temps

Recherches associées à temps: heure, meteo

1. temps

n.m. [ lat. tempus ]
1. Notion fondamentale conçue comme une durée infinie pendant laquelle se succèdent les événements : Le temps et l'espace. Le temps est irréversible.
2. Cette notion, conçue comme une dimension de l'Univers susceptible de repérages et de mesures : Dans la théorie de la relativité, le temps représente la quatrième dimension.
3. Durée considérée comme une quantité mesurable : Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour terminer ce travail délai, marge
4. Chacune des phases successives d'une action : Le carrelage de cette pièce a été réalisé en deux temps étape, stade
5. Moment, époque occupant une place déterminée dans la suite des événements ou caractérisée par qqch : Le temps des dinosaures.
6. Moment favorable à telle ou telle action : Le temps est venu de s'en aller.
7. Catégorie grammaticale indiquant la localisation dans le passé, le présent ou le futur de l'action, de l'état exprimés par les formes verbales : Le futur et le passé composé sont des temps du mode indicatif.
8. En musique, division de la mesure : Une mesure à 2, 3, 4 ou 5 temps.
9. Durée chronométrée d'une course, d'un match : Elle a réalisé le second temps.
À temps,
au moment approprié ; pas trop tard.
Avoir fait son temps,
être dépassé, périmé ou démodé.
Avoir le temps de,
disposer du délai nécessaire pour faire qqch : J'ai le temps d'aller boire un café.
Bon temps,
moments heureux, de plaisir : Prendre du bon temps.
Dans le temps,
autrefois : Dans le temps, on mangeait moins de viande.
De temps en temps ou de temps à autre,
par intervalles ; quelquefois.
De tout temps,
toujours : De tout temps, il y a eu des injustices.
En même temps,
dans le même instant, simultanément ; à la fois.
En temps et lieu,
au moment et à l'endroit convenables.
Être de son temps,
en conformité avec les idées, les usages de son époque : Avec son lecteur de cassettes, elle n'est vraiment plus de son temps.
Gagner du temps,
retarder la suite des événements ; temporiser.
Il est temps ou grand temps,
le moment est venu de faire telle chose ; cela devient urgent : Il est grand temps de rentrer. Il était temps que nous arrivions.
Il y a beau temps que,
Litt. il y a longtemps que.
N'avoir qu'un temps,
être de courte durée : Ce style de musique n'aura qu'un temps.
Passer le temps à ou son temps à,
l'employer à : Elle passe son temps à dormir.
Perdre du temps ou son temps,
le gaspiller inutilement, en partic. à ne rien faire.
Temps choisi,
travail à horaire variable (temps partiel, horaires à la carte).
Temps d'antenne,
durée déterminée d'émissions de radio ou de télévision diffusées dans le cadre de la programmation : Respecter le même temps d'antenne pour chaque candidat aux élections.
Temps fort,
en musique, temps de la mesure où l'on renforce le son ; fig., moment le plus important, point culminant d'un événement.
Temps partiel,
temps de travail inférieur à la durée légale hebdomadaire (par opp. à temps plein).
Temps réel,
mode de traitement informatique qui permet l'admission des données à un instant quelconque et l'élaboration immédiate des résultats.
Temps universel,
temps du méridien de Greenwich, considéré comme une référence universelle.
Tout un temps,
en Belgique, pendant un certain temps.
n.m. pl.
1. Moment d'une suite chronologique sans indication de date ni de durée : Cela se passait dans les temps reculés.
2. Époque dans laquelle on vit : Les temps sont durs.

2. temps

n.m. [ de 1. temps ]
État de l'atmosphère, en un lieu et un moment donnés : Quel temps aurons-nous demain ? Le temps est chaud. Nous avons un temps de saison des températures et un état du ciel
Gros temps,
tempête.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

TEMPS

(tan ; l's se lie : un tan-z agréable ; au XVIe siècle, on prononçait tan, PALSGRAVE, p. 24) s. m.

