Re: [HP] ** Les mercenaires de l'impossible **

par Nathalie986
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Re: [HP] ** Les mercenaires de l'impossible **

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Point de vue de Doreen

Je m’étais réveillée il y a quelques minutes, encore éreintée de la nuit de frayeur que nous venions de passer. Je m’étais étirée longuement pour me sortir de ma torpeur puis m’étais assise au bord du lit au moment où Fantine rejoignait notre chambre dans l’intention de dormir.
Elle me raconta qu’elle avait passé la nuit à discuter avec Amaël, et que cet homme lui plaisait beaucoup.
- Il n’est pas un peu vieux pour toi, lui avais-je alors dit.
Fantine avait rigolé :
- Le cœur n’a pas d’âge, tu sais. Et il est en pleine forme, je t’assure !

Révélation

Je ne voulus pas en savoir plus. Fantine était allée se coucher tandis que j’avais pris une douche pour me dynamiser. Aujourd’hui, c’était à mon tour de veiller au fonctionnement de l’hôpital et il me fallait reprendre du poil de la bête.
Je descendis à la cuisine dans l’idée de préparer un petit déjeuner. Mais le temps me prenait en défaut. Yoram était déjà attablé et se délectait d’un fish un chips. Ce garçon mangeait vraiment tout et n’importe quoi, à n’importe quelle heure de la journée.
Je décidai de faire au plus court et d’user de magie pour préparer mon repas.


M’étant réveillée à neuf heure et demie, il fallait maintenant que j’active le mouvement.
Mince ! Des tacos au poisson... Ce n’est pas ce que j’avais imaginé au petit déjeuner. Cet hôpital me rend vraiment trop stressée. J’avais pourtant pensé à des œufs brouillés au bacon...
Tant pis, j’ai trop faim pour lancer une nouvelle tentative.


J’avais déposé le plat sur la table et m’étais installée en face de Yoram. Il n’était pas mon compagnon favori mais, puisqu’il n’y avait que lui dans la cuisine, j’aurais fait preuve d’impolitesse en allant m’asseoir plus loin.
- Si j’avais su que tu allais préparer quelque chose, j’aurais attendu. Tes tacos ont l’air délicieux. Tu crois que je peux en prendre quand même.
Il avait englouti son fish and chips à la hâte, sûrement pour goûter aux tacos. Yoram raffolait du poisson.
- Fais-toi plaisir, lui dis-je en essayant de ne pas me moquer.


Heureusement que j’avais l’estomac bien accroché car j’avais commencé ma journée en attaquant le nettoyage de cet infâme poulailler, non pas que je sois particulièrement délicate, mais l’odeur était vraiment saisissante. 


Le jardin m’offrait d’autres joies. Je n’y connaissais pas grand-chose en jardinage mais, j’avais décidé de planter, sans en demander la permission à qui que ce soit, une graine de valériane et une de mandragore. Ces racines étaient la clé de voûte des potions magiques de tout jeteur de sorts qui se respecte, et nulle doute qu’Audric accueillerait mon audace avec joie.
Ensuite, un coup d’arrosage par-ci, et un jet de bouillie bordelaise par-là, pour faire fuir les insectes indésirables, et je suis certaine que je pourrais m’en sortir. Il n’y avait que le désherbage qui me posait problème ; j’étais obligée de le faire à la main car je n’avais pas compris le fonctionnement de la machine qu’utilisaient Audric et Odely.


Lorsque j’eus fini, je me fis un plaisir de faire un sort, à ma façon à plante tordue qui se trouvait au jardin.
Maintenant que nous avions débloqué la première pièce du deuxième étage, une chambre, encore une fois, Guidry nous avait fortement conseillé de nous débarrasser de tous ces objets maléfiques qui affermissaient la puissance de Tempérance. En plus, d’après ses dires, ces matières diverses contribuaient à nous rendre de plus en plus effrayés.
Et de un ! J’allais les faire valser, moi, les objets de Tempérance.


J’étais galvanisée. J’avais donc pris sur moi de contacter Juju de la boutique « Trouves-y-tout » par voie de talkie-walkie. Ce dernier, nous considérant certainement comme la poule aux œufs d’or, en avait mis un à notre disposition, directement relié sur la fréquence de son magasin.
Toujours sans demander l’autorisation d’Odely, j’avais pris sur moi de lui vendre les derniers éléments de la fontaine. Et il s’était fait une joie de m’envoyer son chauffeur pour nous soulager de ces sculptures immondes.
Vous avez déjà vu une fontaine aussi moche, vous ?


Elle m’apparut vraiment plus belle sans toutes ces affreusetés qui étaient supposées l’embellir.
Grâce à moi, nous avions encore récupéré 1176 simflouz. Ajoutés à la trésorerie que nous avions déjà, grâce aux dernières ventes, nous avions un sympathique petit pactole. Un vrai trésor, et ce n’était pas fini...
J’avais entendu Odely rallier ses troupes disponibles pour déblayer les deux salles de bain du premier étage, et la chambre du deuxième. Mes amis y feraient certainement quelques trouvailles lucratives.
Audric et moi étions à nouveau dispensés, tout d’abord parce que nous étions magiciens, mais ensuite parce que, moi-même j’étais tenue de gérer l’hôpital.


Nous nous retrouvâmes au salon pour échanger nos idées sur la façon de rendre son âme à Ancelin, mais nous parvînmes à la conclusion que cela risquait de ne pas être possible, à moins d’en finir réellement avec Tempérance.
D’ailleurs, Audric me fit part d’une idée de génie concernant la fin qu’il envisageait pour elle.


- C’est diabolique, n’est-ce pas ? me dit-il, un petit sourire en coin. Encore faudra-t-il que nous trouvions la faille par laquelle elle arrive jusqu’à nous. Et pour le moment, nous sommes loin d’en être là. 


- Et si tu te liais d’amitié avec elle, ça pourrait être sympa, non ? Tu fais ami-ami avec Tempérance et tu lui soutires le renseignement !
- C’est quoi ce plan à c.. , Doreen ? Cette bonne femme n’est amie avec personne, pas même avec Guidry qu’elle prétend aimer. Tu veux me faire tuer, ou quoi ?


- Pas du tout, mais tu es un expert en potion, et tu pourrais retourner cette harpie, à ton avantage.
J’avais usé de mon plus beau sourire, espérant le convaincre.
Si Audric savait jeter des sorts aussi bien que je ne le faisais, il admettait que ce n’était pas son truc... mais les potions, il les maîtrisait comme un chef alors que moi, je n’y connaissais rien.


- Tu parles d’amitié imposée ? me demanda-t-il. Je n’ai jamais essayé ce genre de potion sur un fantôme... Je ne sais pas où ça pourrait nous mener.
- C’est peut-être le moment d’essayer. Au pire, ça capotera.


- Peut-être, mais ça pourrait aussi être très dangereux pour moi.
Je connaissais Audric depuis longtemps et je savais qu’il n’aurait pas résisté au défi que je lui lançais. Danger ou pas, il adorait aller au-delà de ses limites. Cet homme-là, si délicat il faut bien le reconnaître, et qui faisait parfois sourire nos amis lorsqu’il exhibait son dégoût pour certaines choses, pouvait aisément sortir de sa zone de confort pour prouver ses compétences, même lorsqu’il en sortait nauséeux.
Il accepta donc tout de suite l’idée, malgré sa dangerosité.


Après notre discussion, j’ai laissé Audric, bien déterminée à supprimer toutes les substances malveillantes qui avaient élu domicile dans notre chez-nous. J’avais détruit, ce matin, une plante suspecte, et je commençai, en ce début d’après-midi, par cette horrible arborescence vénusienne. Un simple coup de pied suffit à la faire voler en éclat. 


Pauvre petite plante maléfique. En réalité, tu t’es cassée comme de la pierre... éparpillée au sol, sans défense, avant de disparaître. Un vrai soulagement. 


Je m’en pris ensuite à la poupée de Tempérance. Elle aussi, ne fit ni une, ni deux. Elle disparut sans un bruit, en pleine journée, loin de sa maîtresse maléfique... 


Et plus je détruisais ses horribles choses, mieux je me sentais, ce qui me poussa à continuer. 


Poussée dans mon élan, je me fis agressée par une entité invisible au moment où j’allais faire un sort à une autre des poupées de Tempérance. Les coups pleuvaient de toute part, et je mis un moment avant de me ressaisir, meurtrie par des douleurs bien réelles. 


Tempérance protégeait, sans nul doute, cette poupée mais, j’étais tellement paralysée que je ne pus rien faire. La frayeur me consumait de l’intérieur, tout autant que ma souffrance était bien réelle. 


Yoram, qui avait assisté à la scène, vint à ma rencontre. Sa voix chaude avait des vertus apaisantes et, j’avoue que cela me faisait du bien de l’entendre. Ma peur s’amenuisait à mesure que j’écoutais ses paroles. 


- Si tu n’y arrives pas tout de suite, ce sera pour tout à l’heure, Doreen. Ne t’en fais pas... Nous donnons déjà pas mal de fil à retordre à la furie et à ses spectres.
Il avait raison. Ses mots étaient plein de sagesse. Je regrettais d’avoir pensé tant de mal de lui.


Aujourd’hui, je voulais me faire pardonner en m’intéressant à lui. J’ai remarqué tant de fois qu’il était attiré comme un aimant vers Opaline...
- Et comment vas-tu, toi ? lui demandai-je. Tu es tellement fort depuis la disparition d’Opaline.
- J’essaye de ne pas y penser, répondit-il humblement. Elle n’est plus de notre monde, mais la voir de temps en temps, même sous sa forme spectrale, m’aide à faire mon deuil...


- J’admire ta force, tu sais, réussis-je à dire simplement avant de me lever.
J’étais sincère, mais j’avais aperçu Odely, non loin de nous et je devais lui parler de l’entretien que j’avais eu avec Audric.

 

Lorsqu’Amaël nous avait appris qu’Odely et Ancelin formaient un couple marié depuis des temps qui nous paraissaient très lointains, nous étions tous tombés des nues. Nous les connaissions depuis une dizaine d’années et rien ne nous aurait laissé supposer que ces deux-là s’aimaient.
Et maintenant, je devais apprendre à Odely que nous n’aurions probablement pas de solution pour retrouver l’âme de son mari...
- Je comprends, me dit-elle. Vous faites au mieux. Si je t’ai bien suivie, il y a un mince espoir pour que tout rentre dans l’ordre si Tempérance est vaincue, y compris cette malédiction ?


- C’est ce que nous espérons, oui... mais il n’y a aucune garantie, malheureusement. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’Audric et moi continuons à chercher. Nous n’abandonnerons pas Ancelin.
- Merci, dit-elle simplement.


Après notre petite conversation, je retrouvai un peu de peps pour m’en propre à la poupée de Tempérance.
Il faut dire qu’en apercevant Yoram se faire attaquer par les créatures invisibles, mon sang n’avait fait qu’un tour et, adieu poupée maudite !


Je voulus vérifier ensuite si l’instabilité spirituelle avait diminué dans l’hôpital mais Odely interrompit ma séance pour discuter un peu.


Je saisis l’opportunité pour lui faire part d’une idée que j’avais eu pour le bien être de tous. Nous étions en été, dans un endroit bizarre dont Amaël nous avait dit que les saisons ne duraient qu’une semaine, et ce serait peut-être sympa de pouvoir prendre nos repas à l’extérieur et de profiter du jardin.
Odely approuva donc l’idée d’acheter un barbecue et me proposa de l’accompagner chez Juju pour en faire l’acquisition. Elle m’apprit qu’elle devait également se procurer, à la boutique, un chaudron pour Audric, qui lui en avait fait la demande.


Nous nous étions donc séparés de trois des quatre tapis de yoga qui restaient au jardin et en avions monté un au premier. Nous avions échangé chez Juju une des tables de composition florale contre un établi d’ébéniste puis nous lui avions acheté deux tables de pique-* et un banc, en plus du chaudron et du barbecue.
Nous installâmes le tout au jardin et fûmes plutôt satisfaites du résultat. Juju nous avait même offert deux hortensias pour embellir notre environnement. Il pouvait bien le faire, avec tout l’argent qu’on dépensait dans sa boutique !


Odely était ravie du nouvel aménagement du jardin. Ce n’était pas grand-chose mais elle était persuadée que cela remonterait le moral des troupes. Je lui assurai alors que je m’occuperais du barbecue de ce soir.
Un chaudron énorme trônait au milieu de la cour, et elle m’avoua qu’elle avait accepté de l’acheter car elle espérait beaucoup de la magie, pour sauver Ancelin. Son regard était si triste qu’elle réussit à me transmettre son chagrin.


Vers dix-huit heures, alors que chacun vaquait à des occupations diverses, et que je m’employais à faire la vaisselle, nous ressentîmes tous une secousse violente, digne d’un tremblement de terre. C’était la première fois qu’un tel phénomène se produisait, même si nous avions déjà perçu le sol trembler. Cette fois, la force de la secousse fut foudroyante.
Un bruit énorme nous fit cesser les activités que nous avions en cours. Yoram, qui était à ce moment-là, seul au jardin, nous racontera qu’une bombe vénusienne avait atterri tout près de lui, et qu’il avait failli prendre feu.


Le bruit de l’eau qui coulait sur les assiettes et les verres que j’étais en train de nettoyer, me fit appréhender le phénomène comme s’il s’agissait, une nouvelle fois, d’une réaction de Tempérance ou de ses sbires. Je fus effrayée, mais je réagis ni plus, ni moins, que toutes ces fois où une singularité paranormale de ce genre, venait obscurcir notre environnement.
Heureusement, mes amis, qui se trouvaient non loin de là, réagirent avec vivacité. Amaël, Odely et Fantine s’employèrent à éteindre Yoram avant qu’il ne succombe aux flammes, puis s’attaquèrent à la bombe vénusienne pour la refroidir.
Yoram, qui en connaissait tous les secrets, avait même réussi à la casser et à en extraire des cristaux précieux.


J’avais encore la chair de poule lorsque je cuisinai notre premier barbecue en ces lieux. Les paroles de Yoram et des autres résonnaient encore à mon oreille ; ils m’avaient tout raconté. Yoram aurait pu être tué lors de cette attaque vénusienne, leurs bombes étant presque aussi hautes que nous, et leur diamètre quatre ou cinq fois plus large. 


