servir

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servir

v.t. [ du lat. servire, être au service de, être esclave, de servus, esclave ]
1. S'acquitter de certains devoirs, de certaines obligations envers qqn, une collectivité : Les ministres servent la République.
2. Présenter un mets, une boisson à : Servir les invités. Servez cette sauce très chaude. Avec cette viande, vous nous servirez du bordeaux.
3. Placer sur la table qqch à consommer : Nous allons servir le dîner.
4. Vendre des marchandises à : Ce commerçant me sert toujours aimablement.
5. Fam. Raconter, débiter : Il nous sert toujours les mêmes plaisanteries.
6. Donner ses soins à qqch, s'y consacrer : Zola voulait servir la vérité. Servir les intérêts de qqn.
7. Être utile à : Les circonstances l'ont bien servi aider, favoriser ; défavoriser, 2. desservir
8. Mettre qqch à la disposition de qqn : C'est à toi de servir les cartes distribuer, donner payer
Servir Dieu,
lui rendre le culte qui lui est dû.
Servir la messe,
assister le prêtre pendant sa célébration.
v.t. ind.
1. (à) Être utile, profitable à : Sa carte bancaire lui sert beaucoup. Son sens pratique lui a servi favoriser ; nuire
2. (à) Être bon, propre à qqch : Ces schémas servent à mieux comprendre aider à, permettre de ; empêcher de
3. (de) Être utilisé en tant que, tenir lieu de : Les otages servent de bouclier humain. Elle servait d'interprète.
v.i.
1. Être militaire : Servir dans l'aviation.
2. Dans certains sports, mettre la balle, le ballon en jeu.

se servir

v.pr.
1. (de) Prendre d'un mets : Elles se sont servies de purée.
2. Se fournir habituellement en marchandises : Nous nous servons chez cet épicier s'approvisionner
3. Faire usage de ; user de : Elle s'est servie de sa voiture ce matin utiliser
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

servir


Participe passé: servi
Gérondif: servant

Indicatif présent
je sers
tu sers
il/elle sert
nous servons
vous servez
ils/elles servent
Passé simple
je servis
tu servis
il/elle servit
nous servîmes
vous servîtes
ils/elles servirent
Imparfait
je servais
tu servais
il/elle servait
nous servions
vous serviez
ils/elles servaient
Futur
je servirai
tu serviras
il/elle servira
nous servirons
vous servirez
ils/elles serviront
Conditionnel présent
je servirais
tu servirais
il/elle servirait
nous servirions
vous serviriez
ils/elles serviraient
Subjonctif imparfait
je servisse
tu servisses
il/elle servît
nous servissions
vous servissiez
ils/elles servissent
Subjonctif présent
je serve
tu serves
il/elle serve
nous servions
vous serviez
ils/elles servent
Impératif
sers (tu)
servons (nous)
servez (vous)
Plus-que-parfait
j'avais servi
tu avais servi
il/elle avait servi
nous avions servi
vous aviez servi
ils/elles avaient servi
Futur antérieur
j'aurai servi
tu auras servi
il/elle aura servi
nous aurons servi
vous aurez servi
ils/elles auront servi
Passé composé
j'ai servi
tu as servi
il/elle a servi
nous avons servi
vous avez servi
ils/elles ont servi
Conditionnel passé
j'aurais servi
tu aurais servi
il/elle aurait servi
nous aurions servi
vous auriez servi
ils/elles auraient servi
Passé antérieur
j'eus servi
tu eus servi
il/elle eut servi
nous eûmes servi
vous eûtes servi
ils/elles eurent servi
Subjonctif passé
j'aie servi
tu aies servi
il/elle ait servi
nous ayons servi
vous ayez servi
ils/elles aient servi
Subjonctif plus-que-parfait
j'eusse servi
tu eusses servi
il/elle eût servi
nous eussions servi
vous eussiez servi
ils/elles eussent servi
Collins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011

SERVIR

(sèr-vir) , je sers, tu sers, il sert, nous servons, vous servez, ils servent ; je servais ; je servis ; je servirai ; je servirais ; sers, qu'il serve, servons, servez, qu'ils servent ; que je serve, que tu serves, qu'il serve, que nous servions, que vous serviez, qu'ils servent ; que je servisse ; servant ; servi v. a.

