bout

bout

n.m. [ de bouter, frapper ]
1. Morceau, fragment de qqch : Un bout de pain bribe
2. Extrémité, partie extrême d'une chose, d'un objet long : Tenir une queue de billard par le bout.
3. Limite visible d'un espace ; fin d'une durée, d'une action : Arriver au bout du tunnel sous la Manche. Voir le bout d'un travail achèvement, terme
4. Limite des forces, des possibilités de qqn : Ne craque pas, tu dois tenir jusqu'au bout.
À tout bout de champ,
constamment : Son téléphone portable sonne à tout bout de champ.
Au bout de,
après une durée de : Elle est arrivée au bout d'une heure.
Bout à bout,
une extrémité touchant l'autre : Placer deux dominos bout à bout.
Bout d'essai,
séquence que l'on fait tourner à un comédien pour déterminer s'il est apte à jouer tel rôle.
De bout en bout ou d'un bout à l'autre,
du début à la fin : Il a dormi d'un bout à l'autre du voyage.
En connaître un bout,
savoir beaucoup de choses.
Être à bout,
être épuisé ; être sur le point de craquer nerveusement.
Être à bout de force, de patience,
ne plus avoir de force, de patience.
Mettre les bouts,
Fam. partir ; s'enfuir.
Ne pas savoir par quel bout prendre qqn,
ne pas savoir comment se comporter avec une personne exigeante ou revêche.
Prendre qqch par le bon, le mauvais bout,
commencer un travail, une action de la bonne manière, d'une manière maladroite.
Pousser qqn à bout,
provoquer sa colère, l'exaspérer.
Tenir le bon bout,
être près de réussir.
Tirer à bout portant,
de très près.
Un bout de (+ n.),
désigne qqch de petit : Un bout de jardin devant la maison.
Venir à bout de,
terminer, réussir qqch ; triompher de qqn, de qqch : Venir à bout de sa peur la vaincre
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

