main

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main

n.f. [ lat. manus ]
1. Organe du corps humain qui sert à toucher et à prendre, situé à l'extrémité des bras et muni de cinq doigts : Elle s'est lavé les mains avant de nous servir. La paume de la main.
2. Cet organe, utilisé pour donner, recevoir ou exprimer qqch : Donnez-vous la main pour former une chaîne. Elle m'a dit bonjour en me serrant la main. Faites un signe de la main en guise d'au revoir.
3. Cet organe, considéré comme un instrument : Il écrit aussi bien de la main droite que de la main gauche il est ambidextre faites à la main
4. Cet organe, utilisé pour frapper ou manier les armes : Ils se battent à mains nues. Lever la main sur qqn se préparer à le frapper ou le frapper
5. La main, comme symbole de l'aide, de l'acceptation : Offrir une main secourable une aide aidé à sa réalisation
6. La main, comme symbole de l'activité, de l'effort : L'affaire est en bonnes mains confiée à une personne capable le terminer
7. La main, comme symbole de la possession ou de la détention : La voiture a changé de mains est passée d'un possesseur à un autre d'un détenteur, d'un possesseur à l'autre
8. La main comme symbole du pouvoir ou de l'autorité : Les policiers ont mis la main sur le pirate informatique ils l'ont arrêté renoncer à ses pouvoirs, les transmettre
9. Extrémité des membres antérieurs de certains vertébrés : Les mains d'un singe.
10. Dans la papeterie, ensemble de 25 feuilles de papier.
11. Ensemble des cartes détenues par un joueur au début d'un tour : Je n'avais pas une belle main jeu
12. En Afrique, portion d'un régime de bananes.
À main armée,
les armes à la main : Commettre un vol à main armée.
À main levée,
se dit d'un dessin effectué d'un seul trait et sans compas ni règle ; se dit d'un vote dans lequel ceux qui sont pour lèvent la main.
À pleines mains,
en emplissant ses mains : Les enfants prenaient des bonbons à pleines mains à profusion
Avoir la haute main sur,
commander : Elle a la haute main sur la programmation musicale de l'émission.
Avoir la main,
aux cartes, être le premier à jouer.
Avoir la main heureuse, malheureuse,
avoir, ne pas avoir de chance dans un tirage au sort ; réussir, échouer dans ce que l'on entreprend.
Avoir le cœur sur la main,
être très généreux.
Avoir les mains libres,
avoir toute liberté d'agir.
De la main à la main,
sans passer par un intermédiaire ; sans observer les formalités légales : Ils sont rémunérés de la main à la main en espèces, sans trace écrite
De longue main,
Litt. par un travail long et réfléchi.
Demander, obtenir la main de qqn,
demander, obtenir une jeune fille en mariage.
De première main,
obtenu directement ; sans passer par des intermédiaires : Une information de première main.
Des deux mains,
avec empressement : Approuver des deux mains.
De seconde main,
obtenu indirectement ; sans originalité : Des marchandises de seconde main défraîchies
Faire main basse sur qqch,
s'en emparer indûment.
Main courante,
partie supérieure d'une rampe d'escalier, d'une barre d'appui, etc., sur laquelle s'appuie la main : Tenir la main courante pour ne pas glisser ; en comptabilité, brouillard ; dans un poste de police, registre dans lequel on inscrit, au fur et à mesure de leur signalement, des incidents ou délits mineurs.
Main(s) libre(s),
se dit d'un téléphone conçu pour être utilisé sans être tenu en main.
Mettre la main à la pâte,
participer activement à un travail.
Mettre la main sur qqch,
le découvrir alors qu'on le cherchait.
Mettre sa main au feu,
être entièrement persuadé de ce que l'on affirme.
Ne pas y aller de main morte,
agir avec brutalité.
Perdre la main,
perdre son habileté manuelle ; perdre l'habitude de faire qqch : Malgré sa retraite, il n'a pas perdu la main.
Petite main,
autrefois, apprentie couturière ; fig., simple exécutant : Les petites mains de la campagne électorale.
Première main,
première ouvrière d'une maison de couture, capable d'exécuter tous les modèles.
Prendre qqch en main,
s'en charger pour l'améliorer, pour redresser la situation.
Reprendre en main,
redresser une situation compromise.
Se faire la main,
s'essayer à un travail.
Se prendre par la main,
Fam. s'obliger à faire qqch.
Sous la main,
à sa portée : Avez-vous un crayon sous la main pour noter ?
Tendre la main à qqn,
lui offrir son aide ; lui faire une offre de réconciliation.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

MAIN

(min ; l'n ne se lie pas : une min élégante, in prononcé comme dans in-digne ; au pluriel, l's se lie : des min-z élégantes) s. f.

