emprunter
emprunter
[ ɑ̃prœ̃te] v.t. [ lat. promutuari, de mutare, changer, échanger ]emprunter
Participe passé: emprunté
Gérondif: empruntant
Indicatif présent |
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j'emprunte |
tu empruntes |
il/elle emprunte |
nous empruntons |
vous empruntez |
ils/elles empruntent |
EMPRUNTER
(an-prun-té) v. a.REMARQUE
- Quand le régime indirect d'emprunter est un nom de chose, il faut de : la lune emprunte sa lumière du soleil ; quand c'est un nom de personne, on met indifféremment à ou de : j'ai emprunté mille francs de mon ami ou à mon ami.
HISTORIQUE
- XIIe s. Respondi li prophetes : Va, emprunte de tes veisins vaissels vuidz et mulz [, Rois, p. 355]
- XIIIe s. Dont emprunterent li message dui cens mars en la ville, et les baillerent au duc [VILLEH., XX]Adonc avint que li rois de Cypre en ala à Acre et vot emprunter deniers à un bourjois [, Chron. de Rains, p. 47]Et s'il n'a nul home [pour un jugement par pairs], il les doit emprunter à son segnor, et li sires y est tenus à prester [BEAUMANOIR, 46]Li pechierres empruntera et ne soldra mie [, Psautier, f° 45]Par foi, Hiamont, trop par as mal erré, Quant sans ton pere t'es à Carlon mellé ; Car ci François ne sunt mie empruté ; Bien nous chalengent la lor grant herité [, Agolant, p. 172]Ne semble pas chevalier empruté [, ib. p. 163]Au partir que il firent d'Acre, le conte de Poitiers empronta joiaus à ceulz qui ralerent en France [JOINV., 257]Dame, bien soiez venue, Dit li moines, et bien trouvée. Cele ne fut pas empruntée, Ainz tert [essuye] ses ieux, si lui respond [, Fabliaux, 2e éd. p. 245]
- XIVe s. Furent maintes dames parées, Pas ne sembloient empruntées [, Chastelain de Couci, V. 906]Le dit Jehan emprinta de la Maison-Dieu de Bourges huit liz granz [, Bibl. des Chartes, 4e série, t. II, p. 68]
- XVe s. Quel couleur [du drap] vous semble plus belle ? .... Tel que vous le pourrez avoir ; Qui emprunte n'y choysist mye [, Patelin]Furent empruntez cinquante mille ducats d'un marchand de Milan [COMM., VII, 4]
- XVIe s. Ce sont advantages empruntez, non pas nostres [MONT., I, 242]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, emprêter, empreuter ; wallon, epronter ; ital. improntare. Diez, trouvant le valaque imprumút, emprunt, imprumutá, emprunter, qui paraît venir du latin promutuum, un prêt, regarde le mot français comme ayant même origine. Mais im-promútuum, avec l'accent sur mú aurait donné sans doute comme dans le valaque impromut et non emprunt ; du moins c'est là une grave difficulté. Scheler essaye de la lever en recourant non au substantif, mais au verbe : verbe fictif impromutuare, d'où impromptuare, impromptare. Ce qui gêne un peu, ajoute-t-il, c'est la voyelle u pour le latin o. Cette difficulté de l'u pour l'o subsiste dans l'ancienne étymologie im-promptare, qui en a une autre, c'est que impromptare, qui vient par promptus, de promere, produire, fournir, devrait signifier prêter et non emprunter. Remarquons toutefois que, à côté d'emprunter, se trouve le Berry emprêter et l'ancien français emprest (voy. EMPRUNT, à l'historique) ; ceux-là viennent certainement de en, et praestare. On notera les formes citées à l'historique, empruter, emprinter, qui, réunies au Berry empreuter, semblent indiquer une incertitude entre ces formes. Il faut donc admettre que impraestare, qui, naturellement, signifierait prêter, a pris le sens d'emprunter. Impromptare, de son côté, a reçu dans l'italien inprontar la double acception, celle de prêter qui est directe, et celle d'emprunter qui est inverse. De cette discussion on peut conjecturer qu'une confusion s'est faite entre impromutuare et impromtare ; que l'u de promutuum s'est fait sentir dans emprunt ; que promptare se retrouve dans le wallon epronter et l'italien improntar, et praestare, dans l'ancien français emprest et le Berry emprêter.
emprunter
Il signifie au figuré Recevoir, tirer de, devoir à. Ce raisonnement emprunte de la circonstance présente une nouvelle force.
