ravir

ravir

v.t. [ du lat. rapere, saisir, emporter violemment ]
1. Plaire vivement à qqn : Cette visite a ravi les touristes charmer, enchanter ; déplaire, mécontenter
2. Litt. Prendre, soustraire par ruse ou par surprise : Il espère ravir plusieurs nouveaux marchés à la concurrence arracher
3. Litt. Arracher qqn à son entourage, à l'affection de ses proches : La guerre a ravi des êtres chers à toutes les familles enlever, prendre kidnapper
À ravir,
admirablement : Cette coiffure te va à ravir. Vous avez interprété ce morceau à ravir.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

ravir


Participe passé: ravi
Gérondif: ravissant

Indicatif présent
je ravis
tu ravis
il/elle ravit
nous ravissons
vous ravissez
ils/elles ravissent
Passé simple
je ravis
tu ravis
il/elle ravit
nous ravîmes
vous ravîtes
ils/elles ravirent
Imparfait
je ravissais
tu ravissais
il/elle ravissait
nous ravissions
vous ravissiez
ils/elles ravissaient
Futur
je ravirai
tu raviras
il/elle ravira
nous ravirons
vous ravirez
ils/elles raviront
Conditionnel présent
je ravirais
tu ravirais
il/elle ravirait
nous ravirions
vous raviriez
ils/elles raviraient
Subjonctif imparfait
je ravisse
tu ravisses
il/elle ravît
nous ravissions
vous ravissiez
ils/elles ravissent
Subjonctif présent
je ravisse
tu ravisses
il/elle ravisse
nous ravissions
vous ravissiez
ils/elles ravissent
Impératif
ravis (tu)
ravissons (nous)
ravissez (vous)
Plus-que-parfait
j'avais ravi
tu avais ravi
il/elle avait ravi
nous avions ravi
vous aviez ravi
ils/elles avaient ravi
Futur antérieur
j'aurai ravi
tu auras ravi
il/elle aura ravi
nous aurons ravi
vous aurez ravi
ils/elles auront ravi
Passé composé
j'ai ravi
tu as ravi
il/elle a ravi
nous avons ravi
vous avez ravi
ils/elles ont ravi
Conditionnel passé
j'aurais ravi
tu aurais ravi
il/elle aurait ravi
nous aurions ravi
vous auriez ravi
ils/elles auraient ravi
Passé antérieur
j'eus ravi
tu eus ravi
il/elle eut ravi
nous eûmes ravi
vous eûtes ravi
ils/elles eurent ravi
Subjonctif passé
j'aie ravi
tu aies ravi
il/elle ait ravi
nous ayons ravi
vous ayez ravi
ils/elles aient ravi
Subjonctif plus-que-parfait
j'eusse ravi
tu eusses ravi
il/elle eût ravi
nous eussions ravi
vous eussiez ravi
ils/elles eussent ravi
Collins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011