Nous nous mîmes à table vers vingt heures. Ce repas que j’avais imaginé source de joie, tourna autour de l’incident qui avait failli coûté la vie à Yoram.
Ce dernier nous expliqua que la bombe avait été intentionnellement dirigée vers lui. Il en connaissait beaucoup sur les vénusiens et ceux-ci le savaient. Leur but avait donc été de l’éliminer.
- S’il devait m’arriver quoique ce soit, nous avait-il dit, je laisserai une note pour vous indiquer comment détruire ces intrigants, à condition que je ne leur ai pas réglé leur compte avant. Odely et Ancelin pourront facilement voler jusqu’à l’antenne satellite. Quant à vous, les sorciers, vous y serez aussi en un coup de balai.
Yoram voulait faire de l’humour mais nous avions fini le repas avec des visages figés. La situation était grave.
La petite sauce à la ciboulette que j’avais préparée pour accompagner mes pommes de terre en robe des champs, ne fit pas du tout son effet


J’étais tellement désappointée que je décidai d’aller invoquer les morts pour leur demander conseil. Audric et Amaël me suivirent.


Evidemment, le premier fantôme qui apparut fut Guidry. Il n’était jamais loin, celui-là, lorsque la nuit tombait, mais il avait quand même tendance à me taper sur le système avec ces airs de beau gosse frustré par l’au-delà... Et cette fois, tout comme Tempérance l’avait fait avant lui, il était accompagné de ses spectres. 


Je ne sais pas si Audric et Amaël pensaient la même chose que moi, mais ils se levèrent en même temps et quittèrent la table.
J’avais choisi de rester assise car j’avais une requête à faire à cet ectoplasme imbu de lui-même.
Tout d’abord, je voulais savoir s’il y avait une possibilité pour rendre son âme à Ancelin. S’il y avait quelqu’un capable de me répondre, c’était bien lui, mais il doucha froidement mes espoirs : le bout d’âme que Tempérance avait pris à Ancelin n’en était pas un. Ancelin, étant un vampire, il n’avait plus d’âme. Ce qu’elle lui avait pris était tout ce qui lui restait de sentiment... son amour pour Odely.
Les vampires n’aiment qu’une fois dans leur vie éternelle, m’expliqua-t-il, et cet amour leur est Unique. Tous ne le trouvent pas mais, Ancelin l’avait trouvé en Odely, tout comme Odely l’a trouvé en Ancelin. Ce petit bout d’amour permet au vampire qui le reçoit de conserver une part d’humanité et de ne pas sombrer en enfer. En l’état actuel des choses, Ancelin a perdu son Unique.
Il a perdu ce petit bout d’amour en l’offrant à Tempérance, et personne ne pourra le lui rendre. Elle va le conserver bien au chaud.


Le fantôme rose me cachait quelque chose, j’en étais convaincue... et je le lui fis savoir :
- Tu ne m’as pas tout dit. N’oublie pas que je suis une sorcière. Certaines choses m’apparaissent comme des évidences, Guidry.
- Peut-être... mais personne n’est prêt pour la suite.


Je m’efforçai de garder un sourire de contenance pour ne pas heurter le fantôme, mais j’avoue que j’aurais bien aimé le calciner d’un coup de magie... quoique... je ne sais pas du tout si on peut jeter ce genre de sort sur un fantôme...
Bref, je passai à un autre sujet ; Fantine et Amaël s’étant rapprochés, ils avaient investi la chambre qui nous était à présent accessible au deuxième étage, et dans laquelle nous avions mis un lit double. Le problème était que, si nous avions deux sanitaires au rez-de-chaussée et quatre salles de bain au premier étage, il n’y avait rien au deuxième, et ce n’était pas chose aisée pour nos deux amoureux que de devoir chaque fois descendre au premier, pour satisfaire des besoins naturels, ou simplement se laver. Yoram m’épaula. Et je savais que Guidry était un bon ami de Yoram.
Guidry me proposa donc de débloquer une salle de bain au deuxième étage pour régler ma difficulté. Ma surprise fut mitigée lorsqu’il me demanda encore trois cents simflouz pour accéder à ma requête, mais j’étais tellement heureuse pour Amaël et Fantine que j’acceptai tout de suite sans même demander l’accord de la grande chef. Mais, après tout, elle nous avait laissés, à tous, carte blanche pour les petites sommes.


Puis cette fin de nuit s’accéléra subitement. Tandis que Yoram et moi finîmes cette conversation que je prenais pour irréelle, car jamais je n’avais eu à en tenir de telles dans le passé, Ancelin fit une apparition furtive, mais pourtant remarquée, et alla s’installer à l’orgue pour jouer une musique troublante.
Odely l’écouta avec grand intérêt, de même qu’Audric. Je ne comprends pas pourquoi mais, nous étions tous perturbés par ces sons d’outre-tombe, sauf lui... Nous comprenions Odely qui était aussi un vampire mais, Audric semblait fasciné, lui aussi, par les notes qui prenaient vie sous les doigts d’Ancelin.


Il avait fini par s’arrêter de pianoter, puis s’en était allé, sans adresser la parole à personne, sûrement pour poursuivre son hibernation.
Amaël et Guidry semblaient, quelque peu, tendus alors que Yoram et moi continuâmes à discuter. Guidry disparut d’ailleurs quelques heures, tandis qu’Amaël avait décidé d’aller marcher un peu aux abords de l’hôpital, pour se changer les idées.


Une heure plus tard, alors que je discutais avec Odely dans le jardin, Guidry se joint à nous, accompagné de Susumu, le gentil fantôme désormais apprécié de toute notre équipe. 


Je dois reconnaître que je passai, avec eux, l’une des plus belles soirées depuis que j’étais coincée ici. Nos discussions ne furent que rires et joyeusetés. L’ambiance était agréable et il faisait bon dehors. Une belle soirée d’été. 


Au petit jour, Susumu s’en était allé, Odely s’était excusée (sûrement pour aller voir Ancelin) et Guidry, parti aussi, devait certainement faire son petit tour de l’hôpital pour examiner ce qui pouvait clocher, comme à son habitude.
Personne n’aurait imaginé qu’une attaque eût pu se produire aussi rapidement après la première, et surtout pas Yoram, qui avait décidé de prendre l’air sur le parvis de l’hôpital, maintenant que les déchets avaient été enlevés, et que l’air y était respirable.
Moi, j’étais restée au jardin pour en profiter un peu avant d’aller me coucher. La nuit avait été relativement calme, et cela faisait deux soirs que nous n’avions pas vu Tempérance.
La nouvelle attaque vénusienne n’était attendue de personne.


Je me trouvais encore dans la cour, lorsque la bombe vénusienne s’écrasa au sol, juste derrière moi. Je m’estimai chanceuse. Contrairement à Yoram, la bombe était tombée suffisamment loin de moi pour ne pas me brûler. C’est à cet instant que je décidai d’aller me coucher. Il était grand temps... 


Je montai alors les escaliers me menant au premier, jusque dans ma chambre, ignorante de la catastrophe qui se jouait, non loin de nous.
Yoram avait subi « presque » le même sort que moi, à ce détail près qu’une autre bombe avait atterri près de lui et... ne l’avait pas raté. Le pauvre avait commencé à se consumer, sans pouvoir se défendre...


Amaël, qui était non loin de là, avait pu réagir le premier et avait saisi un extincteur alors que notre ami extraterrestre s’était effondré, sans force... 


Audric l’avait rejoint, très peu de temps après, et lui avait dit d’arrêter... Yoram était déjà mort... Amaël n’avait pas voulu le croire. Il ne voulait pas perdre un autre des mercenaires qu’il avait engagé, alors que lui était toujours là. Il s’acharnait sur le feu. 


La Faucheuse était alors apparue... Audric m’avait conté à quel point Amaël était anéanti. Il avait tellement voulu sauver Yoram. 


Lorsque j’arrivai sur les lieux, le drame était encore plus avancé... Je constatai, avec horreur, que Yoram, l’extraterrestre que j’avais tant méprisé, puis que j’avais fini par comprendre, n’était plus.
La Faucheuse saisissait son âme... Elle s’emparait de lui.


Une lumière étincelante jaillit de son corps, nous éblouissant tous. Yoram était pur... 


Nous ne pûmes que verser des larmes pour lui, et nous attrister de sa disparition si soudaine. 


Amaël, Audric et moi, installâmes sa sépulture sur une table, non loin de la cheminée où reposait l’âme d’Opaline. Il avait aimé cette femme de son vivant et, nous espérions que leur amour serait réciproque dans la mort. Tous les trois, l’avions pleuré, puis avions déserté la pièce.
Guidry fut le suivant à verser des larmes sur l’urne de celui qui avait été son premier ami, parmi nous... Il resta là, tristement, jusqu’à ce que les sept heures du matin sonnent et ne le rappellent à sa sombre destinée. Guidry s’évapora alors.

 

A suivre...🙂

 

 

Secrets de tournage : 

 

Bilan des ventes de la journée : 

Et voici maintenant l’hôpital à la fin de cette neuvième journée :

Révélation

(en bleu ciel, les pièces accessibles dès le début - En vert, les pièces débloquées dans les précédents chapitres - En jaune, les pièces débloquées au cours du chapitre)

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Les progrès de l'équipe :

 

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★★ Guide

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Point de vue de Odely

 

Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ? Nous avions perdu Opaline, puis Yoram... Quant à Ancelin, je n’osais envisager de le perdre, lui aussi. Cette seule pensée était complètement insupportable, et j’avais de plus en plus de mal à donner le change.

