peine

peine

n.f. [ lat. poena ]
1. Douleur morale : Son décès a plongé toute la famille dans la peine affliction [sout.] chagrin, tristesse ; joie
2. Effort pour venir à bout d'une chose pénible : Il s'est donné beaucoup de peine pour réussir ce concours 1. mal difficulté
3. Châtiment infligé par Dieu au pécheur ; damnation : Les peines de l'enfer.
4. Punition appliquée à qqn pour une infraction à la loi ; sanction : La coupable risque une peine de prison condamnation
Remarque: Ne pas confondre avec un pêne ou une penne.
Avoir de la peine à,
parvenir difficilement à : Nous avons de la peine à suivre ses explications.
Ce n'est pas la peine,
cela ne sert à rien, c'est inutile.
Donnez-vous la peine de,
veuillez : Donnez-vous la peine d'entrer.
En être pour sa peine,
ne rien obtenir en échange de ses efforts.
Être bien en peine de,
être fort embarrassé pour : Je suis bien en peine de vous dire s'il acceptera.
Être comme une âme en peine,
se sentir triste et désemparé.
Homme, femme de peine,
personne qui fait les travaux pénibles.
Mourir à la peine,
en travaillant.
Se mettre en peine,
se faire du souci ; s'inquiéter : Ne vous mettez pas en peine pour nous, nous finirons par trouver une solution.
Sous peine de,
sous la menace de telle sanction : Défense de stationner sous peine de mise à la fourrière ; fig., pour éviter tel événement fâcheux : Pense bien à enregistrer ton fichier sous peine de devoir tout recommencer.
Valoir la peine,
être important, digne d'intérêt : Ce film vaut la peine d'être vu ; justifier le mal que l'on se donne : Même si nous ne sauvons qu'une personne, cela vaut la peine d'essayer.

à peine

loc. adv.
1. Depuis très peu de temps : À peine était-il arrivé que le téléphone sonna.
2. Presque pas ; tout juste : Elle peut à peine parler.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

