dérober
dérober
v.t. [ de l'anc. fr. rober, voler ]se dérober
v.pr.DÉROBER
(dé-ro-bé) v. a.PROVERBE
- Est bien larron qui larron dérobe.
SYNONYME
- DÉROBER, VOLER. Dérober, c'est priver de ce qui s'appelait autrefois robes, désignant tout ce qui composait l'équipement et l'approvisionnement d'un homme. Voler, c'est prendre par fraude ou par violence un bien quelconque appartenant à autrui. Voler est donc plus général. Un marchand qui trompe sur le poids, vole sa pratique, mais ne la dérobe pas. De plus, dérober, c'est prendre en cachette et sans violence quelque chose de matériel ou que l'on considère comme tel ; c'est pour cela que à la dérobée veut toujours dire en cachette, sans être aperçu. Qui dérobe vole ; mais celui qui vole à force ouverte ne dérobe pas.
HISTORIQUE
- XIIIe s. Que de son pucelage l'eüssiez desrobée [, Berte, CXV]Et quant illec se voit cheüe, Sa chiere et son habit remue, Et si se desnue et desrobe, Qu'ele est orfenine de robe [, la Rose, 6175]Le sire du Chastel estoit criez [accusé par le cri public] de desrober les pelerins et les marchans [JOINV., 210]
- XIVe s. Et trestoute la ville au baron s'acorda ; Et il lor rendi ce que on leur desroba [, Baud. de Seb. IX, 876]
- XVe s. Un de ses gens avoit desrobé en une eglise le tabernacle. - Comment avez vous osé rober cette eglise ? [LOUIS XI, Nouv. V]
- XVIe s. Frere Jean de la main se pend aux branches, cependant que le cheval se desrobe dessoubz luy [RAB., Garg. I, 42]Sa femme, le voyant pensif, cuydoyt qu'on l'eust au marché desrobbé [ID., Pant. IV, 47]Les pillars desrobboyent grain et pain par les champz [ID., ib. IV, 61]La crainte, le desir, l'esperance nous desrobent le sentiment de ce qui est [MONT., I, 12]De nuict et comme à la desrobée [ID., I, 39]Victoire desrobée [obtenue par surprise] [ID., I, 29]Tout ce que vous vivez, vous le desrobez à la vie, c'est à ses despens [ID., I, 85]Desrobbons icy la place d'un conte [ID., I, 110]Je me desrobois de tout aultre plaisir pour les lire [ID., I, 196]Un simple garsonnet de Lacedemone ayant desrobé un regnart [ID., I, 306]Je feus contrainct, par sa cruauté, de me desrobber de luy et de m'en fuyr [ID., II, 193]En se desrobbant tout à faict du sentiment [par la mort] [ID., II, 301]Une jouissance desrobbée [secrète] [ID., III, 351]Les vices, quand ils se desrobberont à la vue de l'humaine justice [ID., II, 304]Si j'ay volé ou desrobbé quelqu'un [ID., III, 245]Desrobber ung larron [voler un voleur] [DESPÉR., Cymbal. 78]Nous avons desrobé le prince et patron des robeurs [ID., ib. 89]Nature reluit aux bastards et enfants desrobés [faits à la dérobée] [YVER, p. 602]Les Toscans s'effroyerent tellement, que la plus part se desroba du camp et s'escarta çà et là [AMYOT, Publ. 16]Le chargeant d'avoir soubstraict et desrobbé partie du butin de la Thoscane [ID., Cam. 20]Tous ceulx qui avoient manié les finances de la chose publique avoient grandement pillé et desrobbé le public [ID., Arist. 10]Il les envoya par petites trouppes et à la desrobbée [ID., Timol. 18]
ÉTYMOLOGIE
- Dé.... préfixe, et le vieux français rober, enlever par vol (voy. ROBE) ; wallon, derôber ; picard, rauber, prendre, ravir. Robe a signifié ce qui équipe et approvisionne, et aussi la robe, le vêtement que l'on porte ; de là le sens de dérober des fèves, leur enlever leur robe, leur enveloppe.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- DÉROBER. Ajoutez :
dérober
Il se dit particulièrement d'un Auteur qui prend dans un autre quelque pensée, quelque passage, quelques vers et qui se les approprie. Il n'y a rien de bon dans son livre que ce qu'il a dérobé. C'est un hardi plagiaire, il dérobe des chapitres entiers.
Il se dit encore en parlant du Temps, des moments pris sur les heures que l'on consacre à ses affaires, à ses occupations ordinaires. Il dérobe chaque jour quelques moments à son travail pour venir prendre de mes nouvelles.
Faire quelque chose à ses heures dérobées, Prendre sur ses occupations ordinaires le temps de faire une chose. Je ferai ce mémoire à mes heures dérobées.
Il signifie en outre Cacher, empêcher de voir, de découvrir. Un mur lui dérobait la vue de la campagne. Un voile dérobait la statue à nos regards. Le vaisseau se déroba en peu de temps à nos yeux. Ils mirent à la voile, et bientôt tous les objets du rivage se dérobèrent à leur vue, à leurs yeux. À mesure que le jour baisse, les objets se dérobent insensiblement à la vue.
