mort

1. mort

n.f. [ lat. mors, mortis ]
1. Cessation complète et définitive de la vie : Annoncer la mort d'un proche décès, disparition ; naissance
2. Fig. Arrêt d'activité ; ruine : La mort de l'industrie textile en France extinction ; reprise
À mort,
mortellement ; fig., fam., de toutes ses forces, à un degré intense : Frapper à mort qqn. En vouloir à mort à qqn.
À mort ! Mort à... !,
exclamations pour réclamer la mort de qqn ou le conspuer.
Être entre la vie et la mort,
en grand danger de mourir.
La mort dans l'âme,
avec un regret très vif, mêlé de chagrin.
Peine de mort,
peine criminelle suprême, peine capitale qui a été supprimée en France par la loi du 9 octobre 1981.
Souffrir mille morts,
Litt. subir de terribles souffrances.

2. mort, e

adj. [ lat. mortuus ]
1. Qui a cessé de vivre : Il est mort d'une crise cardiaque. Ramasser les feuilles mortes.
2. Qui semble sans vie : Un regard mort éteint
3. Privé d'animation, d'activité : Un quartier mort désert ; animé, vivant
4. Qui ne peut plus être utilisé ; hors d'usage : Son téléphone portable est mort.
5. (Avec un compl.) Indique un très haut degré : Être mort de faim affamé
Angle mort,
zone que l'on ne peut voir d'un endroit donné.
Bras mort,
bras d'un cours d'eau où l'eau stagne.
Être mort,
Fam. être épuisé.
Langue morte,
langue qui n'est plus parlée.
Plus mort que vif,
se dit de qqn qui, sous l'empire de la peur, paraît incapable de réagir.

3. mort, e

n. [ de 2. mort ]
1. Personne décédée ; défunt : Cet accident a fait trois morts disparu, victime
2. Dépouille mortelle : Enterrer un mort cadavre
Faire le mort,
ne pas bouger, faire semblant d'être mort ; ne rien dire, ne pas manifester sa présence pour ne pas attirer l'attention sur soi.
La place du mort,
Fam. celle qui est à côté du conducteur, dans une automobile, et qui est réputée la plus dangereuse en cas de collision.

mort

n.m.
Au bridge, celui des quatre joueurs qui étale son jeu sur la table ; les cartes de ce joueur.
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MORT3