PEINE

(pè-n') s. f.
Ce qu'on fait subir pour quelque chose jugée répréhensible ou coupable.
Les dieux ne tardèrent guère à faire payer la peine de ce crime à celui qui en était l'auteur [VAUGEL., Q. C. III, 13]
Tu redoubles ta peine avec cette insolence [CORN., Médée, V, 7]
Vous qui savez son crime, ordonnez de sa peine [ID., Nicom. V, 7]
Enfin je l'ai fait fuir, et sous ce traitement De beaucoup d'actions il a reçu la peine [MOL., Amph. I, 2]
Il [Jésus-Christ] a porté en sa personne la peine de mes iniquités [PASC., Prière.]
Les hommes portèrent la peine de s'être soumis à leurs sens [BOSSUET, Hist. II, 2]
Pour y subir la peine de leur infidélité [ID., ib. II, 9]
Où a-t-on pris que la peine et la récompense ne soient que pour les jugements humains, et qu'il n'y ait pas en Dieu une justice dont celle qui reluit en nous ne soit qu'une étincelle ? [ID., Anne de Gonz.]
Il est essentiel que les peines aient de l'harmonie entre elles, parce qu'il est essentiel que l'on évite plutôt un grand crime qu'un moindre, ce qui attaque plus la société que ce qui la choque moins [MONTESQ., Esp. VI, 16]
Les peines pécuniaires ne peuvent-elles pas se proportionner aux fortunes, et enfin ne peut-on pas joindre l'infamie à ces peines ? [ID., ib. VI, 18]
Lorsque la peine est sans mesure, on est souvent obligé de lui préférer l'impunité [ID., ib. VI, 13]
L'expérience a fait remarquer que, dans les pays où les peines sont douces, l'esprit du citoyen en est frappé, comme il l'est ailleurs par les grandes [ID., ib. 12]
Un juge qui, autorisé par la loi à punir d'une moindre peine, prononce la peine de mort, est un assassin et un barbare [VOLT., Pol. et lég. Relat. mort chev. de la Barre.]
J'étais plein de la lecture du petit livre des Délits et des Peines, qui est en morale ce que sont en médecine le peu de remèdes dont nos maux pourraient être soulagés [ID., Pol. et législ. Comm. sur délits et peines, Occasion.]
Quand M. Beccaria fut applaudi pour avoir démontré que les peines doivent être proportionnées aux délits [ID., Dictionnaire philos. Supplices]
Je ne lui dissimulai pas [à Beccaria, auteur du livre des Délits et des Peines] que je n'étais pas de son avis sur la conclusion qui tend à proscrire la peine de mort pour quelque crime que ce puisse être [DUCLOS, Œuv. t. VII, p. 201]
Courir à sa peine, courir au châtiment.
Qui se venge à demi court lui-même à sa peine [CORNEILLE, Rodog. V, 1]
Peine arbitraire, celle dont l'application est laissée à l'arbitrage du juge. Peine arbitraire, se dit aussi de celles qu'on fait subir par abus d'autorité, et sans qu'elles soient prononcées par une loi. En théologie, peine du sens, les douleurs que souffrent les damnés dans l'enfer. Peine du dam, celle que la privation de la vue et de la jouissance de Dieu fait souffrir. Les peines éternelles, les peines de l'enfer, celles que les damnés souffrent en enfer ; les peines du purgatoire, celles que les âmes souffrent dans le purgatoire. Âme en peine, âme qui souffre dans l'enfer ou dans le purgatoire.
Hé ! ne nous faites point de peur, monsieur ; si votre âme est en peine.... [DANCOURT, Diable boit. SC. 17]
Familièrement. Il est comme une âme en peine, il est très inquiet.
Il avait l'air d'un homme dont l'âme est en peine ; il descendait d'un pas mal assuré [MARIVAUX, Pays. parv. part. 2]
Sous peine de, en encourant la peine de. Sous peine d'amende, d'une amende.
Un arrêt qui défendait à César, sous peine de punition, de faire aucune libéralité contraire aux lois [VERTOT, Révol. rom. XIV, 313]
Fig.
Un poëte dramatique est obligé sous peine de chute.... [D'ALEMB., Œuv. t. V, p. 429]
Sous peine de la vie, en encourant la perte de la vie.
On ordonnait sous peine de la vie à tous les citoyens de sortir en armes hors de leurs maisons [VOLT., Louis XV, 21]
Sous peine de mort, même sens. Cela fut défendu sous peine de mort. Fig.
Leur ordonner, sous peine de mort, la participation à votre corps et à votre sang [MASS., Carême, Communion.]
En jurisprudence, sous les peines de droit, en encourant les peines portées par la loi. Sur peine, dans le même sens (locution qui n'est plus aussi usitée que sous peine).
On ne doit de rimer avoir aucune envie, Qu'on n'y soit condamné sur peine de la vie [MOL., Misanthr. IV, 1]
On les a obligés, sur peine de péché mortel.... [PASCAL, Provinc. v.]
Voulez-vous savoir des nouvelles de Rennes.... on a chassé et banni toute une grande rue, et défendu de les recueillir [les habitants] sur peine de la vie [SÉV., 30 oct. 1675]
À peine de, même sens.
Vous avez obligé les prêtres à les absoudre sur une opinion probable, à peine de péché mortel [PASC., Prov. VI]
Quand on les voulut forcer à y souscrire, à peine de perdre leurs prébendes.... [ID., ib. XIX.]
Les parties contestèrent devant le roi, et s'engagèrent de part et d'autre, à peine de la vie, à justifier leurs prétentions par les termes de la loi de Moïse [BOSSUET, Hist. I, 9]
En peine de, sous peine de (inusité aujourd'hui).
Le péril en est grand, courons-y toutefois ; Une prison si belle est trop digne d'envie ; Puissé-je vous devoir plus que je ne vous dois, En peine d'y languir le reste de ma vie ! [CORN., Poés. div. Madrigal.]
Familièrement. et fig. Pour peine de, en châtiment de (avec une nuance de plaisanterie).
Il faut un peu que je vous dise des nouvelles de nos états pour votre peine d'être Bretonne [SÉV., 5 août 1671]
Souffrance physique ou morale. Les peines du corps, de l'esprit.
Ses chagrins le rendaient pourtant méconnaissable.... Tant la peine et l'amour l'avaient défiguré ! [LA FONT., Filles de Minée.]
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à penser De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines [ID., Fabl. IX, 2]
Mon cœur souffre, à vous voir, une peine incroyable [MOL., Amph. II, 6]
Il faut ces deux choses pour sanctifier, peines et plaisirs [PASC., Lett. à Mlle de Roannez, 6]
Je me repens de vous avoir écrit mes douleurs ; elles vous donneront de la peine quand je n'en aurai plus [SÉV., 21 juin 1671]
J'ai mes peines, j'ai les vôtres encore bien vivement [ID., 13 oct. 1688]
C'est toujours un bien De changer de peine [QUIN., Proserp. II, 1]
Toute votre peine C'est de voir que la paix rend votre attente vaine [RAC., Théb. I, 5]
Peines à la campagne, peines à la ville, peines partout ; celui qui ne connaît pas la peine n'est pas à compter parmi les enfants des hommes [DIDER., Mém. t. I, p. 209, dans POUGENS]
Ne trouves-tu pas que ses longues peines et l'habitude de les sentir ont rendu sa physionomie encore plus intéressante qu'elle n'était autrefois ? [J. J. ROUSS., Hél. IV, 9]
Il n'y a de sûr que la peine, il n'y a qu'elle qui tienne impitoyablement ce qu'elle promet [STAËL, Corinne, XVIII, 5]
Levez donc vos regards vers les célestes plaines, Cherchez Dieu dans son œuvre, invoquez dans vos peines Ce grand consolateur [LAMART., Méditat. I, 7]
Ici-bas la douleur à la douleur s'enchaîne, Le jour succède au jour, et la peine à la peine [ID., ib. I, 2]
Faire peine, causer une souffrance physique ou morale.
On peut tirer du fruit de tout ce qui fait peine [CORN., Pulch. III, 1]
La seule comparaison que nous faisons de nous au fini fait peine [PASC., Pens. I, 1, éd. HAVET.]
il [Adam, après la chute] se fait peine à lui-même, lui qui s'était tant aimé [BOSSUET, Hist. II, 1]
Impersonnellement.
Il me fait peine de.... je souffre à.... Il nous fait peine à présent d'admettre de petites divinités là où nous ne voyons que de grands espaces [CHATEAUBR., Génie, II, V, 3]
Faire quelque peine, causer du déplaisir, déplaire.
Que, dans tout le Thibet, on pense qu'il existe un homme immortel, cela peut faire quelque peine à un philosophe [VOLT., Lett. chinoises, X]
Par politesse et exagération.
Si je ne me faisais une peine de vous importuner trop souvent [J. J. ROUSS., Lett. au curé d'Amberieu, 15 déc. 1763]
Faire peine, en parlant des personnes, exciter une compassion profonde. Ce pauvre homme a l'affliction sur la figure, il me fait peine. Faire de la peine à quelqu'un, lui susciter des difficultés, des embarras, lui faire subir des vexations.
On m'a dit qu'il y a un certain M. Nicolas, qui est procureur du roi de la commission : il vaudrait mieux lui donner double taxe, et qu'il ne nous fit point de peine [CORN., Lett. à Jacques Goujon]
Être dans la peine, être dans le besoin.
En termes de galanterie, les souffrances des amants.
....Que sent-on [dans l'amour] ? Des peines près de qui le plaisir des monarques Est ennuyeux et fade : on s'oublie, on se plaît Toute seule en une forêt [LA FONT., Fabl. VIII, 13]
... J'ai couru partout où ma perte certaine Dégageait mes serments et finissait ma peine [RAC., Andr. II, 2]
Inquiétude, souci, embarras.
Je suis fort en peine de savoir que c'est qui fait aujourd'hui soupirer tous les gens de bien [BALZ., liv. IV, lett. 18]
Voilà, mes chers amis, ce qui me met en peine [CORN., Cinna, II, 1]
C'est mettre un jaloux hors de peine [ID., Sertor. IV, 2]
....Ce n'est pas, seigneur, ce qui me tient en peine [ID., ib. IV, 3]
Ne saurais-tu trouver quelque moyen pour me tirer de peine ? [MOL., Fourber. III, 2]
Ne soyez point en peine où je vais vous mener [ID., Éc. des f. V, 3]
Je suis en peine du jugement que vous ferez de moi [ID., Princ. d'Él. IV, 1]
Il m'ôta de peine en disant.... [PASC., Prov. IX]
La question de fait dont je ne me mets guère en peine [ID., ib. I]
Ne vous mettez point en peine jamais de me faire réponse [SÉV., 4]
Ils lisaient dans ma pensée, et trouvaient que j'étais en peine de vous ; et de quoi veulent-ils donc que je sois en peine ? [ID., 333]
Je suis en peine de vous savoir à Aix, à cause de la petite vérole qui y était [ID., 118]
Je suis en peine du paquet dont vous me parlez [ID., 20]
Elle a été dans des peines de votre santé qui ne sont pas concevables [ID., 6 août 1670]
Telle était l'agréable histoire que nous faisions pour Madame ; et, pour achever ces nobles projets, il n'y avait que la durée de sa vie dont nous ne croyions pas devoir être en peine [BOSSUET, Duch. d'Orl.]
Sans se mettre en peine si.... [FÉN., Tél. X]
Ne soyez point en peine, je ne dirai rien que de vrai [ID., ib. XI]
Je suis en peine de la santé de M. d'Alembert [VOLT., Lett. la Harpe, 4 juin 1777]
Être en peine que, avec le subjonctif, craindre que.