Résumé

Être à un maître comme domestique.
Être au service de, être attaché à la personne, en une qualité supérieure à celle de domestique.
Rendre à quelqu'un les mêmes services qu'un domestique rend à son maître.
Dans le culte catholique, servir le prêtre, le célébrant à l'autel.
Servir Dieu.
Obéir à, honorer.
Remplir des emplois de guerre, de magistrature, d'administration.
être dans le service militaire.
Servir une batterie, une pièce de canon.
10° Placer les mets sur la table.
11° Au jeu de paume, servir la balle.
12° Fournir une marchandise, un objet confectionné.
13° Servir une rente.
14° Servir le fief.
15° Faire aller, faire marcher, en parlant de certains moteurs.
16° Être utile à.
17° Il se dit des choses qui secondent, favorisent.
18° Servir la jument.
19° En termes de chasse, tuer la bête avec une arme.
20° V. n. Être à un maître comme domestique.
21° Servir pendant un quartier, une semaine.
22° Être esclave, être en servitude.
23° Servir de, tenir lieu de, faire l'office de.
24° Servir à, être utile.
25° Servir à, être destiné à tel ou tel usage, être propre à.
26° Absolument, être utile, avec un nom de chose pour sujet.
27° Être d'usage.
28° Faire servir à, employer pour un but, pour un résultat.
29° En termes de marine, faire servir, faire fonctionner telle ou telle voile.
30° V. réfl. Se servir, faire pour soi ce qu'on pourrait faire faire à un domestique.
31° Prendre de ce qui est sur la table.
32° Faire usage de.
33° Se servir chez un marchand.
34° Se rendre service à soi-même, l'un à l'autre.
Être à un maître comme domestique.
Que servir un joueur est un maudit métier ! [REGNARD, le Joueur, I, 1]
On défendit aux calvinistes, en 1685, de se faire servir par les catholiques, de peur que les maîtres ne pervertissent les domestiques [VOLTAIRE, Louis XIV, 36]
Absolument. Être réduit à servir. Ce domestique est trop vieux, il ne peut plus servir. Servir son maître à table, lui donner à boire, lui donner des assiettes, etc. Absolument.
Ce qu'on peut remarquer [lors du sacre], c'est que les prélats dînèrent à la table de l'empereur, et que les ducs de Franconie, de Souabe, de Bavière et de Lorraine servirent à table [VOLT., Ann. Emp. Othon Ier, 936]
Je servais à table, et je faisais à peu près au dedans le service d'un laquais [J. J. ROUSS., Conf. III]
Servir à la chambre, à la cuisine, etc. Être employé au service de la chambre, de la cuisine, etc.
Vous étiez jeune encor, vous serviez au festin, à ce dernier festin du tyran de l'Asie [VOLT., Olymp. I, 2]
Pour vous servir, à vous servir, locutions familières de civilité employées comme réponse affirmative.
Vous êtes taupe ? me dit-elle ; Oui, lui dis-je, mademoiselle, Je suis taupe, pour vous servir [VOIT., Poés. Œuv. t. II, p. 186]
D. Juan : Vous vous appelez ? - Charlotte : Charlotte, pour vous servir [MOL., Festin, II, 2]
Vous êtes sans doute madame Patelin ? - à vous servir ! [BRUEYS, Avoc. Pat. II, 2]
Être au service de, être attaché à la personne, en une qualité supérieure à celle de domestique.
Et ressouvenez-vous quel prélat vous servez [BOILEAU, Lutr. III]
Le bonheur de le servir [un grand] était, selon lui, une assez haute récompense pour ceux qui le servaient [FÉN., Tél. XVI]
Rendre à quelqu'un les mêmes services qu'un domestique rend à son maître.
Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir [SACI, Bible, St Marc, X, 45]
Ô vous, pauvres, quelque nom que vous portiez, vous que la reine servait avec tant de foi [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Dieu, dit la princesse Anne, me donnera peut-être de la santé pour aller servir cette paralytique [ID., Anne de Gonz.]
Il [Fénelon] recueillait dans son palais les malheureux habitants des campagnes que la guerre avait obligés de fuir leurs demeures, les nourrissait, et les servait lui-même à table [D'ALEMB., Élog. Fén.]
Dans le culte catholique, servir le prêtre, le célébrant à l'autel, répondre la messe, et présenter l'eau et le vin, ce qui, aux grand'messes, est la fonction des diacres et des sous-diacres.
Loin d'ici ces prêtres oisifs qui, vivant de l'autel et ne servant pas à l'autel, traînent sans honneur et sans emploi un stérile et infructueux sacerdoce [FLÉCH., Panég. II, 405]
Racine l'a dit en parlant du culte des Hébreux :
Debout à ses côtés [du grand prêtre], le jeune Éliacin Comme moi le servait en long habit de lin [ID., Ath. II, 2]
Servir la messe, assister le prêtre qui la dit.
Pour moi, je n'entends guère de messe dans le camp qui ne soit servie par quelque mousquetaire, et où il n'y en ait quelqu'un qui communie, et cela de la manière du monde la plus édifiante [RAC., Lett. 21 à Boileau]
Hélas ! le seul office que je pouvais lui rendre, c'était de lui servir la messe, mais c'était un mérite à ses yeux, et voici pourquoi.... [MARMONTEL, Mém. I]
Servir Dieu, lui rendre le culte qui lui est dû, s'acquitter des devoirs de la religion.
Il n'y a que deux sortes de personnes qu'on puisse appeler raisonnables : ou ceux qui servent Dieu de tout leur cœur, parce qu'ils le connaissent ; ou ceux qui le cherchent de tout leur cœur, parce qu'ils ne le connaissent pas [PASC., Pens. IX, 1, édit. HAVET.]
Que quand on servait Dieu, on servait bien son roi [SÉV., 85]
[Le prince de Condé mourant] nous avertit que, pour trouver à la mort quelques restes de nos travaux et n'arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats [RAC., Esth. I, 5]
Ils laissèrent à chacun la liberté de servir Dieu suivant sa conscience, pourvu que l'État fût bien servi [VOLT., Russie, I, 2]
Il se dit des dieux du paganisme.
Leurs philosophes connurent que le monde était régi par un dieu bien différent de ceux que le vulgaire adorait, et qu'ils servaient eux-mêmes avec le vulgaire [BOSSUET, Hist. II, 5]
J'ai mon dieu que je sers ; vous servirez le vôtre [RAC., Ath. II, 7]
Des dieux que nous servons connais la différence [VOLT., Alz. V, 7]
Obéir à, honorer.
L'orgueil de voir vingt rois vous servir et vous craindre [RAC., Iphig. IV, 4]
Servir une dame, lui rendre des soins assidus, faire profession d'être son amant.
Je sers, je le confesse, une jeune merveille, En rares qualités à nulle autre pareille [MALH., V, 21]
Oui, c'est moi qui voudrais effacer de ma vie Les jours que j'ai vécu sans vous avoir servie [CORN., le Ment. III, 5]
Le comte d'Arran, qui l'avait servie des premiers [Mme de Shrewsbury], n'avait pas été des derniers à la quitter [HAMILT., Gramm. 6]
Absolument.
Prêt à servir toujours, sans espoir de salaire [RAC., Andr. IV, 2]
Il se dit des emplois de guerre, de magistrature, d'administration que l'on remplit au service de l'État, du prince. Louis XIV fut servi par Vauban dans ses armées.
Que, depuis quarante-deux ans qu'il servait le roi, il ne lui avait jamais donné de conseil que selon sa conscience [BOSSUET, le Tellier.]
Ne pouvant servir le roi par ses actions et par ses discours, il [le Tellier] le servit par son repos et par son silence [FLÉCH., Le Tellier.]
Nous servions tous deux l'État, et, le servant, nous voulions l'un et l'autre tout gouverner [FÉNEL., Dial. des morts mod. Richel. Mazarin.]
