abandon

abandon

n.m. [ de l'anc. fr. [mettre] a bandon, au pouvoir de ]
1. (de) Action d'abandonner, de quitter, de cesser d'occuper : Le ministre a annoncé l'abandon de la réforme renonciation à désertion
2. Fait de renoncer à poursuivre une compétition : On signale de nombreux abandons dans le marathon.
3. Fait de s'abandonner ; laisser-aller ou absence de réserve : Parler avec un total abandon confiance ; retenue
À l'abandon,
laissé sans soin, en désordre : Des terres à l'abandon en friche
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

ABANDON

(a-ban-don) s. m.On verra à l'Étymologie quelle est la série réelle des significations.
Remise entre les mains de.... L'abandon à la Providence.
Il faut tout trancher par l'abandon envers Dieu [BOSSUET, Lett. Corn. I]
[Elle] lui gagnerait le cœur d'un prince libéral, Et de tous ses trésors l'abandon général [CORN., Méd. II, 2]
Terme de droit. Cession, acte par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de ses terres.
Facilité dans le discours, simplicité, négligence heureuse. Parler avec abandon. Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. Gracieux abandon. Doux abandon. On trouve dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon.
Rock en son lyrique abandon Dit qu'il dévore la couronne Dont Phébus lui promit le don. Apparemment Phébus lui donne Une couronne de chardon [MILLEV., Épigr.]
Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon.
Dans l'abandon de sa vive amitié, Hier à son rival Montfort s'est confié [C. DELAV., V, Sic. I, 2]
Et dans ce trouble heureux dont j'aimais l'abandon [ID., Paria, I, 2]
Action d'abandonner. L'abandon des intérêts communs.
Or ce péché ne peut être mieux puni que par l'abandon de Dieu [BOURD., Carême, t. I, p. 212]
Et de ses intérêts un si grand abandon [CORN., Sert. IV, 2]
Ce sont là de ces exemples rares et terribles de la justice de Dieu sur les hommes ; et s'il y en a eu sur la terre, ils prouvent seulement jusqu'où peut aller quelquefois son abandon et la puissance de sa colère [MASS., Car. évid. de la loi.]
Il y aurait un lâche abandon de moi-même à souffrir qu'on me déshonore [VOLT., dans Laveaux.]
État d'une personne ou d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans l'abandon.
L'homme sent alors son néant, son abandon [PASC., édit. Cousin.]
Mes mains désespérées Dans ce grand abandon seront plus assurées [VOLT., Œd. IV, 4]
Abandon a le sens actif et le sens passif. L'abandon des amis peut également signifier ou qu'on abandonne ses amis ou qu'ils nous abandonnent. L'abandon du sénat, l'abandon où le sénat est laissé, et l'abandon où il laisse. Il faut donc, toutes les fois qu'on se servira de cette construction, prendre garde à l'amphibologie et, s'il reste du doute sur le sens, changer la tournure.
À L'ABANDON, loc. adv. Sans soins, sans réserve. Camp à l'abandon. Son enfant fut à l'abandon. Il laissa ses terres à l'abandon. On le logea et on lui mit toute la maison à l'abandon.
Tout l'occident est à l'abandon [BOSSUET, Hist. III, 7]
Comme un pays laissé à l'abandon [ID., Polit.]
Vous laisserez à l'abandon votre santé et votre vie [ID., Dév. 2]
Tu laisses aller tes affaires à l'abandon [MOL., Mal. imag. 1er interm.]
L'épargne de mon père entièrement ouverte, Lui met à l'abandon tous les trésors du roi [CORN., Méd. II, 4]
Mais je m'étonne fort de voir à l'abandon Du prince Héraclius les droits avec le nom [ID., Hér. II, 8]
A l'une ou l'autre enfin votre âme à l'abandon Ne lui pourra jamais refuser ce pardon [ID., Perth. IV, 1]
Après avoir.... mis à l'abandon ton pays désolé [RÉGNIER, Ép. I]
L'œil farouche et troublé, l'esprit à l'abandon [ID., Sat. II]
Terme de bourse. Acte par lequel l'acheteur renonce à un marché conclu en consentant à payer la prime.