Je ne suis point en peine que vous ne fassiez tout ce qui sera nécessaire pour nous empêcher de tomber dans le panneau [SÉV., 13 août 1687]
J'étais en peine qu'une petite demoiselle représentât le roi [à Saint-Cyr, dans Esther] : on dit que cela est fort bien [ID., 28 janv. 1689]
Être en peine, ne savoir où prendre.
Nous étions en peine d'ornements pour notre chambre [J. J. ROUSS., Ém. II]
Être en peine de sa personne, être fort embarrassé de ce que l'on deviendra.
On me laissa sur le perron, où je demeurai fort en peine de ma personne [LE SAGE, Guzm. d'Alf. I, 5]
Travail, fatigue.
Travaillez, prenez de la peine, C'est le fonds qui manque le moins [LA FONT., Fabl. V, 9]
Toute peine, dit-on, est digne de loyer [ID., ib. XII, 22]
Il est vrai qu'il y a de la peine en entrant dans la piété ; mais cette peine ne vient pas de la piété qui commence d'être en nous, mais de l'impiété qui y est encore [PASC., Pens. XXIV, 61 ter, éd. HAVET.]
Rien n'est égal à l'étendue de ses soins, aux peines qu'il prend [SÉV., 531]
Approche donc et viens ; qu'un paresseux t'apprenne, Antoine, ce que c'est que fatigue et que peine [BOILEAU, Ep. X]
Quand il [Pygmalion] trouvait un homme faux et corrompu, il ne se donnait pas la peine d'en chercher un autre [FÉN., Tél. III]
Quelle horrible peine à un homme qui est sans prôneurs et sans cabale.... de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d'un fat qui est en crédit ! [LA BRUY., II]
Voilà pour votre peine, se dit à un homme de peine, à un ouvrier à qui on donne une gratification. Être en peine de faire, s'occuper à faire (emploi qui a vieilli).
Je veux croire que la Seine Aura des cygnes alors Qui pour toi seront en peine De faire quelques efforts [MALH., VI, 30]
Perdre sa peine, ses peines, travailler inutilement à quelque chose.
J'essayai d'expliquer pourquoi cette union si convenable ne me convenait pas ; j'y perdis ma peine [STAËL, Corinne, XIV, 2]
C'est peine perdue, se dit dans le même sens.
Aussi tout ce qu'elle fit à cet égard fut-il, peu s'en faut, peine perdue [J. J. ROUSS., Confess. V]
C'est peine perdue que l'éloge ou la satire d'un homme en place [D'ALEMB., Lett. à Voltaire, 17 nov. 1762]
En être pour sa peine, ne pas réussir. Mourir à la peine, mourir avant de recueillir le fruit d'un travail long et pénible.
L'homme vertueux qui, sur le trône, a passé sa vie à faire le peu de bien qui dépendait de lui, meurt à la peine, sans avoir jamais su s'il avait un ami sincère [MARMONTEL, Bélis. VIII]
Il se dit aussi, par exagération, de quelque projet qu'on a en tête.
Ah ! je jure que nous en serons vengées, ou que je mourrai en la peine [MOL., Préc. 18]
Plaindre sa peine, voy. PLAINDRE. La chose en vaut bien la peine, elle mérite qu'on ne néglige rien afin d'y réussir. Ironiquement.
Cela valait bien la peine de la déshonorer [SÉV., 420]
En sens contraire, cela n'en vaut pas la peine, ce n'est pas la peine, cela ne mérite pas qu'on en tienne compte.
Viens donc ; et de ce bien, ô douce volupté, Veux-tu savoir au vrai la mesure certaine ? Il m'en faut tout au moins un siècle bien compté, Car trente ans, ce n'est pas la peine [LA FONTAINE, Psyché, II, p. 217]
Cela ne vaut pas la peine d'en parler, voy. PARLER, n° 7. En valoir la peine, se dit aussi des personnes.
Il faut rendre service aux hommes tant qu'on le peut, bien qu'ils n'en vaillent guère la peine [VOLT., Lett. Mme du Deffant, 10 oct. 1760]
Les auteurs d'entre les modernes qui en valent la peine ont été traduits dans notre langue [DIDEROT, Lett. sur la chirurg.]
Par politesse. Prenez la peine de vous asseoir, c'est-à-dire asseyez-vous, je vous prie.
Prenez la peine, monseigneur, de relire l'endroit que vous m'objectez [BOSSUET, Rép. à quatre lettres, 23]
Il a pris la peine de venir me voir, il est venu me voir.
Homme de peine, gens de peine, homme, gens qui, sans avoir un métier déterminé, gagnent leur vie par des travaux pénibles de corps.
Salaire du travail d'un artisan. Il ne faut pas retenir la peine du mercenaire.
Difficulté, empêchement.
Avec fort peu de peine Un flux de pleine mer jusqu'ici les amène [CORN., Cid, II, 7]
On a eu toutes les peines du monde à empêcher Monsieur de passer les nuits à la tranchée, et d'y être à toute heure [PELLISSON, Lett. hist. t. I, p. 203, dans POUGENS]
Comment ? il semble que vous ayez peine à me reconnaître ? [MOL., Pourc. I, 6]
Je n'aurai pas grande peine à m'en défendre [PASC., Prov. XVII]
Vous aviez donc ce joli visage que j'aime tant ; conservez-le tout le plus que vous pourrez : vous auriez peine d'en trouver un pareil [SÉVIGNÉ, 24 juillet 1675]
Le maître de la maison malade d'une fièvre dont le quinquina a eu toutes les peines du monde à le tirer [ID., 12 juillet 1691]
Elle avait tellement perdu les lumières de la foi, que, lorsqu'on parlait sérieusement des mystères de la religion, elle avait peine à retenir ce ris dédaigneux.... [BOSSUET, Anne de Gonzague.]
Quand mon rang fut venu, je n'eus pas de peine à répondre, parce que je n'avais pas oublié ce que Mentor m'avait dit souvent [FÉN., Tél. v.]
On eut bien de la peine à empêcher qu'elle ne fût déchirée [ID., ib. VIII]
Les hommes ont tant de peines à s'approcher sur les affaires [LA BRUY., XI]
Le maréchal de Villeroy avait consenti avec grande peine à un conseil de guerre [SAINT-SIMON, 159, 87]
Avoir de la peine à parler, parler difficilement, en raison de quelque empêchement naturel. Il se dit aussi au fig. Répondez donc, vous avez bien de la peine à parler. Avoir de la peine à marcher, se servir difficilement de ses jambes. Il se dit aussi au fig. Cette affaire, cette entreprise a de la peine à marcher. Telle chose me fait peine à comprendre, j'ai peine à la comprendre (locution vieillie).
Ta libéralité me fait peine à comprendre ; Tu parles de donner quand tu ne fais que rendre [CORN., Héracl. I, 2]
Faire peine à, avec un nom de chose pour sujet, permettre difficilement de (locution vieillie).
Mais dessus ce vieillard plus je porte les yeux, Plus je crois l'avoir vu jadis en d'autres lieux ; Ses rides me font peine à le bien reconnaître [CORN., Œdipe, IV, 4]
Manque de disposition à, de volonté pour.
On a peine à haïr ce qu'on a bien aimé [CORN., Sertor. I, 3]
Si contre lui j'ai peine à croire ces témoins [ID., Nicom. III, 8]
Nous avons considéré, à l'égard des valets, la peine qu'ils ont, quand ils sont gens de conscience, à servir des maîtres débauchés [PASC., Prov. VI]
J'ai peine à contempler son grand cœur [de Charles Ier] dans ces dernières épreuves [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Il eut une peine extrême à m'aborder [FÉN., Tél. X]
Je n'aime point les gens qui renversent les lois de leur patrie : mais j'aurais de la peine à croire que César et Cromwell fussent de petits esprits [MONTESQ., Déf. Espr. lois, part. 1]
On a de la peine à croire que le parlement, en 1621, défendit, sous peine de mort, de rien enseigner de contraire à Aristote [VOLT., Mœurs, 180]
Faire de la peine, se dit d'une chose qui déplaît.
Si l'on eût été moins religieux à le donner tel qu'on le trouvait [le texte de la Bible], et qu'on eût pris la liberté d'y corriger ce qui faisait de la peine [BOSSUET, Hist. II, 13]
Ses fréquentes contradictions [de Rollin dans son Traité des Études] font de la peine au lecteur attentif [L'ABBÉ DESFONTAINES, ]
On dit en termes familiers et avec une nuance d'ironie à quelqu'un qui dit ou fait une sottise : Vous me faites de la peine.
10° À peine, loc. adv. Depuis peu, depuis un moment.
À peine le soleil fait ouvrir les boutiques [BOILEAU, Sat. VIII]
À peine son sang coule et fait rougir la terre, Les dieux font sur l'autel entendre le tonnerre [RAC., Iphig. V, 6]
Seigneur, à peine sur le trône, La crainte, le soupçon déjà vous environne [VOLT., Mérope, III, 6]
La vie eut bien pour moi de volages douceurs ; Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs [A. CHÉN., Élég. VII]
Quelquefois le second membre de phrase prend que.
À peine est-il amant qu'il est amant heureux [QUIN., Rol. III, 6]
Pharnace entrait à peine, Qu'il courut de ses feux entretenir la reine [RAC., Mithr. II, 3]
À peine une résolution était-elle prise, que.... [FÉN., Tel. XVI]
À peine, presque pas. À peine est-il jour. Il a à peine le nécessaire.
À peine parle-t-on de la triste Octavie [RAC., Brit. I, 1]
Elle tombe et ne vit plus qu'à peine [ID., Bajaz. IV, 3]
À peine est-elle jolie au premier aspect, mais plus on la voit et plus elle s'embellit [J. J. ROUSS., Ém. v.]
À peine, tout juste, peu s'en faut.
Ma sœur, l'heure s'avance, et nous serons à peine, Si nous ne retournons, au lever de la reine [CORN., Clit. I, 9]
Elle [Isabelle de France] avait à peine quarante-deux ans, quand l'Espagne la pleura [BOSSUET, Mar.-Thér.]
Le poëme tragique vous serre le cœur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre [LA BRUY., I]
À peine, difficilement.
La victoire entre eux deux n'était pas incertaine ; L'Albain percé de coups ne se traînait qu'à peine [CORN., Hor. IV, 2]
Ils furent à peine arrachés des mains du peuple [BOSSUET, Hist. II, 12]
Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur [RAC., Bérén. I, 3]
Je vous donne un conseil qu'à peine je reçois [ID., Iphig. IV, 4]
Télémaque suivait à peine, regardant toujours derrière lui [FÉN., Tél. VII]
À grand'peine, très difficilement (voy.
pour l'apostrophe [GRAND, n° 22).]
Il rappelle un amour à grand'peine banni [CORN., Polyeucte, III, 5]
À grand'peine, presque pas, tout au plus.
Hélas ! qu'avez-vous fait de cette amour parfaite Que vous me souhaitiez et que je vous souhaite ? S'il vous en reste encor, n'êtes-vous point jaloux Qu'à grand'peine chrétien, j'en montre plus que vous ? [CORN., Poly. II, 6]
11° Sans peine, aisément, sans regret.
Toutes les dignités que tu m'as demandées, Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées [CORN., Cinna, V, 1]
Vous consentez sans peine à ne me plus revoir [RAC., Phèdre, V, 1]
Apprends donc que ton fils, non sans peine, protége Tes remparts impuissants que le Rutule assiége [DELILLE, Énéide, x.]
Avec peine, à regret, difficilement.
Il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune [FLÉCH., Duc de Mont.]
À toute peine, très difficilement.
Mme de Maintenon obtint à toute peine, que la princesse d'Harcourt, qui allait toujours à Marly, n'en fût pas exclue le lendemain [SAINT-SIMON, 64, 71]