D'un combat singulier la gloire est périssable ; Mais servir la patrie est l'honneur véritable [VOLT., Tancr. III, 6]
Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux [ID., Mérope, I, 3]
Christine, comme tous les princes, aimait mieux être flattée que servie [D'ALEMB., Œuvr. t. IV, p. 21]
On dit dans un sens analogue : servir l'Église.
On ne s'engage à servir l'Église que dans l'espérance d'y dominer ; et, si l'on n'espérait pas y dominer un jour, on ne se réduirait jamais à la servir [BOURDAL., 10e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 212]
Fig.
Servir le monde pour Dieu, disait ce grand évêque, c'est une vertu ; servir le monde pour le monde, c'est un désordre [BOURDAL., 5e dim. après la Pentecôte. Dominic. t. II, p. 460 et 461]
On sert mal à la fois la fortune et l'amour [J. J. ROUSS., Dev. du vil. sc. 4]
Absolument. Être dans le service militaire. Il a longtemps servi sur mer, dans la cavalerie, dans l'infanterie. Il y a vingt ans qu'il sert.
Ce sera dans nos jours s'être fait un nom parmi les hommes et s'être acquis un mérite dans les troupes, d'avoir servi sous le prince de Condé, et, comme un titre pour commander, de l'avoir vu faire [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
M. de Servière, gentilhomme d'une ancienne noblesse, qui, après avoir longtemps servi, mais peu utilement pour sa fortune, parce qu'il n'avait songé qu'à bien servir, s'était retiré couvert de blessures [FONTEN., Truchet.]
Où voudriez-vous servir ? vous n'avez qu'à dire : dans l'infanterie, dans la cavalerie, ou dans les dragons ? [DANCOURT, la Gazette, sc. 18]
Faire son service. Ce soldat sert bien.
Vous ai-je pas conté comme il [Turenne] rhabilla ce régiment anglais ?.... les Anglais ont dit.... qu'ils achèveraient de servir cette campagne pour le venger, mais qu'après ils se retireraient, ne pouvant obéir à d'autres [SÉV., 16 août 1675]
Le maréchal de Richelieu venait de conclure, près de Stade, un traité avec les Hanovriens et les Hessois qui ressemblait à celui des fourches caudines : leur armée ne devait plus servir [VOLT., Comm. Œuvr. aut. Henriade.]
Terme de guerre. Servir une batterie, une pièce de canon, etc. faire les manœuvres nécessaires pour l'exécution du feu.
Le canon des assiégés a été très bien servi [PELLISSON, Lett. hist. t. III, p. 330]
On dit dans un sens analogue : Ce feu d'artifice a été bien servi, mal servi. Servir une pompe, la faire jouer.
10° Placer les mets sur la table. Servir le dîner, le souper.
Si l'on ne vous servait à table que deux onces de pain [PASC., Prov. II]
Ainsi dit Gilotin, et ce ministre sage Sur table au même instant fait servir le potage [BOILEAU, Lutr. I]
Les nymphes.... servirent un repas simple, mais exquis pour le goût et pour la propreté [FÉN., Tél. I]
Ce fut l'orateur Hortensius qui imagina le premier de faire servir des paons sur sa table [BUFF., Ois. t. IV, p. 49]
La chair du cygne est noire et dure ; et c'est moins comme un bon mets que comme un plat de parade qu'il était servi dans les festins chez les anciens, et par la même ostentation chez nos ancêtres [ID., ib. t. XVII, p. 33]
On voit dans les dispensaires du XVIe siècle qu'on servait à la table de François Ier des cervelles de faisans, des langues de carpes et des foies de lottes étuvés au vin d'Espagne [DECOURCHAMP, Souvenirs de la marquise de Créquy, t. IV, ch. VI.]
Fig. Servir un mauvais compliment, faire un mauvais compliment.
La voyant échapper, je courais après elle ; Mais un maudit galant m'est venu brusquement Servir à la traverse un mauvais compliment [CORN., Place Roy. IV, 4]
Absolument. Voulez-vous qu'on serve ? Servez à six heures.
Madame, on a servi sur table [MOL., Critique, 8]
Un petit laquais viendra dire qu'on a servi, on se lèvera, et chacun ira souper [ID., ib.]
Et servez chaud, formule qui, dans les livres de cuisine, termine toutes les recettes de mets qui doivent être mangés chauds. Fig. et familièrement. Servez chaud, faites vite, donnez promptement. Le dîner, le déjeuner est servi, il est sur la table. On dit dans le même sens : Vous êtes servi ; Madame est servie.
Je suis servi par ses cuisiniers [de Frédéric II] ; j'ai une reine à droite, une reine à gauche.... [VOLT., Lett. d'Argental, 29 mai 1751]
Un quart d'heure après on nous servit, et nous nous mîmes à table [MARIV., Pays. parv. 4e part.]
Je l'invitai à souper ; mais elle s'en défendit, et me quitta quand on m'avertit que j'étais servie [Mme RICCOBONI, Œuvr. t. III, p. 178]
Servir à déjeuner, à dîner, à souper, servir à une ou plusieurs personnes ce qu'il faut pour déjeuner, dîner, souper. Servir un dîner, un déjeuner, signifie quelquefois, en parlant d'hôteliers, de restaurateurs, donner à dîner, à déjeuner. On nous servit un fort beau dîner. Servir une table, la couvrir de plats, de mets. On servit six tables en même temps. Servir à quelqu'un un mets, d'un mets, donner d'un mets à un convive. On m'a servi un excellent morceau. Je vais vous servir du saumon. On dit aussi : servir à boire à quelqu'un. Servir quelqu'un, lui donner de ce qui est sur la table. Vous ai-je servi ? Je vous ai bien mal servi. Absolument. C'était la maîtresse de la maison qui servait, elle distribuait les mets aux convives. Fig. Servir quelqu'un d'un conte, lui faire un conte.
Je le sers aussitôt d'un conte imaginaire Qui l'étonne lui-même et le force à se taire [CORN., Ment. I, 6]
J'ai cru que les digressions feraient plus de bien à cet ouvrage que de tort, et que le lecteur, qui se verrait toujours servi de quelque trait d'histoire curieuse ou de quelque réflexion de bon goût, ne regretterait pas d'avoir perdu de vue la comète de temps en temps [BAYLE, Lettre touchant les comètes, avert. au lect.]
Fig. et familièrement. Servir un plat de son métier, voy. PLAT. 2, n° 2. Fig. et familièrement. Servir quelqu'un à plats couverts, lui rendre en secret de mauvais offices (voy. PLAT 2, n° 1, et, pour l'explication de cette locution, l'historique de PLAT 2).
11° Terme de jeu de paume. Servir la balle, ou, absolument, servir, jeter une balle sur le toit pour être reçue par ceux qui jouent. C'est à monsieur à servir. Fig.
[Le premier président dit] que, si M. le Prince avait su jouer la balle qu'il lui avait servie, il avait quinze sur la partie contre moi [RETZ, III, 350]
Servir sur les deux toits, jeter la balle de manière qu'elle aille sur les deux toits avant de tomber. Fig. Et familièrement. Servir quelqu'un sur les deux toits, lui fournir l'occasion de faire avec facilité ce qu'il désire. Il signifie aussi rendre à quelqu'un avec zèle de grands services. Au jeu du ballon, de la balle, du volant, jeter le ballon, la balle, le volant à celui avec qui l'on joue. À certains jeux de dés, mettre les dés dans le cornet de celui qui doit jouer. C'est à vous à servir.
12° Fournir une marchandise, un objet confectionné. Le boucher vous a mal servi. Ce cordonnier ne vous sert plus aussi bien qu'autrefois.
Si vous voulez être servi [recevoir des opuscules de Voltaire], dites-moi donc comment il faut que je vous serve [VOLT., Lett. d'Alembert, 2 septembre 1768]
