place

place

n.f. [ du lat. platea, rue large ]
1. Espace qu'occupe ou que peut occuper qqn, qqch : Laisse-moi un peu de place ! Cette armoire prend peu de place.
2. Rang obtenu dans un classement ; rang qu'une personne ou une chose doit occuper : Elle a terminé à la troisième place dans cette compétition. Il n'est pas à sa place dans ce poste de subalterne.
3. Rang dans une file d'attente : Il me garde ma place.
4. Emplacement réservé à un voyageur dans un moyen de transport, à un spectateur dans une salle : Il ne reste aucune place libre dans ce train siège
5. Emplacement pour garer une voiture : Un nouveau parc de stationnement de 300 places.
6. Emploi rémunéré : Elle a une bonne place dans cette entreprise poste, situation travail
7. Espace public découvert, dans une agglomération : Le marché a lieu sur la place du village.
8. Ville où se font des opérations boursières ou financières : La Bourse chute sur la place de Paris.
À la place de,
au lieu de : Ils ont diffusé un film à la place du match prévu ; si on était dans le cas de qqn, dans sa situation : Mets-toi un peu à ma place !
Entrer dans la place,
s'introduire dans un milieu plutôt fermé.
Être en place,
se trouver à l'endroit convenable pour fonctionner, pour entrer en action : Les forces de police sont déjà en place.
Faire place à,
être remplacé par : La vieille boucherie a fait place à une agence immobilière.
Mise en place,
installation préliminaire à une action, à une activité donnée : La mise en place d'un service de surveillance.
Ne pas tenir en place,
s'agiter sans cesse.
Place forte,
ville défendue par des fortifications ; ville de garnison.
Prendre la place de,
se substituer à.
Prendre place,
s'installer : Les spectateurs prennent place dans la salle.
Remettre qqn à sa place,
le rappeler aux égards qu'il doit ; le réprimander.
Sur place,
à l'endroit même dont il est question : Les journalistes se sont rendus sur place ; sans se déplacer : Ils sont restés sur place jusqu'à l'arrivée de la dépanneuse.
Tenir sa place,
remplir convenablement sa fonction, son rôle.
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PLACE