Résumé

La durée des choses en tant qu'elle est mesurée ou mesurable.
Le temps suivant les points de vue philosophiques.
La durée bornée, par opposition à éternité.
Il se dit des intervalles de quelques cosmogonies.
Un temps, un certain espace de temps. Le long temps. Avec le temps.
En mécanique, la durée qu'un phénomène exige pour se produire.
Temps, en astronomie.
Le Temps, divinité.
Succession des jours, des heures, des moments, par rapport aux travaux, aux occupations.
10° Bon temps, mauvais temps, le temps où l'on est bien, où l'on est mal. Prendre du bon temps.
11° Terme préfix, durée limitée. Temps légaux. Avoir fait son temps.
12° Les siècles, les différents âges, les différentes époques. Les hauts temps. La nuit des temps. La plénitude des temps.
13° Le bon temps, le vieux temps, le temps de nos pères.
14° Il se dit des différents âges de la vie.
15° Un grande époque prévue.
16° Il se dit par rapport à l'état où sont les choses pour le gouvernement d'un pays, les manières de vivre, etc.
17° Délai.
18° Intervalle suffisant, loisir.
19° Conjoncture, occasion propre, moment.
20° La saison propre à chaque chose.
21° État de l'atmosphère
22° Gros temps, temps d'orage.
23° Temps, en termes de vénerie.
24° Temps, en termes d'escrime.
25° Temps, en termes de manége.
26° Temps, en termes d'art militaire.
27° Temps, en termes de marine.
28° Temps, en termes de chirurgie.
29° Temps, en termes de danse
30° Temps, en termes de musique.
31° Durée qu'on emploie à prononcer les syllabes.
32° Pauses qu'on observe dans la déclamation.
33° Temps, en termes de grammaire.
34° À temps.
35° Sur le temps.
36° En même temps, au même temps.
37° Dans le même temps.
38° Tout d'un temps.
39° De tout temps, de tous temps.
40° De temps en temps, de temps à autre.
41° En temps et lieu.
42° Suivant ou selon le temps, suivant ou, selon les temps.
43° Dans le temps que, au temps que.
44° Au même temps que, à même temps que.
45° Entre temps.
La durée des choses, en tant qu'elle est mesurée ou mesurable ; cette mesure est marquée surtout par le mouvement et la révolution apparente du soleil.
Le temps assez souvent a rendu légitime Ce qui semblait d'abord ne se pouvoir sans crime [CORN., Cid, v, 8]
Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez [SACI, Bible, Év. St Jean, XVI, 16]
Le temps marche toujours ; ni force ni prière, Sacrifices ni vœux n'allongent la carrière [LA FONT., Poésies mêlées, LXIX.]
Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage [ID., Fabl. II, 11]
Au reste vous saurez Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire. - Voyons [votre sonnet], monsieur, le temps ne fait rien à l'affaire [MOL., Mis. I, 2]
Si on pouvait avoir un peu de patience, on épargnerait bien du chagrin ; le temps en ôte autant qu'il en donne ; vous savez que nous le trouvons un vrai brouillon, mettant, remettant, rangeant, dérangeant, imprimant, effaçant, approchant, éloignant, et rendant toutes choses bonnes et mauvaises, et quasi toujours méconnaissables [SÉV., 24 nov. 1675]
Pour Mme de la Fayette, le temps, qui est si bon aux autres [qui console], augmente et augmentera sa tristesse [ID., 414]
Il abrège le temps des périls par la vigueur de ses attaques [BOSSUET, Louis de Bourbon]
Madame, de ces maux à qui la raison cède, Le temps, qui calme tout, est l'unique remède [TH. CORN., Ariane, III, 2]
Hâtons-nous ; le temps fuit, et nous traîne après soi ; Le moment où je parle est déjà loin de moi [BOILEAU, Épît. III]
Il n'est point de secrets que le temps ne révèle [RAC., Brit. IV, 4]
On dit que le temps est le seul bon juge ; mais le temps ne décide que d'après des gens comme vous [VOLT., Lett. Cideville, 20 mars 1765]
Le grand ouvrier de la nature est le temps ; comme il marche toujours d'un pas égal, uniforme et réglé, il ne fait rien par sauts [BUFF., Quadrup. t. II, p. 8]
Les grands animaux vivent plus longtemps que les petits, parce qu'ils sont plus de temps. à croître [ID., De la vieillesse et de la mort]
Le temps instruit le temps [DELILLE, Trois règn. VIII]
Ô temps, être inconnu que l'âme seule embrasse, Invisible torrent des siècles et des jours [THOMAS, Ode au temps.]
[Nos beaux jours] Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface Ne nous les rendra plus ! [LAMART., le Lac.]
Le temps dévore tout, à la longue tout se détruit. Le temps lui dure, il lui semble que le temps passe lentement, il a hâte de.
Je dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère [PASC., Pens. VII, 5, éd. HAVET.]
Poétiquement.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole ; Le temps ramène les plaisirs [LA FONT., Fabl. VI, 21]
Ses soins ne purent faire Qu'elle échappât au temps, cet insigne larron [ID., ib. VII, 5]
J'espérais que du temps la main tardive et sûre Justifierait les dieux en vengeant leur injure [VOLT., Mérope, v, 5]
Par trait de temps, à la longue.
Peut-être par trait de temps pourrait-il s'apaiser [J. J. ROUSS., Prom. 1]
Laps de temps, voy. LAPS.
Le temps, suivant les points de vue philosophiques. Suivant Leibnitz le temps est l'ordre des existences successives. On l'a aussi défini : Idée qui résulte en nous de la comparaison entre l'état successif et celui de coexistence, états dont la mémoire nous donne le sentiment, en retraçant à notre esprit l'ordre et la succession des impressions physiques et morales que nous avons éprouvées, longtemps après que les événements qui les avaient produites ont cessé d'être.
Il y a bien de différentes opinions touchant l'essence du temps : les uns disent que c'est le mouvement, d'une chose créée ; les autres, la mesure du mouvement [PASC., Espr. géom. I]
Tout mon être dépendant du temps, dont la nature est de n'être jamais que dans un moment qui s'enfuit d'une course précipitée et irrévocable [BOSSUET, Yol. de Monterby.]
Le temps n'ayant d'autre mesure que la succession de nos idées [BUFF., De la vieillesse et de la mort.]
Le temps est le calcul du mouvement relatif à la priorité et à la postériorité [DIDER., Opin. des anc. philos. (péripatéticienne philos.)]
. Nous n'en savons pas davantage sur le temps, nous ne jugeons de la durée que par la succession de nos idées ; mais cette succession n'a rien de fixe [CONDIL., Art de rais. II, 1]
Un temps est une portion de durée mesurée ; l'idée de temps est donc formée de l'idée déjà abstraite et générale de durée, combinée avec celle de mouvement [DESTUTT-TRACY, Instit. Mém scienc. mor. et pol. t. I, p. 213]
Le temps est pour nous l'impression que laisse dans la mémoire une suite d'événements dont nous sommes certains que l'existence a été successive [LAPLACE, Exp. I, 3]
La durée bornée, par opposition à éternité.
Ne soyons point honteux de l'objet de notre adoration [Jésus] ; nous adorons un enfant ; mais cet enfant est plus ancien que le temps ; il se trouva à la naissance des choses [BALZ., Socr. chrét. I]
Il n'est plus sur terre ; il n'y a plus de temps pour lui, il jouit de l'éternité [SÉV., 483]
Que si le temps mesuré au temps, la mesure à la mesure, et le terme au terme se réduit à rien, que sera-ce si l'on compare le temps à l'éternité, où il n'y a ni mesure ni terme ? [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Ô mort, où est ta victoire ? ta main avare n'a rien enlevé à cette vertueuse abbesse, parce que ton domaine n'est que sur le temps [ID., ib.]
Fils de Dieu dans l'éternité, Fils d'Abraham dans le temps [ID., Hist. I, 10]
Le temps a commencé selon qu'il vous a plu [vous, Dieu] ; et vous en avez fait le commencement tel qu'il vous a plu, comme vous en avez fait la suite et la succession, que vous ne cessez de développer du centre immuable de votre éternité [ID., Élévat. sur les myst. III, 3]
Son empire [de Dieu] a des temps précédé la naissance [RAC., Ath. I, 4]
Dieu n'a dû produire le monde que dans le temps [FÉN., t. III, p. 4]
Il a élevé votre ennemi dans le temps, pour vous sauver dans l'éternité [MASS., Carême, Pardon.]
Si l'homme, comme la bête, n'est fait que pour le temps [ID., Carême, Vérité d'un avenir.]
Le temps, cette image mobile De l'immobile éternité [J. B. ROUSS., Odes, III, 2]
L'immobilité des êtres, la solitude d'un lieu, son silence profond, suspendent le temps ; il n'y en a plus, rien ne le mesure ; l'homme devient comme éternel [DIDER., Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 187, dans POUGENS]
Il [Dieu] dit au mouvement : du temps sois la mesure ; Il dit à la nature : Le temps sera pour vous, l'éternité pour moi [THOMAS, Ode sur le temps.]
Gloire à toi, dans les temps et dans l'éternité, Éternelle raison, suprême volonté ! [LAMART., Méd. I, 2]
Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, avant la création du monde.
Il se dit des intervalles de quelques cosmogonies.
Le premier Zoroastre fit créer l'univers en six temps ; ces six temps, qui n'étaient pas égaux, composèrent une année de 365 jours [VOLT., Phil. Bible expl. Gen. note g.]
Un temps, un certain espace de temps.
Comme l'âme se meut un temps en sa prison [RÉGNIER, Sat. III]
Valère, enfin, pour être un amant rebuté, Montre depuis un temps trop de tranquillité [MOL., le Dép I, 1]
Il cache un temps sa passion à l'objet aimé [ID., Préc. 5]
Que ne puis-je vous dire enfin ce que vous sauriez mieux que moi, si la douleur de l'avoir perdue ne vous faisait oublier pour un temps le plaisir que vous avez eu de la posséder ? [FLÉCH., Duch. de Mont.]
Vous pourrez voir, un temps, vos écrits estimés Courir de main en main par la ville semés [BOILEAU, Sat. IX]
Il faut savoir mettre un temps entre les affaires et la mort, et n'imiter ni le cardinal de Fleury ni le maréchal de Belle-Isle [VOLT., Lett. d'Argental, 31 mai 1762]
Toute âme est sœur d'une âme ; Le monde peut en vain un temps les séparer, Leur destin tôt ou tard est de se rencontrer [LAMART., Joc. III, 101]
Cela n'a qu'un temps, se dit d'une chose qui ne dure que fort peu. Du temps, pendant un certain temps.
Ces peuples s'entre-détruisirent : cela fit que l'empire d'Orient subsista encore du temps [MONTESQ., Rom. 20]
Quelque temps, pendant un peu de temps.
J'y fus [j'y allai], à quelque temps de là [PASC., Lett. à Jacqueline, 26 janv. 1648]
Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles [FLÉCH., Turenne.]
Le long temps, un long intervalle de temps.
Par un long temps et une lâche flatterie il [Curtius Rufus] obtint le consulat [PERROT D'ABLANCOURT, Tacite, 324]
Son père peut venir, quelque long temps qu'il tarde [CORN., Ment. II, 2]
On doit se regarder soi-même un fort long temps, Avant que de songer à condamner les gens [MOL., Mis. III, 9]
Assiégée durant un long temps sans sentir aucune incommodité, elle [Babylone] se rit de ses ennemis et des fossés que Cyrus creusait autour d'elle [BOSSUET, Hist. II, 4]
Il faut un long temps pour se procurer une marine redoutable [VOLT., Louis XV, 28]
Il passait de longs temps à considérer l'horizon, à se tenir sous les arbres [SAINTE-BEUVE, Causeries, 9 février 1856]
Avec le temps, au bout d'un certain temps.
Vous m'en pourrez instruire avec le temps ; Avec le temps aussi vous pourrez me connaître [RAC., Bajaz. III, 2]
Nous verrons avec le temps [BERN. DE ST-PIERRE, Paul et Virg.]
Après le temps, s'est dit pour : au bout d'un certain laps de temps.
Ce n'est qu'après le temps, et après qu'on est initié au jargon d'une ville, qu'on sait enfin que monsieur B.... est publiquement depuis vingt années le mari de madame L.... [LA BRUY., III]
Terme de mécanique. Le temps, les temps, la durée qu'un phénomène exige pour s'accomplir.
Sans connaître la cause de la pesanteur, nous apprenons par l'expérience que les espaces décrits par un corps qui tombe sont entre eux comme le carré des temps [D'ALEMB., Œuv. t. XIV, p. 213]
Terme d'astronomie. Temps solaire, temps réglé sur le mouvement du soleil. Temps sidéral, temps réglé sur le mouvement de la sphère céleste. Temps solaire vrai ou temps vrai, temps évalué au moyen de l'intervalle compris entre deux passages successifs du centre du soleil au même méridien. Temps solaire moyen ou temps moyen, temps réglé sur la marche d'un soleil fictif qui se meut uniformément dans le plan de l'équateur, et qui passe à l'équinoxe en même temps qu'un autre soleil fictif animé d'un mouvement uniforme dans le plan de l'écliptique et passant au périgée et à l'apogée en même temps que le soleil vrai. Temps astronomique, temps subdivisé en 24 heures qui se comptent d'un midi à l'autre. Temps civil, temps divisé en deux périodes de 12 heures chacune, dont l'origine est à minuit. Temps périodique, temps qu'un corps céleste emploie à faire une révolution entière autour d'un point, et, plus particulièrement, le temps qu'emploie une planète à parcourir son orbite entière.
Le Temps (avec une majuscule), divinité païenne qu'on représente sous la figure d'un vieillard ailé, tenant une faux à la main.
Bientôt ils défendront de peindre la Prudence, De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain, Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main [BOILEAU, Art p. III]
Et d'ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile [GILBERT, le Jugem. dern.]
Près de la beauté que j'adore Je me croyais égal aux dieux, Quand au bruit de l'airain sonore Le Temps apparut à nos yeux [BÉRANG., le Temps.]
Particulièrement, succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux travaux, aux occupations.
Et la perte du temps ne se répare plus [MAIRET, Sophon. II, 4]
Le temps est un trésor plus grand qu'on ne peut croire [CORN., Rodog. II, 2]
Je vous conjure de prendre le temps de.... [BOSSUET, Lett. 159]
Les conseils où il assistait lui laissaient presque tout son temps [ID., le Tellier.]
Les chagrins qu'il me cause M'occuperont assez tout le temps qu'il repose [RAC., Brit. I, 1]
Vous nous aviez laissé espérer.... que Marseille partagerait avec Aix les temps qu'il vous est libre de donner à l'une ou à l'autre de ces deux belles villes [Mme DE GRIGNAN, dans SÉV. t. x, p. 557, éd. RÉGNIER]
Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté [LA BRUY., XII]
Le temps bien ménagé est beaucoup plus long que n'imaginent ceux qui ne savent guère que le perdre [FONTEN., Marsigli.]
Il [Lémery] a bien fait voir que qui ne perd point de temps en a beaucoup [ID., Lémery.]
J'ai tout mon temps à moi : je griffonne des histoires, je songe à des tragédies, et, quand je ne souffre pas, je suis heureux [VOLT., Lett. d'Argental, 6 fév. 1757]
Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite [ID., 6e disc.]
Le temps nous pressait ; j'écrivis très rapidement le poëme [MARMONTEL, Mém. x.]
Le bonheur de la vie est dans l'emploi du temps [ST-LAMBERT, Saisons, hiver.]
Une heure de temps, deux heures de temps.
En vérité tout cela mériterait bien que l'on donnât vingt-quatre heures de son temps à le voir [FONTEN., les Mondes, 1er soir.]
