être
1. être
v.i. [ du lat. esse ]2. être
n.m. [ de 1. être ]ÊTRE1
(ê-tr') , je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont ; j'étais ; je fus ; je serai ; je serais ; sois, qu'il soit, soyons, soyez, qu'ils soient ; que je sois, que tu sois, qu'il soit, que nous soyons, que vous soyez, qu'ils soient ; que je fusse ; étant ; été v. n.PROVERBES
- On ne peut pas être et avoir été, on ne peut être vieux et jeune tout ensemble.
- Il faut être tout un ou tout autre, il faut avoir une conduite, une manière de penser décidée.
REMARQUE
- 1. Être se conjugue avec l'auxiliaire avoir : J'ai été, et non je suis été ; ce que dit l'italien : io sono stato ; italianisme qui au XVIe siècle essaya de se glisser.
- 2. Ce furent mes sœurs qui y allèrent. L'euphonie fait admettre le singulier dans les locutions interrogatives : Fut-ce mes sœurs qui le firent ?
- 3. Les constructions du verbe être suivant que le sujet est au singulier ou le complément au pluriel, et vice versa, présentent de l'embarras. Il y a trois cas : 1er cas. Un sujet au singulier avec un complément au pluriel, et le verbe au singulier. Une tragédie doit être des passions parlantes [VOLT., Lett. d'Argental, 12 mars 1740]Cette construction ne fait pas difficulté. 2e cas. Un sujet au singulier, avec un complément au pluriel, et le verbe au pluriel.Le reste des hommes sont des coquins [PASC., Imag. 8]Tout ce que je vois ne sont que de vains simulacres [BOSSUET, Brièveté.]L'effet du commerce sont les richesses, la suite des richesses, le luxe [MONTESQ., Espr. XX, 6]La seule chose qui les surprenne [les éléphants] sont les pétards qu'on leur lance [BUFF., Éléphant.]Sa nourriture ordinaire sont des fruits, des amandes, des noisettes, de la farine et du gland [BUFFON, Écureuil.]Tout cela ne sont que des arguties et des subtilités [J. J. ROUSS., Prom. 3]Cette construction est archaïque, et aujourd'hui, dans des cas pareils, on met de préférence le verbe au singulier. 3e cas. Un sujet au pluriel, avec un complément au singulier et le verbe au singulier.Et deux ans, dans le sexe, est une grande avance [MOL., Mélic. I, 4]Quatre ou cinq mille écus est un denier considérable [MOL., Pourc. III, 9]Ici deux ans, quatre ou cinq mille écus sont considérés chacun comme un chiffre unique, et le sens entraîne avec soi d'une façon naturelle la construction du verbe au singulier.
- 4. L'Académie remarque à propos du verbe être que les grammairiens (et il vaudrait mieux mettre : quelques grammairiens) l'appellent verbe substantif. Cela est vrai ; mais il aurait fallu ajouter : 1° qu'ils lui donnent ce nom par opposition à tous les autres verbes, qu'ils nomment verbes adjectifs ; 2° que, dans tous les cas, ces deux dénominations sont fort mauvaises, puisque substantif et adjectif désignent deux espèces de mots, et verbe une troisième ; et que le rapprochement de ces mots contradictoires n'a absolument aucun sens ; 3° que Dumarsais, considérant que tout verbe se résout dans le verbe être suivi de son participe présent, appelait être le verbe simple ou absolu, et tous les autres des verbes composés ; 4° que ces mots entraînaient une confusion, puisque, à un autre point de vue, mettre est un verbe simple, et admettre, commettre, etc. des verbes composés ; 5° que Beauzée a trouvé le véritable nom en appelant être le verbe abstrait ; et alors tous les autres verbes sont concrets, comme réunissant au sens du verbe être celui de leur participe ; ou attributifs, parce que ce participe commence l'attribut dans la proposition où ils entrent.
HISTORIQUE
- IXe s.
- Xe s. Buona pulcella fut Eulalia [, Eulalie]Chi [qui] rex eret [était] à cels dis [à ces jours] sovre pagiens [, ib.]Por o [pour cela] s' furet [fuerat] morte à grant honestet [, ib.]Seit niuls [, Frag. de Val. p. 467]Et si fu co [cela] [, ib. p. 467]E eret [était] mult las [, ib. p. 468]Si astreient [seraient] li Judei perdut, si cum il ore sunt [, ib. p. 468]E io ne dolreie [je ne serais pas affligé] de tanta millia hominum, si perdut erent [seront] ? [, ib.]p. 469. Quand il se erent convers [quand ils se seront convertis] de via sua mala [, ib. p. 469]Seietst [soyez] unanimes in dei servitio [, ib. p. 469]
- XIe s. Si ceo fust u evesqué u abeïe [, Lois de Guil. 1]À grant dolur ermes [nous serons] hoi desevrez [séparés] [, Ch. de Rol. CXLV][Des pechés] Que je ai fait dès l'hore que nés [je] fui [, ib. CLXXII]Il ne pot [peut] estre [il est impossible] qu'il seient desevrez [, ib. CCLXXXVI]Mais li quens Guenes. se fut bien pourpenset [, ib. XXXII]N'est hom quil [qui le] veit e conoistre le sait, Qui ce ne die.... [, ib. XXXIX]De là [ils] s'en furent [s'en allèrent] pour la chrestientet [, ib. LIII]Se vous mourez, esterez sainz martirs [, ib. LXXXVII]Set ans touz pleins ad ested en Espeigne [, ib. I]Li reis Marsil esteit en Saragoce [, ib. II]Que nous seiuns conduit à mendier [, ib.]Quant chascuns ert [sera] à son meillor repaire [, ib. IV]Charles serat ad Ais à sa chapele [, ib.]Dient paien : ainsi puet-il bien estre [, ib.]Là où cis [ceux-là] furent, des autres i ot bien [, ib. VIII]S'est qu'il demandet [s'il y a quelqu'un qui le demande], ne l'esteut [il n'est besoin de] enseigner [, ib.]Seit qui l'ocie, toute pais puis auriumes [, ib. XXVIII]
- XIIe s. Ah ! rois de gloire, tu soies mercié [, Ronc. p. 160]À dame Deu soiez.... [, ib. p. 17]S'il est qui croire veuille ma volonté [, ib. p. 20]Qui mout sont à prisier [, ib. p. 30]Là s'est armez li cortois Olivier [, ib. p. 49]Sempres morrai, mais cher me sui venduz [, ib. p. 93]Tant a esté [tant est allé], [que] devant la tour antie Est descenduz voyant sa baronie [, ib. p. 115]D'une grant terre qui fu au roi Orsaire [, ib. p. 145]Si [je] m'i confort [en son souvenir], quant ele m'est lointaine [absente] [, Couci, VIII]Mais itant fu à moi reconforter Que, nuit et jour, en plorant [je] la remir [regarde] [, ib. x]Mais il convient qu'à sa volonté [je] soie [, ib. XX]D'hui cest jour en un an soiez prest d'ostoier [entrer en campagne] [, Sax. XVI]Comment vous a esté entre la gent foraine [étrangère] ? [, ib. XX]Mult nota les paroles que li quens respundi, Pur ço que li quens ert [était] cusins al rei Henri, Et erent d'un conseil et durement ami [, Th. le mart. 51]Se vus nel delivrez, nus sumes mal bailli : Li reis e saint iglise e nus iermes [serons] huni [, ib. 12]Et quant vous estes eschapé Et li besoin sont trespassé, Dont ne vous est gaires de nous [vous ne vous souciez guères de nous] [, Roman de Brut, v. 6346]Mon tré [tente] tendez en milieu del mostier, Et en ces porches esseront mi sommier [, Raoul de C. 150]Et jo li serrai pur pere, e il me serrad pur fiz [, Rois, p. 144]Uns hom astoit en la terre Us, ki out num Job [, Job, p. 441]