Résumé

Partie du corps humain qui termine le bras et qui sert à la préhension des corps et au toucher.
Fig. Il se dit d'êtres abstraits que l'on personnifie et auxquels on suppose des mains, pour en exprimer l'action.
Force guerrière.
Baiser la main, les mains.
Donner la main, offrir la main.
Faire sa main.
Lever la main ; élever les mains.
Mettre quelque chose à la main. Mettre la main à. Mettre la main sur.
Main construit avec la préposition à.
10° À deux mains. À toutes mains.
11° À pleines mains.
12° À belles mains.
13° À main armée.
14° Aux mains.
15° Main construit avec la préposition de. De main, précédé de divers substantifs.
16° De main, suivi d'un substantif.
17° De bonne main. De longue main.
18° De main en main.
19° De la main, avec la main.
20° De la main à la main.
21° De la première main. De première main.
22° De toutes mains, ou de toute main.
23° D'une main.... de l'autre.
24° Dans la main, dans les mains de.
25° En main.
26° En bonne main ou bonnes mains. En mauvaise main. En main tierce. En main propre.
27° Entre les mains.
28° Main construit avec par.
29° Sous main.
30° Sous la main.
31° Sur la main
32° Imposition des mains.
33° Main gauche ; main droite.
34° Main haute.
35° Le faire, l'exécution, en parlant d'un artiste.
36° Main en termes de musique.
37° Main employé pour caractériser la manière d'agir de la main dans certaines opérations.
38° La dernière main.
39° Donner la main à une étoffe.
40° Main chaude.
41° Main en termes d'équitation.
42° Main en termes de marine.
43° Main en termes de jurisprudence.
44° Main en termes de jeux.
45° Avoir la main, conduire la danse.
46° La main, l'écriture, le caractère d'écriture d'une personne.
47° Mariage.
48° La main, distinction qui consiste à donner la droite à quelqu'un, ou à la prendre, soit en s'asseyant soit en marchant.
49° La personne elle-même.
50° Agent, instrument.
51° L'action, le travail.
52° Force, puissance.
53° Les mains, la main de Dieu.
54° Possession.
55° Main de justice.
56° Main se dit des extrémités des animaux.
57° Sorte d'anse.
58° Main de fer, sorte de crampon.
59° Vrilles.
60° Main employé dans beaucoup de différents métiers.
61° Subdivision d'un paquet de soie d'un certain poids.
62° Assemblage de 25 feuilles de papier.
63° Main d'oublies, une poignée d'oublies.
64° Main courante, dans la tenue des livres.
65° Sorte de fourche employée dans une corderie.
66° Main de gloire.
67° Main de mer.
Partie du corps humain qui termine le bras et qui sert à la préhension des corps et au toucher.
Combattre de pied ferme et main à main [VAUGEL., Q. C. III, 1]
Votre rival vous cherche, et, la main à l'épée, Vient demander raison de sa place usurpée [CORN., Mél. V, 6]
Mais ma main aussitôt contre mon sein tournée [ID., Cinna, III, 4]
Et grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours [LA FONT., Fabl. X, 16]
Je voudrais bien crier, mais je l'essaie en vain ; Il [un fantôme dans le cauchemar] me ferme la bouche avec sa froide main [SAINT-AMAND, les Visions.]
Nous savons que ce prince magnanime [Charles II] eût pu hâter ses affaires, en se servant de la main de ceux qui s'offraient à détruire la tyrannie par un seul coup [tuer Cromwell] [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Ils [les deux Hotham] furent prévenus et décapités ; et Dieu, qui voulut punir leur honteuse désobéissance par les propres mains des rebelles... [ID., ib.]
La princesse leur échappait parmi des embrassements si tendres, et la mort plus puissante nous l'enlevait entre ces royales mains [ID., Duch. d'Orl.]
Tantôt la bouche collée sur ces mains victorieuses et maintenant défaillantes [ID., Louis de Bourbon.]
Les ours même déchirés de ses mains [de David] [ID., Mar.-Thér.]
Avec quelle douceur elle leva vers Monseigneur ses yeux mourants et ses mains tremblantes ; ses yeux qu'elle avait toujours arrêtés sur lui comme sur l'unique objet de sa tendresse ; ses mains qu'elle avait si souvent levées au ciel, lorsqu'il s'exposait à tous les périls de la guerre ! [FLÉCH., Dauphine.]
Chaque Juif était obligé d'écrire une fois en sa vie, de sa propre main, le volume de la loi tout entier [RAC., Athal. préf.]
Il fait tout de ses propres mains [FÉN., Tél. XXII]
Ce ne fut pas la vingtième tête couronnée qui périt tragiquement en Angleterre, mais ce fut la première qui mourut par la main du bourreau [VOLT., Mœurs, 135]
Il [Camoëns] fit naufrage sur les côtes de la Chine, et se sauva, dit-on, en nageant d'une main et tenant de l'autre son poëme, seul bien qui lui restait [VOLT., Ess. poés. ép. VI]
Je ne vous écris point de ma main ; excusez un malade, et croyez que c'est mon cœur qui vous écrit [ID., Lett. Mme de Fontaine, 13 fév. 1755]
Il [Charles XII] avait tué plus de douze ennemis de sa main, sans avoir reçu une seule blessure [ID., Charles XII, 4]
Nous-mêmes, à ne considérer que la partie matérielle de notre être, nous ne sommes au-dessus des animaux que par quelques rapports de plus, tels que ceux que nous donnent la langue et la main [BUFF., Hist. homme, ch. 1]
Ils [les Brames] ne travaillent point des mains [DIDER., Opin. des anc. phil. (Malabares).]
La main a cet avantage, qu'elle ne peut manier un objet qu'elle ne remarque l'étendue et l'ensemble des parties qui le composent [CONDILL., Trait. sens, II, 8]
Nos mains se sécheraient en touchant la couronne, Si nous savions, mon fils, à quel titre il [Dieu] la donne [DUCIS, Hamlet, II, 5]
Elles [leurs armes] parurent à leurs bras engourdis un poids insupportable ; dans les chutes fréquentes qu'ils faisaient, elles s'échappaient de leurs mains, elles se brisaient ou se perdaient dans la neige [SÉGUR, Hist. de Nap. IX, 11]
S'il me trouve en son chemin, Il me frappe dans la main [BÉRANG., Sénateur.]
Blanche main, main blanche, se dit quelquefois en plaisantant pour la main. Mais prenons un plus court chemin.
Donnez-moi votre blanche main [SCARR., Virg. VI]
Vous avez dû recevoir ce matin Certain billet où, de ma blanche main, J'ai, de peur d'accident, moi-même mis l'adresse [DANCOURT, Enf. de Paris, I, 4]
Toucher dans la main, voy. TOUCHER. Changer de main, après s'être servi d'une main, se servir de l'autre. Battre des mains, applaudir.
Je battrai des mains pour votre retour [SÉV., à Bussy, 26 juill. 1668]
Tenir par la main, se tenir par la main, voy. TENIR. Prendre par la main, voy. PRENDRE. Par exagération. Grand comme la main, se dit d'une chose petite mais dont la dimension ordinaire est grande, et aussi d'une personne. Son jardin est grand comme la main.
Est-il donc possible que les mères soient réduites à manger le fruit de leurs entrailles, à manger de petits enfants qui ne sont pas plus grands que la main ? [SACI, Bible, Jérém. Lament. II, 20]
Par exagération. Tenir dans la main, être fort petit. Il a un appartement qui tiendrait dans la main. Se laver les mains, voy. LAVER. J'en mettrais la main au feu, voy. FEU, n° 12. Avoir des mains de beurre, ne les avoir pas fermes, laisser tomber ce qu'on tient dans la main. Il a des mains de laine et des dents de fer, se dit à celui à qui on reproche sa fainéantise et sa gourmandise. Populairement. Avoir du poil au milieu de la main, se dit d'un ouvrier paresseux qui ne fait rien. Tournez la main, c'est-à-dire en un instant.
Tournez la main, psit, ce n'est plus cela [DIDER., Père de Famille, V, 7]
Tour de main, en un tour de main, voy. TOUR, s. m. Familièrement. Main morte, main qu'on laisse aller au gré d'une personne qui l'agite. Faites main morte. Jeu de main morte, jeu que l'on joue avec les tout petits enfants et dans lequel ils laissent aller leur main, dont on se frappe ou les frappe de temps en temps. N'y pas aller de main morte, frapper avec violence.
Vous verrez, quand je bats, si j'y vais de main morte [MOL., Éc. des f. IV, 9]
Fig. N'y pas aller de main morte, ne pas ménager celui à qui on a affaire.
Quand elles [les femmes] se promettent la vengeance, elles n'y vont pas de main morte [HAMILT., Gramm. 8]
Le roi de Prusse, qui n'y allait pas de main morte, quand il fallait frapper sur les moines et sur les prélats de cour [VOLT., Comm. Œuvr. aut. Henr.]
Fig. L'argent ne lui tient pas dans les mains, lui fond dans les mains, il dépense sans nécessité, sans modération. Fig. Les mains lui démangent, il a envie de se battre, de battre, ou d'écrire quelque satire, quelque critique.
Muse, c'est donc en vain que la main vous démange [BOILEAU, Sat. VII]
Par exagération. Les mains m'en tombent, j'en éprouve une grande surprise. De marchand à marchand il n'y a que la main, c'est-à-dire qu'il suffit aux marchands de toucher dans la main pour faire un marché sans aucun écrit. Fig. De telle personne à telle autre il n'y a que la main, se dit pour exprimer le rapport étroit qui existe entre les personnes dont on parle.
De factotum à factotum il n'y a que la main ; je vous laisse ensemble [DANCOURT, l'Opéra de village, sc. 2]
Ce monsieur Mathieu donc, comme de vilain à vilain il n'y a que la main... [REGNARD, Sérén. 23]
Être comme deux doigts de la main, être unis par une étroite amitié. Mains nettes, voy. NET. Mains vides, voy. VIDE. Fig. Faire tomber les armes des mains de quelqu'un, apaiser sa colère. S'arracher des mains quelqu'un, quelque chose, rechercher, se disputer le plaisir d'avoir telle personne, telle chose. Tout le monde s'arrache des mains cette nouvelle brochure. Fig. et familièrement. Sortir des mains de quelqu'un, s'arracher des mains de quelqu'un, échapper à quelqu'un par qui l'on est retenu.
Et telle personne s'est sauvée autrefois de mes mains, qui ne m'échapperait pas à cette heure [VOIT., Lett. 20]
Fig.
J'ai écrit à M. de la Garde pour le bien remercier de la tendre et solide amitié qu'il a pour vous ; je ne crains pas qu'il change ; on ne sort point de vos mains, ni de celles de Pauline [SÉV., à Mme de Grignan, 8 nov. 1688]
Ensanglanter ses mains, se rendre coupable de meurtre. On dit dans le même sens : il a trempé ses mains dans le sang, ou ses mains ont trempé dans le sang.
Vos mains n'ont point trempé dans le sang innocent ? - Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles ; Plût aux dieux que mon cœur fût innocent comme elles ! [RAC., Phèdre, I, 3]
Fig. Souiller ses mains, commettre quelque acte odieux ou honteux. Fig. Faire la belle main, prendre un air de fatuité.
Faire la belle main, mordre un bout de ses gants [RÉGNIER, Sat. VIII]
Porter la main sur, saisir avec la main. Il porta la main sur son épée.
Burrhus ose sur moi porter ses mains hardies [RAC., Brit. IV, 2]
Fig. Lier les mains, voy. LIER. Manger dans la main, se dit des animaux très privés qui viennent manger dans la main.
Ils s'étaient familiarisés avec la personne qui en avait soin, et venaient manger dans sa main [BUFF., Ois. t. XIII, p. 135, note z]
Fig. et familièrement. Manger dans la main, avoir des manières trop familières.
Lanjamet était familier à manger dans la main [SAINT-SIMON, 199, 155]
Tendre la main, voy. TENDRE, v. a.
Fig. Main se dit d'êtres abstraits que l'on personnifie et auxquels on suppose des mains, pour en exprimer l'action.
Ce vainqueur enflé de ses titres tombera lui-même à son tour entre les mains de la mort [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Il ne connaissait plus le sommeil, et la froide main de la mort pouvait seule lui clore les yeux [ID., le Tellier.]
La guerre va renaître, et ses mains meurtrières De cette faible paix vont briser les barrières [VOLT., Fanat. IV, 4]
Ne semble-t-elle pas [la nature] se hâter de reprendre sur nous des possessions usurpées pour un temps, mais qu'elle a chargé la main sûre des siècles de lui rendre ? [BUFF., Ois. t. XVI, p. 265]
Fig. Main se prend pour force guerrière.
Sa main les a vaincus et sa main les a pris [CORN., Cid, IV, 1]
Monseigneur, ce n'est plus seulement par cette vaillante main et par ce grand cœur que vous acquerrez de la gloire [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Ce fut moi dont la main subjugua l'Hyrcanie [VOLT., Scyth. I, 3]
Baiser la main, baiser les mains, voy. BAISER. Se jeter aux mains de quelqu'un, lui saisir les mains en le suppliant.
Montrevel se jeta à ses mains [du duc du Maine], il ne put retenir ses larmes, rien ne fut refusé ni réfuté, mais tout fut inutile [SAINT-SIMON, 30, 94]
Donner la main, offrir la main, soit pour aider quelqu'un, soit en signe de politesse à une dame pour la mener quelque part. Il me donna la main pour passer le ruisseau.
Donnez-moi seulement la main jusque chez moi [c'est une dame qui parle] [MOL., Mis. III, 7]
Trouvez-vous-y pour donner la main à Mme de Montespan [MAINTENON, Lett. à M. d'Aubigné, t. I, p. 170, dans POUGENS]
Fig. Donner la main à quelqu'un, l'aider en quelque affaire, le favoriser.
Quand vos yeux.... Verront Attale assis au trône de vos pères, Alors, peut-être alors, vous le prierez en vain Que pour y remonter il vous donne la main [CORN., Nicom. III, 1]
Si les Hollandais avaient passé entre les redoutes qui étaient vers Fontenoi et Antoin, s'ils étaient venus donner la main aux Anglais, il n'y avait plus de ressource [VOLT., Louis XV, 15]
Dans le même sens, prêter la main à quelqu'un.
Secondons le destin qui les [les Romains] veut mettre aux fers, Et prêtons-lui la main pour venger l'univers [CORN., Pomp. I, 1]
Martian : Mais, madame, on peut prendre un vain titre d'époux.... - Pulchérie : Sus donc, qui de vous deux me prêtera la main ? Qui veut feindre avec moi ? [ID., Héracl. V, 6]
À vous prêter les mains ma tendresse consent [MOL., Mis. IV, 3]
Donner les mains à quelque chose, y consentir, y condescendre.
Et vous donnez les mains à tout ce qu'il résout [CORN., Pomp. II, 3]
Pourvu que votre cœur veuille donner les mains Au dessein que j'ai fait de fuir tous les humains [MOL., Mis. V, 7]
Donne la main à mon dépit, et soutiens ma résolution contre tous les restes d'amour qui me pourraient parler pour elle [ID., Bourg. gent. III, 9]
Le roi fit le mariage de M. le duc d'Orléans avec Mlle de Blois ; feu Monsieur y donna les mains [Mme DE CAYLUS, Souvenirs, p. 243, dans POUGENS]
Absolument.
Elle donna les mains par pénitence [LA FONT., Mandr.]
On dit, dans un sens analogue, prêter les mains à quelque chose.
Et je vais en trouver [des amis] qui, partageant l'injure, Sauront prêter la main à mon juste courroux [MOL., Amph. III, 5]
Cela est fort vilain à vous de prêter les mains aux sottises de mon mari [ID., Bourg. gent. IV, 2]
Ma fille, les jours passent, comme vous dites ; et, au lieu d'en être fâchée, je leur prête la main pour aller plus vite [SÉV., 18 juin 1677]
Que reste-t-il donc, Ô Père éternel, sinon que votre grâce s'en mêle, et qu'elle vienne prêter la main à la nature impuissante ? [BOSSUET, 1er sermon, Compassion de la Ste Vierge, 1]
Hélas ! et plût aux dieux qu'à son sort inhumain Moi-même j'eusse pu ne point prêter la main ! [RAC., Mithr. V, 4]
En un sens différent, prêter ses mains, servir d'instrument.
Ils ne prêteront pas leurs mains à un méchant acte [MALHERBE, le Traité de bienf. de Sénèque, III, 20]
Ces Romains ont prêté leurs mains à la vengeance divine [BOSSUET, Hist. III, 1]
Tite ne fait que prêter sa main à Dieu irrité contre eux [les Juifs] [ID., ib. II, 7]
Donner les mains, s'avouer vaincu ; locution latine tirée de l'acte du vaincu qui livrait effectivement ses mains au vainqueur.
Je l'ai démontré [un principe].... et partant je ne vois pas ce que vous pourriez désirer de plus pour donner les mains, ainsi que vous avez promis [DESC., Rép. aux 2es obj. 11]
Triomphez, Ô sociniens.... M. Jurieu vous donne les mains, puisqu'il avoue.... [BOSSUET, 1er avert. 11]
Donner la main à, s'unir avec.
Au travers des abîmes l'ancien monde donne la main au nouveau [FÉN., Exist. 13]
En un sens analogue, se donner la main.
Bien loin d'être incompatibles, elles [la justice et la miséricorde de Dieu] se donnent la main mutuellement [BOSSUET, 4e serm. 1er dim. de car. 1]
Le printemps et l'automne semblent se donner la main [FÉN., Tél. VIII]
Les deux mers se donnèrent pour ainsi dire la main [MASS., Or. fun. Louis XI]
Il est nécessaire, pour la perfection de cette science [l'astronomie], que les astronomes de tous les siècles se transmettent leurs connaissances et se donnent la main [FONTEN., Chazelles.]
Se donner la main, se dit de deux corps d'armée qui réussissent à se rejoindre. Se prêter la main, se secourir.
On mettait la force et la sûreté de l'empire uniquement dans les troupes qu'on disposait de manière qu'elles se prêtaient la main les unes les autres [BOSSUET, Hist. III, 6]
La mer les sépare [les îles] des grands empires, et la tyrannie ne peut pas s'y prêter la main [MONTESQ., Esp. XVIII, 5]
Fig. Se donner la main, être d'intelligence.
Fig. et familièrement. Faire sa main, piller, dérober, faire des profits illicites.
Viens nous aider là haut à faire notre main [CORN., Illus. IV, 6]
Je crois voir en ceci l'image d'une ville Où l'on met les deniers à la merci des gens, Échevins, prévôt des marchands : Tout fait sa main ; le plus habile Donne aux autres l'exemple, et c'est un passe-temps De leur voir nettoyer un monceau de pistoles [LA FONT., Fabl. VIII, 7]
Les voleurs ne sont pas Gens honteux ni fort délicats : Celui-ci fit sa main [ID., ib. IX, 15]
De tous ceux qui sont employés, il n'y en a peut-être pas, de cent, un qui ne songe à faire sa main [VAUBAN, Dîme, p. 165]
Les autres [valets de Vendôme] pillaient tout et faisaient leur main et s'en allaient [SAINT-SIMON, 331, 82]
Enrichir ses créatures et faire sa main pour lui-même [en parlant d'un visir] [J. J. ROUSS., Paix perpét.]
Lever la main sur quelqu'un, se préparer, être prêt à le frapper. Lever la main, lever la main vers le ciel pour jurer et affirmer par serment.
Et, si vous le niez, c'est une perfidie ; Je lèverai la main de tout ce que j'ai dit [REGNARD, Ménechmes, V, 5]
Lever ou élever les mains au ciel, porter les mains en haut en les joignant, ce qui est une attitude de prière.
Puis, n'espérant plus rien, lève ses mains aux cieux [CORN., M. de Pomp. II, 2]
Assurée par l'exemple de Moïse que les mains élevées à Dieu enfoncent plus de bataillons que celles qui frappent [BOSSUET, Marie-Thér.]
Aussitôt qu'il [Jésus] a eu élevé ses mains innocentes pour présenter la victime au ciel irrité [ID., 1er sermon, Compassion de la Ste Vierge, 2]
Mettre quelque chose à la main, prendre cette chose avec la main. Mettre l'épée à la main, tirer l'épée pour s'en servir. Mettre la main à quelque chose, porter la main sur cette chose. Il mit la main au plat.
La fureur me saisit, je mets la main aux armes [MALH., Stanc. d'Alcandre.]
Mettre la main à un travail matériel, y coopérer. Il mit la main à notre déménagement.
Le capitaine et ingénieur Perri, qui le suivit [Pierre le Grand] de Londres en Russie, dit que, depuis la fonderie de canons jusqu'à la filerie de cordes, il n'y eut aucun métier qu'il n'observât et auquel il ne mît la main [VOLT., Russie, I, 9]
En le promenant d'atelier en atelier, ne souffrez jamais qu'il voie aucun travail sans mettre lui-même la main à l'œuvre [J. J. ROUSS., Émile, III]
Fig. Mettre la main à l'œuvre, à l'ouvrage, commencer à s'occuper de quelque chose, à y travailler.
Si Dieu n'y met la main, la fin sera malheureuse [BOSSUET, Var. 2]
Ce fut donc 218 ans après la fondation de Rome, 536 ans avant Jésus-Christ, après les 70 ans de la captivité de Babylone, et la même année que Cyrus fonda l'empire des Perses, que ce prince, choisi de Dieu pour être le libérateur de son peuple et le restaurateur de son temple, mit la main à ce grand ouvrage [ID., Hist. I, 8]
Quand on dit que Vénus et les Grâces et les Amours ont composé les idylles de Théocrite, je ne crois pas qu'on prétende qu'ils aient mis la main à ces endroits-là [FONTEN., Disc. sur l'Églogue.]
Fig. Mettre la main à la plume, commencer à écrire une lettre, un ouvrage. Fig. Mettre la main à l'encensoir, s'ingérer dans des fonctions ecclésiastiques, quoiqu'on soit laïque. Mettre la main à la pâte, voy. PÂTE. Mettre à quelqu'un quelque chose aux mains, lui en procurer la possession.
Et ce nom, précieux encor à vos Romains, Au bout de six cents ans lui met l'empire aux mains [CORN., Poly. IV, 3]
Fig. Mettre à quelqu'un les armes, le poignard à la main, le pousser au combat, à l'assassinat.
Leur haine enracinée au milieu de ton sein T'avait mis contre moi les armes à la main [CORN., Cinna, V, 1]
C'est mettre à tous les chrétiens le poignard à la main [PASC., Prov. XII]
Jamais un plus hardi dessein Ne mit à des vaincus les armes à la main [RAC., Mithr. III, 1]
Fig. Mettre à quelqu'un le pain à la main, mettre le pain à la main de quelqu'un, être la première cause de sa fortune. Fig. Mettre à quelqu'un le marché à la main, lui donner le choix de tenir ou de rompre un engagement (locution qui veut sans doute dire : remettre entre les mains de quelqu'un l'acte de l'engagement, et le laisser libre de le déchirer à l'instant même ou de le respecter). Ce maître lui a mis les armes, le fleuret, le violon à la main, il lui a donné les premières leçons d'escrime, de violon. Mettre la main sur quelque chose, s'en saisir, ou simplement la trouver. Il a mis la main sur l'argent de la succession. Je cherche en vain ce livre, je ne puis mettre la main dessus.
Craignant qu'il ne mît la main sur un sac de buffle où il y avait deux cent cinquante doublons [LE SAGE, Diable boit. ch. 20, dans POUGENS]
Quelqu'un avait-il mis la main sur mes papiers pendant quelques mois qu'ils étaient restés à l'hôtel de Luxembourg ? [J. J. ROUSS., Confess. XI]
Fig. Mettre la main sur la conscience, examiner de bonne foi si l'on a fait tort à quelqu'un, et en figurant la bonne foi par le geste : la main sur le cœur. Mettez la main sur la conscience, se dit aussi à quelqu'un qu'on presse d'avouer la vérité. Mettre à quelqu'un la main sur le collet, l'arrêter pour le conduire en prison. Mettre la main sur quelqu'un, le frapper.
Suivant les anciens canons, quiconque mettait la main sur un prêtre était excommunié [, Dict. de l'Acad.]
Fig. Mettre la main sur quelqu'un, s'emparer de son esprit.
Je voyais que le dernier, qui était un des plus habiles hommes, avait tellement mis la main sur Noirmoutier et sur Laigues, qu'il les avait comme enchantés [RETZ, Mém. t. II, liv. III, p. 7, dans POUGENS]
Main construit avec la préposition à. À la main, avec la main. Prendre les poissons à la main. Acheter de la viande à la main, l'acheter sans la faire peser, en jugeant de son poids par la vue et avec la main. On dit de même : acheter du poisson à la main. Fig. et familièrement. Une chose faite à la main, une chose arrangée exprès d'avance, de concert. À la main, se dit pour manuscrit par opposition à imprimé.
Ce traité n'étant encore écrit qu'à la main [BOSSUET, Expos. doctr. cath. Avert.]
Ma nièce doit avoir à présent deux exemplaires [du Siècle de Louis XIV] chargés de corrections à la main [VOLT., Lett. Richelieu, 10 juin 1752]
À la main, signifie aussi dans la main.
Sa vengeance à la main [tenant sa vengeance dans ses mains], elle n'a qu'à résoudre ; Un mot du haut des cieux fait descendre la foudre [CORN., Médée, III, 1]
Je l'ai vu cette nuit, ce malheureux Sévère, La vengeance à la main, l'œil ardent de colère [ID., Poly. I, 3]
M'enlever mes enfants, c'est m'arracher le cœur ; Et Jupiter, tout prêt à m'écraser du foudre, Mon trépas à la main, ne pourrait m'y résoudre [ID., ib. III, 3]
Un homme à qui on dispute son droit, et qui le défend les armes et la force à la main [PASC., Pens. XXV, 36, éd. HAVET.]
La justice passa, la balance à la main [BOILEAU, Ép. II]
Vous, si vous avez soin de votre propre vie, Ne vous montrez à moi que sa tète à la main [RAC., Bajaz, IV, 3]
Cependant Athalie, un poignard à la main, Rit des faibles remparts de nos portes d'airain [ID., Athalie, V, 1]
Non, monsieur, non, l'argent à la main, s'il vous plaît, l'argent à la main [BRUEYS, Avocat Patelin, I, 6]
Avoir sans cesse l'argent à la main, dépenser, payer continuellement. Terminer une affaire le verre à la main, la terminer en buvant ensemble. Avoir un livre à la main, le tenir. Il a les armes bien à la main, les armes belles à la main, il a bonne grâce à faire des armes. À la main, à portée.
La promenade est si fort à la main.... que l'on est dix fois dans le jardin, et dix fois l'on en revient [SÉV., 23 juill. 1677]
Si vos promenades étaient à la main comme les nôtres [ID., 3 juill. 1680]
Il mangeait de toutes choses sans choix ; il buvait de l'eau ou de l'huile indifféremment, selon qu'il les avait à la main [BOSSUET, Panég. St Bern. 1]
Cela est bien à la main, se dit d'une chose faite de manière qu'on peut s'en servir commodément. Fig. et familièrement. Avoir la parole à la main, parler avec facilité. Fig. Être à la main, être accommodant, en parlant des personnes.
Une femme si connue du roi et si fort à la main était son vrai fait [pour mettre auprès de la duchesse de Chartres] [SAINT-SIMON, 111, 53]
Il s'en contente [de sa fortune], et vivait dans cette médiocrité, quand les ministres, le voyant homme à la main, d'humeur facile, comme sont les savants, le firent entrer au parlement [P. L. COUR., Pamphlet des pamphlets.]
M. d'Autichamp est vraiment aimable, tout uni et fort à la main [ID., Lett. II, 108]
10° À deux mains, avec les deux mains. Fig. Il tient les choses à deux mains de peur qu'elles ne lui échappent, se dit d'un homme défiant. Épée à deux mains, longue et large épée qu'on tenait des deux mains. Cheval à deux mains, à toutes mains, cheval qui sert à la selle et à la voiture. Fig. et familièrement. Cet homme est à deux mains, il occupe deux emplois à la fois, il sait deux métiers, il est habile en deux choses.
Il me regarda comme un garçon à deux mains, je veux dire comme un homme propre à devenir son bouffon et son Mercure [LESAGE, Guzm. d'Alf. III, 9]
Une sérénade dites-vous ? ... musique italienne, française, je suis un homme à deux mains [REGNARD, la Sérén. 7]
Fig. et familièrement. C'est un homme à toutes mains, il est prêt et apte à rendre toutes sortes de services.
C'est un épouseur à toutes mains [prêt à épouser toutes les femmes] [MOL., D. Juan, I, 1]
Fig. À toutes mains, à toute main, sans réserve ni scrupule.
Prenez à toutes mains, ma fille, et vous souvienne.... [RÉGNIER, Sat. XII]
Dont, depuis cinquante ans, les pères usuriers, Volant à toutes mains, ont mis en leur famille Plus d'argent que le roi n'en a dans la Bastille [ID., ib.]
Elle [Mme de Grancey] a mandé que l'âme prenante de Mme de Fiennes avait passé heureusement dans son corps, et qu'elle prenait à toutes mains [SÉV., 391]
Espion de son métier, prenant de l'argent à toute main [VOLT., Lett. Duc de Choiseul, 1er avril 1768]
11° À pleines mains, abondamment.
Ne lui laissez plus voir ce long amas de gloire Qu'à pleines mains sur vous a versé la victoire [CORN., Nicom. III, 6]
Tel donne à pleines mains qui n'oblige personne [ID., Ment. I, 1]
À pleines mains il vous jetait l'argent [LA FONT., Faucon.]
Je suis fortement persuadée de tous les malheurs et de tous les chagrins répandus à pleines mains dans ce monde [SÉV., 437]
Je jetterais le temps à pleines mains comme autrefois... [ID., 23 nov. 1689]
C'est ainsi.... qu'Horace, jetant le sel à pleines mains, Se jouait aux dépens des Pelletiers romains [BOILEAU, Sat. IX]
Il répandait sur son corps des fleurs à pleines mains ; il y ajoutait des parfums exquis [FÉN., Tél. XX]
Donner à pleines mains aux particuliers pour enlever leurs suffrages [ID., Dial. des morts anc. 42]
12° Fig. À belles mains, abondamment, autant qu'on en veut. Il en a pris à belles mains. J'en eus à belles mains.
13° À main armée, les armes à la main.
Il ne manquerait pas de l'aller recevoir sur la frontière, mais ce serait à main armée [VAUGEL., Q. C. VIII, 13]
14° Aux mains, se dit en parlant de l'action de combattre. Nous voyons les deux partis aux mains. En venir aux mains, commencer un combat.
Le combat où les Perses, En lieu plus favorable enfin venus aux mains, Eurent sitôt rompu les escadrons romains [ROTR., Bélis. V, 5]
Ils se sont mis en colère pour la préférence de leurs professions, jusqu'à se dire des injures et en vouloir venir aux mains [MOL., Bourg. gent. II, 4]
Être aux mains, en être aux mains, combattre actuellement.
Vos frères sont aux mains, les dieux ainsi l'ordonnent [CORN., Hor. III, 5]
Sans doute ils sont aux mains, il n'en faut plus parler [ID., Cid, II, 4]
Rome était aux mains avec les Samnites [BOSSUET, Hist. I, 8]
Mais en sont-ils aux mains ? [RAC., Théb. I, 1]
Fig.
La volonté commande, et elle-même qui commande ne s'obéit pas ; éternel obstacle à ses désirs propres, elle est toujours aux mains avec ses propres désirs [BOSSUET, 2e sermon, Jeudi de la sem. de la pass. I.]
Mettre aux mains, engager dans une guerre.
La succession de Clèves et de Juliers mit aux mains les deux partis, qui s'étaient longtemps ménagés depuis la paix de Passau [VOLTAIRE, Ann. Emp. Rodolphe II, 1609]
Fig. Mettre aux mains deux ou plusieurs personnes, les engager dans quelque dispute, dans quelque discussion. Par plaisanterie.
Je la suivis dans sa cuisine, où elle me mit aux mains avec un reste de ragoût de la veille [MARIVAUX, Pays. parv. 1re part.]
15° De main, précédé de plusieurs substantifs, pour spécifier la nature ou l'emploi des personnes ou des choses qu'ils désignent. Homme de main, gens de main, homme, gens hardis et d'exécution.
J'ai encore un collier à escamoter, mais j'aurais besoin tout à l'heure de quelques gens de main [REGNARD, Sérén. 20]
D'Épernon avait fourni au roi des gens de main, des gens de services [VOLT., Mœurs, 173]
Combat de main, combat de main à main, combat qui a lieu de près entre deux ou plusieurs personnes. Coup de main, voy. COUP, n° 8. Cheval de main, cheval qu'on mène à la main sans monter dessus.
Je vis venir M. le prince de Conti suivi d'un seul page et d'un palefrenier avec un cheval de main [SAINT-SIMON, 11, 128]
Jeu de main, jeu de société où l'on se frappe légèrement les uns les autres. La main chaude est un jeu de main. Jeux de main se dit aussi de l'action de lutter, de se porter réciproquement des coups en plaisantant.