BOUT1

(bou ; le t se lie : de bout en bout, dites : de bou-t en bout) s. m.
La portion qui termine un corps, un espace. Le bout des rames. Le bout de la queue. Les deux bouts d'une corde. Le bout du champ. Bâton à deux bouts, sorte de bâton avec lequel on peut frapper aussi bien par un bout que par l'autre.
Je l'ai trouvé, seigneur, au bout de cette allée, Où la clarté du ciel semble toujours voilée [CORN., Rodog. V, 4]
Un architecte avait bâti une maison dans un bout de la ville de Paris [FÉN., III, 167]
Qui n'a pas besoin de mettre les bras d'un autre au bout des siens [J. J. ROUSS., Ém. II]
Notre principal avantage est au bout de nos doigts : nos paysans ont eu l'industrie de travailler en horlogerie pour les Génevois [VOLT., Lett. Fargès, 25 février 1776]
[Le nain] Sur un pied danse Au bout d'un flot [V. HUGO, Orient. 28]
Que les Romains, pressés de l'un à l'autre bout, Doutent où vous serez, et vous trouvent partout [RAC., Mithr. III, 1]
Fig.
L'aridité des calculs est presque toujours l'ennemie mortelle de la littérature ; heureux les esprits bien faits qui touchent à la fois à ces deux bouts ! [VOLT., Lettr. de Vaines, 18 mars 1771]
Mon Dieu ! nous savons tout. - Quoi ? - Votre procédé de l'un à l'autre bout [MOL., l'Étour. III, 3]
Aux deux bouts de la terre, par toute la terre.
Aux deux bouts de la terre étendre mes travaux [CORN., Cid, V, 8]
Que cent peuples unis des bouts de l'univers [ID., Hor. IV, 5]
La guerre Que sa fureur [de Rome] envoie aux deux bouts de la terre [RAC., Mithr. III, 1]
Rassemblez-vous des bouts de l'univers [ID., Esth. III, 9]
Faites, déesse, que ma lyre.... Aux deux bouts du monde aille dire Des chansons dignes de mon roi [RACAN, Ode au roi.]
Mais qu'est-il ce renom ? c'est le bruit du tonnerre Qui, volant tout à coup aux deux bouts de la terre, Dure à peine quelques instants.... [GILB., Le prince de Salm.]
D'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout [BÉRANG., Vieux habits.]
Au bout de l'univers, dans des contrées très éloignées.
Au bout de l'univers, va, cours te confiner [RAC., Bérén. IV, 4]
S'il y eût eu un homme comme vous, j'eusse été le chercher au bout du monde [FONTEN., Apicius, Galilée.]
Par exagération. Être logé au bout du monde, dans un quartier fort éloigné.
Dans le temps que nous sommes aux deux bouts de la terre [SÉV., 227]
Fig. et familièrement. C'est tout le bout du monde, c'est tout ce que la chose vaut, tout ce qui est possible.
Je pars, et si je vous écris encore lundi, c'est tout le bout du monde [SÉV., 153]
Terme de manége. Mettre les deux bouts en dedans, faire travailler un cheval, de manière que la tête se rapproche de la croupe. Bout à bout, loc. adv. À bouts se touchant. Tuyaux assemblés bout à bout. Fig.
Les nombres sont bout à bout à la suite l'un de l'autre [PASC., Pens. div. 69]
Quatre Mathusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce qu'un seul désire [LA FONT., Fabl. VIII, 25]
Mettre bout à bout, au propre et au figuré, rapprocher et réunir de petites portions d'une chose. Mettez bout à bout ces morceaux de ruban. Si l'on mettait bout à bout toutes les heures que l'on perd, on ferait un long espace de temps. D'un bout à l'autre, loc. adv. Du commencement à la fin, entièrement. J'ai visité le parc d'un bout à l'autre. J'ai entendu son discours d'un bout à l'autre.
Il a pu vous dire ma maladie d'un bout à l'autre [SÉV., 292]
De bout en bout, loc. adv. Même sens.
Le ciel est noir de bout en bout [ST-AMAND, Œuvres, 78]
Les cris.... qui.... Firent de bout en bout retentir les déserts [LAFONT., Psyché, I, p. 34]
Lise de bout en bout lui conte le mystère [ID., Comment l'esprit, etc.]
Lui dit de bout en bout toute la vérité [ID., Ch. imp.]
Contez-lui votre cas De bout en bout [ID., Fais.]
Momus, alors présent, reprit de bout en bout De nos deux envoyés les harangues frivoles [ID., Quinquina, II]
Vous saurez tout cela tantôt de bout en bout [MOL., Mélic. II, 7]
Bout-ci, bout-là, par-ci, par-là. Terme de jeu de domino. Le bout ouvert, le bout de la rangée de dominos auquel on peut encore poser des dés. À bout portant, loc. adv. C'est-à-dire le bout de l'arme étant mis près de l'objet qu'on vise. Fig.
On a vu le mot étrange, à bout portant, que Tonnerre, évêque comte de Noyon, lâcha au roi en plein petit couvert [SAINT-SIMON, 413, 186]
Au bout de la plume. Voy. Au bout de la langue. Ce mot est resté au bout de la plume, il a été oublié.
Extrémité des parties du corps. Le bout du pied. Le bout de la langue. Le bout de l'oreille. Au bout de la langue, au bout de la plume, en parlant de ce qui est dit, écrit avec facilité.
Quand ils se trouvent au bout de ma plume [SÉV., 299]
Dès qu'un mot se trouvait au bout de sa langue ou de sa plume [HAMILT., Gramm. 10]
Avoir un mot sur le bout de la langue, chercher dans sa mémoire un mot qu'on croit tenir et qui ne vient pas. Rire du bout des dents, rire sans en avoir envie. On dit aussi rire du bout des lèvres. Dire quelque chose du bout des lèvres, le dire par condescendance et sans vouloir être pris au sérieux.
Ce que vous m'accordâtes du bout des lèvres et que vous fîtes pour m'obliger [VOIT., Lettr. 75]
Montrer le bout de l'oreille, un bout d'oreille, laisser pénétrer sa pensée, ses desseins. Savoir une chose sur le bout du doigt, la savoir parfaitement, de mémoire. Toucher du bout du doigt, toucher légèrement, au propre et au figuré. Toucher à une chose du bout du doigt, être près d'y arriver, de l'atteindre. On y touchait du bout du doigt, quand tout a manqué. Le bout du sein, ou, simplement, le bout, le mamelon. L'enfant n'a pas encore pris le bout. Elle ne peut nourrir faute de bout. Bout de sein, instrument de caoutchouc ou d'ivoire ramolli, destiné à former le bout du sein chez les nouvelles accouchées, ou à préserver le mamelon malade. Des bouts d'ailes, les extrémités des ailes de certains oiseaux bons à manger. Une terrine de bouts d'ailes. Des bouts d'ailes, des plumes du bout de l'aile des oies dont on se sert pour écrire.
Le bon bout, le côté par où il convient de prendre une chose. Prendre une chose par le bon bout, la prendre comme il faut.
À quiconque le sait prendre par le bon bout [MOL., l'Étour. III, 2]
Mais je les veux avoir par le bon bout [LA FONT., Papef.]
Par quelque bout que vous preniez cette affaire, de quelque façon que vous l'entrepreniez. Prendre quelqu'un par tous les bouts, faire auprès de lui toutes les tentatives imaginables pour le décider, le persuader, etc. On ne sait par quel bout le prendre, se dit de quelqu'un dont l'humeur est revêche et difficile. Se mettre sur le bon bout, se mettre sur un bon pied, faire plus de dépenses.
La cour ne se mit pas seule sur le bon bout ; Et le luxe passa jusqu'à la bourgeoisie ; Chacun fit de son mieux, ce n'était qu'or partout [LA FONT., Lettr. I]
Terme de marine. Le bon bout, le bout du câble qui reste à bord. Fig.
Et toujours retenez le bon bout à la main, De crainte que le temps ne détruise l'affaire [RÉGNIER, Sat. XII]
Le haut bout, la place la plus honorable.
À table, au plus haut bout il veut qu'il soit assis [MOL., Tart. I, 2]
Fig.
Cela avec Escobar les met au haut bout [PASC., Prov. 9]
Peu de gens en leur estime Lui refusent le haut bout [LA FONT., Fabl. VIII, 13]
Les Dominicains en Espagne, comme partout ailleurs où elle [l'inquisition] est établie, tenaient le haut bout [SAINT-SIMON, 90, 190]
Le bas bout, une des dernières places.
Ils furent admis à sa table au bas bout, sans que le seigneur du château les honorât du regard [VOLT., Zadig, 20]
Je me refuse d'être au bas bout, non parce qu'il est bout.... [PASC., Grand. 21]
