trop
trop
[ tro] adv. [ du frq. thorp, troupeau ]TROP
(tro ; le p se lie : il va tro-p avant ; mais, pour peu qu'il y ait suspension, le p ne se fait pas sentir : le tro et le tro peu) s. m.(Trop est essentiellement un substantif.)PROVERBES
- Trop est trop, rien de trop, tout excès est blâmable. Rien de trop est un point Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point [LA FONT., Fabl. IX, 11]
- Trop et trop peu n'est pas mesure.
- À chacun le sien n'est pas trop.
- Il y a deux sortes de trop, c'est-à-dire le trop et le trop peu.
- Qui trop embrasse mal étreint, qui entreprend trop de choses à la fois ne réussit à rien.
REMARQUE
- Trop de avec un nom au pluriel veut au pluriel le verbe dont il est sujet : Trop de larmes ont été répandues.
HISTORIQUE
- XIe s. Carles respunt : trop avez tendre cuer [, Ch. de Rol. XXIII]Co dist li reis : trop avez maltalant [, ib. XXIV]
- XIIe s. Mais trop vient lent, dame, vostre secours [, Couci, VII]Car nus [nul] dons n'est courtois qu'on trop delaie [, ib. XVI]Certes, seigneur, dit-il, trop tost le saura-on [, Sax. XX]
- XIIIe s. À tels croisés sera Diex trop soufrans, Se ne s'en venge à po de demourance [QUESNES, Romancero, p. 97]Vertus corront et gaste par po [peu] et par trop, et si se conserve et maintient par la meenneté [BRUN. LATINI, Trésor, p. 267]Vous en avez assez, et je en ai trop peu [, Berte, XXXII]Grant paour [elle] ot du vent, qui menoit trop grant bruit [, ib. XXXVI]Se li souget le conte li fesoient avoir trop grant salaire, quant li enfant seroient aagié, il aroient action de demander le trop à lor tuteur [BEAUMAN., XVII, 8]Ha, pour Dieu, sire, lisies souvent ce livre ; car ce sont trop [très ] bones paroles [JOINV., 260]En [on] se doit assemer [parer] en robes et en armes en tel maniere, que les preudes hommes de cest siecle ne dient que on en face trop, ne les joenes gens de cest siecle ne dient que on en face pou [ID., 196]
- XIVe s. Tel cas ne peut advenir fors trop [très ] peu souvent [ORESME, Eth. 164]
- XVe s. Un trop [très ] beau chemin et plain à chevaucher [FROISS., II, III, 10]Il nous vaut trop mieux à mentir notre serment envers le duc d'Anjou que devers le roi d'Angleterre notre naturel seigneur [ID., II, II, 8]Elle leur fit rendre l'estimation de leurs chevaux qu'ils voulurent laisser, si haut que chacun vouloit estimer les siens, sans dire ni trop ni peu et sans debat [ID., I, I, 25]Laquelle jeune fille, pour ce que ledit Lechien mettoit trop [tardait trop] à l'espouser.... [J. DE TROYES, Chron. 1465]Le vin n'est point de ces maulvais breuvaiges Qui, beus par trop, font faillir les couraiges [BASSEL., LIV]Sans nulle doubte le roy [Louis XI] en sens le passoit de trop [le duc de Bourgogne], et la fin l'a monstré par ses œuvres [COMM., III, 3]
- XVIe s. Ilz sont en nombre trop plus dix foys que nous : chocquerons nous sus eulx ? [RAB., Garg. I, 43]J'ai reçu les lettres que m'avez escriptes, par lesquelles j'ay congneu que vous estes trop meilleur parent que le roy de Navarre n'est bon mary [MARG., Lett. 76]Il esclaireroit par trop la bestise des aultres [passages du livre] [MONT., I, 156]Qu'il soit bien pourveu de choses, les paroles ne suyvront que trop [ID., I, 187]La regle de Rien trop, commandée par Chilon [ID., I, 202]La prudence enseigne le point du milieu, auquel consiste toute louable action entre deux vicieuses extremitez du peu et du trop [AMYOT, Préf. XI, 38]Assez et trop malgré nos a vescu Ce sang maudit par tant de fois vaincu [RONS., 608]Partout, voire à estre bon et sage, il y peut avoir du trop [CHARRON, Sagesse, II, 11]Assez n'y a, si trop n'y a [COTGRAVE, ]Nul n'a trop pour soy De sens, d'argent, de foy [ID., ]
ÉTYMOLOGIE
- Patois des Fourgs, trou ; bourguig. trô ; génev. trop à bonne heure (dites de trop bonne heure) ; provenç. trop, troupeau, et trop, trop ; ital. troppo. C'est le mot trop, troupeau (voy. TROUPE) employé adverbialement pour signifier excès de quantité.
