vêtir
vêtir
v.t. [ lat. vestire ]se vêtir
v.pr.vêtir
(vetiʀ)verbe transitif
VÊTIR
(vé-tir ; l'usage a changé, à l'infinitif, l'e ouvert en un e fermé) , je vêts, tu vêts, il vêt, nous vêtons, vous vêtez, ils vêtent ; je vêtais ; je vêtis ; nous vêtimes ; je vêtirai ; je vêtirais ; vêts, vêtons, vêtez ; que je vête, que nous vêtions ; que je vêtisse ; vêtant ; vêtu v. a.REMARQUE
- C'est une faute contre la conjugaison de vêtir que de dire au présent, comme Montesquieu : Ils [les Turcs] achètent les habits des pestiférés, s'en vêtissent... ; comme Voltaire : Dieu leur a refusé le cocotier qui ombrage, loge, vêtit, nourrit, abreuve les enfants de Brama ; et comme Delille : De leurs molles toisons les brebis se vêtissent, Parad. perdu, VII., Cette faute se commet parce qu'on applique à vêtir la conjugaison inchoative en ir, qui donne issant au participe et issement aux substantifs dérivés, tandis que, venant du latin vestire, il a suivi la conjugaison pure, comme sentir, venir, dormir, etc. Ce qui peut en outre expliquer cette confusion, c'est que le composé investir suit la conjugaison ordinaire, investissant, investissement.
SYNONYME
- VÊTIR, HABILLER. Vêtir est l'acte pur et simple de couvrir d'un vêtement. Habiller y joint l'idée que ce vêtement convient. C'est ce qu'on voit dans cet exemple-ci : Il n'en porte que l'habit, sa figure en est vêtue, et point habillée, pour ainsi dire [MARIVAUX, Paysan parv. 5e part.]
HISTORIQUE
- Xe s. [Ils] vestirent haires [, Fragm. de Valenc. p. 467]
- XIe s. Ne il n'en fut ne vestut ne saisit [d'un fief] [, Ch. de Rol. CCXXXI]
- XIIe s. L'empereor de France [il] tant servi, Que l'empereres li a del tot merit ; De Cambrisin an droit fié le vesti [, Raoul de C. 3]
- XIIIe s. Maintenant que li hom vest persone de juge, doit il devestir persone d'ami [BRUN. LATINI, Trésor, p. 409]Car c'est la plus haïe qu'ainc [onque] vestit drap de laine [, Berte, LXXIV]Quant li rois l'oï, si sali sus, et se vestit et atorna et fist sa maisnie [troupe] armer [, Chr. de Rains, p. 6]Et aussi s'aucuns me preste se [sa] robe pour mon vestir [BEAUMANOIR, XXXVII, 4]Trois cas sont, es quix [auxquels] li hoir n'emportent pas le douaire aussi vestu comme il le truevent [ID., XIII, 16]Et prent on celi qui le larrecin porte, saisi et vestu du larrecin.... [ID., LXIII, 8]
- XIVe s. Quant une personne est bien vestue de robes, elle en est mieux parée [ORESME, Éth. 25]Pour ce que j'ay dit : en vous vestant, je vueil en cest endroit un petit parler de vestemens [, Ménagier, I, 1]
- XVe s. En une chambre belle e cointe, Vestue de beaus paremens Et de moult riches garnemens [FROISS., Poésies mss. p. 192, dans LACURNE]L'autre dit : ce n'est [une femme mal élevée], qu'une monstre Et ainsi que buche vestue [E. DESCH., Miroir de mariage, p. 63]Le temps n'estoit mie nueux, De bleu estoient vestuz les cieux, Et le beau soleil cler luisoit [A. CHART., Livre des quatre dames, p. 594]
- XVIe s. On dedie les dieux qui sont sacrez, immortels et inviolables, en des matieres viles et de nul prix, et on les vest de figures d'hommes et de bestes.... [CALV., Instit. 53]Que employez à les vestir ? duquel drap les vestez vous ? [RAB., V, 28]Ostez lui toute mollesse et delicatesse au vestir et au coucher, au manger et au boire [MONT., I, 183]Entre ma façon d'estre vestu et celle d'un homme qui n'est vestu que de sa peau... [ID., I, 259]Il se vestoit tousjours fort simplement [AMYOT, Philop. 3]Les joueurs de tragedies, avec les accoustremens qu'ils vestent quand ils vont au theatre jouer leurs jeux.... [ID., Démétr. 22]Il entreprit de lui derober sa chemise vestue et en vint à bout [D'AUB., Faen. III, 3]
ÉTYMOLOGIE
- Berry, vîter ; provenç. et espagn. vestir ; ital. vestire ; du lat. vestire ; gothique, vasti ; sanscr. vas.
vêtir
Se vêtir à la française, à la turque, etc., Suivre la mode des Français, des Turcs, etc., dans ses habillements.
VÊTIR signifie, par extension, Fournir des vêtements. C'est une des oeuvres de miséricorde de vêtir les pauvres. Il a beaucoup de peine à nourrir et vêtir ses nombreux enfants.
Il signifie aussi Mettre sur soi. Vêtir une robe de chambre. Il vieillit en ce sens, on dit plutôt aujourd'hui Revêtir.
Le participe passé VÊTU s'emploie adjectivement. Vous voilà bien vêtu pour votre hiver. Il est richement vêtu, vêtu chaudement.
Il se dit particulièrement en parlant des Habits de dignité. Le roi était vêtu de ses habits de cérémonie.
L'oignon est bien vêtu cette année, Ses enveloppes sont plus épaisses et plus nombreuses qu'à l'ordinaire. Prov., Quand l'oignon est bien vêtu, c'est signe de grand hiver.
Fig. et fam., Être vêtu comme un oignon, Avoir plusieurs vêtements l'un sur l'autre.
vétir
VÉTIR, VÉTûRE, voy. VêTEMENT.