Ce qui garnit l'extrémité de certaines choses. Un bâton qui a un bout de fer, c'est-à-dire qui est ferré par le bout. Des bouts de manche, petites manches qu'on met par-dessus les manches de son habit pour les préserver. Bouts de souliers, morceau de cuir qu'on met à la semelle quand elle est usée. Bout de fleuret, le bouton qui garnit la pointe du fleuret.
Petite partie, petit morceau. Un bout de lettre. Un bout de corde. Entendre un bout de messe, un bout de sermon. Dans un autre sens, un bout de discours, un discours très peu étendu. Il n'a fait qu'un bout de plaidoyer. Il n'avait dans cette pièce qu'un bout de rôle. Un bout d'homme, un petit bout d'homme, un homme très petit. Des bouts de chandelle, ce qui reste d'une chandelle consumée en partie. Familièrement. Une économie de bouts de chandelle, une épargne mesquine et sans utilité.
On dit que le contrôleur général a fait retrancher.... ces ménages de bouts de chandelle ne sont peut-être pas ce qui fait fleurir un État [VOLT., Lettr. Damilaville, 15 février 1764]
Bout de boudin, voy. BOUDIN.
Terme, point où quelque chose cesse. Le bout de l'année. Au bout de huit jours. Le bout du chemin.
Et comme au bout d'un an sa santé fut parfaite.... [CORN., Poly. I, 4]
On en fait revivre un au bout de vingt années.... [ID., Héracl. I, 1]
Il tomba dans leurs fers au bout de sa poursuite [ID., Rodog. I, 1]
Savoir discerner.... d'un bien qui s'envole un qui n'a point de bout [MALH., I, 4]
Je ne me suis connu qu'au bout de ma carrière [VOLT., Alz. V, 7]
La moindre taupinée était mont à ses yeux ; Au bout de quelques jours le voyageur arrive.... [LA FONT., Fabl. VIII, 9]
Être au bout de sa carrière, toucher au terme de sa vie. Fig. À tout bout de champ, à tout propos. Bout de l'au, service funèbre qui se célèbre un an après le décès de quelqu'un.
On fit à St-Denis le bout de l'an du Dauphin et de la Dauphine [SAINT-SIMON, 340, 208]
Je fais des bouts de l'an de tout [SÉV., 115]
Fig. Joindre les deux bouts, avoir tout juste de quoi subsister.
Le maréchal de Choiseul savait trouver les deux bouts de l'année sans dettes [SAINT-SIMON, 289, 195]
La locution entière est : joindre les deux bouts de l'an, c'est-à-dire aller, sans dépasser son revenu, d'un bout de l'an à l'autre. Fig. Être au bout de son rôle, de son rôlet, de son rouleau, ne savoir plus que dire, que faire.
Ils voient à tous moments le bout de leur esprit [SÉV., 432]
Il se voit tous les jours au bout de son fonds [BOSSUET, II, Jos. 2]
Il est au bout de ses écus, il a épuisé ses ressources. N'être pas au bout, avoir encore bien des choses pénibles à supporter. Et haïe au bout, locution vieillie et hors d'usage, qui se disait pour signifier : et quelque chose de plus. Il a dix mille livres de rente, et haïe au bout. Haïe paraît ici une simple exclamation pour désigner quelque chose vaguement, quelque chose qu'on ne peut ou ne veut désigner précisément. Jusqu'au bout, loc. adv. Jusqu'à la fin.
Vous êtes généreux, soyez-le jusqu'au bout [CORN., Poly. IV, 5]
Sa vertu jusqu'au bout ne s'est pas démentie [ID., Héracl. III, 3]
Voyons si ta constance ira jusques au bout [ID., Cinna, V, 1]
Je veux voir jusqu'au bout quel sera votre cœur, Et si de me trahir il aura la noirceur [MOL., Mis. IV, 3]
Pousser l'examen jusqu'au bout [BOSSUET, Hist. II, 13]
Jusqu'au bout il a poussé l'outrage [RAC., Andr. V, 2]
Suivons jusques au bout ses ordres favorables [ID., Brit. II, 8]
À bout, loc. adv. Être à bout, être épuisé.
Mais je sens que bientôt ma douceur est à bout [RAC., Athal. II, 5]
Un reste de respect en pouvait être cause, Mais c'est trop me pousser, ce respect est à bout [MOL., le Dép. V, 8]
Je me trouve à bout de ma subtilité [ID., l'Étour. III, 1]
Sa patience et son espoir furent à bout [HAMILT., Gramm. 8]
Les valets enrageaient, l'époux était à bout [LA FONT., Fabl. VII, 2]
À bout sur un frère si extravagant [que d'Aubigné], Mme de Maintenon fit tant par St-Sulpice qu'on lui persuada de quitter ses débauches [SAINT-SIMON, 51, 100]
Terme de manége. Être à bout, se dit d'un cheval outré de fatigue. Terme de vénerie. Être à bout de voie, se dit d'un limier qui se perd ; et fig. ne plus savoir que faire. Mettre à bout, vaincre, réduire.
Les Grecs.... Par mille assauts, par cent batailles, N'avaient pu mettre à bout cette fière cité [LA FONT., Fabl. II, 1]
Nous mettrons autant de cœurs à bout Que nous voudrons en entreprendre [ID., Joc.]
Pour mettre à bout les plus cruelles.... [MOL., Amph. Prologue.]
Mettre à bout, irriter, fatiguer, impatienter.
Et tu me mets à bout par ces contes frivoles [MOL., l'Étour. I, 2]
Il met sa patience à bout [BOSSUET, Obl. 1]
Il n'y a point de patience que vous ne mettiez à bout [PASC., Prov. 10]
Sitôt qu'il aura mis ma patience à bout [CORN., Agésil. II, 6]
Pousser à bout, irriter, et aussi réduire à ne pouvoir répondre, mettre à quia.
Ils lui conseillent de ne le point pousser à bout [CORN., Ex. du Cid.]
La reine.... Sachant ce que je puis, me pousse trop à bout [ID., Nicom. II, 3]
Faut-il pousser à bout une reine obstinée ? [ID., Sertor. IV, 3]
On pousse ma douleur et mes soupçons à bout [MOL., Mis. IV, 3]
Voilà donc comme parle cet amant outré et poussé à bout [BOSSUET, Or. 10]
Les esprits poussés à bout par tant d'injustices [ID., Hist. II, 12]
C'est pousser l'amour à bout, que.... [ID., Lett. Corn. 99]
Ce raisonnement pousse à bout la subtilité de nos adversaires [ID., Déf.]
comm, On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre, Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois, Inventa du sonnet les rigoureuses lois [BOILEAU, Art p. II]
Poussons à bout l'ingrat [RAC., Baj. IV, 4]
Il fallait pousser à bout de tels imposteurs [PASC., Prov. 16]
Pousser à bout, porter à l'extrémité, exagérer.
Il pousse à bout toutes les décisions [BOSSUET, Rem.]
Poussant à bout ses maximes [ID., Var. 2]
Si l'on voulait pousser à bout la subtilité [ID., Or. 10]
Venir à bout d'un dessein, d'une entreprise, réussir.
Il croit que son remède viendra à bout de tout [SÉV., 412]
Sans pouvoir en venir à bout [ID., 536]
Ils n'entreprennent rien qu'ils n'en viennent à bout [RÉGNIER, Sat. III]
En viendrons-nous à bout ? [CORN., le Ment. IV, 7]
Mettez à bout l'effet qu'amour a commencé [ROTR., Vencesl. IV, 6]
Thalès disait que [de toutes les choses] la plus forte était la nécessité parce qu'elle venait à bout de tout [FÉN., Thalès.]
Le père, pour venir à bout D'une précaution sur qui roulait la vie De celui qu'il aimait.... [LA FONT., Fabl. VIII, 16]
Je ne viendrais jamais à bout De nombrer les faveurs que l'amour leur envoie [ID., Joc.]
L'Église est enfin venue à bout d'exterminer cette superstition, mais il lui a fallu du temps [FONTEN., Oracles, chap. 18]
Venir à bout de, triompher, vaincre.
Par là de nos mutins le feu roi vint à bout [CORN., Pomp. III, 2]
Je vous plains fort tous deux s'il vient à bout de moi [ID., D. San. III, 2]
Mais quand j'ai bien mangé, mon âme est ferme à tout, Et les plus grands revers n'en viendraient pas à bout [MOL., Sgan. 7]
Je me porte à merveille, quoique je fasse tout ce qu'il faut pour venir à bout de ma santé [DIDER., Lett. à l'abbé Lemonier.]
Ah ! certes celui-là l'emporte et vient à bout De toute ma raison [MOL., Dép. II, 1]
Fig. Au bout du compte, loc. adv. Tout bien considéré. On vous fait de grandes promesses ; mais, au bout du compte, qu'avez-vous obtenu ?
Terme de marine. L'avant, la proue d'un navire. Avoir le vent de bout, se dit quand le vent vient du côté de l'avant. Aller bout au vent, aller contre le vent. Donner le bout à terre, aborder droit. Aborder de bout au corps, aborder un bâtiment par le travers. Filer un câble par bout, le laisser sortir tout entier par l'écubier.
Terme de serrurerie. Clef à bout, clef dont la tige n'est pas forée. Terme de graveur. Bout, outil de graveur en pierre dure.
10° Bouts-rimés. Voyez ce mot à son ordre alphabétique. Bout-saigneux. Voy. BOUT-SAIGNEUX.

