conseil

conseil

n.m. [ lat. consilium, délibération ]
1. Avis sur ce qu'il convient de faire ; recommandation : Je lui ai donné le conseil de patienter suggestion
2. Assemblée de personnes chargées de fonctions consultatives, délibératives, administratives, juridictionnelles, etc. ; séance d'une telle assemblée : Réunir le conseil d'administration d'une entreprise. Ce ministre était absent au dernier conseil.
3. (Parfois en appos. ou formant des mots composés) Personne qui, à titre professionnel, guide, conseille autrui : Elle vient d'être embauchée comme conseil fiscal. Des ingénieurs-conseils.
Conseil de famille,
assemblée des parents, présidée par le juge des tutelles, qui statue sur les intérêts d'un mineur ou d'un majeur en tutelle.
Conseil des ministres,
réunion des ministres sous la présidence du président de la République.
Conseil général,
assemblée élue pour 6 ans par chacun des cantons d'un département.
Conseil municipal,
assemblée élue pour 6 ans pour régler les affaires de la commune sous la présidence du maire.
Conseil régional,
assemblée élue pour 6 ans pour régler les affaires de la région.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

CONSEIL

(kon-sèll, ll mouillées, et non kon-sey') s. m.
Opinion exprimée pour engager à faire ou à ne pas faire. Donner un conseil.
Je ne veux plus écouter tes pernicieux conseils [FÉN., Tél. VII]
Suivre le conseil flatteur des insensés [ID., ib. II]
Un généreux conseil est un puissant secours [CORN., Héracl. V, 6]
Je suis homme aussi de conseil [MOL., Sicilien, 13]
Détourne, roi puissant, détourne tes oreilles De tout conseil barbare et mensonger [RAC., Esth. III, 3]
Tite Live dit que le premier degré de mérite pour un homme qui commande est de pouvoir par lui-même prendre un bon parti ; que le second est de savoir au moins suivre un bon conseil ; mais que de ne pouvoir faire ni l'un ni l'autre, c'est la marque d'un petit esprit [ROLLIN, Traité des Ét. 3e part. ch. 1]
Également estimable et de ce qu'elle savait trouver les sages conseils et de ce qu'elle savait les recevoir [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Prendre conseil de quelqu'un, le consulter.
Ou demain je ne prends conseil que de moi-même [CORN., Héracl. II, 2]
Il a pris les conseils de Narbal pour les principales affaires [FÉN., Tél. VIII]
Mme la duchesse de Bourgogne appela Mme de Nogent à qui elle allait volontiers au conseil, quand elle ne savait plus où elle en était [SAINT-SIMON, 139, 39]
Prendre conseil de quelque chose, se déterminer en considération d'une chose.
Le meilleur serait de prendre conseil de la raison [PASC., Prov. 9]
Cet orateur, prenant conseil de la nécessité, résolut de s'aller confiner à Cyzique [DESFONT., Exil de Cicéron.]
Familièrement. Prendre conseil de son bonnet de nuit, prendre le temps de la nuit pour réfléchir. Ne prendre conseil que de sa passion, n'écouter qu'elle.
Je ne prendrai conseil que de mon désespoir [CORN., Poly. III, 2]
Écouter les conseils de la raison, de la passion, de la vengeance, se laisser conduire par la raison, par la passion, par la vengeance. Être de bon conseil, ou être un homme de bon conseil, avoir la prudence nécessaire pour donner de bons avis.
Terme de religion. Ce qui se conseille, par opposition à ce qui est de précepte, à ce qui se commande.
Aux autres elles [les retraites] sont de conseil ; mais à ceux-ci elles sont très souvent d'obligation, parce qu'elles leur deviennent un moyen unique pour se sauver [BOURD., Dominicales, IV, Caract. du chrét. 169]
Les apôtres ne donnent pas la soumission aux puissances comme une chose de simple conseil [BOSSUET, Avert. 5]
Les âmes retirées embrassent certains moyens de pur conseil [MASS., Carême, Tiédeur, 1]
Les conseils sont donnés pour faciliter les préceptes [FÉN., Éduc. des filles.]
Résolution, parti, dessein.
Il a de tout conseil son âme dépourvue [MALH., I, 4]
Et quel sage conseil en mon mal puis-je prendre ? [RÉGNIER, Élég. I]
Hélas ! de quel conseil est capable mon âme ? [CORN., Cinna, IV, 4]
En ces extrémités quel conseil dois-je prendre ? [ID., ib. III, 3]
C'est dans notre destin le seul conseil à prendre [ID., Rodog. I, 3]
Quoi ! tous deux ! et sitôt que le conseil est pris [ID., Cinna, I, 4]
Le conseil le plus prompt est le plus salutaire [RAC., Baj. I, 2]
Paul Émile avait près de soixante ans ; mais l'âge, sans rien diminuer de ses forces, n'avait fait que lui ajouter une maturité de conseil et de prudence [ROLLIN, Hist. anc. Œuvres, t. IX, p. 87, dans POUGENS]
Absolument, résolution habile.
Il ne laissait rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Plein d'expédients et de conseils dans la mauvaise fortune [HAMILT., Gramm. 5]