PROVERBES

  • Peine de vilain n'est comptée pour rien.
  • À chaque jour suffit sa peine.
  • Nul bien sans peine.
  • Quelquefois la peine passe le plaisir.

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Mult [ils] ont eu et peines et ahans [, Ch. de Rol. XI]
    L'olifan [il] sone à dolur et à peine [, ib. CXXXIII]
    Las est li reis, car la peine est mult grant [, ib. CLXXX]
  • XIIe s.
    Moult m'a amors atornée Douce poine et biau labor [, Couci, I]
    Toute leur paine [ils] ont mise en moi trahir [, ib. XII]
    À paine [je] suis sans mourir eschapés [, ib. XI]
    Grans fust ma joie et ma poene legere [, ib. XVIII]
  • XIIIe s.
    Et li baron en furent si lié [joyeux], que il ne le pooient croire se à peine non [VILLEH., LXXX.]
    Moult orent li baron de peine toute la nuit et toute cele semaine, et li dus de Venise aussi, pour faire la pais [ID., L.]
    Car de paine [douleur] [elle] clochoit com cheval qu'on encloe [, Berte, XXXIII]
    À painnes ert [était] dont [donc] nus preudom Ki conneüst Diu ne son nom [GUI DE CAMBRAI, Barl. et Jos. p. 43]
    Et si n'en reprendrés plus ma parole, car ce seroit paine perdue [, Chr. de Rains, p. 56]
    Li maistres perd sa poine toute, Quand li disciples qui escoute Ne met s'entente au retenir [, la Rose, 2063]
    Resons est que noz parlons des seurtés qui sunt fetes por arbitrages tenir, c'on apele paine [BEAUMANOIR, XLII, 1]
    Cascune justice doit metre paine que li testament qui sont à droit fet, soient tenu et aempli [ID., XII, 27]
  • XIVe s.
    Les poines que l'en impose à ceulx qui pechent et font mal [ORESME, Eth. 38]
  • XVe s.
    Et veux bien que chacun sache que jamais la mer en Angleterre ne repasserai, tant que je aurai ma pleine suffisance du royaume de Castille ; ou je mourrai en la peine [FROISS., II, III, 33]
    Si que nous vous prions et conseillons que vous y veuilliez mettre peine [vous efforcer], et pourchasser son accord pour notre paix et honneur, et nous y mettrons peine avec vous à notre loyal pouvoir [ID., I, I, 73]
    Avoit alors en la ville de Peronne grant garnison de gens du roy Charles.... et faisoient assez paine aux gens du duc Jehan [FENIN, 1417]
  • XVIe s.
    Sous peine de damnation eternelle [CALV., Instit. 945]
    Il feit crier que ung chascun, sus poine de la hart.... [RAB., Garg. I, 26]
    Madame, attendez moy icy, je les voys querir moy mesme, n'en prenez la poine [ID., Pant. II, 21]
    Calvin se conduisit tellement au gouvernement de l'Eglise, qu'il mit peine que rien ne demeurast en arriere [BÈZE, Vie de Calvin, p. 54]
    Espoir de gain diminue la peine [LEROUX DE LINCY, t. II, p. 298]
    Mettre en peine ses amis [leur donner de l'inquiétude] [MONT., I, 95]
    Il ne se pouvoit garder, s'il passoit prez d'une boutique où il y eust chose de quoy il eust besoin, de la desrobber, en peine de [quitte à] l'envoyer payer aprèz [ID., II, 72]
    Ils estoient si durcis à la peine [fatigue].... [ID., II, 96]
    Il vouloit voir le soleil de prez, peine d'en estre bruslé soubdainement [ID., I, 243]
    À peine [difficilement] me feroit on accroire que.... [ID., II, 246]
    Vostre lettre par où j'ay sceu de vostre santé m'a esté ung merveilleux plaisir, pour autant que j'en estois en peyne [MARGUER., Lett. 4]
    Madame a esté merveilleusement malade ; vous povez penser la paine et l'ennuy que ce nous a esté ! [ID., ib. 11]
    De sorte que jà à male peine pouvans soustenir ceulx qu'ilz avoient sur les bras.... [AMYOT, Marcel. 15]
    Il y avoit plusieurs autres signes et presages celestes, qui d'ailleurs le tenoient en peine [ID., ib. 46]
    Il en jetta l'ung dedans les carrieres où l'on mettoit les criminels et serfs de peine [ID., De la tranq. d'âme, 25]
    Nul pain sans peine [COTGRAVE, ]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourg. pone ; picard, peigne, poine ; wallon, pônn ; Berry, poine ; prov. esp. et ital. pena ; du lat. poena ; suivant les uns du même radical grec (avec aspiration) que, meurtre : proprement le prix du sang ; suivant d'autres, tenant au sanscrit pu (u long), purifier.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

peine

PEINE. n. f. Souffrance infligée pour une faute commise; châtiment, punition. Il a commis la faute, il en portera la peine. Ce bannissement est la peine de son crime. On ordonne cela sous peine de la vie. Peine corporelle, capitale, afflictive, infamante, pécuniaire. Prononcer, appliquer, infliger une peine. Subir une peine. Proportionner les peines aux délits. Établir, déterminer des peines. Condamner à une peine. Encourir une peine. Il y a peine de mort contre ceux qui contreviendront à cet ordre. L'abolition de la peine de mort. Cela est défendu sous peine d'une amende, sous peine d'amende. La peine du talion. Le maximum de la peine.