(pla-s') s. f.
Espace, lieu public découvert et environné de bâtiments (ce qui est le sens étymologique).
Aristarque se transporte dans la place avec un héraut et un trompette ; celui-ci commence, toute la multitude accourt et se rassemble [LA BRUY., IX.]
Après avoir fait achever le pont Neuf, commencé sous Henri III.... il [Henri IV] fit bâtir la place Royale sur l'emplacement de l'hôtel des Tournelles, et la place Dauphine sur deux petites îles qu'on joignit ensemble [SAINT-FOIX, Ess. Paris, Œuvr. t. III, p. 17, dans POUGENS]
On dit dans le même sens : place publique.
Les uns assassinés dans les places publiques [CORN., Cinna, I, 3]
Les hommes, toujours au travail, ou dans la place publique, ne se tenaient guère dans les maisons [MONTESQ., Rom. 1]
Dévots de place, hypocrites qui font parade de leur dévotion comme sur une place.
Que ces francs charlatans, que ces dévots de place.... [MOL., Tart. I, 6]
Place de fiacres, de cabriolets, endroit où stationnent les voitures à l'usage du public. La tête, la fin de la place. Une voiture de place. Un cabriolet de place.
Place marchande, place commode pour vendre de la marchandise. Être en place marchande, être dans une place où l'on peut bien vendre, et fig. Être dans un lieu où l'on ne peut manquer d'être vu. Fig. Nous ne sommes pas en place marchande, nous ne sommes pas en lieu convenable pour traiter d'affaires.
Place d'armes, terrain libre et spacieux où s'assemble la garnison d'une ville de guerre. Se dit aussi, dans un camp, du lieu où la troupe campée vient s'assembler. Place d'armes d'une attaque ou d'une tranchée, poste où on loge de la cavalerie et de l'infanterie pour s'opposer aux sorties de la garnison et favoriser le travail des tranchées. Place d'armes d'un fossé sec, espèce de chemin couvert qui en traverse toute la largeur. Places d'armes du chemin couvert, espaces pratiqués à ses angles saillants et rentrants pour assembler les soldats. Places basses, les casemates et les flancs de bastion qui défendent le fossé et la courtine. Place d'armes se dit aussi d'une ville frontière où est le dépôt principal des vivres, des munitions, etc. Terme de marine.
Dans les anciens navires, place d'armes, partie du gaillard d'arrière comprise entre le grand mât et l'entrée de la dunette, où était le corps de garde [JAL, ]
En général, lieu découvert, espace libre.
Les lieux où des feux étaient allumés et les bêtes déchaînées, s'appelaient, en la langue de la primitive Église, la place où l'on donne les couronnes [BALZ., Socr. chrét. III]
Sera-ce hors des murs, au milieu de ces places Qu'on voit fumer encor du sang des Curiaces ? [CORN., Hor. V, 3]
Je me représente la vaste enceinte des sciences, comme un grand terrain parsemé de places obscures et de places éclairées [DIDER., Interprét. de la nat. n° 14]
Sur la place, à terre, par terre. Un coup de bâton l'étendit sur la place.
Il fallait à la justice divine un nombre infini de victimes ; elle voulait voir onze cent mille hommes couchés sur la place, dans le siége d'une seule ville [de Jérusalem par Titus] [BOSSUET, Sermons, Bonté et rigueur de Dieu, 2]
On dit quelquefois dans le même sens : au milieu de la place. Cela est tombé au milieu de la place. Demeurer, rester sur la place, être jeté à terre et y rester étendu, mort ou non.
Je tombe, et hors de moi demeure sur la place [ROTR., Vencesl. IV, 2]
Il y eut près de cinq mille hommes de l'armée de Nicanor qui demeurèrent sur la place [SACI, Bible, Machab. I, VII, 32]
Fig. Demeurer sur la place, avoir le dessous.
Enfin, mon cher maître, voilà la bataille engagée, et le signal donné : il faut que Shakspeare ou Racine demeure sur la place [D'ALEMBERT, Lett. à Voltaire, 20 août 1776]
Par la place, à terre, par terre.
À certains endroits vous jetterez le livre [du P. Maimbourg] par la place [SÉVIGNÉ, 1er déc. 1675]
Terme d'eaux et forêts. Places vaines et vagues, terrains qui ne produisent rien ; vides d'une grande étendue dans une forêt. Place vide, clairière absolument sans bois. Terme de manége. Endroit où on se trouve étant à cheval. Arrêter sur la place ou sur place. Espace qui est entre deux poteaux dans une écurie, pour loger un cheval.
Espace qu'occupe ou que peut occuper une personne. Une place au parterre, dans un wagon, etc. Je n'ai pu trouver de place, trouver place au concert. Faites-moi une petite place auprès de vous. Il me gardait une place. J'ai payé votre place.
Carlos, voulant s'asseoir parmi les comtes, et empêché par Don Manrique : J'ai vu la place vide, et cru la bien remplir. - Don Manrique : Un soldat bien remplir une place de comte ! [CORN., Don Sanche, I, 3]
Mien, tien : c'est là ma place ou soleil ; voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre [PASC., Pens. VI, 50, éd. HAVET.]
Je pense qu'elle [Mme de Gèvres] s'attendait que je lui dusse offrir ma place ; ma foi, je lui devais une incivilité de l'autre jour ; je la lui payai comptant, et ne branlai pas [SÉVIGNÉ, 27]
Mme Scarron se souvint avec combien d'esprit vous aviez soutenu autrefois une mauvaise cause, à la même place et sur le même tapis où nous étions [ID., 6 janv. 1672]
La mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Elle va descendre à ces sombres lieux.... avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir ces places [ID., ib.]
L'infidèle s'est vu partout envelopper, Et je n'ai pu trouver de place pour frapper [RAC., Andr. V, 3]
Il se met le premier à table et dans la première place [LA BRUY., V]
Il [Giton, le riche] occupe à table et à la promenade plus de place qu'un autre [ID., VI]
Il [Phédon, le pauvre] n'occupe point de lieu, il ne tient point de place, il va les épaules serrées [ID., ib.]
Fig. Tenir une grande place, être un personnage considérable.
Le voilà donc mort, ce grand ministre [Louvois], cet homme si considérable, qui tenait une si grande place, dont le moi, comme dit M. Nicole, était si étendu [SÉV., 26 juillet 1691]
Il est aujourd'hui la Saint-Lambert, qui quitte sa place la perd (voy. LAMBERT). Prendre place, s'asseoir.
Mes enfants, prenez place [CORNEILLE, Rodog. II, 3]
À la table d'Esther l'insolent près du roi A déjà pris sa place [RAC., Esth. III, 3]
Demeurer en place, ne pas bouger.
J'ai peine, je l'avoue, à demeurer en place, Et de mille soucis mon esprit s'embarrasse [MOL., Éc. des f. IV, 1]
Ne pas tenir en place, aimer à voyager.
Vous savez, grand dieu du Parnasse, Que je ne me tiens guère en place [REGNARD, Ménechmes, Prologue.]
Ne pas tenir en place, s'agiter, marcher, par impatience ou par allégresse.
Non, j'entendrai debout ; vous savez qu'en parlant je ne saurais tenir en place [BEAUMARCH., Mère coupable, IV, 13]
Je ne tiens pas en place, je me sens heureux et léger [PICARD, Vieille tante, IV, 1]
La place n'est pas tenable, on ne saurait y demeurer sans y souffrir. Tenir la place de, occuper la place.
Jésus-Christ, dont le prêtre tient la place [PASC., Prov. X]
À ce Christ, à cet homme-Dieu, à cet homme qui tient sur la terre, comme parle saint Augustin, la place de la vérité [BOSSUET, Hist. II, 6]
Faire place à quelqu'un, se ranger afin qu'il passe ; lui donner une place auprès de soi ou lui céder celle qu'on occupe.
Tyran, descends du trône et fais place à ton maître [CORN., Héracl. I, 2]
À ces mots La médiocrité revient ; on lui fait place [LA FONT., Fabl. VII, 6]
Allons, mon gentilhomme, une superbe audace ! Un train de roi ! cet air qui dit : faites-moi place ! [C. DELAVIGNE, les Enfants d'Édouard, II, 3]
Faire place, céder.
Tout fit place à mes armes [RACINE, Bérén. II, 2]
Faire faire place, faire écarter la foule.
Dorus passe en litière par la voie Appienne, précédé de ses affranchis et de ses esclaves, qui détournent le peuple et font faire place [LA BRUY., VI]
Se faire place, écarter, pour passer, ceux qu'on a devant soi.
À qui veut fortement les choses, nul obstacle n'est invincible ; un génie appliqué perce tout, se fait faire place, arrive enfin à son but [BOSSUET, 3e sermon, Pentec. I]
Là le chantre à grand bruit arrive et se fait place [BOILEAU, Lutr. V]
Quitter la place, céder la place, se retirer.
Il [Pomenars] est si hardi et si effronté que tous les jours du monde il fait quitter la place au premier président [SÉV., 77]
Finissons là, de grâce : Allez-vous m'en parler ? je vous cède la place [GRESSET, le Méch. I, 4]
Place, place ! rangez-vous, laissez passer.
Place ! place ! voici le grand Japhet [SCARR., D. Japhet, III, 4]
Place à Mathieu Crochet [REGNARD, le Bal, 19]
En place, loc. elliptique, pour : restez en place, ou remettez-vous en place. En place les danseurs. On dit dans le même sens : à vos places. Faire place nette, vider le logement qu'on occupait dans une maison. À la place de, au lieu de.
Et qui des rois, hélas ! heureux petit moineau, Ne voudrait être en votre place ! [MOL., Mélicerte, I, 5]
La Garde veut toujours que, si M. de Grignan ne vient pas, vous veniez à sa place [SÉV., 15 déc. 1673]