- XIIIe s. Quant nous fusmes [allâmes] au bois arcoier et joier [, Alexandre, dans DU CANGE, arcuare]La dame à qui je sui, s'el me velt retenir [VIDAME DE CHARTRES, Romancero, p. 114]Jà pour autre ne me devra guerpir [quitter], Quant el saura com je lui ai esté Fins et verais, courtois, sans repentir [LE COMTE D'ANJOU, ib. p. 124]Et tout cil qui avoient devant esté contre lui estoient ce jour à sa volenté [VILLEH., LXXXVI]Il i avoit un Grieu [Grec] qui miex estoit de l'empereour que tuit li autre [ID., XCVII]Ensi demorerent huit jors pour atendre les nes [vaisseaux] qui encore estoient à venir [ID., LXI]Ilec troverent Guillaume de Braiecuel et cex qui avoec lui estoient, qui mout estoient à grant paor [ID., CXXXVIII.]Tant se travailla Jofrois li mareschaux à l'aide des barons qui estoient dou conseil au marchis [ID., CXX.]Et de corone d'or [je] fui par vous coronnée [, Berte, XVI]Si [elle] saignoit com ce fust perceüre de clou [, ib. XXXII]Ainsi com vous orrez [ouïrez], s'il est qui vous le die [, ib. LX]Dame, ce dist Constance, si soit com dit avez [, ib. CXXXII]Pour ce qu'il ert [était] divenres [vendredi].... [, ib. I]Vers le lion [il] s'en va, ou soit sens ou folie [, ib. II]Ne soiez vers les pauvres ne sure [aigre] ne amere [, ib. IV]Sire, fait-ele, c'estroit [ce serait] lait [, Lai de l'ombre]Et tant furent ensamble qu'il en ot un filg et une fille [, Chr. de Rains, p. 9]Et li rois respondi que li legas disoit sa volenté, ne ne savoit pas à quoi ce montoit : car Sarazin estoient moult sage et estoient sour le leur, et bien veoient lor meillour quant temps et lius en estoit [, ib. p. 101]Sire, ormais n'est que dou haster la besoigne [, ib. p. 51]Evain en son cuer porpensoit Que s'ele encor une en avoit, Plus belle estroit la compaignie [, Ren. 61]Car c'est cele qui la bonté Me fist si grant qu'ele m'ouvri Le guichet del vergier flori [, la Rose, 1264]Je t'enseignerai bien autre hui ; Autre, non pas, mès ce meïsmes, Dont chascun puet estre à meïsmes [être à même], Mès qu'il prengne l'entendement D'amors ung poi plus largement [, ib. 6462]Trop sunt dolentes et confuses Pucelles qui sunt refusées [, ib. 5860]Avis m'iere [m'était] qu'il estoit mains [matin], Il a jà bien cincq ans, au mains [au moins], En mai estoie, ce sonjoie, El tems amoureus plain de joie [, ib. 45]Enciez [avant] qu'il vint, si m'escria : Vassal, pris ies [tu es], noient n'i a Du contredire, ne defendre [, ib. 1694]Il fu que [il y eut un temps où] toutes les bonnes viles et li castel de Lombardie furent à l'empereur de Romme, en son domaine, et tenues de li [BEAUMANOIR, XXX, 64]Aucuns dons et pramesses porroient estre convenencié qui ne seroient pas à tenir [ID., VI, 24]Donques quant plusor parchonier ont compaignie en tix [tels] heritages, il doivent estre à ferme ou à loier [ID., XXII, 4]Tout soit il ainsi que commune renommée keure [coure] entre une feme qui est en mariage, qu'ele est bien de plusors homes carnelment [ID., XVIII, 4]S'on esperoit qu'il se fust tués par aucune maladie, par le [la] quele il ne fust pas à soi, si oir [ses héritiers] ne doivent pas perdre ce qui de li vient [ID., LXIX, 10]Nous en sons [sommes] bien entré en voie, N'i a si fol que ne le voie, Quant Constantinoble est perdue [RUTEB., 101]Un chevalier qui estoit à monseigneur Erart de Brene [JOINV., 244]Sire, il me semble que il iert [sera] bon que vous retenez les formens et les orges et les ris [ID., 216]Et dit l'en que nous estions trestous perdus dès celle journée, se le cors le roy [le roi de sa personne] ne feust [ne se fût trouvé là] [ID., 227]
- XIVe s. Quant nous avons communellement delettacion en aucune chose, c'est signe que nous suymes [sommes] à telles choses enclins, et quant nous avons tristesce en aucunes choses, c'est signe que nous suymes enclins à l'opposite [ORESME, Eth. 55]S'ainsi sons [nous sommes] pris au broi [piége], s'iert [ce sera] de grant lachetey [, Girart de Ross. v. 3270]
- XVe s. Orai-je un petit d'escusance De ce quelors trop jones ere [j'étais] Et de trop ignorant maniere [FROISS., Espinette amoureuse.]Et tel que fui, encor le sui, ib... Beau fieulz, es-se [est-ce] Belle chose de bien ouvrer ? [ID., ib.]Or, regardez si je disoie bien voir [vrai], veez là les vingt six mille hommes d'armes ; si ils sont trois mille lances, ils sont cent mille [ID., II, Il, 212]Ainsi estoient menacés les Anglois par les François, et donnoient grand marché, et montroient par leurs paroles que tout fut à eux [ID., II, IÏI, 40]Lors demanda le roy à son conseil qu'il estoit de faire [ID., I, I, 51]Et quant le jour du parlement qui estoit assigné à Mons, fut venu, ils y furent [ID., I, I, 101]Et sachez que, si ne fussent les gentils hommes qui dedans Aubenton estoient et qui la gardoient, elle eut esté tost prise et d'assaut [ID., I, I, 103]Sitost que le jour fut.... [ID., I, I, 144]Quand messire Aghos des Baux sentit que ceux de la Reole se vouloient rendre, il ne voulut oncques estre à leur traité, mais se partit d'eux [ID., I, I, 237]Votre capitaine où est-il ? ne veut-il point estre de ce traité [, ib.]Si avoit un frere par son pere qui avoit esté [feu son père] [ID., I, I, 147]Il ne peut estre que en un tel ost que le roi d'Angleterre menoit, qu'il n'y ait des vilains garçons et des malfaiteurs [ID., I, I, 272]Et fit depuis si grands prouesses [Watelet de Mauny] qu'on n'en pourroit savoir le nombre, si comme vous orrez avant en l'histoire, s'il est qui vous le die [FROISS., I, I, 46]Tu es l'aisné fils du roi, auquel, par la grace de Dieu, tu es à succeder, et es à estre notre roi et seigneur [MONSTRELET, I, 48]Et les aucuns disoient que le duc de Baviere avoit laschement faict qu'il n'avoit tué le duc de Bourgongne soudainement et s'en estre allé en Allemaigne, et il n'en eust plus esté [JUVÉNAL DES URSINS, Charles VI, 1413]Et eussent les choses esté plus triumphantes, se n'eust esté le temps, qui moult fut mal advenant [JEAN DE TROYES, Chron. 