outrage

outrage

n.m. [ de 2. outre ]
1. Grave offense, atteinte à l'honneur, à la dignité de qqn : Il a ressenti son éviction du comité comme un outrage affront, injure, insulte
2. Action ou parole contraire à une règle, à un principe : Cette décision est un outrage au bon sens atteinte, manquement
3. Parole, geste, menace, etc., par lesquels un individu exprime sciemment son mépris à un dépositaire de l'autorité ou de la force publique, et qui constituent une infraction : Outrage à magistrat.
Les outrages du temps,
les altérations physiques, les infirmités dues à l'âge.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

OUTRAGE

(ou-tra-j') s. m.
Ce qui outre-passe les bornes en fait d'offense, d'injure.
J'admire l'humilité de ceux qui veulent bien les porter [les grands noms] ; il les refuseraient, s'ils avaient l'esprit de faire réflexion à ce que leur coûte l'explication de ces beaux noms, et comme elle tombe tout en outrage sur leurs pauvres petits noms ; à quoi l'on ne penserait pas, s'ils n'avaient point voulu prendre les plumes du paon [SÉV., à Coulanges, 19 juin 1695]
Je ne sais point en lâche essuyer les outrages D'un faquin orgueilleux qui vous tient à ses gages [BOILEAU, Sat. I]
Souvent avec prudence un outrage enduré Aux honneurs les plus hauts a servi de degré [RAC., Esth. III, 1]
Je n'aurais pas du moins à cette aveugle rage Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage ? [ID., Ath. II, 7]
Dans tous les temps, ce que les peuples d'Asie ont appelé punition, les peuples d'Europe l'ont appelé outrage [MONTESQ., Esp. XVII, 5]
Celui qui dans les censures mettra les outrages violents, l'ignorance, la mauvaise foi, l'erreur et l'imposture à la place des raisons [VOLT., Suppl. au siècle de Louis XIV, 2e part.]
Les outrages affectent tous les hommes, mais beaucoup plus ceux qui les méritent et qui n'ont point d'asile en eux-mêmes pour s'y dérober [J. J. ROUSS., 1er dialogue.]
Faire outrage, offenser.
Quoi ! n'es-tu généreux que pour me faire outrage ? [CORN., Cid, V, 1]
Fig. Faire outrage à la raison, à la morale, faire ou dire quelque chose qui y soit fort contraire. On dit de même : faire outrage à la grammaire, au bon sens, au droit, dire ou écrire quelque chose grossièrement contraire à la grammaire, au bon sens, au droit.
Un tel discours tenu à un sujet eût été odieux ; tenu à un ministre étranger, c'était un insolent outrage au droit des nations [VOLT., Louis XIV, 21]
Le dernier outrage, se dit quelquefois pour exprimer l'infidélité qu'une femme fait à son mari.
Je veux croire que c'est là tout votre crime, et que vous ne m'avez point fait le dernier outrage [LESAGE, Diable boit. ch. 13, p. 243, dans POUGENS]
Le dernier outrage signifie aussi l'attentat à la pudeur.
Fig. et dans le style élevé. Dommage apporté par les choses inanimées, que l'on compare à une offense.
Esprits du dernier ordre.... Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages Sur tant de beaux ouvrages ? [LA FONT., Fabl. V, 16]
Tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une tête, qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune [BOSSUET, Reine d'Anglet.]
Et le mont la [une habitation] défend des outrages du nord [BOILEAU, Ép. VI]
Souffrez que de vos pleurs je répare l'outrage [RAC., Bérén. IV, 2]
Mes ans se sont accrus ; mes honneurs sont détruits ; Et mon front dépouillé d'un si noble avantage Du temps qui l'a flétri laisse voir tout l'outrage [ID., Mithr. III, 5]
Cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage Pour réparer des ans l'irréparable outrage [ID., Ath. II, 5]
Là tous les champs voisins peuplés de myrtes verts N'ont jamais ressenti l'outrage des hivers [VOLT., Henr. IX]
En termes de jurisprudence, outrage à la religion, à la morale publique, offense commise par la voie de la presse contre la religion, la morale publique.
On ne l'accusait pas seulement [Courier], dans le principe, d'outrage à la morale publique ; d'autres textes avaient été essayés.... l'outrage à la morale publique est resté seul, parce que le sens de ces termes, fixé, à la vérité, aux yeux des jurisconsultes, offre pourtant, aux personnes qui n'ont pas étudié la législation, une sorte de latitude et d'arbitraire dont l'accusation peut profiter [BERVILLE, dans P. L. COUR. Procès]

HISTORIQUE

  • XIe s.
    Respunt Rolans : ne dites tel ultrage [, Ch. de Rol. LXXXV]
  • XIIe s.
    Et Gilemers l'Escot dit outrage et folie [, Sax. X]
    Mais de Charle leur pese, qu'il lor demande outrage [chose excessive] [, ib. XXVI]
    De grant outrage faire nuls hom ne monteplie [, ib. XXXII]
  • XIIIe s.
    Mout i avoit de ceus del conseil l'empereour.... qui tindrent à mout grant outrage le mandement que cil de Constantinoble avoient fait [VILLEH., CXXVIII]
    Ciertes, dist freres Garins, vous demandés outrage et cose qui avenir ne puet [, Chr. de Rains, p. 143]
    Et cis outrages [excès] doit estre restrains par le juge à la requeste des autres hoirs [BEAUMANOIR, XIV, 15]
    Je aime miex que l'outrage de grans despens que je faiz soit fait en aumosnes pour l'amour de Dieu, que en boban [luxe] ne en vainne gloire de ce monde [JOINV., 298]
  • XVe s.
    Si vous diray comme les Flamens furent desconfits, et tout par leur outrage [orgueil] [FROISS., I, I, 49]
    L'endemain, sitost qu'il s'en fut parti, il [le roi de France] regarda derriere lui, et vit que l'abbaye estoit toute enflammée : de ce fut-il moult courroucé, et s'arresta sur les champs, et dit que ceux qui avoient fait cet outrage, outre sa defense, le comparroient [payeraient] chierement [ID., I, I, 274]
  • XVIe s.
    Elle est belle voirement, mais il n'y a rien d'outrage [d'extraordinaire] [COTGRAVE, ]