(mor ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas : la mor a des rigueurs ; excepté dans les locutions : la mor-t aux rats, et il a souffert mor-t et passion ; au pluriel. l's ne se lie pas : des mor affreuses ; cependant plusieurs la lient : des mor-z affreuses) s. f.
Fin de la vie. On distingue la mort naturelle et la mort accidentelle.
Le peuple offre le sceptre [à qui délivrerait Thèbes du Sphinx].... De cent cruelles morts cette offre est tôt suivie [CORN., Œd. I, 4]
Faites du bien à votre ami avant la mort, et donnez l'aumône au pauvre selon que vous pouvez [SACI, Bible, Ecclésiastiq. XIV, 13]
Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser [PASC., Pens. IV, 5, éd. HAVET.]
La mort est plus aisée à supporter sans y penser, que la pensée de la mort sans péril [ID., ib. VI, 58]
Le présent ne nous satisfaisant jamais, l'espérance nous pipe, et, de malheur en malheur, nous mène jusqu'à la mort qui en est un comble éternel [ID., ib. VIII, 2]
Mort soudaine seule à craindre, et c'est pourquoi les confesseurs demeurent chez les grands [ID., ib. XXV, 59]
Nous savons que la vie, et la vie des chrétiens, est un sacrifice continuel qui ne peut être achevé que par la mort [ID., Lett. sur la mort de son père]
De sorte que la mort est le couronnement de la béatitude de l'âme et le commencement de la béatitude du corps [ID., ib.]
Je suis toujours surprise de la mort des jeunes personnes [SÉV., 399]
La mort est affreuse quand on est dénué de tout ce qui peut nous consoler en cet état [ID., 27 déc. 1684]
La mort, qui est la plus importante action de notre vie, a été aussi le plus bel endroit de la sienne [ID., 5 janv. 1687]
[La reine d'Espagne, fille de Madame, et mourant très rapidement] mandant au roi qu'elle n'a point de regret à la vie, et qu'elle meurt de sa mort naturelle, quoique d'abord elle eût dit comme feu Madame, et se repentant, comme elle, de l'avoir dit [ID., 23 févr. 1689]
Quel est notre aveuglement, si, toujours avançant vers notre fin, et plutôt mourants que vivants, nous attendons les derniers soupirs, pour prendre des sentiments que la seule pensée de la mort devrait nous inspirer à tous les moments de la vie ! [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte [ID., Louis de Bourbon.]
Il doit mourir de mort violente [ID., Hist. II, 4]
La mort se déclare ; on ne tente plus de remèdes contre ses funestes attaques [ID., le Tellier.]
Au lieu de l'histoire d'une belle vie, nous sommes réduits à faire l'histoire d'une admirable mais triste mort [ID., Duch. d'Orl.]
Et dans les tourments inouïs de sa dernière maladie.... elle n'a eu à se repentir que d'avoir une seule fois souhaité une mort plus douce [ID., Anne de Gonz.]
Qu'il [l'homme] se multiplie tant qu'il lui plaira, il ne faut toujours pour l'abattre qu'une seule mort [ID., Sermon sur l'honneur, 1]
Alors donc [après la résurrection] l'homme sera rétabli dans son premier état, la mort mourra [ID., Méd. sur l'Év. Dern. sem. du Sauv. 41e jour.]
Si j'allais (ah ! plutôt la mort), si j'allais vous enseigner quelque erreur, je verrais tout mon auditoire se révolter contre moi [ID., la Vallière.]
Ces langueurs, ces abattements, ces diminutions, que Tertullien appelle des portions de la mort, ne la lui faisaient-ils pas éprouver par avance ? [FLÉCH., Mme de Mont.]
La mort de madame la Dauphine est une de ces morts précieuses qui couronnent une belle vie [ID., Dauphine.]
Je ne suis point fort triste, nous n'en avons point de nouveaux sujets ; mais la mort est préférable à la vie [MAINTENON, Lett. au duc de Noailles, t. V, p. 92, dans POUGENS.]
Ces histoires de morts lamentables, tragiques [BOILEAU, Sat. X]
Les haines sont si longues et si opiniâtres que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c'est la réconciliation [LA BRUY., XI]
Qui ne craint point la mort est sûr de la donner [VOLT., Oreste, III, 8]
Je crois, toutes réflexions faites, qu'il ne faut jamais penser à la mort ; cette pensée n'est bonne qu'à empoisonner la vie ; la grande affaire est de ne point souffrir [ID., Lett. Mme du Deffant, 18 nov. 1761]
Le corps meurt peu à peu et par parties ; son mouvement diminue par degrés, la vie s'éteint par nuances successives, et la mort n'est que le dernier terme de cette suite de degrés, la dernière nuance de la vie [BUFF., Hist. nat. hom. Œuv. t. IV, p. 351]
La mort, ce changement d'état si marqué, si redouté, n'est dans la nature que la dernière nuance d'un état précédent [ID., ib. p. 367]
La mort n'est pas une chose aussi terrible que nous nous l'imaginons, nous la jugeons mal de loin, c'est un spectre qui nous épouvante à une certaine distance, et qui disparaît lorsqu'on vient à en approcher de près [ID., ib. p. 371]
Enfin la joie bête et ridicule de tous les fanatiques au sujet de cette mort [de Voltaire] [D'ALEMB., Lett. au roi de Pr. 29 juin 1778]
La mort, mon fils, est un bien pour tous les hommes, elle est la nuit de ce jour inquiet qu'on appelle la vie [BERN. DE ST-P., Paul et Virg.]
Fig.
Ne sont-ce pas des morts, et des morts effroyables, Que tant de changements d'êtres si variables, Qui se disent toujours fatigués d'espérer ? [A. DE MUSSET, Poésies nouv. Lett. à Lamartine.]
Belle mort, mort glorieuse.
Mourir pour son pays est un si digne sort, Qu'on briguerait en foule une si belle mort [CORN., Hor. II, 3]
Une bonne mort, une mort au milieu des sentiments religieux et en s'acquittant de tous les devoirs de la religion.
Nous espérons obtenir par elle [la Vierge] une bonne mort après une vie toute mondaine [BOURDAL., Assompt. de la Vierge, Myst. t. II, p. 342]
Mort subite, mort qui survient instantanément. Les morts subites sont causées d'ordinaire par des ruptures du cœur ou des gros vaisseaux.
Il disait que, loin de craindre une mort subite, c'était celle qu'il choisirait [DUCLOS, Œuvr. t. VI, p. 178]
Donner la mort, voy. DONNER, n° 6. Mettre à mort, voy. METTRE. Dans le langage élevé et poétique, porter la mort, voy. PORTER. Familièrement. Souffrir mort et passion, voy. PASSION. Familièrement. Mourir de sa belle mort, mourir de mort naturelle.
Il serait plus honnête de me laisser mourir de ma belle mort [VOLT., Lett. d'Argental, 30 janv. 1778]
Fig.
Tu dis qu'il faut brûler mon livre ; Les tiens auront un meilleur sort, Ils mourront de leur belle mort [J. B. ROUSS., Ép. III, 16]
Être à l'article de la mort, être à l'agonie. Être malade à la mort, être fort malade, être près de mourir.