En termes de Jurisprudence, Sous les peines de droit, Sous les peines portées par la Loi. La réimpression de ce livre avait été défendue sous les peines de droit.

En termes de Théologie, La peine du sens, Les douleurs que les damnés souffrent par les tourments de l'enfer. La peine du dam, Ce que la privation de la vue de Dieu leur fait souffrir. Les peines éternelles, Ce que les damnés souffrent en enfer. Les peines du purgatoire, Ce que les âmes souffrent dans le purgatoire.

Âme en peine, Âme qui subit les peines de l'enfer ou du purgatoire.

Fig. et fam., Il est comme une âme en peine, c'est une âme en peine se dit d'un Homme fort inquiet, très tourmenté de quelque chose.

PEINE signifie aussi Douleur, affliction, souffrance physique ou morale, sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l'esprit. Peines de coeur. Les peines de la vie. C'est de lui que sont venues mes plus grandes peines. Je n'ai jamais éprouvé une peine si cruelle. Il m'a fait une grande peine, bien de la peine. Cela fait peine. Cela fait peine à voir. Adoucir, partager les peines de quelqu'un. Consoler quelqu'un dans la peine. Cacher ses peines.

Être dans la peine, Être dans l'affliction. Il signifie aussi Être dans le besoin, dans une grande pénurie.

PEINE signifie encore Inquiétude d'esprit. J'étais fort en peine de ce qu'il était devenu. Vous m'avez tiré de peine. Me voilà hors de peine. On est extrêmement en peine de lui. Je suis en peine de n'avoir point de ses nouvelles. Les dernières nouvelles que j'ai reçues me mettent fort en peine. Il ne se met guère en peine de ce qui peut lui arriver.

PEINE signifie aussi Travail, fatigue, effort qui coûte. Il n'a pas fait cela sans peine. Il n'a ouvert cette porte qu'avec peine. Sa peine n'a pas été inutile, n'a pas été infructueuse. Puisque je vous ai obligé, je ne regrette pas ma peine. Je voudrais vous épargner cette peine. Prendre, se donner de la peine, bien de la peine. Il ne se donna pas la peine d'y penser. Cela ne demande pas, n'exige pas beaucoup de peine. Vous n'aurez pas grande peine à faire cet ouvrage. Je n'y ai pas eu grand-peine.

Prov., Toute peine mérite salaire. À chaque jour suffit sa peine.

Faire une chose sans peine, La faire facilement et, par extension, La faire de bon coeur.

Mourir à la peine, Mourir après avoir travaillé jusqu'au bout au succès d'une oeuvre ou d'une entreprise. Il est mort à la peine avant d'avoir vu l'achèvement de l'oeuvre à laquelle il s'était consacré.

Fig., Je réussirai dans cette entreprise, ou je mourrai à la peine, Je ne veux point me désister de ce que j'ai entrepris, rien ne m'y fera renoncer.

Perdre sa peine, ses peines, Travailler inutilement à quelque chose. On dit dans le même sens : C'est peine perdue.

Plaindre sa peine. Voyez PLAINDRE.

En être pour sa peine, Ne pas réussir dans un travail, dans une entreprise.

Voilà pour votre peine se dit à Quelqu'un à qui l'on donne un pourboire.

Pour la peine, En récompense, en remerciement, en dédommagement.

Par politesse, Prenez la peine, donnez-vous la peine de faire cela, Je vous prie de faire cela. Il a pris la peine de venir me voir, Il est venu me voir.

Fam., La chose en vaut bien la peine, La chose mérite qu'on ne néglige rien afin d'y réussir. On dit dans le sens contraire : Cela n'en vaut pas la peine, ce n'est pas la peine. Ce n'est pas la peine d'attendre si longtemps pour si peu de chose.

Fam., Cela ne vaut pas la peine d'en parler, se dit d'une Chose qui est peu importante, ou à laquelle on veut paraître attacher peu d'importance. Il se dit aussi ironiquement pour souligner l'importance de la chose dont on parle. Il ne lui a volé qu'un million; c'est un rien : ce n'est pas la peine d'en parler.

En valoir la peine se dit aussi des Personnes. Presque tous les auteurs étrangers qui en valent la peine ont été traduits en français. Vous avez tort de vous occuper de lui, il n'en vaut pas la peine.

Un homme de peine, des gens de peine, Celui, ceux qui gagnent leur vie en exécutant de gros ouvrages.

PEINE se dit aussi des Difficultés, des obstacles que l'on trouve à quelque chose. Il aura bien de la peine à gagner ce procès. Il a eu beaucoup de peine à faire sa fortune, à venir à bout de cette tâche. Il aura de la peine à me convaincre. J'ai peine à voir clair dans tout ceci. Je n'ai pas de peine à vous croire.

Avoir de la peine à parler, Avoir de la difficulté à parler par quelque empêchement naturel. On le dit aussi figurément. Répondez donc; vous avez bien de la peine à parler.

Avoir de la peine à marcher, Se servir difficilement de ses jambes. On dit figurément : Cette affaire; cette entreprise a bien de la peine à se mettre en train.

PEINE se dit encore de la Répugnance d'esprit qu'on a à dire ou à faire quelque chose. J'ai de la peine, j'ai peine à lui annoncer une si fâcheuse nouvelle.

À PEINE, Locution adverbiale qui a différentes significations, selon les différentes façons de parler avec lesquelles on l'emploie.

Elle sert à désigner Le peu de temps qui s'est écoulé, depuis que la chose dont on parle est arrivée. À peine est-il hors de son lit, à peine il est hors du lit; À peine sommes-nous entrés, Il ne fait que sortir du lit; Il n'y a qu'un moment que nous sommes entrés. À peine le soleil est-il levé, on se met en marche. Dans ce cas, on met quelquefois que au commencement du second membre de la phrase. À peine le soleil était-il levé, à peine le soleil était levé qu'on aperçut l'ennemi.

On s'en sert aussi dans la signification de Presque pas; on dit, par exemple : À peine est-il jour, à peine a-t-il le nécessaire, à peine sait-il lire, Il n'est presque pas encore jour, il n'a presque pas le nécessaire, il ne sait presque pas lire. On dit de même : Cela est à peine indiqué, à peine esquissé. Il a à peine touché à ce point dans son discours. Il nous regarde à peine.

À PEINE signifie aussi Difficilement. On peut à peine passer dans cet étroit couloir. À peine y voit-on assez pour se conduire. On trouverait à peine de l'eau pour boire. À peine si on peut le comprendre.

À grand-peine, Très difficilement. À grand- peine lui persuaderez-vous cela.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

peine

Peine, f. penac. Chasty pour mesfait, soit pecuniaire, qu'on dit amende, Multa, soit corporelle, Poena, du Grec poinê. Il se prend aussi pour travail de corps, Labor. Il a bien de la peine à faire cela, Multum laboris exanthlat in ea re agenda. Et pour la fatigue, Opera, comme, Voila un escu pour vostre peine, Pro opera quam nauasti, aureus hic nummus tibi merces esto. Penar Espagnol, pener, travailler, mettre peine à faire quelque chose.