Prendre le temps de quelqu'un, lui dérober son temps, l'empêcher de travailler. Perdre temps, et, plus habituellement, perdre le temps, perdre son temps, faire de vains efforts, perdre sa peine.
Tu perds temps de me secourir, Puisque je ne veux point guérir [MALH., V, 18]
Monsieur, j'ai perdu temps, votre homme se dédit [MOL., l'Ét. III, 2]
Quand ils l'ont voulu faire, ils y ont perdu leur temps [PASC., Prov. v.]
Le marquis de Torci, suppliant dans la Haye au nom de Louis XIV, s'adressa au prince Eugène et au duc de Marlborough, après avoir perdu son temps avec Heinsius [VOLT., Louis XIV, 21]
Perdre le temps, perdre son temps, ne rien faire ou faire des choses inutiles. Ne pas perdre temps, ne pas perdre de temps, faire sans aucun retard.
Je n'ai point perdu temps, et, voyant leur colère Au point de ne rien craindre, en état de tout faire, J'ajoute en peu de mots.... [CORN., Cinna, I, 3]
Je n'ai pas de temps à perdre, je n'ai pas de temps à employer inutilement.
Ce qui me fâche, c'est que je n'ai point de temps à jeter [SÉV., 23 mars 1689]
Je n'ai pas de temps à perdre pour arriver à tel endroit, je n'ai que le temps nécessaire pour ne pas y arriver trop tard. Il s'en va temps, il s'en allait temps, il est temps, il était temps.
Il s'en va temps que je reprenne Un peu de forces et d'haleine [LA FONT., Fabl. Épilogue.]
Réparer le temps perdu, réparer la perte du temps, faire du temps un meilleur usage qu'on n'en a fait par le passé. Passer le temps, passer son temps à quelque chose, à faire quelque chose, l'y employer. Il passe son temps à jouer. Absolument. Passer le temps, se distraire en attendant l'heure marquée pour quelque chose. Familièrement. Passer bien le temps, son temps, se divertir. Passer mal le temps, son temps, s'ennuyer beaucoup, et fig. Être fort maltraité.
Que sûrement Stanislas finira comme Teucer, et que Pharès, évêque de Cracovie, passera mal son temps [VOLT., Lett. d'Argental, 3 avril 1772]
Si des regards il [Furia] eût pu mordre, j'aurais mal passé mon temps [P. L. COUR., Lett. à M. Renouard.]
Fig. Tuer le temps (voy. TUER). Couler le temps, laisser écouler le temps dans l'attente d'une occasion plus favorable. Pousser le temps avec l'épaule, différer l'exécution de quelque chose (voy. ÉPAULE, n° 1).
10° Bon temps, mauvais temps, le temps où l'on est bien, où l'on est mal.
Aidant au bon temps, supportant le mauvais [BEAUMARCH., Barb. de Sév. I, 2]
Nous n'avions pas le sou, mais nous étions contents ; Nous étions malheureux, c'était là le bon temps [COL. D'HARLEV, Mes souvenirs]
Prendre du bon temps, se divertir.
À d'austères devoirs le rang de femme engage, Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends, Pour être libertine et prendre du bon temps [MOL., Éc. des f. III, 2]
Alors, cher Cinéas, victorieux, contents, Nous pourrons rire à l'aise, et prendre du bon temps [BOILEAU, Épît. I]
Le duc d'York [plus tard Jacques II], ayant mis sa conscience en repos par la déclaration de son mariage, crut qu'il pouvait donner un peu de bon temps à son inconstance, en vertu de ce généreux effort [HAMILT., Gramm. 8]
Je me donne actuellement du bon temps, attendu que j'ai été à la mort, il y a quinze jours [VOLT., Lett. Gaillard, 28 avril 1769]
Fig. Avoir bon temps, n'être pas réprimandé, grondé.
C'est à M. de Grignan que je m'en prends [d'avoir laissé Mme de Grignan s'embarquer sur le Rhône] ; le coadjuteur a bon temps : il n'a été grondé que pour la montagne de Tarare [SÉV., 3 mars 1671]
11° Terme préfix, durée limitée. Ses cheveux blanchissent avant le temps.
Cet hymen différé ne rompt point une loi, Qui, sans marquer de temps, lui destine ta foi [CORN., Cid, v, 8]
Dieu, qui fait tout en son temps [BOSSUET, Hist, II, 4]
Nous ferons en son temps ce qu'il faudra [ID., Lett. rel. 3]
Peut-être avant le temps ce grand orgueil éclate [RAC., Alex. III, 1]
Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ? [ID., Phèdre, IV, 2]
Tout n'a qu'un temps chez les hommes [VOLT., Louis XIV, 36]
Terme de droit. Temps légaux, tout ce qui est relatif aux prescriptions, déchéances, délais, dates, durées, âges requis par la loi. Terme d'eaux et forêts. Temps de coupe et de vidange, terme accordé à l'adjudicataire d'une vente pour couper et enlever les bois de cette coupe. Il a fait son temps, se dit d'un homme qui, après un long service, sort d'un emploi, et aussi d'un homme usé.
Je n'ai que vingt ans, Et, comme toi, je n'ai pas fait mon temps [LA FONT., Mazet.]
Je suis encor de mise et n'ai pas fait mon temps [BOISSY, Impatient, III, 7]
Avoir fait son temps, se dit des choses hors d'usage. Le paganisme avait fait son temps. Cet habit a fait son temps, cet habit a été porté aussi longtemps qu'il pouvait l'être, il ne peut plus servir. Il a fait son temps, se dit d'un soldat qui a achevé son temps de service. Il se dit aussi d'un condamné à la détention, quand il a achevé la durée de sa peine.
12° Les siècles, les différents âges, les différentes époques. Les temps historiques. Les temps fabuleux.
Que ne peuvent, grand roi, tes hautes destinées Me rendre la vigueur de mes jeunes années ! Qu'ainsi qu'au temps du Cid je ferais de jaloux ! [CORN., Au roi sur son retour de Flandres]
En ce temps-là il n'y avait point de roi dans Israël [SACI, Bible, Juges, XVII, 6]
Il y a des temps où la terre entière n'est qu'un théâtre de carnage, et ces temps sont trop fréquents [VOLT., Mœurs, 26]
ö le bon temps que ce siècle de fer ! [ID., Mondain.]
Aigues-Mortes, qui est actuellement à plus d'une lieue et demie de la mer, était un port du temps de saint Louis [BUFF., Hist. nat. preuv. th. terr. Œuv. t. II, p. 435]
Dans tous les temps il y a eu la raison du peuple et la raison des sages ; dans tous les temps il y a eu le goût du vulgaire et le goût d'un monde plus cultivé [MARMONTEL, Œuv. t. x, p. 29]
Presser les temps, resserrer les dates, les espaces chronologiques.
Sans trop presser les temps, il est aisé de voir qu'elle [Jocaste] n'a pas plus de trente-cinq ans [VOLT., Œdipe, lett. 5e.]
Les hauts temps, les temps reculés dans l'antiquité. Les hauts temps de l'ancien français, le XIe et le XIIe siècle. La nuit des temps, les siècles écoulés dans lesquels l'histoire se tait ou bien n'est qu'une vague tradition. L'abîme des temps, les siècles lointains dans lesquels tout se perd, tout s'oublie.
Les jours, les mois, les années s'enfoncent et se perdent sans retour dans l'abîme des temps [LA BRUY., XIII]
.... L'âme des chrétiens, prête à quitter le corps, De l'abîme des temps voit déjà les deux bords [LAMART., Joc. v, 188]
En termes de l'Écriture sainte, dans la plénitude des temps, dans le temps auquel Jésus-Christ est venu accomplir les prophéties. À la consommation des temps, à la fin du monde. Dans le cours des temps, dans la suite des temps, dans un temps futur très éloigné. Le Livre des Temps, s'est dit des Paralipomènes. Au temps jadis, autrefois.
La génisse, la chèvre et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au temps jadis [LA FONT., Fabl. I, 6]
Familièrement. Dans le temps, jadis, autrefois. Cela m'a coûté mille francs dans le temps. Au temps, du temps que les bêtes parlaient, dans le temps des choses fabuleuses.
Du temps que les bêtes parlaient [LA FONT., Fabl. IV, 1]
Populairement. Du temps du roi Guillemot, du roi Dagobert, du temps qu'on se mouchait sur sa manche, se dit pour marquer des siècles éloignés, des siècles grossiers.
13° Le bon temps, le vieux temps, le temps de nos pères.
C'est l'amour du vieux temps, il n'est plus à la mode [TH. CORN., l'Amour à la mode, IV, 1]
Tu sais que d'un peu de bêtise Le bon vieux temps est accusé ; Mais dans ce siècle plus rusé J'ai grand regret à la franchise De l'âge d'or si méprisé [BERNIS, Épît. VIII]
Le dîner, après la toilette, fut animé d'une gaieté du bon vieux temps [MARMONTEL, Mém. x.]
Chez vous, Français, nul bûcher n'est dressé, On ne rompt plus : le bon temps est passé [M. J. CHÉN., Épigr. 8]
Par ironie, être du bon temps, être crédule, arriéré, etc.
Pour une jeune déesse, vous êtes bien du bon temps ! [MOL., Amph. Prologue.]
14° Il se dit des différents âges de la vie.
La Providence nous conduit avec tant de bonté dans tous ces temps de notre vie, que nous ne les sentons quasi pas ; cette pente va doucement, elle est imperceptible : c'est l'aiguille du cadran que nous ne voyons pas aller [SÉV., Lett. au président de Moulceau, 27 janv. 1687]
Il y a des temps dans la vie où les forces épuisées demandent à ceux qui ont un peu d'honneur et de conscience de ne pas pousser les choses à l'extrémité [ID., 20 sept. 1684]
Le redouté capitaine tombe au plus beau temps de sa vie [BOSSUET, Anne de Gonz.]
Il n'y a personne qui, dans le cours de sa vie, n'ait quelques événements heureux, des temps ou des moments agréables [FONT., Du bonheur.]
Le jeune temps, le temps de la jeunesse.
.... Dans mon jeune temps, le suivant [l'aigle] sur ces cimes, Mon pied comme mon œil se jouait des abîmes [LAMART., Jocel. II, 73]
De vieux temps, depuis longtemps.
Son père, de vieux temps, est grand ami du mien [CORN., le Ment. II, 3]
De mon temps, alors que j'étais jeune.
Il me semble que de mon temps il y avait encore une espèce de générosité et de franchise dans les malices mêmes de l'envie [MAINTENON, Lett. au duc de Noailles, 3 sept. 1710]
Il dit en voyant de fort belles pêches qu'on avait servies : de mon temps, les pêches étaient bien plus grosses qu'elles ne le sont à présent ; la nature s'affaiblit de jour en jour [LESAGE, Gil Blas, IV, 7]
En son temps, pendant qu'il vivait.
Ce fut un sot, en son temps, très insigne [LA FONT., Mandragore.]
Le premier temps. le second temps, le bon temps d'un artiste, les phases diverses de son talent.
Votre sœur [Mme Denis, dans Mérope] a joué comme Mlle Duménil ; je dis comme Mlle Duménil dans son bon temps [VOLT., Lett. Mme de Fontaine, 5 nov. 1759]
15° Une grande époque prévue.
Le temps prédit par l'état du peuple juif, par l'état du peuple païen, par l'état du temple, par le nombre des années [PASC., Pens. XVIII, 3, édit. HAVET.]
Le temps était arrivé que notre sage ministre devait être montré à son prince et à sa patrie [BOSSUET, le Tellier.]
Les temps sont accomplis, princesse, il faut parler [RAC., Athal. I, 2]
Les temps prédits par la sibylle à leur terme sont parvenus : Nous touchons au règne tranquille Du vieux Saturne et de Janus [J. B. ROUSS., Odes, II, 1]
Un temps viendra que tous les hommes, soumis à la seule pensée, se conduiront par les clartés de l'esprit [CHATEAUBR., Mart. XVI]
On dit dans le même sens : les signes du temps, certains signes qui annoncent la gravité des événements. Les derniers temps, les temps très voisins du jugement dernier.
Oh ! disaient les peuples du monde, Les derniers temps sont-ils venus ? Nos pas, dans une nuit profonde, Suivent des chemins inconnus [V. HUGO, Odes, I, 9]
16° Il se dit par rapport à l'état où sont los choses pour le gouvernement d'un pays, les manières de vivre, les modes, etc. Espérons en des temps meilleurs. Le socialisme est la question du temps.
Deux fois, en grand politique, ce judicieux favori [Mazarin] sut céder au temps et s'éloigner de la cour [BOSSUET, le Tellier.]
Hélas ! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps Où les rois s'honoraient du nom de fainéants ? [BOILEAU, Lutr II]
Vous, ministre de paix dans les temps de colère.... [RAC., Athal. II, 5]
Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore, Me renvoyait les vœux d'une cour qui l'adore [ID., Brit. I, 1]
ô temps, ô mœurs, locution exclamative pour se plaindre des temps et des mœurs.
Voilà donc les pauvres Sirven déboutés de leur demande ; ô temps, ô mœurs ! [D'ALEMB., Lett. à Voltaire, 18 fév. 1768]
Les temps sont durs, il y a de la gêne, de la souffrance.
Le moyen d'estimer un contemporain autant qu'un homme mort il y a plus de deux cents ans !.... personne n'ose convenir franchement des richesses de son siècle ; nous sommes comme les avares, qui disent toujours que le temps est dur [VOLT., Aux auteurs du Nouvelliste.]
Les temps sont durs ; accordez-lui le délai qu'il demande [DIDER., Père de famille, II, 1]
Le temps qui court, le temps qu'il fait, les circonstances telles qu'elles se comportent.
C'est entre les dévots un étrange commerce, Un trafic par lequel, au joli temps qui court, Toute affaire fâcheuse est facile à la cour [RÉGNIER, Sat. XII]
Les hommes sont chers par le temps qu'il fait, et comme vous les demandez surtout [DANCOURT, la Gazette, sc. 1]
Être de son temps, avoir les idées du temps où l'on vit, et aussi se conformer aux usages de son temps. Le temps des scélérats, des délateurs, le temps qui leur est favorable, ou il y en a beaucoup.
17° Délai. Accorder du temps. Obtenir du temps.
On vous donne du temps ; Et jusques à demain je ferai surséance [MOL., Tart. v, 4]
Il faudrait prendre du temps, deux ou trois mois pour le moins [BOSSUET, Lett. abb. 163]
Ne chercher qu'à gagner du temps, différer.
En vain [l'orateur qui reste court], pour gagner temps, dans ses transes affreuses, Traîne d'un dernier mot les syllabes honteuses [BOILEAU, Lutr. VI]
18° Intervalle suffisant, loisir. Revenez plus tard, je n'ai pas le temps de vous écouter.
Mais ne leur donnez pas, tardant trop à punir, Le temps de se remettre et de se réunir [CORN, Héracl. III, 4]
Ils ont leurs temps où ils se rendent inaccessibles [FLÉCH., Panég. saint Louis.]
Afin que Télémaque eût le temps d'acquérir plus de gloire et plus de vertu [FÉN., Tél. XVII]
19° Conjoncture, occasion propre, moment.
.... adieu, l'amour vous presse, Et je serais marri qu'un soin officieux Vous fit perdre pour moi des temps si précieux [CORN., Méd. I, 1]
Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix [ID., Pomp. I, 3]
Vous le saurez quand il en sera temps [MOL., Psyché, III, 3]
J'ai pris le temps de sortir pendant que vous dormiez [ID., G. Dand. III, 8]
Elle [Mme de Grignan] est dans un temps de mauvaise santé, à quoi elle est accoutumée [SÉV., 9 fév. 1683]
Vous savez qu'il faut prendre les temps à propos [ID., 13 mars 1680]
Voilà tout ce que je vous puis dire ; vous saurez le reste dans son temps [ID., 27 juin 1672]
Dans un temps où tout un royaume se remue pour la conversion des hérétiques [BOSSUET, Louis de Bourbon.]
Fidèle dans leurs disgrâces, il osa les louer et les servir [ses amis] en des temps où les autres n'osaient presque pas les plaindre [FLÉCH., Duc de Mont.]
S'il en est temps encor, cours et sauve la reine [RAC., Mithr. v, 4]
Et juge s'il est temps, ami, que je repose [ID., Iphig. I, 1]
Il [Télémaque] attaque les Dauniens par derrière, dans un temps où ils croyaient l'armée des alliés enveloppée [FÉN., Tél. XVII]
Elle cachait ses vrais sentiments, et faisait semblant de ne vouloir vivre que pour lui dans le temps même où elle ne pouvait le souffrir [ID., ib. III]