1482]Ce mout doutoit le roy, qui estoit tourné contre luy, et plus lui en estoit que de tous les aultres à qui il avoit à faire [FENIN, 1413]Et de tels y en eut qui bien se doubtoient de ce qui en estoit, mais rien n'en dirent à present [ID., 1407]Et sagement savoit jeter son regard et ses semblans, que nul n'apperceust où son cœur estoit [, Boucic. I, 8]Qui, pour le moins, ay tousjours esté des chambellans [de Louis XI] [COMM., Prol.]Le quel me print en son service, et fut l'an mil quatre cens soixante quatre [ID., I, 1]Et faisoit le cas si enorme que nulle chose qui se peut dire à ce propos pour faire honte et vitupere à un prince, ne fust qu'il ne dist [, ib.]Mon cousin, vous soyez le très bien venu [ID., IV, 10]Moult se tenoit bienheureux de ce qu'il pouvoit estre bien d'icelle [être bien avec elle] [, Perceforest, t. I, 1, f° 66]
- XVIe s. D'estre assis je n'ai plus d'envie : Il n'est que d'estre bien couché [MAROT, II, 247]Et fusse Helaine au gracieux maintien, Qui me vinst dire, amy, fais mon cueur tien, Je respondrois : point ne seray muable [ID., II, 398]Les fons du temple estoit une fontaine, Où decouroit un ruisseau argentin [ID., I, 182]Bref, fust de nuict ou fust de jour, Je ne songeois rien que l'amour [DU BELLAY, VII, 23, verso.]Prenez le cas que cinq ou six hyvers Soi'nt jà passez, et qu'avec longue peine Ils soi'nt venus en accroissance pleine [ID., VII, 23, verso.]Soyez doux et clement, la doulceur te doit plaire [ID., VIII, 41, verso.][Socrate se retiroit avec fierté] regardant tantost les uns, tantost les aultres, amis et ennemis, d'une façon qui encourageoit les uns et signifioit aux aultres qu'il estoit pour vendre bien cher son sang et sa vie à qui essayeroit de la lui oster [MONT., III, 6]N'estoit que.... [si ce n'est que] [ID., I, 7]Estre d'avis que.... [MONT., I, 14]Le roy qui est à present [qui règne] [ID., I, 16]Ce sont vices toujours conjoincts [ID., I, 22]C'estoient les formes vrayement romaines [ID., I, 24]Est ce à toy de nous gouverner ? [ID., I, 89]Il est en nous de.... [nous pouvons] [ID., I, 115]Il nous faudroit des topographes qui nous feissent des narrations des endroicts où ils ont esté [ID., I, 234]Puisque nous en sommes sur le froid [MONT., I, 261]Pompeius le feut veoir [ID., I, 301]Satan est l'adversaire qui machine nostre ruine, le peché est les armeures desquelles il use pour nous opprimer et meurtrir [CALV., Inst. 728]Qu'est-ce autre chose que... ? [ID., ib. 701]Si ne feront-ils jamais tant par leur belle rhetorique, qu'une mesme chose soyent deux [ID., ib. 61]Estes vous encore à savoir que les femmes n'ont amour ni regret ? [MARG., Nouv. XXXII]Le pauvre gentilhomme ne savoit où il en estoit [qu'en penser] [ID., ib. LIII]Madame fust hyer disner aux Loges, dont elle s'est bien trouvée [ID., Lett. 68]Je feusse plus toust partie, n'eust esté la grant envie que j'avois de voir Chumbert [ID., ib. 152]Le cardinal d'Armaignac a esté à la mort, abandonné des medecins [ID., ib. 142]Ils demeurerent long temps muets, comme si fussent esté des images [YVER, p. 636]Le guet nous prit, j'en fus pour mes trois jours au Chastelet [D'AUB., Faen. II, 11]Il n'est pas que vous n'aiez veu un sonnet à sa louange qui a fort couru [ID., ib. II, 12]Ce lict m'est un tombeau, puis qu'ils [les martyrs protestants] n'ont point de tombeaux [ID., Hist. I, 132]A il jamais esté que les tyrans, pour s'asseurer, n'aient... ? [LA BOÉTIE, 61]Toujours il a esté que cinq ou six ont eu l'oreille du tyran [ID., 62]Il n'est pas qu'eux mesmes ne souffrent quelques fois de luy [ID., 65]Et faire que ma cité n'ait point faute d'aucune chose qui soit pour l'embellir et orner [ID., 199]Il avoit abandonné à piller à ses soudards quelques vases d'or qui avoient anciennement esté à Alexandre le grand [AMYOT, P. Aem. 38]Un peu avant que je fusse la premiere fois à Athenes, on dit qu'il y advint une telle chose [ID., Démosth. 45]Et si Heraclides par envie a esté desloyal et meschant, est ce pourtant à dire que Dion par courroux doive maculer sa vertu ? [ID., Dion, 59][Voyant tout cela] il se tourna devers ses familiers, et leur dit : C'estoit estre roy cecy, à vostre advis, n'estoit pas ? [n'est-ce pas ?] [ID., Alex. 37]La premiere chose qu'on leur donna, furent du sel et des lentilles [AMYOT, Crassus, 38]Les Egyptiens disent qu'il fut aussi en leur païs [ID., Lyc. 6]Qu'il ait esté en Afrique et en Espagne et jusques aux Indes, je ne sache personne qui l'ait escrit [ID., ib.]Si j'estois à renaistre au ventre de ma mere [RONS., 810]....E+ par esclats les lances acerées Furent toucher les voutes etherées [ID., 619]Car l'amour et la mort n'est qu'une mesme chose [ID., 304]....Pour faire voir clairement à chascun Que les vortus et les dames n'est qu'un [ID., 765]La perte des grands rois sont les langues flateuses [ID., 663]L'impudence aujourd'hui sont les meilleures armes Dont on se puisse aider.... [ID., 978]Une autre branche de la dissolution, sont les excez de table, et tenir grand equipage [LANOUE, 16]Ils repliqueront que ce que j'ay allegué sont conseils evangeliques et non preceptes obligatoires [ID., 75]Une des plus singulieres choses qu'on remarque en France, sont les beaux edifices dont les campagnes sont parsemées [ID., 166]La seconde cause furent les voyages qui s'entreprirent pour la conqueste de la terre saincte [ID., 228]Plusieurs choses qui se firent alors et qui arriverent, fut plus par hazard et inopinément quasi que par conseil [ID., 652]Le dit sieur de Vieilleville fut [alla] estrader avesques 200 salades [CARLOIX, II, 13]
ÉTYMOLOGIE
