vermex [vermeils] jusqu'as piés lui cola [, ib. p. 80]
    Sur l'espaule senestre l'espée li cula, Li mantel e les dras tresqu'al cuir encisa, E le braz maistre Edward près tut en dous colpa [, Th. le mart. 150]
  • XIIIe s.
    L'espié jusqu'à la croix [il] lui fait au cors couler [, Berte, III]
    Non por quant li cos [coup] li coula sour le bras diestre, si que poi s'en failli que il ne li eslossa [brisât] [H. DE VALENC., XXVI]
    Et maintenant qu'il furent tout ens, les portes furent fermées et toutes les barres coulées [, Chr. de Rains, 205]
    Vers le rendu [moine] s'en est alez, Entre ses jambes s'est coulez [, Ren. 28712]
    Par deriere l'a assailli, Ferir le cuida, si failli, Le coup li cola en travers, Et dant Costant chaï envers [, ib. 1235]
  • XVe s.
    Mes paroles se vont et viennent ; et quant à moy, j'en laisse beaucoup couler [CHASTEL., Chr. des ducs de Bourg. p. II, ch. 15]
    Six grans bateaulx et plusieurs petis à couler l'artillerie pour les servir à ce passage [COMM., I, 9]
    Atant il haussa son coustel, et en ferit le premier que il trouva, en telle maniere que il luy coulla la lumelle au travers du corps [, Perceforest, t. IV, f° 28]
  • XVIe s.
    Pource que cest argument sera traité ci-après plus au long, je le coule pour ceste heure [CALVIN, Instit. 21]
    Et qui de loing coules tes cleres eaux En l'Ocean d'une assez vive course [DU BELL., II, 8, verso.]
    De loing quelquefois reluit Une estoille espoinçonnée, Qui coule ou semble couler [ID., II, 48, recto.]
    Le miel qui les oreilles touche, à Nestor couloit de la bouche [ID., III, 18, recto.]
    Nostre leçon se coulera sans se faire sentir [MONT., I, 182]
    L'orage debvra couler par dessus leur teste sans offense [ID., III, 240]
    Scevola s'estant coulé dans le camp ennemi [ID., I, 307]
    Il les laissa couler [fuir] en liberté [ID., I, 352]
    Coulant le long des files, il enhortoit les soldats [ID., III, 94]
    Une sueur mortelle luy couloit tout le long du corps [ID., IV, 322]
    Ilz se couloient dedans les jardins le plus finement et le plus cautement qu'ilz pouvoient [AMYOT, Lyc. 36]
    D'entre les vœus et offrandes qui sont pendues aux voultes du santuaire, il coula un bandeau, qui tumba droittement sur la teste de Timoleon [ID., Timol. 10]
    Il passa et coula par un tamis les cendres du feu [ID., C. d'Utiq. 16]
    Ayant nouvelles que sa navire estoit perie, charge et tout coulés à bas en pleine mer [ID., De la tranq. d'âme, 9]
    Trouverez-vous mauvais de vostre fidelle moitié si avec plus de franchise que de respect elle coule ses pleurs et ses pensées dans vostre sein ? [D'AUB., Hist. I, 132]
    Le reste de son armée coulée à fonds avec perte de 30 vaisseaux et plus de 2000 hommes [ID., ib. II, 209]
    La premiere decoction faite, coulée et passée [PARÉ, XVI, 8]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourguig. côlai ; provenç. et espagn. colar ; ital. colare ; du latin colare, filtrer, de colum, filtre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    COULER.
    12° Ajoutez :
  • Couler bas d'eau, se dit d'un navire qui coule bas par l'effet d'une voie d'eau.
    On écrit du Tréport :... quelques minutes après, le navire en perdition coulait bas d'eau.... il se trouvait dans cette situation critique depuis la veille au soir, à neuf heures, par suite d'une voie d'eau résultant de... [, Journ. offic. 21 nov. 1874, p. 7733, 3e col.]
  • 15°
  • Fig. Couler une question à fond.... Ajoutez :
    J'ai été interrompu dans la séance que j'ai eue avec lui, et je n'ai pas coulé à fond les accessoires et le principal, dont nous avons parlé [, Corresp. du gén. Klinglin, Paris, pluviôse an VI, t. I, p. 223]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

couler

COULER. v. intr. Se mouvoir, passer d'un endroit à un autre, en parlant des Liquides. Cette fontaine coule doucement, lentement, coule dans la prairie, coule sur des cailloux, sur des graviers, etc. La rivière coule le long des murailles, coule à l'entour, tout autour de la ville, coule vers le midi, vers le nord. La sueur lui coulait le long du visage, coulait abondamment. Les larmes lui coulent des yeux. Le sang coulait de sa blessure. Fig., Les vers coulent de sa plume sans effort. La persuasion coulait de ses lèvres. Cette période, ce vers, etc., coule bien, Il ne s'y trouve rien qui blesse l'oreille.