Au pluriel, vues, principes qui dirigent. Il n'y eut dès lors en ses conseils qu'irrésolution et faiblesse.
Qui veut entendre combien la raison préside dans les conseils de ce prince, n'a qu'à prêter l'oreille quand il lui plaît d'en expliquer les motifs [BOSSUET, le Tellier.]
Confonds dans ses conseils une reine cruelle [RAC., Athal. I, 2]
D'où naît dans ses conseils cette confusion ? [RAC., Athal. III, 3]
Approche, heureux appui du trône de ton maître, âme de mes conseils.... [ID., Esth. II, 5]
À ses conseils secrets je fus associé [VOLT., Scythes, I, 3]
En parlant de la Providence, décrets.
Ces trois choses unies dans l'ordre des temps, l'étaient encore beaucoup davantage dans l'ordre des conseils de Dieu [BOSSUET, Hist. II, 13]
J'ai travaillé à vous faire voir sans interruption la suite des conseils de Dieu dans la perpétuité de son peuple [ID., ib. II, 8]
Cette Église, toujours attaquée et jamais vaincue, est un miracle perpétuel, et un témoignage éclatant de l'immutabilité des conseils de Dieu [ID., ib. II, 13]
Qui est entré dans les conseils de Dieu ? [ID., ib. II, 7]
Dieu qui rapporte tous ses conseils à la conservation de sa sainte Église [ID., Reine d'Anglet.]
Une pénétration des mystères et des conseils de Dieu [MASS., Carême, Prière.]
J'entrerai avec David dans les puissances du Seigneur ; et j'ai à vous faire voir les merveilles de sa main et de ses conseils ; conseils de juste vengeance sur l'Angleterre ; conseils de miséricorde pour le salut de la reine, mais conseils marqués par le doigt de Dieu, dont l'empreinte est si vive et si manifeste, qu'on ne peut résister à cette lumière [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Se dit aussi au singulier.
Êtes-vous entré dans le conseil de Dieu ? [, Dict. de l'Acad.]
La personne dont on prend avis.
Hazaël en avait fait son conseil et son ami [FÉN., Tél. VI]
Chercher tant d'éclaircissements et aller à tant de conseils [BOURD., Carême, II, Parf. observat. de la loi, 204]
Phorbas était du roi le conseil et l'appui [VOLT., Œdipe, I, 3]
Vous faut-il d'autre conseil que moi quand il s'agit de donner bataille ? [ID., Louis XIV, 18]
Sicinius.... fit approcher Brutus son conseil et son oracle [VERTOT, Révol. rom. liv. II, p. 150]
Avocat chargé de la cause de quelqu'un. Tout accusé a le droit de se choisir un conseil. Conseil judiciaire, personne nommée pour assister un prodigue dans certains actes.
Assemblée qui a à délibérer sur certaines affaires publiques ou privées.
Ils n'ont pas appelé ma voix à leur conseil [ROTROU, Antig. I, 1]
Oui, tandis que vos rois délibèrent ensemble, Et que tout se prépare au conseil qui s'assemble.... Assemblez le conseil, il en décidera [T. CORN., Essex, II, 3]
Les vieillards qui formaient le conseil [FÉN., Tél. VIII]
Manassès, plutôt que de répudier cette étrangère à quoi le conseil de Jérusalem voulut l'obliger, embrassa le schisme des Samaritains [BOSSUET, Hist. I, 8]
Il choisit parmi tout le peuple ce qu'il y avait de meilleur pour former le conseil public qu'il appela le sénat [ID., ib. III, 7]
La patrie, au milieu des embûches, des traîtres, Remonte en sa mémoire, a recours aux ancêtres, Cherche ce qu'ils feraient en un danger pareil, Et des siècles vieillis assemble le conseil [A. CHÉNIER, Poésies diverses, p. 224]
L'abominable arrêt de ce conseil farouche [VOLT., Alz. V, 4]
Tenir conseil, se consulter sur ce qu'il convient de faire.
Monsieur, on tient conseil et le roi vous demande [ROTR., Antig. I, 5]
Vous tiendrez avec eux votre conseil de famille [SÉV., 339]
Dieu tient conseil en lui-même [BOSSUET, Hist. II, 1]
Fig.
La sagesse n'était pas appelée au conseil de ce voyage [SÉV., 233]
Fig. Il a bientôt assemblé son conseil, c'est-à-dire il a bientôt pris son parti. Fig. En langage de marine, on dit, quand il fait calme, que les vents sont au conseil. Séance d'un conseil.
Il allait au conseil dont l'heure qui pressait A tranché ce discours qu'à peine il commençait [CORN., Cid, I, 1]
Chambre du conseil, chambre où les juges se retirent pour délibérer. Grand conseil, petit conseil, nom des assemblées qui gouvernent les cantons suisses. Conseil des Anciens, conseil des Cinq-Cents, nom des deux assemblées dans la constitution de 1795, lors de l'établissement du Directoire ; la première, composée de 250 membres, approuvait ou rejetait les propositions de la seconde qui, composée de 500 membres, avait seule le droit de faire les propositions des lois.