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Révélation

Pourtant, il faudrait que j’y parvienne, car la situation était critique et n’autorisait aucune lamentation.
L’impact violent des bombes vénusiennes avaient permis l’ouverture de nouvelles brèches, un peu partout autour de l’hôpital. A ce rythme-là, l’Enfer ne tarderait pas à se déverser sur notre monde, accompagné de son lot de malheurs et de désolation et, si cela devait être le cas, nous n’y pourrions plus rien.
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J’avais décidé d’aller souffler quelques minutes, auprès de mon bien-aimé mari, avant d’affronter cette nouvelle journée, mais je dû constater que Guidry, que l’on croyait tous déjà parti, m’avait devancée et se trouvait debout devant son cercueil.
- Que faites-vous là ? l’apostrophai-je gentiment.
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En entendant ma voix, il se retourna subitement ; sûrement l’avais-je arraché à quelques pensées ectoplasmiques. Le pauvre avait l’air tendu.
- Je réfléchissais à une solution pour votre mari.
- Vraiment ? S’agirait-il de cette solution dont vous avez parlé à Doreen, mais pour laquelle nous ne sommes pas encore prêts ?
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Guidry sortit de la pièce et je lui emboîtai le pas.
- Vous m’avez percé à jour, c’est vrai. Mais je ne peux rien vous dire, pour le moment. Non seulement l’entreprise sera très risquée pour l’un d’entre vous, et c’est sur ce point que je ne vous estime pas prêts, mais, en plus, il me manque un objet. Sans lui, nous ne pourrons rien faire.
- Et si vous me disiez de quoi il s’agit ? Je pourrais peut-être vous aider.
- Je crois que vous devriez invoquer Hilda, elle pourra vous en dire plus.
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Qui est Hilda ?
- Il faut vraiment que je m’en aille ! Je ne sais pas comment j’ai fait pour rester matérialisé aussi longtemps, mais je n’y arrive plus.
Guidry s’était levé en grimaçant puis m’avait lancé un « Ne soyez pas surprise, en la voyant », avant de disparaître.
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Quand je suis redescendue, le jardin ressemblait à la tanière d’un sorcier. Audric était en train de travailler sur je ne sais quelle potion étrange et malodorante, tandis que Doreen avait inventé un nouveau sort afin de refermer les petites failles qui apparaissaient, ici et là. Je les encourageai rapidement puis filai entretenir le jardin et donner à manger à notre ménagerie. 
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Je voulais me débarrasser au plus vite de ces tâches ingrates, mais pourtant indispensables à notre survie. C’est en arrosant les plantes que j’aperçus une de ces âmes égarées qui tourbillonnait, non loin du kiosque. Elle avait l’air si triste, que je lui offris un pot du miel que j’avais fraîchement récolté dans nos ruches. 
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Le petit spectre, sûrement satisfait, se volatilisa, laissant à mes pieds, une sorte de muffin gélatineux, et une aura joyeuse qui m’envahit, bien malgré moi.
Je regardai autour de moi, mais personne d’autre ne semblait avoir subi l’effet secondaire du spectre, contrairement à cette première fois où j’avais tenté d’entrer en communication avec l’un d’eux.
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Je venais de ramasser l’étrange petit gâteau, lorsque Fantine vint me trouver pour me signaler que nous avions encore des problèmes de plomberie.
- Il y a de l’eau partout ! J’ai bien essayé d’arranger le truc, mais je crois que j’ai empiré la situation.
- Ne t’en fais pas. Je vais m’en occuper.
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Je sus, à ce moment-là, qu’une grande partie de ma journée serait vouée à réparer trois de nos sanitaires, ainsi que notre récent micro-ondes. Cette tâche m’était dévolue car j’étais, aujourd’hui, celle qui prenait soin de l’équipe et de son bien-être et, en tant que chef, il n’était pas question que je m’y soustraie. Je me devais de montrer l’exemple, ainsi que je l’avais toujours fait.
Malgré tout, je décidai quand même de commencer par finir de déblayer les deux traces mystiques et horrifiques, que Doreen n’avait pas eu le temps d’effacer et, lorsque je vins à bout de la marque imprimée sur le sol du salon, j’entendis les gonds grincer... les gonds qui annonçaient l’ouverture d’une nouvelle pièce.
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Aussitôt, je déployai mes ailes de vampire pour me rendre au deuxième étage, là d’où le son provenait. Nous avions débloqué une chambre supplémentaire, aussi déplorable que les pièces qui nous avaient été précédemment accordées, aussi je m’employai à nettoyer la pièce toute seule, ma vitesse surnaturelle me permettant d’aller plus vite que plusieurs humains réunis. 
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Je m’attaquai, ensuite, à la besogne proprement dite. J’avais choisi de d’entreprendre l’électricité, dans un premier temps, puis de réparer la baignoire, pour ce qu’il s’agissait de la plomberie du premier étage. Je gardai les toilettes du rez-de-chaussée pour la fin. Cet équipement-là ne m’emballait pas du tout. 
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Pourtant, j’avais dû me résoudre à arranger cette foutue plomberie défaillante, à cause de cette maudite Tempérance... Elle devait bien pouffer, à l’heure qu’il est, la Tempête Rouge ! Mais ce qu’elle ignorait, est qu’ainsi accroupie devant ce trône de déperditions organiques, je pus observer, à loisir, qu’un des carreaux, m’apparaissait en relief, par rapport aux autres. 
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Je me saisis de mon tournevis et, m’en servant comme levier, je réussis à soulever le revêtement incriminé. Aucun joint ne m’avait résisté et, la dalle au mur s’était détachée toute seule. Derrière le carreau, se trouvait un journal, dissimulé récemment, à en croire la facilité avec laquelle j’avais pu le retirer de sa cachette. Je le posai alors sur le lavabo, afin d’éviter qu’il ne soit souillé par ma réparation et m’en retournai à la tâche.
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Je finis mon œuvre en rendant les toilettes opérationnelles puis je fermai la porte à double tour afin de me plonger dans la lecture du journal. Il avait été écrit par Susumu, notre ami fantôme, et je découvris ici que ses derniers jours avaient été des plus tristes. Enfermé pour dépression, sa vie avait pris fin pour folie, dans cet hôpital maudit.
Je ne pouvais m’empêcher d’être extrêmement chagrinée pour lui car il n’avait pas mérité le sort que lui avait réservé le directeur de ces lieux mais, en lisant ces pages, je me disais aussi que le pauvre Susumu ne nous avait rien appris de plus que ce qu’il était écrit dans les journaux que nous avions trouvés dans les autres chambres, y compris celle que j’avais précédemment réussi à ouvrir, et je ne comprenais pas pourquoi quelqu’un avait tant tenu à cacher ce journal.
Pourtant, en y regardant de plus près, je m’aperçus que la dernière de couverture était plus épaisse qu’elle n’aurait dû être... Alors, peut-être que, finalement, Susumu avait plus de choses à nous dire que les autres...
Mais lequel d’entre nous avait dissimulé le journal derrière ce carreau ?
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Après la réparation des sanitaires, il avait été urgent que j’aille prendre une douche pour me rafraîchir. J’enfilai des vêtements secs puis allai déposer une enveloppe contenant 300 §, à l’attention de Guidry, sur le comptoir du salon, pour qu’il débloque une salle de bain dans l’aile ouest du deuxième étage, puis je m’employai à démolir les deux vestiges de bombes vénusiennes qui avaient fait tant de dégâts la nuit dernière.
A ma grande surprise, j’arrivai à en extraire quelques pierres que Juju accepta de m’acheter pour une petite somme.
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Heureuse d’avoir passé mes nerfs sur ce gros caillou, il me fallait à présent tenter d’invoquer cette Hilda dont Guidry m’avait parlé. Je me demandais qui était cette femme et ce qu’elle pourrait nous apprendre. En outre, je me posais des questions sur cet objet mystérieux que Guidry recherchait. 
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Mes pensées vagabondaient, allant d’Ancelin à Tempérance. La tristesse m’envahissait, alors que j’aurais dû être concentrée pour créer un cercle parfait, parce que mon impuissance devant les morts de nos amis, et le sort qui avait été réservé à Ancelin, me tourmentait insidieusement. J’eus beaucoup de mal à obtenir le cercle idéal. 
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Cependant, lorsque j’y parvins enfin, au bout de presque deux heures, ce fut pour constater que deux spectres rouges, ces âmes égarées au service de Tempérance, étaient campés derrière moi, et arboraient un air inamical.
- Hilda, Hilda, viens à moi... décidai-je cependant de les ignorer.
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Pour toute réponse, le sol se mit à trembler, la voix d’outre-tombe de Tempérance envahit la pièce, et ses petits soldats menacèrent de me faire griller sur ma chaise, qui rejoignit le sol, dans un fracas épouvantable. Mon dos de vampire n’eut heureusement pas à souffrir de cette manœuvre grotesque. Tempérance éructait :
- Arrête ça tout de suite, Odely ! Ce passage est à moi, cet hôpital est à moi ! Hilda n’y est pas la bienvenue !
- Si tu savais comme je m’en moque. Va au Diable, Tempête Rouge, et brûle en Enfer !
J’avais choisi de continuer. Ma motivation était d’autant plus grande que Tempérance semblait contre la venue d’Hilda dans notre monde. Lui faisait-elle peur ? Que savait-elle qui pourrait contribuer à lui nuire ?
J’y étais presque... je le sentais... et il était hors de question qu’elle m’empêche d’invoquer cette femme.
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C’est alors que je sentis le feu me lécher les épaules, et l’atmosphère qui devenir chaude et irrespirable. Je savais que si je persistais davantage, la folle furieuse n’hésiterait pas une seconde à lâcher ses petits soldats sur moi. 
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Je finis donc par me lever, faisant mine d’abdiquer, mais restant non loin de ma chaise. Je jouais le tout pour le tout. Je sentais que la connexion avec le cercle était encore active mais j’espérais que Tempérance et ses sbires croiraient avoir interrompu la séance de spiritisme et qu’ils me laisseraient tranquille.
Ce fut le cas. La Furie semblait avoir disparu, et les âmes égarées se calmèrent puis finir par disparaître.
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Tempérance croyait sincèrement que j’eus pu avoir peur d’elle et reculer devant son animosité ? Elle ne me connaissait pas encore, malgré toutes ces années.
A peine les spectres disparus, je me jetai sur la chaise et me mis à crier de toutes mes forces. Le cercle avait repris sa forme initiale et je n’ignorais pas que le temps m’était compté :
- Hildaaaa !!! C’est maintenant ou jamais ! Magne-toi !
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Guidry m’avait dit de ne pas être surprise lorsque je rencontrerais son amie, et je compris mieux pourquoi, en la voyant. Cette femme n’en était pas une... ou peut-être l’avait-elle été... Mais, devant moi, se tenait un squelette avec une tenue de soubrette des années trente. Elle avait même un petit serre-tête de dentelles sur le crâne.
- Bonsoir Odely, me salua-t-elle simplement. Claude m’avait prévenue de votre appel, mais j’ai été retenue, pardonnez-moi.
- Oh, ne vous en faites pas, j’ai géré la situation.
- Je n’en doutais pas une seconde. Je m’appelle Hilda Bone. Je suis la gardienne de Purgo, le couloir de la purification. Il semblerait que vous ayez besoin de mon aide.
- Pour tout vous dire, Guidry... enfin, Claude... m’a confié que vous pourriez savoir comment sauver l’âme de mon mari. Mais il a besoin d’un objet. Savez-vous où il est ?
- Bien sûr que non, sinon, je le lui aurais déjà dit. Je sais juste que l’objet est ici, dans l’hôpital, et qu’il n’a toujours pas réussi à le trouver.
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Hilda s’était levée et avait continué à parler en marchant. Ses os tintinnabulaient lorsqu’elle se déplaçait, mais le timbre de sa voix était très doux, et reposant.
- Comme vous le savez certainement, Purgo est le passage obligé des esprits qui ne savent pas encore s’ils doivent s’orienter vers le bien ou le mal, comme votre ami Susumu. Je suis là pour les aider, et maintenir l’équilibre entre les deux. J’étais autrefois aidée par Aurora, une déesse juste, et aimée de tous, qui officiait sur votre planète. En tant que sœur de la Lune et du Soleil, elle veillait à ce que l’équilibre soit maintenu entre les créatures du jour et de la nuit, ainsi qu’entre le Bien et le Mal. Rien de ce qui est arrivé dans cet hôpital n’aurait pu se produire si elle avait été là, et encore moins ce qui a été fait à votre mari. Nous travaillions de concert. Elle, pour la planète, moi pour l’au-delà. Jusqu’à ce jour où Tempérance a décidé de la tuer pour servir des intérêts personnels.
- Je ne comprends pas. Les dieux et les déesses ne sont-ils pas supposées êtres immortels ?
- Ils le sont. Aurora n’est pas morte. Son âme est provisoirement prisonnière d’un talisman. Ce talisman a été créé par un puissant sorcier de la fin du dix-neuvième siècle, un Écossais qui s’appelait Eliott O’Connor. Nous avons perdu sa trace et celle de ses descendants, peu après la création du talisman mais, nul doute que l’âme d’Aurora y a trouvé refuge. L’amulette avait été conçue pour protéger les dieux, ce qui faisait d’O’Connor une cible potentiel pour les ennemis des dieux. C’est pour cela qu’il a certainement dû jeter un sort sur sa descendance, pour que le talisman ne soit jamais retrouvé, hormis pour ceux dont l’âme en aurait besoin.
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L’histoire d’Hilda était bien jolie mais je n’arrivais toujours pas à me projeter dans le sauvetage d’Ancelin. En quoi tout cela pourrait-il m’être utile ? Ou être utile pour que nous détruisions Tempérance pour de bon ? J’en fis part à ma nouvelle amie.
- Il faut retrouver le talisman. Grâce à lui, vos amis sorciers pourront permettre à Aurora, non seulement, de libérer le talisman, mais aussi de rétablir la balance entre le Bien et le Mal. Cela nous sera bénéfique à tous. En ce moment, des brèches s’ouvrent un peu partout, dans votre monde. Tempérance s’est assuré l’alliance des Vénusiens. A chaque nouvelle frappe, Inferno redouble de forces, et Purgo a de plus en plus de mal à orienter les esprits qui y résident. Quant à Edenia, elle est sur le point de disparaître. Les forces ne sont plus équilibrées. Nous avons besoin d’Aurora, et si elle libère l’amulette, l’âme d’Ancelin pourra y prendre place, avant que vous ne la lui rendiez.
J’étais interloquée :
- Ancelin n’est pas un dieu, vous le savez.
- Ancelin est une créature immortelle. Il ne peut pas rejoindre seul le talisman, mais si vous l’y menez de force, son amour pour vous sera sauvé, car nous ne parlons pas d’âme, avec un vampire... Vous le savez, n’est-ce pas ? Mais nous l’appellerons tout de même une âme.
Je le savais, bien sûr... mais comment trouver ce talisman ?
Hilda changea de sujet de conversation :
- Et si nous allions rejoindre vos amis au salon ? Vous pourriez me présenter.
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Je m’inclinai devant la demande d’Hilda et, en arrivant au salon, je me rappelai soudain que nous avions prévu de nous y retrouver pour célébrer la mémoire de Yoram, comme nous l’avions fait, auparavant, pour Opaline.
Je m’en voulais d’avoir oublié cet évènement important de notre petite communauté mais, la visite d’Hilda avait séduit tout le monde, et personne ne sembla me tenir rigueur de ce manquement.
Hilda avait été accueillie chaleureusement, comme l’une des nôtres, et tous mes compagnons étaient ravis de sa présence.
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C’est à cet instant-là que Guidry apparut, encore triste de la mort de son ami Yoram, et décrétant vouloir nous parler, à toutes les deux.
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Hilda, Guidry et moi, nous étions donc éloignés du reste du groupe, pour discuter tranquillement.
- Qu’est-ce qu’ils se passe, Guidry ? lui demandai-je, inquiète. Ce n’est pas dans vos habitudes d’agir ainsi, et de venir aussi tôt.
- Les Vénusiens vont vous assaillir ce soir. J’en ai eu la confirmation d’une source sûre. Personne ne doit sortir de l’hôpital. Ils ne le toucheront pas car Tempérance veut le protéger.
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- Personne ne craint rien. Nous sommes tous réunis dans cette pièce et nous ne sortirons pas ; mais j’aimerais savoir une chose, pourquoi les Vénusiens s’acharnent-ils ainsi sur nous ? Quel est leur intérêt ?
Ces attaques nocturnes à répétition commençaient à me taper sur les nerfs.
- La planète Sim est le territoire de Sixam, pas le leur, mais ils entendent bien agrandir leur territorialité, grâce à Tempérance, qui leur a promis toute la planète, s’ils réussissaient à la faire définitivement sortir des enfers. C’est pour cela qu’ils créent des impacts, pour ouvrir de grandes failles, promptes à recevoir l’enfer sur les terres sims. En plus, ils ont eu vent du talisman qui protégeait la déesse Aurora.
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- Comment ça ? finis-je par déglutir.
- Aurora est la seule qui puisse rétablir l’ordre du monde, tel qu’il devrait être. Les Vénusiens en ont peur, tout comme Tempérance, car ils savent que leurs projets seraient voués à l’échec si elle devait réapparaître. Ils n’auraient aucune chance.