13° Terme de finance. Servir une rente, payer l'intérêt d'une somme constituée en rente. Terme de jurisprudence. Servir une redevance, acquitter la redevance convenue.
14° Terme de féodalité. Servir le fief, remplir les obligations qui y étaient attachées.
Quand les fiefs étaient amovibles, on les donnait à des gens qui étaient en état de les servir [MONTESQ., Esp. XXXI, 33]
On fit des dispositions pour la succession future, dans la vue que le fief pût être servi par les héritiers [ID., ib. 34]
15° Faire aller, faire marcher, en parlant de certains moteurs. Ce cours d'eau a été utilisé pour servir un moulin.
16° Être utile à. Servir quelqu'un de son crédit, de son épée. Il vous a servi auprès du ministre.
Quand la pieuse reine d'Angleterre servait l'Église, elle croyait servir l'État [BOSSUET, Reine d'Angl.]
La souveraine puissance vous est accordée, afin que l'empire de la terre serve l'empire du ciel [ID., Reine d'Angl.]
Il faut servir nos amis à leur mode [MAINTENON, Proverbes, p. 50, dans POUGENS]
Inexorables dieux, qui m'avez trop servi [RACINE, Phèdre, V, 6]
Rarement on sert bien ceux qu'on aime beaucoup [MARIV., Marianne, 9e part.]
André Doria est le héros qu'on peut mettre à la tête de tous ceux qui servirent la fortune de Charles-Quint [VOLT., Mœurs, 125]
L'illustre Mme de Sévigné, Pellisson, Gourville, Mlle Scudéry, plusieurs gens de lettres se déclarèrent hautement pour lui [Fouquet], et le servirent avec tant de chaleur qu'ils lui sauvèrent la vie [ID., Louis XIV, 25]
Servant ses amis avec zèle, ou plutôt se faisant l'ami des gens qu'il pouvait servir [J. J. ROUSS., Conf. V]
Je voudrais bien servir la raison, mais je désire encore plus d'être tranquille [D'ALEMB., Lett. à Volt. 22 déc. 1765]
Absolument.
Sujet plein d'une fidélité ardente et zélée, et nullement courtisan, il aurait infiniment mieux aimé servir que plaire [FONTEN., Vauban.]
N'offenser personne, guérir toutes les jalousies, servir sans cesse, et chercher à plaire comme si l'on ne servait point [MIRABEAU, Collection, t. II, p. 289]
Servir la religion, servir la patrie, faire quelque chose d'avantageux à la religion, à la patrie. Servir les passions de quelqu'un, lui fournir les moyens de les satisfaire.
Comment puis-je sitôt servir votre courroux ? [RAC., Andr. IV, 3]
Sers ma fureur, Oenone, et non point ma raison [ID., Phèdre, III, 1]
Qu'importe que notre cœur souffre, pourvu que notre vanité soit servie ? [MARIV., Marianne, 2e part.]
Corneille a dit servir quelqu'un à, l'aider à : Le patrice Aspar le servit à monter au trône, Pulch. au lecteur.
17° Il se dit des choses qui secondent, favorisent. Les circonstances, les événements l'ont bien servi.
Soit donc que malgré vous le sort vous ait servie, Soit que... [RAC., Brit. V, 6]
Son bras a mal servi sa valeur, il n'a pas eu autant de force que de courage. Sa mémoire l'a mal servi, il a manqué de mémoire. Si ma mémoire me sert bien, si j'ai bonne mémoire, si je me souviens bien.
18° Servir la jument, se dit de l'action de l'étalon dans l'accouplement.
19° Terme de chasse. Tuer la bête avec une arme.
Servir les bêtes rousses à la carabine [, Moniteur univ. 13 nov. 1867, p. 1405, 3e col.]
Ce mot est devenu, dans l'argot, synonyme d'assassiner.
20° V. n. Être à un maître comme domestique.
Enfin il sentit l'impossibilité absolue de servir à deux maîtres [FONTEN., Rolle.]
Fig.
Il est ainsi, chrétiens : nous sommes des idolâtres, lorsque nous servons à nos convoitises [BOSSUET, Panégyr. saint Victor, 1]
21° Servir un quartier, une semaine, être de service pendant un quartier, pendant une semaine. Fig.
Je sers actuellement mon quartier de Tirésie [je suis aveugle] ; mes fluxions sur les yeux me mettent hors d'état d'écrire [VOLT., Lett. d'Alembert, t31 mars 1766]
22° Être esclave, en servitude.
Un cœur né pour servir sait mal comme on commande [CORN., Pomp. IV, 2]
Tu veux servir ; va, sers, et me laisse en repos [RAC., Alex. IV, 3]
Maintenant elle [la nation juive] sert sous un maître étranger [ID., Esth. I, 4]
Une forêt voisine où nous servirions en esclaves sous ceux qui gouvernaient ses troupeaux [FÉN., Tél. I]
Sers ou meurs, disaient insolemment les Portugais à chaque peuple qui se trouvait sous leurs pas rapides et ensanglantés [RAYNAL, Hist. phil. I, 24]
23° Servir de, tenir lieu de, faire l'office de.
Pendant que cette princesse [Livie] vécut, elle servait de quelque barrière, parce que Tibère, accoutumé longtemps à lui obéir, n'osait lui contredire ouvertement [PERROT, Tacite, 254]
Mon nom sert de rempart à toute la Castille [CORN., Cid, I, 6]
Votre goût a servi de règle à mon ouvrage [LA FONT., Fabl. V, 1]
Vos lettres nous ont servi d'un grand amusement [SÉV., 28 août 1680]
Cette loi divine mal appliquée.... nous sert très souvent de fausse règle [BOURDAL., 1er avent, Fausse consc. 134]
Des siéges et des combats servirent d'exercice à son enfance [de Turenne] [FLÉCH., Turenne.]
Je vous rends votre fils et je lui sers de père [RAC., Andr. I, 4]
Tout doit servir de proie aux tigres, aux vautours [ID., Esth. I, 3]
Hortense, ajouta-t-il en s'en allant, vous n'avez pas voulu me faire de la peine ; mais que ceci vous serve de leçon [MARMONTEL, Cont. mor. Bon mari.]
Se servir à soi-même de, faire pour soi-même l'office de.
Ils se servent de chiens à eux-mêmes [pour la chasse] [J. J. ROUSS., Ém. II]
Servir de preuve que, prouver que.
Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans, Qu'ils [les rois] savent mal payer les services présents [CORN., Cid, I, 3]
Servir d'un trophée à, être comme un trophée pour.
Dans leur sang répandu la justice étouffée Aux crimes du vainqueur sert d'un nouveau trophée [CORN., Cid, IV, 5]
Fig. Servir de jouet, de plastron, être en butte aux railleries, aux attaques. Servir de plastron, signifie aussi être exposé aux attaques, aux importunités de quelqu'un. Fig. et familièrement. Servir de couverture, servir de prétexte.
24° Servir à, être utile.
Fuyez ce qui vous nuit, aimez ce qui vous sert [RÉGNIER, Sat. XII]
Je vois bien maintenant à quoi vous servent les opinions contraires que vos docteurs ont sur chaque matière ; car l'une vous sert toujours, et l'autre ne vous nuit jamais [PASC., Prov. V]
La reine, qui accompagne son époux au cœur de l'hiver, joint au plaisir de la suivre celui de servir secrètement à ses desseins [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Ce qui nous sert, on le cherche ; mais ce qui nous veut servir, on l'aime [J. J. ROUSS., Émile, IV]
Je croyais, interrompis-je vivement, que le but de la vie d'un honnête homme n'était pas le bonheur qui ne sert qu'à lui, mais la vertu qui sert aux autres [STAËL, Corinne, XII, 2]
Que sert, à quoi sert-il ? quel avantage revient-il de.... ?
Mais que sert la colère où manque le pouvoir ? [CORN., Sertor. I, 2]
Puis on avait pour son argent, Avec un bon soufflet, un fil long de deux brasses ; La plupart s'en fâchaient, mais que leur servait-il ? C'étaient les plus moqués [LA FONT., Fabl. IX, 8]
Ami, reviens chez moi : que nous sert de pleurer ? Haine, vengeance et deuil, laissons tout à la porte [ID., ib. X, 12]
Que nous servira d'avoir du bien, s'il ne nous vient que dans le temps que nous ne serons plus dans le bel âge d'en jouir ? [MOL., l'Av. I, 2]