- Bourguign. Être ; Berry, je seus, je suis ; provenç. esser ; catal. esser, ser ; espagn. et portug. ser ; ital. essere ; d'une forme latine barbare essere, pour esse, être, du radical es ou as, qui fait aussi, dans l'allemand ist, et dans le sanscrit asmi, le verbe abstrait. Le verbe être est formé de trois verbes latins différents : 1° esse, qui a donné l'infinitif estre, le présent je suis, tu es, il est, nous sommes, vous êtes, ils sont, le subjonctif je sois, le futur je serai, le conditionnel je serais ; 2° fuo, qui a donné le prétérit je fus et le subjonctif je fusse (voy. FUS, pour l'étymologie) ; 3° stare, qui a donné l'imparfait j'estois, le participe présent estant, et le participe passé esté (voy. le verbe ESTER). D'après Vaugelas, qu'il soit, qu'ils soient se prononçait sait, saient ; c'est une prononciation usitée encore en Normandie. L'ancienne langue, à côté de l'imparfait estoie, avait un autre imparfait ere ou iere qui représente le latin eram, et, à côté du futur serai, elle avait un autre futur ere ou iere qui représente le latin ero. Dans le latin barbare esse-re, re provient d'une assimilation faite mal à propos avec les verbes en ere (le 1er e étant un e bref) ; car déjà, dans es-se, se représente ce re.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- 1. ÊTRE. Ajoutez :
- 5. Vous n'étiez pas encore quand.... se dit pour signifier : Vous n'étiez pas encore né quand.... (voy. au Dictionnaire ÊTRE 1, au num. 2). J. J. Rousseau a étendu cette locution au présent avec emploi affirmatif. L'envie et la haine sont maintenant contre moi à leur comble ; elles diminueront.... alors, si je suis encore, vous me servirez et l'on vous écoutera, Lett. à Moultou, 22 juin 1762. Cela est moins conforme à l'usage, mais se comprend et est correct.
- Ajoutez : L'imparfait j'estois est dit provenir du latin stabam ; c'est une erreur qu'il faut corriger, d'après ce qui est dit dans l'Hist. de la langue franç. t. II, p. 201 : " J'estois, tu estois, il estoit a été tiré, sans contestation aucune, de stabam, stabas, stabat ; en effet la dérivation est correcte, et il ne serait possible d'élever aucun doute, sans le dialecte normand, qui offre, si je puis user de ce terme, un réactif plus délicat et qui fait apparaître le véritable élément. Le verbe stare est de la première conjugaison ; par conséquent, son imparfait, que l'on suppose être devenu celui du verbe être, confondu, il est vrai, dans les autres dialectes sous une forme commune, s'en dégagerait dans le dialecte normand, et ferait je estoe, tu estoes, il estot. Or il n'en est rien, et cet imparfait du verbe être y est toujours je esteie, tu esteies, il esteit, désinences caractéristiques des autres conjugaisons et ici, en particulier, de la troisième. Je esteie ou je estoie, suivant les dialectes, est imparfait régulier de l'infinitif étre, verbe de la troisième conjugaison et dérivé d'un bas-latin estere, qui prévalut dans les Gaules, au lieu de essere (pour le changement de ss en st comp. l'anc. franç. tistre, de tessere, dit pour texere). Le verbe stare a son représentant qui fait à l'infinitif ester et à l'imparfait, dans les autres dialectes, je estoies, tu estoies, il estoit, mais dans le normand je estoe, tu estoes, il estot, aussi distinct ici, par la forme que par le sens, de l'imparfait du verbe substantif. "
REMARQUE
ÉTYMOLOGIE
ÊTRE2
(ê-tr') s. m.HISTORIQUE
- XIIe s. Je deïsse et l'estre et l'errement, Se j'osaisse en faire mention, De la grant cour de France au dous renon [HUES DE LA FERTÉ, Romancero, p. 182]1re et malveis conseil unt le rei deceü, Qui l'unt vers le saint humme issi fort commeü ; Li reis aveit sun estre [sa manière d'être] ainceis bien coneü ; Or cuidout [pensait] qu'il fust tels cum il l'out ainz veü [, Th. le mart. 39]Pur espier et aprendre l'estre, e damager le païs, ses messages iad enveied [, Rois, p. 151]
- XIIIe s. Or me laissiez dont [donc] demander : Venistes vos por truander ? Naie [non], ainz je ving [vins] veoir vostre estre [, Ren. 999]Et il lessent la fin commune, à quoi tendent et tendre doivent Les choses qui estre reçoivent [, la Rose, 6356]Il [l'homme] a son estre avec les pierres, Et vit avec les herbes drues, Et sent avec les bestes mues [, ib. 19246]
- XIVe s. Telle personne seroit bien loing de la commune nature et de l'estre des hommes [ORESME, Eth. 97]Le pere est au filz cause de son estre [ID., ib. 248]
- XVe s. Aucune fois venoit la royne vers luy, ou on lui aportoit ses enfens ; là parloit aux femmes et demandoit de l'estre [de l'état] de ses enfens [CHRIST. DE PISAN, Charles V, I, 16]Demanderent l'ung à l'autre dont ilz estoient, et quelle adventure le menoit si seul ; et il lui compte de son estre une partie [, Lancelot du Lac, t. II, f° 34]Bons mariniers experts qui sachent l'estre et la naissance de tous vents [, le Jouvencel, f° 88, dans LACURNE]Gerard, sachant son estre [ayant l'usage du monde], comme celuy qui à la court avoit esté nourry, les salua moult courtoisement [, Gerard de Nevers, 1re part. p. 125, dans LACURNE]
- XVIe s. Le masle et femelle ne cerchent seulement leur estre, mais aussi de s'ayder l'un l'autre [LA BOÉTIE, 89]Qui ne se savent garder d'adviser à leurs naturels privileges et de se souvenir des predecesseurs et de leur premier estre [ID., Serv. volont. p. 43, édit. FEUGÈRE]Lycurgus n'a point laissé de livres ny de papiers, ains a produit et mis realement en estre une forme de gouvernement que nul avant luy n'avoit jamais inventé [AMYOT, Lyc. 65]Nous adorons nostre roy, comme l'image du Dieu de nature, qui maintient toutes choses en leur estre et entier [ID., Thém. 49]Il y a encore jusques aujourd'huy en estre quelques uns des dons qu'il a consacrez aux dieux [ID., Nicias, 4]Bien que les champs de ton estre [pays].... Du pays qui me vid naistre, Ne se bornent pas bien loin [RONS., 548]En dignité pareille il nous faudroit donc estre, Si voulions ressembler les auteurs de nostre estre [ID., Eleg. 10]L'un [au lit de mort] plainct la compagnie de sa femme, l'autre de son fils, comme commoditez principales de son estre [MONT., I, 79]Il est du lignage et estre dont l'heritier procede [, Coustum. gener. t. I, p. 897]Ne se faut point esmerveiller si nous voyons venir en estre quelque chose qui paravant n'ait point esté [PASQUIER, Lettres, t. III, p. 510]
ÉTYMOLOGIE
- Être 1.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- 2. ÊTRE. Ajoutez : - REM. J. J. Rousseau a dit : encore en être, pour : encore existant.