PROVERBES

  • Au bout le bout, cela durera autant que cela pourra.
  • Au bout du fossé la culbute, se dit de ceux qui, par insouciance ou perversion de sens, se résignent aux tristes conséquences qui résulteront de leur conduite.
  • Au bout de l'aune, faut le drap, c'est-à-dire toutes choses ont leur fin.
  • Brûler la chandelle par les deux bouts, faire des dépenses de toute espèce, et figurément, ruiner sa santé par des excès de différents genres.

SYNONYME

  • BOUT, EXTRÉMITÉ, FIN. Mots qui expriment l'endroit où une chose se termine. Bout diffère d'extrémité et de fin, en ce qu'il emporte toujours l'idée d'une certaine longueur, d'un bout en un mot, tandis que extrémité et fin n'expriment que la limite abstraite qui borne une chose. Le bout du doigt, c'est une portion de doigt ; l'extrémité du doigt est la surface qui termine le bout du doigt. À un autre point de vue, bout termine une étendue en longueur ; extrémité la termine en tous les sens : le bout d'un bâton ; les extrémités d'une surface ; bout fait considérer une chose dans sa longueur ; extrémité la fait considérer par rapport aux parties centrales. Tandis que bout et extrémité sont relatifs à l'étendue et à l'espace, fin l'est au temps et à la durée ; c'est l'action de finir qu'il exprime : la fin de la vie ; la fin d'un spectacle, d'un concert. Fin a rapport au commencement, comme bout a rapport à un autre bout, comme extrémité a rapport à un centre. Quand fin s'applique à l'étendue, ce qui arrive quelquefois, il exprime, à vrai dire, le temps que l'on met à parcourir cette étendue : un désert sans fin, est un désert qui ne finit pas ; un désert sans bout ou sans extrémité, ne pourrait se dire, car on ne conçoit pas qu'un désert n'ait pas un bout, si on le considère dans sa longueur, ou des extrémités, si on le considère en tous sens. On ne dit pas le bout d'un cercle ; mais, dans une place circulaire, on dirait fort bien qu'on va ou qu'on est au bout, en considérant la ligne à parcourir. Nous disons très bien aller au bout de la terre, parce que nous considérons la distance qui nous sépare d'un point ; et de même au bout du monde. On ne dirait pas au bout du globe, au bout de la sphère, parce qu'un globe, une sphère, n'étant point en longueur, n'ont pas de bout.