Nom de différents corps chargés de délibérer ou donner leur avis sur des affaires publiques. Conseil exécutif. Conseil d'administration. Conseil de surveillance. Conseil général de département, et, absolument, conseil général, assemblée de notables élus par les administrés pour assister l'administration du préfet. Conseil d'arrondissement, assemblée de notables auprès du sous-préfet, chargée d'opérer la sous-répartition des impositions entre les communes. Conseil de préfecture, sorte de tribunal administratif dans chaque département, présidé par le préfet. Conseil municipal, assemblée de notables qui assistent le maire dans l'administration de la commune. Il s'est appelé aussi conseil de ville. Conseil supérieur de l'instruction publique, conseil présidé par le ministre, composé d'archevêques, d'évêques, de ministres protestants, d'un rabbin, de conseillers d'État, de membres de la magistrature et de l'Institut, de membres du conseil de l'université, d'inspecteurs généraux, recteurs et professeurs de facultés, et appelé à donner son avis sur différentes affaires. Conseil académique, conseil présidé par le recteur, composé d'un inspecteur de l'académie, d'un fonctionnaire de l'enseignement, du préfet ou de son délégué, de l'évêque ou de son délégué, d'un ministre protestant ou rabbin, s'il y a lieu ; du procureur général près la cour d'appel, des membres du conseil général, et chargé, conjointement avec le recteur, d'administrer l'académie. Conseil de l'université, conseil qui assiste le ministre de l'instruction publique dans ses fonctions. Conseil de guerre, assemblée des officiers généraux d'une armée pour délibérer sur le parti à prendre en des circonstances importantes ou difficiles. Conseil de fabrique, assemblée des notables d'une paroisse qui se forme pour délibérer sur les intérêts de la fabrique d'une église. Conseil de commerce, assemblée de notables commerçants. Conseil de prud'hommes (voy. PRUD'HOMME).
Nom de diverses juridictions. Conseil de guerre, tribunal qui exerce la justice militaire. Conseil de révision, tribunal militaire auquel on en appelle des arrêts des conseils de guerre. Conseil de révision, assemblée annuelle dans chaque département pour prononcer sur les dispenses de service militaire. Conseil nautique, conseil établi dans certains ports pour examiner la conduite des officiers de marine qui ont commandé un ou plusieurs bâtiments. Conseil des prises, commission extraordinaire établie autrefois en temps de guerre, pour juger les prises de navires capturés sur l'ennemi. Conseil de discipline (voy. DISCIPLINE). Terme de droit. Conseil de famille, assemblée de parents, présidée par le juge de paix, pour régler les intérêts des mineurs et des interdits. Autrefois, grand conseil, cour souveraine où les conseillers ne servaient que par semestre et qui connaissait des appellations de la prévôté de l'hôtel, des différends entre présidiaux, des matières bénéficiales, des contrariétés d'arrêt. Conseil des Dix, tribunal secret à Venise, qui, chargé de veiller à la sûreté de l'État, avait des pouvoirs illimités. Le conseil aulique, l'un des tribunaux suprêmes de l'empire d'Allemagne, où se jugeaient les procès des princes. Conseil provincial d'Artois, conseil souverain d'Alsace, de Roussillon, juridictions qui tenaient lieu de parlement dans les provinces.
10° Nom de différents conseils qui siégent ou siégeaient auprès du souverain. Conseil de cabinet, conseil le plus intime du prince. Conseil des ministres, ou, absolument, le conseil, la réunion des ministres assemblés pour délibérer sur les affaires de l'État. On dit aussi en ce sens conseil de cabinet. Conseil d'État, corps qui a dans ses attributions la charge de préparer les lois, ordonnances et règlements, de résoudre les difficultés en matière administrative et de juger les appels du contentieux administratif. Autrefois, conseil d'État se disait du conseil particulier où le roi examinait avec ses ministres les affaires de paix, de guerre, de politique étrangère. Conseil d'État se disait aussi d'un corps qui, en assemblée générale, était chargé de prononcer sur les demandes en cassation des arrêts des cours souveraines ; il s'appelait alors conseil des parties et conseil privé. Conseil d'en haut, conseil où présidait le roi et où se trouvaient le chancelier, les ministres d'État et autres personnes. Conseil de conscience, conseil particulier où étaient le roi, son confesseur et quelques autres et où l'on décidait diverses matières concernant le clergé ou l'état ecclésiastique. Le conseil privé, conseil particulier du souverain. Autrefois conseil des dépêches, celui où se traitaient devant le roi les affaires de haute administration intérieure. Autrefois conseil du roi, assemblée qui connaissait de tout ce qui intéressait l'administration générale du royaume. Conseil des princes, des grands seigneurs, des communautés, l'assemblée de leurs intendants, avocats et autres pour régler l'administration de leur maison.