HISTORIQUE

  • XIIIe s.
    Va, si li di qu'il vigne [vienne] à mei ; M'amor li metrai à bandun [MARIE DE FR., I, 488]
    Mais tost s'en parte à habandon [, Fabl. et Cont. anc. I, 70]
    Amis, ques [quel] hom es-tu ? Di moi com tu as nom, Qui le sepulcre Dieu baises si à bandon ? [, Ch. d'Ant. I, 184]
    Et li bourgeois le rechurent [reçurent] volentiers et lui mirent à abandon cor et avoir et ville [, Chr. de Reims, 230]
    Nuls hom ne peut penre [prendre] de son plege [gage] par abandon, sans soi plaindre à justice [BEAUMANOIR, XLIII, 13]
  • XVe s.
    Et mettrons tout le royaume à vostre abandon [FROISS., I, I, 14]
    Vous perdez le temps ; car, sur l'abandon de nos testes, les Escots s'en sont allés très devant mie nuit [ID., I, I, 44]
  • XVIe s.
    De tout autre butin il y avoit une quantité si grande que ou l'on n'en faisoit compte, ou on le consommoit en tout abandon [AMYOT, Lucul. 25]
    Comme le vent souffle à son abandon Le duvet blanc du vieux chenu chardon... [ID., Morales, t. IV, p. 444]

ÉTYMOLOGIE

  • Provenç. abandon ; espagn. abandono ; ital. abandono. Par les exemples historiques on voit que abandon est un mot composé de à et bandon. Bandon, en vieux français et en provençal, signifie permission, autorisation, décret ; il répond à un mot bas-latin bando, bandonis, de même signification que bandum, band en danois, bannen en allemand, ordre, prescription ; et en définitive c'est simplement une autre forme de notre mot ban (voy. ce mot). Dès lors on voit la série des significations : mettre à bandon, c'est mettre à permission, à autorité ; c'est donc remettre, céder, confier, laisser aller et finalement délaisser.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

abandon

ABANDON. n. m. État d'une personne, d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans le plus affreux abandon. Il mourut dans l'abandon. Il laisse sa maison dans un abandon, dans un état d'abandon qui en augmente tous les jours la dégradation. Il est dans l'abandon de Dieu.

Il signifie aussi Action d'abandonner. Son absence et l'abandon de sa maison, de sa terre, ont achevé de le ruiner. L'abandon de ses amis l'a consterné.

Il s'emploie de même au sens moral et signifie Oubli blâmable de soi, de ses intérêts, oubli de ses devoirs. Pourquoi cet abandon de vous-même? Cet abandon de vos intérêts nous désole.

Par extension, il signifie Renonciation à la possession, à la jouissance d'une chose. Il a fait sans hésiter l'abandon de sa fortune et même de sa vie. Il consent à l'abandon de ses droits. Le chrétien vit dans un parfait abandon à la Providence, à la volonté de Dieu.

Abandon de biens, en termes de Droit, Acte par lequel un débiteur abandonne tous ses biens à ses créanciers, pour se mettre à l'abri de leurs poursuites. Il a fait abandon de biens. Commissaire à l'abandon de biens. On dit dans le même sens Cession de biens.

ABANDON se dit aussi en parlant des manières, des discours, des ouvrages d'esprit et des productions des arts, pour exprimer une Sorte de facilité, de négligence heureuse qui exclut toute recherche, toute affectation, et ne laisse jamais sentir l'effort, ni le travail. Cette femme a de l'abandon dans ses manières, un gracieux abandon. Il a dans la conversation le plus aimable abandon. On remarque dans le style de cet auteur une sorte d'abandon.

Il se prend quelquefois dans la signification de Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un entier abandon. Il m'a touché par l'abandon qu'il a mis dans ses discours, dans ses confidences.