Ce qu'on appelle un fâcheux est celui.... qui choisit le temps du repas et que le potage est sur la table pour dire qu'ayant pris médecine.... [LA BRUY., Théophr. X]
Semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque, lorsqu'elle l'avait sur son visage [ID., XI]
Sa mère [de Thalès] le pressant de se marier, il répondit d'abord qu'il n'était pas encore temps ; et, quand plusieurs années se furent écoulées, il répondit qu'il n'était plus temps [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 614]
Prince, il est temps, marchez à notre tête [ID., Adél. du Guesclin. I, 4]
Un temps viendra, il arrivera une circonstance, une conjoncture favorable. Prendre son temps, prendre bien son temps, prendre mal son temps, saisir le moment favorable ou défavorable pour faire quelque chose.
Le mulet prend le temps [RÉGNIER, Sat. III]
Qui peut, sans s'émouvoir, supporter une offense, Peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance [CORN., Méd. I, 5]
Un temps bien pris peut tout, pressez l'occasion [ID., Sophon. I, 4]
Aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire ; Le moine disait son bréviaire : Il prenait bien son temps ! [LA FONT., Fabl. VII, 9]
Bonjour et bon an, mon cher cousin ; je prends mon temps de vous demander pardon après une bonne fête [SÉV., à Bussy, 2 janv. 1681]
Est-ce bien prendre son temps que d'aller troubler par des larmes la joie d'un festin ? [MASS., Panégyr. Ste Magdel.]
Franchement, vous ne pouviez pas prendre plus mal votre temps [LA MOTTE, Minutolo, sc. 3]
Je sais quelle est votre bonté et votre indulgence, et qu'on prend toujours bien son temps avec vous [VOLT., Lett. d'Argental, 26 fév. 1736]
Pour réussir en France il faut prendre son temps [ID., ib. 2 mars 1772]
Prendre son temps que...., saisir le moment où....
Le malheureux prend son temps que Damon.... [LA FONT., Coupe.]
Mme de Langeron, prenant son temps qu'il [le prince de Condé] avait les pattes croisées comme le lion, lui fit mettre un juste-au-corps avec des boutonnières de diamants [SÉV., 399]
Absolument. Prendre son temps, guetter et saisir l'instant favorable.
Dans l'abord il [le moucheron] se met au large, Puis prend son temps, fond sur le cou Du lion qu'il rend presque fou [LA FONT., Fabl. II, 9]
Ayant pris leur temps, ils se jettent sur lui, lui ôtent son épée, et, avec sa propre ceinture, ils lui lient les mains derrière le dos [ROLLIN, Hist. anc. Œuv. t. VII, p. 152]
Prendre son temps sur quelqu'un, attaquer quelqu'un au moment où on a l'avantage.
Deux ennemis secrets.... Qui, dans leur juste haine animés et constants, Sur l'ennemi commun sauront prendre leur temps [CORN., Héracl. v, 6]
Prendre son temps, faire une chose sans se presser. Prendre le temps de quelqu'un, attendre le moment qui convient à quelqu'un dont on a besoin.
S'il s'agit de vous faire une remontrance.... vous croyez avoir droit d'exiger qu'on prenne votre temps, qu'on entre dans votre esprit [BOURDAL., Car. II, Zèle, 169]
Prendre quelqu'un sur le temps, saisir une occasion subite et favorable auprès de quelqu'un, ou ne pas lui laisser le temps de la réflexion.
Je te prends sur le temps ; Pour rendre à mon égard ta conduite louable, Emploie en ma faveur le crédit favorable [BOISSY, Deh. tromp. II, 10]
20° La saison propre à chaque chose. Le temps de la moisson, des vendanges.
Les temps des plaisirs absorbent ceux des devoirs [FLÉCH., Panég. St Louis.]
En médecine et en chirurgie, on distingue le temps de nécessité et celui d'élection : le temps de nécessité est celui où l'on est forcé d'employer tel ou tel médicament, de pratiquer telle ou telle opération, pour empêcher la maladie de s'aggraver ; le temps d'élection est celui où l'on se décide à agir, parce qu'il est plus convenable à la nature de la maladie et à l'état du malade. Le temps de Pâques, le temps pascal, les jours pendant lesquels les fêtes de Pâques se célèbrent. Le temps des vacances, l'époque de l'année où les tribunaux, les colléges, etc. sont fermés. Quatre-Temps, voy. QUATRE-TEMPS. Terme de liturgie. Le propre du temps, voy. PROPRE, n° 18.
21° État de l'atmosphère. Le temps est couvert. Être exposé aux injures du temps. Temps calme, serein, variable.
Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse [LA FONT., Fabl. I, 1]
....certain soir qu'il faisait un temps fort brun [ID., Berc.]
Le beau temps et la pluie, et le froid et le chaud Sont des fonds [de conversation] qu'avec elle on épuise bientôt [MOL., Mis. II, 5]
Le temps et mes humeurs ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au dedans de moi [PASC., Pens. VI, 47]
Il a fait un horrible temps ces jours passés [SÉV., 473]
Il fait un temps épouvantable [ID., 477]
J'aime les temps bas ; mais, quand ils sont si bas qu'ils tombent sur notre nez, et qu'il pleut, et qu'on ne voit goutte, j'ai envie de pleurer [ID., 13 déc. 1684]
Il s'échappe seul à pied, toutes les nuits, par toute sorte de temps, à toute heure [DIDER., Père de famille, I, 5]
Un temps gris, qui ternit et confond tous les objets [STAËL, Corinne, XVI, 8]
Aussi vous aidais-je à semer, ou à serrer vos gerbes, quand le temps menaçait d'orage [P. L. COUR., 2e lett. partic.]
Fig. et familièrement. Faire la pluie et le beau temps, avoir un grand crédit dans une maison, dans un pays, etc. Fig. Prendre le temps comme il vient, s'accommoder à tous les événements.
Il faut prendre le temps comme il vient, et je sens que je suis de cet heureux tempérament [SÉV., à Bussy, 14 mai 1686]
Disposé à prendre toujours le temps comme il viendrait [FONTEN., Dial. morts anc. 4]
Couleur du temps, couleur bleue.
Oiseau bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement [COMTESSE D'AULNOY, Oiseau bleu.]
Fig. La couleur du temps, la nature des circonstances.
Selon l'amant du jour et la couleur du temps [GRESSET, le Méchant, I, 2]
Il fait un temps de demoiselle, ni pluie, ni vent, ni soleil. Le temps est haut, les nuages sont élevés. Fig. Haut comme le temps, plein de fierté, très hautain. Fig. Hausser le temps, voy. HAUSSER, n° 2.
22° Gros temps, temps d'orage en mer ou sur une rivière.
Ils se mirent ensuite dans un petit bateau le long de la rivière, où ils essuyèrent un si gros temps, qu'ils ne savaient où se mettre [SÉV., 24 déc. 1688]
Les deux jours suivants, le gros temps ne nous permit pas de faire voile [BOUGAINVILLE, Voy. t. I, p. 211]
De gros temps, assez ordinaires en hiver, dans ces parages [RAYNAL, Hist. phil. XI, 3]
Terme de marine. Coup de temps, coup de vent.
23° Terme de vénerie. Voie de vieux temps, voie d'un jour ou deux. Aller de temps, se dit du chien quand la voie n'est pas ancienne et qu'il en remontre. Cette voie n'est pas de temps, elle est vieille. Revoir de bon temps, trouver une voie fraîche et de la nuit. Tirer sur le temps, tirer au moment favorable. Fig. Tirer sur le temps, profiter de l'occasion favorable.
Comme il [Puysieux] avait beaucoup d'esprit et de connaissance du roi, il s'avisa de tirer hardiment sur le temps [SAINT-SIMON, 141, 61]
24° Terme d'escrime. Se dit du moment favorable que l'on doit choisir pour fondre sur son adversaire. Coup de temps, coup pris d'opposition sur un développement. Fig. et populairement. Voir le coup de temps, s'apercevoir d'un contre-temps assez tôt pour le déjouer. Prendre sur le temps, frapper son adversaire d'une botte au moment où il s'occupe de quelque mouvement. Tirer sur le temps, pousser une botte, au moment où l'adversaire se prépare lui-même à en tirer une.
25° Terme de manége. Se dit de chaque mouvement accompli, de quelque allure que ce soit. Cet exercice se fait en trois temps. Un temps de cheval. S'applique aussi à quelques-unes des aides que donne le cavalier. Un temps de jambes. Temps d'arrêt, action de la main pour ralentir le mouvement. Fig. Temps d'arrêt, ralentissement, suspension dans quelque opération. Temps de langue, appel de la langue. Temps de galop, voy. GALOP.
26° Dans l'art militaire, en instruction de détail, l'action d'exercice qui s'exécute à un commandement, et qui se divise en mouvements pour en faciliter l'exécution.
27° Terme de marine. Intervalle que l'on met après chaque coup de canon d'un salut. Partie d'un signal de nuit. Subdivision des divers commandements de l'exercice des bouches à feu.
28° En chirurgie, on appelle temps les opérations simples dont la réunion constitue les opérations composées. Opérations en deux temps ou en plusieurs temps, celles qu'on cesse après avoir fait certaines parties, pour les reprendre une ou plusieurs fois et les terminer plus tard.
29° Terme de danse. Moments précis pendant lesquels il faut faire certains mouvements divisés par des pauses.
Si les temps de l'entrechat ne sont ni coupés ni battus, et qu'ils soient au contraire, frottés et roulés l'un sur l'autre, il n'y aura pas de clair qui fasse valoir les ombres [NOVERRE, Lett. sur la danse, p. 305, dans POUGENS]
L'élégance de sa taille et la longueur de ses membres s'associaient à merveille aux temps développés et aux pas hardis de la danse [ID., ib. p. 342]
30° Terme de musique. La division la plus immédiate de la mesure, constituant une unité de durée divisible et subdivisible elle-même en deux et en trois parties. Mesure à deux temps. Mesure à deux temps ternaires. Mesure à trois temps binaires. Dans les mesures à deux temps et à quatre temps, temps forts, temps frappés ou temps impairs ; temps faibles, temps levés ou temps pairs. Appuyer sur les temps forts, les faire sentir Par extension.
Dans l'accent naturel de la parole, ainsi que dans celui du chant, dans la quantité prosodique et dans la mesure vocale, il y a des temps forts et des temps faibles [MARMONTEL, Œuv. t. VIII, p. 458]
Demi-temps, durée de la moitié d'un temps.
31° Durée qu'on emploie à prononcer les syllabes.
Il y a à observer le temps que l'on met à prononcer chaque syllabe ; les unes sont prononcées en moins de temps que les autres, et l'on dit de celles-ci qu'elles sont longues, et de celles-là qu'elles sont brèves ; les brèves sont prononcées dans le moins de temps qu'il est possible ; aussi dit-on qu'elles n'ont qu'un temps, c'est-à-dire une mesure, un battement ; au lieu que les longues en ont deux [DUMARS., Œuv. t. IV, p. 45]
32° Dans la déclamation, pauses qu'on observe entre certaines phrases, entre certains mots.
Souvenez-vous de ne rien précipiter, d'animer tout, de mêler des soupirs à votre déclamation, de mettre de grands temps [VOLT., Lett. Mlle Gaussin, décembre 1730]
Terme de grammaire. Différentes inflexions qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l'existence, l'état ou l'action. Le temps présent. Les temps passés. Temps dérivés.
À l'égard des temps, il faut observer que toute action est relative à un temps, puisqu'elle se passe dans le temps ; les rapports de l'action au temps sont marqués en quelques langues par des particules ajoutées au verbe [DUMARS., Œuv. t. IV, p. 343]
Temps primitifs, se dit des temps des verbes qui servent à former les autres. Temps seconds, temps dérivés des temps primitifs. Temps seconds, se dit, dans la grammaire grecque, d'une seconde forme de certains temps
34° À temps, loc. adv.
Assez tôt, ni trop tôt, ni trop tard.... pourvu qu'il [le bonheur] nous vienne, il vient toujours à temps [RÉGNIER, Élég. II]
Dans cette confusion on ne pouvait se mouvoir de concert ; les ordres ne venaient jamais à temps [BOSSUET, Hist. III, 5]
À temps de..., avec un infinitif. à temps d'agir.
Vous qui ne différez de vous convertir que parce que vous croyez que vous serez assez à temps, au lit de la mort, de vous donner à Dieu [MASS., Carême, Impén.]
Pour un temps limité. Travaux forcés à temps.
Le mal était que cet emploi n'était qu'à temps, mais il mettait en état de chercher et d'attendre [J. J. ROUSS., Confess. IV]
Ses membres [d'un corps politique], participant à la constitution des deux extrêmes, seront partie à temps et partie à vie [ID., Gouv. de Polog. 8]
On ne peut engager ses services qu'à temps et pour une entreprise déterminée [, Code civ. art. 1780]
35° Sur le temps, au moment même.
Je fais d'excellents impromptus à loisir ; mais, sur le temps, je n'ai jamais rien fait ni dit qui vaille [J. J. ROUSS., Confess. III]
36° En même temps, au même temps, à la même heure, dans le même moment, ensemble.
Jésus-Christ est venu enseigner sa loi à tous les hommes, et leur donner au même temps les exemples de l'accomplir [FLÉCH., Panég. I, 247]
Descartes a dit : à même temps. Si la quantité de ces vapeurs n'est à même temps augmentée, Pass. 131.
37° Dans le même temps, sans tarder, incontinent.
Si par hasard il a appris ce qui aura été dit dans une assemblée de ville, il court dans le même temps le divulguer [LA BRUY., Théophr VII]
38° Tout d'un temps, aussitôt, sans tarder.
Et tout d'un temps on le voit y voler [CORN., Hor. IV, 2]
Bonsoir, car tout d'un temps je vais me renfermer [MOL., Éc. des mar. III, 2]
En arrivant, j'allai recevoir cette lyre, et tout d'un temps je la vendis [MARMONTEL, Mém. II]
En même temps.
Il lui sera facile D'apaiser tout d'un temps les mânes de Camille [CORN., Hor. v, 3]
Emmenez avec vous les souffleurs [alchimistes] tout d'un temps [LA FONT., Fabl. II, 13]
Mais je voudrais qu'on cherchât tout d'un temps.... [BOILEAU, Épigr. XXX]
39° De tout temps, de tous temps, toujours.
Et mon dessein a été de tout temps de plaire à peu de personnes [BALZ., Liv. I, lett. 2]
Tu sais que, de tout temps à l'amour opposée, Je rendais souvent grâce à l'injuste Thésée [RAC., Phèd. II, 1]
40° De temps en temps, de temps à autre, de fois à autre, quelquefois.
Le Dieu, dont vous parlez, de temps en temps sévère [CORN., Attila, v, 3]
Et c'est pour m'affranchir de cette dépendance Que.... de temps en temps, j'irrite ses ennuis [RAC., Brit. II, 2]
41° En temps et lieu, dans le temps et le lieu convenables.
Je te remercie de ta protection, et je ne manquerai pas de la réclamer en temps et lieu [PICARD, Deux Philiberts, I, 11]
42° Suivant ou selon le temps, suivant ou selon les temps, conformément aux circonstances.
43° Dans le temps que, au temps que, loc. conj. Dans le temps où, pendant que.
Vous les avez poursuivis l'épée à la main au temps de leur affliction, au temps que leur iniquité était à son comble [SACI, Ézéchiel, XXXV, 5]
Jésus-Christ est venu surprendre la reine dans le temps que nous la croyions la plus saine, dans le temps qu'elle se trouvait la plus heureuse [BOSSUET, Mar.-Thér.]
44° Au même temps que, et, plus rarement, à même temps que..., justement dans l'instant où.
Et à même temps qu'avec la houssine il renversa les marmousets dans le bassin, l'armée navale des ennemis fit naufrage [BALZ., le Barbon.]
45° Entre temps, dans l'intervalle. Entre temps il alla dîner.