PROVERBES

  • La nuit porte conseil, c'est-à-dire il faut réfléchir avant de prendre une résolution.
    Après que la nuit nous aura donné conseil [SÉV., 363]
  • À nouvelles affaires, nouveaux conseils, c'est-à-dire il ne faut pas trop prévoir les inconvénients, il faut se décider suivant les cas.
  • À parti pris point de conseil, c'est-à-dire les conseils sont inutiles quand la chose est décidée.
  • À chose faite, conseil pris, même sens.
  • On ne pèche point quand on pèche par conseil, c'est-à-dire il n'y a pas de faute quand on a pris avis de gens honnêtes et habiles.
  • Ce conseil-là est bon, mais il n'en faut guère user, se dit d'un avis qu'on ne veut pas suivre.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Se [il] soun conseil li donast [, Lois de Guill. 12]
    Li reis Marsile ot son conseil finet [, Ch. de Rol. V]
    Dès or [il] comence le cunseill que mal prist [, ib. XI]
    Vers Charlemagne [je] lui durrai [donnerai] bon conseil [, ib. CXCIII]
    Li empereres lui a dist à cunseill [, ib. CCLII]
    Bavier et Saisne sont alet à conseill [, ib. CCLXXVII]
  • XIIe s.
    Beneürez li huem chi ne alat el conseil des feluns [, Liber psalm. p. 1]
    Consels d'orguel ne vaut [, Ronc. p. 11]
    Iert [sera] tenus mes consois [mon conseil] [, ib. p. 25]
    Baron, fait-il, conseil vous ai requis [, ib. p. 180]
    Par le conseil de fausse gent vilaine [, Couci, XI]
    À tart avez, dame, ce conseil pris [QUESNES, Romancero, p. 108]
    À cel consoil s'accordent tel cinq cent chevalier [, Sax. XVI]
    Bien a creü li rois conseil de son damage [, ib. XXVI]
    La parole est finée, et li consoilz se part [, ib. XXIX]
    En l'autre chambre avant sist li reis od ses druz, U [où] ses conseils teneit od les mielz coneüz [, Th. le mart. 39]
  • XIIIe s.
    Dolente, sans conseil [ne sachant que faire], mar [je] vi onques le jour, Que premier [je] vis d'Ugon l'acointance et l'amour [AUDEF. LE BAST., Romanc. p. 32]
    Adonc pristrent cil de l'ost conseil qu'il porroient faire [VILLEH., LXXIII]
    Fu requis Jofrois li mareschaus de Champaigne que il alast à Andrenoble et qu'il meïst conseil à ce que ceste guerre fust abaissiée [ID., CXIX.]
    Sire, font li message, nous voulons que vous aiés vostre conseil, et devant vostre conseil vous dirons le mandement de nos seigneurs.... [ID., XI]
    Au palais où il estoient à vonseil [ID., LXV]
    Et il dit que il le fera moult volentiers, et que cis consaus est moult bons [ID., XLII]
    Jà [elle] avoit en son cuer le conseil [de] l'aversier [diable] [, Berte, X]
    Constance à ce conseil [délibération] fu mout tost apelée [, ib. CXV]
    Mout ot li rois mes peres fol conseil et foubert [, ib. XXXIV]
    Sachez, vous en avez mauvais conseil creü [, ib. LI]
    À cest conseil [ils] se tiennent, ainsi fu establis [, ib. LXXV]
    Mere, se dist la serve, vostre conseil [nous] ferons [, ib. LXXVII]
    Li empereres mande ses barons, et leur prie que il li doinsent consel se il sejournera ou chevauchera cest yver [H. DE VALENC., XIII]
    Amors me dist que ge queïsse Ung compaignon, cui ge deïsse Mon conseil tout outréement [, la Rose, 3117]
    Et nos devons savoir que tel establissement sunt fet par très grant conseil et por le commun pourfit [BEAUMANOIR, XLVIII, 4]
    Il orent conseil de envoier querre la royne de Cypre [JOINV., 203]
    Le roy lessa tous les autres conseulz de ses barons, et se tint au conseil de son frere [ID., 219]
    Sire, vous estes perdu se ne metés conseil en vous [ID., 240]
    La crestienté dechiet et font entre vos mains, et decherra encore plus se vous n'i metés conseil [ID., 290]
    Je vous loe et conseille que vous deffendés à tout vostre conseil juré, que il ne preingnent [reçoivent rien] de ceulz qui auront à besoigner par devant vous [ID., 288]
    Le roy rappela tous ses preudommes chevaliers de son conseil, et touz li loerent [conseillèrent] qu'il attendist [ID., 227]
    En ce point nous envoia le soudanc son conseil pour parler à nous [ID., 242]
  • XIVe s.
    Nous conseillons ou faisons conseulx, non pas de la fin ou des fins, mais des choses ordenées à la fin [ORESME, Eth. 67]
    Lors fault [manque] bon conseil, quant le grand besoin est [, Ménagier, I, 9]
  • XVe s.
    Si eut le roi de France plusieurs consaulx par quel costé il pourroit sus courir et combattre ses ennemis [FROISS., I, I, 315]
  • XVIe s.
    Nous appellons conseil, un propos deliberé de la volonté, quand le cœur de l'homme est veincu et subjugué par la tentation [CALV., Instit. 310]
    Et a tousjours esté conseil hazardeux de fier à la licence d'une armée [MONT., I, 27]
    Aufidius entrant en la chambre du conseil [ID., I, 74]
    Les conseilz des femmes y seront ils receus ? luy dict elle [ID., I, 129]
    Le roy seant en son conseil d'Estat et privé, que l'on appeloit en ce temps là l'estroict conseil [CARL., VI, 35]
    Comme tout le monde se trouvast estonné d'un conseil si hardy et si avantureux.... [AMYOT, Cimon, 9]
    Conseil de nuit ne fait ennui ; conseil en vin n'a bonne fin [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 277]

ÉTYMOLOGIE

  • Provenç. conselh, cosselh ; catal. consell ; espagn. consejo ; portug. conselho ; ital. consiglio ; du latin consilium, même radical que consulere (voy. CONSULTER). Dans l'ancien français, au singulier, nominatif li consels, conseus ou consaus, au régime le consel ; au pluriel, nominatif li consel, au régime les consels, conseus ou consaus. Palsgrave, p. 57, dit qu'on prononce consei devant une consonne.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    CONSEIL. Ajoutez :
    11°
    Arbre des conseils, le figuier des pagodes, ficus religiosa, L., [BAILLON, Dict. de bot. t. I, p. 247]

    REMARQUE

    • Ajoutez : à propos de ce vers de Philippe Mouskes : Mais or n'iert mais qui me consaut, Chronique, V. 9374, M. de Reiffenberg remarque en note : " On disait encore sous le gouvernement autrichien [en Belgique] les consaux pour les conseils de l'État. "
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

conseil

CONSEIL. n. m. Avis que l'on donne à quelqu'un sur ce qu'il doit faire ou ne pas faire. Sage conseil. Conseil prudent, salutaire. Mauvais, pernicieux, dangereux conseil. Conseil intéressé, désintéressé. Il est l'auteur de ce conseil. Donner conseil, un conseil. Prendre conseil de quelqu'un. Ne prendre conseil que de soi-même. Suivre le conseil de quelqu'un. Je ne demande pas votre conseil sur cela. C'est un conseil à lui donner. C'est un homme de conseil, de bon conseil. Faire une chose par le conseil, par les conseils de quelqu'un. Il m'a aidé de ses conseils. Il n'a écouté aucun de mes conseils. Je n'ai pas besoin de ses conseils.