PROVERBE

    Jeux de main, jeux de vilain, ou jeu de main, jeu de vilain, c'est-à-dire les jeux de main ne conviennent qu'aux gens mal élevés ; cela se dit aussi aux gens qui se battent.
Revers de main, voy. REVERS.
16° De main, suivi d'un substantif. De main d'homme, ou, simplement, de main, se dit par opposition à ce qui est l'ouvrage de la nature ou de Dieu.
Que Dieu ne se plaisait pas aux temples faits de main, mais en un cœur pur et humilié [PASC., Pens. XV, 3 bis, édit. HAVET.]
Il meurt, mais non de main d'homme [BOSSUET, Hist. Il, 5]
Au fond des puits que l'on a faits à Bicêtre et à l'École militaire, on a trouvé des bois travaillés de main d'homme à soixante-quinze pieds de profondeur [BUFF., 3e ép. nat. Œuv. t. XII, p. 180]
De main de maître, par un habile homme. Ce meuble, cet instrument est fait de main de maître. De main de maître, se dit aussi des ouvrages d'esprit.
Elle [l'oraison funèbre de Condé par Bossuet] est fort belle et de main de maître [SÉV., 25 avr. 1687]
Le dénombrement de l'armée égyptienne [dans le Tasse], sujet épique, traité de main de maître [CHATEAUBR., Itin. 5e part.]
Fig. Dans un sens analogue.
Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas d'autre règle pour juger de l'ouvrage ; il est bon, et fait de main d'ouvrier [LA BRUY., I]
Des calomnies travaillées de main de courtisan [COLLÉ, Part. de chasse de Henri IV, I, 6]
17° De bonne main, d'une bonne main, par une main habile.
La lettre que j'ai reçue ressemble à tout ce que j'entends dire de votre personne, aussi ce portrait est-il fait de bonne main [FÉN., t. XXI, p. 281]
De bonne main, avec certitude. Je sais cela de bonne main. Fig.De longue main, voy. LONG.
18° De main en main, de la main d'une personne à celle d'une autre. Il est assis loin de nous, faites-lui passer cela de main en main. Fig.
Cette pieuse cérémonie [la cène] que nos pères nous ont laissée de main en main depuis le temps de Notre Seigneur [BOSSUET, Euch. II, 14]
Après la conversion des gentils, le Sauveur.... leur rendra [aux Juifs] l'intelligence des prophéties qu'ils auront perdue durant un long temps, pour passer, successivement et de main en main, dans toute la postérité et n'être plus oubliée [ID., Hist. II, 7]
Ne laissez point sans cesse, au gré des courtisans, Errer de main en main l'autorité suprême [M. J. CHÉN., Ch. IX, II, 3]
19° De la main, avec la main. Parer un coup de la main. Écrire de la main gauche. Lettres de la main, lettres censées écrites et signées par le roi, sans être contre-signées par un secrétaire d'État ; le secrétaire qui écrivait ces lettres en imitant plus ou moins l'écriture du roi se nommait aussi secrétaire de la main. Les arts de la main, par opposition aux arts de l'esprit, les arts où la main est le principal instrument. Dans un sens analogue, les ouvrages de la main.
Le génie qu'elles [les femmes] ont pour les ouvrages de la main [LA BRUY., III]
Fig. De la main de, par l'action de, par l'entremise de.
Et quand l'hymen pour nous allume son flambeau, Il [mon amant] l'éteint de sa main pour m'ouvrir le tombeau [CORN., Hor. II, 5]
Si vous pouvez souffrir qu'il soit roi de ma main [ID., Nicom. V, 10]
C'est de ma main qu'il prend et l'encens et la coupe, Et je veux pour signal que cette même main Lui donne, au lieu d'encens d'un poignard dans le sein [ID., Cinna, I, 3]
Et je veux de ma main vous choisir un époux [RAC., Brit. II, 3]
Vous l'allez à Calchas livrer de votre main [ID., Iphig. IV, 6]
Je suis puni, je meurs des mains de Mahomet [VOLTAIRE, Fanat. IV, 5]
Fig. De la main, venant de.
Mais je vous veux donner un homme de ma main [CORN., Illus. III, 10]
Félix : Vous aimez trop, Pauline, un indigne mari. - Pauline : Je l'ai de votre main, mon amour est sans crime [ID., Poly. III, 4]
...prenez un époux des mains de Léontine [ID., Héracl. III, 1]
J'attends avec la paix son cœur de votre main [RAC., Andr. II, 4]
Il veut, pour m'honorer, la tenir de ma main [ID., ib. III, 1]
Un mari n'a guère un rival qui ne soit de sa main [LA BRUY., III]
J'ai promis à monsieur le comte de prendre un intendant de sa main [MARIV., Fauss. confid. I, 15]
Il vous sied bien d'avoir l'impertinence De refuser un mari de ma main ! [VOLT., Nan. I, 5]
Il mit en sa place un gouverneur de sa main, c'est-à-dire qui était à sa dévotion.
20° De la main à la main, manuellement, sans formalité, sans écrit.
Je voulais qu'on payât de la main à la main tous les brevets de retenue existants [SAINT-SIMON, 455, 160]
Faire crédit de la main à la bourse, ne point faire de crédit, ne vendre qu'argent comptant.
21° De la première main, de la main de celui qui a le premier recueilli, fabriqué ou mis en vente la chose dont il s'agit.
Les Carthaginois voulurent recevoir les métaux de la première main [MONTESQ., Esp. XXI, 11]
On dit de même : de la seconde, de la troisième main. Fig.De la première main, se dit pour les ouvrages d'esprit, dans le même sens que pour les productions matérielles.
Tout le monde ne sait pas sentir dans les discours, non plus que dans les tableaux, ce qu'il y a d'original et, pour ainsi dire, de la première main [BOSSUET, Confér. avec Claude, Avertissement.]
Fig. Tenir une nouvelle de la première main, la savoir de source, la savoir de celui qui est censé en avoir été instruit le premier.
Je m'adresse à vous-même pour avoir des nouvelles de la première main [LE GRAND, la Nouveauté, sc. 10]
On dit aussi ne tenir une nouvelle que de la seconde main. Fig. De première main, original.
Ayez les choses de première main, puisez à la source [LA BRUY., XIV]
Ouvrage de première main, ouvrage qui ne doit rien qu'aux sources originales. Érudition de seconde main, érudition qui consulte non les sources et les originaux, mais les auteurs qui ont écrit sur le sujet.
22° De toutes mains ou de toute main, des mains de qui que ce soit. Il reçoit de toutes mains.
L'expérience m'a appris qu'on donne souvent à des personnes qui prennent de toute main [MAINTENON, Lett. au card. de Noailles, 1er juin 1699]
Cela ne se dit qu'en mauvaise part.
23° Fig.D'une main, ....de l'autre, c'est-à-dire d'un côté, ....de l'autre.
Louis XIV d'une main saisissait Avignon, et nous [protestants] faisait rouer de l'autre [VOLT., Philos. Remontrances, I]
Il [le roi de Prusse] n'hésita pas à se liguer avec le roi d'Angleterre pour empêcher d'une main que les Russes entrassent en Allemagne, et pour fermer de l'autre le chemin aux Français [ID., Louis XV, 31]
24° Dans la main, dans les mains de, à la garde, au soin de. Cette somme sera déposée dans la main, dans les mains d'un tiers. Depuis que mon affaire est dans ses mains, elle marche un peu mieux.
Elle [Mme de Maintenon] pensait qu'elle n'y serait plus rien [à la cour], aussitôt que le duc du Maine passerait dans les mains des hommes [GENLIS, Mme de Maintenon, t. I, p. 45, dans POUGENS]
Dans les mains, à la disposition.
Les poëtes qui étaient dans les mains de tout le peuple [BOSSUET, Hist. III, 5]
En musique, avoir un passage, un morceau dans la main, le savoir, être en état de le bien exécuter.
25° En main, dans la main.
Qui, le fer en la main, te viennent offenser [MALH., I, 4]
Prenant en main un arc [BOSSUET, Hist. III, 3]
....Et que, tenant en main la balance droite au milieu de tant d'empires souvent ennemis, elle [l'Église] entretient l'unité par tout le corps [ID., Sermons, Unité, 2]
M. de Cambrai a voulu retirer cette édition, quoique répandue à Rome par son ordre, et, dans celle qu'il lui substitue, il supprime tout cet article ; nous avons en main les deux éditions [BOSSUET, Rel. sur le quiétisme, I, 1]
Lorsqu'il prenait en main sa lyre d'ivoire [FÉN., Tel. II]
Je n'avais en main que ma houlette [ID., ib.]
Mettre en main, remettre.
Et l'on m'a mis en main une bague à la mode [MOL., l'Ét. I, 6]
Mettre en main la soie, la préparer pour la donner à la teinture. Terme de manége.Bride en main, se dit quand on tient le cheval ferme dans la main. Fig. Marcher, aller bride en main, faire quelque chose avec précaution, se tenir sur ses gardes.
Allons, monsieur, allons, bride en main, s'il vous plaît ! ne condamnons point les gens sans les entendre [LE SAGE, Crispin rival de son maître, 26]
Fig. Avoir quelqu'un ou quelque chose en main, l'avoir à sa disposition.
Il me faudrait en main avoir un autre amant [CORN., le Ment. II, 2]
J'en ai le choix en main avec le droit d'aînesse [ID., Rodog. II, 2]
Comme nous n'avons personne en main pour cela, j'ai résolu de jouer un tour de ma tête [MOL., Mal. im. III, 3]
Si j'avais su qu'en main il a de telles armes, Je n'aurais pas donné matière à tant d'alarmes [ID., Tart. V, 3]
J'ai en main de quoi vous faire voir comme elle m'accommode [ID., G. Dand. II, 9]
Il vous ordonne de tenir prêt tout ce que vous aurez en main [BOSSUET, Lett. abb. 4]
Certes, pour accuser la bonne foi de l'Église [dans sa créance aux livres saints], il fallait avoir en main des originaux différents des siens, ou quelque preuve constante [ID., Hist. II, 13]
J'ai votre affaire en main [LESAGE, Turcaret, II, 1]
Avoir preuve en main, avoir la preuve écrite, la preuve matérielle de ce qu'on avance, et pouvoir l'exhiber. Fig. et familièrement. Avoir la parole en main, s'exprimer avec facilité.
Ayant si bien en main le festin et la guerre [parlant si aisément et avec tant d'à-propos de festin et de guerre], Vos gens en moins de rien courraient toute la terre [CORN., Ment. I, 6]
C'est donc qu'elle n'a pas en main la repartie [TH. CORN., D. Bertr. de Cigarral, II, 4]
Il se dit d'une manière analogue d'autre chose que de la parole.
C'est bien aimer la fourbe et l'avoir bien en main, Que de prendre plaisir à fourber sans dessein [CORN., Ment. III, 3]
Avoir en main, être chargé de.
S'il avait une telle cause en main [SÉV., 584]
Prendre en main, se charger de.
Il [saint Pierre] en [de l'Église] avait déjà pris le gouvernement en main quand saint Paul lui dit en face, qu'il ne marchait pas droitement selon l'Évangile [BOSSUET, Sermons, Unité, 1]
Le landgrave et les protestants prirent les armes sur de vains ombrages.... Luther prit en main la défense des rebelles [ID., 5e avert. 4]
Des auteurs décriés il prend en main la cause [BOILEAU, Épître IX]
Mais souvent sur ses vers un auteur intraitable, à les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé [ID., Art poét. I]
Du haut du Capitole il juge tous les rois Et de ceux qu'on opprime il prend en main les droits [VOLT., Marianne, II, 5]
Être en main, avoir la facilité.
Je serai mieux en main pour vous conter la chose [MOL., Princ. d'Él. I, 2]
Je serais bien ici en main pour le bien faire [un compliment] tout à mon aise [SÉV., 16 août 1671]
En parlant des choses, être en main, être placé commodément pour le service.
Car il [un bâton] est bien en main, vert, noueux et massif [MOL., l'Ét. IV, 7]
Au billard, être en main, avoir sa bille dans la main et non sur le tapis. Fig. En la main de, à la disposition de.
Une esclave te plaît, tu voulais m'engager à la mettre en tes mains [MOL., l'Ét. II, 9]
C'est un ami que je mettrai bien en œuvre à son retour ; je ne m'endors pas.... cette route est bien disposée et fort en notre main ; mais il faut ménager longtemps avant que d'entreprendre quelque chose d'utile [SÉV., 13 nov. 1673]
26° En bonne main, en bonnes mains, en main sûre, en mains sûres, à la disposition, aux soins d'une personne honnête, sûre, intelligente, capable.
Les voilà retombés en bonne main [SÉV., 117]
Monsieur, je vous laisse en bonnes mains [ID., 536]
Dans le sens contraire, en mauvaise main, en mauvaises mains.
Ces demoiselles m'avaient parlé de lui avec peu d'estime, et m'avaient paru mécontentes de me savoir en si mauvaises mains ; cela lui fit tort dans mon esprit [J. J. ROUSS., Conf. IV]
En main tierce, dans la main d'un tiers. Déposer de l'argent en main tierce. En main propre, dans la main même de la personne intéressée. En main armée, pour à main armée.
Jésus-Christ n'a pas dompté les nations en main armée [PASC., Jésus-Christ, 17, édit. FAUGÈRE. Cela n'est guère usité.]
27° Entre les mains, à la disposition de, en possession de.
Je me livre à vous, et vous conjure de ne me point brouiller avec un si bon et si admirable ami.... enfin, ma très chère, je me mets entre vos mains, et, connaissant votre fidélité.... [SÉV., 1er janvier 1676]
Il était juste que ce précieux dépôt [les princes prisonniers] restât entre les mains du roi [BOSSUET, le Tellier.]
Si ces livres vous tombent entre les mains [ID., Lett. Corn. 28]
Je suis le Seigneur, dit-il par la bouche de Jérémie, c'est moi qui ai fait la terre avec les hommes et les animaux, et je la mets entre les mains de qui il me plaît [ID., Reine d'Anglet.]
Déjà le roi de Perse est entre ses mains ; à sa vue il s'est animé [ID., Louis de Bourbon.]
Sous l'autorité de.
Le ciel entre nos mains a mis le sort de Rome [CORN., Cinna, I, 3]
Voilà, par l'autorité de tout un synode national, la foi des Églises prétendues réformées de France entre les mains de quatre ministres et de M. de Turenne, avec pouvoir d'en régler ce qu'il leur plairait [BOSSUET, Var. XII, § 20]
Ils abjuraient leurs erreurs entre les mains de ses aumôniers [ID., Reine d'Anglet.]
Sa vie était entre leurs mains [FÉN., Tél. VIII]
Aux soins de.
Rappelant le premier médecin il se mit entre ses mains [PASC., Prov. II]
Sanche le Gros, roi de Léon, fut obligé de s'aller mettre à Cordoue entre les mains d'un fameux médecin arabe qui, invité par le roi, voulut que le roi vînt à lui [VOLT., Mœurs, 44]
Je me suis mis entre les mains du plus habile médecin de ce pays-ci, et, dans ce moment, la nature ou lui me soulage [D'ALEMB., Lett. au roi de Prusse, 11 oct. 1782]
Fig.
Il [l'abbé de Coulanges] mérite bien que j'aie toute cette application.... je l'ai remis entre les mains du vin de Grave, dont il s'accommode fort bien [SÉV., 18 mai 1680]
28° Main construit avec la préposition par. Par les mains, se dit des choses qu'on prend les unes après les autres Tous les livres de cette bibliothèque m'ont passé par les mains. Fig. Il dirige seul cette affaire, tout lui passe par les mains.
Les différentes aventures qui lui passèrent par les mains [HAMILT., Gramm. 10]
Il lui en a bien passé par les mains, se dit d'une personne qui a manié beaucoup d'affaires, qui a exercé longtemps une profession. Passer par les mains du bourreau, être mis à mort par le bourreau, ou recevoir de lui une flétrissure.
Phasaël, qui savait bien que sa mort était résolue, se cassa lui-même la tête contre la muraille de la prison, pour ne point passer par la main du bourreau [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 471, dans POUGENS]
Par menace. Cet homme passera par mes mains, me passera par les mains, je le châtierai, je me vengerai de lui. Dans un langage libre, cette femme lui a passé par les mains, il a eu commerce avec elle. Par les mains, par l'entremise de.
Cependant par mes mains je vois qu'il me l'enlève [CORN., Cinna, III, 1]
Don Pèdre commandait ; par vos mains couronné, Amis, c'est par vos mains qu'il aurait gouverné [C. DELAV., Vèp. sicil. IV, 4]
Faire valoir une terre, un champ, etc. par ses mains, faire valoir une terre, etc., soi-même, sans fermier.
29° Fig. Sous main, secrètement, en cachette.
Il fut incontinent après dépêché par un duel, que le roi même sous main lui suscita [G. NAUDÉ, Considér. sur les coups d'État, édit. de 1667, p. 168]
Orcambre mille fois s'en est enquis sous main [MAIRET, Soliman, I, 1]
Vous venez m'amuser de vos belles paroles, Et conservez sous main des espérances folles [MOL., Éc. des mar. II, 13]
On se contentera de s'en rire sous main [ID., Éc. des f. I, 1]
Annibal ne laissait pas sous main de leur susciter des ennemis [aux Romains] [BOSSUET, Hist. I, 9]
Flavien, préfet du prétoire, homme d'esprit et de grande expérience dans les affaires, mais fort adonné aux superstitions payennes, entretenait sous main ces cabales [FLÉCH., Hist. de Théodose, IV, 39]
Il [Richelieu] favorise sous main les protestants d'Allemagne, et il n'en est pas moins dans le dessein d'accabler ceux de France [VOLT., Mœurs, 176]
S. m. Le sous-main, le dessous, le mystère.
Il ne prit pas même le soin de lui expliquer le sous-main des fausses avances qu'il fit pour le rappeler [RETZ, Mém. t. II, liv. III, p. 372, dans LACURNE, à sous.]
J'étais très assuré que Longueil, qui, depuis que son frère était devenu surintendant des finances, avait renoncé à la fraude, ne m'épargnerait pas, par ses sous-mains, que je connaissais pour être encore plus dangereux que les déclamations des autres [ID., Mém. t. II, liv. III, p. 321, dans POUGENS, à main.]
30° Sous la main, proche, à portée.
Il tue le premier qui se trouve sous sa main [SÉV., 152]
Le onzième chapitre me tomba hier sous la main [ID., 436]
Il se prit à ce qui se trouva d'abord sous la main [HAMILT., Gramm. 5]
Si je n'avais pas sous ma main autant de maîtres et d'excellents maîtres pour élever mes enfants dans les sciences et dans les arts [LA BRUY., X.]
Fig. Sous l'autorité, sous la dépendance.
Lorsque vous serez devant vos meurtriers, lorsque vous serez sous la main de ceux qui vous ôteront la vie [SACI, Bible, Ézéchiel, XXVIII, 9]
Il faut être sous la main de Dieu et se laisser manier [BOSSUET, Lett. Corn. 64]
Le Verbe tient tout sous sa main [ID., Hist. II, 6]
Par menace. Qu'il ne me tombe jamais sous la main ! Être sous la main de l'autorité, sous la main de la justice, être arrêté, et sous le coup d'un procès qu'on instruit ou qu'on va instruire. Être sous la main et autorité de justice, se dit d'un immeuble saisi, d'un meuble séquestré, ou d'une somme arrêtée judiciairement.
31° Pas plus que sur la main, autant que sur la main, comme sur la main, se dit pour exprimer qu'une chose n'existe pas.
Du reste [un chien, dont les oreilles sont coupées] ayant d'oreille autant que sur ma main, Un loup n'eût su par où le prendre [LA FONT., Fabl. X, 9]
Elle était fort maigre, fort blanche, de la gorge comme sur ma main [J. J. ROUSS., Conf. IX]
Pas plus de page que sur ma main ; voilà le paquet [BEAUMARCH., Mar. de Fig. I, 10]
Fig. et familièrement. Avoir le cœur sur la main, être ouvert, franc, sans dissimulation. On a dit aussi : avoir le cœur dans la main.
...un chacun parlait le cœur dedans la main [RÉGNIER, Sat. II]
32° Imposition des mains, voy. IMPOSITION, n° 1. Imposer les mains, voy. IMPOSER, n° 1.
33° Main gauche, la main du côté du cœur ; main droite, la main de l'autre côté.
Sa main gauche [du Seigneur] est sous ma tête, et il m'embrassera de sa main droite [SACI, Bible, Cant. des cant. VIII, 3]
Et moi, je ne pardonnerais pas à la grande ville de Ninive, où il y a plus de six vingt mille personnes qui ne savent pas discerner leur main droite d'avec leur main gauche ! [ID., ib. Jonas, IV, 11]
Ses aumônes, si bien cachées dans le sein du pauvre, ont prié pour lui ; sa main droite les cachait à sa main gauche [BOSSUET, le Tellier.]
J'ai su par M. le baron de Grimm que Votre Majesté, ne pouvant écrire de la main droite, avait pris le parti d'écrire de la main gauche, afin que ses affaires n'en souffrissent pas [D'ALEMB., Lett. au roi de Prusse, 7 déc. 1779]
À main droite, à main gauche, du côté droit, du côté gauche (on dit plus ordinairement à droite, à gauche).
Alexandre tirait toujours sur la main droite [VAUGEL., Q. C. 267]
Il [Salomon] s'assit sur son trône ; et l'on mit un trône pour la mère du roi, laquelle s'assit à sa main droite [SACI, Bible, Rois, III, II, 19]
Dans une petite allée à main gauche du mail [SÉV., 91]
34° Main haute, la main droite, ainsi dite parce qu'elle tenait la lance et était plus élevée que l'autre. Main basse, la main gauche, celle qui, tenant la bride, était plus basse. Tenir la main haute, tenir haute la main de la bride, ce qui raccourcit la bride. Figt. Tenir la main haute à quelqu'un, le traiter avec sévérité, sans lui rien passer. Tenir la main haute dans une affaire, se rendre difficile sur les conditions. Fig. La main haute, adverbialement, avec autorité.
La grammaire qui sait régenter jusqu'aux rois Et les fait, la main haute, obéir à ses lois [MOL., F. sav. II, 6]
Fig. La haute main, l'autorité prépondérante. Avoir la haute main dans une affaire. Gens de haute main, s'est dit, sous la Convention, de ceux des membres du comité du salut public qui dirigeaient la haute politique, et qui ordonnaient les arrestations. Terme de guerre. Faire main basse, tuer sans recevoir à merci ; locution qui vient de ce que la main s'abaisse pour frapper.
Ce n'est que lorsqu'ils sont provoqués qu'ils [les éléphants] font main basse sur les hommes [BUFF., Morc. chois. p. 167]
Par extension. Faire main basse, piller.
Je voudrais avoir vu cette première [Mme de Brissac] faire main basse [prendre ce qui était à sa convenance] dans la place des Prêcheurs [à Aix], sans aucune considération de qualité ni d'âge [SÉV., 281]
Fais main basse sur tout : le bon homme a bon dos, Et l'on peut hardiment le ronger jusqu'aux os [REGNARD, Légat. III, 2]
Fig. Faire main basse, ne pas épargner.
Figurez-vous un Allemand nommé Copernic, qui fait main basse sur tous ces cercles différents, et sur tous ces cieux solides qui avaient été imaginés par l'antiquité [FONT., Mond. 1er soir.]
La probité, la vertu, l'honnêteté, le scrupule, le petit esprit superstitieux font tôt ou tard main basse sur les productions déshonnêtes [DIDER., Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 335, dans POUGENS]
Il [Boileau] eût fait main basse sur cette rhétorique triviale, qui consiste à noyer un tas de sophismes dans une mer de paroles oiseuses et de figures ridicules [D'ALEMB., Éloges, Despréaux.]
Bertrand finit ici sa prose à Raton, et l'exhorte à faire main basse, en vers et en prose, sur les sots dont le meilleur des mondes fourmille [ID., Lett. à Volt. 5 nov. 1776]
35° Le faire, l'exécution, en parlant d'un artiste. On reconnaît dans ce tableau la main de tel maître.
L'aspect imposant de ce bel édifice, la terrasse sur laquelle il est bâti, sa vue unique peut-être au monde, son vaste salon peint d'une excellente main [J. J. ROUSS., Confess. X]
On y reconnaît toujours la main du maître, et l'on ne la sent jamais [ID., Hél. III, 31]
À la majesté sublime qui brille dans les traits et dans toute la figure de Minerve, on reconnaît aisément la main de Phidias [BARTHÉLEMY, Anach. ch. 12]
De différentes mains, de plusieurs auteurs.
Il est évident, comme vous dites, que l'ouvrage est de différentes mains [D'ALEMB., Lett. à Volt. 4 oct. 1764]
36° Terme de musique. Avoir la main bien placée, avoir un beau port de main, jouer d'un instrument avec grâce. Main, se dit du jeu d'une main sur les instruments à clavier. Il a une main gauche magnifique, il exécute très bien les basses. Morceau à quatre mains, se dit d'un morceau écrit pour être exécuté par deux personnes jouant à la fois sur le même piano. Il y a des morceaux à six, à huit, et même à douze mains que l'on exécute sur plusieurs instruments. Main harmonique, application de tout le système de la gamme de Guido d'Arrezzo, sur les doigts et les jointures de la main gauche, pour faciliter la mémoire de tous les changements ou muances, et des rapports de cette manière d'écrire avec les lettres et les tétracordes des Grecs.
37° Se dit aussi pour caractériser la manière d'agir de la main dans certaines opérations. Avoir la main bonne, être adroit dans les ouvrages de la main. Avoir la main rompue à l'écriture, à un instrument de musique, avoir la main faite, exercée à écrire, à jouer d'un instrument. Il a la main bonne pour chanter et la voix pour écrire, se dit pour signifier qu'il n'a aucune disposition pour l'un ni pour l'autre. On dit aussi : avoir une belle main pour chanter et une belle voix pour écrire. Avoir la main légère, se dit d'un cavalier qui se sert bien des aides de la main, d'un chirurgien qui opère avec habileté, d'un joueur d'instrument qui exécute avec aisance et prestesse, d'un homme qui met de la liberté et de la rapidité dans son écriture.
On dit de certaines gens qu'ils ont la main lourde ; cet honnête homme-ci ne l'avait pas légère [MARIVAUX, Pays. parv. 4e part.]
Par extension et familièrement. Avoir la main légère, être léger de la main, être prompt à frapper.
Sa main est à frapper, non à donner légère [REGNARD, le Joueur, III, 5]
Avoir la main légère, se dit encore d'un filou qui dérobe adroitement. Dans le même sens. Il ne va pas sans ses mains, il n'oublie jamais ses mains, il lui faut regarder plutôt aux mains qu'aux pieds, il n'est pas sûr de sa main, il a les mains crochues faites en chapon rôti, il n'a pas les mains gourdes, il est dangereux de la main, se dit de quelqu'un sujet à dérober. Avoir la main sûre, avoir une main ferme, qui ne tremble point. Ce peintre a de la main, c'est-à-dire de l'habileté à employer les procédés de son art. En musique, avoir de la main, avoir une exécution facile. Terme d'escrime. Avoir de la main, tromper les parades finement et avec adresse.
38° La dernière main, le dernier travail, celui qui achève une œuvre. Donner la dernière main, une dernière main.
Et la dernière main que met à sa beauté Une femme allant en conquête, C'est un ajustement des mouches emprunté [LA FONT., Fabl. IV, 3]
Rien n'a manqué au bonheur ni à l'agrément de ce voyage [en Provence] ; vous y mettrez la dernière main en repassant par Grignan, où nous allons vous attendre [SÉV., Lett. à Mme de Coulanges, 1er déc. 1690]
Le roi est fort content d'avoir mis la dernière main au grand ouvrage de la réunion des hérétiques [MAINTENON, Lett. à Mme de St-Géran, 25 oct. 1685]
Il [Virgile] ne vécut que cinquante-deux ans, et mourut à Brindes comme il allait en Grèce pour mettre, dans la retraite, la dernière main à son Énéide, qu'il avait été onze ans à composer [VOLT., Ess. poés. ép. 3]
Je repris mon dictionnaire de musique, que dix ans de travail avaient déjà fort avancé, et auquel il ne manquait que la dernière main et d'être mis au net [J. J. ROUSS., Confess. XI]
39° Donner la main à une étoffe, l'apprêter de manière à la faire paraître plus épaisse. À pleine main, qui remplit la main. Ce drap est à pleine main.