Et toujours la créature adorée à la place du créateur [BOSSUET, Hist. II, 12]
La loi se met à la place de celui qui est offensé, et demande pour lui la satisfaction que, dans un moment de sang-froid, il aurait demandée lui-même [MONTESQ., XXX, 19]
Fig. Se mettre en ou à la place de quelqu'un, se supposer dans l'état, la situation où il se trouve.
Mettez-vous en ma place, représentez-vous les circonstances.... et dites-moi votre avis [SÉV., 7 févr. 1689]
Il se mettait volontiers en la place des autres, ce qui produit l'équité et l'indulgence [FONTEN., Boerhaave.]
Il n'est pas dans le cœur humain de se mettre à la place des gens qui sont plus heureux que nous, mais seulement de ceux qui sont plus à plaindre [J. J. ROUSS., Émile, IV]
Figaro : On fait comme on peut : mettez-vous à ma place. - Bartholo : Me mettre à votre place ! ah ! parbleu, je dirais de belles sottises [BEAUMARCHAIS, le Barb. de Sév. III, 5]
On dit dans un sens analogue : mettre en la place de.
Que la compassion soit un retour vers nous-mêmes qui nous mette en la place des malheureux [LA BRUY., IV]
À la place de, en supposant qu'on fût dans la position de celui dont il s'agit.
Je n'ai rien fait, monsieur, que vous n'eussiez fait à ma place [MOL., Festin, III, 5]
À votre place, je prendrais mon parti, j'abandonnerais tout ce tripotage [TH. LECLERCQ, Prov. t. IV, p. 259, dans POUGENS]
On dit, dans un sens analogue : être dans la place de quelqu'un.
Si j'étais dans votre place, je ne jouerais plus [HAMILT., Gram. 3]
Je ne voudrais pas être à sa place, se dit de quelqu'un qui est dans une situation embarrassante, ou menacé de quelque événement fâcheux. Fig être en place de, être à même de.
Vous qui êtes en place de sentir ces désagréments [SÉV., 18 janv. 1690]
En termes de pratique, subroger quelqu'un en son lieu et place.
Espace qu'occupe ou que peut occuper une chose. Ranger chaque chose à sa place, en sa place. Changer des meubles de place. C'était là la place de sa maison. Il n'y a pas de place ici pour tous ces livres. La place d'une blessure.
Au vestibule obscur il marque une autre place [BOILEAU, Art p. IV]
Et, marquant à mon bras la place de son cœur, Semblait d'un coup plus sûr implorer la faveur [RAC., Mithr. V, 4]
Ses amis s'apercevaient de la place qu'ils avaient dans son cœur, par celles que leurs portraits occupaient dans sa chambre [le chevet du lit, le dessus de la porte, l'antichambre et le grenier] [Mme DE CAYLUS, Souvenirs, p. 123, dans POUGENS]
Alexandre voyait la terre comme une belle place bien propre à y établir un grand empire [FONTEN., Mond. 3e soir.]
En termes d'architecture, emplacement, lieu propre pour bâtir. En place, dans la place qui est destinée à un objet.
Il faut voir les choses en place [LAMOTTE, Fabl. I, 15]
Fig. Tenir une grande place, se dit des choses qui prennent une grande part du temps ou de l'intérêt.
Recevoir des lettres, y faire réponse, tient une grande place dans notre vie [SÉV., 582]
Tenir place de quelque chose, en être l'équivalent.
C'est une chose étrange qu'il n'y ait rien dans la nature qui n'ait été capable de lui [à l'homme] en tenir la place [de Dieu] : astres, ciel, terre, élément, plantes, choux.... [PASC., Pens. VIII, 2]
Faire place, être substitué à.
Les bois font place aux champs [BOSSUET, Hist. I, 2]
Le jour neuf fois a fait place à la nuit, Depuis qu'aux bords voisins sa flotte l'a conduit [C. DELAVIGNE, Vêpres siciliennes, I, 1]
Faire place, passer après.
Tout fait place à ce commerce [de lettres] [SÉV., 192]
Prendre la place de, succéder à.
La mort ne l'a point changée, si ce n'est qu'une immortelle beauté a pris la place d'une beauté changeante et mortelle [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Fig. Un esprit hors de sa place, se dit d'un esprit troublé d'une façon quelconque.
J'ai l'esprit un peu hors de sa place [SÉV., 147]
Je me suis souvenu de l'étonnement où vous en étiez [de la mort de Madame], et comme votre esprit en était hors de sa place [ID., 8 juill. 1671]
À la place de, dans le lieu occupé par.
Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent, Mettez une pierre à la place ; Elle vous vaudra tout autant [LA FONT., Fabl. IV, 20]
On ne persuade pas facilement aux hommes de mettre leur raison en la place de leurs yeux [FONTEN., Mond. 6e soir]
Je ne vous parlerai point de frère Thiriot ; il a mis l'indifférence à la place de la philosophie [VOLT., Lett. Damilaville, 16 avr. 1764]
Laisser place, permettre.
Mes soins à vos soupçons ne laissent pas de place [RAC., Brit. V, 3]
Pompée a saisi l'avantage D'une nuit qui laissait peu de place au courage [ID., Mithr. II, 3]
Hélas ! de tant de maux les atteintes cruelles Laissent donc place encore à des larmes nouvelles ! [VOLT., Orphel. I, 6]
Ce fait, cette réflexion trouvera place, aura place dans l'ouvrage, il en sera fait mention.
La situation, le rang qui convient ou appartient à une personne.
Les pilotes du fils d'Éson, Dont le nom jamais ne s'efface, Ont gagné la première place En la fable de la toison [MALH., III, 3]
La place de Mme de Maintenon est unique dans le monde [SÉV., 27 sept. 1684]
Toute autre place qu'un trône eût été indigne d'elle [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Toutes les fois que, regardant cette grande place qu'elle remplissait si bien, vous sentirez qu'elle y manque [ID., Duch. d'Orl.]
Quoique le roi d'Angleterre sût que la princesse sa sœur, recherchée de tant de rois, pouvait honorer un trône, il lui vit remplir avec joie la seconde place de France, que la dignité d'un si grand royaume peut mettre en comparaison avec les premières du reste du monde [ID., ib.]
J'espérais que, fuyant un indigne repos, Je prendrais quelque place entre tant de héros [RAC., Baj. II, 5]
Quand je suis dans une situation qui demande de la force et du courage, il me semble que je me trouve presque à ma place [MONTESQ., Lysim.]
Lorsque les rois de Macédoine obtinrent une place parmi les amphictyons [ID., Esp. IX, 2]
Les places que la postérité donne sont sujettes, comme les autres, aux caprices de la fortune [ID., Rom. 1]
L'homme n'est point une énigme, comme vous vous le figurez pour avoir le plaisir de la deviner ; l'homme paraît être à sa place dans la nature [VOLT., Pens. Pascal, III]
Avoir place dans l'histoire, tenir sa place dans l'histoire, être mentionné, être célèbre dans l'histoire. Cet homme n'est pas à sa place, il n'est pas dans la situation, dans l'emploi qui lui convient.
Chacun se plaint, nul n'est à sa place [MASS., Carême, Dégoûts.]
Fig. Se tenir à sa place, ne pas se tenir à sa place, observer, ne pas observer les bienséances qu'exige sa condition, son état. Tenir sa place, figurer convenablement, remplir un rôle convenable.
M. et Mme de Grignan tiendraient fort bien leur place à la cour [SÉV., 399]
Quand l'espérance voudra se mêler à ces pensées, elle y sera la très bien venue et y tiendra sa place admirablement [ID., 340]
Remettre quelqu'un à sa place, lui faire sentir qu'il s'écarte des convenances, des bienséances.
Il se dit, dans un sens analogue, du rang donné aux choses.
On souffre bien des douleurs inutiles dans l'éloignement, et jamais notre joie ni notre tristesse ne sont à leur place [SÉV., 15 mars 1676]
Quand on est si loin, on ne fait quasi rien, on ne dit quasi rien qui ne soit hors de sa place [ID., 6 déc. 1671]
Cette petite nouvelle.... a paru une misère qui n'a pas tenu sa place devant la mort de M. de Turenne [ID., 26 août 1671]
Un retour à la volonté de Dieu.... remet la raison à sa place et fait prendre patience [ID., 30 nov. 1689]
Il faut.... que.... j'accoutume votre esprit à mettre ces événements dans leur place, sans y regarder autre chose que l'ordre des temps [BOSSUET, Hist. Dessein génér.]
Malherbe.... D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir [BOILEAU, Art p. I]
Les belles choses le sont moins hors de leur place [LA BRUY., XIV]
Être à sa place, se dit d'une chose qui est dans de justes convenances.
Je ne suis point blessée de toutes les choses qui sont à leur place [SÉV., 11 nov. 1671]
Rien n'est plus à sa place que d'être protégée par un gendre [MAINTENON, Lett. à Mme de Caylus, 15 déc. 1715]
C'est en ce moment que la réserve et la gravité sont à leur place [J. J. ROUSS., Ém. IV]
Cela n'est pas tout à fait à sa place, se dit, par adoucissement, d'une action, d'une parole manquant de convenance.
Je ne sais s'il était à sa place de permettre sur le théâtre français de couvrir de ridicule des esprits qui font assurément honneur à la nation [Mme DE PUISIEUX, Ridic. à la mode, p. 292, dans POUGENS]
Fig. Place se dit de l'intérêt, de l'attachement, de l'estime, de l'amour qui occupent l'esprit, le cœur. Ne me refusez pas une place dans votre amitié.
Et que serait heureux qui pourrait aujourd'hui Disputer cette place [dans le cœur] et l'emporter sur lui ! [CORN., Nicom. I, 2]
Il n'est plus temps, madame, une autre a pris la place [MOL., Fem. sav. IV, 2]