HISTORIQUE

  • XIIe s.
    Son tinel [il] lieve à loi de bachelier Par tel aïr, que tost le fist branler ; Del bot devant va son mestre hurter, Si qu'il li fist andeus les euz [yeux] voler [, Bat. d'Aleschans, 4052]
    Tut de but se teneient cil tres par tut al rei, Ne il ne voleient faire pur Deu ne ço ne quei [, Th. le mart. 69]
  • XIIIe s.
    Se marchant font change de chevaus li uns à l'autre bout à bout [, Liv. des mét. 316]
  • XIVe s.
    Qu'il fasse les tonneaux dessus le bout lever, Et tous les assaillans face bien abruver [, Guesclin. 20127]
    Englois font les vaisseaux [barriques] des charrettes verser, Et puis les vont sur bout tout en l'eure lever, Et pour boire du vin les vont tost defoncer [, ib. 22106]
    Prenez la penne rompue de vostre oysel, et en coppez le bout rompu à unes forces [ciseaux] [, Modus, f° XCIV, verso]
  • XVe s.
    Quant le roi vit qu'il n'en pourroit venir à bout [FROISS., I, I, 315]
    Mahieu fut un de ceux eslus d'y aller.... et ce bout lui dona Jean Lyon [Jean Lyon lui joua ce tour] [ID., II, II, 53]
    Les oncles du roi ne pouvoient avoir bout ni volée ni audience en la cour du roi pour eux [ID., II, II, 62]
    Dont j'ai souffert tant longuement Dure peine, ennuyeux tourment, Qu'il pert [paraît] que je fuz né à tout Et qu'onques ne fu autrement, Et si n'en puis trouver le bout [AL. CHARTIER, le Débat du Réveille matin.]
    J'en meurs sur bout, et n'euz onques depuis Aise de cueur, bon jour, ne bonne nuiz [ID., Le débat des deux fortunes.]
    À ma dame je ne sçay que je dye, Ne par quel bout je doye commencer, Pour vous mander la doloreuse vie Qu'amour me fait chascun jour endurer [CH. D'ORL., Ball. 19]
    Le roy cuidant tousjours perseverer et avoir le bout d'iceulx Bourguignons.... se rebouta dedans les dits Bourguignons qui s'estoient fort raliez [J. DE TROYES, Chron. 1465]
    Il est à avoir par beau et par humilité ; et pris par le bon bout, c'est le meilleur des bons [G. CHASTEL., Chron. des ducs de Bourg. II, ch. 25]
    Et jamais n'en estoit peu venir à bout [COMM., IV, 5]
    Dieu ne luy permist pas prendre ceste matiere, qui estoit si grande, par le bout qui luy estoit necessaire [ID., V, 12]
    En Bourgongne se faisoit la guerre tousjours, et n'en povoit avoir le roi le bout, pource que les Allemands faisoient quelque peu de faveur au prince d'Orenge [ID., VI, 4]
    Il l'accola et la baisa doucement, car elle estoit belle et gente, et en bon point, et mise sur le bon bout [bien mise, sur un bon pied] [LOUIS XI, Nouvelles, LXXI]
  • XVIe s.
    Soyés seur que sy toust que je serai à bout de ma grosseur [grossesse], ne faudray vous en advertir [MARG., Lett. 82]
    Mon nepveu, encore suis je sus bout ; quy m'ennuye plus que le mal que j'ay à passer ne me donne de crainte [ID., ib. 83]
    Il se voulut mettre sur le beau bout [faire l'aimable] [ID., Nouv. X]
    Sa resolution arresta sus bout [tout court] la furie de son maistre [MONT., I, 2]
    Si je peux venir à bout de moy à garantir un danger par.... [ID., I, 37]
    À chasque bout de champ ils sont prests [ID., I, 40]
    Le hault bout d'une table [ID., I, 168]
    La science qu'il choisira ayant le jugement desjà formé, il en viendra bientost à bout [ID., I, 174]
    Comme ils commençoient à se desordonner, il en vint ayséement à bout [ID., I, 343]
    Mon estomach est assez empesché à venir à bout de ce qu'il prend [ID., II, 18]
    Petit bout d'homme, et honte de nature [DU BELLAY, V, 8, verso.]
    Il se tint tout de bout sans mot dire [AMYOT, Thém. 50]
    Le senat ne voulut point permettre qu'il se deposast de sa charge avant le bout de l'an [ID., Cam. 54]
    À la fin, au bout de neuf mois, les Samiens furent contraints de se rendre [ID., Péric. 63]
    Les mamelles convertissent dedans soy mesmes la nourriture que prennent les femmes, en lait que puis après elles rendent par les bouts [ID., P. Aem. 22]
    L'infanterie, comme estant des plus vieux soldats de France, tira aussi bien que les autres à bout apuié [D'AUB., Hist. I, 331]
    Le roi de Navarre n'eut de contentemens que par le bon bout [par ironie, il fut maltraité] [ID., ib. II, 219]
    Lors les galeres venoient tirer à bout touchant l'equipage de ce vis-amiral [ID., ib. II, 302]
    Les assiegez donc bien tost à bout de munitions [ID., ib. II, 305]
    Espées dorées et argentées, aux fourreaux de velours et bouts d'argent [CARL., V, 32]
    Se mettant en despence, et, comme l'on dict, sur le bon bout, pour se faire valoir [ID., VI, 36]
    Aucuns chirurgiens ont bien osé coudre ces tendons bout à bout, afin de les reunir ensemble [PARÉ, VIII, 37]
    Arrivé que soit le printemps, la premiere eau qu'elle fera distiller sera des bourgeons et bouts [pousses] de chesne [O. DE SERRES, 890]
    Il nous fait accroire qu'il estoit à la feste, mais il ne sçait pas qui tenoit le hault bout [PALSGR., p. 713]

ÉTYMOLOGIE

  • Wallon, bote (voy. BOUTER) ; ital. botto, botta, coup, botte ; espagn. bote, même sens.

BOUT2

(bou) s. m.
Terme de pêche. Poisson appelé aussi lune de mer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    BOUT. Ajoutez :
    11° Bouts de table, objets de service qui se mettent au bout de la table.
    14° À tout bout de champ, voy. CHAMP, n° 14.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

bout

BOUT. n. m. Extrémité d'un corps, d'un espace. Le bout, les deux bouts d'un bâton. Le bout d'une pique, d'une perche. Les deux bouts d'une table. Le bout d'une galerie. Le bout d'une allée. Il est logé à l'autre bout de la ville.

Le bout de la mamelle, le bout du sein, du teton, Le mamelon qui est au milieu de la mamelle.

Fig. et fam., Rire du bout des dents, S'efforcer de rire. quoiqu'on n'en ait nulle envie. Manger du bout des dents, Manger sans appétit, avec dégoût ou dédain.

Fig., Du bout des lèvres, Légèrement, sans intention sérieuse ou de mauvaise grâce. Promettre, remercier du bout des lèvres. Prier du bout des lèvres.

Fig. et fam., Toucher du bout du doigt, Toucher légèrement, ne pas trop appuyer. Il ne faut toucher cela que du bout du doigt. On dit aussi figurément, en parlant d'une Chose qui est sur le point d'arriver, On y touche du bout du doigt.

Fig. et fam., Savoir une chose sur le bout du doigt, La savoir parfaitement de mémoire.

Fig. et fam., Avoir un nom, un mot sur le bout de la langue, Croire qu'on est près de trouver, de dire un nom, un mot qu'on cherche dans sa mémoire.

Fig. et fam., Ce mot, cette syllabe, cette lettre est restée au bout de ma plume, J'ai omis, j'ai oublié d'écrire ce mot, cette syllabe, cette lettre. On dit aussi Ce mot s'est présenté, s'est trouvé au bout de ma plume, Il s'est offert naturellement à mon esprit et je l'ai écrit sur-le-champ.

Fig. et fam., Montrer le bout de l'oreille, un bout d'oreille, Laisser voir par quelque côté ce que l'on est ou ce que l'on pense, malgré le soin qu'on met à le cacher.

Fig. et fam., Montrer le bout de son nez, Se faire voir. Il n'a pas osé montrer le bout de son nez.

Fig. et fam., Ne pas voir plus loin que le bout de son nez, Avoir peu de clairvoyance ou de prévoyance.

Fig. et fam., Voilà ce qui vous pend au bout du nez, Voilà ce qui vous attend, vous menace.

Fig. et fam., Brûler la chandelle par les deux bouts, Consumer son bien en faisant différentes sortes de dépenses également ruineuses ou Se livrer à la fois à des excès de genres différents.