Que lui servirent ses rares talents ? que lui servit d'avoir mérité la confiance intime de la cour ? [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Qu'as-tu donc servi, ô philosophie ! [ID., Hist. II, 11]
Quand on n'a rien à répondre, à quoi sert-il d'écouter ? [QUIN., Cadm. I, 4]
Mais sans un Mécénas, à quoi sert un Auguste ? [BOILEAU, Sat. I]
Mais que sert que ta main leur dessille les yeux ? [ID., Ép. III]
Du zèle de ma loi que sert de vous parer ? [RAC., Athal. I, 1]
Que vous aura-t-il servi de croire, si vos mœurs ont démenti votre croyance ? [MASS., Carême, Vérité de la religion]
À quoi sert la vie, quand on n'a point d'amis ? [BARTHÉL., Anach. ch. 78]
Impersonnellement.
Mais bien vous sert que j'ignore le langage des dieux [BALZ., liv. V, lett. 15]
Rien ne vous a servi, seigneur, de me nommer [CORN., Othon, I, 3]
Rien ne lui servit de se défendre avec ses armes ordinaires, et de raconter des apologues : les Delphiens s'en moquèrent [LA FONT., Vie d'Ésope.]
Rien ne sert de courir : il faut partir à point [ID., Fabl. VI, 10]
En ce sens, servir prend de avec rien, peu, beaucoup, guère, quoi.
Si bien Que tous mes froids dédains n'y servirent de rien [RÉGNIER, Dial.]
Hélas ! de quoi me sert ce dessein salutaire ? [CORN., Héracl. I, 1]
L'un fait beaucoup de bruit qui ne lui sert de guère [MOL., Éc. des f. I, 1]
Qui dit suffisant, marque tout ce qui est nécessaire pour agir, et il servirait de peu aux dominicains de s'écrier qu'ils donnent un autre sens au mot de suffisant [PASC., Prov. II]
Les paroles servent de peu quand il s'agit de prouver [SÉV., 19 janv. 1674]
Il ne sert de rien à l'homme de gagner le monde entier, s'il vient à perdre son âme [MASS., Avent, Bonh. des justes.]
Les titres ne servent de rien pour la postérité [VOLT., Louis XIV, 13]
Cela sert comme un cautère, comme un emplâtre sur une jambe de bois, comme une cinquième roue à un carrosse, cela est tout à fait inutile.
25° Servir à, être destiné à tel usage, être propre à.
Les juges que leurs artifices faisaient redouter furent sans crédit : leur nom ne servit qu'à rendre la justice plus attentive [BOSSUET, le Tellier.]
Je me souviens qu'il nous ravissait en nous racontant comme en Catalogne, dans les lieux où ce fameux capitaine [César], par l'avantage des postes, contraignit cinq légions romaines et deux chefs expérimentés à poser les armes sans combats, lui-même il avait été reconnaître les rivières et les montagnes qui servirent à ce grand dessein [ID., Louis de Bourbon.]
S'il y a des choses que l'on doive ignorer, ce sont celles qui ne servent à rien [MALEBR., Rech. vér. IV, 2]
Métophis m'envoya vers les montagnes du désert d'Oasis avec ses esclaves, afin que je servisse avec eux à conduire ses grands troupeaux [FÉN., Tél. II]
Les mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV, qu'il [l'abbé de Choisy] avait aussi écrits dans ses moments de loisir, n'ont paru que depuis sa mort [D'ALEMB., Éloges, l'abbé de Choisy.]
On a dit aussi servir pour.
J'imite les Romains ....à qui l'on permettait.... de reprendre et de dire Ce qu'ils pensaient servir pour le bien de l'empire [RÉGNIER, Sat. I]
26° Absolument, être utile, avec un nom de chose pour sujet.
Ma foi, le jugement sert bien dans la lecture [BOILEAU, Sat. III]
Tout ce qui dut servir s'est tourné contre nous [VOLT., Oreste, V, 6]
27° Être d'usage. Ces gants ne peuvent plus me servir.
L'anneau qui lui servait est encore en tes mains [VOLT., Oreste, II, 1]
28° Faire servir à, employer pour un but, pour un résultat.
Vous voyez combien cette bulle est dangereuse, par la fin où l'on veut la faire servir [PASC., Prov. XIX.]
Par l'effet du même transport qui vous fait parler aux hommes de vos prétentions, vous en venez encore parler à Dieu, pour faire servir le ciel et la terre à vos intérêts [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Ils font servir à leurs convoitises les biens qu'ils ont reçus pour exercer leur charité [FLÉCH., Duch. d'Aiguillon.]
Ils [les dieux] ont fait servir Achille à abattre les murs de Troie [FÉN., Tél. XIX.]
Il [saint Augustin] veut qu'on fasse servir l'éloquence humaine à la parole de Dieu, et non qu'on rende la parole de Dieu esclave de l'éloquence humaine [ROLLIN, Traité des Ét. IV, 2]
Le dernier degré de la perversité est de faire servir les lois à l'injustice [VOLT., Dict. phil. Criminel.]
29° Terme de marine. Faire servir, faire fonctionner telle voile qui ne fonctionnait pas, de manière qu'elle serve au navire pour sa route ou pour une évolution.
Tout cela fut exécuté avec tant de diligence et si à propos, que les ennemis n'étaient qu'à deux portées de canon de moi, lorsque je commençai à faire servir [, Rapport de J. Bart, 5 juill. 1696, dans JAL]
30° Se servir, v. réfl. Faire pour soi ce qu'on pourrait faire faire à un domestique.
Ils [Charles XII et ses compagnons chez les Turcs] se servaient eux-mêmes ; et ce fut le chancelier Mullern qui fit pendant tout ce temps la fonction de cuisinier [VOLT., Charles XII, 7]
31° Prendre de ce qui est sur la table. Servez-vous, point de façons.
32° Faire usage de.
Dieu, qui emploie toutes choses à ses fins cachées, s'est servi autrefois des chastes attraits de deux saintes héroïnes pour délivrer ses fidèles de leurs ennemis [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Ne puis-je pas dire, pour me servir des paroles fortes du plus grave des historiens, qu'elle allait être précipitée dans la gloire ? [ID., Duch. d'Orl.]
Grâces à mon amour, je me suis bien servie Du pouvoir qu'Amurat me donna sur sa vie [de Bajazet] [RAC., Bajaz. I, 3]
Je veux l'avancer, dites-vous : comblez-le de biens, surchargez-le de terres, de titres et de possessions ; servez-vous du temps ; nous vivons dans un siècle où elles lui feront plus d'honneur que la vertu [LA BRUY., II]
Également capables de se servir de la fortune et de l'attendre [MONTESQ., Rom. V]
Il se dit aussi des personnes qu'on emploie. Il se sert depuis longtemps de ce tailleur.
Je viens remercier et mon père et mon roi D'avoir eu la bonté de s'y servir de moi [CORN., Nicom. II, 2]
Ils [les Romains] se servirent d'Eumènes et de Massinisse pour subjuguer Philippe et Antiochus, comme ils s'étaient servis des Latins et des Herniques pour subjuguer les Volsques et les Toscans [MONTESQ., Rom. VI]
Ô puissant Orosmade, vous vous servez de moi pour consoler cet homme ; de qui vous servirez-vous pour me consoler ? [VOLT., Zadig, 17]
Se servir d'une chose à, s'en servir pour tel usage.
Je ne puis fermer les mains ; mais je les remue, et m'en sers à toutes choses [SÉV., 8 juillet 1676]
33° Se servir chez un marchand, avoir l'habitude d'acheter chez lui.
34° Se rendre service à soi-même.
Ma situation est singulière ; je sers les autres, et je ne me sers pas moi-même [VOLT., Lett. d'Argental, 14 sept. 1773]
Se rendre service l'un à l'autre.
Ces femmes ont toutes des relations les unes avec les autres, et forment une espèce de république dont les membres, toujours actifs, se secourent et se servent mutuellement [MONTESQ., Lett. pers. 107]