Il se dit figurément en parlant des Choses, des passions, etc., qui nous portent, qui nous déterminent à faire ou à ne pas faire quelque chose. Prendre conseil des événements. N'écouter que les conseils de l'intérêt, de la vengeance. Ne prendre conseil que de sa tête, de son amour, de sa fureur, de son avarice, etc.

Prov., La nuit porte conseil, Il faut attendre au lendemain pour prendre une résolution sur un cas douteux.

Conseils évangéliques, Conseils que l'Évangile donne pour parvenir à une plus grande perfection. En ce sens, Conseil s'oppose à Précepte, comme dans ces phrases : Ce n'est pas un précepte, ce n'est qu'un conseil. Cela n'est pas de précepte, cela n'est que de conseil.

Il se prend quelquefois pour Résolution, parti. Ne m'en parlez plus, le conseil en est pris. Je ne sais quel conseil prendre. Il vieillit.

Il se dit au pluriel, dans le style élevé, des Vues, des principes qui dirigent une personne ; et il s'emploie surtout en parlant des Rois, des gouvernements. La justice préside à tous ses conseils. Il n'y eut dès lors en ses conseils qu'irrésolution et faiblesse.

Les conseils de Dieu, Les intentions, les desseins de la Providence. Les conseils de Dieu sont impénétrables.

Il se dit aussi, en termes d'Affaires ou d'Entreprises, de la Personne ou des personnes dont on prend conseil. Dans cette acception, il est souvent apposé à un nom comme adjectif. Avocat-conseil. Ingénieur- conseil.

Conseil judiciaire se dit de l'Homme de loi désigné par justice après avis du conseil de famille pour gérer les biens d'un prodigue. Instance en dation de Conseil judiciaire ; lever le Conseil judiciaire. Il se dit aussi de l'Homme de loi appointé par une société, un syndicat, pour lui donner des avis. Il a été nommé conseil judiciaire de telle société.

CONSEIL se dit, en termes de Politique, d'une Assemblée permanente ou d'une Réunion extraordinaire, instituée ou convoquée pour délibérer, pour donner son avis sur certaines matières. Les membres d'un conseil. Le président, le secrétaire d'un conseil. Assembler le conseil. Conseil suprême. Le roi l'admit dans ses conseils.

Conseil d'État, Assemblée qui, sur la demande du Gouvernement, donne des avis, en matière de législation et d'administration ; il interprète les lois ou les complète par des règlements d'administration publique, il enregistre certains actes du gouvernement, il rend, sur la demande des intéressés, des arrêts sur les pourvois introduits contre les actes et les décisions des fonctionnaires publics et sur certaines contestations électorales ou autres. Les diverses sections du Conseil d'État. Appel porté au Conseil d'État. Décret rendu en Conseil d'État.

Conseil des ministres, Réunion des ministres assemblés, sous la présidence du chef de l'État, pour délibérer sur les affaires de l'État en général. Le Président du Conseil des ministres, ou simplement Le Président du Conseil. On dit aussi Conseil de Cabinet, Réunion des ministres sous la présidence du Président du Conseil des ministres.

Conseil général de département, Assemblée élective dont les principales attributions consistent à statuer sur les affaires du département et sur la gestion de ses finances.

Conseil d'arrondissement, Assemblée élective chargée de la sous-répartition des impositions entre les communes de l'arrondissement.

Conseil municipal, Assemblée élective chargée de statuer sur les affaires de la commune et sur la gestion de ses finances.

Conseil de préfecture, Juridiction établie dans chaque département pour prononcer en première instance, et sauf le recours au Conseil d'État, sur un certain nombre d'affaires contentieuses qui sont de la compétence de l'autorité administrative.

Conseil de guerre, Assemblée que tiennent les officiers généraux d'une armée, ou les officiers principaux d'un détachement, d'une place de guerre, pour délibérer sur le parti qu'on doit prendre en certaines conjonctures. Il se dit aussi d'un Tribunal qui exerce la justice militaire.

Conseil de revision, Conseil chargé d'examiner dans chaque canton, lors du recrutement, si les jeunes gens appelés sont propres au service militaire.

Conseil paroissial, Conseil chargé de s'occuper des intérêts de la paroisse.

Conseil de famille, Assemblée de parents, convoquée et présidée par le juge de paix, pour délibérer sur ce qui concerne les intérêts d'un mineur ou d'un majeur en état d'incapacité légale. Avis du conseil de famille.

Conseil des Prud'hommes, Assemblée élective composée de patrons et d'ouvriers ayant pour mission de statuer sur les différends entre employeurs et employés.

Il existe ou il a existé beaucoup d'autres conseils dont les attributions sont en général suffisamment indiquées par le second titre qui leur a été donné. Conseil supérieur de l'Instruction publique. Conseil académique. Conseil de discipline. Conseil d'administration. Conseil d'hygiène. Conseil supérieur de santé. Conseil des prises. Conseil supérieur du commerce. Conseil supérieur de l'Agriculture. Conseil général des mines, des ponts et chaussées, etc.

Chambre du Conseil. Voyez CHAMBRE.

Il se dit, par extension, des Séances d'un conseil et du Lieu où siège un conseil. Assister à un conseil. Présider un conseil. Le conseil a duré depuis une heure jusqu'à cinq. Au sortir du conseil.

Tenir conseil, se dit de Gens qui se concertent, qui délibèrent entre eux. Ils tinrent conseil entre eux. Il tint conseil avec ses compagnons sur...