Faire couler le sang, Être cause d'une guerre ou d'une rixe sanglante. On dit de même Le sang a coulé, Il y a eu des personnes blessées dans cet engagement, dans cette rixe.

Fam., Cela coule de source, se dit en parlant de Tout ce qu'une personne dit ou écrit d'une manière naturelle, facile, ou d'abondance de coeur, ou conformément à son genre d'esprit, à son caractère. Il connaît à fond son sujet : tout ce qu'il dit coule de source.

Par analogie, il signifie Laisser échapper un liquide. Ce tonneau, ce baril coule de toutes parts. La vigne était belle, mais elle a coulé ; les melons ont coulé, La vigne, les melons ont eu le germe noyé par la pluie. On l'applique, même dans ce sens analogue, aux Choses qui glissent. Ce sable a coulé. Une tuile a coulé du toit. L'échelle n'était pas sûre : elle a coulé. On dit aussi Se laisser couler au bas d'un arbre.

Le nez lui coule, Des sérosités, des humeurs lui coulent du nez. Quand on est enrhumé du cerveau, le nez coule.

Il signifie aussi Descendre insensiblement au fond de l'eau. Ce navire a coulé à pic. Ce bâtiment a coulé à fond.

Par extension, SE COULER signifie Passer d'un lieu dans un autre sans faire de bruit, pour éviter d'être aperçu. Coulez-vous vite le long de cette muraille. Le lièvre s'est coulé le long de la haie.

Il s'emploie aussi transitivement et signifie au propre Faire passer un liquide d'un lieu dans un autre. Couler la lessive, Verser à plusieurs reprises de l'eau chaude sur le linge qui est dans un cuvier.

Il signifie particulièrement Faire passer Un liquide à travers un linge. Couler du lait, du bouillon. On dit plus ordinairement PASSER.

Par extension, Couler une glace, En faire couler la matière fondue sur une table préparée pour cette opération. Couler une statue. Couler des dalles, Verser du plomb fondu dans les joints.

Par analogie, il signifie Faire descendre au fond de l'eau. Ce navire a été coulé.

Fig., Couler à fond quelqu'un dans la dispute, Le réduire à ne savoir que répondre. Couler à fond quelqu'un signifie aussi Ruiner son crédit sa fortune. Il est coulé à fond, ou simplement Il s'est coulé. C'est un homme coulé.

Il signifie par extension Faire passer insensiblement d'un lieu dans un autre. Il a coulé la main dans sa poche. Il lui coula un billet dans la main. Il s'est coulé dans la foule. Fig., Je lui en ai coulé deux mots à l'oreille.

En termes de Calligraphie, L'écriture coulée, Voyez COULÉE.

Couler un pas de danse, L'exécuter en glissant. Couler plusieurs notes, Les lier d'un même coup de gosier.

En termes de jeu de Billard, COULER signifie Pousser une bille sur une autre de manière à la mettre à sa place sans secousse.

Fig., Couler des jours heureux, Les passer paisiblement, sans secousse. On dit de même intransitivement Ses jours coulaient dans l'innocence. Ce temps a coulé doucement.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

couler

Couler, acut. Ores est neutre, comme, L'eau coule, le vin coule, Fluit, defluit, et signifie un doux cours d'eau, et une filure de vin, comme quand on a tiré le vin d'un marc, on dit qu'il ne fait que couler, qu'on dit autrement filer, qui est ce qui precede l'esgoutter. Il est aussi actif, et signifie passer à travers un linge ou couloire quelque chose liquide, Per lintea percolare, et si on l'espraint, Per lintea exprimere. Plin. lib. 28. cap. 9.

Couler, Fluere, Profluere, Liqui, Manare.

Couler ensemble, Confluere.

Couler et descendre, Permanare.

Couler par devant quelque lieu, Praefluere, Praeterfluere.

Couler aupres, ou cheoir et tomber, Allabi.

Ce fleuve coule aupres de cette ville la, Hic fluuius eam vrbem alluit.

Couler entour, Circumfluere.

Qui va et coule tout à l'entour, Circumfluus.