Des taffetas roses, des satins à pleine main [BERN. DE ST-P., Paul et Virg.]
40° Main chaude, voy. CHAUD, n° 1.
41° En termes d'équitation, main de la lance, la main droite du cavalier. Main de la bride, la main gauche. Main ignorante, cavalier qui ne sait pas saisir les temps, et changer à propos l'emploi de ses forces. Main savante, cavalier qui conduit bien et par des mouvements peu apparents. N'avoir pas de main, se dit du cavalier qui se sert mal à propos de la bride. Ce cheval est bien fait de la main en avant, il a la tête et l'encolure belles. Il est mal fait de la main en arrière, il est mal fait de la croupe, du train de derrière. Ce cheval est entier à une main, il n'a de disposition à tourner que d'un côté. Il tourne à toutes mains, il prend facilement toutes les allures, le pas, le trot, le galop. Cheval dans la main, cheval bien dressé. Ce cheval est sous la main, se dit d'un cheval de carrosse attelé ou accoutumé de l'être sous la main droite du cocher. Il est hors la main, il est sous la main gauche du cocher. Changer de main, porter la tête du cheval d'une main à l'autre pour le faire aller à droite ou à gauche. Conduire un cheval de la main, travailler un cheval de la main, le changer de main. Le travailler de la main à la main, le travailler par le seul effet de la bride. Hâtez la main, se dit à un écolier de manége pour l'obliger à tourner la main plus vite du côté qu'il manie. Tenir la main à un cheval, hausser la main de la bride pour le conduire à sa volonté. Tenir un cheval dans la main, en être toujours maître. Sentir un cheval dans la main, éprouver par ses mouvements qu'il comprend facilement. Mettre un cheval dans la main, lui donner une première position indispensable pour tous les autres exercices. Lâcher, rendre la main à un cheval, lui tenir la bride moins courte pour le laisser ou le faire courir. Fig. Lâcher la main à quelqu'un, lui donner plus de liberté qu'à l'ordinaire.
Et Dieu, qui tient en bride autant qu'il lui plaît les esprits trompeurs, leur lâcha la main [BOSSUET, Hist. II, 9]
Fig. Lâcher la main, diminuer quelque chose de ses prétentions.
Lâchez la main ; pour trop avoir on n'a rien [MARIVAUX, Pays parv. 3e part.]
Baisser la main, même sens que lâcher la main.
Sentant son cheval en haleine, il baissa la main et partit [HAMILT., Gramm. 5]
Forcer la main, se dit d'un cheval qui est insensible aux aides de la bride et qui s'emporte malgré le cavalier. Fig. Forcer la main à quelqu'un, le contraindre à faire quelque chose.
Pontchartrain résista [à la capitation] ; à la fin, à force de cris et de besoins, les brigues lui forcèrent la main [SAINT-SIMON, 25, 39]
Alors ils se forcent la main, et ils servent le public malgré eux [CONDIL., Comm. gouv. I, 22]
Fig. Avoir la main forcée, faire une chose malgré soi. Avoir l'appui, la bouche à pleine main, se dit d'un cheval qui a l'appui ferme, sans peser, sans battre à la main. Mener un cheval en main, le conduire sans être monté dessus. Soutenir la main ou tenir la main, tirer la bride, hausser la main de la bride. Fig. Tenir la main à quelqu'un, lui être sévère, ne pas lui permettre d'écarts.
Vous ne pouvez jamais prendre un plus beau dessein, Et vous faites fort bien de lui tenir la main [REGNARD, Fol. am. II, 5]
Pour faire tenir la main, il ordonnait que les magistrats des villes où les ariens auraient fait quelque assemblée seraient punis très sévèrement [FLÉCH., Hist. de Théodose, III, 25]
Tenir la main à quelque chose, veiller à ce qu'elle ait son cours.
Que ton affection me soit alors sévère, Et tienne comme il faut la main à ma colère [MOL., le Dép. II, 4]
Fig. Tenir la main à quelque chose, veiller de près à ce qu'on l'exécute.
Tous les cabarets pendant la messe doivent être fermés ; le maire y tient la main [P. L. COUR., Lett. II, 113]
Mener un cheval haut la main, tenir la main des rênes haute, pour le soutenir, pour l'empêcher de butter, de tomber, ou pour lui donner la facilité de lever le devant, de faire des courbettes. Fig. et adv. Haut la main, avec autorité, en surmontant tous les obstacles avec promptitude.
Le frère [de Mlle de Castelnau] n'entendit pas raillerie, et fit faire le mariage et haut la main [SAINT-SIMON, 132, 209]
C'est une faute de dire en ce sens haut à la main, comme fait Saint-Simon dans cet autre exemple :
L'abbé de Soubise passa haut à la main, fut admis et reçu dans le chapitre [SAINT-SIMON, 76, 236]
Voy. HAUT, Rem. et nos 5 et 26. Partir de la main, se dit d'un cheval qui prend bien le galop. Substantivement. Un beau partir de la main, l'action d'un cheval qui part de la main, et court en ligne droite avec légèreté et vitesse. Fig. et familièrement. Partir de la main, exécuter avec promptitude, avec empressement ce qui peut être utile et agréable à quelqu'un. Gagner de la main, se dit d'un cheval qui prend de l'avance. Fig. Gagner de la main, prévenir.
Maisons, au sortir de chez moi, alla faire à M. le duc d'Orléans la même proposition avec les mêmes instances, et me gagna de la main [SAINT-SIMON, 401, 231]
Ce cheval bat à la main, il secoue la tête et lève le nez. Il tire à la main, il résiste aux efforts du cavalier. Il pèse à la main, il est lourd, dur, pesant à la main, c'est-à-dire, il a la tête pesante, ou il s'appuie sur le mors de manière à lasser la main du cavalier. Dans un sens contraire, ce cheval est léger, est sensible à la main. Fig. et familièrement. Peser à la main, être à charge, ennuyeux, incommode.
42° Terme de marine. Amarrer bonne main, tenir bon à la main, amarrer sans filer, sans mollir. Nœud de main, nœud qui ne nécessite pas que l'on décommette les torons. Tirer main sur main, tirer un cordage par un mouvement non interrompu, en replaçant la main à une longueur de bras au-dessus de l'autre après chaque effort.
43° En termes de jurisprudence, saisir entre les mains de quelqu'un, s'opposer à la délivrance des deniers qui sont entre ses mains. Donner d'une main et retenir de l'autre, faire donation de quelque chose, sans néanmoins s'en dessaisir. Se payer par ses mains, s'indemniser sur ce qu'on a en sa possession et qui appartient à un débiteur.
Je m'en vais du soufflet me payer par mes mains [DESTOUCH., Glor. II, 11]
Fig.
Un honnête homme se paye par ses mains de l'application qu'il a à son devoir, par le plaisir qu'il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l'estime et la reconnaissance, qui lui manquent quelquefois [LA BRUY., II]
Vider ses mains, se dessaisir d'une somme qu'on a entre les mains, et la payer à qui il est ordonné par justice. Plaider la main garnie, les mains garnies, plaider pour une chose dont on jouit pendant le procès. Sans main mettre, sans travailler et sans faire de frais. Terme de pratique. Fermer la main, faire une saisie chez un débiteur pour l'empêcher de faire disparaître des valeurs. Payer en main brève, payer directement au dernier créancier. Terme d'ancienne jurisprudence. Mettre la main au bâton ou à la verge, se dessaisir de son héritage. Prendre la main, recevoir le consentement et le serment des parties contractantes. Main assise, ancienne manière d'acquérir hypothèque sur les biens d'un débiteur, en mettant la main de la justice sur ces biens.
Et déclarons nulles et de nul effet toutes les exécutions, mains assises, mises de fait... [, Édit, avril 1675]
Terme de jurisprudence féodale. Ce vassal ne doit que la bouche et les mains à son seigneur, se disait d'un vassal qui ne devait à son seigneur que la foi et l'hommage Réception par main souveraine, jouissance provisoire d'un fief, que le juge royal accordait au vassal, quand la souveraineté était litigieuse. Ce fief est dans la main du roi, du seigneur, se disait lorsqu'un fief qui relevait du roi avait été saisi faute d'aveu.
44° Termes de jeux de cartes et d'autres jeux. Avoir la main ou tenir la main, être le premier à jouer ; c'est un avantage à certains jeux, par exemple au piquet. Tenir la main signifie aussi faire la partie.
Au jeu des osselets, deux joueurs seuls tiennent la main ; le reste des joueurs parie pour ou contre [CHATEAUB., Amér. jeux.]
Prendre la main, devenir le premier à jouer.
Je pris la main, je jouai encore une demi-heure [GENLIS, Théât. d'éduc. Faux amis, II, 11]
Donner la main, céder à son adversaire l'avantage de cette primauté.
Console-moi, marquis, d'une étrange partie Qu'au piquet je perdis hier contre un Saint-Bouvain, à qui je donnerais quinze points et la main [MOL., Fâch. II, 2]
Perdre la main, perdre cet avantage pour avoir mal donné les cartes. Avoir la main, faire la main, donner les cartes ; c'est un avantage à certains jeux, par exemple, ceux où il y a une retourne, le whist, l'écarté. Tirer la main, tirer au sort pour savoir qui jouera le premier. Pleine main, se dit, à certains jeux, de l'action par laquelle le banquier amène toutes les cartes retournées sur le tapis, avant d'amener la sienne. Fig. et populairement.Il a la main chaude, se dit de celui qui gagne plusieurs mains de suite, à certains jeux où le gagnant fait toujours. Une main, une levée. J'ai trois mains. Il n'a fait qu'une main. Lever une main. Avoir la main heureuse, se dit d'un joueur qui gagne souvent. Dans un autre sens, à quelques jeux de cartes, ce joueur a la main bonne, la main heureuse, il est avantageux d'être sous sa coupe, de lui donner à couper. Fig. Avoir la main bonne, la main heureuse, réussir ordinairement dans les choses qu'on entreprend.
J'ai la main heureuse, l'affaire des Sirven prend le train le plus favorable [VOLT., Lett. Christin, 14 mars 1769]
Avoir la main malheureuse, voy. MALHEUREUX.
45° Avoir la main, se dit, dans certaines danses, pour conduire la danse ; et rendre la main, pour cesser de conduire la danse.
Une troupe de masques entre dans un bal ; ont-ils la main, ils dansent, ils se font danser les uns les autres, ils dansent encore, ils dansent toujours, ils ne rendent la main à personne de l'assemblée [LA BRUY., XVI]
46° La main, l'écriture, le caractère d'écriture d'une personne.
Madame, dois-je croire un billet de Maurice ? Voyez si c'est sa main, ou s'il est contrefait [CORN., Héracl. II, 6]
Vous connaissez sa main, madame [ID., ib. V, 8]
Pourquoi désavouer un billet de ma main ? [MOL., Mis. IV, 3]
Si mon cœur en ces vers ne parlait par ma main [BOILEAU, Disc. au roi.]
Du cruel Amurat je reconnais la main [RAC., Bajaz. IV, 3]
Cette lettre me parut de la main de Philoclès [FÉN., Tél. XII]
M. de Chevreuse écrivait aisément, agréablement et admirablement bien et laconiquement, pour le style et pour la main, et le dernier est aussi rare [SAINT-SIMON, 336, 159]
Une belle main, une belle écriture ; une mauvaise main, une mauvaise écriture.
Au lieu du nom de l'effet, on se sert souvent du nom de la cause instrumentale qui sert à le produire : ainsi, pour dire que quelqu'un écrit bien, c'est-à-dire qu'il forme bien les caractères de l'écriture, on dit qu'il a une belle main [DUMARS., Trop. part. II, art. 2]
Je supplie seulement, monsieur, de considérer l'écriture ; il verra que c'est un cadeau que je lui fais ; quelle belle main ! [PICARD, Ricochets, I, 10]
47° Mariage. Offrir, proposer, donner sa main à quelqu'un, lui proposer de l'épouser, l'épouser.
On prend soudain au mot les hommes de sa sorte, Et, sans rien hasarder, à la moindre longueur, On leur donne la main dès qu'ils offrent le cœur [CORN., Mél. II, 4]
Et c'est faire un hommage et ridicule et vain, De présenter le cœur et retirer la main [ID., la Toison d'or, III, 3]
Adieu, donnez la main [mariez-vous], mais gardez-moi le cœur [ID., Othon, I, 4]
Le don de votre main.... La main n'est pas le cœur [ID., Suréna, I, 2]
Et je vous donne ici ma foi que dès demain Je vais où vous voudrez recevoir votre main [MOL., Éc. des mar. III, 3]
Il paraît que c'est Corneille qui, à l'imitation des Espagnols qui disent darse las manos pour se marier, a introduit donner la main pour épouser et autres locutions semblables. Mariage de la main gauche, mariage qu'un prince ou un seigneur contracte avec une femme d'une condition inférieure, à qui il donne, dans la cérémonie, la main gauche au lieu de la main droite ; le mariage de la main gauche est légitime, mais il n'a pas tous les effets civils. Épouser une femme de la main gauche.
La princesse de la Trimouille épouse un comte d'Ochtensilbourg, qui est le plus riche et le plus honnête homme du monde ; vous connaissez ce nom-là ; sa naissance est un peu équivoque ; sa mère était de la main gauche ; toute l'Allemagne soupire de l'outrage qu'on fait à l'écusson de la princesse de Tarente [SÉV., 421]
La main, distinction qui consiste à donner la droite à quelqu'un, ou à la prendre, soit en s'asseyant soit en marchant auprès de lui (sens qui a vieilli).
Les généraux en chef des armées du roi avaient eu la main chez les électeurs et un siége légal [SAINT-SIMON, 162, 137]
Alors les ambassadeurs de France prétendaient la main sur les électeurs [VOLT., Louis XIV, 13]
À peine put-il [le prince de Condé] obtenir qu'on lui donnât à Rome le titre d'altesse ; et tous les cardinaux prêtres prirent sans difficulté la main sur lui [ID., Mœurs, 175]
Donner la main, laisser le côté droit.
Je pris le chemin tout contraire, je donnai la main chez moi à tout le monde jusqu'au carrosse, et j'acquis par ce moyen la réputation de civilité à l'égard de beaucoup de gens [RETZ, Mém. liv. II, t. I, p. 86, dans POUGENS]
On dit qu'il [M. de Noailles] a ordre de ne donner la main qu'aux lieutenants de roi et aux évêques [SÉV., 20 oct. 1682]
Le roi d'Angleterre ne donne pas la main à Monseigneur [le fils de Louis XIV], et ne le reconduit pas [ID., 506]
Tout se passa exactement comme la veille, à l'exception de la main, que le roi donna partout chez lui au czar, comme il l'avait eue chez ce prince [DUCLOS, Mém. rég. Œuv. t. V, p. 294, dans POUGENS]
49° La personne elle-même. Je tiens ce cadeau d'une main bien chère.
Les bienfaits ne sont pas toujours ce que tu penses ; D'une main odieuse ils tiennent lieu d'offenses [CORN., Cinna, I, 2]
On ne pardonne point en matière d'État ; Plus on chérit la main, plus on hait l'attentat [ID., Othon, V, 1]
On sait qu'elle [Bérénice] est charmante, et de si belles mains Semblent vous demander l'empire des humains [RAC., Bérén. II, 2]
Vous dépendez ici d'une main violente [ID., Mithr. IV, 2]
Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin ? [ID., Athal. II, 7]
L'instruction fait tout ; et la main de nos pères Grave en nos faibles cœurs ces premiers caractères [VOLT., Zaïre, I, 1]
Changer un jeune homme de main, le remettre à un autre maître.
Les protecteurs de Dubois se servirent des progrès du jeune prince pour ne le point changer de main [SAINT-SIMON, II, 42]
50° Agent, instrument.
Le gouvernement ne saurait être injuste sans avoir des mains qui exercent ces injustices [MONTESQ., Esp. V, 15]
51° L'action, le travail.
On n'y peut [chez certaines nations] être distingué par les biens, mais par la main et par les conseils [MONTESQ., Esp. XVIII, 13]
L'impôt levé pour le paiement des intérêts de la dette fait tort aux manufactures en rendant la main de l'ouvrier plus chère [ID., ib. XXII, 17]
Avoir la main dans une affaire, y coopérer d'une manière cachée. La police avait la main dans le complot, et surveillait les conjurés.
52° Force, puissance.
Quand le doigt de Dieu paraît, il faut qu'il fasse peur à la main des hommes [BALZAC, De la cour, 6e disc.]
Si j'ai bien entendu tantôt la politique, Son salut [de Rome] désormais dépend d'un souverain Qui, pour tout conserver, tienne tout en sa main [CORN., Cinna, V, 1]
Seigneur, pour sauver Rome, il faut qu'elle s'unisse En la main d'un bon chef à qui tout obéisse [ID., ib. II, 1]
Un coup imprévu et qui tenait du miracle délivra la princesse des mains des rebelles [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Nos alliés ont ressenti dans le plus grand éloignement combien la main de Louis était secourable [ID., Mar.-Thér.]
Le royaume passa des mains des Asmonéens à celles d'Hérode [ID., Hist. II, 5]
Elle a étendu sa main sur le pauvre [FLÉCH., Dauphine.]
Quand de vos seules mains ce cœur voudrait dépendre [RAC., Bérén. IV, 5]
Elle met dans ma main sa fortune, ses jours [ID., Bajaz. III, 4]
Mais, seigneur, notre gloire est dans nos propres mains [ID., Iph. I, 2]
Craignez de tomber entre les mains de Pygmalion [FÉN., Tél. III]
Il veut me faire périr si je ne vous mets entre ses mains [ID., Tél. III]
Dans les pays conquis par les nations germaniques, le pouvoir était dans la main des vassaux, le droit seulement dans la main du prince ; c'était tout le contraire chez les Romains [MONTESQ., Rom. 6]
Ce gouvernement renfermait un germe de factions ; il tendait à l'anarchie, et l'autorité devait passer continuellement d'une main dans une autre [CONDILLAC, Hist. anc. I, 13]
Tenir dans sa main, être maître de.
Le stratagème d'Exupère avec toute son industrie a quelque chose un peu délicat et d'une nature à ne se faire qu'au théâtre où l'auteur est maître des événements qu'il tient dans sa main, et non pas dans la vie civile où les hommes en disposent selon leurs intérêts et leur pouvoir [CORN., Héracl. Exam.]
Adieu, je tiens le coup, autant vaut, dans ma main [ID., la Veuve, II, 7]
Un homme de bien, à chaque heure, à chaque moment, a toujours ses affaires faites ; il a toujours son âme en ses mains, prêt à la rendre au premier signal [BOSSUET, Bourgoing.]
Il faut [en parlant d'acteurs] tenir le cœur des hommes dans sa main, il faut arracher des larmes aux spectateurs les plus insensibles [VOLT., Mél. litt. Parall. d'Horace, etc.]
Être en la main, être dans la puissance de.
Mais il est en ta main de le rendre impuissant [CORN., Imit. IV, 10]
Car vous aimez la gloire, et vous savez qu'un roi Ne vous en peut jamais assurer tant que moi ; Il est plus en ma main qu'en celle d'un monarque De vous faire égaler l'amante de Pétrarque [ID., Œuvr. div. Sur le départ de Mme la marquise de B. A. T.]
Pouvez-vous redouter sa haine renaissante, S'il est en votre main de la rendre impuissante ? [ID., Rodog. III, 4]
Sa grâce est en sa main, c'est à lui d'y rêver [ID., Poly. III, 3]
Tandis que le succès est encore en ma main [ID., la Veuve, IV, 6]
Une âme craintive qui, commençant à s'éloigner de la loi de Dieu, n'a pas encore perdu de vue ses jugements, se laisse emporter aux premiers péchés, espérant de s'en retirer quand elle voudra, et très assurée, à ce qu'elle pense, d'avoir toujours en main sa conversion [BOSSUET, Prem. sermon pour le jeudi de la Passion]
....Savez-vous si demain Sa liberté, ses jours seront en votre main ? [RAC., Bajaz. I, 3]
Avoir la main légère, user de son pouvoir, de son autorité avec modération. Avoir une main de fer, avoir une autorité dure et despotique. Avoir la grande main en quelque chose, y avoir l'autorité supérieure.
Il aura la grande main sur tout [BEAUMARCH., Mère coupable, I, 4]
Avoir les mains longues, avoir de grands moyens de servir ou de nuire. De faibles mains, des individus sans force.
Mais de nos faibles mains que pouvez-vous attendre ? [RAC., Iphigénie, V, 3]
53° Les mains, la main de Dieu, la puissance divine.
De quelque côté qu'ils allassent, la main du Seigneur était sur eux [SACI, Bible, Juges, II, 15]
Le Seigneur étendra sa main, et celui qui donnait secours sera renversé par terre [ID., ib. Isaïe, XXXI, 3]
Je sais seulement qu'en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d'un Dieu irrité [PASC., Pens. IX, 1, éd. HAVET.]
C'est un appesantissement de la main de Dieu [ID., ib. 4]
Laissons tout entre les mains de Dieu [SÉV., 535]
C'est ainsi qu'il plaît à la Providence de faire sentir sa main de temps en temps [ID., 1er mars 1684]
Laissez-le croître ce roi chéri du ciel [Louis XIV]... et seul, sous la main de Dieu qui sera continuellement à son secours, on le verra l'assuré rempart de ses États [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Dieu a tous les cœurs en sa main [ID., Hist. III, 7]
On ne peut s'empêcher de reconnaître la main de Dieu sur cette princesse [ID., Var. 7]
Donnez à Dieu vos affections ; nulle force ne vous ravira ce que vous aurez déposé en ses mains divines [ID., Duch. d'Orl.]
Venez maintenant, pécheurs.... venez voir d'où la main de Dieu a retiré la princesse Anne ; venez voir où la main de Dieu l'a élevée [ID., Anne de Gonz.]
Pendant que tu disais en ton cœur rebelle : je ne puis me captiver, j'ai mis sur toi ma puissante main, et j'ai dit : tu seras ma servante [ID., ib.]
Elle se soumit plus que jamais à cette main souveraine qui tient du plus haut des cieux les rênes de tous les empires [ID., Reine d'Anglet.]
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables [du Seigneur], Ma fille... [RAC., Athal. II, 5]
Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes [ID., Esth. I, 1]
Ah ! que ne suis-je né dans l'âge où les humains, Jeunes, à peine encore échappés de ses mains [du Créateur], Près de Dieu par le temps, plus près par l'innocence, Conversaient avec lui, marchaient en sa présence ! [LAMART., Méd. I, 28]
Les mains de la nature, les forces de la nature.
C'est une fleur qui sort des mains de la nature [REGNARD, Démocrite, I, 4]
54° Possession.
Je suis ce que j'étais et je puis davantage ; Et des mêmes présents qu'il verse dans mes mains, J'achète contre lui les esprits des Romains [CORN., Cinna, I, 2]
Changer de main, passer d'un maître à un autre. Cette maison a souvent changé de main avant d'être à moi. Main se dit aussi, en un sens analogue, de ceux qui détiennent un objet quelconque. Ce livre, je vous le promets, ne sortira pas de mes mains.
J'en donnai [de la Conférence] un exemplaire à Mlle de Duras, qui le souhaita... cet exemplaire a passé en plusieurs mains [BOSSUET, Confér. avec Claude, Avert.]
55° Main de justice, nom qu'on donne à une espèce de sceptre, terminé par la figure d'une main d'ivoire, qu'on mettait dans la main de nos rois, lorsqu'on les peignait avec leurs habits royaux. Terme de diplomatique. Main de justice, emblème des sceaux de la troisième race ; il se trouve pour la première fois sur celui de Louis X. Terme d'ancienne jurisprudence. Main de justice, autorité de la justice, et puissance qu'elle a de faire exécuter ce qu'elle ordonne en contraignant les personnes et procédant sur leurs biens. Main de justice, constellation placée entre Pégase, Céphée et Andromède ; elle porte aussi les noms de Sceptre et de Lézard.
56° Main se dit aussi des extrémités des animaux, quand il y a un pouce distinct des quatre autres doigts. Le singe a quatre mains.
Les animaux qui ont des mains paraissent être les plus spirituels : les singes font des choses si semblables.... [BUFF., Hist. nat. hom. t. IV, p. 505]
Il se dit des pieds des perroquets. Le perroquet prend avec la main sa nourriture et la porte à son bec. Terme de fauconnerie. Le pied des oiseaux de proie, qu'en langage ordinaire, on nomme serre. Main grasse, charnue, de mauvaise qualité.
Elle [l'alouette] avait évité la perfide machine, Lorsque, se rencontrant sous la main de l'oiseau, Elle sent son ongle.... [LA FONT., Fabl. VI, 15]
Un rossignol tomba dans ses mains [du milan] par malheur [ID., ib. IX, 18]
Se dit des deux tarses antérieurs des hexapodes et de l'ensemble des deux derniers articles de la pince des crustacés.
57° Sorte d'anse.
Ce trône avait six degrés, le haut était rond par derrière, et il avait deux mains, l'une d'un côté et l'autre de l'autre, qui tenaient le siége [SACI, Rois, III, X, 19]
58° Main de fer, une sorte de crampon.
Ils faisaient forger des mains de fer pour jeter sur les ouvrages des ennemis et les arracher [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 267, dans POUGENS]
Fig.
Depuis près de deux ans une main de fer serre mon cœur [STAËL, Corinne, IV, 1]
Terme de marine. Demi-anneau qu'on nomme aussi galoche.
59° Terme de jardinage. Mains ou vrilles, filets simples ou divisés au moyen desquels certaines plantes s'accrochent aux corps environnants, comme la vigne, la bryone.
60° Pelle de tôle, à manche de bois très court. Morceau de bois ou de fer en forme de crochet, qui est attaché à la corde du puits et où l'on met le sceau quand on veut tirer l'eau. Pièces de fer dans lesquelles passent les soupentes d'un carrosse. Anneau qui sert à tirer un tiroir. Main de poulie, le bois ou le fer qui environne la poulie. Pièce de fer, recourbée de différentes manières, qui sert à enlever les fardeaux. Terme de serrurerie. Pièce de fer recourbée de différentes manières, qui sert à accrocher quelque chose. Main coulante, la partie de la rampe d'un escalier, sur laquelle on appuie la main. Terme de menuisier. Main de sergent, instrument dont on se sert pour coller ou cheviller l'ouvrage. Mains de travail, barres de fer dont les maréchaux se servent pour lever les pieds des chevaux difficiles. Terme de sellier. Galons plats qui sont attachés aux côtés des portières du carrosse et à l'aide desquels on se soutient. Terme de métallurgie. Les affineurs appellent côté de la main, le côté où ils opèrent le travail. Dans les renardières et dans les feux catalans, le côté de la main, c'est le laiterol.
61° Terme de soierie. Subdivision déterminée d'un paquet de soie d'un certain poids.
62° Assemblage de vingt-cinq feuilles de papier.
Il vous écrivit l'autre jour une main tout entière de papier, c'était une rapsodie assez bonne [SÉV., 48]
63° Main d'oublies, une poignée d'oublies, sept ou huit oublies.
64° Main courante se dit, dans la tenue des livres, du registre autrement appelé brouillon.
65° Terme de marine. Sorte de fourche employée dans une corderie.
66° Main de gloire, nom d'un prétendu charme fait avec une racine de mandragore préparée d'une certaine manière, à laquelle les charlatans attribuaient le pouvoir de doubler l'argent qu'on mettait auprès ; main de gloire est une altération de mandegloire, qui à son tour est une altération de mandragore. Par suite de la défiguration du mot, main de gloire, nom d'un autre prétendu charme, qui se fait avec la main d'un pendu, enveloppée dans un drap mortuaire.
67° Main de mer, nom d'un polypier qui a la figure d'une main avec son poignet, l'alcyon main du diable.