ÊTRE3
(ê-tr') s. m.HISTORIQUE
- XVIe s. Si je voulois me contenter d'enmener ce que je trouverois de trouppes en estre [sur pied] [BASSOMPIERRE, Mém. t. II, p. 182]
ÉTYMOLOGIE
- Estre a quelquefois signifié être debout par une confusion avec le verbe ester qui a proprement ce sens. C'est ce qui est arrivé ici.
être
Prov., On ne peut pas être et avoir été, On ne peut pas être toujours jeune.
Ainsi soit-il, Formule d'affirmation, d'adhésion, de voeu par laquelle on termine plusieurs prières religieuses. On le dit quelquefois, dans le langage ordinaire, par manière de souhait.
Soit, troisième personne du singulier du présent du subjonctif, s'emploie souvent pour marquer Adhésion, consentement. Eh bien, soit. Voyez SOIT, conjonction, à son ordre alphabétique.
Il est s'emploie souvent, dans le style soutenu ou poétique, pour Il y a. Il est des hommes que la résistance anime, il en est d'autres qu'elle décourage. Il est, près de ces lieux, une retraite ignorée.
Il est midi, une heure, deux heures, etc. L'heure présente est midi, une heure, etc. Quelle heure est-il? À l'heure qu'il est. On dit de même Il est l'heure de partir. Il est temps de finir. Il est tard. Etc. On dit aussi Il est jour, il est nuit, Il fait jour, il fait nuit.
Avec les prépositions À, Dans, En, Sur, ÊTRE signifie Se trouver dans telle ou telle situation. Il sera à Paris dans quelques jours. Être au lit, à table. Être à genoux. Être à l'abri. Être dans le commerce. Nous sommes dans la belle saison. Être dans la misère. Il est actuellement en France. Nous étions en hiver, en été. Être en bonne santé. Quand il est sur ce sujet, il est intarissable.
Dans la langue familière, il signifie Aller, se rendre. Avez-vous été à Paris la semaine dernière?
Il signifie aussi Résider, se trouver. J'étais à Londres pendant que vous étiez à Paris.
Il signifie également Tirer son origine de. D'où est-il? De Bretagne, de Paris, de Hollande.
Sur d'autres emplois du verbe ÊTRE avec les prépositions À, Dans, De, En, Sur, etc., voyez ces prépositions à leur ordre alphabétique.
Fam., Je suis, je serai à vous dans un moment, Je vais me mettre à votre disposition, je vais m'occuper de vous dans un moment.
Je suis tout à vous, entièrement à vous, Je suis prêt à vous servir. Cette phrase s'emploie comme formule de politesse à la fin d'une lettre familière.
Il n'est point à lui, il n'est plus à lui se dit de Quelqu'un qui est agité d'une violente passion.
Fam., Il faut être l'un ou l'autre, tout l'un ou tout l'autre, Il faut avoir une conduite, une manière de penser décidée.
Y être, Être chez soi, recevoir. Madame y est-elle? J'y suis pour un tel. Je n'y suis pour personne.
Ne pas y être, Se méprendre sur la véritable interprétation d'une parole, d'une action. Il se dit aussi à une Personne qui ne saisit pas, qui ne touche pas le point d'une affaire, ou qui ne s'y prend pas bien pour faire quelque chose. On dit dans le sens contraire : Vous y êtes, j'y suis, etc.
En êtes-vous là? Croyez-vous cela? Êtes- vous donc dans cette résolution, dans cette erreur? Il signifie aussi Êtes-vous dans un tel embarras, dans une telle détresse?
Où en sommes-nous? se dit quelquefois par indignation, par forme de plainte, quand on voit quelque grand désordre.
Il ne sait où il en est, se dit de Quelqu'un qui est troublé, embarrassé, qui ne sait ce qu'il fait, qui ne sait par où sortir d'affaire.
ÊTRE s'emploie aussi pour relier au sujet une qualité, une manière d'être qu'on lui attribue et qui est exprimée par un adjectif ou par un nom faisant fonction d'adjectif ou par un adverbe. Dieu est éternel. Les hommes sont mortels. Cette proposition est vraie, est fausse. Mon fils est malade. Il est le père de cet enfant. Être avocat, médecin, professeur. Il sera mon héritier. Cela est bien. Son médecin dit qu'il est mieux. Être couché, debout, assis.
Impersonnellement, Il en est ainsi. Il est bon de savoir à quoi s'en tenir. Il m'est impossible de mieux faire.
Fam., Voilà ce que c'est, Voilà en quoi consiste la chose, voilà ce qu'on se propose, ce dont il s'agit. Il signifie aussi La chose est arrivée par votre faute. Voilà ce que c'est que de désobéir. Sur CE, employé avec le verbe ÊTRE, voyez l'article CE, pronom démonstratif.
Être bien avec quelqu'un, Être bien vu de quelqu'un, être dans ses bonnes grâces; et, dans le cas contraire, Être mal avec quelqu'un.
ÊTRE s'emploie aussi comme auxiliaire pour former les verbes passifs. Je suis aimé. Il a été aimé. Quand il sera aimé. Que je fusse aimé.