Le lune emprunte sa lumière du soleil; Elle ne luit point d'une lumière qui lui soit propre, elle la reçoit du soleil.
Il signifie aussi figurément Se servir, user, tirer parti de ce qui est à un autre ou de ce qu'un autre fournit. Emprunter une pensée à un auteur. Il a emprunté cela d'Homère, de Virgile. Cette langue n'a presque rien emprunté aux autres. Un mot emprunté du latin ou au latin. Emprunter le nom, le bras, la plume, le crédit, le secours de quelqu'un.
Le participe passé est souvent employé comme adjectif pour signifier Qui n'est pas propre à la personne ou à la chose dont il s'agit, qui n'est pas naturel. Beauté empruntée. Charmes empruntés. Éclat emprunté. Ornements empruntés.
Avoir un air emprunté, des manières empruntées, Avoir un air embarrassé, contraint, des manières peu naturelles, affectées.
Ce livre a paru sous un nom emprunté, Il a paru sous un autre nom que celui de son auteur.
Conter une histoire sous des noms empruntés, La conter sous des noms déguisés, sous de faux noms.
emprunter
Emprunter, Petere mutuum, Sumere mutuum, vel alicunde exorare mutuum.
Demander à emprunter, Rogare.
Emprunter argent, Mutuas pecunias sumere.
Emprunter argent par le moyen d'aucun qui respond, Fide alicuius sumere. Sub. argentum, Fide aliena pecuniam sumere.
Emprunter argent à gros interest pour payer une debte qu'on doibt à moindre interest, Versuram facere.
Emprunter quelque vaisselle seulement pour la veoir, Vasa inspicienda rogare.
Faire que noz amis empruntent pour nous faire plaisir, AEre alieno obstringere amicos.
Emprunter le nom d'aucun, Nomen alicuius in re aliqua interponere.
Emprunter malitieusement le nom d'autruy pour faire son profit, Nomine alieno ad suos quaestus abuti.
Tromper par emprunter, Fraudare mutuationibus.
Emprunté, Mutuum petitum.
Emprunté et prins d'ailleurs, Translatitius.
emprunter
EMPRUNTER, v. act. [An-preun-té; 1re et 2e lon. 3e é fer.] Demander quelque chôse à crédit, pour la rendre ou la payer dans la suite. "Emprunter de l'argent, des livres, etc. Emprunter à quelqu'un ou de quelqu'un. Il semble que ces deux régimes se disent indiféremment. Il me parait pourtant que le 1er est meilleur pour les persones, et le 2d pour les chôses. "Il l'a empruntée toute entière (cette jolie description) à M.... Ann. Litt. "Les Anciens pensoient que l'Éloquence peut bien emprunter à la Philosophie ses idées, mais que la Philosophie ne doit point emprunter à l'Éloquence son fard et ses couleurs. Journ. de Mons. Là, Philosophie et Eloquence sont personifiés.
Un Héros, qui de la victoire
Emprunte son unique gloire,
N'est héros que quelques momens.
La Fontaine lui fait régir l'acusatif de la persone. Dans la Fable des Souhaits, deux hommes deviènent riches.
Les voleurs contre eux complotèrent;
Les Grands Seigneurs les empruntèrent;
Le Prince les taxa. Voilà les pauvres gens
Malheureux par trop de fortune.
Ce régime est inusité. Emprunter ne régit l'acusatif que de la chôse: il régit de ou à pour la persone.
emprunter
emprunter
borgen, darleihen, entlehnen, leihen, verleihenborrow, lend, loan, advance, prêterlenen, nemen, ontlenen, overnemen, volgen [weg]לווה (פ'), שאל (פ'), לָוָה, שָׁאַלpůjčit, půjčit silåne, løneprunti, pruntoprenidejar, prestar, pedir prestadolainata, lainata joltakultapożyczać, pożyczyćemprestar, pedir emprestado, tomar emprestadoîmprumutalånaيُقارِضδανείζομαιposuditiprendere in prestito借りる빌리다låneзаниматьยืมödünç almakmượn借 (ɑ̃pʀɛ̃te)verbe transitif
emprunter
[ɑ̃pʀœ̃te] vtemprunter qch à qn → to borrow sth from sb
Est-ce que je peux t'emprunter un euro? → Can I borrow one euro from you?