PROVERBES

  • Les mains noires font manger le pain blanc, c'est-à-dire le travail procure l'aisance.
  • Une main lave l'autre, on doit se rendre des services réciproques.
  • Froides mains, chaudes amours, c'est-à-dire le froid de la main indique que la chaleur est concentrée dans le cœur.

REMARQUE

  • Il achète les vins de première main ; dites avec l'article : de la première main. De première main ne s'emploie que figurément et au sens d'original.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    [Il] jurrad [jurera] sei dudzime main que.... [, Lois de Guill. 4]
    Celui qui l'awera [le bétail] entre meins [, ib. 25]
    Branches d'olives en vos mains porterez [, Ch. de Rol. V]
    Quant le vit Guenes, mit la main à l'espée [, ib. XXXIII]
    Rou devint homs le roi, et ses mains li livra [DU CANGE, manus.]
    Tendez vos meins, si clamez Deu merci [, Ronc. 56]
    Ses blanches mains, ses doigts longs et tretis [, Couci, V]
    Et mains jointes [j'] aor [adore] [, ib. XVI]
  • XIIIe s.
    Cil des tors [tours] et des nes [nefs, navires] s'entreferoient des glaives main à main [VILLEH., CIII]
    Son avoir [il] mist en bones mains [, Bl. et Jehan, 5522]
    Et li rois Richars estoit très boins chevaliers de sa main [, Chr. de Rains, p. 70]
    Et fu li royaumes en la main as barons, et orent la mainburnie de la damoisiele [, ib. 83]
    Les mains [ils] li ont loié par leur desloyauté [, Berte, X]
    Car des mains au deable maint pecheor [la Vierge] desnoue [, ib. XXXIII]
    À Bertain aaisier met chascune la main [, ib. XLIX]
    Chascun redoutoit moult en leur mains à cheïr [tomber] [, ib. LXIII]
    Vous poés quanque vous vodrois Fere de moi, pendre ou tuer ; Bien sai que ge nel puis muer, Car ma vie est en vostre main [, la Rose, 1917]
    Là vint la royne Blanche, et prist son filz par la main et li dist.... [JOINV., 281]
    Il doit estre coronés en Jherusalem, se elle est en mains de crestiens [, Ass. de Jérus. I, 29]
    Chevaliers ne doivent pas estre ensi menez com bourgès, ne bourgès et gens de basse main com chevaliers [, Ass. de Jérus. dans DU CANGE, manus]
    Et les barons qui o lui furent, En la main Dieu de vrai lui mirent, Qu'il assembleront leur navie [, Athis, dans DU CANGE, ib.]
    Car c'est li drois neus del vilain, Qu'il soit tos jors de bone main [humble, complaisant] Vers celui de qui a peor [peur] [, Partonop. V. 2661]
  • XIVe s.
    Marcheandant de main en main [ORESME, Eth. 254]
    Et que s'il ont desir, volenté ou talent De nous veoir aus champs main à main en content, Encor ai-je plus grant desir certainement D'eulx veoir et trouver... [, Guesclin. 18202]
    Pour savoir la verité, la main de justice avoit esté mise aux dites queues [de vin] [DU CANGE, abattere.]
    Et sera la seureté de tout le vendage desdits moulins prise par main commune de nous [ID., accensamentum.]
    Et vinrent main à main ; là fu grans li tournois [, Baud. de Seb. IV, 358]
    Argent prenoient à toutes mains ; Ils faisoient maulx trop plus que mains [moins] [, le Liv. du bon Jeh. 2466]
    Deux mains de pappier, cinq sols [, Bulletin du comité de la langue, t. II, n° 1, p. 52]
    D'un coustel que le dit Jehan tenoit en sa main, il navra cruelement le suppliant en sa main pote [main gauche] [DU CANGE, manus.]
  • XVe s.
    Je ne suy pas du lieu venue Que pour fole soye tenue ; En mon linaige n'a [n'y a] putain ; Prenez les vostres par la main Et celles de vostre linaige [E. DESCH., Poés. mss. f° 517]
    À ce parlement dessus dit, Par devant nous, à qui ce touche, Adjournez de main [par écrit] et de bouche [, ib. f° 413]
    J'en oste desormais ma main ; Sain et en bon point le vous carche [je vous en charge] ; Envers Dieu et vous m'en descarche [, ib. f° 558]
    Quant à moy, vos mains y tenez ; Faictes tant qu'on ne m'escondisse, Que je ne soye revoquez [, ib. f° 340]
    Il saisit une main [tasse] d'argent pleine de vin [, Lancelot du lac, t. II, f° 5, dans LACURNE]
    Il y eut là un chevalier breton qui partit de la main, pour en aller avertir Bertrand [, Mém. sur Guesclin. ch. 5]
    Quand le roi de France entendit ce, si en fut durement courroucé ; car trop mieux lui estoit il là à main [le pape] que autre part [FROISS., II, II. 20]
    Hongrie estoit un trop lointain pays et mal à main pour les François [ID., II, II, 233]
    Là eut fait plusieurs grands appertises d'armes ; et ne s'y espargna le roi d'Angleterre neant, mais il estoit toudis entre les plus drus ; et eut de la main ce jour le plus à faire à messire Eustache de Ribeumont [ID., I, I, 328]
    Si entrerent au chastel main à main [le roi et la comtesse] [ID., I, I, 165]
    [Gascons et François] se combattoient main à main moult vaillamment [ID., II, II, 6]
    Ils cheïrent en si bonnes mains, que messire Gautier commanda qu'ils fussent tous occis [ID., II, III, 23]
    Si autres accidents touchans au royaume d'Angleterre leur venoient sur la main, le royaume de Portingal devoit estre retardé [ID., II, III, 18]
    Lors envoya grans messages au roy d'Escoce, et lui requist qu'il vousist oster la main de la bonne cité de Warwick [ID., I, I, 55]
    Si prist hommage [le roi anglois] de la dite duché par la main du comte de Montfort, qui se tenoit et appeloit duc [ID., I, I, 152]
    Et puis chevaucherent à senestre main, et vinrent devant Montreuil Bonnin [ID., I, I, 302]
    Et le comte le tenoit en sa main [le château] [ID., I, I, 113]
    Et se deporterent toutes les mains mises des terres [du comte de Saint-Pol] et retournerent toutes à son profit [ID., II, II, 74]
    [Je] bien espere de avoir afaire de vous en aucun temps ; car, se je fais vostre main [procure votre avantage], je veulx aussy que vous faciez la mienne [, Perceforest, t. II, f° 98]
    Après eulx venoient les rois d'armes et heraulx du roy, per à per à ceulx de France et à leur basse main [à main gauche] [, J. de Saintré, ch. 40]
    Les François et Gascons estoient montez sur bons et forts chevaux, vistes et bons à la main, et pour ce abbatoient et tomboient tout ce qu'ils trouvoient à eux contraire [ALAIN CHART., Hist. de Charles VII]
    Or purent à ceste fois congnoistre les Genevois [Génois] que main de maistre les gouvernoit [, Bouciq. II, 6]
    Et promettoient et juroient l'ung à l'autre que le premier des deux qui luy pourroit mettre la main dessus, le faire mourir dedans huyt jours [COMM., III, 11]
    Le duc de Bourgongne plusieurs fois les vouloit appointer, mais il ne le peut ; le pape et l'empereur à la fin y mirent fort la main [ID., IV, 1]
    L'ung fist le serment en la main du roy que... [ID., IV, 8]
    Pour monstrer que bien tard ung prince se doibt mettre soubz la main d'ung autre [ID., V, 8]
    Rendist Cambrai ou la mist en main neutre [ID., VI, 3]
  • XVIe s.
    Le roy preint la royne d'Arragon à la haulte main [par la main droite], et dit à Gonsales : prenez la royne à l'austre costé [JEAN D'AUTON, Annales de Louis XII, p. 313, dans LACURNE]
    Mais venant de nostre devis, Tels quels sont faits à l'improvis, Ils [ces vers] vous doyvent aussi chers estre Que s'ils venoyent de main de maistre [ST-GELAIS, 213]
    La barbe est la plus aisée prise et plus à main que l'on sçauroit avoir sur son ennemy [AMYOT, Thésée, 5]
    Elle envoya secretement luy faire entendre soubs main, que.... [ID., Lyc. 2]
    Ce n'estoit pas petite ne legere entreprise, que de vouloir renger à vie pacifique un peuple si hault à la main, si fier et si farouche [ID., Numa, 13]
    Ilz vouloient à toute force venir aux mains [ID., Péricl. 51]
    Ce propos courut incontinent de main en main parmy les jeunes enfans [ID., Alc. 4]
    La risée en alla incontinent de main en main en la plus part du camp [ID., Fab. 31]
    Ciceron avoit ce jour-là attiltré des clercs qui avoient la main fort legere [pour écrire] [ID., C. d'Utiq. 35]
    Les plus gens de bien de la ville l'environnoient tout à l'entour, et luy tenoient la main forte [ID., Cicéron, 25]
    Artaxerxes fut surnommé longue-main, pour autant qu'il avoit la main droitte plus longue que la gauche [ID., Artax. 1]
    Mourir par main de bourreau [MONT., I, 66]
    Mettre la main à une chose [ID., ib. I, 72]
    J'avois ce langage [le latin] si prest et si à main que.... [ID., I, 194]
    Mettre la main sur soy [se tuer] [ID., II, 40]
    Et une belle terre qui estoit là auprès, valant dix-huit-cens livres de rente, qu'un petit advocat à quatre mains avoit acquise [LANOUE, 238]
    Ayant entendu qu'on seroit contraint de mener les mains [se battre], lui, qui avoit un cœur de lion, voulut estre de la partie [ID., 868]
    Garigues, autheur de l'abregé de l'almanac, contenant trentequatre mains de papier, vouloit parler [D'AUB., Faen. III, 22]
    Durant que ces deux grands princes estoient accrochez l'un à l'autre, les Allemands toucherent à la main, et firent une seconde assemblée à Augsbourg [ID., Hist. I, 22]
    Mettez la main sur vostre sein, sondez à bon escient vostre constance [ID., I, 133]
    Il donna, pour l'amour de lui, main levée aux biens de Teligny son beau frere [ID., ib. 34]
    Cette troupe entrée dans la multitude du chasteau commence à jouer des mains [ID., ib. II, 115]
    Les hommes de main qui estoient là, bien soustenus par leurs arquebusiers [ID., ib. II, 380]
    Tant qu'on a fait mourir les refformez par les formes de la justice, quelque inique et cruelle qu'elle fust, ils ont tendu les gorges et n'ont point eu de mains [ID., ib. III, 457]
    Tout ce que pourroit faire le chef de vostre maison seroit d'estre en ma main [marcher à mes côtés] [CARLOIX, III, 8]
    Aussi fut-on contraint de s'en servir et les bien payer avant la main [d'avance] [ID., IV, 27]
    Il y avoit d'autres forts, où il fallut mener les mains, faire tranchées, et poincter le canon [ID., IV, 32]
    Et puisque vous estes, dist-elle, tout à main, allez, je vous prie, le saluer mareschal de France [ID., VIII, 42]
    Charge, de laquelle le duc de Guise se lava les mains [se démit], le dit connestable revenu [ID., IX, 3]
    Doit le seigneur lever sa main de ce dont il n'est en discord [en donner main-levée], la saisie tenant pour le surplus [LOYSEL, 597]
    Cas sur cas, ou main sur main n'a point de lieu, ains il faut pourvoir par opposition [ID., 758]
    Main generalement prise, signifie tout ce qui est contenu depuis l'arthrodie ou articulation de la teste de l'omoplate, jusqu'au bout et extremité des doigts, mais specialement il ne signifie que ce qui est contenu depuis le bout des os du coulde ou commencement du poignet, jusqu'à la dite extremité des doigts [PARÉ, IV, 20]
    Les balzanes des deux mains, c'est-à-dire le blanc ès deux pieds devant [du cheval] n'est guiere bonne marque. - La balzane seule des deux pieds est bonne marque. - La balzane de la main de la bride.... la main de la lance. - Le balzan de la main de la bride et du pied de l'estrier, est dict travat ; pareillement, celui qui l'est de la main de la bride et du pied droit [O. DE SERRES, 301 et 302]
    Sera bon, en rabaissant la terre des bords de la fosse, lorsqu'on la reamplit, tout d'une main mesler du fumier parmi la terre [ID., 703]
    Est ici à souhaiter d'estre pourveu de plusieurs mains, soient griffes, cueillers et autres instrumens, pour à la fois retirer tout le fruit du sucre [ID., 872]
    Seule je le traitois sans secours d'estranger, Car, sans plus, de ma main vouloit boire et manger [RONSARD, 790]
    .... Et dansant main à main te conter mes amours [ID., 798]
    Je trouve fort estrange que le seigneur de Chasteaubriand use de main mise [batte sa femme, Françoise de Foix, maîtresse de François 1er] [MARGUER., Lett. 3]
    Celuy n'est pas digne de tenir jugement, qui doubte plus l'homme que Dieu, et si doit estre de bonne conversation ; car la main orde ne peut l'orde nettoyer [, Grand coustum. de France, IV, 6]
    Des donations inter vivos, que l'on nomme de main chaude [, Nouv. coust génér. t. I, p. 578]
    Tous tuteurs sont tenus de rapporter tous deux de main commune et non l'un sans l'autre tous les biens des mineurs [, ib. t. I, p. 617]
    Si vous ne venez à bout de tout, au moins en remporterez vous une bonne main [, Ambassades de Bassompierre, t. I, p. 160, dans LACURNE]
    Ayant fait sa main, et saisi d'une bonne somme de deniers et du meilleur cheval de l'estable, part un beau matin [, Nuits de Straparole, t. II, p. 344, dans LACURNE]
    De mains vides, prieres vaines [COTGRAVE, ]
    Connin [lapin] et vilain, avec la main [ID., ]
    Mains blanches sont assez lavées [LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 260]
    Main droite et bouche ronde peut aller par tout le monde [ID., ib.]
    Attendre de la main gauche [manger toujours sans attendre les absents] [ID., ib.]
    Telle main, telle moufle [gant] [ID., ib. t. II, p. 426]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, muain ; picard, man ; provenç. man, ma ; cat. ma ; esp. mano ; port. mão ; ital. mano ; du lat. manus, rattaché par Corssen et Curtius au sanscrit ma, qui signifie mesurer, mais dont le sens primordial, comme on le voit par ses composés, est construire, manier.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    MAIN.
    11° à pleines mains. Ajoutez :
  • À pleine main, au singulier, d'une façon qui remplit la main ; se dit surtout d'une étoffe pour en indiquer le bon tissage, la solidité.
    Une robe courte en reps noir à pleine main [CHERBULIEZ, Rev. des Deux-Mondes, 1er oct. 1871, p. 509]
  • 68° Armes de main, armes destinées à agir directement ; elles comprennent les armes de choc, les armes tranchantes et les armes aiguës.
  • Main gauche, dague employée dans les duels, au XVIe siècle, pour parer les coups d'épée ; elle présente, au talon, un logement pour le pouce.
  • 69° Traiter à main ferme, traiter avec des gens qui se mettent directement à l'œuvre.
    M. Orban déclare qu'il maintient son amendement, tendant à ce que l'adjudication ne soit de règle pour les anciennes concessions que lorsque le gouvernement n'aura pu s'entendre avec le concessionnaire pour traiter à main ferme (sénat belge) [, Journ. offic. 13 mars 1874, p. 1931, 1re col.]
    70°
    Arbre à la main, le chiranthodendron platanoides, du Mexique [BAILLON, Dict. de bot. p. 257]
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