PROVERBES

  • Le temps perdu ne se répare point, ne se recouvre point.
  • Le temps est un grand maître.
    Le temps est un grand maître, il règle bien des choses [CORN., Sertor. II, 4]
  • Chaque chose a son temps, il y a temps pour tout.
    Dame il y a temps pour tout [MARIV., Pays. parv. 6e part.]
    Il y a quelque temps qu'on ne parlait que des jésuites ; et à présent on ne s'entretient que des escargots ; chaque chose a son temps [VOLT., Colimaçons, 1]
  • Qui a temps a vie, quand le terme où l'on doit satisfaire à une obligation est éloigné, on a du loisir pour s'y préparer.
  • Qui gagne du temps gagne tout.
  • Le temps est à Dieu et à nous, nous avons le loisir de faire ce dont il s'agit, ou, en général, de faire ce qu'il nous plaît.
  • Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.
  • Il est un temps pour s'en aller et prendre congé, se dit des importuns.
  • Après ce temps-ci il en viendra un autre, se dit pour se consoler dans la misère du temps.
  • Il viendra un temps où les chiens auront besoin de leur queue, un temps viendra où l'on aura besoin des gens ou des choses qu'on néglige maintenant.
  • Tout vient à temps pour qui peut ou qui sait attendre, il faut attendre l'occasion pour en profiter, sans la provoquer.
  • Du temps faut parler pour propos renouveler.
  • Changement de temps, entretien de sot.
  • Autre temps, autres mœurs.
  • Après bon temps on se repent, se dit aux prodigues qui se préparent un avenir malheureux.
  • Il n'y a point de temps perdu, les uns ont le bon, les autres le mauvais.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Il est mult vielz, si ad sun tens uset [, Ch. de Rol. XXXIX]
    Morz est li quens [le comte], de sun tens ni ad plus [, ib. CXIX]
    Demorent trop, n'i puent estre à tens [, ib. CXXXVI]
    Cuntre paiens [il] fut tuz tens campiuns [, ib. CLXIII]
    Dist l'emperere : tens est del herberger [, ib. CLXXVII]
  • XIIe s.
    E cel jor [il] ne li dist rien ; mais, quant il vit son tens, appelé à conseil, il respondit.... [, Machab. II, 14]
    Li noviaus tanz et mais et violete [, Couci, VI]
    Encor viendra lieus et tens De ma très grant joie avoir [ID., XII]
    Quant [je] voi venir le bel tanz et la flor [ID., XVII]
    À la douzor del tens qui raverdoie, Chantent oisel et florissent vergier [ID., XXI]
    Guiteclins de Sassoigne, quant ce vint à son tans, De sa premiere feme ot deus vaslez efans [, Sax. v]
    N'i [en une belle femme] perdi pas nature ses uevres ne son tans [, ib.]
  • XIIIe s.
    Car à nos tans est perdus li sains lieus [QUESNES, Romancero, p. 94]
    On n'aime pas dame pour parenté [sa famille], Ains quant ele est bele, courtoise et sage ; Vous en saurez par tens la verité [, ib. p. 110]
    À l'issue d'avril un temps dous el joli [, Berte, I]
    Grant temps [ils] furent ensemble, car ainsi plut à Dieu [, ib. III]
    Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere [, ib. xx]
    Devant la mienuit li temps un peu s'escure [, ib. XLII]
    Lors [elle] se musse au buisson ; si lait le tans [le mauvais temps] passer [, ib. XLIII]
    Si avint, un tans après la mort de Godefroi et le roi Baudoin, son frere, qu'il ot un roi en France qui ot nom Loeys li Justicieres [, Chr. de Rains, p. 2]
    Il lui fist en tans et en lieu Sentir son pooir et sa force [, Lai de l'ombre]
    Si cum vous le verrez en tens [, la Rose, 6637]
    Je me fais apeler Oiseuse, Dist ele, à tous mes congnoissans ; Si sui riche fame et poissans ; S'ai d'une chose moult bon tens ; Car à nule riens je no pens Qu'à moi joer et solacier [, ib. 585]
    Et est desormais bien tans, Qu'ele ait o li un escuier [, Bl. et Jeh. 193]
    Il soloit estre k'on se vengeoit, par droit de guerre, dusqu'au septisme degré de lignage, et ce n'estoit pas merveille el tans d'adont [BEAUMANOIR, LIX, 20]
    La seconde [cause de servitude] si est parce que el tans cha en arriere, par grant devotion, moult se donnoient aus [eux] et lor oir et lor cozes as sains et as saintes [ID., XLV, 19]
    Onques homme lay [laïque] de nostre temps ne vesquit si saintement [JOINV., 191]
    Ausi parole il del jor dou joïse [du jugement] comme se il fust passez ; car Escriture met un tens por autre assez sovent [, Psautier, f° 117]
  • XIVe s.
    Comme une aronde seule ne signifie pas le temps de ver [printemps], ne un seul biau jour ne le fait pas [ORESME, Eth. x, 16]
    Bonne delettacion qui se devroit ensuir ou temps à venir [ID., ib. 132]
    Baron, ce dist li rois, je vous tien à sachans ; Veilliez moi conseiller ; car il en est bien tamps [, Guesclin. 8452]
    Si vous prions cherement, que en le temps moien [dans l'intervalle] vous veullez conforter [DU CANGE, tempus medium.]
  • XVe s.
    Quand le roi vit sa sœur que grant temps n'avoit vue [FROISS., I, I, 6]
    Et ils ne pouvoient bonnement plus avant hostoyer, ni guerroyer pour l'hiver temps qui entré estoit [ID., I, I, 157]
    Ceux du chastel virent bien que le faix leur estoit grand, et, si le roi David maintenoit son propos [de les assiéger aussi vivement], ils auroient fort temps [ID., I, I, 163]
    Quant ces gens d'armes [du duc d'Anjou] se trouverent en ce pays [de Calabre] si bon et si gras et rempli de tous biens, ils se tinrent tout aises et s'en donnerent du bon temps [ID., II, II, 137]
    On a vu le temps que il ne l'eust pas fait pour nul avoir [ID., II, II, 206]
    Ils perdoient là leur temps [ID., II, II, 230]
    On doit le temps ainsi prendre qu'il vient ; Tous dis ne puet durer une fortune : Un temps se pert, et puis l'autre revient [ID., Poésies mss. p. 337, dans LACURNE]
    Je veuil laisser aux autres faire Leur temps, car le mien est passé [AL. CHART., la Belle dame.]
    Quand tout vray et tout clair est que la chose va ainsi, et non de nouvel, mais de tout temps [CHASTEL., Exposit. sur verité.]
    Prince qui veult que le bon temps reviengne, Les trois estas en bonnes meurs repringne [E. DESCH., Souffr. du peuple]
    Seez vous, beau sire, Il est bien temps de le vous dire : Mais je suis ainsi gracieux [, Patelin]
    .... et tenoit le roi pour homme craintif, et estoit vray que par temps il l'estoit [COMM., III, 12]
    Ceste maladventure ne luy advint pas seulle, car tout en ung temps fut prins le conte de Roussy son filz [ID., IV, 4]
    Autant estimé et requis de ses voisins ung temps a esté que nul prince qui fust en chrestienté [ID., v, 9]
    Au moins celluy qui aura bonne cause et la pourchassera bien et deffendra largement, à longueur de temps aura raison si.... [ID., V, 18]
    Ilz ont le meilleur temps de France, Sans soucy, sans melencolye [, Rec. de farces, p. 292]
  • XVIe s.
    Car ils prennent pour grand' louange Quand on les estime inconstants, Et disent que le tans se change, Et que le sage suit le tans [DESPORTES, Diverses amours, XLI, Chanson.]
    Je laisse au philosophe et aux gens de loisir à mesurer le tans par mois et par journées ; Je conte, quant à moi, le tans par le desir [ID., Cleonice, IV]
    Temps c'est la difference du verbe selon le present, preterit, futur [RAMUS, dans LIVET, Gramm. franç. p. 225]
    Non qu'ilz feissent ce grand voyage tout d'une tire, mais à plusieurs reprises, marchans tous les ans sur le temps nouveau [printemps] plus avant en païs, de sorte que par long traict de temps ilz traverserent ainsi toute la terre ferme de l'Europe [AMYOT, Marius, 18]
    Au temps que les bestes parloient, il n'y a pas trois jours [RAB., Pant. II, 15]
    La rose à la parfin devient un gratecu, Et tout avecq' le temps par le temps est vaincu [RONS., 164]
    Il sçavoit par sur tous laisser courre et lancer, Bien demesler d'un cerf les ruses et la feinte, Le bon temps, le vieil temps, l'essuy, le rembuscher [ID., 210]
    Vostre apprehension et vostre seul penser Un temps furent à moy ; or' vostre amour me laisse : Le temps peut toutes choses à la fin effacer [ID., 274]
    Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame ; Las, le temps, non, mais nous, nous en allons [ID., Poés. diverses.]
    Le temps corrige tout, quand on le conduit bien [GARN., Hippol. III, 269]
    On ne doit contraindre le temps, ne sur Dieu haster le pas [GÉNIN, Récréat. t. II, p. 245]
    Au temps qui court [PALSGRAVE, p. 811]
    Qui previent les temps, fort souvent il s'en plaint [SULLY, Mém. t. IX, p. 476]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, tain ; provenç. temps ; espagn. tiempo ; portug. et ital. tempo ; du lat tempus, temps ; comparez l'angl. time, l'angl.-sax tima, le gaél. tim, tiom.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

temps

TEMPS. (On ne prononce pas le P; et l'S ne se fait sentir que lorsqu'il y a liaison avec le mot suivant.) n. m. Durée des choses, marquée par certaines périodes, et principalement par la révolution apparente du soleil. Compter, mesurer le temps. Un long temps. Un temps court. Un temps limité. Temps passé. Temps présent. Temps futur, à venir. Le temps coule. Le temps s'écoule. Le temps passe bien vite. En même temps. Dans le même temps. Il y a bien du temps. Il y a peu de temps. Le temps amène de grands changements. Le temps fera découvrir la vérité. Avec le temps. Les poètes ont personnifié le Temps. On représente le Temps sous la figure d'un vieillard ailé qui d'une main tient une faux, et de l'autre un sablier.

Le temps dévore tout, À la longue tout se détruit.

Le temps presse, Il faut agir rapidement.

Laps de temps, Espace de temps. Après un grand laps de temps.

En termes d'Astronomie, Temps vrai, Le temps mesuré par le mouvement réel et inégal de la terre autour du soleil. Temps moyen, Le temps mesuré par un mouvement uniforme, réglé sur la vitesse moyenne de la terre.

TEMPS désigne aussi la Durée limitée, par opposition à l'Éternité. Platon a dit que le temps est une image mobile de l'éternité immobile.

Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, Avant la création du monde.

TEMPS se dit, dans un sens particulier, de la Succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux différents travaux, aux diverses occupations des personnes. C'est un homme qui ne connaît pas le prix du temps. Faire un bon usage du temps, un bon emploi du temps. Employer bien le temps. Ménager bien le temps. Le temps est précieux. Cela demande bien du temps. Il faut beaucoup de temps pour cela. Ce travail me prendra beaucoup de temps. J'y ai donné, j'y ai consacré tout mon temps. Cet importun me fait perdre mon temps. Gagner du temps. Je vous réclame une heure de votre temps. Je ne puis disposer de mon temps comme je voudrais.

Perdre le temps, perdre son temps, Ne rien faire ou faire des choses inutiles. Je n'ai pas de temps à perdre, Je n'ai pas de temps à employer inutilement. Je n'ai pas de temps à perdre pour arriver à tel endroit, Je n'ai que le temps nécessaire pour ne pas y arriver trop tard. Prov., Le temps perdu ne se retrouve jamais.

Rattraper le temps perdu, réparer une perte de temps, Profiter mieux du temps qu'on n'a fait par le passé, en faire un meilleur usage; Redoubler son travail pour faire en peu de temps ce qu'on avait négligé jusqu'alors.

Passer le temps, passer son temps à quelque chose, à faire quelque chose, L'y employer; cela ne se dit que des occupations futiles. Il passe le temps à jouer, à rêver. Il passe son temps à ne rien faire.

Absolument, Passer le temps, Se distraire en attendant l'heure marquée pour quelque chose. Je m'ennuyais à l'attendre, j'ai pris un livre pour passer le temps.

Fam., Se donner du bon temps, Se divertir.

Fig. et fam., Tuer le temps, Faire des riens, des choses inutiles pour se désennuyer.

TEMPS se dit aussi d'une Durée limitée. Ce soldat a fait son temps de service. Prêtez-moi cela pour quelque temps. Cela n'a pas laissé de durer un certain temps.

Cela n'a qu'un temps se dit d'une Chose qui ne dure que fort peu.

Pour un temps, Pour une certaine durée limitée. Cet emploi n'est que pour un temps.

Il a fait son temps se dit d'un Homme qui sort d'un emploi dont le temps était limité, ou qui n'est plus propre aux choses dont il s'est mêlé autrefois avec succès. Il se dit aussi des Choses hors d'usage. Cette loi avait fait son temps, Elle n'était plus efficace, applicable. Ce vêtement a fait son temps, Il a été porté autant qu'il pouvait l'être, il ne peut plus servir.

TEMPS signifie encore Délai. Je vous demande encore un peu de temps pour vous payer. Je vous demande du temps. Vous me donnez un temps bien court. Prendre du temps. Accorder du temps. Obtenir du temps. Donner un an de temps.

Cet homme ne cherche qu'à gagner du temps, Il ne cherche qu'à différer.

Prov., Qui a temps a vie, Quand le terme où l'on doit satisfaire à quelque chose est encore éloigné, on a du loisir pour se préparer à remplir son obligation.

TEMPS signifie aussi Loisir. Je n'ai pas le temps de vous parler. Il est si occupé qu'il n'a pas le temps de lire.

Il se dit également d'une Époque déterminée. Payer dans le temps porté par l'obligation. Prévenir le temps. Devancer le temps. Le temps approche. Dès que le temps sera venu, sera échu. Marquez-moi précisément le temps. Elle est accouchée avant le temps. Ses cheveux avaient blanchi avant le temps.

Il signifie encore Conjoncture, occasion propre, moment. Le temps est favorable. Un temps plus opportun. Laisser passer le temps de faire quelque chose. Ce n'est pas le temps de parler de cela. Attendez à un autre temps. Chaque chose a son temps. Il est grand temps de faire cette démarche. Il n'est pas encore temps de songer à cela. Il n'est plus temps de le faire ou, absolument, Il n'est plus temps. Prov., Il y a temps pour tout. Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.

Prendre son temps, prendre bien son temps, prendre mal son temps, Prendre ou ne pas prendre le moment favorable pour faire quelque chose. Prendre son temps signifie aussi Faire une chose à loisir, sans se presser.

Prov., Tout vient à temps à qui sait attendre, Avec le temps et la patience, on vient à bout de tout.

TEMPS se dit aussi de la Saison propre à chaque chose. Le temps des vendanges. Le temps de la moisson. Le carême est un temps de pénitence.

Dans le temps des perdreaux, Dans le temps où l'on va à la chasse des perdreaux.

Le temps pascal. Voyez PASCAL.

Quatre-Temps, Les trois jours de jeûne ordonnés par l'Église en chacune des quatre saisons de l'année. Observer les Quatre-Temps. Jeûner Quatre-Temps et Vigiles.

En termes de Liturgie, Propre du Temps, Ensemble des offices propres aux différentes époques de l'année liturgique.