Fig. et fam., Avoir, tenir le bon bout par devers soi, Être nanti, avoir déjà des avantages assurés dans une affaire où l'on cherche encore à en obtenir d'autres. On dit aussi N'avoir une chose que par le bon bout, Ne l'avoir qu'à des conditions avantageuses à celui qui la donne ou Ne l'obtenir que par force. S'il en a envie, il ne l'aura que par le bon bout. On dit encore Prendre une affaire par le bon bout, La commencer d'une manière convenable.

Fig. et fam., On ne sait pur quel bout le prendre, Son humeur est revêche, son caractère difficile.

Le haut bout, La place qui est regardée comme la plus honorable, et Le bas bout, Celle qui est regardée comme la moins honorable. Être au haut bout. Se mettre au bas bout. On dit quelquefois figurément Tenir le haut bout, Exercer de l'influence, être fort considéré dans un certain cercle. Il tient le haut bout dans cette société, dans sa petite ville.

Fig. et fam., À tout bout de champ. Voyez CHAMP.

Fig., Aux deux bouts de la terre, Par toute la terre. Le bruit de ses exploits retentit aux deux bouts de la terre.

Fig., Il a voyagé d'un bout du monde à l'autre, Il a parcouru beaucoup de pays.

Par exagération et fam., Il est allé loger, il est logé au bout du monde, Dans un quartier fort éloigné.

Fig. et fam., C'est le bout du monde, c'est tout le bout du monde, se dit lorsqu'on estime quelque chose à son plus haut prix, à sa plus grande valeur. S'il a mille francs chez lui, c'est le bout du monde. S'il a dix mille francs de cette succession, ce sera tout le bout du monde.

BOUT se dit aussi de Ce qui garnit l'extrémité de certaines choses. Mettre un bout d'argent, un bout de cuivre à une canne. Le bout d'un parapluie. Le bout d'un fourreau d'épée, de baïonnette. Des bouts de manches.

Bout de fleuret, Bouton de cuir rembourré qu'on met à la pointe d'un fleuret pour qu'il ne blesse pas.

Bâton à deux bouts, Sorte d'arme offensive qui consiste en un grand bâton ferré par les deux bouts.

Bouts de table, Objets de service, principalement flambeaux à branches qui se placent aux extrémités d'une table à manger servie.

Il se dit encore d'une Petite partie de certaines choses. Un bout de ruban, de ficelle, de corde, de papier, d'étoffe, etc.

Un bout de bougie, un bout de cigare, Morceau qui reste d'une bougie, d'un cigare brûlé en grande partie.

Prov. et fig., C'est une économie de bouts de chandelle, se dit d'une Épargne sordide en de petites choses. Être ménager de bouts de chandelle, Ne se montrer économe que dans les petites choses.

Fig. et par dérision, Un bout d'homme, un petit bout d'homme, Un homme extrêmement petit. Ce n'est qu'un bout d'homme.

Il se dit particulièrement d'un Morceau, d'une petite portion de certaines choses qui se mangent. Il n'a mangé qu'un bout de boudin, de saucisse.

Il se dit aussi en parlant du temps et des choses qui ont de la durée et il signifie la Fin, le terme. Au bout de l'an. Le bout de l'année. Au bout du mois. Au bout du terme. Un fermier qui est au bout de son bail, au bout de sa ferme. C'est une affaire dont il ne verra jamais le bout. Il est à peu près au bout de son travail. Nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Service du bout de l'an ou Bout de l'an, Voyez AN.

Fig. et fam., Avoir de la peine à joindre les deux bouts de l'année, ou simplement à joindre les deux bouts, Fournir difficilement à sa dépense annuelle. Il est fort gêné et tout ce qu'il peut faire c'est de joindre les deux bouts.

Fig., Être au bout de sa carrière, Avoir rempli jusqu'à la fin toutes les fonctions de sa place, tous les devoirs de son emploi, de sa profession, et être à la veille de prendre sa retraite.

Fig. et fam., Être au bout de son rouleau, Ne savoir plus que dire ni que faire, ne savoir plus que devenir. Il signifie aussi N'avoir plus de forces, être épuisé, être près de mourir.

Absol. et fam., Il n'est pas au bout, Ses peines ne sont pas finies, en parlant de quelqu'un qui a rencontré des obstacles, éprouvé des contrariétés, des chagrins. Il a déjà essuyé bien des désagréments; mais il n'est pas au bout. On dit également Il n'est pas au bout de ses peines.

Il se dit quelquefois d'une Petite partie de certaines choses qui ne devraient point se diviser. En ce sens, il n'est guère usité que dans les phrases suivantes : Entendre un bout de messe. Entendre un bout de vêpres. Je n'ai pu entendre qu'un bout de sermon.

Fam., Un bout de toilette, Un peu de toilette, une toilette faite à la hâte.

Fam., Un bout de chemin, Une petite partie du chemin. Il lui reste encore à faire un bon bout de chemin.

Fam., Un bout de lettre, un bout de rôle, etc., Une lettre fort courte, un rôle très court, etc. Écrivez-moi un bout de lettre, quand vous serez arrivé. Cet acteur n'a qu'un bout de rôle.

BOUT, en termes de Marine, se dit, dans quelques phrases, de l'Avant, de la proue du bâtiment. Ce bâtiment a le bout à terre; il court, il donne de bout à terre. Cette embarcation nage bout au vent, bout au courant, bout à la lame; elle est de bout au vent, au courant, etc. Avoir vent de bout, Avoir vent contraire. On écrit aussi debout, en un seul mot.

AU BOUT DU COMPTE, loc. adv. qui signifie familièrement Tout considéré, après tout. Au bout du compte, que lui en peut-il arriver? Au bout du compte, il n'a pas de grands torts.

À BOUT, loc. adv. Être à bout, Se trouver dépourvu de toute espèce de ressource, ne savoir plus que devenir. Mettre quelqu'un à bout, Le réduire à ne savoir plus que faire ni que dire. Pousser quelqu'un à bout, mettre, pousser sa patience à bout, Le mettre en colère à force d'abuser de sa patience. Sa patience est à bout, Sa patience est épuisée. Pousser quelqu'un à bout, Réduire quelqu'un à ne pouvoir répondre, au cours d'une discussion.