PROVERBES

  • Il n'y a qu'un mot qui serve, signifie : ou bien décidez-vous, dites-moi votre dernier mot, ou bien : je vous ai dit mon dernier mot.
    Écoutez : il n'y a qu'un mot qui serve ; je n'entends point que vous ayez d'autres noms que ceux qui vous ont été donnés par vos parrains et vos marraines [MOL., Préc. 5]
    Il n'y a plus qu'un mot qui serve : M. de Meynières peut-il vous dire tout net ce que j'ai à espérer de M. Hérault ? [VOLT., Lett. d'Argental, 25 janv. 1739]
  • On n'est jamais si bien servi que par soi-même.

HISTORIQUE

  • Xe s.
    Voldrent [ils voulurent] la faire diavle servir [, Eulalie]
  • XIe s.
    Bel sire reis, je vus ai servit tant [, Ch. de Rol. LXVII]
    Artus et li sien les feroient [frappaient], Et des espées les servoient, à vins et à cens les occistrent [, Brut, ms. f° 100, dans LACURNE]
    Et fine amor si ne doit pas grever Ceus qui painent toz jors de lui servir [, Couci, X]
    Cele cui [que] j'ai toz jors en remenbrance, Si que mes cuers ne sert d'autre labor [, ib. XVI]
    Ainçois me dout [je crains] qu'en trestout mon aage Ne puisse assez li [elle] et s'amor servir [, ib. XI]
    De pou [peu] me sert que me vuet [veut] conforter D'autrui aimer.... [, ib. X]
    Et sachiez bien, se biauz servirs ne ment [trompe].... [, ib. XII]
    On ne puet [peut] pas servir à tant seignour [, ib. XXIV]
    De maint annui [j'] ai puis esté servis Et eschapez de perilleuse voie [, ib.]
    p. 124. Cel jour firent François d'Anseys chevalier ; Car encores servoit au role d'escuier [, Sax. IV]
    Car onc ne lui rendimes.... Coustume ne peage fors de nos aciers frois ; Mais de ce l'avons bien servi par maintes fois [, ib. XXXIII]
    Unz sainz huem li a dit, cui il l'ala gehir [avouer], Que l'endemain matin, quant devra Deu servir, Qu'il chant de saint Estiefne le primerain martyr [, Th. le mart. 35]
    À son soper [elle] le servi bel E del peisson e del gastel [, Grégoire, p. 89]
  • XIIIe s.
    Mains grans princes ce jour de servir [à table] se presente [, Berte, X]
    Com celle qui ne fine [cesse] De servir plus à gré qu'une povre meschine [servante] [, ib. LVI]
    Et dist Belins : je n'en puis mès, Je serf à un vilein felon Qui onc ne me fist se mal non [, Ren. 13173]
    Et quant par votre fol respons M'avés mon songe ainsinc espons, Servi m'avés de grans mençonges [, la Rose, 6631]
    Toutes fames sers et honore, D'eles servir poine et labore [, ib. 2125]
  • XIVe s.
    Tousjours li mieux servi sont tousjours li plus grant, Guesclin, var. des vers 18118-18131. J'ai tout adez oï et dire et recorder ; Qui sert et ne parsert, il ne peut profiter [, ib. 9014]
    Jehan Dourderon, poure valet charton, servant devant autrui [au service d'autrui] [DU CANGE, servire.]
    Il s'en revint à S. Felix le dimanche suivant, pour servir son jour [comparaître à l'assignation] à l'endemain ensuivant contre ledit David [, ib.]
  • XVe s.
    Nonobstant qu'ils eussent bien servy son pere au recouvrement et pacification du royaulme [COMM., I, 3]
    C'est si tard qu'il ne sert plus de gueres [ID., I, 10]
    Et pour les pers de France s'y trouverent ceux qui s'ensuivent : le premier fut le duc d'Alençon (qui servoit pour le duc de Bourgongne) ; le deuxieme, monseigneur de Bourbon (qui servoit pour le duc de Normandie).... [ID., VIII, 20]
    Tout sert ; mais par sainte Marie, Il ne fait pas ce tour qui veult [VILLON, Nouv. ball.]
  • XVIe s.
    Il montoit sur une vieille mulle, laquelle avoit servi neuf roys [RAB., Garg. I, 22]
    Ceste cavillation ne leur sert de rien [CALV., Inst. 94]
    Ils avoient la charge de penser les povres, et leur servir [ID., ib. 852]
    Il n'est question sinon de nourrir entre nous charité, en servant les uns aux autres [ID., ib. 967]
    Dans la ville d'Amboise demeuroit le serviteur d'une princesse, qui la servoit de valet de chambre [MARG., Nouv. XXVII]
    Se servir d'une chose [MONT., I, 19]
    Le tromper peult servir pour le coup [ID., I, 24]
    Moyen qui sert à vaincre [ID., I, 25]
    Quoi qu'il en soit, je ne vouldrois pas estre servy de cette façon [ID., I, 59]
    Qui a apprins à mourir, il a desapprins à servir [ID., I, 77]
    J'en sçais à qui il a servy d'y apporter.... [ID., I, 94]
    Les exemples fabuleux y servent comme les vrais [ID., I, 102]
    Je ne fus jamais sans homme qui m'en servist [de la musique, qui m'en jouât] [ID., I, 195]
    Le sommelier servit de ce vin au pape [ID., I, 253]
    On trouve des personnes ayans des opinions differentes, quant à la maniere de servir à Dieu [LANOUE, 79]
    Les sciences servent d'un grand ornement aux nobles [ID., 121]
    Il les feit servir de viandes fort simples et communes [AMYOT, Numa, 26]
    Servir et honorer les dieux [ID., ib. 31]
    Mais tout cela ne servoit de rien [ID., Sylla, 73]
    Il estoit servy en vaisselle d'or et d'argent [ID., Lucull. 80]
    L'epiglotte sert de comprimer le passage et conduit des cartilages du larynx [PARÉ, IV, 15]
    Un seul hommeau, et le plus souvent le plus lasche et femenin de la nation.... tout empesché de servir vilement à la moindre femmelette [LA BOÉTIE, Serv. volont.]
    Qui sert commun, nul ne le paye, et, s'il defaut, chascun l'abaye [COTGRAVE, ]
    Assez demande qui bien sert [ID., ]
    Un bien servy [certificat donné à un domestique] [OUDIN, Dict.]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourguig. sarvi ; Berry, sarvir ; wallon, siervi ; provenç. servir, sirvir ; espagn. servir ; ital. servire ; du lat. servire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    SERVIR. Ajoutez :
    35° Se servir, être mis, servi sur table. Ce plat se sert sur les meilleures tables.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

servir

SERVIR. (Je sers, tu sers, il sert; nous servons, vous servez, ils servent. Je servais. Je servis. Je servirai. Que je serve. Que je servisse. Servant. Servi.) v. tr. S'acquitter de certains offices, de certaines obligations envers une personne ou une collectivité. Servir le roi. Servir son pays. Servir l'État.

Servir Dieu, Rendre à Dieu le culte qui lui est dû et s'acquitter de tous ses devoirs de religion.

Dans le culte catholique, Servir la messe, Être auprès du prêtre qui célèbre la messe, pour dire les réponses, présenter l'eau et le vin, etc.

SERVIR s'emploie aussi absolument et se dit seulement du Service militaire. Il a servi au Maroc, en Syrie. Il a servi sous les ordres de ce général. Il a servi dans l'infanterie, dans l'artillerie, dans l'aviation, dans la marine.

SERVIR signifie particulièrement S'acquitter de certaines fonctions auprès de quelqu'un comme domestique. Servir un maître. Il me sert depuis trois ans en qualité de valet de chambre. Il aime à se faire servir. Absolument, Ce domestique est trop vieux, il ne peut plus servir.

Servir à table, Présenter les plats, verser à boire, donner et retirer les assiettes, etc.

Servir quelqu'un, Lui donner sa part des mets dont se compose un repas. Vous êtes bien mal servi. Il s'est servi le dernier.

SERVIR signifie, par extension, Rendre à quelqu'un les mêmes services qu'un domestique rend à son maître. Elle servait son amie malade, sa vieille mère infirme. Elle se dévoue à servir les pauvres.

Se servir soi-même, Faire soi-même pour son service ce que d'autres font faire par un domestique.

SERVIR se dit en outre d'un Commerçant, d'un artisan relativement à la personne qu'il fournit, pour laquelle il travaille. Servir un client. Le boucher nous a mal servis aujourd'hui.

Se servir chez un marchand, Avoir l'habitude d'acheter chez lui.

SERVIR signifie aussi Rendre de bons offices à quelqu'un, l'aider, le seconder, l'assister. Servir ses amis. Il m'a bien servi dans cette affaire. Je vous servirai partout de mon crédit. Il vous a servi en ami véritable.

Servir les passions de quelqu'un, Lui fournir les moyens de satisfaire ses passions.

Servir la religion, Se dévouer au service de la religion.

Pour vous servir, Formule de politesse dont on se sert pour dire à quelqu'un qu'on est à sa disposition pour lui rendre service.

SERVIR s'emploie dans un sens analogue avec un nom de chose comme sujet. Les circonstances, les événements l'ont bien servi.

Sa mémoire l'a mal servi en cette occasion, Il a manqué de mémoire.

SERVIR signifie encore Faire fonctionner. Il se dit spécialement, en termes de Guerre, en parlant de Pièces d'artillerie. Servir une batterie. Servir une pièce de canon.

En termes de jeu de Paume et de Tennis, Servir la balle et absolument Servir, Lancer la balle à celui avec qui l'on joue.

En termes de jeu de Cartes, Servir des cartes et absolument Servir, Distribuer, donner des cartes.

SERVIR se dit aussi en parlant des Mets qu'on place sur la table. Servir le dîner. Servir le potage. Servir un gigot, un plat de légumes, l'entremets, le dessert. Absolument, À quelle heure voulez-vous qu'on serve? Servez à huit heures. Servez chaud.

Le dîner est servi, On peut se mettre à table. On dit dans le même sens : Vous êtes servi. Madame est servie.

Servir à déjeuner, à dîner, à souper, Servir à une ou plusieurs personnes de quoi déjeuner, etc. On nous servit à dîner.

Servir à quelqu'un d'une viande, d'un plat, Donner d'une viande, d'un plat à quelqu'un. On dit aussi Servir à boire à quelqu'un.

Fig. et fam., Servir un plat de sa façon, Dire ou faire quelque chose qui soit conforme au caractère, aux manières, aux habitudes que l'on a. Il est le plus souvent péjoratif. Ce maître chanteur vous a servi un plat de sa façon. On dit au sens de riposte : Il avait voulu me nuire, je lui ai servi un plat de ma façon.

En termes de Finance. Servir une rente, Payer le revenu, l'intérêt d'une somme constituée en rente.

En termes de Jurisprudence, Servir une redevance, Acquitter la redevance convenue.

SERVIR est aussi verbe intransitif et signifie Être utile à quelqu'un. Que lui sert d'amasser tant de biens? Cela ne vous sert de rien. Ce livre lui a bien servi dans son travail.

Il signifie absolument Être d'usage. Ces gants pourront vous servir encore. Ce meuble, cet instrument, cette machine ne peut plus servir.