Et [je] ne veux nulle place en des cœurs corrompus [ID., Mis. I, 1]
Il ne faut point d'art ni d'étude [pour recevoir l'impression de la beauté] ; il semble même que nous ayons une place à remplir dans nos cœurs et qui se remplit effectivement [PASC., Pass. de l'amour.]
S'il y a une petite place de reste dans votre cœur, vous me ferez un plaisir extrême de me la donner ; car vous en avez une très grande dans le mien [SÉV., 3]
Je le prie [le P. Gaillard] de ne me point oublier ; je suis flattée de la pensée d'avoir une place dans une si bonne tête [ID., 29 déc. 1688]
L'ingrate en mon cœur reprit bientôt sa place [RAC., Andr. I, 1]
Toutes les places sont prises auprès des beautés de la cour [HAMILT., Gram. 6]
Obtenir une place dans le cœur, dans l'estime de quelqu'un, être aimé, estimé de lui.
10° Dignité, fonction, charge, emploi.
Une si haute place [CORN., Cinna, I, 1]
Richelieu sembla montrer son successeur à la France ; et Mazarin s'avançait secrètement à la première place [BOSSUET, le Tellier.]
Est-on, disait-il, dans les places pour se reposer et pour y vivre ? ne doit-on pas sa vie à Dieu, au prince et à l'État ? [ID., ib.]
M. de Colbert est mort, et M. le président Pelletier va remplir sa place [MAINTENON, Lett. à M. d'Aubigné, 7 sept. 1683]
L'on se présente pour les charges de ville, l'on postule une place dans l'Académie française [LA BRUY., VIII]
On pensa à moi pour une place ; mais, par malheur, j'y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint [BEAUMARCH., Mar. de Fig. v, 3]
Prendre la place de, s'emparer de la dignité de.
Il n'a défait Tryphon que pour prendre sa place [CORN., Rodog. II, 3]
On dit dans un sens analogue : se mettre en la place de.
Ne croyez point pourtant que, semblable à Pharnace, Je vous serve aujourd'hui pour me mettre en sa place [RAC., Mithr. I, 2]
Prendre la place de, succéder à, remplacer. Mettre à la place de, remplacer par.
Asdrubal mourut, et Annibal, quoiqu'il n'eût encore que vingt-cinq ans, fut mis à sa place [BOSSUET, Hist. I, 8]
Les grandes places, les hauts emplois dans le gouvernement.
Il avait appris d'un politique philosophe, que les grandes places sont comme les rochers escarpés, qu'il n'y a que les aigles et les reptiles qui y parviennent [D'ALEMB., Éloges, l'abbé de Choisy.]
L'habitude des affaires apprend à mal penser des hommes ; et cette mauvaise opinion de l'humanité est un malheur attaché aux grandes places [CONDORCET, Maurepas.]
Un homme en place, un homme qui exerce un emploi important dans l'administration.
Il faut plaire aux femmes et aux hommes en place, se mêler des plaisirs et des affaires [VAUVENARGUES, Max. LX.]
Les gens en place sont, au fond, beaucoup plus modestes qu'on ne le croit ; car ils supposent toujours que les louanges qu'on leur donne sont intéressées [GENLIS, Mlle de la Fayette, p. 190, dans POUGENS]
Être en place, être dans un emploi, dans une charge qui donne de l'autorité, de la considération.
On dit : être en place, depuis que M. un tel est en place, pour dire : depuis qu'il est pourvu de quelque emploi qui lui donne de l'autorité ou du crédit ; toutes ces nouvelles façons de parler sont bonnes [CAILLIÈRES, Mots à la mode, Convers. I]
Rester en place, conserver son emploi. Perdre sa place, être destitué. Être sans place, n'avoir point d'emploi. Être hors de place, avoir été dépouillé de son emploi.
11° Place se dit d'un domestique en service. Être en place. Une bonne place. être sans place.
12° Terme de collége. Rang qu'un élève obtient par sa composition. On a donné les places ; il est le premier. Une bonne place, une place parmi les premiers. Cet élève a toujours de bonnes places.
13° Le lieu du change, de la banque ; l'endroit où les négociants s'assemblent pour y traiter les affaires de leur commerce.
Ils [des financiers] étaient des plus riches et pécunieux de la place [, Mém. duc d'Orl. depuis 1608, p. 137, dans LACURNE]
Après vingt ans entiers qu'on me débite dans la place [qu'on vend mes ouvrages] [LA BRUY., XII]
Il y avait, ce jour-là, de compte fait, cinquante trois religions sur la place [la bourse d'Amsterdam], en comptant les arméniens et les jansénistes ; on fit pour cinquante-trois millions d'affaires le plus paisiblement du monde [VOLT., Facéties, Pot-pourri, 5]
Avoir du crédit sur la place, avoir du crédit parmi les gens de banque, de commerce d'une ville.
Je crois que sa fortune et la vôtre sont toutes faites, et son papier a sur la place un crédit.... [DANCOURT, les Agiot. III, 6]
Jour de place, un des jours où les négociants d'une ville ont coutume de s'assembler. Faire la place, se dit d'un commis qui va dans toute une ville offrir les marchandises de son patron aux autres commerçants, ou conclure des traités avec eux. Par extension, place, tout le corps des négociants, des banquiers d'une ville. Cette grande faillite a mis la place en émoi.
14° Place se dit d'une ville, d'une localité.
M. de Rével est parti ce matin pour aller voir Brest, qui est présentement la plus belle place qu'on puisse voir [SÉV., 569]
15° Place forte ou place fortifiée, ou, simplement, place, ville défendue, protégée par des remparts capables de soutenir un siége.
Les ordres avaient été donnés au connétable Wrangel pour entrer dans les États de l'électeur de Brandebourg, et même pour aller droit à Berlin, qui n'est pas une place de grande défense [PELLISSON, Lett. hist. t. II, p. 211, dans POUGENS]
Elle assiége et prend d'assaut une place considérable [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Le prince, par son campement, avait mis en sûreté non-seulement toute notre frontière et toutes nos places, mais encore tous nos soldats : il veille, et c'est assez [ID., Louis de Bourbon.]
Elle trahit mon père, et remit aux Romains La place et les trésors confiés à ses soins [RAC., Mithr. I, 1]
Louvois voulait que tout fût place et garnison ; c'était là son génie, c'était aussi le goût du roi [VOLT., Louis XIV, 11]
Il [Louis XIV] construisit ou répara cent cinquante places de guerre [ID., ib. 29]
Cohorn et Vauban ouvrirent les yeux à l'Europe sur l'art de défendre, mais surtout d'attaquer les places [RAYNAL, Hist. phil. XIX, 4]
Fig.
Enfin cette beauté m'a la place rendue [MALH., V. 4]
Je sens qu'elle [ma vertu] chancelle et défend mal la place [CORN., Hor. II, 5]
Ouvrez mon cœur, Seigneur ; entrez dans cette place rebelle que les vices ont occupée [PASC., Prière.]
Je suis fort aise, comme vous, de la diversion que la goutte fait aux entrailles de M. de Grignan ; Dieu conserve le dedans de cette place, et empêche les dehors d'être si terriblement insultés ! [SÉV., 5 oct. 1689]
En remontant des phénomènes les plus sensibles par une exacte analyse de tous les dehors de la nature, je me flatte de parvenir bien plus sûrement au corps intérieur de la place [LE P. CASTEL, dans Mém. de Trévoux, 1725, t. I, p. 296]
16° Ustensile de fer enfoncé par le pied dans un gros bloc de bois, qui sert comme d'établi au cloutier pour fabriquer les clous.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Nus remaindrons [demeurerons] en l'estal [debout] en la place [, Ch. de Rol. LXXXV]
    [Ils] Vienent ad Ais, descendent en la place [, ib. CCLXXXIX]
  • XIIe s.
    Enmi la place [il] l'abat tout estendu [, Ronc. p. 61]
    Sur une verte place unt le rei atendu [, Th. le mart. 118]
    Li veillart sont oscis es places [, Machab. I, 2]
  • XIIIe s.
    Ele [Troie] fu jà de moult grant signorie ; Or n'i puet on que la place trover [QUESNES, Romancero, p. 108]
    Or li convient guerpir [quitter] la place, Se il ne velt lessier la pel [, Renart, 2448]
  • XIVe s.
    En la plache vinrent tout droit Là ù je m'estoie arresteis [J. DE CONDÉ, t. III, p. 3]
    Es gieuz que l'en fait es places publiques [ORESME, Eth. 308]
    Les tisserans avoient plache en la ville de Rouen pour eus alouer, jouste une maison que l'en appelle Damiette [DU CANGE, placea.]
  • XVe s.
    Allons ! allons ! celle ribaudaille ont tué notre heraut ; mais il leur sera cher comparé [vendu], ou nous demeurerons tous sur la place [FROISS., II, II, 207]
    [Les six bourgeois de Calais agenouillés aux pieds d'Édouard implorent sa pitié] Certes il n'y eut adonc en la place seigneur, chevalier, ni vaillant homme qui se pust abstenir de pleurer [ID., I, I, 321]
    Leur vaillant capitaine, qui mie ne s'y espargnoit, ains y tenoit si bien sa place, que nul tant n'y traveilloit [, Bouciq. I, 32]
    Tant bat-on place, qu'elle est prise [VILLON, Ball.]
  • XVIe s.
    Parmy les soldats, où la peur debvroit trouver moins de place [MONT., I, 61]
    En la mesme place [endroit] où il avoit livré bataille.... [ID., I, 261]
    Retirant et ostant les garnisons qu'il avoit mises ès fortes places [AMYOT, Pélop. 64]
    Il en fut destitué [de sa charge], et mis un autre en sa place, pour.... [ID., Marcel. 5]
    Les senateurs luy firent place, et le receurent entre eulx [AMYOT, Flam. 38]
    Bien de sa place part qui son amy y laisse [COTGRAVE, ]