Il sert également à former les temps composés de quelques verbes intransitifs et ceux de tous les verbes pronominaux. Il est passé. Il est venu. Il est tombé. Il est descendu. Il s'est dégagé. Il s'en est allé. Elle s'est blessée. Ils se sont embrassés. Elle s'est fait une robe. Ils se sont rendu mutuellement des services. Impersonnellement, Il s'est bâti de superbes immeubles dans ce quartier. Il s'était commis un grand crime en ce lieu-là. Il s'est tenu une assemblée.
Avec certains verbes intransitifs, il s'emploie aux temps passés, concuremment avec Avoir, mais avec une acception différente. J'ai monté trop rapidement. Je suis monté chez nous.
être
Il s'emploie quelquefois pour désigner la Personne dans sa sensibilité intime. Je suis remué jusqu'au fond de l'être.
Il s'emploie encore d'une façon particulière pour désigner une Personne contre laquelle on est indigné. Quel être vil et méprisable! Voilà un être bien insupportable.
Être de raison, par opposition à Être réel, se dit de Ce qui n'existe que dans l'esprit, dans l'imagination, d'une conception abstraite et générale. L'homme parfait est un être de raison.
Il signifie aussi Existence. Dieu nous a donné l'être.
Il signifie encore Réalité, par opposition à Apparence. En tout il préférait l'être au paraître.
Il se dit aussi pour ESTOC, en termes d'Eaux et Forêts. Couper à blanc être. Voyez ESTOC.
etre
ETRE: la pénult. est longue dans être, ancêtre: salpêtre, fenêtre, Prêtre, etc. dans tous ceux, en un mot, qui ont l'accent circonflexe sur l'e pénultième. Elle est brève par tout âilleurs, soit que le t soit redoublé, comme dans lettre, mettre, etc. soit qu'il n'y ait qu'un t comme dans diamètre, etc.
être
ÊTRE: v. auxil. et substantif. Ainsi l'apellent les Gramairiens. Je suis, tu es, il est: nous sommes, vous êtes, ils sont. J'étois ou j'étais Je fus. J'ai été, je serai. Je serois, ou serais. — Sois, soyez, que je sois, tu sois, il soit: nous soyions, vous soyiez, ils soient. Que je fusse, j'aye étéj' eusse été. Étant. Ayant été.
Rem. 1°. On ne doit écrire avec un accent circonflexe que ces deux temps, être à cause de la prononciation, et êtes par complaisance pour l'usage. On devrait écrire ce dernier avec l'acc. grave, vous ètes, parce que l'è y est moyen et non pas ouvert.
2°. Il y a deux chôses à réformer dans le Dict. Gram. par raport aux deux 1res persones de l'Impératif, et du présent du subjonctif au pluriel. La 1re, c'est que sé-ion, sé-ié, n'est que pour la conversation. Dans le discours soutenu, il faut prononcer, soa-ion, soa-ié. Et ainsi pour l'oi du singulier, sois, soit; pron. sè ou soa. — M. Harduin assûre que l'o se prononce nécessairement en ou dans une diphtongue, et que l'on doit prononcer soué-ion, soué-ié. Il nous parait que cette prononciation n' est particulière qu'aux Provinces où l'on dit le Roué, la loué, pour le Roi, la Loi; et aparemment que c'est ainsi qu'on prononce en Artois ou Artoué. Pour nous, si nos oreilles ne nous trompent point, nous avons toujours oui dans la diphtongue oi le son d'oa, l'a fermé. = La 2de, c'est qu'en persistant à diférencier le subjonctif de l'impératif, d'après l'Ab. Regnier, par un i ajouté à l'y, nous soyions, vous soyiez, nous aurions dû marquer cette diférence dans les signes représentatifs de la prononciation; et écrire, sei-ion, sei-ié, ou soai-ion, soai-ié au subjonctif; et à l'impératif, sé-ion ou soa-ion, sé-ié ou soa-ié avec un seul i, c'est une contradiction que M. Harduin nous a fait remarquer, et dont il s'est prévalu contre notre sentiment: nous devons être jaloux de l'ôter.
3°. Être, dans ses temps composés prend l'auxiliaire avoir. "J'ai été, j' avais été, et non pas je suis été, comme dit le peuple en certaines Provinces. Les Étrangers et les Italiens sur-tout doivent y faire atention. Dans la langue de ces derniers; le verbe être prend chez lui ses temps composés; sono stato, sarei stato, je suis été, je serois été, au lieu qu'en français il faut dire, j' ai été, j'aurais été, etc.
4°. Le v. être sert à conjuguer tous les verbes passifs, une partie des verbes neutres, comme aller, arriver, devenir, etc. qui ont au prétérit, je suis allé, je suis arrivé, etc. et non pas j'ai allé, j'ai arrivé, etc. tous les verbes pronominaux ou réciproques, comme se blesser, qui fait au prétérit je me suis blessé, etc.
5°. Le participe étant est indéclinable. Ainsi il faut écrire au pluriel comme au singulier, étant, et non pas étans. I. Être, signifie proprement exister: mais il est peu employé en ce sens. "Dieu dans l'Écritûre s'apèle celui qui est, qui existe nécessairement, et par lui-même. On dit: "Vous n'étiez pas encôre au monde, (vous n'existiez pas) lorsque cela est arrivé. "Tout les hommes qui ont été, qui sont ou qui seront. "Cela sera ou ne sera pas, arrivera, ou n'arrivera pas. = II. L'usage ordinaire de ce verbe est d'atribuer quelque chôse à un sujet par des adjectifs ou par des adverbes, auxquels il se joint. "Il est sage, grand, vertueux, etc. "Il est couché, il est debout. "Je veux qu'il soit de la sorte. "Il est mieux, il est plus mal. = III. Il signifie quelquefois apartenir, joint à la prép. à. "Cette maison est à moi. "Ce livre est-il à vous? etc. — Il sert aussi à marquer le sentiment: je suis pour un tel; ou l' opinion. "Il est fortement pour cette opinion, pour ce systême. = IV. On l'emploie souvent comme verbe impersonel, ou avec des adjectifs ou avec des noms substantifs. Alors il régit ou de avec l'infinitif, ou que avec le subjonctif. "Il est bon, il est utile de faire, de dire, que je fasse, que je dise. "Il est de ma gloire de savoir cèder; "Il est de votre justice de réparer ou que vous répariez le tort que vous m'avez fait. Le 1er régime est ordinairement le meilleur. = V. Dans le sens négatif ou avec le pronom démonstratif ce, il régit les noms sans article. Rousseau dit de la Raison.
Mais ce rayon, parmi vous si vanté,
N'est rien en soi qu'ombre et qu'obscurité.
"Dans ce monde changeant et mobile, c'est souvent constance de varier dans ses desseins. Jér. Del. Voy. C' EST, au mot CE.