Fig., Il n'y a qu'un mot qui serve se dit lorsqu'on veut se faire bien comprendre et préciser le sens de ses paroles.

SERVIR signifie encore Être utile, bon, propre à quelque chose. Ce bateau sert à passer la rivière. À quoi sert cette machine? Cet instrument sert à tel usage. Les troupes qui servent à la défense des frontières. Cela ne servirait qu'à l'indisposer contre vous. Il ne sert à rien de s'emporter. À quoi sert-il, que sert-il, que sert de s'emporter?

Il s'emploie aussi avec la préposition de et signifie Tenir lieu de, tenir la place de, faire l'office de. Il m'a servi de père. Il lui a servi de modèle. Que cela vous serve de leçon. Mon manteau me servira de couverture. Servir de prétexte. Cela vous servira d'excuse, de preuve.

Fig., Servir de jouet, de plastron, de couverture. Voyez JOUET, PLASTRON, COUVERTURE.

SE SERVIR DE signifie Faire usage de. Il s'est servi de mon argent. Se servir de toutes sortes de moyens. Il se sert trop souvent du même mot. Se servir de la règle et du compas. Le papier dont je me sers pour vous écrire.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

servir

Servir, Seruire, Asseruire, Deseruire, Inseruire, Subseruire, Ministrare, Famulari.

Servir chez aucun, Colere seruitutem apud aliquem.

Servir bien Dieu, Religionem colere.

Apres Dieu servi, Sacris muneribus perfunctis, ad vitae munera obeunda transeundum. B.

Qui sert de tout son pouvoir à Dieu, qui craint Dieu, et a peur de l'offenser, Religiosus.

Servir au profit d'autruy, Merere alicui.

Servir autruy à ses despens, Curare rebus alienis suo vestimento et cibo. Plaut.

Servir de corps et d'ame, Et corpore et anima morigerari. B. ex Sueton.

Servir en lieu d'un autre, Pensare vicem.

Apres avoir servi leur temps, qui estoit de vingt ans, Confectis stipendiis.

Servir son vieil maistre, Operam dare veteri domino.

Qui sert le mesme maistre qu'un autre, Conseruus.

Si je te puis en rien servir, appelle moy, Siquid adiuuare potero, me accersito.

Apres qu'il luy aura servi, qu'il ne, etc. Vbi ei dederit operas, ne, etc.

Qui sert, Famulus, Minister, Administer.

¶ Servir à quelqu'un à table, Alicui apponere, Subaudi cibum.

Servir en vaisselle de terre, In vasis fictilibus apponere.

Faire servir une table à deux mets, Duobus iustis ferculis coenam apponere, Ainsi on dict du fournissement des viandes à une table, les invitez ont esté opulemment servis, et le service a esté bel et grand, c'est le fournissement des viandes a esté somptueux, Aussi dict-on, on a desja servi les entrées de table, Fercula primarum mensarum iam sunt apposita.

Servir beaucoup à faire quelque chose, Plurimum in re aliqua pollere.

Tu ne sers ici de rien, Tu plane superes.

Aider et servir à aucun, Prodesse, Adiumento esse alicui, aliquem iuuare.

Servir et aider secrettement de quelque chose à aucun, Subministrare.

Je n'ay rien servi au temps, Nihil est a me inseruitum temporis causa.

¶ Se servir de quelque chose, Vti, Vsum ex aliqua re habere.

Se servir de choses consacrées, Profanare.

Se servir d'aucun, Aliquem in vsu habere.

Se servir d'aucun en ses larrecins, Ad furta aliquo homine vti.

Se servir de quelqu'un en quelque meschanceté, Imponere personam improbam alicui.

Se servir de quelque tesmoing, Teste aliquo vti.

Se servir du nom d'aucun, Nomen alicuius in re aliqua interponere.

Ne se vouloir servir de l'aide d'aucun, Parcere auxilio alicuius.

Je m'en serviray comme des miens, Vtar illis vt meis, vel non secus, ac meis.

Qu'il ne se serve de ceste cy pour chambriere, Ne hanc ille habeat pro ancilla sibi.

On se sert des arbres en mille manieres, Mille sunt vsus arborum.

On s'en sert, ou on en use seulement en medecine, Ad medicinae tantum vsum.

Dequoy on se sert, In vsu positum.

Toute beste dequoy on se sert à porter fardeaux, tirer chariots, et labourer les terres, Iumentum.

Servir et aider, Vsui esse, Prodesse.

Ils pensent que le reste sert et aide à cecy, Caetera pertinere ad id putant.

Ces choses servent aux navires, Pertinent haec ad vsum nauium.

Le jurement de la mere ne servira de rien à son enfant, Matris iusiurandum partui non proficiet.

Qui servoyent à la guerre, Quae ad bellum vsui erant.

Toute la despense n'a de rien servi, Recidit in cassum omnis impensa.

Servir de proverbe, Obtinere locum prouerbij.

Serviront aultant, Eundem effectum obtinebunt.

Si j'ay quelque chose qui te serve à cela, In eam rem siquid habebo.

Dequoy m'a-il servi ou prouffité? Quid retulit?

Il est faict pour servir à ce, In hoc factum est.

Disputer de beaucoup de choses qui servent ou font à nostre affaire, Secundum causam multa disputare.

Tout ce qui sert à la cause, Litis vtensilia, B.

Cela sert de beaucoup à la cause, ou sert grandement à la cause, Id in rem est existimationemque causae, Causam subleuat, Superiorem facit, B.

Ceci ne sert de rien, Id otiosum est, B.

Cela sert à sa cause, Hoc seruit causae suae, Bud. ex Curtio.

Ceste oraison servoit à mon intention pour lors, etc. Illa oratio potius temporis mei, quam iudicij atque authoritatis fuit, Bud. ex Cic.

Ceci sert à cela, Valet in id, Confert ad id, Conducit.

Cela sert quand on ne peut pisser, Facit ad difficultatem vrinae.

Il sert de loy, Valet vt lex.

Il sert de viande, Pro pulmentario cedit.

Cela servoit en lieu de pain, Id similitudinem panis efficiebat.

Ils servent de cela, Illius rei vicem efficiunt.

Cela sert pour contrepoison, Illud habet vim antidoti.

¶ Il sert beaucoup de, etc. Plurimum facit nosse, etc.

Cela sert et aide beaucoup à la rep. Permagni momenti est in rep.

Il ne sert de rien de veoir, etc. Nihil refert videre quid dicendum sit, nisi, etc.

Ceci ne sert et n'aide nullement à avoir la vie heureuse, Haec res nullum habet momentum ad beatam vitam.

Cela ne sert pas beaucoup qu'il soit ainsi faict, si, etc. Parui refert ita fieri nisi, etc.

Dequoy sert-il donques de, etc. Quid ergo interest, proferantur necne?