trop
C'en est trop, C'est aller trop loin, c'est dépasser la mesure. Je ne puis plus souffrir ses insolences, c'en est trop.
Trop peu, Pas assez. Il n'en faut ni trop, ni trop peu.
De trop, en trop, En excès. Vous m'avez donné cent francs de trop. Il faut retrancher ce qui est en trop.
Fam., Vous n'êtes pas de trop se dit à une personne pour lui témoigner qu'elle peut rester, qu'on n'a rien à lui cacher de ce qu'on veut dire. On dit de même : Suis-je de trop?
Fam., Par trop, Excessivement, d'une manière fatigante, importune, révoltante. Cet homme est aussi par trop ennuyeux, par trop complimenteur, par trop insolent.
Ne... pas trop, Guère. Je ne voudrais pas trop m'y fier. Il ne se porte pas trop bien.
Prov., Trop est trop, Rien de trop, Tout excès est condamnable.
Prov. et fig., Qui trop embrasse mal étreint, Qui entreprend trop de choses à la fois ne réussit à rien.
TROP se dit encore, le plus souvent dans des phrases de politesse, pour Beaucoup, fort. Je suis trop heureux de vous voir. Vous êtes trop aimable.
TROP s'emploie aussi comme nom masculin et désigne l'Excès. Il a été victime de son trop de confiance.
trop
Trop, quelquesfois se prent pour exces, de qui signifie le mot auquel il adhere, comme, trop scrupuleux, trop tost, trop haster, Nimis aut nimium scrupulosus, Nimis festinanter, Nimium accelerare. Et quelquesfois signifie augmentation et renfort de signification du mot auquel il adhere, et sans exces, comme en Amad. livre 2. Il n'y a homme tant hardi qui ne doubte trop d'en aller cueillir, Qui non valde timeat, qui non summe vereatur. L'Italien dit Troppo. Et le fait aussi adjectif, Troppo honore. Ce que le François ne fait pas. Il semble venir de Trouppe, voyez Trouppe.
Trop tost fait, Praemature factum.
Avoir un doigt trop au pied ou à la main, Vno digito redundare.
Qui a trop de babil, Impendio loquacior.
Estre trop superflu, Redundare.
C'est trop, Nimium est.
Il y en a trop peu d'un, Pauciores vno sunt. B. ex Plin.
Je dispute trop long temps, Nimium diu disputo.
Tu en sçais trop, Nimium multum scis.
Par trop, Pernimium.
Je parle trop long temps, Nimis diu et longum loquor.
trop
TROP, adv. [Le p ne se prononce que devant les voyèles.] Plus qu'il ne faut; avec excês. 1°. Il modifie les adjectifs, les adverbes, les verbes. "Trop ambitieux; il va trop vite, ou, trop lentement: il mange, il dort, il parle trop = 2°. Il demande aprês lui l'article indéfini devant les substantifs. "Trop de pain, de vin, de viande; de mangeurs: trop de prudence, d' avidité; et non pas, comme on dit dans les Provinces méridionales, trop du pain, de la viande, de l' avidité, de la prudence, etc. = 3°. Il se met aprês le verbe dans les tems simples: il boit trop. Pour les tems composés, il se met entre l'auxiliaire et le participe, lorsqu'il est seul et sans régime; il a trop bu; et aprês le participe, lorsqu' il régit les noms au génitif: il a bu trop de vin.