main

MAIN. n. f. Partie du corps humain qui est à l'extrémité du bras, qui s'étend depuis le poignet jusqu'au bout des doigts, qui sert à la préhension, qui est le principal organe du toucher et que sa conformation rend propre à toute sorte d'actions et d'ouvrages. La main droite. La main gauche. Le creux, le dedans, la paume, le plat de la main. Le dessus de la main. Les doigts de la main. Les lignes de la main. Voyez LIGNE. Main longue, courte, sèche, grasse, décharnée, potelée, nette, rude, douce. Avoir les mains froides, chaudes, glacées, brûlantes. Avoir les mains gourdes. Avoir froid, chaud aux mains. Se laver les mains. Avancer, retirer la main. Prendre, serrer, baiser la main de quelqu'un, à quelqu'un. Tendre la main à quelqu'un. Tenir un enfant par la main. Donner la main, Saisir avec la main. Tenir avec la main, à la main. Mettre dans la main. Ouvrir, fermer la main. Joindre les mains. Lever les mains au ciel. Mettre la main à quelque chose. Avoir quelque chose dans la main. Mettre la main sur la hanche, sur la garde de son épée. Parer un coup avec la main. Un signe, un geste de la main. Vivre du travail de ses mains. J'ai reçu ce papier des mains d'un inconnu. Je dépose cette somme dans vos mains.

Haut les mains! Ordre que l'on donne à une personne de lever les bras, les mains ouvertes, pour montrer qu'elle n'a pas d'armes, qu'elle ne veut ni attaquer ni se défendre; dans un combat, ordre analogue donné à l'adversaire.

Lever la main sur quelqu'un, Se préparer à le frapper. Avoir la main levée sur quelqu'un, Être prêt à le frapper.

Lutter à main plate, Lutter sans fermer les poings. Lutte à main plate.

Toucher dans la main à quelqu'un, Mettre sa main dans la sienne, en signe d'amitié, de réconciliation, d'accord, d'acquiescement, d'où est venue l'expression Touchez là!

Refuser la main à quelqu'un, Lui refuser ce témoignage d'amitié ou d'estime. On dit dans un sens analogue. Tendre la main à quelqu'un, Se réconcilier avec lui.

Changer de main, Après s'être servi d'une main, se servir de l'autre. Vous êtes fatigué de porter ce paquet, changez de main.

Mettre la main à la poche, Faire ce geste pour prendre de l'argent dans sa bourse; d'où, figurément, Payer, financer.

Être pris la main dans le sac, Être pris au moment où l'on vole, d'où, par extension, en flagrant délit. Je vous prends la main dans le sac.

Avoir les mains libres, N'avoir rien dans les mains.

Par exagération, J'en mettrais ma main au feu, J'assure que la chose est ainsi, j'en répondrais à mes risques et périls.

Fig. et fam., Main morte, Main qu'on laisse aller au gré d'une personne qui l'agite, comme si elle était sans nerfs et sans vie. On dit en ce sens aux petits enfants : Faites main morte.

N'y pas aller de main morte, Frapper rudement, avec violence.

Fig. et fam., Il n'y va pas de main morte, se dit de Celui qui, dans une discussion, dans une argumentation verbale ou par écrit, emploie des expressions fortes, rudes, violentes.

Main chaude. Voyez CHAUD.

Fig. et fam., L'argent ne lui tient pas dans les mains, lui fond dans les mains, Il dépense sans nécessité, sans modération.

Fig. et fam., Les mains lui démangent, Il a grande envie de jouer, de frapper, de se battre.

Par exagération, Les mains m'en tombent, m'en sont tombées, J'en éprouve, j'en ai éprouvé une grande surprise. On dit plutôt Les bras m'en tombent.

Être comme deux doigts de la main, comme les deux doigts de la main. Voyez DOIGT.

À LA MAIN, Avec la main. Prendre des poissons à la main.

Il se dit par opposition aux objets faits à la machine. Un tricot fait à la main. Une dentelle à la main. Un vase décoré à la main. Une lettre écrite à la main.

À LA MAIN signifie aussi Dans la main. Avoir son chapeau à la main. Avoir l'épée, le sabre, la plume, le pinceau à la main. Avoir un livre à la main, Le tenir.

Contrat en main, Contrat dans lequel il est entendu que celui qui achète ne paie que le prix de son acquisition, les frais de la vente restant à la charge du vendeur.

Avoir sans cesse l'argent à la main, Dépenser, payer continuellement.

Mettre l'épée à la main, Tirer l'épée pour s'en servir.

Ce maître lui a mis les armes, le fleuret, le violon à la main, Il lui a donné les premières leçons d'escrime, de violon. Il est vieux.

Cela est bien à la main, se dit d'une Chose faite de manière qu'on peut s'en servir aisément, commodément. Cette raquette est bien à la main. Cette serpe, cette hache, ce manche n'est pas bien à la main. On dit aussi en main.

Fam., Être à sa main, Être placé commodément.

Fig., Mettre à quelqu'un le marché à la main, Lui donner pour la dernière fois le choix de tenir ou de rompre un engagement, de le conclure ou d'y renoncer en le menaçant d'une rupture. C'était à prendre ou à laisser : on m'avait littéralement mis le marché à la main.

À deux mains, Avec les deux mains. Prendre, tenir un objet à deux mains.

Épée à deux mains, Longue et large épée qu'on tenait des deux mains et avec laquelle on faisait le moulinet, de manière à parer à la fois tous les coups.

Cheval à deux mains, à toutes mains, Cheval qui sert à la selle et à la voiture.

Fig. et fam., Cet homme est à toutes mains, c'est un homme à toutes mains, Il est prêt et apte à rendre toute sorte de services.

Morceau de musique à quatre mains, Morceau que deux personnes jouent ensemble sur le même piano. Jouer à quatre mains. On dit de même Un morceau à deux pianos quatre mains, à deux pianos huit mains.

Écrit transcrit à la main, Manuscrit.

À main levée, Sans poser la main. Dessin fait à main levée. Au figuré, il désigne un Croquis rapidement, légèrement fait.

À main levée se dit aussi d'un Vote qui s'exprime en levant la main. Un vote à main levée.

À pleines mains, Abondamment, libéralement. Prendre, donner, répandre, jeter l'argent à pleines mains.

Fig. et fam., À belles mains se dit quelquefois dans le même sens. Il en a pris à belles mains, Autant qu'il en a voulu. J'en eus à belles mains, J'en eus autant que j'en voulus.

À main armée, Les armes à la main. Entrer à main armée dans un pays. Une attaque à main armée.

À main droite, à main gauche, Du côté droit, du côté gauche de la personne qui parle, à qui l'on parle, de qui l'on parle. Je suis allé jusqu'au bout de la rue, et j'ai tourné à main droite. Prenez à main gauche. On dit plus ordinairement À droite, à gauche.

Aux mains, se dit en parlant de l'Action de combattre. En venir aux mains, Commencer un combat. Être aux mains, Être en train de combattre.

Fig., Mettre aux mains signifie aussi Engager dans une guerre. La possession de la Sicile mit aux mains Rome et Carthage.

Fig., Mettre aux mains deux ou plusieurs personnes, Les engager dans quelque dispute, dans quelque discussion. Je les ai mis aux mains sur cette question. Je vous mettrai aux mains avec mon avocat.

Dans la main, dans les mains, entre les mains se dit au figuré en parlant d'une Chose dont on confie la garde, le soin ou l'exécution à quelqu'un. Cette somme sera déposée dans la main, dans les mains, entre les mains d'un tiers. Depuis que mon affaire est dans ses mains, entre ses mains, elle marche un peu mieux.

Glisser dans la main, Se dérober. On dit plutôt Glisser entre les mains.

Figurément, en termes de Musique, Avoir un passage, un morceau dans la main, Le savoir, être en état de le bien exécuter. Je n'ai pas encore ce passage, ce morceau dans la main. On dit plutôt Avoir un morceau dans les doigts.

DE MAIN se joint à plusieurs noms pour spécifier la nature ou l'emploi des personnes ou des choses qu'ils désignent.

Fig., Coup de main. Voyez COUP.

Fig., Homme de main, Homme d'exécution, homme brave, hardi. Il avait des gens de main avec lui. Il est vieux.

Jeu de main. Voyez JEU.

Prov., Jeux de main, jeux de vilain. Voyez JEU.

Revers de main, Coup donné avec le revers de la main. D'un revers de main, il lui a jeté son chapeau dans la boue.

Fam., En un tour de main. Voyez TOUR.

Tour de main. Voyez TOUR.

Une chose faite de main de maître, Une chose très bien faite, conçue et exécutée par quelqu'un qui possède toutes les ressources de son art, tous les secrets de son métier. Ce tableau est fait de main de maître. Ce roman est écrit de main de maître. Cette pièce est menée de main de maître. Par analogie, Cette manoeuvre a été exécutée, cette intrigue a été conduite de main de maître. On a dit dans le même sens : Un ouvrage fait de main d'ouvrier.

Une chose faite de main d'homme, se dit par opposition à Ce qui est l'ouvrage de la nature. Cette grotte est faite de main d'homme.

De main en main, De la main d'une personne à celle d'une autre, et de celle-ci à d'autres successivement, jusqu'à la dernière. Pour charger le wagon, les hommes d'équipe se passaient les colis postaux de main en main. Une copie qu'on se passe de main en main. L'argent est fait pour passer de main en main.

De main en main s'emploie aussi figurément. Cette tradition, cette nouvelle est arrivée jusqu'à nous de main en main.

Fig., De longue main, Depuis longtemps. Je le connais, nous nous connaissons de longue main.

DE LA MAIN, Avec la main. Parer un coup de la main. Écrire de la main gauche. Il lui a écrit de sa main.

Les arts de la main, par opposition aux Arts de l'esprit, Les arts où la main est le principal instrument.

DE LA MAIN signifie aussi figurément De la part. Je reçois avec confiance tout ce qui vient de votre main, tout ce qui part de votre main. Ce domestique est sûr, vous pouvez le prendre de ma main. Pour cet emploi j'accepterai volontiers un homme de votre main.

De la main à la main, Sans formalité, sans écrit. Donner de l'argent de la main à la main.

De première main, De la main de celui qui a le premier recueilli, fabriqué ou mis en vente la chose dont il s'agit. Pour avoir bon marché, il faut acheter les choses de première main. J'ai eu cet objet, ce produit de première main. On dit de même De seconde main, de troisième main, etc., c'est-à-dire D'occasion.

Fig., Tenir une nouvelle de première main, La savoir de source, d'origine, la savoir de celui qui est censé en avoir été instruit le premier. On dit aussi Ne tenir une nouvelle que de seconde main, Ne l'avoir apprise que par un intermédiaire; La tenir de bonne main, D'un bon garant.

Fig., Ouvrage de première main, Ouvrage puisé aux sources originales.

Fig., Érudition de seconde, de troisième main, Érudition qui n'est pas fondée sur les originaux.

De toutes mains, Des mains de tout le monde, des mains de qui que ce soit. Il reçoit, il prend de toutes mains. Cela ne se dit qu'en mauvaise part.

EN MAIN, Dans la main. Il est représenté ayant en main son bâton de maréchal de France.

Fig., Avoir quelqu'un ou quelque chose en main, L'avoir à sa disposition.

Fig., Prendre en main les intérêts, la cause de quelqu'un, Soutenir ses intérêts, se charger de sa défense.

Preuve en main, avoir la preuve en main, Avoir la preuve écrite, la preuve matérielle de ce que l'on avance et pouvoir l'exhiber.

Fig., En bonnes mains, Dans les mains, à la disposition d'une personne honnête, sûre, intelligente, capable. Votre affaire est en bonnes mains. Vous ne pouviez pas tomber en meilleures mains. On dit dans le même sens Être en mains sûres, et, dans le sens contraire, Tomber, être en mauvaises mains.

En main tierce, Dans la main d'un tiers. Mettre, déposer de l'argent en main tierce.

En main propre, Dans la main même de la personne intéressée. Je lui ai remis cette lettre en main propre.

ENTRE LES MAINS se dit figurément en parlant de Ce qui est confié aux soins, mis à la disposition de quelqu'un. Je mets mes intérêts entre vos mains. Il se mit entre les mains des médecins.

PAR LES MAINS, Dans les mains. Tous les livres de cette bibliothèque m'ont passé par les mains. Fig., Toutes les affaires de cette succession lui ont passé par les mains. Il dirige seul cette négociation; tout lui passe par les mains. On dit d'une personne qui a exercé longtemps une profession, qui a manié beaucoup d'affaires : Il lui en a passé beaucoup par les mains.

SOUS LA MAIN, Proche, à portée. Avoir quelque chose sous la main. Je n'ai pas ce papier sous la main, je le chercherai. Ce livre m'est tombé sous la main. Il signifie aussi, figurément, Sous l'autorité, sous la dépendance. J'ai cet homme sous la main, j'en dispose. On dit, par menace, Qu'il ne me tombe jamais sous la main.

Être sous la main de l'autorité, sous la main de la justice, se dit d'une Personne qui est arrêtée, dont on va instruire ou dont on instruit le procès. On dit aussi d'un Immeuble saisi, d'un meuble séquestré, ou d'une somme arrêtée judiciairement, Il est, elle est sous la main et autorité de justice.

Fig., Sous main, Secrètement, en cachette. Faites-lui savoir cette nouvelle sous main. On a négocié, intrigué sous main.