A peine, adverb. Vix.

Peine et travail, soit de corps ou d'esprit, Labor.

Peine qu'on prend à faire quelque chose, Nisus huius nisus.

Plus grande peine et travail, Maior opera.

Une honneste peine qu'un amy prend pour appointer deux parties, Opera honoraria.

Peine perduë, Labor cassus, Poenae irritae, Capti conatus frustra.

¶ Peines terribles et cruelles, Crudeles poenae.

Peine de mort, Supplicium.

Peine commise, Sponsio commissa. B.

A peine de la cause, si partie n'est sans tiltre, Sponsionem facere in summam causae non recuso, ni aduersarius sine titulo possideat. Budaeus.

Peine indicte par l'ordonnance, Mulcta a sanctione indicta. B.

Une peine commune, Poena translatitia et frequens. B.

Une peine anciennement ordonnée, par laquelle pour un membre rompu on rompoit le mesme à celuy qui avoit fait l'exces, Talio.

Action qui emporte comdemnation de peine ou corporelle, ou pecuniaire, outre l'interest de la partie, Actio poenaria.

Sur certaine peine corporelle, Capitali sanctione.

Faire inhibition et defenses de par la Cour sur certaines et grandes peines, Mulctam grandem interminari, Mulctam dicere verbis Curiae, siquid contra interdicta factum fuerit, Denuntiari multam, nisi decreto pareatur. Bud.

La plus grande peine qu'il est possible, Supplicium supremum.

¶ A peine que je ne die, Ne dicam.

A peine aime il aucun, Non fere quenquam amat.

A peine avoit il achevé le mot, qu'il s'en alla, Cum dicto abiit.

A grande peine avoy-je dit la moitié que, etc. Vix dum dimidium dixeram, etc.

A grande peine, Haud ferme, AEgre, Difficulter, Vix.

A fort grand peine, AEgerrime.

A grande peine trouverez vous un homme fidele aux femmes, Fidelem haud ferme mulieri inuenias virum.

A grande peine viennent ils à bien, Haud temere vnquam perueniunt ad frugem.

Il vivoit à grande peine et travail, Vitam duriter agebat.

A grande peine se tindrent ils qu'ils, etc. Vix temperauere animis quin, etc.

Encore à grande peine vivons nous, Vix ita tamen viuimus.

Avec peine et travail, Operose, Laboriose.

Avec grand peine et travail mettre quelque chose au devant de quelque lieu qu'on y puisse passer, Obmoliri.

Sans peine, Facile, Nullo labore, Sine labore, Nullo negotio, E facili.

Non pas sans peine, Non sine negotio.

¶ Les loix ont defendu cela sur peine de la teste, Capitale leges fecere istud.

Sur peine de la teste, Sub poena capitis.

Il y a peine de mort, Capitale est.

¶ Chose où il n'y a point eu de peine à le faire, Illaborata res.

Avoir des biens sans peine, Fructus illaborati offerunt sese, et sponte proueniunt. B. ex Quintil.

C'est grande peine et travail de naviger, Negotium magnum est nauigare.

C'est peine gaignée, Compendium operae est.

¶ Aider de toute sa peine, Operam suam alicui commodare, Nauare operam.

Apposer peine à ceux qui rompront l'alliance, Ascribere poenam foederi.

Bailler peine, ennuy et fascherie à quelqu'un, Labori esse alicui, Laborem imponere.

La terre baille grande peine aux laboureurs. Exhibet terra laborem difficilem colonis.

Constituer peine exemplaire, Exemplum prodere subaudi posteris.

Se delivrer de la peine et soing où on est, Cura defungi.

Remettre la peine, Concedere impunitatem.

Diminuer la peine, De supplicio remittere.

Employer sa peine et son labeur en quelque chose, Consumere operam in re aliqua, vel impendere.

Employer toute sa peine à la Philosophie, Omnem operam ad Philosophiam conferre.

Il ne s'ensuit pas qu'on deust employer si grande peine en cecy, et y tant travailler, Tantum studium in eo ponendum non arbitrabatur.

Employer bien sa peine, Bene ponere operam, Pulchre locare operam.

Tu as fort bien employé ta peine, Locasti optime operam.

Peine bien employée, Bene posita opera.

Toute ma peine est employée és affaires et negoces de mes amis, In periculis amicorum versatur labor meus.

Encourir une peine indicte, Mulctam facere.

Endurer peine de mort, Pati supplicium.

Corps qui ne peuvent nullement endurer peine, Intolerantissima laboris corpora.

Cestuy endura cette peine, etc. Is poenam hanc maternae temeritatis tulit, vt praeberet, etc.

Eschapper la peine qu'on avoit gaignée pour quelque tort fait, Lucrifacere iniuriam.

Qu'il estime autant leur peine et labeur, Perinde eorum operae pretium faciat.

Exempter de peine, A labore vindicare.

Loüer sa peine à aucun pour faire quelque ouvrage, Locare operam suam alicui.

Loüer sa peine à espuiser des puits, Operam oblocare ad puteos exhauriendos.

Il loüa sa peine à un boulengier pour tourner les meules, Ad circumagendas molas operam pistori locauit.

Mettre peine, Aduigilare, Operam dare, Operam ponere in re aliqua, Cum aliquo incumbere, Operam addere, Studere, Operam ad rem aliquam, aut in re aliqua sumere, Operam et laborem dependere, et impendere.

Mettre peine de sauver aucun, Contendere de salute alicuius.

Mettre peine de contregarder sa santé, Diligentiam in valetudinem suam conferre.

Mettre peine à acquester biens, Operam rei dare.

Mettre peine à l'estude, Accommodare curam literis.

Mettre toute sa peine à estudier, In studia incumbere.

Mets peine que tu te portes bien, Cura vt valeas.

Je mets peine à cela, que, etc. Illud laboro, vt, etc.

J'ay mis peine qu'il ne t'emmenast point, Ne te abduceret dedi operam.

Il met peine que cela se face, Id agit vt hoc fiat.

On a mis peine de complaire au peuple, Plebi summa ope inseruitum est.

On y mettra peine, Dabitur opera.

En y mettant peine de te faire service, etc. Dum studeo obsequi tibi.

Mettant peine de garder l'honneur qu'ils avoyent acquis le jour de devant, Ipsius ad obtinendum hesternum decus adnitentibus.

Mettre toute sa peine à cercher, Collocare se totum in exquirendo.

Mettre toute sa peine à tenir ferme contre quelque chose, Obniti.

On mit toute la peine qu'on peut à se battre, Omni contentione pugnatum.

Il faut mettre peine, Opera danda est.

Mettre quelqu'un hors de peine, Levare laborem alicui.

Payer la peine deuë à ses meschancetez, Sceleris poenas persoluere.

Pardonner la peine, Poenam remittere.

Perdre sa peine, Operam conterere, siue Perdere, Apros in mari venari, Actum agere, Frustrari laborem, Ludere operam, Mortuo verba facere, Cribro aquam haurire, Sumere operam, Sumere operam frustra, Nihil agere, Operam ludos facere, In aere piscari.

Perdre ce qu'on a mis à faire quelque chose, et sa peine, Oleum et operam perdere.

Ne perdre pas sa peine à faire plaisir à aucun, Bene ponere officium et studium apud aliquem.

La peine est perduë, Periit opera.

C'est peine perduë, Verba fiunt mortuo.

¶ Porter et souffrir la peine de quelque meschanceté, Satisfaire à la peine, Expendere scelus, Expendere poenas sceleris, Supplicia expendere.