Gens du monde, vous ne pensez pas à ces horribles profanations [de la messe] ; à la mort, vous y penserez avec confusion et saisissement [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Il est plaisant que je sois si politique, en étant continuellement à la mort [VOLT., Lett. d'Argental, 6 déc. 1777]
Au milieu de ce premier triomphe, le roi tomba malade à Calais ; il fut plusieurs jours à la mort [ID., Louis XIV, 6]
Dès qu'on a le genre nerveux véritablement attaqué, on est porté à se croire continuellement à la mort [GENLIS, Maison rust. t. II, p. 261, dans POUGENS]
Entre la vie et la mort, dans un fort grand péril par maladie ou par accident.
Alors qu'entre la vie et la mort incertaine, Comme un fruit par son poids détaché du rameau, Notre âme est suspendue et tremble à chaque haleine.... [LAMART., Méd. II, 22]
Être au lit de la mort, au lit de mort, être à l'extrémité.
Un pécheur qui, étendu dans le lit de la mort, commence à ne plus compter sur sa vie [MASS., Avent, Mort du pécheur.]
À son lit de mort, avant de mourir, en mourant. Fig. Avoir la mort entre les dents, être fort vieux ou fort malade.
Je vois tout l'excès du ridicule où je me jette à mon âge [en faisant une tragédie à 84 ans], la syndérèse dans le cœur, et la mort entre les dents, ou du moins entre les gencives, car de dents je n'en ai plus [VOLT., Lett. d'Argental, 30 janv. 1778]
Avoir la mort sur les lèvres, être près de mourir, avoir la figure d'un mourant. Mille morts, se dit, par exagération, pour les plus grands supplices ou les plus grandes douleurs, ou les plus grands périls. La goutte lui a fait souffrir mille morts.
Xipharès... à travers mille morts, ardent, victorieux, S'était fait vers son père un chemin glorieux [RAC., Mithr. V, 4]
Plutôt de mille morts dussiez-vous me punir.... [ID., ib. III, 5]
Vouloir mal de mort, vouloir beaucoup de mal à quelqu'un.
Je me veux mal de mort d'être de votre race [MOL., Femmes sav. II, 7]
La mort exécute le vif, les héritiers du créancier mort peuvent faire exécuter l'obligé qui vit. Pères de la Mort, s'est dit d'hommes religieux ou de moines qui se vouaient à l'assistance des moribonds. À Paris, on appelait particulièrement ainsi les augustins déchaussés ou Petits pères. Hussards de la mort, nom donné à certains régiments de hussards qui portaient pour insignes une tête et des os de mort, et qui, disait-on, ne faisaient aucun quartier à l'ennemi.
Dans le style soutenu, la mort est souvent personnifiée.
La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier, La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier [MALH., VI, 18]
La mort ne surprend point le sage, Il est toujours prêt à partir [LA FONT., Fabl. VIII, 1]
Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur [ID., ib.]
Ce que vous dites sur la liberté que prend la mort d'interrompre la fortune est incomparable [SÉV., 8 juin 1676]
Un tel homme voyant approcher la mort.... lui montre lui-même l'endroit où elle doit frapper : Ô mort, lui dit-il d'un visage ferme, tu ne me feras aucun mal.... achève donc, Ô mort favorable, et rends-moi bientôt à mon maître [BOSSUET, le Tellier.]
Sans menacer, sans avertir, la mort se fait sentir tout entière dès le premier coup [ID., Duch. d'Orl.]
Laissons donc au sage mépriser tous les états de cette vie, puisqu'enfin, de quelque côté qu'on s'y tourne, on voit toujours la mort en face qui couvre de ténèbres nos plus beaux jours [ID., ib.]
Il s'affaiblissait, ce grand prince, mais la mort cachait ses approches [ID., Louis de Bourbon.]
La grandeur et la gloire ! pourrons-nous encore entendre ces noms dans ce triomphe de la mort ? [ID., Duch. d'Orl.]
Madame fut douce envers la mort, comme elle l'était envers tout le monde [ID., ib.]
[Les princes] dégradés à jamais par les mains de la mort [ID., ib.]
Elle se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans l'avoir presque envisagée [ID., Mar.-Thér.]
La voilà, malgré ce grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie ! la voilà telle que la mort nous l'a faite ! [ID., Duch. d'Orl.]
La mort a rejoint ce qu'elle avait séparé [FLÉCH., Duc de Mont.]
Ô mort, cruelle mort, que ne lui laissais-tu plus longtemps le plaisir de voir le fruit de ses travaux ? [ID., Mme de Mont.]
Il serait bon à aller quérir, à aller chercher la mort, se dit d'un homme lent en tout ce qu'il fait.
La Mort, personnification de la mort, personnage mythologique que l'on représente le plus souvent sous la forme d'un squelette armé d'une faux (on met une majuscule). Un malheureux appelait tous les jours La Mort à son secours : Ô Mort, lui disait-il, que tu me sembles belle ! Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
La Mort crut, en venant, l'obliger en effet [LA FONT., Fabl. I, 15]
Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie, Se plaignait à la Mort que précipitamment Elle le contraignait de partir tout à l'heure [ID., ib. VIII, 1]
Un fantôme s'élance sur le seuil des portes inexorables, c'est la Mort ; elle se montre comme une tache obscure sur les cachots qui brûlent derrière elle ; son squelette laisse passer des rayons livides de la lumière infernale [CHATEAUBR., Mart. VIII]
Dans le langage de l'Écriture, les ombres de la mort, la mort (voy. OMBRE).
Mort d'homme, se dit des accidents, des rixes où quelqu'un est tué.
En ces occasions l'on frappe, l'on assomme, Et pour moins, bien souvent, il arrive mort d'homme [HAUTEROCHE, le Soup. mal apprêté, sc. 6]
Il y a ici mort d'homme et supposition [DANCOURT, Mari retrouvé, sc. 22]
Et si je n'avais pas apaisé la querelle, Il serait arrivé mort d'homme ou de femelle [REGNARD, Ménechm. III, 1]
Crime de mort, crime emportant la peine de mort ; coupable de mort, coupable méritant la mort (locutions qui ne se disent plus beaucoup).
C'était un crime de mort de paraître en la présence du roi [sans être appelé] [L. RACINE, Rem. Esth. I, 3]
Quand Assuérus y était [dans la chambre du trône], quiconque y entrait sans être appelé était coupable de mort [ID., ib. II, 1]
La peine capitale. Il vota la mort. Abolir la peine de mort. Toutes les voix allaient à la mort, ont été à la mort. Cette affaire va à la mort, elle doit finir par un arrêt de mort. Sentence, arrêt de mort, condamnation qui porte la peine de mort. Testament de mort, déclaration que fait un condamné avant son supplice. Par extension. Testament de mort, écrit qui atteste les derniers sentiments d'une personne.