À BOUT DE, loc. prép., Être à bout de voie, Ne savoir plus quel moyen employer, être à la fin de ses ressources. Être à bout de forces, de patience, Avoir épuisé toutes ses forces, toute sa patience. Venir à bout d'un dessein, d'une entreprise, Réussir dans un dessein, dans une entreprise. Venir à bout de faire une chose, à bout d'une chose, Parvenir à faire une chose, parvenir à la fin d'une chose, en trouver la fin. Il est venu à bout de l'épouser. C'est un livre si ennuyeux que je n'ai jamais pu venir à bout de le lire en entier. La chose est difficile, mais nous en viendrons à bout. On dit aussi Venir à bout de quelqu'un, Le réduire à la raison, le réduire à faire ce qu'on veut. Il est venu à bout de cet entêté.

BOUT À BOUT, loc. adv. qui se dit en parlant de Certaines choses qu'on joint, qui sont jointes par leurs extrémités. Coudre deux bandes de toile bout à bout. Des tuyaux assemblés bout à bout. Fig. et fam., Mettre bout à bout, se dit en parlant de l'Énumération et de l'assemblage de certaines choses, qui ne sont presque rien à les prendre séparément, mais qui forment un tout considérable, si on les réunit. Si on mettait bout à bout le chemin qu'il fait chaque jour pour aller à ses affaires, cela se chiffrerait à la fin de l'année par des centaines de lieues.

DE BOUT EN BOUT, loc. adv. D'une extrémité à l'autre. Parcourir la France de bout en bout. Courir la ville de bout en bout.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

bout

Bout, m. Est l'extremité en longueur de quelque chose que ce soit, et non proprement en largeur, Finis, extremitas. Et par cette raison on appelle les abboutissans d'une piece de terre, pré, vigne, ou autre heritage ou logis, là où ils font teste et pied: car les limites qui sont traversains, sont appelez Tenans. Julius Pollux en son livre septiéme dit, les coustures qui sont faites aux extremitez des robes, avoir anciennement esté appelées en Grec bous, duquel mot est vray semblable le François, avoir tiré ce mot Bout. Ainsi on dit, le bout d'un baston, d'une aulne, d'une espée, de l'oreille, et d'autres choses, Extrema pars. Le bout de la forest, Extrema sylua. Liu. lib. 23. Ora. Iulius Pollux lib. 7. commissuras in extremis vestium partibus quae suendo fiunt a veteribus bous, appellatas esse dicit: quod nos verbum ad caeteras extremitates transtulimus.

Le fin bout de quelque chose, comme d'une montagne, et de quelque bastiment, Coronis, coronidis.

Le bout d'une place et ruë, Vltima platea.

Le bout de quelque baston, soit agu, poinctu ou trenchant, ou mousse, Cuspis.

Devant que fust le bout de l'an, Non toto vertente anno. B. ex Suetonio.

Faire le bout de l'an, ou l'anniversaire, Feralia vel parentalia annua celebrare. B.

Aller jusques au bout, Vltima experiri. Budaeus ex Curtio.

Mettre un bout à un baston soit agu ou trenchant, Cuspidare.

Eslever le fin bout de quelque chose, Primorem partem extollere.

Envoyer au bout du monde, Mandare in vltimas terras.

Il n'est pas facile de regarder jusques au bout des champs, tant est grande l'estenduë, Subiectos campos oculis terminare haud facile.

¶ Toucher du bout des doigts quelque maniere de vivre, Digitis extremis attingere aliquod genus vitae.

Au bout de quinze ans ils ont esté consuls, Annum post quintumdecimum creati Consules.

Venir à bout de ses entreprinses, Assequi propositum.

Venir à bout de quelque chose par un moyen tres-aisé, Aliquid quam mollissima via consequi.

On ne sçait lequel bout va devant, Nihil illic primum, nihil secundum, omnia praepostera.

¶ Il est venu presque au bout de cent ans, Prope centum confecit annos.

¶ Les bouts, ou les poincts des costez, Compunctiones laterum. B. ex Plinio.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

bout


BOUT, s. m. [Le t ne se prononce que devant une voyelle.] 1°. L'extrémité d'un corps, en tant qu' étendu en long. Acad. Ce qui termine une étendûe. Trév. Extrémité. Rich. Port. La définition de l'Acad. est la meilleûre. Le bout d'un bâton, d'une perche, d'une table, etc. = 2°. Ce qui garnit l'extrémité de certaines chôses: Mettre un bout d'argent, d'ivoire à une canne, etc. = 3°. Extrémité de l'étenduë, de la durée; le bout d'un discours, d'un Sermon: il est au bout de son argent; au bout de l'an, le bout de l'année, du mois, etc. = 4°. Avec un, il signifie quelquefois la moindre partie de la chôse dont on parle: entendre un bout de Messe, de Sermon, etc.
   BOUT, extrémité, fin: (synon.) Ces trois mots signifient la dernière des parties qui constituent la chôse; avec cette diférence que bout représente cette dernière partie comme celle jusqu'où la chôse s'étend; extrémité, comme celle qui est la plus reculée dans la chôse: fin, comme celle où la chôse cesse. Le bout répond à un aûtre bout, l'extrémité au centre; la fin au commencement.
Ainsi l'on dit le bout de l'alée, l'extrémité du Royaûme; la fin de la vie. GIR. Synon.
   Rem. 1°. On dit venir à bout, et être au bout de... Il est des Auteurs qui confondent l' un avec l'autre: "Bientôt ces Princes reconurent qu'ils n'étoient pas à bout de leurs travaux. Révol. d'Esp. dites, au bout de, etc. Sans régime, à bout fait fort bien avec le v. être.
   Les Valets enrageoient: l'époux étoit à bout.
       La Font.
"Voila sur quoi on ne sait que me faire: leur habileté (des Médecins) est à bout. Sév.
   2°. Venir à bout, apliqué aux chôses, a un sens diférent de celui qu'il a, quand il se dit des persones. Venir à bout d'une chôse, c'est y réussir: venir à bout d'une persone, c' est la surmonter. "Il est venu à bout de son dessein: Il viendra à bout de tous ses énemis. — On voit que venir à bout régit de devant les noms: il le régit aussi devant les verbes. "Je suis venu à bout de la convaincre, de le réduire.
   3°. À~ bout se dit aussi avec mettre et pousser: "Tu mets ma patience à bout: "Finissez... vous me poussez à bout. Th. d'Éduc.
   Au bout du compte, adv. Tout considéré, après tout: "Au bout du compte, il n'a pas si grand tort.
   Bout-à-bout, adv. "Il n'est pas question de coûdre des passages et des canons bout-à-bout: il faut qu'ils soient liés avec vos principes et vos solutions. Le P. Daniel au P. Alex.
   * À~ tout bout de champ, adv. Cette expression est vieille: on dit plutôt à tout moment. L. T. L' Acad. ne la condamnait point d'abord: dans les éditions postérieures de son Dictionaire, elle met à chaque bout de champ, et elle avertit qu'il est du style familier.
   * De bout en bout, adv. d'un bout à l' aûtre, est aussi une expression surannée: "Il leur fit chanter Venicreator tout de bout en bout. Vie de St. Louis. — L'Acad. le met encôre, parcourir la Ville de bout en bout. Passe pour cette phrâse, mais ailleurs on dit d'un bout à l'autre.
   À~ bout portant. Rich. Port. ou à bout touchant, adv. Tirer quelqu'un à bout portant; lui mettre le bout de l'arme presque sur le ventre. (Figurément, ataquer vivement de parole) "Cette interrogation déplut au Capitaine, qui, pour réponse, m'envoya toute sa bordée de canon et de mousqueterie, tirée à bout touchant. Mém. de du Gay Trouin.
   C'est tout le bout du monde, le pis aler, ce qu' il peut y avoir de plus fort en ce genre. "Je pars, et si je vous écris encôre lundi, c'est le bout du monde. Sév. — Tenir le bon bout de son côté; conserver l'avantage de la possession. — Tenir le haut bout, primer. — Se mettre sur le bon bout, s'équiper de pied en cap. — Il faut finir par un bout, mourir d'une façon ou d'une aûtre. Tout cela est du style familier. — Un bout d'homme, un petit homme. — Voy. CHANDELLE, DOIGT.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