¶ Voyant qu'il ne pouvoit porter et endurer la peine de la guerre, Quum laborem belli ferre non posset.

Prendre peine, Sumere operam, Labores subire, Poenas capere, Laborem capere, Laborare, Suscipere laborem, Laborem sumere.

Prendre grande peine, et fort travailler à faire quelque chose, Elaborare, Exantlare, vel exhaurire labores in re aliqua, Labores magnos capere, siue excipere.

Prendre peine de soy-mesme, Laborem sibi iniungere, vel imponere.

Prendre la peine d'enseigner aucun, Dare se alicui ad docendum.

Prendre aussi grande peine et travail l'un que l'autre, Niti pari iugo.

Tu prends trop pour ta peine, Nimium preciosa operaria es.

Prester sa peine à quelqu'un en quelque fait, Dicare aliquam operam alteri, Operam suam alicui commodare.

Quitter la peine, Ignoscere.

Je ne refuse aucune peine, Nullam deprecor poenam.

Remettre la peine, Impunitatem concedere, vel dare.

Satisfaire à ses peines par le sang des innocens, Maculas suorum furtorum et flagitiorum, sociorum innocentium sanguine luere.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

peine


PEINE, s. f. PEINER, v. act. et neut. [Pène, péné: dans le premier, la 1re è moy. la 2e e muet: dans le 2d, 2 é fer.] Peine est, 1°. sentiment de quelque mal dans le corps ou dans l'esprit. "Les peines du corps sont plus aisées à suporter que les peines de l'esprit. = 2°. Châtiment, punition. "La peine surpassait le crime. = 3°. Travail, fatigue. "Je n'en suis pas venu à bout sans peine. "Je le ferai, ou je mourrai à la peine. — Homme de peine, qui gâgne sa vie par un travail pénible de corps. = 4°. Dificulté, obstacle. "Vous aurez beaucoup de peine à gâgner ce procês. = 5°. Répugnance qu'on a à dire, ou à faire quelque chôse. "J'ai eu bien de la peine à me charger d'une telle comission. = Suivant M. l'Ab. Roubaud, vous avez peine à faire la chose à laquelle vous répugnez naturellement: vous avez de la peine à faire ce que vous ne faites qu'avec plus ou moins de dificulté. — On a peine à croire ce que l'esprit rejette de lui-même: on a de la peine à croire ce qu'on ne se persuade pas aisément. Dans le premier câs, il y a une répugnance ou un préjugé à vaincre: dans le second, vous trouvez des dificultés ou des embarras à lever, etc. Nouveau Synon. Franç.
= 6°. Inquiétude d'esprit. "Être en peine. "Je suis en peine de savoir ce qu'il deviendra, à quoi cela aboutira.
   Rem. 1°. Ménage veut qu'on dise sur peine de la vie, et non pas sous peine. L'Acad. dit l'un et l'aûtre, et aussi à peine. "On lui a ordoné cela sur peine, sous peine, à peine de la vie. — Bossuet, qui emploie indiféremment les deux premiers, dit aussi à peine de mort, qu'on ne dit pas aujourd' hui; et dans un aûtre endroit, à peine d'être convaincu d'une obscurité afectée. — Les Auteurs sont partagés: les uns disent sous peine, les aûtres sur peine de la vie: je ne me souviens pas d'avoir vu dans aucun, à peine de la vie. = Remarquez au reste, que quoiqu'il y ait plusieurs peines exprimées, on dit toujours sous peine, au singulier, et non pas sous peines au pluriel. "Il fut enjoint aux Membres du Clergé, de prêter le nouveau serment... sous peines d'être suspens pour six mois, et d'être totalement privés de leurs places, etc. TARGE, Traducteur de Smollet.
   2°. À~ peine est tantôt adverbe, tantôt conjonction. "Télémaque suivoit à peine, regardant toujours derrière lui. Fénél.
   Et des vents du midi, la dévorante haleine,
   N'a consumé qu'à peine
   Leurs ossemens blanchis dans les champs d'Arcalon.
       Rousseau.
En prôse, il vaut mieux d'ordinaire dire, avec peine. "Il soufre avec peine une injustice, mais il la pardone. Fléchier. — Cependant à peine, et avec peine ont quelquefois des sens diférens. "Il est à peine arrivé, il ne fait que d'arriver: il est arrivé avec peine, il a eu toutes les peines du monde pour arriver. — Dans ce dernier sens, on dit aussi, à grand'peine. Acad. = À~ peine est plus souvent employé comme conjonction. Il est suivi de que, et régit l'indicatif. "À~ peine suis-je arrivé qu'on m'a apris que, etc. Il se met quelquefois à la tête de la phrâse, soit comme adverbe, soit comme conjonction, et alors on doit mettre le pronom nominatif aprês le verbe. "À~ peine trouvoit-on un morceau de biscuit, qui ne fût pas rempli de vers. Miss. du Paraguai. "À~ peine la fièvre l'eut-elle quité qu'il se remit en marche. Charlev. Hist. du Japon. Mais quand à peine est dans le cours de la phrâse, le pronom personel précède le verbe; et si le sujet est un nom, on ne met point de pronom. "On trouvait à peine, etc. "La fièvre l'eut à peine quité, que, etc. = Quelques Auteurs, et des plus hupés, le P. Bouhours, par exemple, n'ont pas fait cette distinction qu' ordone l'usage. "Il se retiroit la nuit dans quelque masûre, où à peine pouvoit-il se mettre à couvert. Vie de St. Ign. Je crois qu'il falait dire: où il pouvait à peine. — J. J. Rousseau. "Il fit citer tous les donataires, leur redemandant les neuf dixièmes de ce qu'ils avoient reçu, dont à peine leur restoit-il l'autre dixième partie. Trad. de Tacite. — Dont il leur restait à peine, etc. "Quoi, vous voulez que pendant que l'attaque dûre, et qu'à peine avons-nous le tems de respirer, nous mettions à l'eau nos navires. Mde Dacier, Iliade. Dites, qu'à peine nous avons, etc. "Cette grotte n'étoit qu'un creux, où un homme à peine pouvoit-il être debout. Let. Édif. Retranchez il: un homme pouvait à peine, etc. = 3°. Il est essentiel de bien placer cet adverbe; et il faut qu'il se raproche du terme qu'il afecte. Racine n'a pas eu cette atention.
   Du fruit de tant de soins, à peine jouissant,
   En avez-vous six mois paru reconoissant.
       Britanicus.
Qui ne croiroit, dit M. l'Ab. D'Olivet qu'à peine doit se lier avec jouissant, comme si Néron (dont il s'agit) ne faisoit que commencer à jouir; et cependant à peine doit se lier avec le vers suivant: à peine en avez-vous, etc. Rien n'excûse cette inversion. = À~ peine se place aprês le verbe dans les tems simples, et dans les tems composés, entre l'auxiliaire et le participe: "On trouvait à peine de l' eau pour boire. "On eut à peine trouvé, etc. Quand il est à la tête de la phrâse, il est tout simple qu' il précède le verbe: à peine trouvait-on, etc. = 4°. On dit assez indiféremment avoir peine, ou avoir de la peine à faire. L'Acad. ne done d' exemple que du second. "J'aurois peine moi-même à bien danser en votre absence. Voit. "J'aurois beaucoup de peine à m'en pâsser. = Fléchier met de au lieu d'à devant l'infinitif. "Il a d'autant plus de peine de se réconcilier avec ceux qui l' ont fâché, qu'il prend plus de précaution pour ne fâcher persone. — De n'est pas si usité que à, avec avoir de la peine; mais il se joint fort bien avec se mettre en peine, prendre la peine et se doner la peine: "Ne vous mettez pas en peine de ce qui pourra arriver. "Aucun d'eux ne s'est mis en peine d'entendre ce que signifie l'ancienne écriture. Pluche. "Les filles ne se reposoient pas sur leurs gardiens du soin de leur vertu; elles se donoient la peine (ou elles prenoient la peine) d'être sages elles-mêmes. Marm. = Être en peine a le même régime des noms et des verbes. "J'étois fort en peine de vous et de votre mari. Sév. Je fus en peine qui la pouvoit avoir faite, dit Voiture. Il sous-entend de savoir. = Tirer de peine régit l'acusatif, et porter la peine le génitif. "Je vous suplie de me tirer de peine. VOIT. "L'Auteur est embarrassé: il ne faut pas qu'un Saint Évêque en porte la peine. BOSS. = Perdre sa peine, travailler inutilement. = La chôse en vaut bien la peine, ou n'en vaut pas la peine, est, ou, n'est pas assez considérable. * De retrancher en dans ces façons de parler, c'est un gasconisme. Desgr. C'en est un aussi de dire éviter pour, épargner la peine. "Évitez-vous, ou, je voudrois vous éviter la peine de venir. ID. = Prenez la peine de me venir voir, je vous prie de, etc.
   PEINER, actif, se dit des chôses. Faire de la peine. "Votre situation me peine extrêmement. "Cette nouvelle m'a beaucoup peiné. "Ce travail vous peinera trop. Acad. = Il me semble qu'il se dit plus souvent des peines de l'esprit que de celles du corps. = Suivant l'Acad. Il signifie aussi travailler beaucoup et dificilement ce qu'on fait: "Ce Poète, ce Peintre peine beaucoup ses ouvrages. = Neutre, il se dit des persones, des animaux et des choses inanimées. Avoir de la peine, travailler avec efort. "Ces bateliers, ces chevaux peinent beaucoup à remonter la rivière. Le fameux Chapelain peinoit beaucoup lorsqu'il faisoit des vers. = Cette poutre peine beaucoup; peine trop: elle est chargée d'un trop grand fardeau.
   PEINÉ, ÉE, partic. et adj. "Je suis vraiment peiné d'avoir doné de fausses espérances à, etc. Th. d'Éduc. = Ouvrage peiné, travaillé avec éfort et pesamment. On dit dans le même sens, style peiné, écriture peinée, mais on ne dit pas un homme peiné, DICT. NÉOL. excepté chez les Ascétiques, qui parlent beaucoup des persones peinées et scrupuleuses.
   *PEINEUX, s'est dit autrefois pour peiné, qui a de la peine. La Bruyère le regrette. "Valeur, dit-il, devoit nous conserver valeureux, peine, peineux, etc. Voy. PENAUD. = On ne dit plus que chez le peuple, la semaine peineuse, la Semaine Sainte.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