À L'ABANDON, loc. adv. Sans soin, sans précaution. Ce jardin a été laissé à l'abandon. Tout va à l'abandon.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

abandon


ABANDON, s. m. [2e. longue.] État où est une persone ou une chôse délaissée. Ce mot a donc un sens passif, et se dit sans régime. — D'abord l' Académie ne l'admettait que dans cette manière de parler adverbiale: à l'abandon; mais dans la dernière Édition, elle met: être dans l'abandon; il est dans un abandon général.
   Dans un tel abandon, leur sombre inquiétude.
   Ne voit d'autre recours que leur métier de prude.
       Mol.
À~ l'abandon, adv. aller à l'abandon, laisser à l'abandon, tout est à l'abandon. Acad. — Cette manière de parler ne plaisait pas à l'Auteur des Réflexions, etc. Cependant, dit La Touche, Vaugelas, d' Ablancourt et d'autres bons Écrivains n'ont pas fait difficulté de s'en servir. — Elle paraît n'être que du style familier; et l'usage ne l'a pas assez ennoblie pour la faire entrer dans le style élevé. Cependant laisser à l'abandon est une expression qui pourrait être utile, et elle n'a rien de bâs.
   ABANDON, avec le sens actif et le régime, n'est usité qu'au Palais: ce débiteur a fait l'abandon de tout son bien. Hors du Palais on dit abandonement: faire un abandonement de tous ses biens. Trev. Acad. Il ne fait pourtant pas mal dans la phrâse suivante. "Il y a peu d'hommes qui sachent faire un entier abandon de leurs opinions et de leurs pensées. Journ. de Paris. — Abandon. Voyez ABDICATION.
   ABANDON ne choque pas, il plaît même dans cette phrâse de M. Marmontel. "Vous me désolez, Éraste, avec cet abandon de vous-même. Là, abandonement n'iroit pas si bien. Il est donc à souhaiter qu'abandon soit un peu mieux acrédité par l'usage: il ne déparerait aucun style.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

abandon

Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

abandon

Entsagung, Resignation, Verzichtleistung, Zession, Abkehr, Öde, Verödung, Abandonabandonment, acquiescence, cession, isolation, relinquishment, renunciation, rezignation, surrender, withdrawal, separation, disuse, abdication, assignment, bareness, barrenness, compliance, concession, debt forgiveness, derelict, desertion, desolation, drop, exclusion, make over, neglect, omission, privacy, restraint, retirement, solitude, subjection, submission, withoutafstand, onderwerping, verlatenheid, afstaan, berusting, cessie, concessie, eenzaamheid, gelatenheid, losheid, ongegeneerdheid, toegeving, verlating, vrijmoedigheid, woestheid, afzondering, isolement, (het) opgeven, (het) verlaten, afzien (van), in de steek laten, overgave, ontruimingגלמודיות (נ), הזנחה (נ), הינטשות (נ), הינתקות (נ), הפקרה (נ), ויתור (ז), זניחה (נ), נטישה (נ), נטש (ז), נעזבות (נ), נשירה (נ), עגינות (נ), עזיבה (נ), שיממון (ז), שמיטה (נ), הַפְקָרָה, וִתּוּר, נְטִישָׁה, נְשִׁירָה, עֲגִינוּת, עֲזִיבָה, שְׁמִיטָה, שִׁמָּמוֹןafstand, alleenheid, berusting, eensaamheidεγκατάλειψη, εγκαταλειμμένοςcedo, delaso, dezerteco, forlasiteco, forlaso, nekaŝemo, rezignacio, rezigno, senĝeneco, soleco, submetiĝoabandono, cesión, resignacióntaumleysiabbandono, cessione, rinunciabez opieki, na łasce losu, opuszczać, opuszczenie, samotność, zaniedbanieabdicação, cessão, submissãoensamhetизоставяне放棄포기 (abɑ̃dɔ̃)
nom masculin
1. fait de ne plus s'occuper de abandon d'enfant
sans soin, sans entretien un jardin laissé à l'abandon
2. action de quitter un lieu abandon du domicile conjugal
3. fait de renoncer à qqch abandon d'un projet
4. refus de continuer une épreuve sportive gagner par abandon
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

abandon

[abɑ̃dɔ̃] nm
(action d'abandonner) [conjoint, animal domestique] → abandoning; [projet, activité, fonctions, ambitions] → giving up
(situation d'une personne abandonnée)abandonment
(SPORT)withdrawal
(fig) [pose] → relaxation
avec abandon [danser] → without a care in the world; [s'amuser, rire] → without restraint
être à l'abandon → to be in a state of neglect
laisser à l'abandon → to neglect
abandon de famille nmdesertion of one's family
abandon de poste nmdesertion of one's post
abandon du domicile conjugal nmdesertion of the marital home
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005