Conseil aulique, Tribunal particulier de certains princes d'Allemagne. Les ducs de Bavière avaient un conseil aulique.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

conseil

Conseil, m. acut. Est l'advis et opinion qu'on demande ou donne à aucun sur quelque affaire douteuse, Consilium, duquel mot il est prins, Ainsi lon dit, Demander conseil aux Advocats, Iurisperitos consulere, Et donner conseil à quelqu'un, Consilio aliquem iuuare. Terent. in Heautontim. Alicui consilio adesse, Il se prend aussi pour l'assemblée et compagnie des juges ordonnez à ouyr et decider les matieres debatues entre les parties, Concilium, Mais le François n'observe pas la difference de l'orthographe Latine. Selon ce lon dit, Les gens du privé et du grand Conseil, et le grand et privé Conseil, ainsi que Senatus est aussi dit en Latin, Magni aut secretioris Concilij viri iudices, ac vt Galli dicimus, Consiliarij, Car quand on dit Le conseil d'Estat, ou des affaires, on peut entendre tant l'assemblée des conseilliers d'Estat, et des affaires, que ceux qui donnent conseil, advis et opinion au Prince és matieres d'Estat et d'affaires.

Conseil des affaires est le mesme que celuy qu'à la facon Espagnole on appelle Conseil d'Estat, où les plus secretes affaires du Roy concernans l'Estat du Royaume, la guerre, et autres de grande importance sont traictées le Roy present, l'Espagnol le dit Consejo d'Estado.

Conseil privé, qu'on dit plus communément privé Conseil, est le conseil du Roy auquel tant les matieres de ses finances au rapport des financiers, que celles des parties y introduictes par requeste, sont au rapport des maistres des Requestes de l'hostel decidées. Les Conseilliers duquel sont partie de ceux du Conseil d'Estat, partie de ceux qui n'ont entrée audit Conseil d'Estat, et n'y preside le Roy que peu de fois.

Le conseil et response donnée de Dieu, Oraculum, Responsum.

Conseil semblable et revenant, Compar consilium.

Conseil où l'on n'a point advisé, Consilium inconsultum.

Appeler aucun à son conseil et aide, Aduocare aliquem.

Appeler et prendre quelqu'un à son conseil, Assumere aliquem in consilium.

Appeler plus de conseil et plus meure deliberation pour donner les voix en election, Consilium adhibere in suffragium.

Avoir aucun au nombre de son conseil, ou pour son conseil, In consilio aliquem habere.

Avec force de conseil, Filium cum ingenti aduocatione in forum adducit.

Le grand conseil, Senatus principis peregrinus, vel praetorianus, Senatus castrensis et viatorius, Curia consiliaris, Consilium praetorianum, vel regij comitatus, Curia regis viatoria, Aulicum consilium, B.

Conseil estroict ou privé, Sanctius interiusque consilium, B. in prior. annot.

La chambre du conseil, Secretarium, B.

Se lever au conseil, Aller au conseil, comme fait le president, Consurgere in consilium, B.

Aller au conseil apres les plaidoyez des parties, De aduocatorum altercationibus ad consilium referre, Budaeus.

Un proces appoincté au conseil, Causa consilio permissa, Budaeus.

¶ Demander conseil, Consilium quaerere, In consilium sibi adhibere aliquem, Consilia in aliquam rem sumere.

Le peuple luy demande conseil de ses affaires, Populus de suis rebus ad eum refert.

Il ne te demande point conseil, Non te consulit.

Sans m'en demander conseil, Inconsultu meo.

A qui on a demandé conseil, et qu'on interrogue, Consultus.

A qui on n'a point demandé conseil, Inconsultus.

On me demande conseil de cecy, Consulor de hac re.

Qui demande conseil, ou qui conseille, Consultor.

Demandes de conseil, Consultationes.

¶ Faire quelque chose par bon conseil et advis, Bono consilio aliquid facere.

Ce conseil est le meilleur, Do palmam huic consilio.

Se souvenir du conseil qu'on nous a donné, et faire selon iceluy, Consilium alicuius tenere.

Donner conseil, Consilium alicui afferre, aut dare, Consulere.

Donner conseil à la republique, Consultare reipublicae.

Je trouve par conseil de mes amis que, etc. Mihi authores sunt amici, vt vos hinc abducam, B. ex Plauto.

Que me conseillez vous maintenant que je face? Quid nunc mihi authores estis? Plaut.

Qui donne conseil, Consiliarius.

Dieu est celuy qui donne conseil, et prouvoit, Consultor est et prouidus Deus.

Donner conseil et secours à la Republique, Consilium et opem afflictae Reipub. afferre.

Quand on donne conseil à quelqu'un comment il se doit gouverner en matiere de droict, Cauere in iure.

Entreprendre un conseil, Consilium suscipere.

Je leur aideray de mon conseil tant que je pourray, Singulis medicinam consilij siquam potero, afferam.

Qui a donné ce conseil? Author his rebus quis est?

A cecy il ne faut point de conseil, Res haec consilij non est, Liu. lib. 22.

¶ Prendre conseil, Consulere, Consilium trahere, vel capere.

Prendre conseil et advis, Consilium cum aliquo inire.

Prendre conseil selon la fourniture de ce qu'on a, Ex copia rerum consilium trahere.

Prendre conseil selon qu'on voit la chose, Cum re praesenti deliberare.

Pren nostre conseil et advis, Nostram nunc accipe mentem.

Conseil prins avant le temps, Consilium immaturum.

Venir vers quelqu'un pour luy bailler conseil, In consilium alicuius venire.

Qui ne prend point de conseil, mais fait tout à la volée, Inconsultus.

Suyvre le conseil d'aucun, Consilio alterius facere.

Suyvre son conseil, et non point l'autruy, Consilium suum consilio alterius interponere.

