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Débarquement de Normandie : 80 ans après, cette «pollution de guerre» qui menace toujours d’exploser

Des véhicules blindés américains circulent dans les rues jonchées de décombres de Saint-Lô, en Normandie, dans le nord de la France, en octobre 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des véhicules blindés américains circulent dans les rues jonchées de décombres de Saint-Lô, en Normandie, dans le nord de la France, en octobre 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale. - / AFP

15% des munitions tirées, mouillées ou larguées pendant la Seconde guerre mondiale n’ont toujours pas éclaté, pointe l’ONG Robin des Bois dans un rapport publié à l’occasion du 80e anniversaire du D-Day.

«Jamais ne viendra le temps de la dernière bombe». Plus de 80 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, l’association «Robin des Bois» tire la sonnette d’alarme. Et pour cause : des milliers de munitions et d’armes lâchées au cours de cette période n’ont toujours pas explosé, alerte le rapport publié par l’association écologiste française le 27 mai 2024 à l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement.

«Robin des Bois», dont l’inventaire des découvertes et pétardages de munitions non explosées après les guerres concerne cette année les cinq départements de Normandie, déplore cette profusion de projectiles meurtriers non désamorcés. Qualifiés dans le jargon technique «d’unexploded ordnance» ou de «duds» (ratés), ils «continuent à mettre en danger les populations civiles et les démineurs et à polluer les sols, les eaux superficielles, souterraines et marines».

«Armée des obus oubliés»

Dans les faits, 15% des munitions «tirées, mouillées ou larguées» pendant la Seconde guerre mondiale «n’ont pas explosé» et sont donc toujours présentes sur les sols terrestres et marins. L’association déplore ainsi le manque d’arrêtés interdisant la plongée exploratrice pour certaines épaves sous-marines contenant des munitions et des explosifs. Au total, 34 épaves «dangereuses» ont été recensées le long de la côte allant de Cherbourg à Dieppe. Parmi elles, on compte notamment l’épave de la frégate HMS Capel, coulée au large de Cherbourg, «à une vingtaine de kilomètres de l’actuel site atomique de la Hague», qui contient encore «300 grenades sous-marines et 60 tonnes d’explosifs». Le rapport fait également mention de 18 barges BK (Barge Knockdown) américaines, sabordées au cours de la Seconde guerre mondiale à environ 30km des côtes au nord-est de Fécamp. Ces épaves contiendraient au total 2000 bombes de 2500 kilogrammes.

Au large des côtes normandes, de nombreuses épaves coulées contiennent des munitions. Association Robin des Bois

Leur découverte et leur neutralisation s'étireront sur plusieurs centaines d’années. «Les experts s'accordent pour dire que sept siècles seront nécessaires pour dépolluer totalement le département», affirme ainsi le dossier départemental des risques majeurs dans l'Orne . En l'attente de cette opération, ces projectiles constituent un «risque majeur pour l'environnement et pour la santé publique», pointe le rapport de «Robin des Bois». D'autant que les inondations, mais aussi les coulées de boue, l'érosion des falaises et les vagues de submersion, liées en partie au réchauffement climatique, vont probablement remettre en mouvement cette «armée des obus oubliés».

Et leurs explosions, qu'elles soient provoquées par le GPD (Groupe de Plongeurs-Démineurs) ou inopinées, dégradent l'environnement. «Le pétardage creuse un cratère sous-marin, met en suspension un mélange turbide de sédiments et de résidus d'explosion et disperse des macrodéchets métalliques», appuie l’association, qui ajoute que «les trous de bombes dans les fonds marins dévastent la biodiversité.»

Un danger méconnu du public

Par ailleurs, les localisations de ces masses explosives et incendiaires utilisées par les belligérants de la dernière guerre, soit la penthrite, la thermite, le magnésium, le TNT, le naphtalène ou encore les huiles inflammables, sont très peu portées à la connaissance du public. «L'inventaire des sites et les études réalisées par l'État français sur la contamination de l'eau, des sédiments, de la faune et de la flore par les produits de dégradation des munitions historiques sont classés secret-défense, au même titre que les ogives nucléaires», dénonce le rapport, qui alerte sur l’état de ces munitions qui «vieillissent mal».

L’association réclame en conséquence davantage de transparence et la création d’une filière vouée à dépolluer les déchets de guerre. Robin des Bois insiste également sur «la nécessité et l'obligation de mener une politique proactive de prévention des risques physiques à destination en particulier des enfants et des adolescents dans les établissements scolaires». Le 7 avril 2024, 3 adolescents âgés de 13 et 14 ans s’étaient blessés à Avenay (Calvados), dont un gravement, en manipulant une grenade à fusil antichar récupérée sur les berges de la Guigne avec laquelle ils voulaient improviser une flamme olympique.

Débarquement de Normandie : 80 ans après, cette «pollution de guerre» qui menace toujours d’exploser

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3 commentaires
  • alphonse durand

    le

    Du grand n'importe quoi. Ils n'ont pas peur du ridicule.

  • P-tit-Loup

    le

    Nous avons des services de déminage formidables d'efficacité et de professionnalisme, et qui font un travail remarquable. Cette assoce n'a rien à faire sur ce sujet.

  • Jean-Marc P.

    le

    les associations du type Robois des Bains aiment bien annoncer des catastrophes. Tout le monde connaît le sujet surtout ceux qui, gamins dans les années 50, jouaient sur les plages. Lorsqu'on voyait un objet suspect, on ne s'approchait pas et, la mairie prévenue, les services de déminages faisaient le nécessaire. personne ne faisait du foin.

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