RAVIR

(ra-vir) v. a.
Enlever de force, par violence. Ravir le bien d'autrui.
Notre Seigneur a dit que.... le royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent [PASC., Lett. à Mlle de Roannez, 4]
À quoi bon ravir l'or au sein du nouveau monde ? [BOILEAU, Épître V]
Pâris le Troyen, retournant chez lui avec Hélène qu'il avait ravie [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t, I, p. 138, dans POUGENS]
Ce sont des gens qui ravissent le ciel plutôt qu'ils ne l'obtiennent [MONTESQ., Lett. pers. 57]
Fig.
Et ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour [J. B. ROUSS., Odes, III, 1]
Fig. Ôter, priver de.
Il n'a pas tenu à toi que tu ne m'aies ravi cette gloire [VAUGEL., Q. C VIII S.]
Et dans un si beau temps jamais l'air en fureur A-t-il si tôt ravi l'espoir du laboureur ? [ROTR., Bélis. II, 5]
Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur [LA FONT., Fabl. VIII, 1]
Ni les affaires ni les compagnies n'étaient capables de lui ravir le temps qu'elle destinait aux choses divines [BOSSUET, Yol. de Monterby.]
La mort a plus de prise sur une princesse qui a tant à perdre ; que d'années elle va ravir à cette jeunesse ! [ID., Duch. d'Orl.]
Heureux si j'avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d'une si belle histoire ! [RAC., Phèdre, I, 1]
Jérusalem, objet de ma douleur, Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes ! [ID., Athal. III, 7]
César nous a ravi jusques à nos vertus [VOLT., Mort de César, II, 2]
Se ravir, ravir à soi-même.
Ô mon fils, cher espoir que je me suis ravi ! [RAC., Phèdre, V, 6]
Il se dit de la destinée, de la volonté divine qui prive de la vie.
Princesse, le digne lien des deux plus grands rois du monde, pourquoi leur avez-vous été sitôt ravie ? [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Ô Seigneur, nous ravissez-vous Henriette par un effet du même jugement qui abrégea les jours de la reine Marie ? [ID., ib.]
La Parque, ravissant ou son fils ou sa fille, A-, t-elle moissonné l'espoir de sa famille ? [BOILEAU, Sat. X]
Ô dieux ! pourquoi me le ravir avant que j'aie pu le forcer de m'aimer ? [FÉN., Tél. XVII]
Il [Baratier, un enfant célèbre] n'avait que dix-neuf ans lorsqu'il fut ravi au monde [VOLT., Louis XIV, Écriv. Baratier.]
Fig. Charmer, faire éprouver un transport d'admiration, de joie.
Toutes vos actions me ravissent [VOIT., Lett. 78]
Vous me ravissez d'aimer les Essais de morale [de Nicole] [SÉV., 12 janv. 1676]
Cette face autrefois si majestueuse [de Jésus], qui ravissait en admiration le ciel et la terre [BOSSUET, 1er sermon, Passion, 2]
Ils [les grands hommes] pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font les objets extraordinaires [ID., Louis de Bourbon.]
Je me souviens qu'il nous ravissait en racontant comme en Catalogne.... [ID., ib.]
Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur Émouvoir, étonner, ravir un spectateur ! [BOILEAU, Ép. VII]
La jeunesse d'Iole, sur le visage de laquelle les grâces étaient peintes, ravit son cœur [d'Hercule] [FÉN., Tél. X]
Ravir à, entraîner à.
Et se laissant ravir à l'amour maternelle [CORN., Hor. I, 1]
Absolument.
Tantôt elle [l'imagination] amuse par des propos riants, d'autres fois elle ravit par la hardiesse de ses saillies [CONDIL., Conn. hum. II, 10]
À ravir, loc. adv. Admirablement bien.
Sans doute mon portrait Envers mon Isabelle aura fait son effet, J'y suis peint à ravir [SCARR., Jodelet ou le maître valet, I, 1]
Vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre [MOL., l'Av. II, 6]
Mlle Clairon, qui déclame des vers à ravir [VOLT., Dict. phil. Torture.]
Prenez vos ciseaux ; coupent-ils bien ? - à ravir [DIDER., Mém. Rêve d'Alembert.]