Terme de droit. Mort civile, cessation de toute participation aux droits civils.
La mort éternelle, la mort de l'âme, la seconde mort, la condamnation des pécheurs aux peines de l'enfer.
Quand il [le livre de l'Apocalypse] les condamne tous [les timides] à la seconde mort, à cette mort si terrible et si étrange, à ce lac ardent de feu et de soufre [BALZ., De la cour, 5e disc.]
Craignez les occasions prochaines ; car qui aime son péril, il aime sa mort [BOSSUET, Sermons, Intégrité de la pénitence, 3]
Des infidélités légères qui ne donnent pas la mort à l'âme [MASS., Carême, Tiédeur, 1]
Tous les péchés ne sont pas des péchés à la mort [ID., ib.]
Mort de l'âme, la perte de la grâce sanctifiante par le péché mortel. Mort morale, état de l'âme où tout sentiment moral est éteint.
Pour garantir le jeune infortuné de cette mort morale dont il était si près, il commença par réveiller en lui l'amour-propre et l'estime de soi-même [J. J. ROUSS., Ém. IV]
La mort au monde, la retraite loin du monde, soit dans une maison religieuse, soit chez soi et dans la demeure privée.
Faites bien comprendre à nos sœurs en quoi consiste la mort au monde [MAINTENON, Lettre à Mme de Glapion, t. III, p. 194, dans POUGENS.]
Par extension.
Je ne connais personne qui ait autant de besoin que vous, monseigneur, d'une mort continuelle à tout intérêt et à toute passion [MAINTEN., Lett. au cardinal de Noailles, 30 avril 1697]
Mort mystique de l'âme, détachement général du péché.
10° Fig. Extinction, destruction, ruine. Le monopole est la mort de l'industrie.
Je veux, dans un seul malheur, déplorer toutes les calamités du genre humain, et, dans une seule mort, faire voir la mort et le néant de toutes les grandeurs humaines [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
...Ce marquis... qui sans cesse au jeu... Voit la vie ou la mort sortir de son cornet [BOILEAU, Sat. IV]
On a ri à la mort du jansénisme et du molinisme [VOLT., Mél. litt. Avert. d'une éd. des pensées de Pascal.]
Les moralités sont la mort de toute bonne éducation [J. J. ROUSS., Ém. V]
Les jeunes gens quelquefois se passionnent pour l'étude : c'est la mort à tout avancement [P. L. COUR., Lett. à l'Acad. des inscr.]
Familièrement. La mort au beurre, se dit de mets dont la préparation demande beaucoup de beurre. Les épinards sont la mort au beurre.
11° Fig. Un grand chagrin. Ce fils dénaturé lui donne la mort.
Et le coup qui surprend un espoir légitime, Porte plus d'une mort au cœur de la victime [CORN., Androm. II, 4]
Avoir la mort dans l'âme, dans le cœur, être très affligé.
Mme de Chaulnes m'a fort conté les affaires des états... elle me paraît la mort au cœur de toutes les troupes [envoyées en Bretagne] [SÉV., 22 déc. 1675]
Vous voyez devant vous une reine éperdue Qui, la mort dans le sein, vous demande deux mots [RAC., Bérén. III, 3]
Elle a.... la fièvre, la migraine, Tout ce qu'on peut avoir.... la mort au fond du cœur [LANOUE, Coquette corr. V, 1]
Familièrement. C'est une mort que d'avoir affaire à un pareil homme, que de poursuivre une telle affaire, c'est-à-dire c'est une grande peine, c'est une grande misère que de.... C'est une mort que d'attendre si longtemps. C'est une mort, signifie aussi : il y a de quoi rendre malade, de quoi tuer.
Vous savez ce que c'est pour moi que la santé de votre chère femme ; mais vous l'avez laissée trop écrire ; c'est une mort que cet excès [Mme de Grignan venait d'accoucher] [SÉV., 23 févr. 1676]
C'est ma mort, c'est la chose la plus désagréable pour moi.
12° En termes de jeu, jouer à la mort de telle somme, jouer jusqu'à ce que telle somme soit perdue.
13° Mort aux rats, drogue dont on se sert pour faire mourir les rats ; c'est d'ordinaire une substance arsenicale.
Le sulfate de baryte est employé en Angleterre comme mort aux rats [THENARD, Traité de chimie, t. II, p. 425, dans POUGENS]
Mort aux mouches, cobalt ou arsenic délayé dans l'eau. Mort aux chiens, colchique d'automne. Mort de safran, petite truffe parasite, rhizoctonia crocorum. DC. Mort au chanvre, orobanche rameuse. Mort aux poules, jusquiame noire. Mort aux vaches, renoncule scélérate. Mort aux poux, staphysaigre.
14° Populairement. La petite mort, le frisson. J'ai la petite mort dans le dos.
15° Mort noire ou peste noire, nom donné à la grande peste qui dévasta le monde au milieu du XIVe siècle.
16° À mort, loc. adv. De manière qu'on en meure. Il fut blessé à mort. Fig être frappé à mort, être attaqué d'une maladie dont les symptômes annoncent une mort certaine. Condamner, juger à mort, condamner quelqu'un à la peine de mort. Combat à mort, combat qui ne doit se terminer que par la mort d'un des combattants.
C'est un duel ? - à mort : ou ma vie, ou la vôtre ! [C. DELAVIGNE, Marino Faliero, II, 13]
Populairement. À mort, excessivement. Boire à mort. À mort ! exclamation pour menacer de mort. À mort les traîtres ! On dit dans le même sens et dans le même emploi exclamatif : mort à ! Mort aux traîtres !
17° À la mort, loc. adv. Extrêmement, excessivement, en parlant de la haine, de l'ennui et d'autres sentiments analogues.
Je suis ennuyée à la mort d'en entendre parler [SÉV., 36]
Elle soutint que c'était obstination pure, que je m'ennuyais à la mort dans ma retraite [J. J. ROUSS., Conf. X]
Brutal, avare, amoureux et jaloux à l'excès de sa pupille, qui le hait à la mort [BEAUMARCH., Barb. de Sév. I, 4]
Je hais la toilette à la mort [GENLIS, Théât. d'éduc. l'Enfant gâté, I, 3]
18° À la vie et à la mort, loc. adv. Pour toujours. Je suis votre ami à la vie et à la mort. Entre nous, c'est à la vie et à la mort, notre amitié durera toujours. Il ne me pardonnera ni à la vie ni à la mort, il ne me pardonnera jamais.
Vous voyez bien ces vingt sols-là, Marianne, je ne vous les pardonnerai jamais, ni à la vie, ni à la mort [MARIVAUX, Marianne, part. 2]
Terme de vénerie. À la mort, chiens ! cri que les chasseurs emploient pour appeler les chiens quand le cerf est pris.
19° Par la mort ! sorte de serment et de menace.
Par la mort ! par la tête ! si je le trouve, je le veux échiner [MOL., Scapin, II, 9]
Quiconque remuera, par la mort, je l'assomme ! [ID., Éc. des f. II, 2]
Mort de ma vie, autre serment qui sert à affirmer avec une sorte d'impatience.
Et mort de ma vie, la grâce saura bien vous préparer les chemins ! [SÉV., 440]
Mort de ma vie, que les gens sont sots quand ils sont amoureux ! [BRUEYS, Grondeur, III, 5]