Ne suyvre point le conseil d'aucun, Authoritatem alicuius defugere.

La suite du conseil, Curiae praetorianae comitatus, Budaeus.

Descouvrir son conseil, Perspicua sua consilia facere.

Je rejecte le conseil que j'avoy prins premier, Repudio consilium quod primum intenderam.

Choses faictes sans conseil, et hors temps, Immaturitas.

Conseil duquel on ne se doutoit point, et n'esperoit on point, Consilium insperatum.

Conseil corrompu, Sordidum consilium.

Meschant conseil, Foedum consilium.

Par le conseil de mon ami, Ex consilio amici.

Par mon conseil et consentement, De meo consilio, Authore me.

Faire quelque chose par le conseil d'autruy, De consilio alterius aliquid facere, vel De alicuius sententia.

Conseils accoustumez, Ordinaria consilia.

Estre receu au conseil, In consilium admitti.

Conseils donnez au rebours de ce qu'on doit, Praepostera consilia.

Communications de conseils, Consultationes.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

conseil


CONSEIL, s. m. CONSEILLER, v. a. CONSEILLER, ÈRE, s. m. et f. [Kon-sèil, sé-glié, sé-glié, gliè-re; 1re lon. 2e è moy. au 1er, é fer. aux aûtres; 3e é fer. au 2d, et au 3e è moy. et long au dern.] Conseil est 1°. Avis qu'on done à quelqu' un sur ce qu'il doit faire ou ne pas faire. Acad. Avis qu'on done ou qu'on demande sur quelque afaire ou aûtre chôse. Doner conseil ou un conseil à... Prendre conseil de... "Il ne prend conseil que de sa tête; aider de ses conseil: homme de bon conseil. Ne rien faire que par conseil, etc. = 2°. Celui qui conseille. "Un tel est son conseil. — Aler au conseil, aler consulter un Avocat. Le Conseil est d'avis que, etc. = Résolution. "Le conseil en est pris: je ne sais quel conseil prendre. En ce sens, il ne se dit guère que dans ces deux phrâses. =4°. Assemblée établie par le Prince, soit pour l'administration de la Justice, soit pour les afaires importantes de l'État. Le Grand Conseil; le Conseil Supérieur de... Le Conseil d'État; Conseil de Ville, Conseil de guerre, etc. etc.
   Rem. I. Conseil n'a pas de régime par lui-même, dans le premier sens: il ne régit les noms et les verbes qu'à l'aide des verbes auxquels il est associé. Rousseau de Genève a pourtant dit: Je finirai ce que j'ai à dire par un conseil à mes adversaires. Je pense qu'il devait dire, en donant un conseil à, etc.
   II. On dit, demander conseil à, et prendre conseil de, sans article; mais on ne dit pas suivre conseil, comme dit Rollin: "C'étoit un petit esprit, mais fier, plein de lui-même... et qui auroit cru se déshonorer, s'il avoit demandé ou suivi conseil. La précision du style nuit souvent à sa pûreté. Il falait dire, ce me semble, s'il avait demandé des conseils, ou suivi ceux qu'on lui donait. — L'Acad. dit, suivre conseil, et suivre le conseil de... Je pense qu'on peut douter du premier. Le P. Grifet a aussi employé suivre conseil, sans article et sans régime: "Qui pourra donc justifier ceux qui refusent de suivre conseil, et qui aiment mieux faire des fautes, que de se laisser reprendre et corriger par les aûtres. Ann. Chrét. Il falait, dire qui refûsent de suivre les conseils de leurs amis, ou des gens de bien, etc. — Le P. Bouhours a fait pis encôre; il a dit croire conseil: "Les Dévotes de profession ne croyent pas toujours conseil, ou ne défèrent pas en tout aux lumières de leurs Directeurs. Vie de St. Ignace — Je pense qu'on ne le dirait pas aujourd'hui, ou qu'on dirait mal.
   III. Prendre conseil se dit figurément et élégamment des chôses mêmes. "Je prendrai conseil de la situation de son âme. Marm. c. à. d. elle règlera ma conduite, mes démarches: "Maurice prend conseil des évènemens, distribûe des secours, done des ordres, etc. Thomas. "Souvent, dans les plus grands périls, les conseils de l'audace sont les conseils de la prudence. Jérusal. Dél.
   Toi, qui courant à ta ruine,
   Rejetant toute discipline,
   N'as pris conseil que de tes sens.
       Rousseau.
Rem. IV. Les conseils sont des inspirations; ainsi, inspirer des conseils, c'est inspirer des inspirations. Racine fait dire par Jocaste à Créon.
   Vous inspirez au Roi vos conseils dangereux.
       Fr. Én.
Et Brébeuf.
  Cet enfant de Memphis, ce Pontife du Phare...
  Inspire des conseils sagement concertés.
   On inspire, on conseille des démarches, des procédés, etc. mais on n'inspire pas des conseils. C'est l'observation qui se présente dabord à quiconque n'a dans l'esprit que la signification ordinaire du mot conseil, (n°. 1°.). Mais quand on sait que du temps de Brébeuf et de Racine ou employait conseil pour desseîn, résolution, et que Bossuet a dit: l'on prit aussi-tôt après d'autres conseils, il veut dire d' aûtres résolutions, on trouve les vers de Racine et de Brébeuf moins bisârres, et l'on se contente de dire que conseil n'est pas aujourd'hui synonime de dessein, résolution, excepté dans les deux phrâses citées n°. 3°.
   V. En parlant de la Providence, on donne à conseils le sens de décrets. "Voilà l'ordre des Conseils de Dieu, tels que lui-même nous les a révélés. Boss. "Dès l'entrée, Homère fait conaître que tout ce qui arrive, n'arrive que par les conseils secrets de Jupiter, qui conduit tout par sa Providence. Mde. Dacier, Iliade.
   On dit, proverbialement, la nuit porte conseil: il ne faut pas prendre son parti à la hâte: il faut se doner le loisir d'y réfléchir. — À~ nouvelles afaires, nouveaux conseils; il faut régler ses résolutions suivant les occurrences, les conjonctûres.
   On a dit de la mule de Louis XI, qu'elle devait être bien vigoureûse, puisqu'elle portoit le Roi et tout son Conseil, parce que ce Prince ne consultait persone, et ne prenait conseil que de sa tête. L'on dit d'un homme qui est de ce goût là, qu'il a bientôt assemblé son Conseil.
   CONSEILLER, actif. Doner conseil. Il régit l'acusatif de la chôse, le datif de la persone, et la prép. de devant l'infinitif. "Je le lui ai conseillé; Qui vous a conseillé cela? Je lui ai conseillé de le faire.
   Rem. * On employait aûtrefois le réciproque, se conseiller avec la prép. à; se conseiller à quelqu'un, prendre ses conseils. — L'Acad. dit seulement qu'il vieillit. * On disait aussi, se conseiller à, ou avec... de... "Si ce n'est pas chôse assurée, qu'on s' en conseille au Médecin: on dit aujourd'hui, qu'on consulte le Médecin. "C'est avec eux que je me suis conseillé du choix que je devois faire de ses lettres. Préf. des oeuvres de Voiture. On dit, c'est eux que j'ai consultés sur.
   Et sans se conseiller qu'à son bouillant courage,
   D'un air impétueux passe au prochain rivage.
       Bréb.
On dirait, en prôse, sans prendre conseil que de son courage.
   CONSEILLER, subst. 1°. Qui done conseil; bon, sage ou mauvais Conseiller. = 2°. Juge dans des Cours souveraines, et dans certaines Juridictions particulières. Conseiller au Parlement, à la Chambre des Comptes, à la Cour des Monnoies, etc. au Présidial.
   Rem. Conseillère ne se dit pas souvent au propre: On peut pourtant dire d'une femme qui a doné un bon ou un mauvais conseil, qu'elle est une bone ou une mauvaise Conseillère. — On le dit au figuré, comme Conseiller: la faim, la passion, la colère, est une mauvaise conseillère: le désepoir est un mauvais Conseiller. Mascaron, parlant des sens, dit que: Notre ame s'atache opiniâtrément aux préjugés de ces Conseillers infidèles. "La Colère et la Nécessité sont de mauvaises Conseillères. — Les Précieûses ridicules apelaient le miroir, le Conseiller des grâces. La Fontaine l'apèle.
   Le Conseiller muet, dont les Dames se servent.
   On dit, proverbialement, à ceux qui s'ingèrent à doner des conseils qu'on ne leur demande pas: ici les Conseillers ne sont pas gagés, pour leur dire, qu'on n'a que faire de leurs conseils.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