J'ai tardé trop, il est tems de partir.
Nanine.
Sans la gêne de la mesûre du vers, Voltaire aurait dit, j'ai trop tardé. = 4°. Avec les négatives, il signifie guère: "Je ne me fie pas trop à lui: Cela n'est pas trop bien. = 5°. Il est quelquefois substantif: ôtez le trop; je me plains du trop.
Le trop de promptitude à l' erreur nous expôse. Mol.
On dit, proverbialement, Trop est trop, ou, rien de trop: il ne faut de l'excês à rien: ne quid nimis.
Rem. Un Auteur moderne l'emploie comme régime simple. "J'embrasserois trop et je fatiguerois votre atention, etc. Le P. Le Febure de l'Oratoire; Él. Hist. du P. Beraud Jés. = Trop ne se dit point ainsi tout seul et sans régime. "J'embrasserois trop de matière, trop de faits, de détails. Alors c'est moins trop, qui est le régime, que les noms qu'il régit. Ainsi l'on ne dit pas: vous dites trop, mais vous en dites trop. = On dit, familièrement, par trop au lieu de trop. "Il est par trop grossier. "Vous êtes aussi par trop extraordinaire. MARIN. l'Amante Ingénue. Mais il y a de l'afectation à le dire à tout propôs, comme font quelques-uns, qui aiment à ne pas parler comme tout le monde. — On dit, dans le même sens et dans tous les styles, beaucoup trop. = De suit ordinairement trop, mais quelquefois il le précède. "Cela est de trop. "Vous ne serez jamais de trop: ma maison est la vôtre; regardez-la comme la vôtre, etc.
Ne suis-je pas de trop? - - - Non, non, mon cher Cléon,
Venez et partagez ma satisfaction.
Le Méchant.
= Trop plus et trop mieux sont surannés, et ne peuvent plus être admis que dans le marotique. "Les plus parfaites beautés ne peuvent trop plus se comparer à la sienne que la (le) bronze et l'ébène, à l'or et à l'ivoire. Voiture.
Trop mieux aimant suivre quelque Dragon,
Dont il savoit le bachique jargon.
Ververt.
On dit aujourd'hui, ne peuvent pas plus se comparer, etc. "Aimant mieux, etc.
trop
trop
zu, zu sehr, zu viel, zuvieltoo, too much, excess, officious, too many, wicked, overly, undulyte, teveel, alte, tezeer, erg, overdaad, te (zeer), uiterst, overbodig, rijkelijkדי (תה״פ), די והותר, יותר מדי, יתר על המידה, דַּי וְהוֹתֵר, יָתֵר עַל הַמִּדָּהmassaπάρα πολύdemasiadoliika, liiantroppodemais, muito, demasiadoalltför, föraltforчересчур, слишкомأَكْثَرُ مِنَ اللازِمpřílišforpreviše・・・すぎる너무zbytเกินไปçokquá也 (tʀo)adverbe
trop
[tʀo] advIl conduit trop vite → He drives too fast.
trop nombreux → too many
trop peu nombreux → too few
trop souvent → too often
trop longtemps → too long, for too long
Il m'en a trop donné → He gave me too much.
J'ai trop mangé → I've eaten too much.
J'ai apporté trop de vêtements → I've brought too many clothes.
J'ai acheté trop de pain → I bought too much bread.
de trop, en trop
trois personnes de trop → 3 people too many
trois euros de trop → 3 euros too much
des livres en trop → too many books
du lait en trop → too much milk
- J'ai trop chaud
- Il fait un peu trop chaud
- La selle est trop élevée
- C'est trop cher pour moi
- C'est trop lourd
- C'est trop grand
- C'est trop petit
- Il fait trop froid dans la chambre
- Les plats sont trop épicés
- Il y a trop de ...
- Vous conduisiez trop vite
- Il conduisait trop vite
- Il y a trop de bruit
- Il y a trop de fumée ici
- C'est trop tard