PROVERBES

  • De tant de douleur on ne saurait faire qu'une mort.
  • Dieu ne veut pas la mort du pécheur, c'est-à-dire il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.
  • Après la mort le médecin, voy. MÉDECIN.
  • Il y a remède à tout, hors à la mort.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Si me gardez et de mort et de honte [, Ch. de Rol. II]
    Ne lui chaut, sire, de quel mort nous mourions [, ib. X]
    Si chalengez [défendez] et vos morz et vos vies [, ib. CXLI]
    Oliviers sent que à mort est ferut [, ib. CXLIV]
  • XIIe s.
    De mort à vie suscitas Lazaron [, Ronc. 48]
    Jà de plus aspre mort nel pouvez justicier [, ib. 200]
    E tu, bels sires, en cel lieu ù tu seras, u à mort u à vie, jo i serai [, Rois, p. 175]
    En vostre amor, qui donra [donnera] mort ou vie [, Couci, XX]
  • XIIIe s.
    Sa fille [elle] i a trouvée, que la male mort fiere [puisse frapper] [, Berte, XI]
    Se je n'ai d'une cose [chose] que je desire à mort [, Chron. de Rains, 108]
    Li uns des sers sunt si soujet à lor seigneurs, que lor sires pot penre quanqu'il ont, à mort et à vie, et lor cor tenir en prison toutes les fois qu'il lor plest, soit à tort, soit à droit, qu'il n'en est tenus à respondre fors à Dieu [BEAUMANOIR, XLV, 31]
    S'il i a mort d'homme, tout cil qui sont au fet quieent [tombent] en la merci du comte, de cors et d'avoir [ID., LX, 10]
  • XIVe s.
    Et ainsi celui est principalement dit fort qui se met en perilz de bonne mort [ORESME, Eth. 79]
    Qui plus despend qu'à lui n'afiert, Sans coup ferir, à mort se fiert [blesse] [J. DE VIGNAY, Esches moralisés, f. 74]
    Il me fera morir, bien sai, sans nul detri [retard] ; Car il me het à mort, et aussi foi-je lui [, Guesclin. V. 16416]
    Mais mettez tout à mort, celle soudoierie ! Avant à ces ribaus ! lor puissance est faillie [, ib. V. 17456]
    Mieux vaut prison que mort ; car adès en yst-on [sort-on] ; Mais li homs qui est mors, jamais ne revoist-on [, ib. V. 12260]
  • XVe s.
    Mort de moy ! vous y jouez vous Avec dame merencolie ? Mon cueur, vous faictes grant folye, C'est la nourrisse de courroux [CH. D'ORL., Rond.]
    Rien n'est d'armes, quand la mort assaut [LEROUX DE LINCY, t. II, p. 413]
    Le marechal a le jour du vendredi en grande reverence ; il n'y mange chose qui prenne mort, ne vest couleur fors noire [, Bouciq. IV, 3]
    Qui croit de leger les rapports De ses yeulx sans autre esperance, Pourroit mourir de mille morts Ainçois qu'ataindre à sa plaisance [ALAIN CHARTIER, la Belle dame sans merci.]
    Mourir de mort acquise [violente] [, Perceforest, t. IV, f° 85]
    Or entendez, chere cousine, qu'il est ici malade avecques un sien compaignon ; si vous prie pour Dieu, que je puisse parler à luy, car c'est ma mort et ma vie [, ib. t. I, f° 43]
  • XVIe s.
    Elle en faisoit l'essai sur les criminels de mort qui estoient detenus es prisons [AMYOT, Anton. 93]
    Le jeudi consequent, nonobstant grand tempeste, De canonner à mort l'Anglets sur nous tempeste [MORIN, Siége de Boulogne, p. 34]
    Ceux qui voyent comment ce mal me met au bas, Comme il revient soudain, n'attendent qu'un trespas Qui ces petites morts d'heure à autre finisse [DESPORTES, Diane, II, 60]
    Beze est mort de mort civile, à sçavoir par bannissement, et de mort spirituelle, à sçavoir par l'excommunication [D'AUB., Conf. II, 6]
    Ils crioient, Nouvelles, nouvelles, comme on crie la mort aux rats et aux souris [, Sat. Mén. p. 197]
    Syncope ou petite mort [PARÉ, VII, 14]
    J'apperceu une vigne plus chargée de fruits que toutes les autres, et m'enquerant de la raison, on me respondit qu'elle estoit chargée à la mort [PALISSY, 30]
    Et ne voyant moyen de se desveloper, voulut vendre sa mort [M. DU BELLAY, 6]
    Le semblable se fera pour toutes mises outre des plaintes, significations et recours à mort de la chandelle [extinction des feux] [, Nouv. coust. génér. t. II, p. 189]
    On dit en commun proverbe que telle vie, telle mort [PASQUIER, Recherches, livre VI, p. 531, dans LACURNE]
    La mort n'a point d'ami, le malade n'en a qu'un demi [COTGRAVE, ]
    Bonne la mort qui nous donne la vie [qui ouvre le paradis] [ID., ]
    Contre la mort n'y a point d'appel [ID., ]
    À longue corde tire qui la mort d'autrui desire [ID., ]
    Haine de prince signifie mort d'homme [ID., ]
    À toute heure la mort est preste [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 231]
    Le capitaine Bayard, se sentant blecé à mort d'une arquebusade dans le corps [MONT., I, 16]
    ....ceux qui entreprennent, vivants et respirants, jouyr de l'ordre et honneur de leur sepulture, et qui se plaisent de veoir en marbre leur morte contenance ; heureux qui sachent resjouyr et gratifier leur sens par l'insensibilité, et vivre de leur mort [ID., I, 18]
    Jamais homme ne se prepara à quitter le monde plus purement et pleinement, et ne s'en desprint plus universellement que je m'attends de faire ; les plus mortes morts sont les plus saines [ID., I, 79]
    Moy qu'il [la Boétie] laissa d'une si amoureuse recommandation, la mort entre les dents, par son testament, heritier de sa bibliotheque et de ses papiers [ID., I, 206]

ÉTYMOLOGIE

  • Pays messin, moûe ; prov. mort ; esp. muerte ; ital. morte ; du lat. mortem (voy. MOURIR).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    3. MORT. Ajoutez :
    20° Arbre de mort, le mancenillier, BAILLON, Dict. de botan. p. 257.

MORT4

(mor) s. m.
Troisième réservoir des conches dans un marais salant.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

mort

MORT. n. f. Cessation de la vie. Mort naturelle, douce, violente, prompte, lente, douloureuse. Mort tragique. Mort subite, prématurée. Mort glorieuse, sainte. Une belle mort. Une mort honteuse, infâme, ignominieuse. Être en danger de mort. Souhaiter, désirer, affronter, chercher, braver la mort. Courir à la mort. Attendre, trouver la mort. Avoir toujours la mort devant les yeux. Il a vu la mort de près. À l'heure de la mort. Les approches, les transes, les affres de la mort. Donner, recevoir la mort. Se donner la mort. Il n'y a point eu mort d'homme. Jusqu'à ce que mort s'ensuive. En poésie et dans le style soutenu, la Mort est souvent personnifiée. Il a longtemps combattu, lutté contre la mort. La mort l'a frappé, l'a enlevé à la fleur de son âge. La mort est sourde à nos voeux, à nos cris. L'impitoyable mort. Ce malheureux appelait la mort.