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

servir


SERVIR, v. act. et n. Je sers, nous servons, je servois, ou servais; je servis; j'ai servi; je servirai; je servirois ou servirais; sers, que je serve; je servisse; servant; servi. = Actif: 1°. Être à un maître comme son domestique. "Il m'a servi dix ans. "Persone ne peut servir deux maîtres. = V. n. "Il sert à la chambre, à la cuisine. Et sans régime. "Il ne sert plus: il ne peut plus servir. = Servir son maître à table; lui doner à boire, des assiètes, etc. = Servir une table: la couvrir de plats, de mets, etc. = 2°. Doner d'une viande, d'un metz à quelqu'un des convives. "Servez de la poularde, de la perdrix, à Monsieur, à Madame. = 3°. Servir le canon, l'artillerie; les tirer avec adresse et diligence. = 4°. Rendre de bons ofices; aider, assister. "Il m' a bien servi dans cette afaire. "Servir quelqu'un de son crédit. = Servir Dieu; lui rendre le culte et l'obéissance, qui lui sont dûs. — Servir l'Église, l'État, la Patrie: Faire quelque chôse d'avantageux pour, etc. = Servir le Roi; être dans quelque emploi de guerre, ou de Magistratûre, ou de Finance. Servir le Roi dans des Ambassades, dans son conseil. = V. n. Et en parlant du service militaire seulement, ou de celui des domestiques. "Il sert bien; il a bien servi: il a servi sous un tel général. Servir sur mer, sur terre. FONTENELLE dit, par terre. Il me semble que c'est contre l'usage.
   On est bien malheureux d'être né pour servir.
   Travailler ce n'est rien; mais toujours obéir!
       Le Méchant.
= 5°. Servir de, tenir lieu de; tenir la place; faire l' ofice de: il m'a servi de père. "Cela lui a servi de médecine. "Servir de prétexte; et en st. famil. de couvertûre. = 6°. Servir à, être utile. "Cet instrument sert à un tel usage. "Cela lui servira à faire son voyage. "Ce cheval sert à tirer et à porter. "À~ quoi cela peut-il vous servir? = 7°. V. réc. "Se servir de, user de. "Il se sert de mon argent, de mes meubles, de mes chevaux. "Se servir de toutes sortes de moyens; de son crédit, de sa faveur, etc.
   Rem. 1°. On disait autrefois servir dans le sens d'adorer. "L'Église Catholique ne sert point les images. = Dans le sens de rendre des services, il régit l'acusatif. Quelques Auteurs lui ont doné le datif pour régime. "On ne peut servir à deux maîtres. Lett. Édif. L'Acad. dit que c'est l'anciène traduction de ce texte de l'Évangile: ce régime est un latinisme. Fontenelle a dit aussi servir à deux maîtres. Dans une chronique, on dit servir à Dieu. Fenélon. a dit servir à l'ambition de. Et Brebeuf.
   Certes, c'étoit pour Rome un charme à sa misère,
   Quelle n'eut qu'à servir à l'un de ses enfans.
L'à est de trop dans tous ces exemples. = 2°. Servir, tenir lieu de; faire l'ofice de; régit les prép. de et à "Il a servi de père à ses neveux.
   Cette austère vertu, dont se paroit l'ingrat,
   Ne servoit que de voile au plus noir atentat.
       Créb.
Mais servir, être utile, ne régit que la prép. à. On a souvent demandé s'il faut dire, cela ne sert à rien, ou ne sert de rien. "À~ quoi sert-il, ou de quoi sert-il? Il y a des exemples et des autorités pour tous les deux. L'Académie les met indiféremment et sans remarque: mais le premier parait plus analogue au sens de cette expression; car, cela ne sert à rien, à quoi cela sert-il, signifient, cela n'est utile à rien, à quoi cela peut-il être utile? = 3°. Le que, qui suit ces façons de parler, régit le subjonctif: à quoi sert-il? ou il ne sert de rien, (ou à rien) que J. C. soit venu nous aporter cette vérité, ou nous ofrir cette grâce, si nous n'en profitons pas. Grifet. "À~ quoi sert-il à un Peuple que son Roi subjugue d'aûtres Nations, s'il est malheureux sous son règne? Télém. — Dans cette dernière phrâse, de quoi aurait mieux valu pour éviter deux à si près l'un de l'aûtre: à quoi sert-il à, etc. = On dit quelquefois, surtout en vers, que sert-il? pour, à quoi sert-il? Racine ne dit même, que sert sans il, avec de et l'infinitif.
   Mais que sert de pousser des soupirs superflus?
Gresset dit aussi, que servent mes accens? pour, à quoi servent mes accens? = Mallebranche et Rollin ont mis rien avant servir. "Ne nous peuvent de rien servir: il n'auroit de rien servi de conoitre sa honte. Cette construction est gauloise. * Cela ne sert en rien, est encôre plus mauvais: c'est un gasconisme. = Avec peu, on met de et non pas à: Il servira de peu (et non pas à peu), d'avoir fait cette démarche. = 4°. Voltaire fait régir à ce verbe des noms au nominatif et sans article. "Rosen vint dabord servir simple cavalier dans le Régiment de Brinon. — On dit ordinairement: servir comme, ou en qualité de.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

servir

verbe transitif servir
1.  Apporter son aide à.
2.  Être utile à quelqu'un.

servir

verbe transitif indirect servir
Être utilisé en tant que.

servir (se)

verbe pronominal servir (se)
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

servir

(sɛʀviʀ)
verbe transitif
1. donner à manger ou à boire à qqn servir les invités servir un café à qqn
2. vendre des marchandises à un client Est-ce que l'on vous sert ?

servir

dienen, bedienen, Dessert, servierenserve, serve a purpose, waithelpen, bedienen, dienen, opscheppen, serveren, vandienstzijn, (be)dienen, geven, leveren, opslaan [sport], te pas komen, schenkenהגיש (הפעיל), הועיל (הפעיל), מלצר (פיעל), שימש (פיעל), שירת (פיעל), הוֹעִיל, מִלְצֵר, שִׁמֵּשׁ, שֵׁרֵתmelayaniυπηρετώservireيَخْدِمُsloužittjeneservirpalvellaslužiti仕える섬기다servereobsłużyćservirобслуживатьtjänaบริการhizmet etmekphục vụ服务
verbe intransitif
être utile, être utilisé comme Cet outil sert à couper le carrelage. Cet objet ne sert à rien. Cela ne sert à rien de crier. Cette pièce sert de débarras.
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

servir

[sɛʀviʀ]
vt
(en tant que sujet, citoyen) [+ autorité, idéal, patrie] → to serve
(au restaurant) [+ dîneur, consommateur] → to wait on, to serve
(à table) [+ invité] → to serve
je vous sers? → shall I serve you?
servir qn de qch → to help sb to sth, to serve sb with sth
Je vous sers de la soupe? → Shall I help you to soup?
[+ vin, plats] → to serve
Ils ont servi un plat délicieux → They served a delicious meal.
servir qch à qn → to serve sb with sth, to help sb to sth
qu'est-ce que je vous sers? → what can I get you?
(au magasin) [+ client] → to serve, to attend to
on vous sert? → are you being served?
(= être avantageux à) servir les intérêts de qn → to serve sb's interests
(COMMERCE) [+ rente] → to pay
servir à qn [diplôme, livre] → to be of use to sb
Cette perceuse m'a beaucoup servi → I've used this drill a lot.
ça m'a servi pour réparer → I used it to fix ...
Ça m'a beaucoup servi pour mes examens → It was very useful for my exams.
servir à qch/à faire [outil] → to be used for sth/for doing
à quoi ça sert? → what's it for?
à quoi cela sert de faire ...? → what's the use of doing ...?
cela ne sert à rien → it's no use
Ça ne sert à rien d'insister → It's no use insisting.
servir de qch → to be used as sth
Le dictionnaire a servi de cale → The dictionary was used as a wedge., The dictionary served as a wedge.
Le dictionnaire m'a servi de cale → I used the dictionary as a wedge.
vi
[chose] (= être utile) → to come in useful, to be of use
Ça peut encore servir → It might still come in useful., It might still come in handy.
(en tant que domestique) → to be in service
Il a servi pendant plus de vingt ans chez les McDuff → He was in service for more than twenty years at the McDuffs'.
(en tant que soldat) → to serve
Il a servi dans l'infanterie → He served in the infantry.
(au restaurant) → to serve
On ne sert plus après 14h → We don't serve after 2 pm.
servir à dîner → to serve dinner
servir à dîner à qn → to serve dinner to sb, to serve sb dinner
(TENNIS) → to serve
À toi de servir → It's your serve.
(CARTES) → to deal [sɛʀviʀ]
vpr/réfl
(= prendre d'un plat) → to help o.s.
Servez-vous → Help yourself.
se servir de [+ plat, boisson] → to help o.s. to
(= s'approvisionner) se servir chez → to shop at
vpr/pass
(= être servi) → to be served
Ça se sert très frais → It should be served chilled.
vpr/vi
se servir de (= utiliser) [+ voiture, outil, relations] → to use
Tu te sers souvent de ton vélo? → Do you use your bike a lot?
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005