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Penre disons nos à la fois [parfois] por tolir, dont cil oiseal [ces oiseaux] ki les altres ravissent ont non, solunc lo latin, prendeor [, Job, p. 507]
    Sez-tu que nostre sires ravirat tun seignur à cest jur de vie ? [, Rois, p. 347]
    Cume urs à ki sunt raviz si ursetel [oursons] [, ib. 181]
  • XIIIe s.
    Seignor, oï avez maint conte, Que maint conteres vos aconte, Coment Paris ravi Helayne [, Ren. 3]
    Soustrere c'est tolir. ....ausit com se aucuns ravisoit aucun par force, et le destorbast qu'il ne venist à jor, Liv. de just. 86. Et en tel maniere [les autours] les entrelaissent [leurs petits] à norrir, porce qu'il apraignent à ravir [BRUN. LATINI, Trésor, p. 197]
    Dieux ravi la moie ame d'emmi les chaiaus [les petits] des lions [, Psautier, f° 67]
    Il laissent les chevax ravir [courir impetueusement], Si se vont fort entreferir [, Partonop. ms. de St-Germ. f° 170, dans LACURNE]
    Tant ai dedans mon cuer de joie, Qu'il est touz en deduit ravis [JUBINAL, t. II, p. 191]
    Sa parole est prophecie, S'ele rit, c'est compaignie ; S'ele pleure, devocion ; S'ele dort, ele est ravie ; S'ele songe, c'est vision [RUTEB., 187]
  • XIVe s.
    Les tirans qui par violence desolent et gastent les cités, et qui ravissent et pillent les choses saintes ordenées pour le divin honneur [ORESME, Eth. 111]
    Vous maintenez que les esbas Et les deduis et les soulas, Qui par l'ueil au cuer sont ravis [portés], Sont plus plaisans, à vostre advis, Que ceulx qu'on reçoit par l'oÿe [, Modus, f° CIX]
  • XVe s.
    D'eulx regarder [je] fu de joye ravis [E. DESCH., Poésies mss. f° 219]
    Avoit son amour en icelle si profondement mis, que bien souvent il apparoissoit comme ravy [, Perceforest, t. VI, f° 33]
  • XVIe s.
    Nul n'a voulu estre ainsi nommé, nul ne s'est ravi ce nom temeraire [CALV., Instit. 899]
    Un prebstre qui ravissoit son ame en telle extase. que.... [MONT., I, 93]
    Sa facilité et ses inventions [d'Ovide] m'ont ravi aultrefois [ID., II, 101]
    Si fut le peuple espandu tout à l'environ ravy d'esbahissement [AMYOT, Pomp. 32]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, rây ; raûy ; poitevin, ripir ; ital. rapire ; du lat. rapere, par changement de conjugaison. Rapere, est pour harpere ; comparez le grec, sanscr. har, porter, prendre. Ravir s'est dit pour gravir (XVe s. : Ravir aux murs par crocs de fer, Hist. de Loys 3 de Bourbon, p. 106, dans LACURNE) ; mais en ce sens c'est une autre forme de gravir.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

ravir

RAVIR. v. tr. Enlever de force, emporter avec violence. Ravir une femme. Ravir le bien d'autrui.

Il s'emploie aussi figurément et signifie Enlever, ôter, priver de. Ravir l'honneur à une jeune fille. Ravir à un général la gloire d'une action.

RAVIR signifie encore Charmer l'esprit ou le coeur de quelqu'un, faire éprouver un transport d'admiration, de plaisir, etc. Les merveilles que vous me racontez me ravissent. C'est une beauté qui ravit tous ceux qui la voient, qui ravit tous les coeurs. Cette musique a ravi tous ceux qui l'ont entendue. Ce prédicateur, cet avocat a ravi tout son auditoire.

Un homme ravi de joie, ravi d'admiration, Un homme transporté de joie, d'admiration.

Par exagération et fam., Être ravi de quelque chose, En éprouver un vif plaisir, en être bien aise. Je suis ravi de vous voir. Je suis ravi de vos succès. Je suis ravi qu'il ait gagné son procès. J'apprends que vous avez fait un heureux mariage, j'en suis ravi.

RAVIR, dans le langage religieux, signifie Transporter au ciel. Saint Paul fut ravi jusqu'au troisième ciel.

Dans le langage mystique, Être ravi en extase, Être transporté hors de soi par une forte contemplation et par l'effet d'une grâce particulière. Ce saint a été plusieurs fois ravi en extase.

Fig., Être ravi en extase, Être transporté hors de soi par un sentiment très vif d'admiration. À la vue de ce grand monument, il fut ravi en extase.

À RAVIR, loc. adv. De façon admirable. Elle chante à ravir. Cette femme est belle à ravir. Elle est mise à ravir, coiffée à ravir.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

ravir

Ravir, Rapere, Abripere, Diripere, Eripere, Praeripere, Surripere, Extorquere.

Ravir quelque argent, Argentum inuadere.

Ravir quelqu'un, Aliquem proripere.

Ravir les biens d'aucun, In fortunas alicuius inuadere, Manus bonis alienis afferre.

Ravir une vierge, Rapere virginem.

Ravir et emporter le bien d'autruy, Circumplecti patrimonium alterius, Inuolare in possessionem alterius.