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Je finis par m’asseoir.
- Que devons-nous faire, dans ce cas ?
Ma question pouvait paraître naïve, mais Hilda me répondit tranquillement, de sa voix douce :
- Vous devez retrouver le talisman, et en faire sortir Aurora.
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- C’est ce que vous m’avez dit tout à l’heure, oui, mais comment fera-t-on pour récupérer l’âme de mon mari et la mettre dans le talisman ? Nous ne savons même pas ce que Tempérance en a fait.
- Elle au Pandémonium.
Cette révélation m’explosa au visage. Le Pandemonium... le feu... les flammes... l’Enfer. Comment l’un d’entre nous pourrait-il aller chercher cette part si précieuse d’Ancelin, sans y laisser la vie ? C’était impossible.
Il y eut un long moment de silence avant qu’Hilda ne reprenne :
- L’un d’entre vous devra se sacrifier. Quelqu’un qui n’a aucun pouvoir surnaturel. Un humain.
Je sentis mes entrailles se serrer. Guidry me regarda :
- Je vous avais prévenus. Aucun de vous n’est prêt à cela.
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Je respirai un grand coup :
- Il faudra trouver une autre solution. Il est impensable que je sacrifie qui que ce soit, même pour sauver Ancelin. De toute façon, on ne sait même pas à quoi ressemble ce talisman. Donc, la conversation est close.
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- Vous devriez peut-être demander leur avis aux deux personnes concernées par ce sacrifice, non ? Quant au talisman, il s’agit d’une pierre très rare, un diamant bleu. Il agit sur les plans physique et mental, ce qui lui donne la propriété de fusionner le corps et l’esprit. Le bleu de cette pierre est d’une pureté exceptionnelle. Vous la reconnaîtrez lorsque vous la verrez.
- Je ne la chercherai pas.
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Hilda s’était alors levée. Difficile de dire si son visage exprimait de la colère, de la déception, ou autre chose, mais elle alla rejoindre mes amis sans me dire un mot de plus.
- Vous êtes bornée, me dit simplement Guidry.
- J’ai laissé une enveloppe sur le comptoir pour le déblocage d’une salle de bain. J’ajoute à cela 1000 simflouz pour débloquer les deux dernières chambres du deuxième étage. Je crois que nous avons rempli toutes les conditions, non ?
- Tout à fait. Je vais vous les déverrouiller de ce pas.
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Guidry avant donc fini par me laisser, lui aussi, mais je ne fus pas seule bien longtemps car Audric s’était rapproché de moi.
- J’ai entendu votre conversation. Je crois savoir où est le talisman. Il pourrait changer les choses. Tu es vraiment sûre de ne pas vouloir l’utiliser ?
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Je soupirai, laissant apparaître mon exaspération. Je ne voulais plus entendre parler de ce talisman, pour ce soir.
- Laisse-moi, Audric, s’il-te-plaît.
- Comme tu voudras, mais si tu changes d’avis, rappelle-toi que j’ai l’info.
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Nous subîmes, cette nuit-là, une nouvelle attaque vénusienne. Personne ne fut blessé car nous étions tous à l’intérieur du bâtiment et, comme Guidry nous l’avait annoncé, nos assaillants ne s’en prenaient pas aux murs.
Tous partirent se coucher après l’assaut, laissant Guidry et Hilda discuter dans la cuisine. Cette dernière s’était aimablement proposée pour débarrasser le salon, faire la vaisselle et le ménage, ce qui enchanta tout le monde.
De mon côté, j’avais besoin de m’activer et j’entrepris de finir de débarrasser la façade avant de l’hôpital, de tout ce lierre qui ne la mettait pas en valeur. J’enlevai également toutes ces plantes grimpantes disgracieuses, qui avaient aussi pris racine sur les façades intérieures de notre cour.
J’envoyai ensuite un message à Juju pour qu’il envoie une benne dès le lendemain matin, puis je montai au deuxième, dans le bureau de l’infirmerie, pour voir les consignes que Yoram avait laissées pour nous permettre de détruire le vaisseau vénusien.
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Peu de temps avant sa mort, Yoram m’avait conduite jusqu’au bureau de l’infirmerie pour me montrer où se trouvait son plan d’attaque. Il avait dissimulé les informations dans une tablette sixamienne qu’il avait accrochée au mur, en évidence, afin qu’elle ressemble à un tableau, puis il avait enregistré mes empreintes pour je puisse la déverrouiller facilement.
En quittant la pièce, il m’avait confié un petit carnet sur lequel étaient notés les clés qui me permettraient de déchiffrer le document codé.
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Le jour commençait à se lever lorsque j’arrivai dans le bureau. La tablette était toujours là. 
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Je m’en saisis et, munie du petit carnet de Yoram, je me lançai dans le décodage du texte sixamien crypté.
Ce ne fut pas une mince affaire, mais les indications de feu mon ami étaient explicites, et je pus boucler ma traduction en moins d’une heure. Le plan était très simple, juste un peu dangereux, mais rien de bien compliqué.
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Je sortis de la pièce, et me dirigeai vers la porte en face afin d’aller voir Ancelin. A peine avais-je pénétré dans sa chambre que je ressentis un courant d’air frais me transpercer. Tempérance venait de se joindre à moi. 
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La Furie beugla quelques insultes à mon encontre, me reprochant d’avoir invoqué Hilda alors qu’elle m’avait fortement conseillé de ne pas le faire. 
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J’ignore si ce sont ses cris qui réveillèrent Ancelin, mais toujours est-il qu’il émergea de son cercueil à ce moment-là. 
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Ancelin se retrouva entre nous deux, ne disant mot. Son regard allait de l’une à l’autre, froid comme la glace, et il n’intervint à aucun moment pour faire cesser le flot d’incriminations qui sortait de la bouche spectrale. 
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En colère devant cette indifférence, je saisis Tempérance par le cou, et la sortit de la pièce. 
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- Mais tu es devenue complètement hystérique, ma parole, osa-t-elle me dire.
- Hystérique ? Tu veux rire ? Cherche-moi encore et tu auras l’occasion de goûter à mon hystérie ! En attendant, je ne veux plus que tu t’approches de moi, ou de mes amis.
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La Furie se calma un peu :
- La seule chose que je t’avais demandée, était de ne pas faire venir Hilda dans l’hôpital, et tu n’en as fait qu’à ta tête. Ce squelette est un danger ambulant pour nous tous.
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- Pour nous tous ? Nous ne sommes pas dans le même camp, toi et moi. C’est toi, le danger, pour nous. Toi, et tes amis vénusiens qui bombardent chaque soir notre abri, êtes un danger. Hilda est notre amie, et son aide est très précieuse, au-delà de mes espérances, je dois bien l’avouer. 
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Tempérance ne répondit pas, mais un petit rictus au coin de ses lèvres, trahit son malaise.
- Oh mais tu as peur, on dirait. Tu fais bien, car lorsque je t’aurais vaincue, je te fais la promesse que, cette fois, ce sera définitivement. Je m’en assurerai personnellement, et plus jamais tu ne reviendras hanter qui que ce soit.
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Elle tourna les talons sans même répliquer.
- Tu vois, Tempérance, tu as fait une grosse erreur en volant à Ancelin l’amour qu’il avait pour moi. Car je n’ai plus rien à perdre, à présent.
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Il m’avait semblé apercevoir mon mari dans l’encadrement de la fenêtre de la porte de sa chambre. Je poussai la porte mais, en pénétrant dans la pièce, je pus constater qu’il avait replongé en hibernation.
Les premières lueurs du jour avaient fait leur apparition. Il était temps que j’aille me reposer, à mon tour. Ensuite, j’irai réveiller Audric, et il faudrait aussi que je convoque tous nos amis pour décider de la suite des évènements. J’avais une petite idée pour mettre en place le plan de Hilda.
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A suivre...🙂

 

Bilan des ventes de la journée

Bonus

Révélation

Voici quelques photos de la façade avant de l’hôpital, et des façades de la cour intérieure, débarrassées du lierre et des ronces.

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Et voici maintenant l’hôpital à la fin de cette dixième journée.

Révélation

(en bleu ciel, les pièces accessibles dès le début - En vert, les pièces débloquées dans les précédents chapitres - En jaune, les pièces débloquées au cours du chapitre)

Rez-de-chaussée

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Premier étage

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Deuxième étage

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Les progrès de l’équipe

 

 

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Re: [HP] ** Les mercenaires de l'impossible **

★★ Guide

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Point de vue de Audric

 

J’avais entendu sa voix alors que j’étais dans un demi-sommeil, bien lové au fond de mon lit. Elle devenait de plus en plus insistante, et je finis par ouvrir un œil, à contre cœur, m’extirpant de mes draps douillets.

Révélation

Je m’assis au bord du lit et tachai de faire mon plus beau sourire à ma visiteuse matinale, alors que j’étais encore à moitié endormi.
- Salut Odely ! Quelle bonne surprise de te voir. Qu’est-ce qui t’amène ?
- Tu as dit que tu savais peut-être où se trouvait ce talisman, le diamant bleu...


C’était donc ça ! Elle avait changé d’avis depuis la veille au soir. Je me demandais bien pourquoi. Elle était pourtant déterminée à ne rien entendre.
- Alors ? Tu sais où il est ?
- Oui. Je pense que c’est Fantine qui l’a.


- Fantine ?
- C’est son père qui le lui a offert. Elle ne connait pas les propriétés magiques du diamant bleu, mais c’est elle qui l’a, oui. Je l’ai aperçu à son cou lors de notre soirée déguisée. Il est monté sur un joli collier mais c’est le talisman, ça ne fait aucun doute.


- Très bien, c’est une bonne nouvelle. Tu vas venir avec moi, nous allons lui expliquer la situation et elle nous remettra ce diamant bleu.
- J’espère. C’est un bijou de famille. Il a une valeur sentimentale pour elle.
- Il contient l’âme de la déesse, alors habille-toi, et suis-moi.


Quand elle voulait quelque chose, Odely ne s’embarrassait jamais de fioritures. Elle resta assise quelques secondes à me regarder puis me lança :
- Alors ? Pourquoi tu n’es pas encore habillé ?
- Et si tu sortais de ma chambre, avant ?


Quand je dis qu’elle ne s’embarrasse jamais de fioritures... Elle pénétra dans la chambre de nos amis sans même prendre la peine de frapper, mais finalement, ce fut elle qui sembla la plus gênée, alors que je trouvais la situation cocasse. 


Evidemment, Amaël et Fantine n’avaient pas le même ressenti que nous et s’extirpèrent très rapidement de leur lit, en prenant soin de se couvrir.
Odely s’excusa platement puis demanda à Fantine de nous rejoindre à la cuisine.


Elle avait servi du café et sortit une brioche qu’elle avait elle-même préparé, la veille. Elle me laissa le soin d’exposer à Fantine la raison de notre intrusion dans son intimité.
Notre amie écouta attentivement, mais ses yeux s’écarquillèrent davantage à mesure que j’avançais dans mes explications.


- Mon père serait un sorcier ? C’est peu probable, je t’assure. Je ne l’ai jamais vu pratiquer la magie. Tu te trompes forcément de collier.


- Ecoute... Je sais que ça peut te paraître bizarre, mais celui qui a créé ce talisman s’appelait Eliott O’Connor. Et tu t’appelles Connor... Le O s’est peut-être perdu avec le temps, mais je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Sa lignée de sorcier a pu s’éteindre si Eliott a épousé une humaine...
Fantine avait failli s’étouffer avec sa brioche.
- Eliott était le prénom de mon arrière-grand-père...


- C’est une bonne nouvelle, ça, lui répondit Odely. Au moins, nous sommes sûrs de ne pas nous être trompés.
- Mais c’est délirant ! J’ai ce bijou depuis toute petite, et je ne savais même pas que je trimballais une déesse avec moi, depuis tout ce temps!
Heureusement que je ne me suis pas débarrassée du collier.


- Es-tu d’accord pour nous le remettre ? lui demanda doucement Odely. Tu es consciente qu’il est important que nous libérions la déesse Aurora ?
- Oui... Mais cette pierre est très chère à mon cœur. Elle me vient de mon père... Pourriez-vous m’assurer qu’elle ne sera pas détruite lorsque la magie permettra à Aurora d’en sortir ?


- Non, on ne peut pas te garantir une chose pareille.
J’avais décidé de ne pas lui mentir. Moi-même j’ignorais si la pierre resterait intacte après la libération de la déesse, la récupération de l’âme d’Ancelin, et la libération de celle-ci. La pierre allait devoir transiter par les Enfers, alors, je n’avais aucune idée de ce qui pourrait lui arriver.
J’exprimai donc mes craintes à Fantine, afin qu’elle sache qu’il était du domaine du possible, que le diamant bleu soit détruit.
- J’ai bon espoir, quand même, conclus-je, pour que le talisman ait été créé avec un sort puissant. Il doit protéger l’âme des dieux. Je ne l’imagine donc pas se briser à la première contrariété.


Faisant fi de ses inquiétudes, Fantine finit par accepter de nous remettre son précieux diamant bleu, en nous faisant promettre, toutefois, d’en prendre grand soin. Puis elle termina son café et s’en alla le chercher. 


Elle revint quelques minutes plus tard, et le déposa devant elle. Odely était impressionnée par la beauté et la pureté de la pierre.
- Tu l’as retirée de ton collier ? lui demandai-je.
- Ne t’en fais pas. Il s’y réemboîte parfaitement. Et je ne voulais pas prendre le risque de perdre aussi la chaîne.


- Bien, souffla Odely, maintenant que nous avons ce magnifique talisman, il ne nous reste plus qu’à trouver comment faire pour libérer Aurora. Qu’en dis-tu Audric ? 


- Ça, j’en fais mon affaire. Je vais me faire aider par Doreen, mais c’est comme si c’était déjà fait. 


- J’adore ce genre de réponse ! Bon je te laisse le diamant bleu. Doreen et toi, rejoignez-moi sur le parvis de l’hôpital. Fantine ira mettre les autres au courant de la situation. Et rendez-vous pour tout le monde à quinze heures, au kiosque. J’ai encore des choses à vous dire.


J’avais retrouvé Doreen, au frais, dans sa chambre, en train de faire du point de croix. Elle s’était découvert une passion pour cette activité depuis que nous étions enfermés ici et je dois admettre que ces œuvres étaient de plus en plus jolies.
Je lui fis un bref topo au sujet du talisman puis nous rendîmes ensemble devant l’hôpital où Odely nous attendait déjà.


Elle nous parla du plan d’action de Yoram pour détruire les vénusiens. Grâce à des notes qu’il lui avait laissées, elle savait comment faire pour armer l’antenne satellite qui se trouvait sur le toit de l’hôpital, et que notre ami avait achetée chez Juju la semaine dernière. L’antenne pourrait détecter tous les vaisseaux vénusiens à plusieurs années lumières de notre position, et s’orienterait d’elle-même pour tous les pulvériser. A condition de faire les bons réglages.
Seuls, Odely, Doreen et moi, étions en mesure de pouvoir effectuer ces manipulations aussi périlleuses que délicates ; Odely car elle pouvait accéder au toit, grâce à ses ailes de chauve-souris, et Doreen et moi, car nous pouvions y voler, grâce à nos balais magiques.


Odely décréta qu’elle irait seule car l’entreprise était beaucoup trop dangereuse.
- Elle l’est pour toi aussi, lui dis-je.
- Elle l’est moins. S’il y a court-circuit, vous mourrez électrocutés, alors que je risque seulement de griller un peu. Ça ne me fera pas de bien mais je m’en remettrai. Je suis immortelle.


- Dans ce cas, pourquoi tu nous as fait venir ?
- Je mets parfois un peu de temps à me remettre d’un choc mortel, alors si ce devait être le cas, je compte sur vous pour venir me chercher. Et ne touchez pas à cette antenne, c’est clair ?
- Très clair, mais promets-nous d’être prudente.


- C’est promis. Je peux y aller, maintenant ? 


Doreen et moi acquiesçâmes d’un léger hochement de tête, et Odely déploya ses ailes jusqu’à devenir une petite chauve-souris.


Nous la vîmes prendre son envol, assurée. Elle nous avait dit avoir étudié scrupuleusement toutes les instructions de Yoram. Elle connaissait le schéma de cette antenne, presque par cœur. 


Le « presque » nous faisait un peu peur, mais Odely ne faisant jamais les choses à moitié, nous imaginions aisément qu’elle avait envisagé toutes les possibilités.
Nous la vîmes arriver près du toit. Le satellite était tout proche.


La manœuvre dura un long moment. Nous avions du mal à voir ce qui se passait là-haut, et nous espérions qu’Odely n’était pas en difficultés. Nous avions chaud car la journée était caniculaire et, à tour de rôle, Doreen et moi allions remplir des bouteilles d’eau pour nous hydrater, pendant que l’autre surveillait le toit. 


L’attente était interminable puis, soudain, nous aperçûmes un premier faisceau lumineux se diriger vers le ciel, et se perdre dans l’espace. Nous savions qu’il s’agissait d’une arme puissante dont la portée défiait tout ce que l’on connaissait sur notre planète, mais je ne pus m’empêcher de penser que le rayon était de toute beauté. Un deuxième lui fit écho quelques minutes plus tard, après que l’antenne ait modifié son orientation.