SUR LA MAIN s'emploie dans plusieurs expressions figurées et familières. Pas plus que sur la main, autant que sur la main, se dit pour exprimer qu'Une chose n'existe pas, manque tout à fait. Il n'a pas plus de cheveux que sur ma main.

Avoir le coeur sur la main, Être ouvert, franc, sans dissimulation.

MAIN s'emploie dans une foule d'autres expressions particulières, tant propres que figurées. Pour faciliter la recherche, on les a rangées selon l'ordre alphabétique.

Fig., Avoir la main heureuse, Réussir ordinairement dans les choses qu'on entreprend. Il a la main heureuse et réussit dans toutes ses entreprises.

Avoir la main heureuse se dit aussi d'un Joueur qui gagne souvent. On dit encore, dans un autre sens, à quelques jeux de Cartes, Ce joueur a la main bonne, la main heureuse, Il est avantageux d'être sous sa coupe, de lui donner à couper. On dit dans le sens contraire: Avoir la main malheureuse.

Avoir la main large, Être généreux ou être prodigue.

Avoir la main légère se dit d'un Cavalier qui se sert bien des aides de la main, d'un Chirurgien qui opère avec habileté, d'un Joueur d'instrument qui exécute avec aisance et prestesse, d'un Homme qui met de la liberté et de la rapidité dans son écriture.

Avoir la main leste, Être prompt à frapper.

Avoir la main sûre, Avoir une main ferme, qui ne tremble point.

Avoir les mains libres se dit, figurément, pour Être libre d'agir dans une affaire sans être lié par aucune obligation.

Avoir les mains liées se dit, au contraire, pour Être empêché, entravé par des obligations antérieures, de quelque nature qu'elles soient.

Fig. et fam., Avoir les mains nettes, Se conduire avec probité, administrer fidèlement, ne faire aucun profit illégitime. On dit aussi Avoir les mains nettes de quelque chose, N'avoir pas de reproche à se faire relativement à cette chose, n'y avoir pris aucune part.

Fig. et fam., Baiser les mains à quelqu'un, Lui faire ses compliments. Adieu, mesdames, je vous baise les mains. On dit en plaisantant : Oh! pour cela, je vous baise les mains, Je ne suis pas de votre avis, je ne ferai pas ce que vous demandez.

Changer de main, en parlant des Choses, Passer d'un propriétaire à un autre. Cette maison a plusieurs fois changé de main avant de m'appartenir.

Donner la main à quelqu'un, Lui offrir sa main en signe de bienvenue et de salut. On dit aussi Tendre la main. Donnez-moi la main, Formule de remerciement chaleureux à un homme.

Donner la main à une femme, Lui offrir la main comme appui, soit en descendant de voiture, soit pour franchir un pas difficile, soit dans un cortège, soit dans certaines danses.

Fig., Donner la main à quelqu'un, L'aider en quelque affaire, le favoriser. Je n'aurais pas réussi, s'il ne m'eût donné la main. On dit dans le même sens : Prêter la main à quelqu'un. Ils se disent aussi en parlant des choses. Donner, prêter la main à une entreprise.

Fig., Donner les mains à quelque chose, Y consentir, y condescendre, y aider.

Faire la main, Exercer à un travail manuel. Voici un objet à exécuter, une copie à faire, essayez, cela vous fera la main. On dit surtout Se faire la main, S'exercer. L'un et l'autre se disent aussi en parlant de Travaux intellectuels. Avant d'être auteur, il avait passé par le journalisme pour se faire la main.

En termes de Guerre, Faire main basse. Voyez BAS.

Fig. et fam., Faire sa main, Piller, dérober, faire des profits illicites.

Faire valoir une terre, un champ, etc., par ses mains, Tenir, faire valoir une terre, etc., soi-même, sans fermier.

Fig., Faire tomber les armes des mains de quelqu'un, Apaiser sa colère.

Fig., Forcer la main à quelqu'un, Le contraindre à faire quelque chose. Avoir la main forcée, Faire une chose malgré soi, par contrainte.

Fig. et fam., Manger dans la main, Avoir des manières trop familières. C'est un homme avec qui il faut éviter de se familiariser, il vous mangerait tout de suite dans la main.

Porter la main sur quelqu'un, Le frapper ou Faire mine de le frapper.

Mettre la main sur quelque chose, S'en saisir, ou simplement La trouver. Il a mis la main sur l'argent, sur les papiers de la succession. J'ai beau chercher ce livre : je ne puis mettre la main dessus.

Mettre à quelqu'un la main au collet, Le mettre en état d'arrestation.

Fig., Mettre la main à quelque chose, L'entreprendre, s'en mêler. Cette affaire ne réussira pas si vous n'y mettez la main.

Fig. et fam., Mettre la main à la plume, Commencer à écrire une lettre, un ouvrage.

Mettre la main à l'oeuvre, à l'ouvrage, Commencer à s'occuper de quelque chose, à y travailler. Cela se dit au propre et au figuré. Il est temps de mettre la main à l'oeuvre.

Fig., Mettre la dernière main à un ouvrage, Le terminer, le corriger. On dit dans le même sens Donner la dernière main.

Fig. et fam., Mettre la main à la pâte, Travailler soi-même à quelque chose. On dit aussi Avoir la main à la pâte, Être en train de faire quelque chose, avoir le maniement de quelque chose.

Fig., Mettre la main sur la conscience, Examiner de bonne foi si l'on a fait tort à quelqu'un, si l'on a commis quelque injustice. Elliptiquement : La main sur la conscience, cela est-il vrai?

Fig., Prêter la main à quelque chose, Aider à le faire, y participer. Il a prêté la main à ce vol, à cet enlèvement.

Fig. et fam., Se laver les mains de quelque chose, Déclarer qu'on en est innocent, qu'on n'y a point participé. On n'a pas voulu suivre mes conseils dans cette affaire, désormais je m'en lave les mains.

Se présenter les mains vides, N'avoir pas d'argent à donner, de présent à faire, de documents à fournir, de preuves à donner.

Fig., Se tenir par la main, Être d'intelligence. Ils se tiennent tous par la main. On dit aussi, dans un sens analogue, Se donner la main.

Fig., et fam. Sortir des mains de quelqu'un, Échapper à quelqu'un par qui l'on est retenu. On dit plutôt S'arracher des mains de quelqu'un.

Tendre la main, Demander l'aumône. On le dit, par extension, de Celui qui mendie des places, des grâces.

Fig., Tendre la main à quelqu'un, Lui offrir du secours, le secourir.

Fig., Tenir la main à quelqu'un, Veiller de près à ce qu'on l'exécute, à ce qu'on l'exécute bien.

MAIN, en termes d'Équitation, de divers Sports ou de Guerre, s'emploie dans plusieurs phrases ou locutions, dont quelques-unes passent du propre au figuré.

Cheval à deux mains, à toutes mains, Cheval qui sert à la selle et à la voiture.

Ce cheval est sous la main, se dit d'un Cheval de voiture attelé, ou accoutumé de l'être, sous la main droite du cocher. Il est hors de la main, Il est sous la main gauche du cocher.

Cheval de main, Cheval mené par un cavalier monté sur un autre cheval.

Main de la lance, La main droite du cavalier. Main de la bride, La main gauche.

Changer de main, Porter la tête du cheval d'une main à l'autre, pour le faire aller à droite ou à gauche.

Bride en main se dit quand on tient le cheval ferme dans la main.

Tenir la main à un cheval, Hausser la main de la bride pour le conduire à sa volonté.

Fig., Tenir la main haute à quelqu'un, Le traiter avec sévérité, sans lui rien passer. Tenir la main haute dans une affaire, Se rendre difficile sur les conditions.

Lâcher, rendre la main à un cheval, Lui lâcher la bride.

Fig., Lâcher la main à quelqu'un, Lui donner plus de liberté qu'à l'ordinaire. Lâcher, la main dans une affaire, Céder de ses prétentions, rabattre du prix qu'on demandait.

Mener un cheval haut la main, Tenir la main des rênes haute, pour le soutenir, pour l'empêcher de buter, de tomber, ou pour lui donner la facilité de lever le devant, de faire des courbettes.

Fig. et adv., Haut la main, Avec autorité, en surmontant tous les obstacles, avec promptitude. J'en viendrai à bout haut la main. Il l'a emporté haut la main sur tous ses concurrents.

Partir de la main, se dit d'un Cheval qui part légèrement et prend facilement le galop. Un beau partir de la main, l'Action d'un cheval qui part de la main et court en ligne droite avec légèreté et vitesse.

Gagner à la main, se dit d'un Cheval qui va plus vite qu'on ne veut. Au figuré, il se dit de Quelqu'un qui devient plus familier ou qui se montre plus ambitieux qu'on ne le voudrait.

Ce cheval bat à la main, Il secoue la tête et lève le nez. Il tire à la main, Il résiste aux efforts du cavalier. Il force la main, Il s'emporte malgré le cavalier. Il pèse à la main, Il a la tête pesante ou il s'appuie sur le mors de manière à lasser la main du cavalier. On dit, dans un sens analogue, Ce cheval est lourd, dur, pesant à la main; et, dans un sens contraire, Ce cheval est léger, est sensible à la main.

En termes de Jurisprudence, MAIN s'emploie dans un certain nombre de phrases et de locutions.

Lever la main, Lever la main pour jurer et affirmer par serment.

Saisir entre les mains de quelqu'un, S'opposer à la délivrance des sommes qui sont entre ses mains. Il a saisi entre les mains de tous les débiteurs.

Fig., Donner d'une main et retenir de l'autre, Faire donation de quelque chose, sans néanmoins s'en dessaisir.

Se payer par ses mains, S'indemniser sur ce qu'on a en sa possession et qui appartient à un débiteur.

MAIN, à certains jeux de Cartes, s'emploie figurément dans diverses acceptions. Ainsi on dit :

Avoir la main, Être le premier à jouer.

Donner la main, Céder à son adversaire l'avantage de cette primauté.

Perdre la main, Perdre cet avantage, pour avoir mal donné les cartes.

Avoir la main, faire la main, Donner les cartes. Faire une main, Faire une levée. Il a fait trois mains, j'espère bien faire la quatrième.

MAIN se dit figurément pour Écriture, caractère d'écriture d'une personne. Avoir une belle main, une bonne main. Imiter la main de quelqu'un. Je reconnais sa main.

MAIN, désignant la Façon de travailler de l'ouvrier, s'emploie spécialement dans l'expression Petites mains, Ouvrières de couture ou de modes qui débutent dans le métier.

MAIN se dit aussi en parlant de Mariage, comme dans ces phrases : Demander la main de quelqu'un, Faire une demande en mariage. Donner sa main à quelqu'un, L'épouser. Accepter, refuser la main d'un jeune homme. Accorder la main d'une jeune fille. Ses parents m'ont accordé sa main. Offrir sa main à une jeune fille. Disposer de sa main.

Mariage de la main gauche, Mariage qu'un prince contracte avec une femme d'un état inférieur, à qui il donne, dans la cérémonie nuptiale, la main gauche au lieu de la main droite. Les enfants qui naissent de ce mariage n'héritent pas de la dignité et du pouvoir de leur père. Épouser une femme de la main gauche se dit par ironie d'une Union illégitime.

MAIN s'emploie aussi dans plusieurs phrases figurées, où il marque Action, puissance, influence, pression. La main de Dieu se fait reconnaître ici. Il faut s'humilier, s'abaisser sous la main de Dieu. La main de l'autorité se fait sentir. Je suis l'oeuvre de ses mains, l'ouvrage de ses mains. On sent la main de quelqu'un d'énergique en cette affaire.

Main de justice, Espèce de sceptre que le roi portait le jour de son sacre et dans les grandes cérémonies, au haut duquel était la figure d'une main, emblème de la puissance.

Avoir une main de fer, Avoir une autorité inflexible.

Avoir la main légère, User de son pouvoir, de son autorité avec une habile modération.

Avoir la main dure, Être sévère dans le commandement ou le châtiment.

Avoir la haute main, Avoir, en quelque chose, l'autorité supérieure. Adressez-vous à lui, c'est lui qui a la haute main dans cette affaire.

Avoir la main longue, Avoir une grande influence, avoir de grands moyens de servir ou de nuire. Faites-vous bien venir de cet homme: il a la main longue.

Tenir quelqu'un, quelque chose dans sa main, Les tenir en sa puissance, en disposer souverainement. Dieu tient le sort des hommes dans sa main. Il tient toute cette administration dans sa main et la dirige à son gré.

MAIN se dit aussi des Extrémités des animaux, quand il y a un pouce distinct des quatre autres doigts. Les singes ont des mains au lieu de pieds de derrière.

Il se dit même des Pieds de quelques oiseaux, comme les perroquets et les oiseaux, de fauconnerie.

Il se dit quelquefois, par analogie, en termes de Botanique, des Filaments en forme de vrille par lesquels les plantes sarmenteuses et grimpantes s'attachent aux corps voisins.

Il se dit aussi, en termes d'Arts, d'une Pelle de tôle, à manche de bois très court, dont on se sert pour prendre et pour porter de la braise, de la cendre, etc.; d'une Sorte d'anneau de fer à ressort, qui est au bout de la corde d'un puits, et dans lequel on passe l'anse du seau; d'une Sorte d'anneau qui est au-devant d'un tiroir et qui sert à le tirer; d'un Morceau de galon plat attaché au-dedans d'une voiture et qu'on tient à la main pour se soutenir; de la Partie d'une rampe d'escalier sur laquelle se pose la main; d'un Assemblage de vingt- cinq feuilles de papier. Une main de papier. Le papier se vend à la feuille, à la main et à la rame. Vingt mains font une rame.

Main courante se dit, dans la Tenue des livres, du Registre appelé autrement Brouillard.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

main

Main, f. monosyl. Manus. l'Espagnol et l'Italien le disent de mesmes, Mano.

La main dextre, Dextera, vel Dextra.

La main senestre ou gauche, Laeua, Sinistra.

Main chargée et pleine de quelque chose, Grauis manus.

La main est toute engourdie et endormie, Obtorpuit manus.

Mains ensanglantées, Respersae manus sanguine, Sanguinolentae manus, Cruentae, vel Cruentatae.

Mains estenduës, Sparsae manus.

Main foible ou paresseuse au combat, Frigida bello dextera.

Mains ouvertes, Manus expansae.

Main seure à jetter, Certa manus.

Main qui donne medecine et remede, Medica manus.

Main qui fait des gestes, Manus arguta.

Mains qui touchent par tout, qui n'ont point d'arrests, Procaces manus, Fretillardes.

Fers à ampestrer les mains, Manicae, voyez Manotes.

A main gauche, Sinistrorsum, Laeuorsum.

Changer de main, c'est ores et proprement mettre d'une main en autre quelque chose que ce soit qu'on tienne en la main. Ores et par translation changer de seigneur et possesseur, selon ce on dit un fief changer de main c'est à dire, de seigneur et possesseur d'iceluy, par vendition, donation, eschange, mort et autres manieres, Dominum commutare. Cela est prins ainsi, parce que ce mot Main se prent aussi pour pouvoir, possession et tenuë, car on dit je l'ay en main, c'est à dire, en ma puissance, tenuë et possession, tout ainsi que Manus en Latin, dont est fait manumittere, mettre hors de sa puissance, domaine, et possession, un esclave.

Avoir la main seure, tantost se prend pour ruer droict où est visé, comme, Cet arbalestrier a la main seure, Huic certa manus est, neque a scopo aberrans. B. ex Quintil. Et tantost pour estre loyal, comme, Ce serviteur a la main seure, ou est seur de la main, Fur non est, Is est cui tuto rem credas. Et au contraire, Il n'est pas seur de la main, Fur est. La raison de cette seconde signification est que les larrons estoient appelez en Latin, Manuarij, disans aussi Manuare, pour desrober, combien que A. Gell. livr. xvi. chap. vii. blasme ces dictions de nouveauté és Mimes de Laberius ancien Poëte Latin. A ce fait cette autre maniere de parler, avoir les mains crochues, c. estre larron.

Se mettre és mains ou entre les mains de quelqu'un, Sese illi permittere. Liu. lib. 23. Sese illi committere, et illius mandare fidei. Terent. Andr.

Prendre ses procez et affaires en main, Eius causas suscipere. Liu. lib. 23.

Venir aux mains, Conserere manus cum hoste. Liu. lib. 23. cominus pugnare. Venir alle mani. Ital.

A pleine main, Plena manu.

Estre prest et en main, Ad manum esse alicui.

De main en main, Tradere per manus, traditione accipere.

Faict de la main, Manufactus.

Fait de main de maistre, Opus artificiosum, Fabrefactum. Dont l'opposite est qui n'est fait de main de maistre, Opus rude, haud affabre factum, Impolitum, Infabrefactum.

Qui est fait de main, et non de nature, Factitius.

Esprouver aucun de longue main, Lente probare aliquem, multo vsu explorare.

Autant qu'on peut empoigner en la main, Manualis.

¶ Toutes les choses sont remises en la main d'un qui a toute puissance, Omnia ad vnius arbitrium sunt delata.

¶ Aller à la main gauche, Laeuam petere.

Assembler main à main, Manus manibus componere. Il se peut prendre pour ce qu'on dit militairement venir aux mains, et combatre main à main, qui est apres que tous les coups de traict sont passez. Ce que l'Italien dit, et Venir et essere alle mani, et menar le mani. Conserere manu, et manus conserere. Laquelle maniere de parler a esté familiere aux Grecs. Herodot. liv. 3. horéôn dé min argon épéstéôta ho Gôbruês éiréto, hoti ou khrêtai tê khéiri. Pourquoy il ne frappoit de son espée. Et Appollon. lib. 2. Argonaut, khérsin énantia khéiras émixé. La raison de telle maniere de parler est que les armes dont on combat de pres, et qui ne sont de coup volant, comme harquebouses, arbalestres. arcs, et semblables, sont demenées de la seule dexterité de la main. Aussi le mot Grec égkhéiridion, formé de khéir, qui signifie main, Se prent pour espée, dague, et telle façon de glaives. Herodot. lib. 3. Plutarch. In Numa et Camillo. A quoy semblent se conformer, et le nom de poignard, qui est formé de poing, parce que ceux qui le portent y ont communéement en parlant la main dessus (si on ne vouloit dire qu'il vint de poindre) et le nom de Mandoussiane, qui est une sorte de courte espée et large, et ces manieres de parler, venir l'espée au poing, mettre la main à l'espée, avoir bien les armes en la main, voyez Armes.

Avoir en main et prest, Habere in promptu, Sub manu habere.

Livres que j'ay entre mains, et que j'escri, Libri quos in manibus habeo, prae manibus.

Ayant sa main retirée et reculée en arriere, Retrorsa manu.

Qui n'a qu'une main, Vnimanus, Manchus. Manchot.

Qui a cent mains, Centimanus.

Bailler la main, Dextram tendere. Qui est une maniere de dire dont on use quand une femme mariée preste consentement pardevant notaires pour l'alienation ou hypotheque d'une chose où elle a droict, et se dit ainsi, parce que pour promettre avec ou sans serment, les parties mettoient la main dextre en celle desdits notaires, ainsi que aucuns l'usent encore. Ainsi on dit la femme a baillé la main, Dextra data venditioni assentita est, Dare dexteram in id quod rogatur obligandae fidei. La raison de telle maniere de parler peut estre prinse de ce que ceux qui requeroient instamment aucun de quelque grace, leur empoignoient la main dextre, et que le requis octroyant ce dont il estoit supplié, pour seureté de promesse bailloit sa main dextre au requerant, comme le met Tite Live au livre 30. en la requeste de Sophonisba au Roy Massinissa. Ou bien de ce que les rendus en bataille bailloient leur main dextre au vainqueur, pour signe de la foy de leur captivité, laquelle estant prinse par le vainqueur, de là en avant estoient appelez Mancipes: C'est à dire prins par la main en droict de servage. L'usage est encore en cas de promesses en asseurer la foy et authorité par s'entrebailler les mains dextres. Et les chevaliers en deffis jettent le gantelet, de la main dextre pour gage de leur deffiance.

Bailler entre les mains d'autruy, Sequestra in manu dare, Sequestrare.

Bailler ses mains, confessant estre vaincu, Manus alicui dare. Cela se usoit entre les peuples de jadis, dont les Romains avoient fait ces mots, usitez entre eux, Manucapere, Mancupatio, Mancupium. Mais les François n'usent de telle maniere de faire, ne de dire, combien que l'homme d'armes, singulierement les Princes estans contraincts de se rendre à l'ennemi, aient accoustumé de jetter ou bailler le gantelet de la main dextre, qui est le signe par lequel ils se rendent prisonniers de guerre.