VI. Ce verbe entre dans beaucoup d'expressions, qui sont purement françaises, et qui sont de vrais gallicismes. = C'est à qui fera: chacun se dispute la gloire ou l'avantage de faire: "Les Romains et les Tusculans combatirent avec une égale émulation: c' étoit à qui auroit la gloire d'emporter les premiers retranchemens. Vertot. = Pour ce qui est de, équivaut au quod attinet des latins. "Pour ce qui est de la Religion chrétienne, (au Japon) elle ne soufrit point pendant les troubles. Charlev. "Pour ce qui est des femmes (sauvages), elles travaillent depuis le matin jusqu'au soir comme des esclâves. Let. Édif. = Être sur une matiere, sur un sujet; être ocupé à les traiter, à les discuter. "Pendant que nous sommes sur cette matière. Boss. — "La main de Dieu fut sur lui. Id. Cette dernière expression a un aûtre sens. Elle est tirée des Livres Saints, et ne peut être bonne que dans des discours sur la Religion. = Être long-tems à faire, c'est employer beaucoup de temps à faire quelque chôse. "Nos Demoiselles sont ordinairement dix ans à savoir ce qu'elles veulent. Mariv. * Un Auteur moderne done à cette manière de parler un aûtre sens, qui n'est pas bon, et qui fait entendre autre chôse que ce que cet Auteur veut dire. "Les descendans de Noé ne furent pas long-tems à altérer la pûreté du culte. — Il semble par cette expression, que les descendans de ce Patriarche avaient pris à tâche d'altérer le culte. Ce n'est pourtant pas ce que l'Auteur a voulu dire. Il aurait parlé plus correctement, en disant, qu'ils~ ne furent pas long-tems sans altérer la pûreté du culte. = Il n'est pas en moi, en lui, etc. Il ne dépend pas de moi, de lui, etc. "Le danger fût-il encôre plus grand, il n'est pas en moi de l'éviter. Marm. "Il avoit fait tout ce qui étoit en lui. Moreau. = Il n'est pas que vous n'ayiez sû, c. à. d. sans doute vous avez sû. "Il n'est pas que dans votre retraite vous n'ayez lu ces saintes maximes avec édification. Let. Edif. Ce tour de phrâse est un gallicisme, qui n'est bon que dans le style simple. = Il en est de... comme de... "Il en est des hommes comme des animaux. "Il en sera de sa félicité comme de ses songes, etc. * Vaugelas voulait qu' on retranchât en: le P. Bouhours soutenait au contraire que cette particule était nécessaire. Son sentiment a prévalu; et ce serait aujourd'hui une faûte que de dire, il est des hommes comme, etc. Il sera de sa félicité comme, etc. Mde Dacier y est tombée. "Il est du Théâtre comme de la Peintûre, où les uns sont bons pour l' ordonance, les aûtres pour les attitudes, etc. Il falait: il en est du Théâtre comme, etc. — * Mascaron met, il est, au 2d membre de la phrâse et après comme. "Il en est des âmes basses et vulgaires, comme il est des oiseaux domestiques et terrestres. Il falait dire, comme des oiseaux ou du moins comme il en est des oiseaux. La 1re manière est la meilleure: la 2de est lâche et trainante. = En être, signifie quelquefois en arriver. "Il en sera ce qu'il plaira au ciel. Rayn. "* Restons encôre quelques jours ici, pour voir ce qui en sera. MARIV. Il faut dire ce qu'il en sera, ce qu'il en est, comme on dit ce qu'il vous plaira, et non pas ce qui vous plaira. Voy. PLAIRE. "Elle pense qu'il seroit mieux de lui dire dabord ce qui en est. Fielding. Dites, ce qu'il en est.
VII. Les prétérits du v. être s'emploient souvent pour ceux du v. Aller. On dit, j'ai été, je fus chez vous, et au futur je serai bientôt chez vous, pour dire, je suis allé, j'allai, j'irai, etc. On le trouve plusieurs fois chez Corneille. Mais cette manière de parler, admise encôre dans le langage familier, ne peut plus être tolérée dans un ouvrage, qui demande de l'élégance. Journ. de Paris. = Il est ou il n'est, se dit pour il y a ou il n'y a. Vaugelas et Th. Corneille ont fait là-dessus de grandes remarques. Elles se réduisent à dire que de ces deux manières de parler, l'une, en certaines ocasions, vaut mieux que l'aûtre, mais qu'ordinairement on peut les employer indiféremment. "Il est, ou il y a des herbes si venimeûses qu'elles font mourir subitement. "Il n'est ou il n'y a point d'homme si stupide, qui ne reconoisse une Divinité. — En vers, il est ou il n'est, sont les seuls bons: il y a ou il n'y a, ne peuvent y être employés à caûse de l'hiatus.
VIII. Être, joint à ce, signifie quelque-fois le devoir ou l'autorité, et alors il régit à devant les noms, et de ou à devant les verbes. "C' est au maître à parler; c'est au disciple d'écouter: c'est au Prince à juger de ses Ministres; c'est à nous d'être soumis à ses volontés. — De vaut mieux, quand le verbe comence par une voyelle: c'est à nous d'obéir, et non pas à obéir. On doit le préférer aussi pour éviter la rencontre de plusieurs à. Ex. "C'est à lui à se conformer à la volonté des Magistrats. Ces trois a si près l'un de l'aûtre, n'auraient pas bonne~ grâce. Ainsi, il vaut mieux, dans cette ocasion, se servir de la prép. de, quoiqu'elle soit devant une consone. "C'~ est~ à lui de se conformer, etc. Voyez C'EST, au mot CE.
IX. On dit, n'être pas pour, n'être pas capable de..... "De pareils engagemens n'étoient pas pour arrêter un homme ambitieux. Vertot. "Un homme de ce caractère n' étoit pas pour s'aquiter modérément de cette commission. Anon. Si ce tour est français, il n'est pas du moins du beau style. — Sans la négative, il ne vaudrait tout-à-fait rien. On ne dirait pas: "De pareils engagemens étaient pour arrêter, etc. "Un tel homme était pour s'aquiter, etc. = Être à comprendre: ne pouvoir comprendre. "Je suis encôre à comprendre qu'il y ait des hommes si fiers à l'égard des aûtres hommes. Mariv. = Est-il de?... convient-il à?..
Est-il donc d'un héros d' écouter la natûre?
Socrate en étoufa jusqu'au moindre murmûre.
L. Racine.
On dit aussi, dans le même sens: Il n'est pas de...
Il n'est pas d'un chrétien d'abhorrer les soufrances.
= Y être, pour y ateindre. "Vous n'y êtes pas; vous ne l'avez point deviné.
Regardez bien, ma soeur,
Est-ce assez, dites-moi, n'y suis-je pas encôre?
La Font.