ÉTYMOLOGIE

  • Bourguig. otraige ; provenç. oltratge ; catal. ultratge ; espagn. ultraje ; ital. oltraggio ; d'une forme non latine ultraticum, de ultra, outre (voy. OUTRE 2). Palsgrave écrit oultraige et prononce outraige, p. 63.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

outrage

OUTRAGE. n. m. Injure grave de fait ou de parole. Faire un outrage, faire outrage à quelqu'un. On lui a fait outrage en sa personne, en son honneur. Recevoir un outrage. Souffrir un outrage. Cruel, sanglant outrage.

Faire subir à une femme les derniers outrages, Lui faire violence.

Outrage à la morale publique, outrage aux moeurs, outrage à la pudeur, Sortes de délits qualifiés par le code.

Fig., Faire outrage à la raison, à la morale, Faire ou dire quelque chose qui y soit nettement contraire. Dans le même sens, Faire outrage au bon sens, à la grammaire, Dire ou écrire quelque chose qui offense grossièrement le bon sens, la grammaire.

Poétiq., L'outrage des ans, les outrages du temps, Le dommage que la durée du temps cause à la solidité, à la beauté des choses ou des personnes. Cet édifice se ressent des outrages du temps. Cette femme fait de vains efforts pour réparer l'outrage des ans.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

outrage


OUTRAGE, s. masc. OUTRAGEANT, ANTE, adj. OUTRAGER, v. act. [3e e muet au 1er, é fer. au dern. long. au second et au 3e: jan, jante; dans ceux-ci l'e ne se fait pas sentir: il n'est mis là que pour doner au g un son doux qu'il n'a pas devant l'a.] Outrage est une injûre atroce. Outrager, faire outrage. Outrageant, qui outrage. Il ne se dit que des chôses. Faire outrage, ou un outrage; un cruel, un sanglant outrage à... "Recevoir, soufrir un outrage. "Procédé outrageant; paroles outrageantes. "Il ne l'a pas seulement ofensé; il l'a outragé. "On l'a outragé en sa persone: il a été outragé en son honeur.
   Rem. I. Outrage a un sens actif: mon outrage est l'outrage que je fais, et non pas celui que je reçois.
   Le tems acrut ainsi mes maux et mon outrage.
       La Harpe, Philoct.
Qu'est ce qu'acroitre un outrage, demande M. Geofroi. Les outrages dont se plaint Philoctète, ce ne sont pas les siens, mais ceux qu'il avait reçus d'Ulysse et des Atrides. — Voy. AFFRONT. — On lit aussi, dans le Journ. de Mons. "D'Olmelle croit y lire l'évidence de son outrage. L'Auteur veut dire, de l'outrage qu'il a reçu: c'est la même faûte. — Il y en a une toute pareille sur le mot offense dans une phrâse du P. Perrin. Voy. ce mot.
   II. Outrageant, outrageux. Suivant La Touche, ces deux mots sont également bons, mais le premier ne se dit que des chôses: le second se dit des chôses et des persones. "Un procédé outrageant; des paroles outrageûses. "Il est outrageux en paroles. — "M. l'Avocat Général a requis la radiation de l'Avocat outrageux. Ling.
   III. Outrager n'a pas proprement de régime relatif. On dit, à la vérité, outrager quelqu' un de paroles, mais ce n'est pas une conséquence pour d' aûtres noms. On ne dirait pas, par exemple, il l'a outragé des termes les plus injurieux: je suis piqué au vif, des termes, dont vous m'avez outragé. Tout cela n'est pas suportable en prôse; mais dans des vers harmonieux, tout cela pâsse sans qu'on y fasse atention.
   Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime,
   Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux
   Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux.
       Iphigénie.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

outrage

nom masculin outrage
1.  Grave offense.
2.  Acte contraire à une règle.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

outrage

contempt, outrageביוש (ז), הלבנת פנים (נ), עלבון (ז), פחיתות כבוד (נ), הַלְבָּנַת פָּנִים, עֶלְבּוֹןgrove belediging (van)oltraggio, offesa, atrocitàBeleidigungпоруганиеforagt경멸föraktดูถูก (utʀaʒ)
nom masculin
parole ou action qui blesse l'honneur de qqn
Kernerman English Multilingual Dictionary © 2006-2013 K Dictionaries Ltd.

outrage

[utʀaʒ] nm
(= affront, offense) → insult
faire subir les derniers outrages à une femme > (lit) → to ravish a woman (littéraire)
(DROIT) outrage aux bonnes mœurs → affront to public decency
outrage à magistrat → contempt of court
outrage à la pudeur → gross indecency
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005