ÉTYMOLOGIE

  • Picard, plache ; bourg. plaice ; provenç. plassa ; esp. plaza ; port. praça ; ital. piazza ; du lat. platea, place publique, lequel vient du grec féminin de large (comparez PLAT).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    PLACE. Ajoutez :
    17° Place de commerce, ville où se font beaucoup d'affaires commerciales.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

place

PLACE. n. f. Lieu, endroit, espace qu'occupe ou que peut occuper une personne, une chose. La place est prise, occupée, vide. La place est trop petite pour deux. Il y a place pour vingt couverts. Mettre, ranger chaque chose à sa place, en sa place. Changer des livres, des meubles de place. Il change de place à tout moment. Rester, demeurer, se tenir en place. Céder, quitter, perdre sa place. Rendre la place d'un autre. Prendre place à côté de quelqu'un. Trouver place. Payer sa place. Retenir des places au théâtre.

Prov., Qui quitte sa place la perd. On dit familièrement dans le même sens Qui va à la chasse perd sa place.

Quitter la place à quelqu'un, Se retirer devant lui, le laisser à la place qu'on occupait. Je m'aperçois que je vous gêne, je vous quitte la place.

Ne pas tenir en place, S'agiter, marcher fébrilement, en signe d'impatience ou de joie.

Faire place nette, Vider le logement qu'on occupait dans une maison, en ôter tous les meubles. Il s'emploie figurément pour signifier qu'on a renvoyé d'une maison, d'une administration, d'une entreprise, etc., tous ceux dont on voulait, pour quelque raison que ce soit, se débarrasser. Son premier soin en prenant la direction de cette affaire a été de faire place nette. On dit aussi Faire maison nette.