TEMPS se dit en outre des Siècles, des différentes époques par rapport à la chronologie, des différents âges de la vie. Les temps fabuleux. Les temps héroïques. Les temps historiques. Du temps des patriarches. Du temps d'Auguste. Nous n'avons pas vu, nous ne verrons pas cela de notre temps. Ils vivaient dans le même temps. Il était de mon temps. Au bon vieux temps. Dans mon jeune temps. Au temps de ma jeunesse.

La nuit des temps, Les temps les plus éloignés et dont on n'a aucune connaissance certaine. Cela se perd dans la nuit des temps.

Dans la suite des temps, Dans un temps postérieur fort éloigné de celui dont on vient de parler.

En termes de l'Écriture sainte, Dans la plénitude du temps. Voyez PLÉNITUDE. Jusqu'à la consommation des temps. Voyez CONSOMMATION.

TEMPS se dit aussi par rapport à l'état où sont les choses pour le gouvernement d'un pays, pour les manières de vivre, pour les modes, etc. C'était un bon temps, un temps heureux. Un temps misérable, un temps de corruption, un temps de trouble. En temps de paix et en temps de guerre. Dans les temps difficiles. Les temps sont bien changés. Les temps sont durs. C'est le goût du temps. Cela n'est pas surprenant par le temps qui court. Où est le temps... Qu'est devenu le temps... Quand reverrons-nous le temps où... Un temps fut que... Il fut un temps, il y a eu un temps où... Prov., Autres temps, autres moeurs.

En temps ordinaire, Dans l'état habituel des choses.

Les signes du temps, des temps, Ce qui caractérise une époque. C'est un signe des temps.

TEMPS désigne encore la Disposition de l'air, l'état de l'atmosphère. Il fait beau temps, vilain temps, mauvais temps. Temps sec, chaud, calme, serein. Temps humide, pluvieux, orageux, froid. Temps sombre, obscur, couvert, bas. Temps variable. Changement de temps. Si ce temps-là continue, dure. Le temps change. Le temps s'obscurcit, se couvre. Le temps s'éclaircit, se met au beau. Être exposé à l'injure, aux injures du temps.

Prendre le temps comme il vient, Ne s'inquiéter de rien et s'accommoder à tous les événements.

Il fait un temps de demoiselle, Il ne fait ni pluie ni soleil.

Fig. et fam., Il y fait la pluie et le beau temps se dit d'un Homme qui est en grand crédit dans un pays, dans une maison.

En termes de Marine, Gros temps, Temps de tempête.

TEMPS se dit, en termes d'Escrime, d'Exercices militaires, etc., des Moments précis pendant lesquels il faut faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses. Pousser une botte en deux temps, en trois temps. On dit dans un sens analogue : Temps d'arrêt.

En termes militaires, Au temps! se dit pour commander de revenir à la position précédente, en vue de recommencer le mouvement.

En termes d'Équitation, Un temps de galop, Une galopade qui ne dure pas très longtemps.

TEMPS se dit, en termes de Musique et de Danse, des Principales divisions de la mesure, dont les unes sont plus marquées que les autres dans l'exécution, quoique d'ailleurs elles soient égales en durée. Mesure à deux temps, à trois temps, à quatre temps. La mesure se divise en temps forts et en temps faibles. La mesure commence toujours par un temps fort. La valse à trois temps.

TEMPS se dit dans un sens analogue en termes de Métrique. Les temps forts. Le temps marqué.

Il se dit, en termes de Déclamation, des Pauses, des silences qu'on observe entre certaines phrases, entre certains mots. Lorsqu'on parle en public, il est bon d'observer des temps entre certains mots, entre certaines phrases. Après ce vers, il y a un temps à garder. Prendre un temps.

En termes de Grammaire, il se dit des Différentes formes qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l'action ou l'état dont on parle. Les divers temps du verbe sont le présent, l'imparfait, le passé, le plus-que-parfait, le futur, le futur antérieur, etc. Les temps de l'indicatif. Les temps du subjonctif. Temps simples, temps composés. La concordance des temps.

À TEMPS, loc. adv. Assez tôt, dans le temps voulu, au moment nécessaire. Vous arrivez à temps. Vous y serez à temps. Vous n'arriverez pas à temps pour le voir.

Cette chose n'a point été faite à temps, Elle a été faite trop tôt ou trop tard.

À TEMPS signifie aussi Pour un temps fixé. Travaux forcés à temps. Bannissement à temps.

EN MÊME TEMPS, loc. adv. Dans le même instant, à la même heure, ensemble. Nous sommes partis en même temps. Nous étions au collège en même temps.

EN MÊME TEMPS QUE, loc. conj. Au même moment que. Elle est arrivée en même temps que lui.

DE TOUT TEMPS, loc. adv. Toujours. De tout temps la vertu s'est fait estimer.

DE TEMPS EN TEMPS, DE TEMPS À AUTRE, loc. adv. De fois à autre, quelquefois. Il vient me voir de temps à autre. Ce jeune homme fait des étourderies de temps en temps.

EN TEMPS ET LIEU, loc. adv. Dans le temps et le lieu convenables. Je vous expliquerai cela en temps et lieu.

LA PLUPART DU TEMPS, loc. adv. Très souvent, presque toujours. La plupart du temps il est chez lui le matin.

ENTRE-TEMPS, loc. adv. Dans l'intervalle. Entre-temps on alla dîner.

SUIVANT OU SELON LE TEMPS, SUIVANT OU SELON LES TEMPS, loc. adv. Conformément à la circonstance. Il faut s'habiller suivant le temps. Se gouverner selon le temps, selon les temps.

Cet homme parle toujours suivant le temps, suivant les temps, Suivant les circonstances; cela se dit en bonne et en mauvaise part.

DANS LE TEMPS QUE, loc. conj. Lorsque, pendant que. Dans le temps qu'on le croyait perdu il reprit l'avantage.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

temps

Temps, m. Vient du Latin Tempus par syncope de la voyelle u, Tempus, Tempestas, l'Espagnol et l'Italien s'esloignent trop dudit mot Latin, disant le premier Tiempo, et l'autre Tempo.

Le temps, ou jour, Dies.

Le temps soit d'un an, d'un jour, ou d'une heure, Hora.

Le temps de la nuict que toutes choses reposent, Silentium noctis, Intempesta nox, Concubium, Conticinium.

Bon temps, Bona tempestas.

Qui est du bon temps, Antiqui moris matrona, B.

Bons temps esquels regne paix et justice, Aurea secula.

Tu as bon temps, Bene tibi est.

Et où est le temps et la façon de vivre? O tempora, o mores, Bud. ex Cic.

¶ Beau temps, Caelum serenum, Sudum, vel apertum caelum, Tempus bonum, Tempestas bona.

Par beau temps, Sereno, ablatiuus: Sereno tempore.

Un temps serein, Silens caelum.

Le temps se tourne au beau, Disserenat.

Il fait un temps bien coy, sans aucun vent, Tranquillum est.

Temps fort temperé, ne chaud ne froid, Temperatissimum anni tempus.

Aller par beau et doux temps, Tranquillitate proficisci.

Temps calme, Malacia malaciae.

Quand le temps est calme, AEquatae aurae.

Le temps estoit calme, Dies erat silentis spiritus, vel placidi, Bud. ex Columel.

Temps fort deliberé et esveillé pour les laboureurs, Interuallum temporis vegetissimum agricolis.

Temps couvert, Austrinum caelum, Atrae nubes, Nebulosum caelum.

Le temps du jour couvert de nuées, Nubilum diei.

Il fait un temps couvert, Nubilat.

Temps descouvert, Dies illustres et insolati, Bud.

Quand le temps est chargé, Impendente pluuia, Budaeus ex Columel.

Le temps moite qui est devant ou apres la pluye, auquel degoutte une petite pluye, Substillum.

Temps fort sombre et couvert, Tenebricosissimum tempus.

Mauvais temps, Tempestas mala, Difficile et atrox tempus.

Temps pluvieux, Niuale vel pluuiosum caelum.

Mauvais temps, quand il pleut, vente, gresle, et autres choses, Tempestas.

Temps où tout est brouillé, Caecum tempus.

Temps de brouillars et froidures, Brumale tempus.

Un temps rude et mauvais, Non tractabile caelum.

Tresmauvais et vilain temps, Tempestas spurcissima.

Le mauvais temps ne fera point de dommage, Nihil damni erit ex tempestate.

Temps contraire, Aduersum tempus.

Faire quelque chose en temps contraire, Tempore aduerso anni aliquid facere, Le contraire est le faire en temps et lieu, id est suo ac commodo tempore.

Tu as un temps fort contraire à ta maladie, Habes climactericum tempus.

En son temps cela est advenu, Sua aetate, dum vitam ageret, illud contigit.

Temps fascheux, Temps d'aversité, Dura tempora.

Temps fort mauvais et dangereux pour le faict public, Alienissimum reipublicae tempus, Dubium tempus reipublicae.

Temps ennuyeux et fascheux, Temporis acerbitas.

Temps sterile, Seculum sterile.

Temps qui dure tousjours, AEternitas, AEuum.

Brief et court temps et terminé, Temporis angustiae.

Temps fort brief, Perexigua dies.

Temps lequel ordonne de la mort ou de la vie des vignes, arbres, herbes, et autres, Decretorium sydus.

Le temps ordonné et arresté est venu qu'il faut faire ce que tu as promis, Nunc adest tempus promissa perfici.

Temps accoustumé et dedié à faire quelque chose, Tempus vsitatum ad aliquid faciendum.

Heure et temps qu'on prend parmi ses affaires pour faire quelque chose, Succisiuum tempus.

Il faut attendre temps plus propre et convenant à escrire, Scribendi tempus expectandum maturius.

Temps propre et convenable à faire, ou ne faire point quelque chose, Occasio.

Temps mal convenant et mal propre, Inopportunum, vel Importunum tempus, vel incommodum.

Temps distinguez, Discriminata tempora.

Temps durant auquel on peut faire ce qu'on veut, Liberum tempus.

Temps qu'on ne peut recouvrer ne reparer, Irreparabile tempus.

Temps renouvelant les choses anciennes, Replicans tempus.

Temps où il n'y a nulles nouvelles qu'on puisse escrire à son ami, Mutum a literis tempus.

Tout le temps qu'une personne est accusée, Reatus, huius reatus.

Les temps esquels il est permis de dire ou faire beaucoup de choses qui ne seroyent pas bonnes à un autre temps, Licentia temporum.

Un temps qui fut, ou qui est venu, ou qui viendra, Aliquando.

Les temps passez, Prisca secula.

S'accommoder au temps, Tempori seruire, Foro vti, Tempori cedere.

¶ Se donner du bon temps, Molliter se curare, Indulgere genio, Obsequi animo suo, Curare cutem.

Ne se donner point du bon temps, Fraudare genium suum.

¶ Addonner son temps, l'appliquer et employer à faire quelque chose, Conferre tempus ad rem aliquam, Tempus alicui rei accommodare.

Blasmer les temps, Damnare tempora.

Consumer son temps à lire les poëtes, Tempus in poetis euoluendis consumere.

Employer son temps à faire quelque chose, Ponere tempus et diem in rem aliquam, Dare tempus alicui rei.

Employer beaucoup de temps en quelque chose, Ponere dies multos in rem aliquam.

Employer tout le temps de son chemin à lire, Iter consumere in rebus gestis legendis.

Employer le temps prefix à parler, Assignatum tempus implere orando.

Employer le temps à l'estude, Suppeditare otium studio.

Employer son temps à l'estude continuellement, AEtatem in literis ducere.

Employer bien son temps, Recte otia ponere.

Employer mal son temps, Conterere tempus frustra, Otio et literis abuti.

Mal employer le bon temps et loisir qu'on a, Bonas horas male collocare.

Tascher à n'employer de temps que le moins qu'on peut en quelque chose, Compendia temporis sequi.

Qui a fait son temps, Veteranus. B.

Il avoit ja fait son temps, Exacta iam aetate erat. B.

Occuper le temps, Obsidere tempus.

Par temps, maniere de parler ancienne, pour dire de bonne heure. L'Italien dit Per tempo, pour ce mesmes et en superlatif, Per tempissimo, à tres-bonne heure. Thomas de Glocestre use menu et souvent de cette ditte façon de parler en son livre, des loix, establissemens et coustumes des combats en camp clos, Tempestiue in tempore ipso.

Passer le temps, Tempus traducere, Otium, vel tempus terere, Ludere otium, Eximere tempus, Conterere tempus.

Passer le temps à quaqueter, Sermonibus tempus terere, vel conterere.

Passer le temps à la guerre sous quelque capitaine, Militiam sub magistro tolerare.

Passer le temps de sa vie, Vitam exigere, Traducere vitam.

Passer le temps de sa vie, sans se heurter aux voluptez, sans s'addonner à icelles, Transmittere inoffensas voluptates.

Passer le temps de quelque administration, Aliquod munus traducere.

Passer et prolonger le temps, Tempus ducere.

Laisser passer le beau temps en vain, Tempestatem praetermittere.

Mon temps me sera beaucoup plus aisé à passer, Erit mihi quasi decursus mei temporis.

Peu de temps, Exigua dies.

Donner temps et lieu à faire quelque chose, Locum dare aliquid faciendi.

Estre à temps, Ad tempus adesse, Tempestiue adesse, aduenire.

Estre plus long temps avec quelqu'un, Vna cum aliquo plus esse.

Faire selon le temps. Tempori seruire.

Finer le temps de son office, Abire magistratu.

Gaigner le temps, Faire que le jour se passe, Extrahere diem.

Guetter le temps propice, Tempestates captare.