Mort apparente, en termes de Biologie, État d'immobilité et d'insensibilité absolue qui se présente à la suite de certaines maladies et que l'on peut confondre avec la mort réelle.

Fam., Mourir de sa belle mort, Mourir de mort naturelle.

Être entre la vie et la mort, Être en danger de mort. Au fort de sa maladie, il a été pendant plusieurs jours entre la vie et la mort.

Être malade à la mort, ou plus souvent Être à la mort, Être fort malade et près de mourir.

Être à l'article de la mort, Être à l'agonie.

Être à deux doigts de la mort, Être tout près de mourir.

Fig., À son lit de mort, Avant de mourir, en mourant. Les recommandations qu'il nous a faites à son lit de mort.

Fig., Venir, accourir au lit de mort de quelqu'un, L'assister à ses derniers moments.

Mettre à mort, Faire mourir.

Fig., Avoir la mort, porter la mort sur son visage, Avoir la figure, l'air d'un mourant; être près de mourir.

MORT se dit particulièrement de la Peine capitale, de la peine qui consiste dans la suppression de la vie. Abolir la peine de mort. Condamner un homme à mort, à la peine de mort. Toutes les voix allaient à la mort, ont été à la mort. Le procureur général a conclu à la mort. Ce condamné a marché à la mort avec courage.

Sentence, arrêt de mort, Condamnation qui porte la peine de mort.

Mort civile. Voyez CIVIL.

La mort éternelle, La condamnation des pécheurs aux peines de l'enfer.

Prov., Dieu ne veut pas la mort du pécheur, Il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.

MORT se dit, par exagération, des Grandes douleurs. Cette cruelle maladie lui fait souffrir mille morts. Souffrir mort et passion.

Il se dit aussi des Grands chagrins. La conduite de son fils lui a mis la mort dans l'âme.

Fam., Petite mort, Sorte de frisson.

Silence de mort, Silence profond.

MORT signifie encore, figurément, Ruine, destruction. Les réquisitions forcées sont la mort du commerce. Le monopole est la mort de l'industrie.

À MORT, loc. adv. De manière qu'on en meure. Blesser à mort. Il fut frappé à mort.

Fig., Être frappé à mort, Être atteint d'une maladie dont les symptômes annoncent une mort certaine.

Combat, duel à mort, Combat, duel qui ne doit se terminer que par la mort d'un des adversaires.

Fig., En vouloir à mort à quelqu'un, Poursuivre quelqu'un de sa haine. On dit aussi dans le même sens Vouloir mal de mort.

Fig. et fam., S'ennuyer à mort, à la mort, S'ennuyer extrêmement.

À LA VIE ET À LA MORT, loc. adv. Pour toujours. Je suis votre ami à la vie et à la mort. Je suis à vous à la vie et à la mort.

Entre nous, c'est à la vie et à la mort, Notre amitié durera toujours.

Mort à...! Interjection exprimant un Souhait homicide. Mort au tyran!

mort

MORT, ORTE. adj. Qui est mort. Un homme mort. Une femme morte. Substantivement, Les morts et les mourants. Office des morts.

Tête de mort, Tête dont il ne reste que la partie osseuse.

Faire le mort, Retenir ses mouvements et sa respiration de manière à faire croire qu'on est privé de la vie. Il signifie, figurément, Ne pas répondre aux personnes par lesquelles on est questionné, interpellé par écrit. Il n'a rien répondu à plusieurs de mes lettres, il fait le mort.

Prov., Les morts ont toujours tort, Les morts ne pouvant se défendre, on excuse souvent les vivants à leurs dépens.

En termes de Jurisprudence, Le mort saisit le vif, Une personne en mourant transmet son bien à son héritier, sans qu'il soit besoin d'un acte de mise en possession.

C'est un homme mort se dit de Quelqu'un qui est ou paraît être dans un grand danger.

Être plus mort que vif, Ressentir une très grande frayeur.

Être ivre mort. Être ivre au point d'avoir perdu tout sentiment.

Chair morte, Chair insensible qui est dans les escarres des plaies.

Par extension, Avoir les yeux morts, les lèvres mortes, Avoir les yeux éteints, les lèvres pâles.

Fam., N'y pas aller de main morte. Voyez MAIN.

En termes de Jurisprudence, Main morte. Voyez MAINMORTE.

Prov. et fig., Morte la bête, mort le venin. Un ennemi, un méchant qui est mort ne peut plus nuire.

Balle morte, Balle qui a perdu la plus grande partie de l'impulsion qu'elle avait reçue. Il a été atteint par une balle morte.

Bois mort, feuille morte. Voyez Bois, FEUILLE.

Eau morte, Eau qui ne coule point, telle que celle des étangs.

Pays mort, ville morte, Pays, ville qui ont perdu leur vie industrielle, commerciale, intellectuelle, etc.

Langue morte. Voyez LANGUE.

Rester lettre morte, Ne pas être observé.

Saison morte, Certains temps de l'année où le commerce, les affaires n'ont pas la même activité que dans un autre temps. On dit plus communément dans ce sens Morte-saison.

En termes de Peinture, Nature morte. Voyez NATURE.

En termes d'Art militaire, Angle mort, Partie de terrain qui échappe à la vue ou aux projectiles d'une troupe.

En termes de Mécanique, Point mort, Point de la course d'un organe où il ne reçoit plus d'impulsion du moteur.

En termes de Mécanique, Poids mort, Poids propre de la machine. Fig. et fam., C'est un poids mort, C'est un encombrement inutile.

En termes de Théologie, OEuvre morte, Bonne oeuvre accomplie par un homme qui n'est pas en état de grâce.