La place n'est pas tenable, On ne saurait y demeurer sans incommodité ou sans péril. Il a donné sa démission, la place n'était plus tenable.

Se faire place, se faire faire place, Pénétrer, arriver, se mettre où on veut être.

Faire place à quelqu'un, Se ranger afin qu'il passe, qu'il aille se mettre à sa place. Il signifie aussi Lui donner une place auprès de soi. Venez auprès de nous, nous vous ferons place. Il signifie encore Céder sa place. Il y a longtemps que vous êtes là, faites place aux autres.

Fig., L'amour, dans son coeur, a fait place à la haine, La haine y a remplacé l'amour.

Place, place! Locution exclamative elliptique dont on se sert pour faire écarter ou ranger ceux qui empêchent la circulation.

Figurément, Place aux jeunes!

En place! Autre locution elliptique dont on se sert pour inviter plusieurs personnes à prendre leurs places. En place, messieurs!

En termes de Beaux-Arts, Mise en place, Action, pour le peintre, de poser son modèle dans l'attitude qu'il doit occuper dans le tableau; ou encore Établissement des grandes lignes, répartition des masses, des volumes d'une composition; pour l'architecte, le décorateur, Action de placer un ornement, un meuble à l'endroit qui lui convient le mieux.

Ce mot n'est pas à sa place, Il ne convient pas à l'endroit où on l'a mis. On dit dans le même sens : Cette pensée, ce discours, cette réflexion n'est pas à sa place.

Cela n'est pas tout à fait à sa place, se dit d'une Façon d'agir, de parler inopportune ou peu convenable.

Fig., Tenir une grande place, Être un personnage considérable.

Fig., Tenir sa place dans le monde, Figurer convenablement dans le monde.

Fig. et fam., Bien tenir sa place à table, Faire honneur au repas, manger de bon appétit.

Fig., Se tenir à sa place, ne pas se tenir à sa place, Observer, ne pas observer les bienséances qu'exige sa condition, son état. Cet homme est, n'est pas à sa place, Il est, il n'est pas dans la situation, dans l'emploi qui lui convient.

Fig., Remettre quelqu'un à sa place, Le rappeler aux convenances, à la bienséance.

Avoir place dans l'histoire, tenir sa place dans l'histoire, Être mentionné par les historiens. Érostrate a voulu avoir une place dans l'histoire. César tient une grande place dans l'histoire. Cette action mérite d'avoir place dans l'histoire.

Cette réflexion, ce fait, ce trait trouvera place, trouvera sa place, aura sa place dans l'ouvrage que j'achève, Il en sera fait mention dans cet ouvrage.

Avoir, obtenir, conserver une place dans le coeur de quelqu'un, dans son estime, dans son amitié, dans sa confiance, Être aimé, estimé de lui. On dit aussi Donnez-moi, accordez-moi, ne me refusez pas une place dans votre amitié, dans votre estime, dans votre souvenir.

Fig., Se mettre en la place et, plus ordinairement, à la place de quelqu'un, Se supposer dans l'état, dans la situation où il est. Mettez- vous à sa place. Supposez que vous soyez à ma place. Si vous étiez en sa place, vous seriez aussi embarrassé que lui. Elliptiquement, À ma place, que feriez-vous? En termes de Procédure, Subroger quelqu'un en son lieu et place.

Je ne voudrais pas être à sa place, se dit en parlant d'une Personne qui est dans une situation pénible, embarrassante, ou qui est menacée de quelque événement fâcheux.

Tenir de la place se dit d'une Personne ou d'une chose qui dépasse un peu les proportions normales. Il se dit figurément d'une Personne qui exagère son importance.

PLACE se dit, figurément, de la Dignité, de la charge, de l'emploi qu'une personne occupe dans le monde; de l'emploi d'un commis, d'un domestique, etc. Place de confiance. Demander, solliciter, obtenir, accepter, refuser une place. Il remplit bien sa place. Connaître les droits, les devoirs de sa place. On n'en voulait pas à sa personne, on n'en voulait qu'à sa place. Perdre sa place.

Absolument, Être en place, Être dans un emploi, dans une charge qui donne de l'autorité, de la considération. Être sans place, Être sans emploi.

Un homme en place, Un homme qui a une situation, un emploi de quelque importance. Les gens en place.

PLACE, dans les Collèges, désigne le Rang qu'un écolier obtient dans un classement. On donne aujourd'hui les places. Il a eu une bonne place, une mauvaise place. La place de premier.

PLACE signifie aussi Espace, lieu public, découvert et environné de bâtiments. Place publique. La place Vendôme. La place des Victoires.

Place de voitures ou, elliptiquement, Place, Endroit où stationnent les voitures à l'usage du public. D'où l'expression : Voiture de place. Vous trouverez un taxi à la place.

PLACE s'emploie quelquefois absolument pour désigner le Lieu où s'assemblent les agents de change, les banquiers, les négociants pour y traiter leurs affaires et y opérer leurs transactions. Négocier un billet sur la place. Être connu, avoir du crédit sur la place de Paris. L'argent est facile, abondant sur la place.

Il se dit quelquefois de l'Ensemble des négociants, des banquiers d'une ville. La place de Lyon est une des plus riches de France. Cette place n'est pas sûre, on y est menacé de beaucoup de faillites.

Faire la place se dit, dans le Commerce, de Commis qui vont offrir des marchandises à des magasins de détail ou à des particuliers. Il se dit aussi des Élèves architectes qui, tout en poursuivant leurs études, vont travailler chez un patron comme dessinateurs apprentis.

PLACE désigne encore une Ville de guerre ou de garnison. Place forte. Place frontière. Place maritime. Reconnaître, assiéger, attaquer, investir, bloquer une place. Emporter une place d'assaut. Démanteler une place. La garnison d'une place. Le commandant de place.

Place d'armes, Terrain destiné à des revues, à des exercices militaires. Dans cette ville il y a une très belle place d'armes.

Place d'armes se dit aussi de la Partie des tranchées dans laquelle on réunit les troupes destinées à repousser les attaques ou à donner l'assaut.

Place d'armes se dit encore de la Ville frontière où est le dépôt principal des vivres, des munitions de l'armée, et sous laquelle les troupes peuvent se retirer en cas de besoin.

SUR PLACE, SUR LA PLACE, loc. adv. À l'endroit même. S'agiter, piétiner, tourner sur place.

Avancer sur place se dit d'un Fonctionnaire qui, sans changer de résidence, passe à une classe supérieure.

Il est demeuré deux mille hommes sur la place, Deux mille hommes ont été tués sur le lieu où s'est donné le combat.

Tomber mort sur la place, Tomber mort sur- le-champ.