peine

nom féminin peine
1.  Ce qui réprime une infraction.
3.  Gêne pour faire quelque chose.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

peine

Strafe, Ärger, Bemühung, Bestrafung, Betrübnis, Gram, Harm, Mühe, Mühsal, Schmerz, Verdruß, Versuch, Weh, Kummer, Leidpunishment, penalty, grief, pain, ache, attempt, effort, sorrow, annoyance, disappointment, unhappiness, distress, endeavour, exertion, retribution, soreness, trouble, troubled, vexation, sentence, timeverdriet, moeite, straf, pijn, bestraffing, poging, wee, zeer, leed, smart, zorg, hartzeer, ergernisאנינות (נ), דאבה (נ), התענות (נ), התעצבות (נ), חבל (ז), טרחה (נ), יגון (ז), מכאוב (ז), נכאים (ז״ר), עגמה (נ), עונש (ז), עיצבון (ז), עמל (ז), ענות (נ), ענישה (נ), עצב (ז), צער (ז), צרה (נ), תוגה (נ), הִתְעַצְּבוּת, טִרְחָה, יָגוֹן, עָמָל, עֹנֶשׁ, עֶצֶב, צַעַרmoeite, poging, pyn, strafadolorar, dolor, malbolení, bolest, zármutekforsøg, smerte, straf, sorgπόνος, ποινή, θλίψηĉagreno, doloro, klopodo, peno, punodolor, afán, castigo, pena, duelofájdalomjerih payahverkurdolore, punizione, condanna, cordoglio, pena, struggimentoopera, poenapine, smerte, sorgból, kłopot, staranie, zabiegi, smutekpesar, aflição, amargura, castigo, dor, pena, puniçãodurereгоре, больbemödande, möda, omak, pina, smärta, straff, värk, sorgacı, ağrı, atılım, azap, kederأَسىًsuružalost深い悲しみ슬픔ความเศร้าโศกnỗi đau悲痛 (pɛn)
nom féminin
1. douleur morale, chagrin avoir de la peine faire de la peine à qqn
2. punition être condamné à une peine de prison peine de mort
3. travail, effort se donner de la peine pour faire qqch
c'est inutile
4.
a. presque pas Il a à peine mangé.
b. depuis peu de temps Il est à peine réveillé.
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

peine

[pɛn] nf
(= affliction) → sorrow, sadness
faire de la peine à qn → to upset sb
Ça me fait de la peine de la voir pleurer → It upsets me to see her crying.
comme une âme en peine → like a lost soul
(= effort) → trouble
prendre la peine de faire qch → to go to the trouble of doing sth
Il a pris la peine de me rapporter ma valise → He went to the trouble of returning my case to me.
se donner de la peine → to go to trouble
Il s'est donné beaucoup de peine pour obtenir ces renseignements → He went to a lot of trouble to get this information.
mais peine perdue → but to no avail
en valoir la peine → to be worth it, to be worth the trouble
Cela n'en vaut pas la peine → It isn't worth it.
valoir la peine de faire qch → to be worth doing sth
valoir la peine d'être vu → to be worth seeing
ce n'est pas la peine de le faire → there's no point doing it, it's not worth doing
Ce n'est pas la peine de téléphoner → There's no point phoning.
Ce n'est pas la peine que vous veniez → There's no point you coming., There's no point in your coming.
donnez-vous la peine d'entrer, veuillez vous donner la peine d'entrer → please come in
(= difficulté) (à voir, entendre, marcher)difficulty
avoir de la peine à faire → to have difficulty doing
avoir de la peine à faire qch → to have difficulty doing sth
J'ai eu beaucoup de peine à la convaincre → I had a lot of trouble persuading her.
avoir toutes les peines du monde à faire qch → to have a terrible time doing sth
être à la peine → to be in trouble, to be in difficulties
être bien en peine de faire qch → to have considerable trouble doing sth
(= punition) → punishment (DROIT)sentence
une peine de prison → a prison sentence
sous peine de mort → on pain of death
défense d'afficher sous peine d'amende → billposters will be prosecuted
(autres locutions) à peine [bouger] → hardly; [commencer] → only just
J'ai à peine eu le temps de me changer → I hardly had time to get changed.
Elle vient à peine de se lever → She's only just got up.
à peine supérieur à → only just above
à peine supérieur à la moyenne → only just above average
des menaces à peine voilées → thinly veiled threats
à peine sorti du ventre de sa mère → barely out of his mother's belly; [animal] → barely out of its mother's belly
c'est à peine si ..., c'est à peine si elle m'a dit bonjour → she barely said hello to me
à peine ... que
À peine venait-il d'emménager qu'il dut entreprendre des travaux → He'd only just moved in when he had to start doing building work.
peine capitale nfcapital punishment
peine de mort nfdeath sentence, death penalty
peine de sûreté nfmandatory minimum sentence
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005