Mettre et employer du temps à considerer les choses, Tempus adhibere ad considerandas res.

Qui met long temps à faire quelque chose, Lentus.

Perdre temps Ludere operam, B. ex Terent. Tempus nequicquam absumere Liu. lib. 23.

Tu pers temps, Nihil agis. B. ex Plaut.

Perdre le temps, le consumer en vain, Aquam perdere.

Perdre le beau temps, Tempestatem praetermittere.

C'est tout temps perdu, Tempus nequicquam absumptum. Liuius lib. 23.

Prendre du bon temps, Sibi benefacere, Indulgere genio, Molliter se curare.

Prendre le temps et le loisir à penser à quelque chose, Spatium sumere ad cogitandum.

Prendre le temps et l'opportunité, Tempus capere.

Prendre le temps comme il vient, Foro vti.

Prendre garde au temps, Conseruare et notare tempora.

Prolonger le temps, et donner plus long terme pour faire la besongne, Diem operi faciendo laxiorem dare.

Rapporter tout cela au vieux temps, Referre haec omnia ad memoriam vetustatis.

Reculer et esloigner le temps d'eslire, jusques à la venuë d'aucun, Comitia detrudere in aduentum alicuius.

Garde de venir au temps qui ne sera pas propre, Vide ne cadat in alienissimum tempus aduentus tuus.

Tu viens au temps mesme qu'il falloit, In tempore ipso aduenis.

Je suis venu tout à temps, Veni in tempore.

Tu viendras tout à temps, Ad tempus aderis.

Vivre peu de temps, Breuem vitam agere.

S'il vit aussi long temps, que, etc. Si tandiu vixerit tecum quam ego cum Petro.

Tout le temps qu'il avoit de demourant de la guerre contre les Romains, Quicquid a bellis populi Romani vacabat.

Qui dure un temps, ou quelque temps, Temporarius.

Qui est du temps passé et du vieil temps, Priscus.

Ce qu'on a fait le temps passé, Acta vitae.

Qui est d'un mesme temps, Coaetaneus, AEtate coniunctus cum aliquo.

Ce temps ci, Hocce tempus.

Ce temps ici requiert autre maniere de vivre, Haec dies alios mores postulat.

Le temps s'approche, Appropinquat tempus, Prope est.

¶ Il est maintenant temps, Iam tempus est.

N'est-il pas temps d'aller? Iamne imus?

Il n'est pas temps à present de, etc. Alienum tempus est mihi tecum expostulandi.

Il n'est pas encore temps de faire cela? Nondum est maturitas illud faciendi.

Il viendra certainement un temps, que, etc. Erit, erit illud profecto tempus quum, etc.

Le temps viendra bien tost auquel il, etc. Prope adest quum alieno more viuendum est mihi.

Le temps est venu, Tempus accidit, Adest tempus, Extat tempus, Nunc tempus est.

¶ Le temps passé, Olim, Quondam.

Ce temps-là est passé, Abiit illud tempus.

Le temps s'est passé cependant qu'il disoit cela, Abiit hora dum haec diceret.

Il a esté un temps que, etc. Quondam fuit quum inter nos sorderemus alteri, vel, Fuit quoddam tempus quum, etc.

Le temps est trop long d'attendre qu'il sorte, Longum est, nos illum expectare dum exeat.

Le temps se rapporte bien à cela, Congruit tempus ad illud.

Le temps d'hyver se change en esté, Tempus hyemis vertitur vel mutatur aestate.

Si le temps ne le permet point, Si tempus non largitur.

Quand le temps, ou le lieu est à poinct pour faire quelque chose, et convenable, ou à propos, Opportunitas. Le contraire c'est, Inopportunitas.

¶ Long temps, Longa dies, Longum spatium, Longum vel Longinquum tempus.

Cestuy parle de plus long temps qu'il ne peut avoir souvenance, Longius hic testificatur, quam meminisse per aetatem potuit. B.

Il a esté long temps qu'il n'estoit nouvelles de luy, In obliuione diu iacuit,

Il y a long temps qu'on n'usa de cette coustume que à present, Haec consuetudo longo interuallo repetita atque relata est. Budaeus ex Cicerone.

Qui a vescu long temps, Longaeuus.

Qui dure long temps, Diutinus.

Quand quelque chose demeure long temps à mouvoir, Lenta viuacitas.

Je demeureroy long temps si je te, etc. Longum est Clitipho, si, et caet.

S'il ne s'en fust fuy si long temps devant, Si non tanto ante fugisset.

Demeurer long temps, Diu, vel Diutine manere, aut longo tempore.

Si long temps, Tandiu.

Fort long temps, Perdiu.

Long temps apres, Porro.

Qui avoit esté fort long temps vieil, Qui diutissime senex fuerat.

Long temps durant, Per multas aetates.

Il me pria si tres-long temps qu'il me contraignit de ce faire, Orare vsque adeo donec perpulit.

Si long temps apres? Nunc denique?

¶ Long temps devant, ou Beaucoup d'ans devant, Multis ante seculis.

Long temps devant, Longe ante, Multo ante.

Long temps devant le jour, Bene ante lucem.

Ce n'est pas long temps ce qu'il demande, Haud longum est id quod orat.

Longueur de temps, Longinquitas temporis.

Il y a ja long temps, Pridem.

Il y a ja long temps, Olim, Olim iam, Iampridem audiui.

Il y a ja long temps que je l'ay ouy, Iampridem audiui.

Il y a ja long temps qu'il cerchoit occasion, Iam diu aliquam causam quaerebat.

Il y a fort long temps, Dudum.

Ami de long temps, Amicus antiquus.

Il y a ja fort long temps qu'ils ont fort grande noise ensemble, Iamdudum aetatem lites sunt inter eos factae maximae.

Il y a assez long temps, Dudum, Nuper, Pronuper.

¶ Il y a fort long temps, Quam dudum in portum huc venis? P. Longissime.

Tu me saluës comme s'il y avoit long temps que tu ne m'eusses veu, Sic salutas quasi dudum non videris.

Il n'y a pas long temps, Nuper, Non pridem, Nunc nuper, Haud diu est. ex Terent.

Il n'y a pas long temps qu'il est venu demeurer ci aupres, Non diu huc commigrauit, vel Haud diu.

Il n'y pas si long temps qu'on diroit bien, Non ita pridem.

Combien y a-il de temps? D O. Il n'y a pas long temps, Quam dudum? D O. Modo.

Ils disoient qu'il n'y avoit pas long temps qu'il vivoit, Modo eum vixisse aiebant.

De tant qu'il y avoit ja plus de temps passé, d'autant, etc. Quanto eius amplius processerat temporis, tanto, etc.

Il faut long temps attendre, Perlongum est.

Nous fusmes long temps à parler ensemble, tellement qu'une grande partie du jour estoit ja passée, Multus sermo ad multum diem.

¶ Un peu de temps, Parumper, Paulisper.

Quelque peu de temps, Diutule.

¶ Je suis empesché tant de temps, Tantisper, vel Tandiu impedior.

Tant de temps qu'il a vescu, Quandiu vixit.

Tout le temps qu'avons esté ensemble, Per omne tempus quo fuimus vna.

Il est là le plus du temps, Ibi plurimum est.

Il ne cesse point tant soit peu de temps qu'il ne face mention de luy, Non tantulum intermittit tempus quin eum nominet.

¶ A cause du mauvais temps, Caeli intempestate, vel intemperie.

¶ A temps, ou Tout à temps, In tempore, Tempori, Mature.

¶ Un autre temps, Alias.

Avant le temps et la saison, Immature.

Avant qu'il soit long temps il sera Consul, Breui Consul erit.

Le temps passé, In praeteritum.

Le temps advenir, Apud posteros, In posterum, In posteritatem, AEuo sequenti.

Il pense qu'il le fera le temps advenir, Deinde facturum autumat.

Le mesme temps, Eodem interuallo.

Qu'il le laisse au temps advenir, Praesens in tempus omittat.

Au temps où il y avoit moins de trouble, Tempore sedatiore.

Au temps qu'il faut, Tempestiue, Opportune.

Au temps qu'il falloit, In ipso tempore.

De long temps, Ex longo, vel Ex longo tempore.

Esprouver aucun de long temps, Lente ac fastidiose probare aliquem.

De mon temps, Mea memoria.

De nostre temps, In nostra memoria. Gell. lib. 20. c. 1. nostra memoria, AEuo nostro, vel in aeuo nostro, Nostra aetate, Tempestate nostra.

De tout temps et ancienneté, et de tel et si long temps qu'il n'est memoire du contraire, Il y a cent ans que nous jouissons de ce droict, Tempus vsus huiusmodi memoriam excedit, Post hominum memoriam ita semper obseruatum est, Ex quo homines meminerunt, id ius semper vsurpatum est. B.

Usures de certains temps, Vsurae aliquanti temporis.

Dés ce temps-là que, etc. Ex eo tempore quo, etc. Ex quo, etc.

Dés le temps passé cette coustume a duré jusques à nostre temps, Antiquitus durauit hic mos vsque ad nostra tempora.

Depuis le temps qu'ils sont captifs, A quo tempore capti sunt.

Depuis le temps que tu, etc. Ex quo tempore tu, etc.

Depuis ce temps-là, Ab illo tempore.

Beaucoup de gens aussi du temps passé, Multi etiam superiori memoria.

Du temps de nos peres, Apud maiores nostros, Memoria patrum.

Du temps d'Alexandre, Sub Alexandro.

Dedans peu de temps, Cis paucos dies, Intra paucos dies.

S'en aller dedans certain temps, Ante certam diem decedere.

Devant ce temps-là, Antea.

Ce temps pendant, Obiter, Interea, Interim, Interibi, Inter moras.

Ce temps pendant je suis d'advis que, etc. Tibi censeo latendum tantisper ibidem, etc.

Ce pendant que tu as le temps, Dum habes tempus.

Ce temps pendant que nous n'y estions pas, Absente nobis, vel Nobis absentibus.

Tout le temps durant, Inter omne tempus.

En ce temps-là, Ea tempestate, Temporibus illis.

En ce temps là auquel Clodius, etc. Profectus id temporis, quum iam Clodius redire potuisset.

En ce mesme temps, ou en mesme temps, Per idem tempus. Liu. lib. 23. Sub idem tempus.

Ce n'est le temps de faire cela, Alieno tempore istud agis. Liu. l. 23.

En un mesme temps, Vno, vel eodem tempore.

En temps et lieu, Loco, In loco, In tempore, Suo tempore, Opportune.

En temps deu et de bonne heure, Tempestiue.

Qui se fait en temps et en saison, Tempestiuus.

En peu de temps, Breui, vel Breui tempore.

Le temps que les procez doivent durer, Menses annique curriculi forensis. Bud.

On n'est plus dedans le temps de se faire relever, AEtas excessit e praesidio legum. B.

En autre temps beaucoup plus mal propre il le feroit, Alieniore aetate faceret.

En quelque temps que ce soit, Quoquo tempore fuerit.

En temps de paix et de guerre, Domi et militiae.

En doux temps, Tranquillo.

En tout temps, Quibuslibet temporibus.

Hors temps et trop tard, Sero.

Hors temps et heure et saison, Intempestiue, Importune.

Qui vient, ou est fait hors temps et heure, Intempestiuus.

Qui est tout d'un temps, AEtate coniunctus cum aliquo, AEqualis.

Jusques au temps present, Vsque ad hanc memoriam.

Je prendray conseil pour le temps, Ad tempus consilium capiam.

Pour le temps advenir, In reliquum tempus, In posterum.

Pour ce temps-là, Vt temporibus illis.

Pour quelque temps, Ad quoddam tempus.

Pour long temps, In multa secula,

Pour quelque bien peu de temps, Aliquantisper.

Apprester selon le temps, Ex tempore parare.

Prendre conseil selon le temps et l'affaire, Consilium pro tempore et pro re capere.

Sur le temps qu'il devoit venir, Sub aduentum eius.