Le fleuve coule tout autour de la ville, Cingit vrbem fluuius.

Couler dedans, Influere.

Qui coule dedans, Influens.

Couler vers quelque lieu, Affluere.

Couler entre-deux, Interfluere, Interluere.

Qui coule entre-deux et au milieu, Interfluens.

Couler par dessus, Superfluere, Supermeare.

Couler par dessous, Subterfluere.

Couler de toutes pars, Diffluere, Perfluere.

Couler hors, Effluere.

Couler outre, comme l'eau dedans quelque chose persée, Transfluere.

¶ Couler et s'avaller doucement dedans quelque chose, Illabi.

Se couler, Proserpere.

Se couler jusques à quelque lieu, Perrepere.

Se couler en quelque lieu et trainer, Correpere.

Se couler tout doucement et trainer par quelque lieu sans qu'on en aperçoive rien, Irrepere, Obrepere.

Se couler et trainer sur le ventre, aller en avant petit à petit, Serpere.

Passer et couler entre-deux, Intermeare.

¶ Couler et passer par l'estamine ou autre chose, Colare.

Coulé et passé ainsi, Colatus.

Passer et couler de l'eau, Eliquare aquam.

Couler et passer outre, Praeterlabi.

Qui estoit du tout coulé de ma memoire, Quod totum effluxerat, aut e memoria exciderat.

Qui coule tousjours, Profluus.

Coulant, Profluens, Fluidus.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

couler


COULER, v. n. et a. [Koulé; 2eé fer.] 1°. Il se dit des chôses liquides, qui suivent leur pente: Ruisseau, fontaine qui coule; rivière qui coule autour de la Ville, le long des remparts, vers la mer, etc. = 2°. Il se dit des vaisseaux qui contiènent les liquides. Un tonneau, un vâse coule, quand il laisse échaper la liqueur qu'il contient. = 3°. Couler bâs, couler à fond, se dit d'un navire qui s'enfonce dans l'eau. — On dit aussi activement, couler un vaisseau à fond, le faire submerger. Voyez À~ FOND, au mot, FOND. = 4°. En parlant des chôses solides, glisser: L'échelle était mal assise, elle coula. "Une tuile coula du toit, et lui tomba sur la tête. = 5°. La vigne coule, quand le raisin començant à nouer, tombe, ou se dessèche. On le dit aussi des melons et des figues.
   6°. COULER, se dit figurément du temps: Les jours, les années, les siècles, coulent insensiblement; de ce qui est écrit d'une manière~ aisée et coulante: "Ces vers coulent bien, cela coule de source~; ce qui se dit aussi de ce que chacun fait suivant son génie, son caractère. On dit d'un savant, qui parle savamment, et d'un homme charitable, qui fait des charités, cela coule de source.
   7°. En termes de Danse, couler, c'est glisser doucement. Faites deux pas, et coulez. — On le dit aussi des persones qui passent sans faire de bruit; ou neutralement, ces troupes coulèrent le long des remparts; ou comme réciproque, il se coula par une allée couverte.
   Par des chemins couverts, en secret il se coule.
       Fonten.
  8°. COULER, passer légèrement sur: "Il n'a fait que couler sur cette circonstance. — Dans un sens aprochant, il est actif, et signifie glisser adroitement: "Il faudroit en couler un mot dans votre lettre; en comptant de l'argent, il a coulé quelques pièces fausses.
   COULER, v. a. Passer une chôse liquide à travers du linge, du drap, du sâble, etc. Couler un bouillon, une médecine, etc.
   Rem. 1°. On dit, couler ses jours, et passer le temps. Un Auteur moderne a mis un verbe pour l'aûtre. "La passion de couler le temps dans des visites inutiles, etc. Il a peut-être voulu éviter la cacophonie de, passion de passer, etc.
   Je veux fuir un défaut, je tombe dans un autre.
On dit neutralement, que le temps coule; mais on ne le coule pas.
   2°. COULER, pour répandre, est neutre. Si l'on veut l'employer activement, il faut dire, faire couler. "Les vertus de cette grande Reine n'empêcherent pas qu'elle ne fût sujette à la calomnie: mais elle coula toujours les mêmes grâces... et donna d'abondantes aumônes à ceux-là même dont la pauvreté n'empêchoit point l'insolence. Masc. Or. Fun. d'Anne d'Autriche. — Répandit, aurait été plus noble et plus régulier.
   * 3°. Dans certaines Provinces, quelques-uns disent, que des habits coulent l'eau, pour exprimer qu'ils sont si mouillés, que l'eau en découle. C'est un vrai gasconisme, un barbarisme.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

couler

verbe intransitif couler
1.  Aller au fond de l'eau.
2.  Se mouvoir d'un lieu à un autre.
3.  S'échapper de, en parlant d'un liquide.
4.  Laisser un liquide s'échapper.