Bailler par ses mains et de sa bourse, De domo vel ex arca numerare. Mais on dit, bailler ou recevoir par les mains d'un quidam, Numerare aut accipere, opera ac interuentu cuiuspiam. Ce qui est usité quand autre que le debiteur paye ce qui est deu.

Cheoir entre les mains d'aucun, Cadere in potestatem alicuius, In manus alicuius incidere.

Ils combatoient main à main, Cominus gladiis rem gerebant. Bud. ex Liuio.

Douleur de mains, Chiragra.

Escrire de sa propre main, Sua manu scribere.

Cedule escrite de la main propre, Chirographus.

Fermer la main, Pugnum facere.

Frapper des mains l'une contre l'autre. Manus collidere.

Frapper les mains l'une contre l'autre en signe que quelque chose nous plaist, et en donnant louange à aucun, Plaudere, Applodere, Complodere.

Le signe de frapper des mains l'une contre l'autre en signe de joye, Plausus, huius plausus.

Qui frappe des mains l'une contre l'autre en signe de joye et donnant louange, Plausor.

Garder ses mains de toucher à quelque chose, Manus comprimere.

Ce qui vient sans mains mettre, Aduentitius.

Jetter les mains sur quelqu'un, Manus alicui intentare, Manus in aliquem iniicere.

Mettre la main à quelque chose, Manum alicui rei admouere.

Mettre la main à l'espée, Distringere gladium.

Mettre la main à la Republique, Capessere Rempublicam.

Mettre la main sur quelque chose, et s'en saisir, Manum iniicere alicui rei.

Mettre la main sur la bouche, Manum ad os referre.

Mettre la main sur quelqu'un, et le battre, Manus alicui afferre.

Mettre tout entre les mains d'aucun, Omnia ad vnum referre.

Mettre les biens d'aucun en la main du Roy, ou de la communauté du peuple, Possessum publice in bona alicuius mittere.

Quand on met la main à la besoigne, Actio.

Je n'y mis jamais la main, Nunquam huic rei manum admoui.

Oster de ses mains, De manibus deponere.

Qui a autresfois passé sous la main du maistre, Politus e schola.

Prendre à la main, Manu tollere.

Prendre entre les mains et lire, In manus sumere.

Prendre par la main, Prehendere dextram.

En peu de temps il avoit reduit en sa main et l'homme et l'estat, Breui tempore totum hominem totamque eius praeturam possederat.

Retenir et arrester la main de celuy qui s'efforce de desgainer, Gladium educere conantis morari manum.

Tendre la main, tantost se prend pour relever ou retirer aucun d'un mauvais passage, Opem alicui manus prehensione ferre. Et tantost pour demander l'aumosne, Assem rogare. Juvenal. Manus extensione eleemosynam rogare.

Tenir la main à quelqu'un en quelque affaire, est l'aider et favoriser.

Toucher en la main d'un autre, Dextras dare.

Ces livres-là ne tomberent jamais entre mes mains, Nunquam libri illi in manus meas inciderunt.

Toucher en la main d'aucun en signe d'accord, Dextram dextrae committere, Dare manum alicui.

Vendre par les mains des officiers, Per praeconem vendere.

Venir és mains de son ennemi, Venire, vel Deuenire in manus inimici.

Venir entre les mains d'aucun, et en sa merci, Poni in potestate alicuius.

Ce qui leur venoit à main, Quod ad manum veniebat.

Mains croches, ou bien prenans, Manus inuolatrices. B.

Avoir en sa main, ou en sa puissance l'issue ou evenement des procez, Causarum fata regere. B.

Main ferme ne se prend pas seulement pour main asseurée, qui ne tremble ni ne varie point, Stata fixaque manus. Mais aussi pour la baillée d'un heritage à un fermier à certain temps et pris d'argent ou moison. Ainsi on dit, Il luy a baillé tels heritages à main ferme, parce que le bailleur pendant le temps du bail par luy fait, ne peut sans convention contraire, ou defaut se mouvant du fermier, tirer hors des mains d'iceluy les heritages ainsi baillez que dit est. Qui peut estre la cause que le preneur à main ferme porte le nom de Fermier, Locatio fundi, praediorum rusticorum locatio.

Main se prend par metaphore pour un instrument de fer à croc, avec lequel au combat naval on accroche le navire de l'ennemi pour l'investir, et le happe l'on comme d'une main, Harpago, qui est la cause que les pressuriers donnent nom de main à un instrument à trois crochets de fer, dont ils harpent le marc du raisin quand ils le veulent applanir et esgaler sur la mer apres une taille pour luy donner une serre. On appelle main aussi cet instrument de fer qui tient à la corde d'un puis qui empoigne l'anse du seau, et empesche que le seau ne s'eschappe. On veut aussi appeler mains les deux pieds de devant d'un cheval, et approprier le nom de pieds à ceux de derriere. Et selon cela le commandeur Chacon Espagnol en son traitté des signes d'un bon cheval, dit: Ninguna mano blanca, C'est à dire nul pied de devant blanc.

¶ Main levée. Faire main levée à l'un des deux contendans d'un benefice par le trespas de l'autre, Manum tollere caduci iure, superstitique sacerdotij controuersiosi possessionem decernere. B.

Demander main levée par le trespas de son competiteur, Postulare vt caducorum iure manus iniectio soluatur, et res a sequestre abeat.

Main mise, f. C'est un seul mot fait de ces deux, main et mettre, et signifie saisie, Manus iniectio. Bud. Car en saisissant on met la main dessus: comme, Le seigneur Feodal exploicte en pure part le fief mouvant de luy, et fait les fruicts pendant la main mise.

Main mise par faute d'homme, droicts, et devoirs non faits, C'est la saisie qu'un seigneur Feodal faict d'un fief mouvant de luy, n'estant clos et relevé par aucun qui se presente à faire les foy et hommage, et payer les droicts pour ce deubs, Manus a patrono in beneficium suum iniecta, quod in causam caduci deuenerat. B.

Main mise feudale, ou Saisie, Manus iniecta iure patrocinij. B.

Mainmorte, f. penac. Est une diction composée de ces deux mots entiers, Main et Morte, qu'on dit aussi par inversion Mortemain, et se prend pour un possesseur de fief, ou autre heritage qui n'est mourant ne confisquant, c'est à dire qui ne fait par mort ne confiscation, ouverture de droicts feodaux ne censiers, ne muance de tenancier, comme sont Chapitres, Abbayes, Eglises, communautez et semblables. Les gens et possesseurs desquelles on appelle pour cette raison Gens de mainmorte, par mots divisez esdits deux entiers. Selon ce on dit un fief, ou heritage estre en main morte, quand il est cheut et entre au domaine de telles maisons, parce qu'il ne change onc de main pour estre devenu de condition inalienable, Manus plane emortua. B. Ce que par aucune similitude on pourroit rendre par Manus orcina. Mais ores que telles gens soient de mainmorte, si ne sont pourtant les fiefs et rotures par eux tenus, admortis de ce seulement qu'ils sont tombez en leurs mains, si le benefice d'admortissement du Prince souverain et consentement du seigneur feodal ou censier immediat n'y survient.

Saisir et mettre en la main du Roy, Manum Regis iniicere. B.

Main souveraine, c'est plus haute puissance, et main hautaine. Ainsi on dit, que estant disputé entre plusieurs seigneurs, chacun d'iceux querellans le fief ouvert mouvoir de luy, le vassal doit estre receu à la foy et hommage par main souveraine, c'est par le seigneur dont ledit fief est tenu en arrierefief, Pro iure maioris imperij, Auspiciis maioribus, summorumque fascium iure. B.

Main tierce, Media manus. B. ex Quintil.

Il en a vuidé ses mains, Possessio auulsa ab eo de manibus et emancipata. B.

¶ Une main de papier, Scapus chartae. B.

Main, id est, Mane. Soir et main, id est. Soir et matin. Inde, Demain, quasi de mane.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

main


MAIN, s. f. [Mein, monos.] Partie du corps humain qui est au bout du brâs, et qui sert à toucher, à prendre, etc. "Les doigts de la main. Le creux, le dedans, la paûme de la main. "Tendre la main; tenir, avoir à la main ou dans la main. "Se laver les mains, et non pas laver ses mains. = Il se prend au fig. en plusieurs sens. — Doner la main, a deux significations, outre celle, dont nous parlons ci-dessous. Il veut dire, assister quelqu'un: "Donez-moi, ou prêtez-moi la main en cette afaire. "Les jours pâssent, et je leur done la main, pour aller plus vîte. Sév. "Il est nécessaire pour la perfection de cette science, (l'Astronomie) que les Astronomes de tous les siècles se transmettent leurs connoissances et se donent la main. Fontenelle. "Grenier public, où l' abondance et l'architectûre se donent la main. Coyer; ou doner la main droite et le lieu d'honeur. "Un Prince ne done jamais la main à un simple Gentilhomme, en quelque lieu que ce soit. — Doner, ou prêter les mains à une chôse, y consentir. "Il a doné les mains à ce mariage. — Cette expression ne s'emploie que relativement aux chôses; elle ne se dit pas des persones en régime. On dit: je done volontiers les mains à cette proposition; mais on ne dit pas, je vous done les mains, pour dire, je consens à ce que vous me proposez. * Triomphez, ô Sociniens, s'écrie M. Bossuet, M. Jurieu vous done les mains. = Doner la main, épouser. Quelques Poètes ont usé de cette expression.
   O coeur vraiment romain,
   Et digne du héros, qui vous dona la main.
       Corn.
  Hélas! suis-je en état de vous donner la main?
Doner la main, en ce sens n'est pas une expression bien française. Ces Poètes disent aussi: prêter la main, en parlant d'un mariage aparent. Prêtez-moi votre main, je vous done l'Empire. Mais, prêtez-moi votre main, prêtez-moi votre bras, signifieraient plutôt et plus proprement, aidez-moi à me venger. Bouh. = Doner la main à une Dame, c'est lui aider à marcher, à monter en carrosse, etc.
   Avoir la main rompûe à une chôse, l'avoir faite et dressée à cela. "Il a la main rompûe à l'écritûre. = Être en main ou à main pour.... c. à. d. comodément, en situation de le faire facilement. "Je ne suis point en main ou à main pour faire cela. = Avoir les armes bien en main, être adroit aux armes.
   Mettre aux mains, se dit dans le propre et dans le figuré. "Sans vouloir ici la mettre aux mains (la milice romaine) avec la milice française. Bossuet. "Je la suivis dans la cuisine, où elle me mit aux mains avec un reste de ragoût de la veille et des volâilles froides. Mariv. = Mettre la dernière main à un ouvrage, le retoucher, le polir. — C'est une expression consacrée, qui n'est pas susceptible de changement dans les mots qui la compôsent. On peut pardoner à la Fontaine, qui avait besoin d'une syllabe de plus, d'avoir dit:
   J'ai du moins ouvert le chemin:
   D'autres pourront y mettre une dernière main.
Mais je n'excuserais pas si volontiers M. Racine le fils, qui écrivait en prôse, d'avoir répété plusieurs fois dans les Remarques sur les Tragédies de son Père, que: "cet illustre Poète n'a point mis une dernière main à ses Tragédies profanes. — Pourquoi ne pas dire, la dernière main, puisque c'est l'usage. — M. Moreau dit, dans le même sens, doner la dernière main: "Plan auquel Charlemagne dans la suite, comptoit doner la dernière main. Cet illustre Auteur dit ailleurs, mettre, etc. L'Acad. dit les deux: mais il me semble que mettre est beaucoup plus usité. — Il y a des Auteurs qui ont dit, mettre la première main, pour dire comencer. "J'eus le bonheur d'être choisi, pour mettre la première main à cette bone oeuvre. Lettr. Édif. — Cette façon de parler est douteûse. L' Académie ne la met pas.
   Porter les mains sur, atenter à, etc. "Je ne puis consentir qu'on porte les mains sur l'Oint du Seigneur. Rayn. = Lier les mains à.... empêcher d'éxécuter ce qu'on voudrait faire. "Ce discours n'éleva pas l'ame de Jean, mais il lui lia les mains. Id. "Il a une puissance absolûe pour faire le bien, et les mains liées, dès qu'il veut faire le mal. Télémaque. = Pâsser par les mains: "Tout lui pâssoit, pour ainsi dire, par les mains: il vouloit tout conoitre par lui-même. Vertot. Révol. Rom. L'expression ne me paraît pas assez conforme à la dignité de l'Histoire. = Prêter main forte, soutenir, apuyer de son autorité.
   Prêter main forte à mon foible courroux.
       Rouss.
Faire main bâsse sur; tuer, massacrer. "Ils se mirent... à faire main bâsse sur tout ce qui s'oposoit à leur furie. Mde. Dacier. Odyss. — On l'emploie aussi au fig. "Vous avez agi en homme de goût, lorsque vous vous êtes déterminé à faire main bâsse sur les questions plutôt métaphysiques que physiques, que Descartes a cru devoir faire entrer dans la 2e partie de son livre des Principes. Paulian. = Batre des mains, aplaudir. = Faire tomber les armes des mains, fléchir, apaiser.
   On dit figurément, mettre la main à l' oeuvre. Bossuet a dit simplement, mettre la main à, pour dire, se méler, prendre conaissance de: "Déjà cette opinion partageoit les esprits, lorsque le Magistrat y mit la main. — Cette expression est bone dans le propre, mais elle ne vaut rien dans le figuré. Mettre la main à une opinion, n'est pas une métaphôre naturelle. = Il y a de la diférence entre, mettre l'épée à la main, et mettre la main à l'épée. Voyez ÉPÉE. — On peut dire aussi que, mettre le chapeau à la main, et mettre la main au chapeau, sont diférens. Le premier marque qu'on se tient quelque tems la tête découverte; au lieu que le 2d montre qu'on fait une simple révérence, en ôtant le chapeau et le remettant incontinent aprês. Andry. On dit toujours, mettre la main à la plume, et jamais mettre la plume à la main.
  Se payer par ses mains, se dit au fig.
  Je conclus donc que notre vrai salaire
   Doit se borner au plaisir de bien faire;
  Et qu'à l'écart laissant là les humains,
  Le Sage doit se payer de ses mains.
       Rouss.
Faire sa main; faire des profits illicites.
  Tout fait sa main, le plus habile
  Done aux autres l'exemple, etc.
       La Font.
Rem. On lit dans la Bérénice de Racine.
  Et lors qu'avec mon coeur ma main peut s' épancher,
  Vous fuyez mes bienfaits tout prêts à vous chercher.
On ne dit point, de la main, comme on le dit du coeur, qu'elle s'épanche: la métaphôre n'est pas juste. Mais l'épanchement du coeur a produit celui de la main. N'en faisons pas un crime au Poète. Tenons-lui plutôt compte de la beauté de la pensée.
   On dit, en style proverbial: avoir les mains dans les poches; ne rien faire. — Avoir les mains nettes; ne pas s'être laissé corrompre par argent. — N'y pas aler de main morte; fraper de toute sa force. Fig. "Ce Critique n'y va pas de main morte. — Mettre à quelqu'un le pain à la main: être la première cause de sa fortune. — Tenir la main haute à une persone, la tenir de court; lui lâcher la main; ne plus y veiller, la laisser faire. Voyez DOIGT, LâCHER, LAVER. = On dit encôre de quelqu'un qui a envie de se batre, que les mains lui démangent. = Je vous baise les mains; c. à. d. je ne crois rien de ce que vous dites; ou bien: adieu, j'y renonce.
   S'il est ainsi, je vous baise les mains.
   Une main lâve l'aûtre, il faut s' aider les uns les aûtres. = Entre gens de la même profession, il n'y a que la main; ils ont les mêmes principes, ils doivent être unis. = Coup de main, coup hardi. À~ la guerre, ataque qui se fait sans artillerie. Homme de main, homme d'exécution. Homme de la main, homme propre à bien exécuter ce qu'on lui ordonera. = En un tour de main, en aussi peu de tems qu'il en faut pour tourner la main. = Sous-main, secrètement. = Sous la main, prês, à portée. Il signifie quelquefois sous la dépendance. "Ce jeune homme est sous sa main. "Il se remet tout entier sous la main de la douleur. Jér. Dél. "Sa plaie saigne et s'aigrit encôre sous les mains qui tentent de le guérir. Ibid.Dans la main de a le même sens. "Arbitre de mes pensées, il me comande, il m'instruit, et mon âme est dans sa main. — Ces trois dernières phrâses sont d'un style plus noble que les précédentes, et les suivantes. = De main en main, d'une persone à l'aûtre. — On le disait autrefois pour successivement. "Plusieurs évènemens qui arrivèrent de main en main. = De la main à la main, secrètement, en parlant d'argent doné. "Quelques louis donés de la main à la main. = De longue main, depuis long-tems. "Il étoit venu au Concile avec une acusation méditée, et des récits préparés de longue main. Moreau. "Il (Pierre de Cugnières) prononça~ un discours qu'il avoit préparé de longue main. Villaret, Hist. de France. = À~ la main se dit au propre avec tenir, et en main, au figuré avec avoir. * Pluche dit, en mains au pluriel. "On a en mains la facilité la plus grande, etc. On dit, avoir en main au singulier, et entre les mains au plur. = À~ pleines mains, largement.
   Et cet amas de fécondes largesses,
   Que jour et nuit, la mère des humains,
   Sur ses enfans, répand à pleines mains.
       Rouss.
Tours de main, tours de subtilité et d'adresse; tels que ceux des Escamoteurs.
   MAIN de papier, vingt-quatre ou vingt-cinq feuilles de papiers pliées ensemble. "Il y a vingt mains à la rame.
   MAIN entre dans la composition de plusieurs mots. = Main-d'oeuvre; le travail de l'ouvrier. Il n' a point de pluriel. "La main d'oeuvre de cet ouvrage a beaucoup coûté. = Main-levée, permission qu'on obtient en justice, de disposer des biens qui ont été saisis. "Il a eu, il a obtenu main levée. Il se dit sans article. — Doner main levée, faire un acte par lequel on se désiste de la saisie. = Main-mise, saisie. Il se dit sur-tout de la féodale. — User de main-mise, fraper quelqu'un. Il est bâs et populaire, à mon avis. L'Acad. ne dit pas à quel style il apartient. Il ne va pas de main-morte, il va rudement. = Main-morte; état de ceux dont les biens ne sont pas sujets à mutation, comme les gens d'Église, Hopitaux, etc. qu'on apèle gens de main-morte, ou main-mortables. — On apèle aussi gens de main-morte, les habitans de certains lieux, qui sont dans quelque sorte de servitude.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Traductions

main

Hand, Mainhandhand, boek papier [25 vel], haak, handbreedte, handschrift, handvat, klauw, pootיד (נ), יָד, ידhandrukahåndχέριmanomanokäsikézhöndmanorankahåndrękamãomână, mînăрука, ладоньhandmkonoeltay, bàn tayيَدrukaมือръка (mɛ̃)
nom féminin
partie du corps qui est à l'extrémité du bras tenir qqch à la main écrire de la main gauche
faire qqch sans utiliser de machine laver à la main
tenir qqn par la main
à la personne à qui est destiné qqch remettre un colis en mains propres
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main

[mɛ̃] nf
(de primate)hand
à deux mains → with both hands
à la main [tenir] → in one's hand; [fabriquer, tricoter] → by hand
à main droite → to the right
à main gauche → to the left
sous la main → to hand, at hand
Est-ce que tu as son adresse sous la main? → Have you got his address to hand?
la main dans la main → hand in hand
se donner la main → to hold hands
Donne-moi la main! → Give me your hand!
donner la main à qn, tendre la main à qn → to hold out one's hand to sb
se serrer la main → to shake hands
serrer la main à qn → to shake hands with sb
Les deux présidents se sont serré la main → The two presidents shook hands.
(autres locutions) haut les mains! → hands up!
à main levée (ART)freehand
à mains levées [voter] → with a show of hands
attaque à main armée → armed attack
à remettre en mains propres [courrier, document] → to be delivered personally
de première main [renseignement] → first-hand (COMMERCE) [voiture, article] → with only one previous owner
faire main basse sur → to help o.s. to
mettre la dernière main à → to put the finishing touches to
mettre la main à la pâte (fig) → to lend a hand
avoir la main (CARTES) → to lead
passer la main (CARTES) → to hand over the lead (fig) → to step down
s'en laver les mains → to wash one's hands of it
Je m'en lave les mains → I wash my hands of the whole thing.
se faire la main → to get one's hand in
perdre la main → lose one's touch
avoir qch bien en main → to have got the hang of sth
en un tour de main → in the twinkling of an eye
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005