conseil

nom masculin conseil
1.  Avis sur ce qu'il convient de faire.
2.  Personne qui conseille.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

conseil

Rat, Ratschlag, Ermahnung, Rüge, Verweis, Zuspruch, Ezzes, Reichsparteitag, Sitzungadvice, council, counsel, tip, hint, pointer, decision, suggestion, boardadvies, raad, raadgeving, bestuur, adviseur, raad(geving), raadsman, begeleiding, aanmaning, aansporing, vermaan, vermaning, waarschuwingהיוועצות (נ), התייעצות (נ), ועד (ז), יועץ (ז), ייעוץ (ז), מועצה (נ), עצה (נ), הִוָּעֲצוּת, הִתְיַעֲצוּת, וַעַד, יוֹעֵץ, יִעוּץ, מוֹעָצָה, עֵצָהaanmaning, aanrading, advies, raadconsellradarådσυμβουλή, συμβούλιοadmono, konsiloconsejo, admonición, advertencia, exhortación, ayuntamiento, concejoneuvoa, neuvo, neuvostotanácsráðconsiglio, ammonimento, avviso, esortazione, consulta, giunta, suggerimentoadmonitusrådconselho, admoestação, repreensãosfatсоветråd, maning, kommunfullmäktigeshauriöğüt, nashihat, meclisمَجْلِس, نَصِيحَةsavjet, vijeće助言, 審議会조언, 회의radaคำแนะนำ, สภาท้องถิ่นhội đồng, lời khuyên建议, 政务会Съвет (kɔ̃sɛj)
nom masculin
1. avis, opinion demander conseil à qqn donner un conseil à qqn
2. assemblée, réunion de personnes
groupe de personnes qui gère une société
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

conseil

[kɔ̃sɛj]
nm
(= avis) → piece of advice, advice no pl
donner un conseil à qn → to give sb some advice, to give sb a piece of advice
donner des conseils à qn → to give sb some advice
demander conseil à qn → to ask sb's advice, to ask sb for advice
Est-ce que je peux te demander conseil? → Can I ask your advice?, Can I ask you for some advice?
prendre conseil → to take advice
prendre conseil auprès de qn → to take advice from sb
(= assemblée) → council
tenir conseil → to hold a meeting
(= expert) → consultant
conseil en recrutement → recruitment consultant
adj
ingénieur-conseil → engineering consultant
conseil d'administration nmboard, board of directors
conseil de classe nm (ÉDUCATION) meeting of teachers, parents and class representatives to discuss pupils' progress
conseil de discipline nmdisciplinary committee
conseil de guerre nmcourt-martial
conseil de révision nmrecruitment board, draft board (USA)
conseil général nmregional council
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005