Sur la place signifie aussi À terre, par terre. Du premier coup de poing, il l'a étendu sur la place.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

place

Place, f. penac. Est un lieu subdial et à descouvert sans bastimens, et se prend tantost pour le rez de chaussée, Solum. Comme quand on dit, Il n'y a que la place, Solum nudum, et sine superficie. Nuda area. Et tantost pour le lieu destiné au marché, comme la place Maubert, Forum rerum venalium. La place de Greve. Et ores le lieu où le peuple d'une ville s'assemble aussi pour autres occasions que pour acheter et vendre, Platea. Lamprid. in vita Heliogabali. Voyez Hale. Et ores pour un chasteau de forteresse, comme quand on dit la frontiere estre garnie de places fortes, Fineis firmissimis castellis arcibusque instructos, munitos. Et sic pro superficie etiam. On en use aussi pour tout lieu en general, comme, Il ne sied en place, Nullibi constat, Considet. Il va de place en place, Locum assidue vertit. On le fait aussi ou special, comme quand on dit, c'est la place d'un homme de bien, Haec viri boni sedes est, Locus hic viri frugi est. Ou individuë, comme, Vous occupez ma place, Locum, gradum, sedem meam detines. Et per katakhrêsin Pour ce que le Latin dit Vicem. Comme, Je me mettray en ta place, Vice tua adero, vicem tuam lubens obibo. Desquelles diverses significations dessusdictes dependent les manieres de parler qui ensuivent.

Nettoyer une place de toutes ordures, comme de pierres, plastras, et autres, Eruderare.

¶ Il n'y a pas seulement place pour Homere entre les poëtes, mais, etc. Non in poetis Homero soli locus est, sed, etc.

¶ Tellement qu'il n'arrestoit jamais en mesme place, Vt neque eodem loci consisteret.

Changer de place, Mutare, vel Commutare locum.

Je te prie que ferois-tu, si tu estois en ma place? Fac quaeso qui ego sum, te esse? B.

Si j'estois en la place de cestuy-ci, Si ego in isthoc siem loco.

Estre bouté hors de sa place, Deiici de gradu.

Faire place, Locum dare, Cedere.

Qui fait place à un autre, Decedens.

Fay faire place, Submoue turbam, Locum viamque vacuam facito.

¶ Entrer en la place d'un autre, et faire ce qu'il faisoit, Succedere vicarium muneri alterius.

Mettre aucun en sa place pour faire son office, Dare vicarium, In locum suum vocare, Subrogare, Sufficere.

Ils mettent en la place de Brutus Horace, Bruto statim Horatium suggerunt.

Il met en leur place ceux, etc. In locum eorum subiicit quos secum ex Italia adduxerat.

Qui est en la place d'un autre, Subditiuus, Subdititius.

Se remettre en la place l'un de l'autre par tours, Per vices subire.

Qui est mis en la place d'un autre par mort ou absence, Succenturiatus.

Mettre hors de la place, Sede vel loco aliquem mouere.

Perdre sa place, Locum perdere.

Quitter sa place, Cedere alicui foro et curia decedere.

Remettre en sa place, In gradum reponere.

Demander de tenir la place d'aucun, Locum alterius ambire.

Tenir la place d'aucun, Fungi munere alicuius.

Tenant la place d'autruy en pareil droict, Vicarius alieni iuris.

Qui tient la place d'un autre, Vicarius.

Tenir la place des orateurs, Tenere locum oratorum.

¶ Cet arbre tient grande place, Sedem amplam occupat haec arbor.

Place marchande, c'est lieu franc et de libre sejour, Vbi consistere libere cuilibet licet, quo conuenire cuiuis ius potestasque est.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