Un troisième faisceau, se dirigeant juste au-dessus de l’hôpital, se matérialisa une bonne dizaines de minutes après les deux premiers, nous laissant pantois face à la belle explosion qui s’ensuivit : le vaisseau qui venait de sauter devait avoir un diamètre trois fois supérieur à la surface du terrain de notre demeure, et il n’était pas très loin de nous. Il ne faisait aucun doute que c’est celui-ci qui nous avait attaqué ces derniers temps. 


Odely redescendit une demi-heure après l’explosion, car elle avait voulu s’assurer que notre offensive envers l’ennemi était belle et bien terminée.
Nous étions soulagés de la revoir en pleine forme.
- Alors, qu’est-ce que vous en dites ? nous demanda-t-elle en souriant de toutes ses canines.
- Epoustouflant ! lui répondis-je sur le même ton. D’ici, on a assisté à un beau brasier. Tu as assuré !


A quinze heures tapantes, nous étions au rendez-vous pour le débriefing prévu par notre cheffe. Nous arrivâmes au kiosque, alors qu’Amaël et Fantine débattaient encore de l’explosion qui avait eu lieu au-dessus de leurs têtes et dont ils ignoraient la provenance.
Je me sentis revivre, à l’ombre de la tonnelle, même si nous n’avions pas beaucoup d’air, mais j’étais bien loin de l’atmosphère étouffante, et du cagnard, que j’avais dû supporter pendant plusieurs heures.


Odely expliqua ce qui venait de se produire, assurant à nos amis que les vaisseaux vénusiens avaient été détruits. Nous n’aurions plus à subir d’attaques de leur part, et Tempérance se trouvait, à présent, démunie de ses alliés extraterrestres.
Trois vaisseaux avaient été détruits mais nous n’avions pu observer, à l’œil nu, que la destruction de l’un d’entre eux, qui était en orbite au-dessus de nous. Nous n’avions plus aucune chance d’être pris à parti par cette race malfaisante car, avant qu’ils ne se rendent compte que leurs vaisseaux ne croisaient plus dans notre espace, il s’écoulerait un temps amplement suffisant pour que nous réglions les problèmes de cet endroit. Et, dans le meilleur des cas, les vénusiens comprendraient qu’il valait mieux pour eux ne plus envahir l’espace de la planète Sim.
Fantine et Amaël étaient ravis de cette bonne nouvelle.


Odely poursuivit ensuite son discours en mentionnant le talisman. Fantine avait mis au courant Amaël à propos de la discussion que nous avions eue le matin même mais, ce que nous apprenions tous, c’est que, pour sauver l’âme d’Ancelin, un humain devrait être sacrifié. 


Odely ne savait pas encore comment cela devait se passer car, seule la Déesse Aurora serait en mesure d’apporter des réponses et une solution mais, ce dont elle était certaine, c’est que si, Amaël ou Fantine, les seuls humains présents dans l’aventure, faisaient le choix de sauver l’âme d’Ancelin, l’issue serait probablement fatale.
- Nous sommes amis depuis longtemps, Fantine.., et toi, Amaël, même si je te connais depuis peu, tu fais partie de l’équipe et je ne te veux aucun mal, dit-elle à nos amis humains. Jamais je ne vous obligerai à faire quelque chose qui mettra vos vies en danger, c’est pourquoi j’ai imaginé une sorte de "sortie de secours".


Elle se tourna vers moi.
- Vous, les sorciers, vous êtes certainement suffisamment puissants pour ramener à la vie un être humain. Vos pouvoirs sont immenses, et j’espère pouvoir compter sur vous.


Mon regard croisa celui de Doreen. Nous savions que nous pouvions faire quelque chose. Nous connaissions les sorts et les potions mais, aucun d’entre nous ne s’était réellement exercé à une telle magie. La pression était énorme. 


Doreen ne semblait pas vouloir prendre le risque :
- Nous parlons de magie noire, Audric, de ramener quelqu’un à la vie, et tu le sais aussi sûrement que moi, cette magie n’est pas sans conséquence. Tu dois tout de suite oublier cette idée.


Je n’avais pas la même opinion qu’elle, et cela me navra :
- Je ne peux pas, je suis désolé. Si Fantine ou Amaël décident d’accepter, je ferai tout pour les ramener à la vie, peu importe le prix à payer.


Doreen me regarda un instant sans rien dire. Je pouvais lire de la tristesse dans ses yeux et, lorsqu’elle me répondit, ses mots furent sans appel :
- Comme tu veux. Mais tu devras te passer de moi.


Amaël et Fantine s’étaient rapprochés l’un de l’autre. Leurs regards plongeaient, l’un dans l’autre, désespérés. Ils ne savaient pas quoi penser de ce plan périlleux. 


Odely donna congé à tout le monde et nous donna un ultimatum de vingt-quatre heures.
- Nous n’avons malheureusement pas beaucoup de temps pour nous décider, s’excusa-t-elle en s’adressant aux deux personnes concernées. Alors, demain, votre réponse sera oui ou non. Il n’y aura pas de mauvaise réponse, et je n’en voudrai à personne du choix qu’il aura fait. D’ici là, je vous souhaite à tous une bonne réflexion.


Après avoir effectué les corvées du jour, je me lançai, pour la première fois, dans la préparation d’une potion de résurrection. La recette était complexe, et il m’avait fallu soudoyer Juju pour qu’il m’obtienne les ingrédients nécessaires à son élaboration, aussi rares qu’onéreux.


Fantine vint se joindre à moi quelques minutes plus tard :
- Je tenais à te remercier. C’est cool de savoir que tu seras là pour me ramener, si je choisis d’accepter la mission.
- C’est normal. Il faut bien que mes pouvoirs servent à quelque chose, non ?


J’essayai de prendre un ton léger pour la rassurer, mais je n’avais aucune idée du résultat final de cette potion. J’en avais trouvé la recette dans l’un des grimoires de mes ancêtres mais, même si lui l’avait déjà éprouvée, j’étais anxieux à l’idée de la tester sur Fantine ou Amaël.
- Tu sais que c’est risqué, quand même ? Tu vas devoir mourir pour récupérer l’âme d’Ancelin aux Enfers. On ne sait même pas comment on va pouvoir faire ça...


- Hilda a dit qu’Aurora nous expliquerait la marche à suivre. On ne pourra être mieux guidés que par une déesse toute puissante et immortelle, tu ne crois pas. 


Je l’espérais de tout mon cœur...
- Si, j’ai confiance en Hilda. En tous cas, j’ai hâte de savoir comment elle compte procéder pour qu’Amaël, ou toi, vous rendiez au Pandemonium. Lorsque j’aurai cette information, il me sera plus facile d’ajuster mon sort de résurrection.
- Tu vas aussi utiliser un sort, en plus de la potion ?
- Deux précautions valent mieux qu’une. On en saura plus ce soir, lorsqu’on aura libéré Aurora.


A la nuit tombée, j’avais terminé mon breuvage. Je m’empressai de le mettre en flacons, avant de rejoindre les autres dans le hall.

 

Si Doreen n’était pas favorable à l’idée de ressusciter l’un de nos compagnons, elle avait accepté de s’allier à moi pour extraire l’âme de la déesse Aurora du talisman de Fantine. A deux, nos chances de réussite étaient garanties.


Nous entamâmes nos incantations en même temps, les récitant de plus en fort. 


Un chemin magique se créa jusqu’au diamant bleu, sous les yeux ébahis de nos amis, qui n’osaient pas bouger. 


Grâce au lien qui s’est formé, entre la pierre et nous-mêmes, nous parvînmes à en libérer l’âme de la Déesse. 


Nous la tenions entre nos mains, puissante et magnifique à la fois. 


Et sa puissance était telle que nous sentions qu’elle voulait nous échapper. 


Ce qu’elle réussit à faire. Elle avait disparu, nous laissant pantois devant ce qui restait d’étincelle magique, autour du talisman.


- La pierre est intacte, soupira Fantine.
- La question est, où est passée la déesse ? demanda Odely.


- Je pense qu’elle a été récupérer son corps. Si j’en crois ce que m’avait dit Ancelin, il n’est pas très loin. Il se trouve sur un îlot, au milieu du lac du village.
- Tu penses ou tu es sûr ?
- Attendons voir ce qui va se passer...


Une vingtaine de minutes plus tard, une jeune femme, à la démarche gracieuse, apparut sur le pas de la porte. Sa longue chevelure argentée tombait, en ondulant, sur sa poitrine. Elle avait le teint pâle et les yeux très clairs.
- Bonsoir, je m’appelle Aurora, s’annonça-t-elle simplement.


Elle s’approcha de nous.
- Je tiens à vous remercier sincèrement de m’avoir sortie de ma prison. Le temps commençait à être long.


Nous fîmes les présentations puis la jeune déesse s’installa parmi nous. Après avoir entendu le résumé assez bref que nous lui avons servi, sur les derniers évènements qui s’étaient déroulés ici, elle nous informa qu’il lui fallait s’entretenir, en privé, avec Hilda.
- J’ai besoin de savoir précisément quelle est la situation dans l’au-delà, avant de pouvoir agir, s’excusa-t-elle.


- Nous comprenons, ne vous en faites pas. Je vais aller chercher Hilda, et mes amis et moi vous attendrons au salon. 


Je ne pus, cependant, m’empêcher de faire le curieux. Je les entendis parler des brèches qui s’étaient ouvertes, du diamant bleu, mais aussi d’Ancelin, et de Fantine.
Guidry choisit de faire son apparition nocturne au beau milieu de leur conversation, et les deux femmes se retranchèrent dans la cuisine pour y discuter tranquillement.
Le fantôme me croisa dans le couloir, puis nous décidâmes de rejoindre les autres.


Aurora nous retrouva au salon, une bonne heure après.
- Les nouvelles ne sont pas bonnes, mais Hilda m’a dit que vous le saviez déjà. Je dois rétablir l’équilibre entre les mondes, et refaire tout ce que la Tempête Rouge a défait. Pour commencer, il va falloir la mettre hors d’état de nuire, définitivement. Ensuite, il faudra que l’un de vous aille récupérer l’âme de votre ami Ancelin aux Enfers. Elle n’a rien à y faire, et participe à l’explosion de l’au-delà. Après, et seulement après ça, je pourrais réhabiliter le monde des vivants, et les mondes des morts. Enfin... c’est ce que j’espère.
- Audric et moi, avons un plan, pour Tempérance, s’exclama Doreen.


Guidry s’excusa, et prit congé. Il avait du mal, tout comme nous à se remettre du décès de Yoram mais, ce qui l’inquiétait, est qu’il ne l’avait pas encore aperçu dans l’au-delà. Il refusait donc d’entendre que quelqu’un d’autre puisse encore se sacrifier, car la réception des âmes et des esprits, de l’autre côté, était de plus en plus hasardeuse.
- Aurora ? C’est vrai ce qu’il dit ? demanda Fantine.
- Malheureusement, oui. Mais j’aiderai celui de vous deux qui ira là-bas, à se rendre directement auprès de l’âme d’Ancelin.


L’heure était grave, et nous voyions tous le moment approcher, de la confrontation finale avec Tempérance. S’il ne s’était agi que de cela, nous aurions sans doute été plus sereins, mais nous avions peur de perdre l’un des nôtres, et Amaël avait peur de perdre Fantine.
- Je me rendrai au Pandemonium, lança-t-il d’une voix ferme, contrastant avec ses yeux tristes. C’est moi qui irai.
- J’en prends note, lui répondit Aurora.


Fantine allait pour répliquer mais Odely le fit à sa place.
- Attendez ! Je leur ai laissé jusqu’à demain après-midi pour y réfléchir. Ils doivent en discuter tous les deux. Il ne s’agit pas de choisir entre la fraise et le chocolat.
- Très bien. Fantine ? Où est votre diamant bleu ?
- C’est Audric qui le garde.


- Remettez-le et ne le quittez plus. Il est hors de question que la Tempête Rouge s’en empare, et le talisman vous protègera. Je vais vous laisser pour ce soir, car elle ne doit pas savoir que je suis de retour. Je verrai, demain, celui qui descendra au Pandemonium.
- Merci de nous aider, lui dit Odely.
- C’est moi qui dois vous remercier. Sans volontaire pour sortir cette âme de l’Enfer, je ne pourrai rien faire. Alors, croyez-moi, je vous dois une fière chandelle. Passez une bonne nuit, et prenez des forces. Vous en aurez besoin.


Tout le monde était parti se coucher, enfin presque. Odely s’était transformée en chauve-souris pour aller faire un tour dans la nuit noire, et fraîche.
Je croisai Guidry au salon et lui donnai 400 § pour débloquer les deux dernières salles de bain du deuxième étage. Il m’informa que nous n’avions plus qu’une pièce à déverrouiller, une pièce qui nous serait accessible, sans condition, lorsque Tempérance serait vaincue. Il s’en faisait une joie, d’avance.


Après notre petite conversation, je m’employai à user de magie pour réparer la plomberie de plusieurs salles de bain, ainsi que les traces laissées par un ectoplasme, dans notre cuisine. Après toutes les émotions de cette journée, j’étais monté sur cent mille volts. Je n’avais pas du tout sommeil.
Je poursuivis mes travaux nocturnes en enlevant le lierre qui restait, sur les façades ouest et est (rien de très difficile avec quelques connaissances en magie), puis je décrétai qu’un peu de lecture superficielle, me ferait du bien. Je pris un livre et me rendis au salon.


Hilda était là, à faire un peu de ménage.
- Vous ne dormez jamais ?
- Je n’en ai pas besoin. Et vous ?
- Je suis inquiet pour mes amis. Je me demande si le sort et la potion que j’ai prévus pour eux, vont fonctionner.


Elle me regarda étrangement. J’avais même l’impression qu’elle esquissait un petit sourire :
- Vous n’avez pas besoin de la potion. Elle ressusciterait votre ami beaucoup trop tôt. Il serait encore au beau milieu des Enfers, et cette fois, c’en serait réellement fini de lui. Servez-vous uniquement du sort. C’est lui qui offrira la meilleure garantie de retour, à celui qui descendra.


- Vous avez raison. Je crois que je vais aller me coucher. Demain, je vais devoir bétonner ce sort, et je vais avoir besoin de toutes mes facultés.
- Alors, reposez-vous bien, Audric. Toute cette histoire sera bientôt derrière vous.


Je me félicitai d’avoir appelé Juju, dans la journée, pour débarrasser un des lits qui se trouvaient dans ma chambre, ainsi qu’une table de chevet.
Je pus ainsi y monter un coussin de méditation et me vider la tête. Demain sera un autre jour, et tout cela sera bientôt derrière nous... mais à quel prix ?