MORT s'emploie substantivement en termes de Jeu et désigne un Jeu découvert, avec lequel le partenaire joue. Au jeu de Whist, Jouer avec un mort, Jouer un mort, Faire un mort, Jouer à trois personnes dont une a un partenaire imaginaire dont le jeu est découvert. Au jeu de Bridge, Faire le mort, Découvrir son jeu avec lequel jouera le partenaire.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

mort

Mort, Tantost est feminin et substantif, et signifie la separation du corps et de l'ame, Mors. Duquel mot il est prins, et tantost est masculin adjectif, et signifie celuy qui est tres-passé ou decedé, Mortuus. Dont le feminin est Morte, Mortua.

Pene de mort, Poena exitij.

Cas digne de mort, Crimen capitale. B.

Mort subite, Praeceps fati vadimonium. Bud. Mors repentina.

Mort loüable, Gloriosa mors.

Mort non vengée, Inulta mors.

Mort qui est venuë devant le temps, Praematura mors.

Mort semblable et consonante à la vie, Consentanea mors vitae.

Ma mere a esté si malade que la mort en est ensuyvie, Consecuta est mors matrem ex aegritudine.

La mort la saisit incontinent, Mors continuo ipsam occupat.

Sa male mort, est une maniere d'imprecation ou maudisson, Dirae imprecationis genus per aposiopesin, Dira illum mors, Sub. inuadat, adoriatur.

A la mort, In extremo spiritu, Ferme moriens. Terentio.

Il est mort d'une povre mort et honteuse, Ignobili atque inhonesta morte occubuit.

¶ En danger de mort. Lethaliter.

Jusques à la mort, Mortifere.

Digne de mort, Exitialis.

Avancer la mort d'aucun, Accelerare mortem.

Conclure à la mort, Mulctam irrogare capitis. B.

Condamner à la mort, Morte mulctare.

Condamné à mort, Damnatus capite.

Je suis mort, Oratio trepidantis metu mortis, Occidi. Terent. Cic. epist. ad Attic. lib. 12. C'est à dire, C'est fait de moy, et vaulx autant que si j'estois desja mort, Perij hercle.

Donner la mort à quelqu'un, Molestia atque aegritudine, Animi lethali quempiam afficere.

Estre à l'article de la mort, Animam agere.

Pourchasser la mort d'aucun, In perniciem alicuius incumbere.

Ils souffrirent mort en croix, Supplicia crucibus luerunt.

Subject à la mort, Mortalis.

Mort aux vers, l'herbe qui esteint les vers, Absinthium.

La mort aux boeufs, est l'appellation d'une herbe pernicieuse aux aumailles qui en paissent, Buphonum.

La mort aux chiens, est l'herbe qui les suffoque s'ils la goustent, Hermodactylus, Solchicum.

La mort aux rats, est un appast venimeux, qui tue les rats qui en goustent, Murinecio, s'il se pouvoit dire.

Mortemain, f. Est composé de ces deux entiers, Morte et Main, voyez Mainmorte.

Gens de Mortemain, voyez Mainmorte.

Resusciter les morts, Defunctos reuocare.

¶ Le jour des morts, Feralia, Catholica parentalia. B.

Le service des morts, Ferales precationes, votaque feralia. Bud.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

mort


MORT, s. f. [On ne prononce point le t final.] Mort, au propre, c'est la fin, la cessation de la vie. Mort naturelle, ou violente, tragique, subite, soudaine, précipitée, prématurée, avancée. "Le jour de sa mort; à l'heure de la mort. = Voy. TRÉPAS. = Il se dit souvent, dans le st. médiocre, de l'état où l'on meurt relativement à la conscience: "Elles y ont mené une vie fort exemplaire, et y ont fait une très-sainte mort. Marsolier. "Ce sont ces morts qui sont grandes devant Dieu. Mascar. = On apèle vulgairement, une belle mort, une mort édifiante, et qui a toutes les aparences d'une mort chrétiène. "La seule consolation dont elle fut capable, étoit la confiance religieuse que lui inspiroit une si belle mort. Marm. On a dit souvent qu'une belle mort n'était pas toujours une sainte mort. = Être à l'article de la mort; à l'agonie: entre la vie et la mort; dans le plus grand danger; avoir la mort sur les lèvres; l'air d'un mourant. Être malade à la mort, fort malade. * Quelques-uns ont dit, en ce sens, être à la mort. "Ce sont des agitations incroyables... il en est presque à la mort. BOSS. "On nous fit cette horrible opération... Nous en étions toutes à la mort. Volt. Cette expression est tout au plus du st. famil. = Mort de l'âme, l'état où l'âme tombe par le péché, qu'on apèle, à cause de cela, mortel. = Mort civile, la privation des droits et des avantages de la société. "Le bannissement à perpétuité emporte la mort civile, est une mort civile. = Depuis quelque tems on emploie volontiers le mot de mort dans le sens figuré, et apliqué aux chôses: "Il (Charles II) fuyoit sur-tout l'étiquette, qu'il regardoit comme la mort du plaisir. D'Arnaud. = On a toujours dit, par exagération, mort, pour grande douleur: je soufre mille morts; pour violent chagrin: "Ce fils dénaturé lui donne la mort. — Il soufre mort et passion. "Ce Prédicateur nous a fait soufrir mort et passion. Celui-ci est familier.
   Le Proverbe dit: après la mort le Médecin, en parlant d'un remède, d'un secours tardif. = Il y a remède à tout fors (hors, excepté) à la mort. = Il est mort de sa belle mort, de sa mort naturelle. = La mort n'a pas faim, dit-on de quelqu'un qui est indigne de vivre. Et, populairement, d'un valet qui tarde à revenir: il serait bon à aler quérir la mort. = C'est une mort; c'est une grande peine: "C'est une mort que d'avoir afaire à un tel homme, de faire juger un procês, etc.
   À~ MORT, adv. Il fut blessé, frapé à mort. = À~ la mort, grandement. "Haïr à mort, ou à la mort: le 2d est le plus usité. "Vous vous ennuyerez à la mort. Th. d'Éduc. "C'est ce qui me contrarie à la mort. Ibid. "Cela me déplait à la mort.
   MORT AUX RATS, drogue dont on se sert pour faire mourir les rats.