bout

nom masculin bout
1.  Extrémité d'un corps, d'un espace.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

bout

Spitze, Ende, Kulm, Stift, Zacke, Zinke, Zipfel, Stummel, Stückchen, Unterhoseend, tip, stub, ending, peak, point, summit, scrap, hunk, acme, apex, conclusion, finish, highlight, termination, zenith, bit, butt, sliptop, eind, einde, punt, uiteinde, afloop, besluit, neus, piek, spits, tip, topje, voleinding, eindje, stukje, stomp, slot, deeltje, verloop, eindpunt, beëindiging, end, strookje, tipjeבדל (ז), גבול (ז), זנב (ז), סוף (ז), סיפא (נ), צ'ופצ'יק (ז), קצה (נ), שלהי, בְּדַל, גְּבוּל, סוֹף, קָצֶה, שִׁלְהִיbeëindiging, eindecim, fi, punta, punxaspids, ende, top, seddel, skod, stumpαιχμή, ακμή, άκρη, αποτσίγαρο, κομματάκι, μεσοφόριfino, pintopunta, cima, conclusión, extremo, final, término, vértice, colilla, papelito, pedazo, recibokärki, loppu, alushame, palanen, tynkäakhir, ujungpunta, fine, capo, frazione, imboccatura, mozzicone, pezzo, estremità, fogliettino, matrice, pezzettofinisslutt, bit, sneip, tupp, underskjørtkoniec, drobina, halka, końcówka, koniuszekponta, ápice, conclusão, extremidade, fim, pico, pedacinho, pedaço, tira, tira de papelsfîrşit, vîrfвершина, конец, клочок, кончик, кусок, обрубокända, ände, slut, bit, spets, stump, underkjolmwishoجَذْل, طَرَفٌ مُدَبَّب, قُصَاصَة, قِطْعَةٌ صَغِيرَةkousek, nedopalek, špička, útržekkomadić, opušak, vrh伝票, 使い残り, 先端, 小片끝, 슬립, 조각, 토막เศษกระดาษ, เศษชิ้นเล็กชิ้นน้อย, จุดปลายสุด, ส่วนที่เหลืออยู่izmarit, not kağıdı, parça, đầu, mảnh, mảnh nhỏ, mẩu存根, 尖稍, 碎屑, 纸片 (bu)
nom masculin
1. partie qui termine qqch le bout d'une cigarette le bout des doigts
2. morceau un bout de pain
3. fin, limite le bout de la rue
jusqu'à la fin regarder un film jusqu'au bout
après une durée de Elle est revenue au bout de dix minutes.
ne plus avoir de forces
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

bout

[bu]
nm
(= petit morceau) → bit
un bout de fromage → a bit of cheese
un bout de papier → a piece of paper, a scrap of paper
un bout de ficelle → a bit of string
(= extrémité) [bâton] → tip; [ficelle, table, rue, période] → end
le bout du nez → the tip of the nose
Jane est assise en bout de table → Jane is sitting at the end of the table.
Elle habite au bout de la rue → She lives at the end of the street.
à l'autre bout de la ville → at the other side of town
à l'autre bout de la chaîne → at the other end of the chain
(autres locutions) au bout de → at the end of, after
Au bout d'un moment, il s'est endormi → After a while he fell asleep.
au bout du compte → at the end of the day
au bout du fil → on the line
emmène-moi au bout de monde! → take me to the ends of the earth!
être à bout (= fatigué) → to be exhausted (= avoir perdu patience) → to be at the end of one's tether
pousser qn à bout → to push sb to the limit
venir à bout de [+ travail] → to manage to finish off, to manage to finish; [+ adversaire] → to manage to overcome
à bout de forces → to be worn out
à bout de force → to be worn out
être à bout de souffle [économie, société] → to have run out of steam
à bout portant → at point-blank range
à tout bout de champ → at every turn
bout à bout → end to end
d'un bout à l'autre → from one end to the other
de bout en bout → from one end to the other
connaître qch sur le bout des doigts → to know sth backwards
du bout des lèvres (= avec réticence) [reconnaître, accepter, approuver] → reluctantly
un système en bout de course → a system that's on its last legs
jusqu'au bout [aller, poursuivre, se poursuivre] → to the end
le bout du tunnel → the end of the tunnel
vb
voir bouillir
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005
Collins Multilingual Translator © HarperCollins Publishers 2009