place


PLACE, s. f. PLACER, v. act. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] Place, est 1°. Lieu, endroit, espace qu'ocupe ou peut ocuper une persone ou une chôse. "Céder, doner sa place à quelqu'un. "Afecter une place: ce n'est pas là votre place. Garder des places au sermon. Retenir des places au coche, à la diligence. "Il ne saurait durer, demeurer, se tenir en place. — "Mettre chaque chôse à sa place, ou, en sa place. Acad. "Changer des livres, des meubles de place. "Il n'y a pas de place en mon cabinet pour tous mes livres. "Voilà une belle place pour bâtir. Acheter des places. = Place marchande, comode pour vendre de la marchandise. = Faire place nette, vider le logement qu'on ocupait dans une maison, en ôter tous les meubles. — Voy. LIEU.
   Rem. Faire, doner, et avoir place, se disent sans article avec le datif pour régime. Faire place à quelqu'un, se ranger, afin qu'il pâsse et qu'il s' aille mettre à sa place; ou bien, lui céder, lui quiter sa place; ou encôre, lui doner une place auprès de soi. "Tout fait place à ce comerce. Sév. c. à. d. tout lui cède. "Il a doné place aux Sociniens dans l'Église Universelle. Boss. = L'Acad. par analogie, dit aussi sans article, refuser place. "Auroit il été raisonable de refuser place à des mots, qui sont aujourd' hui d'un usage universel. Préface du Dict. Au mot PLACE, elle ne dit que faire place, et avoir place sans article. "Nous vous ferons place: faites place aux aûtres: avoir place dans l'Histoire, ou, tenir sa place dans, etc. * M. Necker dit aussi sans article, il y a place assez, pour il y a assez de place. "Il y a place assez pour les exercer tous (ces devoirs de justice et de bienfaisance) dans le vaste champ des misères humaines. = Quoique quiter avec le régime du datif, ne soit pas trop régulier à mon avis, l'usage autorise à dire quiter pour céder, la place à... non seulement au propre, mais au figuré. "M. d'Aix doit être bien content que M. d'Arles lui quitte la place. SÉV. Il s'agissait de la Présidence de l'Assemblée des États de Provence. = Avec mettre et les pronoms, on dit indiféremment, à sa place ou en sa place; mais avec être, ou avec la prép. de, le 2d a quelque chose de dur et de sauvage. "Ainsi vous servirez Télémaque, tandis qu'il sera en votre place avec les Alliés. Fénél. "Mettez-le en la place de celui-là: il est en la place d'un tel. Dites, à la place. "On fait un crime au reste des Hommes de l'impuissance où l'on est d'être aussi criminel qu'eux... et l'on met l' humeur à la place des plaisirs. Massill. C'est ainsi qu'il faut dire, et non pas, en la place. = On dit, des chôses, qu'elles sont à leur place, pour dire, qu'elles sont convenables, raisonables. "La tendresse, que j'ai pour vous, est toute naturelle: elle est à sa place: elle est fondée sur mille bonnes raisons. Sév. Être dans, ou, en sa place, se dit des mots, des pensées, des réflexions: "Ce mot n'est pas dans sa place, il ne convient pas à l'endroit où on l'a mis. "Cette réflexion n'est pas en sa place: elle n'est pas convenable dans cette ocasion. * Quelques-uns disent, est en place, n'est pas en place: je ne voudrais pas le dire de la sorte. = Se mettre en, ou à la place de quelqu' un se dit fort bien pour dire, se regarder comme si l'on était dans la situation où il est. "Mettez-vous en ma place, que feriez-vous? Si vous étiez à ma place, vous seriez fort embarrassé. "Je le plains, je ne voudrais pas être à sa place. = Place! place! Façon de parler, espèce d'interjection, dont on se sert pour faire ranger ceux qui empêchent de pâsser, ou, pour faire retirer ceux, qui ocupent des places, destinées à d'aûtres. = Sur la place, adv. Il signifie tantôt sur le champ, tout d'un coup, sur le lieu même. "Il a été tué, il est tombé mort sur la place; ou, à terre, par terre. "Cela est tombé sur la place, ou, au milieu de la place. = 2°. Figurément, charge, dignité, emploi. "Bone place; place importante; place de confiance; il a perdu sa place, on l'a ôté de sa place: il est hors de place: il est encôre en place. = 3°. Lieu public découvert et environé de bâtimens. "La place Royale, la place Maubert, etc. à Paris. = 4°. Lieu où les Banquiers, les Négocians traitent de leurs afaires: c'était autrefois sur une place. (n°. 3°.) De là ces façons de parler: Négocier un billet sur la place: avoir crédit sur la place: faire des remises de place en place, c. à. d. d'une ville de comerce à l' aûtre. = 5°. Ville de guerre, forteresse. "Place forte, imprenable, régulière, ou irrégulière, frontière, maritime, etc. Fortifier, assiéger, investir, bloquer; insulter, forcer, prendre, emporter une place. Rendre, évacuer une place. "Le corps, les dehors, la garnison d' une place, etc. etc.
   PLACER: on écrivait autrefois, nous placeons, je placeois, il placeoit, je placeai, il placea. Aujourd'hui au lieu de cet e, on met une cédille, ou un c renversé; nous plaçons, je plaçois, etc. = Placer, situer, mettre dans un lieu. "Placer un bâtiment: sa maison est bien placée, mal placée. "On les plaça comme on put: nous étions mal placés. "Le coeur est placé un peu plus du côté gauche que du côté droit. = Fig. Placer bien ce qu'on dit, le dire fort à propôs et dans l'endroit où il faut: placer bien une citation. = Placer bien ses charités, ses aumônes, ses grâces, ses faveurs, ses bienfaits, ses libéralités, les faire, les apliquer avec choix et discernement. = Placer de l'argent (voy. Place, n°. 4°.) le faire profiter, l'employer à un capital, à une charge. * Plusieurs, dans les villes de comerce sur-tout, disent en ce sens, faire un placement: c'est un bon, un mauvais placement. Ce mot n'est pas dans les Dictionaires. = Placer une persone, lui procurer un emploi, une place, (n°. 2°.) un établissement. "On l'a placé dans un bon poste: il n'est point placé: je cherche à le bien placer. "Il avait trois enfans: il les a placés avantageûsement. = Avoir le coeur bien placé, avoir de l'honeur, de la vertu, les sentimens d'un honête homme. Le coeur mal placé dit tout le contraire.
   *PLACEMENT. Voy. l'Article précédent.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

place

nom féminin place
1.  Espace occupé par.
2.  Endroit précis.
3.  Niveau occupé par.
4.  Caractère important.
5.  Emploi rémunéré.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

place

Platz, Posten, Stätte, Terrain, Anstalt, Fleck, Gelaß, Ort, Stelleplace, square, space, public square, seat, location, plaza, post, spot, room, elbow room, positionplaats, plein, ruimte, betrekking, lokaliteit, oord, plek, wachtpost, werkkring, zetel, ambt, baan, lokaal, post, baantje, kamer, vertrek, vestingstad, zitplaats, standplaatsכיכר (ז), מקום (ז), רחבה (נ), כִּכָּר, רְחָבָהbaantjie, betrekking, plek, poscàrrec, espai, plaça, posició, postaplads, stedejo, loko, placo, postenoespacio libre, puesto, sitio, ubicaciónpiazza, panni (nettersi nei panni di), postolocusmiejscowośćadro, paragem, posto, sedeloc, piaţătorgmahalialanθέση, μέρος, πλατεία, τόποςмястоmístopaikka장소 (plas)
nom féminin
1. endroit, espace occupé par qqn ou qqch prendre beaucoup de place ranger qqch à sa place une place de parking
2. siège occupé par qqn changer de place prendre la place de qqn une place de train une place de théâtre
3. à l'endroit où qqch a eu lieu, sans se déplacer consommer qqch sur place
4. situation se mettre à la place de qqn À ta place, je partirais.
5. grand espace public La mairie est sur la place du village.
6. rang, position avoir la première place
7. au lieu de utiliser un outil à la place d'un autre
8. poste, emploi perdre sa place
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place

[plas] nf
[ville, village] → square
la place du village → the village square
[train, cinéma, voiture] → seat
Toutes les places ont été vendues → All the seats have been sold.
Il n'a pas payé sa place → He didn't pay for his ticket.
place assise → seat
Il y a vingt places assises → There are 20 seats.
Il y a 20 places debout → There is standing room for 20.
une quatre places (AUTOMOBILES) → a four-seater
(= endroit où l'on est assis) → seat
la place d'honneur → the place of honour (Grande-Bretagne), the place of honor (USA), the seat of honour (Grande-Bretagne), the seat of honor (USA)
regagner sa place → to go back to one's seat
(= emplacement) → place
une place pour chaque chose et chaque chose à sa place → a place for everything and everything in its place
(espace libre)room, space
ça prend de la place → it takes up a lot of room, it takes up a lot of space
faire de la place à → to make room for, to make space for
(aussi place de stationnement) → parking place
trouver une place → to find a parking place
Il ne reste plus de place pour se garer → There's nowhere left to park.
(dans un classement)place
Vincent a eu la troisième place au concours → Vincent got third place in the competition.
(= emploi) → job
(autres locutions) à la place de → instead of, in place of
à la place → instead
Il ne reste plus de tarte; désirez-vous quelque chose d'autre à la place? → There's no tart left; would you like something else instead?
remettre qn à sa place → to put sb in their place
remettre qch en place → to put sth back in its place
ne pas tenir en place → to be always on the go
de place en place → here and there, in places
par places → here and there, in places
sur place → on the spot
voir aussi surplace
faire place à → to give way to
prendre place → to take one's place
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005
Collins Multilingual Translator © HarperCollins Publishers 2009