 

A suivre...🙂

 

 

Et voici maintenant l’hôpital à la fin de cette onzième journée.

Révélation

(en bleu ciel, les pièces accessibles dès le début - En vert, les pièces débloquées dans les précédents chapitres - En jaune, les pièces débloquées au cours du chapitre)

Rez-de-chaussée

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Premier étage
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Deuxième étage

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Bilan des ventes de la journée

Les progrès de l'équipe

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Re: [HP] ** Les mercenaires de l'impossible **

★★ Guide

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Point de vue de Fantine

 

Hier soir, en allant me coucher, j’avais refusé à Amaël toute possibilité de débattre pour savoir lequel de nous deux se rendrait au Pandémonium. Je lui avais promis d’en discuter à notre réveil, mais j’avais très mal dormi et, lorsque je me suis levée, il dormait encore.
Je pris donc une douche éclair, avalait un petit déjeuner sur le pouce, et décidai d’aller m’occuper au jardin. Après tout, la vie continuait, même pour les héros, et nous avions besoin de nous nourrir, et nos animaux aussi. A peine me retrouvai-je sur le pas de la porte, que j’eus la désagréable surprise de me trouver nez à nez avec un Trident de Vénus.

Révélation

- Ne t’en fais pas. Les vaisseaux vénusiens ont bien été anéantis. J’imagine que Tempérance veut nous faire peur avec ses vieux cadeaux de leur part.
Odely venait d’apparaître au bas de l’escalier, fraîche comme un gardon.


- Je ne suis pas inquiète, tu sais. Je vais shooter cette abomination avec mes vieilles baskets, et il n’y paraîtra plus. J’ai autre chose à faire, tu vois. Il y a des poules, et un jardin, qui m’attendent.
- Ça me fait plaisir de te voir ainsi. Tu t’appliques aux tâches quotidiennes alors que tu as une lourde décision à prendre. J’avais pensé te relever des corvées, pour les donner à Doreen.
Son sourire était bienveillant mais son regard était tourmenté. Je savais qu’elle se faisait du souci pour moi. Elle s’en faisait pour nous tous.


Je lui souris à mon tour :
- Laisse Doreen tranquille. Je suis en paix avec moi-même. J’ai pris ma décision et je vais bien. C’est moi qui descendrai dans cet enfer. Et la seule chose que je veux, à présent, c’est m’occuper du jardin.
Je n’avais pas menti. J’étais sereine, peu importe l’issue de cette mission. J’avais eu toute la nuit pour y penser, et personne ne ferait revenir sur la résolution que j’avais prise.


Elle me regarda, ses grands yeux dirigés sur les miens :
- Et Amaël ? Il est d’accord avec ça ? Hier soir, c’est lui qui envisageait de partir...


- Laisse-moi gérer Amaël. Il n’est pas encore au courant, mais il acceptera ma décision. C’est à moi de le faire, je le sais.
- Fantine... Tu sais que rien ne t’oblige à faire ça. Ni toi, ni Amaël... Je ne vous en voudrai pas, si vous refusiez.
- Tu sais très bien qu’il ne s’agit plus uniquement de l’amour qu’Ancelin a perdu pour toi, Odely. Si on ne le ramène pas, c’est notre monde qui va s’écrouler. L’amour d’Ancelin n’a rien à faire au Pandemonium. Aurora nous l’a dit. Elle fait partie des actes malintentionnés dont nous a gratifié Tempérance. L’amour d’Ancelin doit se trouver dans son corps. Si je ne vais pas là-bas, c’est notre monde qui se retrouvera en péril. Nous devons rétablir l’équilibre.


J’avais eu le temps d’y réfléchir, et je savais que je serais plus motivée qu’Amaël pour accomplir cette tâche. Les avenirs du monde, et de l’au-delà, étaient entre nos mains mais, moi, j’avais encore plus à perdre : un ami. Et Ancelin était pour moi un ami de longue date.
- D’accord ! finit par lâcher Odely, à court d’arguments. Je n’irai pas contre ta volonté. De mon côté, je vais voir où en est Audric avec son sort, et sa potion.


Après le départ d’Odely, je fis valdinguer le trident en mille morceaux, avant de nourrir les poules et les insectes. Toutes ces activités me firent le plus grand bien. J’étais concentrée dessus et je ne pensai à rien d’autre. 


Mais, les soins que j’administrai aux plantes, furent encore plus bénéfiques pour mon esprit. Arrosage, désherbage, cueillette... cette occupation était si prenante qu’elle me lavait de toutes les contrariétés qui auraient pu infester mes pensées. 


J’étais en train de nourrir les poules lorsqu’Amaël m’appela. Il se tenait, la chemise ouverte, derrière les grilles du poulailler. Je l’avais presque oublié, mais la discussion que nous devions avoir semblait se rappeler à moi, inévitable. Je finis de lancer le grain aux poules, avant de m’avancer vers lui. 


- Il serait temps que nous parlions, tu ne crois pas ?
J’osai à peine le regarder mais, oui, il avait raison, nous devions parler.


J’acceptai alors, de m’asseoir près de lui, sachant très bien comment finirait cette discussion, mais je lui devais bien d’exposer ses propres arguments.
- Je tiens à descendre là-bas, Fantine, j’y tiens absolument. Je récupère l’âme d’Ancelin, et je serai de retour auprès de toi en très peu de temps.
Les arguments... Je n’arrivais pas à les déterminer. Seul le regard assuré d’Amaël aurait pu, en d’autres temps, me convaincre.
- Vraiment ? Et pourquoi ce serait toi qui devrais t’y rendre ? En quoi es-tu plus légitime que moi pour cette mission sui-c-ide ?


- Je suis plus vieux que toi, Fantine. Si les choses devaient mal se passer, je préfère être celui qui y restera. Tu as encore toute la vie devant toi, tu es jeune. Moi, j’ai déjà vécu une vie. Je me suis marié, j’ai eu un enfant...
Alors, c’était ça son argument ? Mais comment pouvait-il se tromper autant ?


- Tu parles de ta fille ? De Gwen ? Tu lui avais promis de revenir dans deux jours... Voilà douze jours que nous sommes coincés ici. Elle a déjà dû retourner chez sa mère. Elle ne compte pas pour toi ? Moi, je n’ai rien à perdre. Tous mes amis étaient ici, et j’en ai perdu deux. Alors, si je dois sauver le monde, et ramener, en prime, l’âme d’Ancelin, je le ferai. Parce que tous ces gens comptent pour moi. 


J’avais espéré toucher une corde sensible chez lui, mais il ne s’arrêta pas à mon discours, que j’avais estimé convaincant :
- Tu oublies une chose, Fantine. Je t’aime. Je t’aime à la folie, et ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. Je ne m’en remettrai pas. Et puis, Audric est là. Il me ramènera des Enfers. Je lui fais confiance.


La sincérité d’Amaël me toucha, sa spontanéité à me dire « je t’aime », naturellement, comme ça... Mes sentiments envers lui étaient tout aussi forts. Nous n’avions jamais parlé d’amour et, pourtant, je l’aimais de tout mon cœur, mon cœur qui avait vacillé à l’instant où il avait prononcé ces deux petits mots, mais, à ce moment-là, je me devais d’aller dans une autre direction :
- Amaël... On se connait depuis moins de deux semaines... On a passé de bons moments ensemble, je suis d’accord, mais... l’amour... Je ne ressens pas ça pour toi. On s’est retrouvé coincés ici, tous les deux, et tu as été un super plan « crac-crac ». N’en parlons plus. C’est moi qui vais descendre jusqu’au Pandémonium. Et puis, n’oublie pas, le diamant bleu est à moi. Je le garderai à mon cou, quoiqu’il arrive.


Il m’avait regardée, l’air contrit, et m’avait laissée, libre de mon choix, sur de simples mots. Sa gorge nouée avait réussi à s’exprimer mais, je pouvais deviner, au timbre de sa voix, que je venais de détruire tout ce qui avait pu se construire entre nous deux :
- Fais ce que tu veux, tu as raison. Ce n’est pas une aventure de deux semaines qui va nous dicter notre conduite. Et puis, j’ai une fille qui m’attend.
Sa voix tremblait encore lorsqu’il me salua avant de partir. J’étais tellement triste.


Je m’éloignai, alors, de l’enceinte de l’hôpital pour pouvoir pleurer tranquillement, loin des regards inquiets de mes amis, lorsqu’Aurora apparut devant moi, magnifique dans sa robe de déesse.
- Ne pleurez- pas...
- Je n’ai même pas commencé.
- Mais vous alliez le faire. Ne vous en faites pas ainsi, et croyez en l’amour. Amaël finira par comprendre. Vous avez pris la bonne décision.


- Vous savez déjà que c’est moi qui vais descendre, là-bas ?
- J’entends les pensées et je ressens les émotions. Pour tout vous dire, j’espérais que ce soit vous qui vous rendiez au Pandémonium. Le diamant bleu est à vous. Ce sera beaucoup plus facile. Il faut que nous parlions, maintenant.


- J’imagine que vous allez m’expliquer comment je vais devoir procéder...
- Oui, mais n’ayez aucune crainte. Le diamant vous protègera durant toute la durée de votre passage à Inferno. Le mal y sera omniprésent, et le talisman vous permettra de conserver votre pureté d’âme.
- Super ! Me voilà rassurée.


La déesse poursuivit son discours, sans même relever ma dernière phrase. Elle m’expliqua qu’elle allait ouvrir un portail qui me conduirait directement dans la salle où Tempérance avait entreposé l’amour d’Ancelin. L’âme était dans une boîte marquée d’une tête de mort. Il me suffisait d’ouvrir la boîte, de prendre l’âme, de déposer l’idole d’Audric sur l’autel, et de repartir en sens inverse. Voilà, dis comme ça, c’était une mission super facile ! Sauf qu’il fallait que je meure pour la réussir.
- Hein ? Mais quelle idole d’Audric ?! réalisai-je soudain.
Personne n’avait jamais parlé d’une idole...


- Audric a trouvé une idole, quelques jours après votre arrivée dans l’hôpital. Il la garde dans ses affaires. Cette idole va permettre d’expulser Tempérance des Enfers, et de refermer toutes les brèches. Grâce à elle, nous pourrons enfin reconstruire le monde de l’Au-delà.


- Je sens que je m’apprête à vivre une vraie partie de plaisir !
- Ne vous en faites pas. Tout cela a l’air compliqué, mais ça ne durera que quelques minutes.


Elle me regarda alors, d’un regard bienveillant.
- Et je ne serai pas loin. Je vous accompagne. Par contre, au cas où nous croiserions quelqu’un sur notre route, je préfèrerais que le médaillon reste dans votre poche. Il ne faudrait surtout pas qu’on vous l’arrache.
C’était la meilleure nouvelle du jour ! Aurora allait venir avec moi. J’en aurais presque hurler de joie, tellement je me sens moins seule, tout d’un coup.


Aurora avait réuni tout le monde, dans l’après-midi, car le timing devait être parfait pour que l’entreprise réussisse, et que tout le monde se sorte sain et sauf de cette aventure à haut risque.
Doreen avait, finalement, accepté de se joindre à Audric pour l’aider à consolider le sort qui allait me ramener. Il faut dire qu’Audric, son truc à lui, c’étaient d’abord les potions, pas les sorts.


Notre ami sorcier nous avoua avoir dissimulé l’idole, peu de temps avant d’avoir mis le feu aux ordures de l’hôpital. Il nous dit qu’il pensait la statuette bienveillante, mais qu’il avait décelé une aura destructrice émanant d’elle, et il avait préféré la mettre à l’écart, afin que personne ne soit blessé.
- Cette idole ne vous aurait rien fait, affirma Aurora. Elle est destinée à détruire les portes de l’enfer, pour que plus rien n’en sorte. C’est certainement cela que vous avez ressenti.
Audric promit de nous remettre très vite l’idole, pour que nous puissions l’utiliser.


Aurora briefa tout le monde sur ce qui m’attendait en enfer, puis Doreen et Audric nous détaillèrent, point par point, l’ordre à suivre pour me ramener à la vie. 


- Vous aurez six minutes pour récupérer l’âme d’Ancelin, et revenir. Six minutes, pas une de plus, sinon, nous ne pourrons pas ramener Fantine. 


Ouah, la pression, tout d’un coup... Six minutes ? Mon moral avait pris une grosse claque...
Odely, qui n’avait pas encore parlé, jugea le moment opportun pour le faire :
- Comment ça, six minutes ? Vous n’avez pas mieux à proposer ? Vous êtes des sorciers, non ?
- C’est le temps maximum pour que le sort soit stable, et qu’on ne passe pas du côté obscur de la magie. Doreen a raison, ce serait très risqué, et le remède pourrait être bien pire que le mal.
Aurora appuya les dires d’Audric :
- On ne peut pas avoir recours à la magie noire pour faire le bien, surtout en Enfer. Cela se retournerait contre nous. Six minutes seront largement suffisante pour ramener Fantine.
- De toute façon, j’irai là-bas. Peu importe que j’ai six minutes ou une heure, leur dis-je pour mettre un terme à la polémique.


Amaël me regardait et je pouvais lire beaucoup d’inquiétude, dans ses yeux. Je le regardai alors, à mon tour, essayant de lui faire mon plus beau sourire :
- Et puis, je dois sauver le monde, il ne faudrait pas l’oublier !
J’entendis la voix grave d’Audric :
- Fantine, nous allons juste arrêter ton cœur, et le faire repartir, comme si nous étions des médecins... enfin presque...
- Ok, ça me va.

 

Le soir venu, Aurora, aidée d’Audric et de Doreen, s’apprêtait à ouvrir un portail vers le Pandemonium, et plus précisément, vers la salle où je retrouverais l’âme d’Ancelin. Les voir ainsi unir leur pouvoirs, étaient très impressionnant. La déesse avait fait jaillir de la paume de ses mains, des flammes. Sûrement un avant-goût de l’Enfer.


Je ne sais pas pourquoi elle poussait d’étranges cris, mais je crois que c’était nécessaire pour le sort... Doreen et Audric, eux, étaient là pour stabiliser le portail, pendant qu’Aurora y jetterait son localisateur. Oui, c’est ainsi qu’elle appelait le feu qu’elle tenait dans sa main.

Tout à coup, Doreen se mit à crier :
- Je le sens, il est bientôt là ! Préparez-vous, Aurora !
- Je le sens aussi. Je suis prête.