Escalier dérobé, Porte dérobée, Corridor dérobé, Escalier, porte, corridor qui servent à dégager un appartement et par lesquels on peut entrer et sortir sans être vu.
À LA DÉROBÉE, loc. adv. Secrètement, avec une sorte de mystère. Il s'en est allé à la dérobée. Ils ne se voient qu'à la dérobée.
Dérober sa marche, se dit d'une Armée qui fait une marche sans que l'ennemi s'en aperçoive. Ce général sut habilement dérober sa marche à l'ennemi. Dérober sa marche se dit aussi familièrement d'une Personne qui va d'un côté après avoir fait entendre qu'elle voulait aller d'un autre. Il signifie encore, figurément et familièrement, Cacher les moyens dont on se sert pour aller à ses fins. C'est un homme habile à dérober sa marche.
Il signifie également Soustraire. Dérober un criminel à la justice. Dérober quelqu'un au péril. Dérober à la vue de quelqu'un les objets qui lui rappellent des souvenirs pénibles. Il pénétra le secret que l'on cherchait à lui dérober. Se dérober aux coups de quelqu'un. Ils se sont jusqu'à présent dérobés à toutes les recherches. Les causes de ce phénomène se dérobent à l'intelligence humaine.
Se dérober d'une compagnie, ou simplement Se dérober, Se retirer d'une compagnie sans dire mot, sans être aperçu.
Se dérober à la discussion, et absolument Se dérober, Échapper volontairement à la discussion, la fuir ou esquiver une difficulté.
En termes de Manège, Ce cheval se dérobe de dessous son cavalier, se dit d'un Cheval qui, tout à coup, et par un mouvement irrégulier, s'échappe de dessous celui qui le monte.
Fig., Ses genoux se dérobent sous lui, Ses genoux vacillent et il a peine à se soutenir.
dérober
DÉROBER, v. a. [1re et dern. é fer.] 1°. Prendre en cachette ce qui apartient à autrui. "Dérober une montre, un manteau. — Neutralement: "Il est enclin à dérober. — Figurément, dérober à un Auteur une pensée saillante, des vers, etc. se les aproprier. "Dérober à quelqu'un la gloire d'une belle action; lui ôter la gloire qui lui est dûe. = 2°. Soustraire. "Dérober un homme à la colère du Prince, à la fureur du peuple. — Il régit à et non pas de. "Pacachunta fut la protectrice des Anglois: elle les déroba souvent de la cruauté de son père. Mercûre. C'est un faux régime. — On dit d'une armée, qu'elle dérobe une marche à l'énemi, c. à. d. qu'elle fait une marche sans que l'énemi l'aperçoive. = Figurément (st. famil.) dérober sa marche, c'est aler d'un côté, quoiqu'on ait fait entendre qu'on alait d'un aûtre. Plus figurément encôre, cacher les moyens dont on se sert pour aler à ses fins. = 3°. Se dérober, se retirer de... se dérober d'une compagnie, s'en retirer sans dire mot, sans qu'on s'en aperçoive. Il se dit quelquefois absolument. "Il s'est dérobé adroitement. = 4°. Se dérober à, se sauver de: "Il se déroba à ses coups, à la poursuite de ses énemis. 5°. Se dérober à la vue, disparaitre. "Le vaisseau se déroba bientôt à la vue, à notre vue. = 6°. Se dérober un repas (st. famil.), s'abstenir d'un repas qu'on a acoutumé de faire. — Celui qui a acheté fort cher une chôse, dit qu' il ne l'a pas dérobée.
Rem. Quelques Auteurs ont fait régir à se dérober, l'ablatif de la persone. "Alphonse se déroba de lui et se retira à Seville. D'Orléans. "Toutes les chôses qui se dérobent de nous. Mascar. — Se dérober régit plus régulièrement la prép. à (le datif) des chôses. "Confûse, interdite, elle ne savoit si elle devoit se dérober ou se livrer à cet enchantement. Marm.
DÉROBÉ, ÉE, adj. Escalier dérobé, qui sert à dégager un apartement, pour y pouvoir entrer, et en pouvoir sortir sans être vu. — Faire une chôse à ses heures dérobées, dans des momens qu'on ménage, et qu'on prend sur ses ocupations ordinaires. — En parlant des fèves, dérobé a un autre sens que celui du verbe dérober. — Il signifie qui est dépouillé de sa robe. "Fèves dérobées, dépouillées de leur première peau.
À~ LA DÉROBÉE, adv. Furtivement, en cachette. "Ils ne se voient qu'à la dérobée.
dérober
dérober (se)
dérober
entwenden, stehlensteal, back out, fence, abstract, nick, purloin, rob, secrete, tergiversateontvreemden, stelen, gappen, afhandig maken, onttrekken, verbergenגנב (פ'), שלח ידו ב-, גָּנַבsteelcisar, furtar, pisparstjæleŝtelihurtar, robar, sustraervarastaalopstelarubareabigere, clepere, clepserestjelekraśćfurtar, gatunar, larapiar, roubarderoba, furaвороватьknycka, sno, stjälaaraklamak, aşırmak (deʀɔbe)verbe transitif