= Être de... Prendre part à... "Je suis de toutes ses parties de plaisir. = Être à... Étre dévoué, ataché à... "Il faut être tout à Dieu: Je n'étois plus au monde, je n'étois plus à moi même. "Je suis tout à vous. — Remarquez que, je suis à vous, ne signifie pas seulement, je vous suis dévoué, mais qu'il signifie aussi, je reviens dans l'instant. = Il n'est pas que vous ne sachiez. Vous savez sûrement. "Si vous cherchez bien, il n'est pas que vous ne trouviez quelque sentier qui vous menera au haut du rocher. Rollin. = Si j'étois que de vous: si j'étais à votre place. C'est une de ces phrâses irrégulières que l'usage a consacrées.
Je ne soufrirois pas, si j'étois que de vous,
Que jamais d'Henriette il pût étre l'époux.
Mol.
= * On disait autrefois, n'était que pour, si ce n'est que; lequel équivaut à mais. "Aussi les aurions-nous remarqués (ces vers excellens) n'étoit qu' ils se découvrent assez d'eux mêmes. Acad. Sent. sur le Cid.
Et j'y pouvois, Seigneur, mériter quelque part,
N'étoit qu'afermissant votre heureuse fortune
Je n'ai fait qu'empècher qu'elle nous fût commune.
Corn. Bérén.
N'eût été Mucian, qui le tint dans Lyon,
Il se faisoit le chef de la rébellion.Ibid.
C. à. d. sans Mucian, qui, etc.
Rem. 1°. Avec la négative, être se met quelquefois à la tête de la phrâse et devant le sujet (le nominatif.) "N'est pas toujours gai qui veut (st. fam.) vaut mieux que: qui veut être gai ne l'est pas toujours. = 2°. L'adjectif devant le v. être est un tour suranné, et fait une inversion dûre.
Chaque castor agit: commune en est la tâche,
Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche.
La Font.
On dit aujourd'hui, même en vers, même dans le style fam.: la tâche en est commune. On ne soufre plus cette construction que dans le st. marotique. = 3°. Être régit ordinairement les noms adjectifs ou substantifs au nominatif, et quelquefois sans article. "Il est doux, civil. "Vous en êtes le maître. "Il est bon père, etc. = 4°. Ce qui est, et ce qu'il y a, ont diférens régimes. Le 1er régit les noms sans préposition: le 2d exige la prép. de. "Ce qui est certain, et ce qu'il y a de certain. * Vertot dit: ce qui est de certain. Fénélon, ce qui est d'étonant. De Saci, ce qui est de terrestre, ce qui est de plus conforme à, etc. Un aûtre Ecrivain, ce qui est de vrai. Mde. de Sévigné et Marivaux le disent aussi. La préposition de est-là de trop. = 5°. * Autrefois on employait être avec des pronoms personels au datif, au lieu de pour.: "Ce m'est, ce vous est, ce lui est, etc. au lieu de, c'est pour moi, c'est pour vous, c'est pour lui, etc. "Mde. de Coulanges m'a mandé que vous m'aimiez. Quoique ce ne me soit pas (ce ne soit pas pour moi) une nouvelle, je dois être charmée que cette amitié résiste à l'absence et à la Provence. Sévig. "Un tissu d'énigmes leur seroit (seroit pour eux) une lectûre divertissante. La Bruy.
Et jusqu'à cet hymen, Rodrigue m' est aimable.
Corn.
Pour, est aimable à mes yeux. — Ce datif n'est bon qu' avec les adjectifs auxquels l'usage a acordé ce régime. "Cela m'est utile, vous sera agréable, lui sera odieux, etc.
être
ÊTRE, s. m. [1re ê ouv. et long, 2e e muet.] Ce qui est. "Dieu est un être infiniment parfait. "L'Être Souverain. "Les aûtres êtres ne sont rien devant lui: ils n'existent que par lui. = Être signifie aussi l'existence. "C'est Dieu, qui nous a doné l'être. = Au pluriel, les êtres d'une maison, les degrés, corridors, chambres, etc. "Il sait tous les êtres de cette maison. "Il conaît les êtres.
Rem. Ce mot a paru long-temps, dans les deux premiers sens, un terme trop scientifique pour être admis dans le langage ordinaire. Aujourd'hui on l'emploie et dans la prôse et dans les vers; et à l'exception d'un petit nombre de gens d'un goût peut-être trop délicat, persone n'en est blessé. — L' Être Suprême est le mot de ceux qui trouvent qu'il est trop bourgeois et trop chrétien de dire Dieu. — Les Dieux, dit M. Le Mierre,
À~ tout être sensible ont inspiré ces voeux.
Ah! la secrette voix de ces êtres augustes
Crie au fond de nos coeurs: soyez bons, soyez justes.
être
(ɛtʀ)verbe intransitif
être
verbe auxiliaire
être
sein, Wesen, abkommen, einig, empfehlen, entbehren, es, gewinnen, kippen, Lebewesen, spinnen, verantwortlich zeichnen, verstehen, werden, zeichnenbe, being, to be, creature, getzijn, wezen, hebben, worden, verkeren, zichbevinden, (het) bestaan, schepsel, liggen, staan, steken, zien, zittenהובס (הופעל), היה (פ'), יצור (ז), נברא (ז), נפש (נ), נשמה (נ), הָיָה, יְצוּר, נֶפֶשׁ, נְשָׁמָהweesсъмésser, estar, serbýtværeείμαι, ονestiestar, serolemaبودنollaहोनाbitilenniesser, seradaveraessere, stare, ente, esistere, permanere, versareある, だ, です, 存在, 居る, 生物, ・・・がある, いる이다, 있다esse, sumbūtibūtværebyćestar, ser, achar-se, existir, haverfiбыть, состоятьbyťbitivaraolmak, imek, var olmakбуті是, 有يَكُونُ, يَكْونเป็น อยู่ คือlà, ở是 (ɛtʀ)nom masculin
être
[ɛtʀ]être humain → human being
Il est instituteur → He's a teacher.
Vous êtes grand → You're tall.
Vous êtes fatigué → You're tired.
Je suis heureux → I'm happy.
C'est moi! → It's me!
Ce livre est à Paul → This book is Paul's., This book belongs to Paul.
C'est à moi → It's mine.
C'est à eux → It's theirs.
C'est à lui de le faire → It's up to him to do it.
Je ne serai pas ici demain → I won't be here tomorrow.
être de ceux qui ... → to be one of those who ...
Il voulait en être → He wanted to be part of it.
être ou ne pas être ... → to be or not to be ...
Nous en étions au dessert → We had got to the dessert., We had got as far as dessert.
Il en est à faire des ménages pour vivre → He's been reduced to doing cleaning jobs to earn a living.
en être pour ses frais → to get nothing for one's trouble
Il est impossible de le faire → It's impossible to do it.
Il est 10 heures → It's 10 o'clock.
voir aussi est-ce que, n'est-ce pas, c'est-à-dire, ce