Aurora envoya le localisateur, sur je ne sais quel point invisible, connu d’elle seule, puis il disparut, laissant la place à un vortex enflammé. Bon sang ! Je ne m’attendais pas à ça du tout.
- Ce sont les flammes de l’Enfer. On l’a ouvert au bon endroit, s’extasia la déesse.
Amaël, lui, n’eut pas du tout la même réaction enthousiaste :
- Je peux encore y aller à ta place, tu sais.
- Oui, je le sais, mais je veux y aller.


J’ôtai mon collier, et mis le diamant bleu, en sécurité dans la poche de ma jupe, comme me l’avait recommandé Aurora. Le moment était arrivé. Mes amis allaient arrêté mon cœur. J’espérais vraiment que leur magie serait aussi efficace qu’un défibrillateur, lorsqu’il s’agirait de me ramener à la vie... 

Mais j’avais confiance, et je m’avançai vers eux d’un pas assuré. Ils me ramèneraient, je le savais. Je les avais déjà vu travailler ensemble, et, à tous les deux, ils pouvaient faire des miracles. Je serai le prochain de leur liste, voilà tout.
- Vous êtes prête ? me demanda Aurora.


Je n’étais pas prête du tout. J’avais une trouille bleue et le ventre qui tournait, mais personne ne voulait entendre ça... sauf peut-être Odely.
- Oui, je suis prête. Faites votre magie, qu’on en finisse. Et rappelez-vous que vous m’avez fait une promesse.
- On la tiendra.


Tout se passa très vite. Doreen et Audric se sont tenus la main, et on simplement jeté le sort, grâce à une formule magique de leur cru.
Je sentis, presqu’immédiatement, mes jambes se dérober sous moi. Je me sentais bien, ma peur avait disparu. Je me suis vu tomber sur le sol et, une fois à terre, je fermai les yeux.


Lorsque je revins à moi, j’avais l’impression de flotter. Mes pieds ne touchaient plus le sol, c’était très marrant.
J’entendis la voix d’Audric, juste derrière moi :
- Ça a marché.


Je m’étais assise une seconde, pour me remettre de mes émotions, mais tous mes amis avaient rappliqué autour de moi, et Aurora me pressait de la suivre.
- Nous n’avons que six minutes, Fantine. Vous vous reposerez plus tard.
Amaël et Odely approuvaient la déesse. C’est dommage... C’est très sympa d’être un fantôme. J’aurais aimé avoir plus que six minutes pour pouvoir en profiter. Vous changez de couleur au gré de votre humeur. Je suis passée du violet au rose, en une fraction de seconde, et je crois que c’est à cause d’Amaël. C’est assez cool comme sensation.


Mais Aurora ne semblait pas vouloir attendre davantage, alors, je la suivis.
- Vous vous rappelez tout ce que je vous ai dit, Fantine ?
- Oui, pas de soucis !
- Très bien, parce que nous n’aurons pas une minute à perdre lorsque nous serons « en bas ». Avec vos enfantillages, il ne nous reste que cinq minutes.
Je crois qu’elle n’était pas très contente la déesse...
- Vous passez la première. Je ne serai pas loin derrière vous.
Ah bon ? Ok, de toute façon, je n’ai pas peur. Ma nouvelle condition de fantôme me rend vraiment courageuse, mais j’aurais pu parier qu’elle ne m’avait jamais dit que je passerai la première... J’avançai vers le trou noir et franchit le portail


Lorsque j’arrivai à Inferno, je fus tout de suite mise dans l’ambiance. Si je n’avais pas été un fantôme, je crois que mes chairs auraient brûlé sur place, tant la chaleur était intense. Bizarrement, je n’étais pas incommodée par cette chaleur, ni par l'odeur de souffre qui enveloppait la salle. J’étais juste bien. Peut-être était-ce parce que je savais que je ramènerais son amour, à Odely, ou alors, que je sauverais tous les mondes, qu’ils soient terrestres, ou de l’Au-delà. 

Comme promis, Aurora avait ouvert le portail, directement sur la pièce où se trouvait l’âme d’Ancelin. Je reconnus immédiatement la boîte, telle qu’elle me l’avait décrite. 

J’allais juste m’en saisir pour l’ouvrir, lorsque je sentis un souffle derrière moi. Guidry venait de faire son apparition. 

- Qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais hanter l’hôpital, à l’heure qu’il est, pas les Enfers.
- C’est Aurora qui m’envoie pour t’aider. Elle est allée s’assurer que Tempérance avait bien quitté Inferno, et je suis venu te prévenir que ses sbires arrivent. Ils feront tout pour t’empêcher d’emmener le bout d’amour avec toi, et je ne pourrai rien faire pour t’aider. Pas même elle. Nous nous devons d’être neutres.


- Ouais, ben j’allais ouvrir la boîte quand tu es arrivé, figure-toi. Tu me retardes.
- On ne peut pas ouvrir cette boîte. Elle est scellée. Si tu veux récupérer l’âme qui y est enfermée, comporte-toi comme un fantôme.
- Comme un fantôme ?
- Tu m’as déjà vu faire, non ?


C’est vrai... Je pris quelques secondes encore pour m’en rappeler, mais j’avais vu Guidry, à plusieurs reprises, posséder des objets. Je crois que c’est ce dont il parlait quand il disait que je devais me comporter comme un fantôme. Je fonçai sur la boîte et me retrouvai à l’intérieur, en très peu de temps. Le bout d’amour d’Ancelin était là, si beau et si lumineux. Alors, c’est ça, l’amour, lorsqu’on peut le matérialiser ? Et il ne s’agissait là que d’un tout petit bout, le seul qui restait à Ancelin... J’étais complètement éblouie. Je me demandai, alors, à quoi pouvait ressembler l’amour dans son entier.
De là où j’étais, je pouvais entendre Guidry :
- Il faut sortir de là, tu n’as plus beaucoup de temps.
- Ok, ok, j’arrive !


Je lui montrai fièrement mon trophée :
- Tu as vu ce que j’ai trouvé !
- L’amour d’Ancelin...
Guidry resta bouche bée, un instant. Il savait ce que j’allais trouvé, bien sûr, mais autre chose l’avait surpris :
- Je ne m’attendais pas à ça... Son amour est vraiment pur. Je n’avais jamais rien vu de tel... Et dire que j’ai provoqué ce vampire pour qu’il me haïsse.


Aurora fit une apparition soudaine entre nous deux.
- Claude-René vous l’a dit. Il est temps de partir.
- Oui, j’avais compris.


- Je ne suis pas sûre. Il ne vous reste que quarante-cinq secondes. Ensuite, vous mourrez.
Son regard était perçant, il ne plaisantait pas. Alors, dis comme ça, je n’avais pas intérêt à m’endormir, si je voulais récupérer mon corps, et ma vie. De toute façon, j’avais assez traîné dans cet enfer.


Guidry se dirigea le premier vers le portail. Nous commençâmes à lui emboîter le pas, mais Aurora se tourna vers moi :
- Passez devant, Fantine. Je veux m’assurer que vous rentrerez saine et sauve auprès des vôtres.


- Je n’avais pas l’intention de m’éterniser, vous pouvez me croire ! On emmène Guidry, alors ?
- Guidry n’est pas destiné aux Enfers. Et j’ai d’autres projets pour lui.


Lorsque j’arrivai de l’autre côté du vortex, je sentis mes forces m’abandonner. Tout fantôme que j’étais, ma vie semblait me quitter... Pourtant, je pouvais deviner la présence d’Amaël. Elle s’insinuait au plus profond de moi, tandis que le sommeil m’appelait, de plus en plus puissant.


Lorsque je me réveillai, j’étais dans les bras d’Amaël, et il me semblait être moi. Le portail avait disparu. J’essayai de parler, de rassurer Amaël, mais je n’y parvenais pas. Je n’arrivais pas, non plus, à garder les yeux ouverts. Je sentais les larmes de mon amant, couler sur mon épaule :
- Réveille-toi, Fantine, je t’en prie...


Puis la voix d’Odely...
- Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? J’entends son cœur battre.
- Il faut lui laisser un peu de temps. C’est tout à fait normal, après un tel sort. Elle doit retrouver ses marques, dans son propre corps.


D’après mes amis, il me fallut une bonne heure pour sortir de mon état léthargique. Amaël me serra longuement dans ses bras, et m’embrassa amoureusement. Notre petite querelle était oubliée. 

Notre mission n’était pas, pour autant, terminée. Grâce à l’idole, nous avions refermé toutes les failles qui s’étaient ouvertes depuis l’Enfer. Chacun était donc, à sa place, dans le monde qui était le sien. Les fantômes pourraient donc reposer en paix, sauf Tempérance et Guidry.
Tempérance s’était enfuie lorsqu’elle avait senti le vent tourner. Aurora s’en était assurée. Il ne restait plus qu’à trouver dans quel endroit de l’hôpital, elle s’était réfugiée.
Quant à Guidry, la déesse avait des projets pour lui, mais nous ignorions lesquels.


- Et si nous allions rendre son âme à Ancelin, maintenant ? proposa-t-elle.
Nous attendions tous ce moment, fébrilement. L’âme était à l’abri, à l’intérieur du diamant bleu, dans la poche de ma jupe.


Je remis le pendentif à mon cou. Je devais le garder sur moi, jusqu’à ce qu’il soit transmis à Ancelin. Cette fois, il n’y aurait pas besoin de sorciers pour libérer l’âme, juste le pouvoir d’une déesse.
Odely était tendue. Elle savait que c’était sa dernière chance de récupérer son mari, et elle craignait que nos plans ne puissent pas être menés à bien. Après tout, Tempérance était toujours dans la nature...


Nous nous étions rendues, Aurora, Odely et moi, jusqu’à la chambre d’Ancelin. La déesse avait ouvert le cercueil, attaché le pendentif autour du cou de notre ami vampire, puis elle avait apposé ses mains sur sa poitrine, et refermé le cercueil.
Nous attendions, toutes les trois, le résultat de cette manipulation magique. Le bout d’amour devait réintégrer le corps de notre ami, grâce à la puissance du diamant bleu, combiné au pouvoir de la déesse.


Le cercueil d’Ancelin s’était rouvert, à peine quelques minutes plus tard. 

Il portait toujours mon pendentif autour du cou.
- Est-ce que ça a marché ? demandai-je à Aurora.
- Bien sûr.


Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard était glacial. Mais il était souvent glacial, même avant la perte de son amour, alors, difficile à dire.
Il sortit de sa boîte, et se dirigea tout de suite vers Odely. Ils se regardèrent un long moment, sans dire un mot, puis Odely brisa le silence :
- Tu es revenu...
Cette fois, j’étais soulagée. S’il y en a une qui pouvait savoir à qui elle avait à faire, c’était bien elle. Et elle avait dit qu’Ancelin était revenu.


Aurora et moi nous étions éclipsées, pour les laisser seuls. Je savais que ces deux-là n’étaient pas adeptes des démonstrations d’affection, en public.
Lorsque la porte se referma derrière nous, j’entendis les premières paroles de mon ami, après cette longue période d’hibernation :
- Je suis désolé.


Je remerciai Aurora pour tout ce qu’elle avait fait pour nous. Elle me dit que son travail ici, était terminé, et qu’elle allait devoir partir pour remettre de l’ordre dans l’au-delà. Maintenant que chaque monde était à sa place, elle pouvoir œuvrer en sachant que l’équilibre allait être rétabli.
Elle me remercia, à son tour, d’avoir pu permettre cet état de chose, grâce à mon courage.


- Il ne vous reste plus qu’à trouver Tempérance, et à la vaincre. Maintenant qu’elle n’a plus accès à l’Enfer, ça risque d’être beaucoup plus facile. 

Aurora nous dit au revoir en fin de nuit. Elle nous souhaita bonne chance pour retrouver Tempérance, puis disparut dans un nuage de vapeur. Ancelin me rendit mon pendentif juste après son départ. 
 

A SUIVRE...🙂

 


Les progrès de l'équipe

Révélation
Aujourd’hui, il n’y aura pas de tableau, car il n’y a pas eu de vente, et que la dernière pièce n’est toujours pas débloquée.😁

 

Crédits : 

Révélation
La pose de Fantine est de Johanne Bernice
Les poses de Odely et Tempérance sont de Natalia Auditore
Les CC de feu, ainsi que le portail, sont aussi de Natalie Auditore.

 

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Re: [HP] ** Les mercenaires de l'impossible **

★★ Guide

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Point de vue d'Ancelin

 

Nous avions passé, une superbe journée, Odely et moi, seuls, en tête à tête. Nos retrouvailles avaient été d’autant plus appréciables que les autres nous avaient laissé tranquilles, et que plus aucune malédiction ne planait sur notre tête. Sans les pouvoirs de l’Enfer, ceux de Tempérance étaient considérablement amoindris.

Révélation

En début de soirée, nous nous réunîmes tous, dans la cuisine. Odely m’avait parlé du journal de Susumu, celui que j’avais caché derrière les toilettes du rez-de-chaussée, et nous en étions arrivés à conclusion que tout le monde devait en connaître le contenu.
Odely avait donc invoqué Guidry, qui était venu accompagné de la squelettique Hilda. Ils avaient, semble-t-il, quelque secret à nous révéler.


Avant de commencer, je tins à exprimer mes regrets à Guidry, pour ce que nous allions dire, mais il était concerné par notre découverte. Le fantôme et moi-même n’étions pas en très bons termes depuis que nous nous étions battus mais, avec mon hibernation, l’eau avait coulé sous les ponts, et nous pouvions converser, à présent, entre gens civilisés.
- Dites ce que vous avez à dire, dit-il. Je crois deviner de quoi il s’agit.


Odely prit donc la parole :
- Guidry, je suis navrée mais nous avons découvert le journal de Susumu et, dans la page de couverture, il y avait la liste des noms de tous les responsables des tortures qui ont été infligées ici, à l’époque où il était interné. Et votre arrière-petit-fils en était l’instigateur.


Il y eut un long silence dans la pièce, avant que Guidry ne réponde.
- Malheureusement... je suis au courant. C’est notre petit-fils qui l’a entraîné là-dedans, et Adrian avait l’air d’adorer ça, autant que son père.
- Comment ça « votre » ? lui demanda Odely.
- Adrian est notre arrière-petit-fils, à Hilda, et à moi.


Deuxième silence... Cette fois, c’est Hilda qui prit la parole, après nous avoir laissé nous remettre de cette nouvelle inattendue :
- Je vais commencer depuis le début. Tempérance et moi sommes des sœurs. C’est moi qui lui ai présenté Claude-René. Nous sortions ensemble, à l’époque. J’étais très amoureuse de lui, et je voulais le lui présenter. J’ai été bien naïve. Tempérance a eu le coup de foudre pour mon doux ami, et elle a tout fait pour me le prendre. Et Claude-René, en coquin qu’il était, s’est laissé séduire et a gentiment mis un terme à notre relation.