Quand ils virent qu'on ravissoit et emmenoit on tout, Vt ferri agique res suas viderunt.

Qui ravit et oste par force, Extortor, Raptor.

Vouloir ravir sa chose par voye de fait, et non par justice, Non ex iure manu consertum, sed ferro rem repetere.

¶ Ravir en admiration, In admirationem animum alicuius agere.

Estre ravi d'amour, quasi estre porté çà et là, Differri amore.

Ravi, Raptus.

Chose ravie, Raptum.

Ravissant, Rapax.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

ravir


RAVIR, v. act. 1°. Enlever de force. "Ravir une femme, une fille, des enfans. = Fig. Ravir l' honneur à une fille: à un général la gloire d'une action. "On m'a ravi mon plus cher espoir. Racine. = 2°. Au figuré, charmer, exciter, l'admiration, la joie etc. "Ce Prédicateur, cet Avocat a ravi tout son auditoire.
   Rem. Être ravi pour être aise se dit par exagération dans le style familier. Il régit de devant les noms et les verbes: je suis ravi de ce succès, de pouvoir vous rendre ce service: ou que avec le subjonctif: "Je suis ravi que mes vers ne vous aient pas déplu.
   Ma foi! Je suis ravi que nous logions ensemble.
       Dest. Le Glorieux.
* Leibnitz, qui, quoique allemand, écrivait souvent en Français, écrit à M. l'Ab. Conti: "Je suis ravi que vous êtes en Angleterre. Il falait, que vous soyiez, etc. Remarquez qu'on emploie l'infinitif, quand le verbe régi se raporte au sujet de la phrâse; et que, avec le subjonctif, quand il ne s'y raporte pas: je suis ravi de pouvoir, et que vous puissiez, etc. Il régit aussi de ce que avec l'indicatif. L'Ab. de Mongault met les deux régimes dans la même phrâse. "Je suis ravi que vous conoissiez de quelle manière je pense sur votre sujet, et je le suis encore davantage de ce que vous avez fait paroître tant de modération. Let. de Cic. à Atticus. = Être ravi signifie aussi, être charmé, transporté. "Être ravi d'admiration, d' étonement. BOUHOURS admet ravir en admiration, et condamne être ravi en admiration; l'Acad. le dit sans restriction. L. T. Tout ce qu'on peut dire, c'est que ravi d'admiration est plus sûr et plus autorisé. = À~ ravir, adv. Parfaitement. "Il écrit, il parle, il chante à ravir. Il n'est que du stile familier.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

ravir

verbe ravir
1.  Littéraire. Enlever quelqu'un aux siens.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

ravir

anmuten, berauben, bezaubern, entzücken, plündern, rauben, verzücken, beliebendelight, rob, charm, plunder, steal, abduct, bewitch, dazzle, kidnap, loot, ravish, thrill, enrapture, entranceverrukken, bekoren, buitmaken, charmeren, ontroven, plunderen, roven, stropen, inverrukkingbrengen, in verrukking brengenגנב (פ'), חטף (פ'), כישף (פיעל), ליבב (פיעל), עינג (פיעל), גָּנַב, חָטַף, לִבֵּב, עִנֵּגbekoorarrabassar, embadalir, encantar, encisar, pillar, rapinyar, robar, saquejarplyndreĉarmi, forrabi, rabi, raviembelesar, encantar, pillar, robar, raptarhurmata, ryöstääharpagareoczarowaćatrair, deliciar, embevecer, encantar, extasiar, fascinar, pilhar, roubar, saltearîncîntaграбитьråna, roffa, rövaincantare, rapire (ʀaviʀ)
verbe transitif
1. plaire beaucoup Cette musique nous ravit.
2. prendre, voler ravir qqch à qqn
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

ravir

[ʀaviʀ] vt
(= enchanter) → to delight
(= enlever) ravir qch à qn → to rob sb of sth
à ravir → delightfully, beautifully
aller à ravir à qn [vêtement, coiffure] → to look ravishing on sb
belle à ravir, beau à ravir → ravishingly beautiful [ʀavize] vi → to change one's mind
Il allait accepter, mais il s'est ravisé → He was going to accept, but he changed his mind.
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005