¶ Les Quatre temps, voyez, Quatre.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

temps


TEMPS ou TEMS, s. m. [Le 1er est plus conforme à l'étymologie: le 2d comence pourtant à prévaloir: mais lors même qu'on écrit temps, on ne prononce pas le p: tan, et devant une voyèle, tanz.] 1°. La mesûre de la durée des chôses. "Tems pâssé, présent, futur, ou, à venir. "Le tems coule, ou, s' écoule. "Il y a peu de tems, bien du tems, long-tems. "Faire un bon usage, un bon emploi du tems. "Cela demande, consume, emporte bien du tems, etc.
   ....Au reste, vous saurez
   Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire.
   - - - Voyons, Monsieur, le tems ne fait rien à l'afaire
       Misantr.
= 2°. Terme préfix. "Payer dans le tems porté par l'obligation. Prévenir, devancer le tems. = Il a fait son tems, signifie, ou, qu'un homme sort d'un emploi, dont le tems était limité, ou qu'il n'est plus propre aux chôses, dont il s'est mélé autrefois avec succês. — Dans ce 2d sens, on le dit aussi des chôses. "Cet habit a fait son tems. = 3°. Délai. "Demander, doner, prendre du tems. Doner six mois, un an de tems. "Cet homme ne cherche qu'à gâgner du tems. = 4°. Loisir. "Je n'ai pas le tems de vous parler. "Je ne puis pas disposer de mon tems comme je voudrais. = 5°. Conjonctûre, ocasion. "Le tems est favorable, ou, il n'est pas encôre propre: il n'est pas tems d'y songer. "Ce n'est pas le tems de parler de cela: atendez à un autre tems: chaque chôse a son tems. = 6°. La saison propre à chaque chôse. "Le tems des vendanges, de la moisson; c'est le tems des perdreaux, etc. = 7°. Il se dit des Siècles, des âges, par raport à la chronologie. "Du tems du Déluge, d' Abraham, de Moïse, des Patriarches. "Du tems d'Homère, d'Auguste, etc. "Les tems héroïques, fabuleux, historiques, etc. = 8°. Il se dit par raport à l'état où sont les chôses pour le gouvernement, les coutumes, les modes. "C'étoit un bon, ou, un mauvais tems; un tems de corruption, de trouble, etc. "S'acomoder, céder au tems: se gouverner selon le tems, ou, les tems. "Le tems fut, ou, il fut un tems que, etc. "C'est le goût du tems. = 9°. La disposition de l'air: "Beau, ou, vilain, mauvais tems: "Tems sec, humide, pluvieux, sombre, obscur, calme, serein, etc.. "Le tems change, s'éclaircit, s'obscurcit, se couvre; se met au beau. "Etre exposé à l'injûre du tems. "Grôs tems (à la mer) tems d'orage. = 10°. Dans la Danse, la Musique, l'escrime, les exercices militaires, division d' une action en plusieurs momens. "Observer les tems de la Danse. "Mesure à deux, à trois, à quatre tems. "Pousser une bote en deux, en trois tems. "Tirer la baguette en deux, en trois tems. = 11°~. En Gramaire, les diférentes inflexions, qui marquent, dans les verbes, le tems où se pâssent les actions, dont on parle. "Les tems simples, les tems composés. "Les tems de l'Indicatif, du subjonctif.
   Rem. Bossuet done au mot tems, le sens de date, d'époque: "Charles V. arriva à Ausbourg le 15 juin 1530: le tems est considérable: il veut dire, remarquable. — Tems n'est pas usité, en ce sens et de cette manière. = II. Tems, Durée (synon.) Ces mots diffèrent en ce que la durée se raporte aux chôses et le tems aux persones. On dit, la durée d'une action, et le tems qu'on met à la faire. — La durée a aussi raport au comencement et à la fin de quelque chôse, et désigne l'espace écoulé entre ce comencement et cette fin. Le tems désigne seulement quelque partie de cet espace, ou désigne cet espace d'une manière vague. Ainsi l'on dit, en parlant d'un Prince, que la durée de son règne a été de tant d'années, et qu'il est arrivé tel évènement pendant le tems de son règne (Encycl.) Beauzée, Synon. = III. Tems entre dans beaucoup d'expressions. = Il est tems régit de et l'infinitif, ou que avec le subjonctif. "Il est tems d'agir: il était tems de le faire, ou, que vous le fissiez. Être à tems a le 1er régime. "Vous serez encore à tems de le trouver. * La Fontaine, dit, il s'en va tems pour, il est tems; et Leibnitz, il semble tems.
   Il s'en va tems que je reprène
   Un peu de forces et d'haleine.
"Il semble encôre tems de sauver cet honeur. — L'expression du Poète peut passer dans le style d'une Fâble, mais celle du Philosophe est vraiment barbâre. = N'avoir qu' un tems, ne pas durer longtems: "l'erreur n'a qu'un tems. Apol. de l'Inst. "Cette mode n'aura qu'un tems, dûrera peu. = Prendre son tems, choisir l'ocasion favorable:
   L'escarbot prend son tems, fait faire aux oeufs le saut.
       La Font.
= Prendre quelqu'un sur le tems, le surprendre en faûte. "Ah! je vous prends sur le tems, Mr le Marquis. Tart. Épist. = On dit, dans le st. famil. tuer le tems, s' ocuper n'importe comment, pour éviter l'ennui. M. Thomas a dit, dans le même sens, tourmenter le tems: expression recherchée. "Vous qui consumez le tems dans l'indolence... qui le tourmentez dans de pénibles bagatelles. "Il fera beau tems, quand je reviendrai; c. à. d. je ne reviendrai point.
   Sachez que pour céans j'en rabats de moitié,
   Et qu'il fera beau tems quand j' y mettrai le pié.
       Mol.
= Prendre le tems comme il vient, ne pas s'inquiéter des évènemens, s'acomoder au tems. "Si vous aviez apris à prendre le tems comme il vient, cela vous auroit extrêmement amusée. Sév. = Avoir le tems et l'argent, le loisir et les moyens. = Sans perdre tems, où tems est employé sans article. "Allez, sans perdre tems, dans toute l'armée des Grecs: retenez-les par vos douces paroles. Iliade.
   Il faut sans perdre tems courir au Roi lui-même.
       Follard
Voy. plus bâs.
= Perdre le tems, ou, son tems, ne rien faire, ou faire des chôses inutiles. Corneille dit, perdre et gâgner tems sans article.
   Adieu: nous perdons tems
       Cinna.
  Je voulois gâgner tems pour ménager ta vie.
Polieucte.
On retranchait aûtrefois l'article plus souvent qu'aujourd'hui. = On dit encôre, sans perdre tems. = Pâsser bien son tems; se doner du bon tems, se divertir. = Pâsser mal le tems, ou, son tems, s'ennuyer beaucoup, ou soufrir. = On dit, du tems, pour un long espace de tems. "Il y avoit déjà du tems que César étoit suspect de desseins cachés. Révol. Rom. "On fut du tems à s'assurer si, etc. ANON. "Pendant ce désordre qui dura du tems. Hist. d'Allem. — Du tems ne va guère bien qu'avec il y a. = IV. Tems forme aussi beaucoup d' expressions adverbiales. = À~ tems, assez tôt. Vous arriverez à tems: vous y serez assez à tems. — Pour un tems déterminé. Il est oposé à perpétuel. "Galères à tems; banissement à tems. = Au même tems; à la même heure. "Nous sommes partis au même tems. = En même tems, à la même époque. "Nous étions au Collège en même tems. Quand il s'agit d'une heure précise, au même tems vaut mieux; et quand il ne s'agit pas d'un tems précis, ou qu'on parle au figuré, en même tems est meilleur. Bouh. * On disait aûtrefois à même tems. "Les Athéniens acablés presque à même tems, de la guerre et de la peste. P. Rapin. * D'Ablancourt dit, à même tems que, etc. = De tout tems; toujours, en parlant du pâssé. "De tout tems la vertu s'est fait estimer. = De tems en tems, ou, de tems à aûtre: le 2d n'est que du st. famil. Successivement, mais à plusieurs reprises. "Ils formoient~ de tems à aûtre des armées d'Aventuriers Hist. d'All.De tems en tems aurait mieux convenu, ce me semble, au style de l'Histoire. = En tems et lieu: Dans le~ tems et le lieu convenables. "Je vous expliquerai cela en tems et lieu. = Pour le tems et pour un tems ont des sens diférens. Le 1er s'entend de la saison, ou du siècle; et l'aûtre de l'espace du tems. "Cela sera bon pour le tems. "Marot faisoit de très-bons vers pour le tems, on sous-entend, où il vivait. "Il ne sera heureux que pour un tems: cela dûrera pour un tems. L. T. Remarquez que, quand le premier est suivi de que, sa signification~ est déterminée par ce qui suit. "Il se porte assez bien pour le tems qu'il fait, marque la saison: il est savant pour le tems qu'il a étudié, marque l'espace de tems. = Il en est tems: il est tems de le faire. M. l'Ab. Feller dit, il n'en est pas encôre le tems: je n'ose pas condamner celui-ci, mais je crois que, il n'en est pas encore tems vaudrait mieux. Avec ce n'est pas, il faut mettre l'article; ce n'en est pas encôre le tems. = On dit de son tems, de mon tems pour dire dans ma jeunesse, du tems qu'il vivait: mais dit-on, son tems, ou le tems d'un tel Roi, pour dire, le tems qu'il a vécu? Je ne le crois pas. "Ils ont confondu son tems (d'Osiris) avec celui des comencemens de l'Univers. Boss. Je dirais, le tems de son règne, ou, le tems, le siècle où il a régné. = On dit, en tout tems au singulier, et dans tous les tems au pluriel. M. Targe dit: dans tout tems: c'est contre l' Usage. = On doit dire également, quelque tems et non pas quelques tems; en ce tems là et non pas en ces tems, comme on disait aûtrefois. Dans les Let. Édif. et dans d' aûtres Livres j'ai vu plus d'une fois, quelques tems après: nous demeûrâmes quelques tems. l's de quelques est superflue. Voy. Après QUELQUEFOIS. = Tout d'un tems, tout de suite. "Quand on a coupé et tiré le natron, on le charge tout d'un tems sur des chameaux. P. Sicard. * Un Poète très-moderne retranche tout dans cette locution.
   À~ Vaugirard j'allai d'un tems
   J'y vis, j'y trouvai d'Angeville.
Le style négligé lui-même ne comporte pas ces licences. = J. J. Rouss. dit, par trait de tems, pour par laps de tems. "Rien n'est moins rare que des mots, dont le sens change par trait de tems. Celui-ci serait plus noble que l'aûtre, qui sent un peu trop le style du Palais. = On dit assez indiféremment avec le tems ou avec du tems: le 1er est pourtant le plus usité: il semble dénoter un plus long espace de tems. "Avec le tems tout s'apaise. "Avec du tems sa santé se retablira. = À~ quelque tems de-là, quelque tems aprês. "À~ quelque tems de là il fut fait Lieutenant. Anon. = Avant tous les tems, avant la création du monde. = À~ la consommation ou, à la fin des tems, c. à. d. à la fin des Siècles, du Monde. = On apèle Roger bon tems tout homme, qui ne songe qu'à se divertir.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

temps

nom masculin temps
1.  Durée mesurable.
2.  Phase d'une action.
3.  Époque particulière.
4.  Moment favorable à.
heure, moment, occasion, période -littéraire: saison.

temps

nom masculin pluriel temps
Période historique.
âges, époque, ère, siècles -littéraire: jours.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

temps

Wetter, Zeit, Witterung, Tempus, rechtzeitig, Tempoangabe, verstehen, Zeitaltertime, weather, tense, while, period, long, beat, stagetijd, weer, poos, weder, weersomstandigheden, maatdeel [muziek], slag, tijdsvormזמן (ז), מזג אוויר (ז), עידן (ז), עת (נ), פעמה (נ), רגל (ז), שעה (נ), זְמַן, מֶזֶג אֲוִיר, עִדָּן, עֵתtyd, weertempsčas, počasítid, vejrκαιρός, χρόνος, χρόνος ρήματοςtempo, veterotiempo, tiempo verbalaika, sää, aikamuotoidőtíð, tími, veðurtempo, fase, tempo addietro天気, 時, 時制, 時間tid, væer, vær, verbtidczas, pogodatempo, tempo verbaltimp, vremeвремя, погода, вовремяtid, väder, tempusnafasi, wakati天气, 时态, 时间صِيْغَة, طَقْس, وَقْتvrijeme날씨, 시간, 시제เวลา, กาล, อากาศhava, zamanthời của động từ, thời gian, thời tiếtвреме (tɑ̃)
nom masculin
1. durée perdre du temps
2. moment, époque en temps de paix travail à temps completpartiel avoir le temps de faire qqch
3. au même moment, à la fois faire plusieurs choses en même temps
4. parfois Il vient de temps en temps.
5. sans arrêt Il se plaint tout le temps.
6. au bon moment Il est arrivé à temps.
7. le moment est venu de Il est temps de partir.
8. autrefois
9. phase, étape dans un premier temps
10. état du ciel, de l'air Quel temps fait-il ?
11. musique en musique, division d'une mesure valse à trois temps
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temps

[tɑ̃] nm
(atmosphérique)weather
il fait beau temps → the weather is fine
il fait mauvais temps → the weather is bad
quel temps fait-il? → what's the weather like?
(qui passe)time
avoir le temps → to have time
Je n'ai pas le temps → I haven't got time.
avoir tout le temps → to have plenty of time
avoir juste le temps → to have just enough time
prendre son temps → to take one's time
avoir fait son temps → to have had its day
Cette idée a fait son temps → This idea has had its day.
(= époque) → time, times pl
les temps changent → times are changing
les temps sont durs → times are hard
en temps de guerre → in wartime
en temps de paix → in peacetime
dans le temps → in the old days
Dans le temps, on pouvait circuler à vélo sans danger → In the old days, it was safe to go around by bike.
de tout temps → always
du temps que → at the time when, in the days when
du temps où, au temps où → at the time when
(= moment) il est temps de ... → It's time to ...
Il est temps qu'il prenne sa retraite → It's time for him to retire.
en temps utile, en temps voulu → in due time, in due course
de temps en temps, de temps à autre → from time to time, now and again
en même temps → at the same time
à temps [partir, arriver] → in time
Il est arrivé à temps pour le match → He arrived in time for the match.
juste à temps → just in time
pendant ce temps → in the meantime
(LINGUISTIQUE)tense
(MUSIQUE)beat
(TECHNIQUE)stroke
(autres locutions) à plein temps, à temps complet [travailler] → full time; [emploi] → full-time
Elle travaille à plein temps → She works full time.
à temps partiel [travailler] → part time; [emploi] → part-time
le travail à temps partiel → part-time work
temps d'accès nm (INFORMATIQUE)access time
temps d'arrêt nmpause, halt
marquer un temps d'arrêt → to pause
temps mort nm
(SPORT)injury time, stoppage time
demander un temps mort [entraîneur] → to ask for a period of injury time
temps partagé nm (INFORMATIQUE)time-sharing
temps réel nm (INFORMATIQUE)real time
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005
Collins Multilingual Translator © HarperCollins Publishers 2009