- Mais vous étiez enceinte de lui, n’est-ce pas ? lui demanda Amaël
- Oui, reprit Guidry. Hilda est venue me trouver deux ou trois mois après notre rupture, pour m’annoncer sa grossesse. J’étais tellement heureux d’entendre ça. Cela faisait des mois que j’étais englué dans une histoire dont je n’arrivais pas à me dépêtrer. Tempérance était une vraie sangsue. Elle était méchante et grossière. Tout le contraire de Hilda, qui était si douce et bienveillante.


- Claude-René est allé la voir pour rompre ses fiançailles, continua Hilda. Elle sembla avoir bien pris la nouvelle, et lui proposa une nuit d’adieu. Bien sûr, il a une nouvelle fois succombé à ses charmes, mon René ! Il ne sait pas résister aux femmes. Seulement, cette fois, cela lui aura été fatal. Le manoir a pris feu. Tempérance a brûlé vive, et mon amour est mort asphyxié.
Le ton du squelette était neutre. Il n’y avait aucune rancune, ni aucun reproche dans sa voix douce. Elle relatait les faits, simplement, d’un passé très lointain.
- Quelle tragédie... lui dit Odely. Vous avez donc élevé votre enfant toute seule ?


- Jusqu’à l’âge de ses quatre ans, oui. Ensuite, Tempérance a trouvé un moyen de sortir de l’Enfer, et m’a retrouvée. Elle a jeté sur moi, une malédiction qui m’a transformée en squelette. J’ai déposé ma fille devant la porte de mes employeurs. Ils n’arrivaient pas à avoir d’enfants, et je savais qu’ils s’occuperaient bien d’elle. Ça a été le cas. Ensuite, je me suis enfuie, et je me suis cachée. Je faisais peur à tout le monde. C’est Aurora qui m’a trouvée, et qui m’a conduite à Purgo. Je suis bien là-bas. J’aide les âmes en perdition. C’est aussi là que j’ai retrouvé Claude-René. Oh, bien sûr, nous ne sommes plus amoureux, mais nous tenons l’un à l’autre, et nous avons partagé la même peine lorsque nous avons assisté aux méfaits de notre descendance.
- Savez-vous ce qui a pu pousser Adrian à commettre de tels actes sur ses semblables ? Qu’elles ont été ses motivations ?


- Hilda avait écrit un journal, après mon décès. Le père d’Adrian l’a trouvé. Hilda mentionnait le manoir de Tempérance, et son immense fortune. Nous ne savons pas comment il a pu interpréter ses écrits, mais il était persuadé que les trésors de Tempérance n’avaient pas brûlé, et qu’ils étaient forcément quelque part, à l’emplacement de son ancien manoir. C’était complètement illogique. 


- Il avait entendu dire que les « fous » pouvaient voir et entendre les fantômes. Il s’était donc imaginé qu’ils lui diraient ce qu’il voulait savoir. Sauf que les pauvres bougres ne savaient rien du tout. Alors, ils les torturaient pour qu’ils lâchent le morceau, mais sans plus de succès. Adrian a été pire que son père car lui, avec ses méthodes, a rendu fous de pauvres hommes qui ne l’étaient pas en arrivant dans son établissement.


- C’est donc pour ça qu’il nous a fait venir à l’hôpital la première fois ? Il voulait trouver un trésor ? 


- Quel manipulateur ! s’exclama Amaël. Lorsque je l’ai rencontré, il m’a dit qu’il voulait sauver l’âme de Guidry. J’ai même eu pitié de ce vieil homme. 


Nous finîmes la discussion avec l’explication d’Audric sur le plan qu’il avait mis au point, avec Doreen, pour vaincre Tempérance. Je le trouvais diaboliquement astucieux. Nos amis sorciers avaient, décidément, une imagination défiant celles des plus grands maîtres vampires.
Pour mettre au point ce plan, il fallait tout d’abord, trouver Tempérance. Nous formâmes donc des équipes de deux, afin de quadriller tout l’hôpital.


J’avais fait équipe avec Odely. Elle était, comme moi, très emballée à la perspective du sort que nous réservions à Tempérance, mais notre ennemie jurée n’avait pas l’air de vouloir se montrer. 


C’est en arrivant au dernier étage, que nous la trouvâmes, en pleine contemplation d’un portrait de Guidry.
- Bonsoir, Tempérance.


La furie se retourna et attaqua verbalement, Odely. Mon épouse, comme à son habitude, ne se laissa pas faire mais, cette fois, je ne m’interposai pas pour la calmer. Le passif entre les deux femmes était si colossal, qu’elles devaient régler leurs comptes, et Tempérance ne pouvait plus lancer de malédiction. 


Odely avait fait sortir le fantôme, de ses gonds. Tempérance se mit à pousser des cris tellement gutturaux, que tout l’hôpital avait dû l’
entendre. Tant mieux. Doreen et Audric sauraient, ainsi, que nous l’avions trouvée. 

 

- Tu crois que tu me fais peur, sale ectoplasme ! la houspilla Odely. Tes heures sont comptées, alors arrête de faire la maline. On t’a réservé une surprise spéciale Tempête Rouge, tu vas voir, ça va te plaire.
Je ne sais pas à quoi jouait mon épouse, mais elle avait l’air de bien s’amuser. Au moins, elle gagnait du temps jusqu’à ce que les deux sorciers arrivent.


Tempérance redescendit à notre niveau et se tint les tempes. Elle semblait avoir mal à la tête, ce qui était fantasmatiquement impossible. J’aurais presque pu avoir pitié d’elle, si je n’avais pas perdu, il y a bien longtemps, toutes mes émotions. Je ne parlais pas de l’amour que j’avais pour Odely, bien évidemment.
Elle balbutia quelques excuses maladroites à l’attention d’Odely. Mon intuition de vampire était en alerte. Tempérance ne s’excusait jamais. Je sentis, qu’Odely aussi, était sur ses gardes.


Tempérance la poussa brutalement. Il était grand temps que les sorciers arrivent pour que nous mettions un terme à l’existence maudite de cette créature. 


Le fantôme se jeta sur mon épouse.
- Je vais te régler ton compte, Vampirette !
- Tu peux toujours essayer, je suis immortelle, rappelle-toi !


Je ne me demandai même pas qui allait sortir vainqueur de ce combat. Tempérance n’avait aucune chance face à Odely.
- Tu ne peux même pas t’imaginer combien ça soulage, mon amour, me lança-t-elle.
Oh si... Elle attendait ça depuis si longtemps.


La furie fut battue à plates coutures, et sans honneur, par ma femme. Je n’en attendais pas moins d’elle. 


Elle plaqua son ennemie au sol et la maintint fermement. Tempérance se débattait furieusement.
- Il est hors de question que tu t’échappes. Mes amis vont bientôt arriver. Alors soit, tu te calmes, soit je t’achève.


Tempérance s’était calmée. Elle n’était plus en position de force. Odely l’avait maintenue en respect, jusqu’à ce que Doreen et Audric arrivent.
Guidry venait, lui aussi, de faire son apparition dans le vestibule, et il paraissait se délecter de la situation.
- Que s’est-il passé ? demanda Doreen.
- Juste un petit combat à l’amiable, lui répondis-je.
- Il faudrait qu’elle se lève, maintenant.


Elle ne pouvait plus aller bien loin, de toute façon. Nous lui avions barré toutes les issues.
Je lançai un regard à Doreen, et elle me fit un signe de tête. Audric et elle étaient prêts pour la suite des représailles.


Doreen s’approcha d’elle pour la première partie du plan.
- Eloigne-toi de moi, sorcière !
Elle récita quelques incantations, puis le miracle attendu se produisit...


Tout avait fonctionné comme prévu. Pour que le plan élaboré par Doreen et Audric fut un succès, il fallait que Tempérance reprenne apparence humaine. La première étape était donc une belle réussite.
- Oh, mais que vois-je donc ? se réjouissait Guidry. Une Tempérance en chair et en os !
- Tais-toi donc, minable !


Audric allait pouvoir passer à la suite. La Tempête rouge semblait inquiète, et Guidry s’était avancé vers elle.
- Pas de regret ? lui demanda Doreen.
- Non, aucun. Je voulais la regarder une dernière fois. Tout son être transpire la méchanceté et la malveillance. Je n’ai de regret que pour tout le mal qui est ressorti de mon histoire avec cette femme, beaucoup de regrets.
- Fichez-moi la paix ! invectiva Tempérance. Vous ne savez pas de quoi je suis capable !


- Nous le savons très bien, lui répondit Audric. Et c’est pour cette raison que je vais vous mettre hors d’état de nuire.
Ses paroles furent suivies de ses actes. Il lança un puissant sort en utilisant un seul mot : « transformer ».


Nous eûmes tous très peur, enfin surtout mes amis, car il faut vous rappeler que je n’ai aucun sentiment de ce genre. A l’œil nu, le sort paraissait avoir touché Odely et Guidry. J’espérais sincèrement qu’Audric avait visé juste, car je constatai qu’Odely était toute bizarre. Le but n’était pas de la transformer, ni de transformer le fantôme enjôleur. 


Le cercle qui était apparu, sembla se refermer sur Tempérance uniquement, mais je n’arrivais pas à être rassuré. Je n’avais jamais vu mon épouse avec un tel regard. Elle semblait complètement ailleurs. 


Le sortilège finit par prendre fin. Audric avait emprisonné l’âme malveillante de la Furie dans une armure de chevalier. C’était vraiment impressionnant.
Odely avait l’air d’aller mieux, et me regardait, avec un petit sourire en coin :
- Avoue que tu as eu peur ! Je l’ai ressenti.
- Tu as dû te tromper.
Forcément, c’était la seule explication.


La dernière étape du processus d’anéantissement de la Tempête rouge allait pouvoir avoir lieu.
Guidry avait disparu. Peut-être était-il plus sensible que ce qu’il voulait nous laisser croire...


Doreen lança le dernier sort en direction de l’armure. Je me sentis, comment dire... euphorique. 


Elle atteignit son but du premier coup. 


La statue commença à prendre feu, et le feu, pour Odely et moi, était un signal de danger. 


Nous préférâmes nous éloigner, avant que les flammes ne prennent plus d’ampleur. 


Les deux sorciers restaient en contemplation devant l’œuvre de Doreen, et voulaient s’assurer que l’armure brûlerait définitivement.


Guidry fit alors son apparition, un extincteur à la main, décrétant que ça avait assez brûlé comme ça. 


Deux petits tas de cendres s’étaient formés sur le sol, attestant de la réussite du plan. Le beau portrait de Claude-René Duplantier avait été, lui aussi, perdu dans la bataille. 


Des gonds grincèrent.
- Cette fois, c’est fini. Vous l’avez anéantie complètement, nous dit Guidry. Cette dernière porte ne devait s’ouvrir que lorsque Tempérance aurait été mise définitivement hors d’état de nuire. Bravo à toute votre équipe.
Je crois que nous avions du mal à réaliser ce qu’il se passait.


Nous sommes ensuite descendus pour prévenir les autres. Le jour allait bientôt se lever. 


Hilda en profita pour nous saluer. Elle s’en retournait vers Purgo où elle avait encore beaucoup de travail pour tout remettre en ordre. Nous ne la revîmes jamais. 


Alors que nous nous étions assis, et que nous discutions des derniers évènements de la nuit, il se passa quelque chose de très étrange avec Guidry. 


Le fantôme avait pris visage humain, sous nos yeux, et continuait à converser, comme si de rien n’était. Je savais qu'Audric et Doreen n'y étaient pour rien, cette fois. 


Je ne pus m’empêcher de le lui dire :
- Guidry, n’avez-vous pas remarqué que vous n’êtes plus un fantôme ?


- Oh ça... Oui, c’est un coup d’Aurora. Elle m’avait promis de me rendre ma vie, à la mort de Tempérance, pour me remercier de l’aide que je lui ai souvent apportée, dans l’au-delà. C’est une déesse extraordinaire. Je vais pouvoir repartir à zéro, et je ne ferai pas les mêmes erreurs, cette fois. Et vous, mon cher Ancelin ? N’avez-vous pas senti quelques changements en vous, pendant que Tempérance se mourait ? 


- C’est possible, oui. Il m’a semblé ressentir de l’euphorie, et aussi de la peur pour Odely, mais je ne l’avais pas identifié comme telle.


- J’en étais sûre ! me dit Odely, avec son petit regard malicieux et triomphant. Je savais qu’il s’était passé quelque chose. Tu as retrouvé des émotions. 


- C’est aussi un cadeau d’Aurora ! J’espère que cela vous permettra de voir le monde autrement. 


Je me tournai vers Fantine et Audric :
- Peut-être... Je suis en train de réaliser que je tiens beaucoup à vous, mes amis.
- Est-ce que ça veut dire que tu ne demanderas plus jamais à boire mon sang ? ironisa Fantine.
- Ne rêve pas, non plus...
- Et si nous quittions cet endroit ? lança Audric.


Il était grand temps, en effet, que nous quittions cet hôpital maudit, dans lequel nous avions perdu deux de nos amis.
Au moins, nous savions maintenant, que leurs âmes reposaient en paix.
Nous allions tous reprendre notre chemin, jusqu’à la prochaine aventure.


Odely et moi avions prévu de renouveler nos vœux, maintenant que la malédiction qui nous avait tenu séparés, était levée. Et nous nous promîmes de ne plus jamais nous éloigner l’un de l’autre.
Audric et Doreen repartaient pour le monde magique, où ils étaient professeurs dans une école très réputée. Doreen y enseignait les sorts, et Audric, les potions.
Guidry avait prévu de parcourir le monde pour se familiariser avec ses nouvelles technologies, et se faire de nouveaux amis. Il voulait garder le contact avec nous, et faire partie de l’équipe pour nos prochaines missions. Nous étions tous ravis de l’accueillir.
Quant à Amaël, il allait prévenir les autorités de l’implication d’Adrian Duplantier dans les tortures commises à l’hôpital. Adrian sera arrêté et écopera d’une peine de prison à vie.
Amaël vit toujours à Forgotten Hollow avec sa fille Gwen. Il a épousé Fantine, un an après notre aventure.
L’hôpital est toujours debout, mais accueille aujourd’hui, des jeunes des quatre coins du monde sim, désireux d’apprendre les métiers de l’hôtellerie. L’hôpital est devenu, grâce à Amaël et Fantine, le lycée hôtelier le plus côté de notre monde. On n’y revit jamais d’apparition spectrale.

 

*** FIN ***

 

Les dernières ventes et la réussite de l'équipe ! 

 

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