mort


MORT, MORTE, adj. et partic. du v. MOURIR. "Il est mort: elle est morte au monde: il est mort civilement. = Il s'emploie quelquefois substantivement. "Il y eut du côté des Français deux mille morts et trois mille blessés. En Poésie, on le dit au lieu de cadâvres.
   Tant de morts, dont l'Hydaspe a vu couvrir ses rives.
C. à. d. Tant d'hommes morts, dont les corps ont couvert les rives de l'Hydaspe = On dit, en ce sens, dans le discours ordinaire, enterrer, ensevelir les morts. "Il est pâle comme un mort, etc. Fontenelle a aussi employé le fém. substantivement. "Comme elle en parloit l'autre jour à de certaines mortes françoises, etc. À~ mon avis, cela n'est bon que dans un Dialogue des morts. — Le peuple dit: le paûvre mort, la paûvre morte, pour dire, le défunt, la défunte.
   On dit d'un malade, de la guérison de qui on désespère: C' est un homme mort. = Laisser pour mort. "On bat le criminel, jusqu'à le laisser souvent pour mort. Let. Édif. = Tomber mort (fig famil.) être surpris et embarrassé. "Comme nous étions le plus en train, nous avons vu aparoître M. Le Premier avec son grand deuil. Nous sommes tous tombés morts: pour moi c'étoit de la honte que j'étoïs morte: je n'avois rien fait dire à ce Caton sur la mort de sa femme. Sév. Je crois qu'il falait dire, de honte, et non pas de la honte. Mde. de Sévigné, joint ici deux expressions familières, tomber mort et mourir de honte. = Ailleurs elle emploie tomber mort dans son sens naturel. "Je trouve que dès qu'on tombe malade à Paris, on tombe mort. Cela n'est joli que par l'oposition des deux expressions raprochées, et dans une lettre, et sous la plume de Mde. de Sévigné. Du reste, quoiqu'on dise tomber malade, ou ne dit pas, tomber mort en ce sens. = Faire quelqu'un mort, parait d'abord une expression ridicule. Mde de Sévigné la rend pourtant très-jolie. "J'ai oui dire à Brayer et à Bourdelot, qu'en voulant faire les enfans robustes, on les fait morts. — On les tûe, on les fait mourir auraient été plus suivant l'usage; mais ils n'auraient pas été aussi agréables. L'esprit et le goût peuvent s'élever avec succês au-dessus des règles; mais souvent les bons originaux forment de mauvaises copies.
   On dit, proverbialement, fraper sur quelqu'un comme sur une bête morte; le fraper outrageûsement. = Morte la bête, mort le venin; quand un énemi est mort, il ne peut plus nuire. On dit dans le même sens, que les morts ne mordent plus. = Un chien vivant, vaut mieux qu'un lion mort; ce qui se dit figurément des hommes. = Les morts ont toujours tort; on excûse toujours les vivans aux dépens des morts.
   Mort, morte se disent des chôses inanimées. Mort bois, et bois mort. Voy. BOIS = Eau morte, eau qui ne coule point, comme celle des étangs; morte eau, les marées, quand elles sont les plus bâsses. = Argent mort: de l'argent dont on ne tire aucun profit. Voy. Main, saison, paye.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

mort

adjectif mort
1.  Qui a cessé de vivre.
2.  Familier. Hors d'usage.
perdu, usé -familier: esquinté, fichu -populaire: foutu.
3.  Qui manque d'animation.

mort

nom mort
1.  Être humain qui a cessé de vivre.
2.  Dépouille mortelle.
cadavre, corps -littéraire: dépouille -populaire: macchabée.
3.  Littéraire. Esprit d'une personne morte.
esprit, fantôme, spectre -littéraire: mânes.

mort

nom féminin mort
2.  Cessation d'activité.
3. 
La Mort.
la Camarde, la Faucheuse.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

mort

(mɔʀ)
nom féminin
fin de la vie

mort

(mɔʀ)

morte

(mɔʀt)
adjectif
1. sans vie Il est mort. un arbre mort
2. être très fatigué
3. avoir très faimfroidpeur
4. qui n'est pas animé Le quartier est mort le dimanche.
5. inactif ville morte

mort

masculin

morte

Tod, tot, Untergang, Verderbnis, Todesopfer, Totedeath, dead, destruction, doom, downfall, perdition, ruin, wreck, blasted, expired, dummy, fatalitydood, ondergang, overlijden, sterfgeval, verderf, verscheiden, dor, uitgestorven, versterf, (het) overlijden, blinde [kaarten], dode, einde, naar de maan, overledene, overleden, heengaanאסיפה (נ), הרוג (ת), מוות (ז), מיתה (נ), מת (ז), מת (ת), נוח נפש (ז), נפטר (ז), פטירה (נ), שוכן עפר (ז), הָרוּג, מָוֶת, מִיתָה, מֵת, נִפְטָר, פְּטִירָהdoodmrtvý, smrtdødθάνατος, νεκρόςmorto, pereomuerto, muerte, defunciónhaláldauðimorte, morto死, 死んだmorsdød, dødsfallśmierć, martwymorte, óbito, finado, mortoсмерть, мертвый, мёртвыйdöd死亡, 死的مُتَوَفًّى, مَوْتkuolema, kuollutmrtav, smrt죽은, 죽음ความตาย, ตายแล้วölü, ölümcái chết, chếtсмърт死亡 féminin
nom
personne morte
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

mort

3 [mɔʀ] nfdeath
se donner la mort → to take one's own life
blessé à mort (avec une arme)fatally wounded; (dans un accident)fatally injured
de mort [silence, pâleur] → deathly
à la vie, à la mort → for better, for worse

mort

4 [mɔʀ, mɔʀt]
pp de mourir
Napoléon est mort en 1821 → Napoleon died in 1821.
adj
(= décédé) → dead
Nous avons trouvé un oiseau mort → We found a dead bird.
mort ou vif → dead or alive
(fig) mort de fatigue → dead tired
Je suis morte de fatigue → I'm dead tired.
mort de peur → scared to death
Il était mort de peur → He was scared to death.
nm/f
(= défunt, cadavre) → dead man*(dead woman)
faire le mort → to pretend to be dead (fig) → to lie low
(= victime) il y a eu plusieurs morts → several people were killed
morts et blessés → casualties
nm (CARTES)dummy
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005
Collins Multilingual Translator © HarperCollins Publishers 2009