prêter
prêter
v.t. [ du lat. praestare, se tenir en avant, fournir ]se prêter
v.pr. (à)PRÊTER
(prê-té) v. a.PROVERBE
- On ne prête qu'aux riches, on n'oblige que ceux dont on peut espérer des services ; et fig. on attribue volontiers aux personnes, suivant la réputation qu'elles se sont faite, certaines actions, bonnes ou mauvaises, des traits d'esprit ou des sottises.
HISTORIQUE
- XIIIe s. Dex, ausi comme à ses hoirs, leur prestera ce que mestiers [besoin] leur sera en terre [, Psautier, f° 45]Veuls tu bien savoir, enseigne ; car ainsi se preste doctrine ; se ele est espandue, croist, et se ele est teuue, descroit [BRUN. LATINI, Trésor, p. 367]De prester à usure mout bien nous guerirons [nous nous soutiendrons bien en prêtant] [, Berte, LXXVII]Dont Dex me prest par son plaisir sens et force et discretion ! [H. DE VALENC., I]Cele amoit trop sa janglerie, Volentiers li prestoit l'oreille [, la Rose, 14773]Cil qui preste sor gage [BEAUMANOIR, XXXIV, 22]S'aucuns a poi d'ommes à fere jugement en se [sa] cort, il doit requerre au segneur de qui il tient, qu'il li prest de ses homes qui sunt si per [ID., LXVII, 3]En coze prestée rendre n'a point de terme, s'il n'i fu mis au prester [ID., XXXIV, 20]
- XIVe s. Prester aux poures quant ils en ont besoing, et leur pardonner la debt [, Ménagier, I, 3]
- XVe s. Seigneurs, prestez-moy un peu le parler. Adonc chascun fist silence [, Perceforest, t. VI, f° 97]Il devoit prester au roy quatre places.... mais il ne la bailla pas [Spolete] [COMM., VII, 12]
- XVIe s. Prester beau jeu [MONT., I, 2]À la verité, si nature ne preste un peu, il est malaysé que l'art.... [ID., I, 77]Nature nous preste la main et.... [ID., I, 81]Prester à la lettre [ID., II, 181]Prester à un escript un sens qu'il n'a pas [ID., I, 131]Ils prestent à la matiere, l'allongent et l'amplifient [ID., I, 233]Des lames de fer qui, à l'endroit des joinctures, prestoient au mouvement [ID., II, 96]Ils se prestent et accommodent aux inclinations naturelles [ID., II, 234]Je cuideroye au bout de deux ans composer un corps, avec lequel j'oseroye bien prester le collet à un autre regiment tel qu'il fust [LANOUE, 284]Il les contraignit de se rendre à luy, et oultre ce de luy prester serment de fidelité [AMYOT, Eum. 8]Et luy estant presté silence, il feit un serment.... [ID., Cicéron, 27]Tu [ô Seigneur] les avois prestez et non donnez au monde [ceux que Desportes pleure], Et as peu comme tiens à toy les retirer [DESPORTES, Œuv. chrét. Plainte]Qui preste non r'a ; si r'a, non tost ; si tost, non tout ; si tout, non gré ; si gré, non tel [LOYSEL, n° 672]Du temps qu'on se cachoit pour prester argent [COTGRAVE, ]Au prester ange, au rendre diable [ID., ]Par prester ennemy est amy, et amy souvent ennemy [GÉNIN, Récréat. t. II, p. 246]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, preûter ; wallon, prusté ; provenç. et espagn. prestar ; ital prestare ; du latin praes are, fournir, de prae, en avant, et stare, se tenir debout (verbe neutre, passé au sens actif).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- PRÊTER.
- Absolument. Ajoutez : Un cardinal, avant d'être élu pape, se prête volontiers pour le devenir ; et il y a plusieurs exemples de ces sortes de marchés [DE BERNIS, à d'Aubeterre, 6 avr. 1769, dans CRÉTINEAU JOLY, Clément XIV et les Jésuites, p. 248]
prêter
Prêter secours, aide, faveur, etc., Secourir, aider, favoriser quelqu'un en quelque chose.
Prêter main-forte, Appuyer par la force l'exécution des ordres de la justice. Il s'emploie aussi dans un sens figuré. Il m'a prêté main-forte dans cette polémique.
Prêter la main à quelque chose, Aider à faire quelque chose, être complice de quelque chose. Il s'emploie surtout en mauvaise part. Il a prêté la main à ce vol, à ce meurtre.
Prêter la main à quelqu'un, L'aider à porter quelque chose de pesant, à remuer, à soulever quelque fardeau; et, figurément, L'aider à réussir dans une entreprise. Prêtez-moi un peu la main. On dit de même Prêter l'épaule.
Prêter l'oreille, prêter attention, prêter silence, Écouter, donner son attention, faire silence.
Prêter serment, Faire serment devant témoins. Prêter serment devant un tribunal. Il fut admis à prêter serment.
Prêter foi et hommage se disait d'un Vassal qui rendait foi et hommage au seigneur duquel il relevait.
Prêter son nom, Laisser faire en son nom un acte où l'on n'a point d'intérêt, dont un autre a les avantages et les charges. Il se dit aussi de Celui qui autorise un autre à se servir de son nom en quelque occasion.
Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu'un, Parler pour lui, s'employer pour lui.
Prêter le flanc à l'ennemi, Se porter ou marcher avec si peu de précaution qu'on puisse être pris en flanc par l'ennemi.
Fig. et fam., Prêter le flanc, Donner prise. Prêter le flanc à une accusation, à des soupçons.