couler

verbe transitif couler
1.  Fabriquer un objet en métal.
2.  Faire sombrer un bateau.
3.  Faire échouer quelque chose.

couler (se)

verbe pronominal couler (se)
Se glisser quelque part.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

couler

(kule)
verbe intransitif
1. se déplacer, pour un liquide faire couler de l'eau
2. laisser partir un liquide Le robinet coule. avoir le nez qui coule
3. ne pas pouvoir rester au-dessus de l'eau Le bateau a coulé.

couler

fließen, rinnen, strömen, eintauchen, in den Abgrund stürzen, in den Abgründ versinken, tauchen, unter Wasser gehen, unter Wasser kommen, untergehen, untertauchen, sinkenflow, cast, sink, run, flood, stream, founder, pourstromen, vloeien, zinken, lopen, vlieten, (naar beneden) glijden, (over)gieten, beton], doorbrengen [tijd], druipen [kaars], hebben [leven], in de grond boren, in diskrediet brengen, kaas], kelderen, leiden, lekken, lopen [neus, storten [cement, verdrinken, vergaan [schip], voorzichtig verplaatsen, doorlopen, uitlopen, weglopen, duiken, in de afgrond storten, onderduikenהגיר (הפעיל), זלג (פ'), זרם (פ'), טבע (פ'), נזל (פ'), נטף (פ'), ניגר (נפעל), פיכה (פיעל), שתת (פ'), טָבַע, נָזַל, נָטַף, פִּכָּהloop, stroom, vloeifluir, submergir-seplynout, téct, potopit se, prouditsynke, dykke, flyde, strømmeenabismiĝi, flui, subakviĝifluir, buccear, inundar, manar, zambullirse, hundirsevirrata, upottaaalir, mengalirscorrere, fluire, affondare, colare, gettarefluerefluir, abismar-se, afogar-se, cair no abismo, correr, afundar-securge, se vărsarinna, strömma, flyta, sjunkaakmak, batmakβυθίζω, βουλιάζω, κυλώيَتَدَفَّقُ, يَغْرَقُpotonuti, teći流れる, 膿瘻가라앉다, 흐르다strømme, synkepopłynąć, zatonąćтечь, тонуть, литьсяไหล, จมchảy, chìm xuống下沉, 流动
verbe transitif
1. mettre sous l'eau couler un bateau
2. figuré faire disparaître couler une entreprise
3. mettre un liquide dans un moule couler du béton
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couler

[kule]
vi
[eau, cours d'eau] → to flow, to run
La rivière coulait lentement → The river flowed slowly.
Le sang qui coule dans mes veines → The blood flowing in my veins.
beaucoup d'eau a coulé sous les ponts → a lot of water has gone under the bridge
couler à flot, couler à flots [champagne] → to flow freely
l'argent coule à flot, l'argent coule à flots → there's plenty of money
[robinet, nez] → to run
Ne laissez pas couler les robinets → Don't leave the taps running., Don't leave the taps on.
avoir le nez qui coule
J'ai le nez qui coule → My nose is running.
faire couler [+ eau, bain] → to run
faire couler beaucoup d'encre [livre, film, sujet, article, chiffre] → to cause a lot of ink to flow, to be much written about
(= sombrer) [bateau] → to sink
Un bateau a coulé pendant la tempête → A boat sank during the storm.
couler à pic → to sink straight to the bottom, to go straight to the bottom
(= faire faillite) [entreprise] → to go under
(autres locutions) couler de source → to be obvious
Ça coule de source → It's obvious.
vt
[+ cloche, sculpture] → to cast
[+ bateau] → to sink
(fig) [+ entreprise] → to put out of business
(= passer) [+ jours, vie] → to enjoy
couler des jours heureux → to spend some happy days
se la couler douce → to have an easy time of it >
(AUTOMOBILES) couler une bielle
Il a coulé une bielle → His big end went. [kule] vpr/réfl
(= se glisser) se couler dans [+ interstice, ouverture] → to slip into
(fig) se couler dans le moule → to fit the mould (Grande-Bretagne), to fit the mold (USA)
se couler dans le moule de qch → to fit the mould of sth (Grande-Bretagne), to fit the mold of sth (USA)
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005