PRÊTER s'emploie spécialement dans le sens de Fournir une chose sous condition que celui qui la reçoit la rendra; Permettre l'usage temporaire d'une chose. Prêter de l'argent. Prêter sa voiture. Prêter des meubles. Il nous a prêté sa maison. Prêtez-moi cette brochure. Il ne rend jamais les livres qu'on lui prête.
Il s'emploie absolument dans ce sens; c'est alors le plus souvent d'argent qu'il s'agit. C'est un homme qui n'aime pas à prêter. Prêter à intérêt. Prêter sur gages.
Prêter à la petite semaine, Prêter pour un temps très court et à un intérêt très élevé.
Prov., On ne prête qu'aux riches, On prête plus volontiers à ceux qui sont en fonds et en état de rendre; et, figurément et par extension, On attribue volontiers de bonnes. ou de mauvaises qualités, des traits d'esprit ou des sottises à certaines personnes, d'après la réputation qu'elles se sont faite.
PRÊTER signifie aussi Attribuer, imputer. Prêter à quelqu'un des propos, des opinions, des projets, des intentions, une action, un ouvrage, une chanson, une plaisanterie. Prêter à une personne des torts, un ridicule, un travers.
PRÊTER est aussi intransitif et signifie Fournir matière à, donner lieu à. Prêter à la censure, à la critique. Cette action prête à de fâcheuses interprétations. Ce discours prête à la plaisanterie. Sa conduite prête à rire. Ce que vous me dites prête à penser.
Il s'emploie absolument en parlant du Cuir, des étoffes, et autres choses de même nature, qui s'étendent aisément quand on les tire. Du cuir qui prête. Un bas qui prête. Une étoffe qui prête.
Fig., C'est un sujet qui prête, se dit, en parlant des Ouvrages de l'esprit, d'un Sujet qui peut fournir des développements brillants, suggérer des idées intéressantes.
SE PRÊTER signifie S'adonner, se laisser aller momentanément à quelque chose. Se prêter à l'espérance, à l'illusion.
Il signifie aussi Consentir par complaisance à quelque chose, se plier à. Je me prêterai à cet accommodement. Il se prête a tout ce qui fait plaisir aux autres. Il s'est prêté à de vilaines manoeuvres.
Le participe passé PRÊTÉ s'emploie substantivement dans ces locutions : C'est un prêté pour un rendu, La victime de ce mauvais procédé saura prendre sa revanche; C'est un prêté rendu, C'est une juste représaille.
préter
PRÉTER, v. act. et n. [Prété; deux é fer. Devant l'e muet, le 1er se change en ê ouv. Il prête, prêtera, etc. On écrivait aûtrefois prester: quand on suprima l's on la remplaça par l'acc. circ. sur l'e, mais cet accent n'est bon que quand l'e est ouvert et long; ce qui n'est ainsi que devant l'e muet.] Faire un prêt, c. à. d. Doner, à la charge que celui à qui l'on done rendra ce qu'on lui done. "Préter des meubles, des livres, un cheval, de l'argent: je lui ai prété mille écus. = V. n. Préter sur gages, à intérêt, à usûre, etc. = On dit, sans article, préter serment, préter foi et homage, préter secours; aide, faveur; secourir, aider, favoriser. Préter silence, se taire, écouter. Préter l'oreille à, écouter celui qui parle, être atentif à ce qu'on dit. Préter la main à: aider. Préter sa voix, son ministère; parler, s'employer pour. = Préter le collet à: être prêt à combattre, à disputer contre. Prêter le flanc, doner prise sur soi. Se préter à, consentir par complaisance. "Il se prête à tout ce qu'on veut. "On peut se préter au plaisir, mais il ne faut pas s'y abandoner. "Les génies du premier ordre se prêtent également aux plaisirs et aux afaires. = Préter, neutre, se dit au propre et au fig. "Ce bâs, cette étofe prêtent, s' étendent quand on les tire. "Cette conduite prête (done lieu) à de mauvaises interprétations.
PRÉTER est s. m. dans ces phrâses proverbiales, ami au préter, énemi au rendre. Un préter à jamais rendre, un prêt fait à un homme insolvable. On dit aussi, c'est un prété-doné.
prêter
prêter
prêter (se)
prêter
leihen, verleihen, borgen, darleihen, entlehnenlend, loan, borrow, advancelenen, (uit)lenen, aanleiding geven (tot), geven, rekken [stof], toeschrijven, verlenen, uitlenenהלווה (הפעיל), השאיל (הפעיל), הִלְוָה, הִשְׁאִילlåne, lønepruntiprestar, dejarlainata, lainata jollekullepożyczać, pożyczyćemprestarîmprumutalåna, låna utprestare, imprestareيُقْرِضُ, يُقرِضُpůjčitδανείζωposuditi, pozajmiti貸し付ける, 貸す빌려주다låne bort, låne utдавать взаймы, ссужатьให้กู้เงิน, ให้ยืมödünç vermekcho mượn, cho vay借给заемаш (pʀete)verbe transitif
faire attention, s'intéresser à qqch
prêter
[pʀete] vtIl m'a prêté sa voiture → He lent me his car.
on ne prête qu'aux riches → only the rich get credit
Hier, la rumeur lui prêtait l'intention de démissionner → Yesterday he was rumoured to be intending to resign.
prêter à confusion → to cause confusion
Le terme peut prêter à confusion → The term can cause confusion.
prêter attention à qch → to pay attention to sth
prêter l'oreille → to lend an ear
prêter l'oreille à qn → to lend sb an ear
prêter une oreille attentive à qch → to lend an attentive ear to sth
prêter serment → to take the oath [pʀete] vpr/vi
Il se prêta de bonne grâce à ce rôle → He submitted with good grace to playing this role.