guet
guet
[ gɛ] n.m.GUET
(ghè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire) s. m.HISTORIQUE
- XIIIe s. Li mestre et li juré devant dit sont quite du guet por la paine et por le travail que il ont de guarder le mestier de talemelerie [boulangerie] [, Liv. des mét. 13]Lors estoit chas cuns aseür, Car li siens gaiz [le guet du surveillant] valoit un mur [RUTEB., 45]
- XIVe s. Parmi les quatre qui alerent avoec les wes des portes [CAFFIAUX, Abattis de maisons, p. 9]Pour la ville garder moult très bien s'apresterent, Et firent moult bon gait, celle nuit le doublerent [, Guesclin. 18576]
- XVe s. Le capitaine s'eveilla soudainement, qui toute la nuit avoit dormi et fait trop povre gait, tant qu'il le compara [paya] [surprise du château de Bervich par les Écossais] [FROISS., II, II, 13]Nostre guet estoit de cinquante lances qui se te noient vers la grange auz merciers [COMM., I, 8]Revenons à nostre guet [guetteur], lequel, quand il aperçut tout ce qui fut fait, se leva de son guet, et s'en alla sonner sa trompette [LOUIS XI, Nouv. LXXIII]
- XVIe s. Or donques mettons nous en ordre ; Nabuzardan vous sera pour mot du guet [RAB., Pant. IV, 39]Me tenant au guet de ces grandeurs extraordinaires, j'ay trouvé que ce sont des hommes comme les aultres [MONT., IV, 48]Avoir l'œil au guet, l'oreille aux escoutes [ID., IV, 386]On y mit un guet tel, que les pauvres gens, qui ne pensoient en nul mal, furent surpris [MARG., Nouv. XL.]C'estoit un guet [piége] qu'il dressoit à Metellus bien mal aisé à eschapper [AMYOT, Marius, 51]Ils entendoient six tambours battre la garde et les trompettes sonner au guet [D'AUB., Hist. II, 447]Faire le guet à Montfaucon [y être pendu] [COTGRAVE, ]Bon gué chasse malaventure [ID., ]Il est bien vray qu'il [le connétable de Bourbon] fut fort bien compris dans le traité de Madrid ; mais le roy [François 1er] le rompit tout à trac, quand il fut de retour en France, si bien que M. de Bourbon fut du guet [fut la dupe] et eut la cassade [BRANT., Capestrang. t. I, p. 212]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. gach, guach, gag, gayt, s. m, gaita, gacha, s. f. ; du germanique : anc. h. allem. wahta ; allem. mod. Wacht, guet, garde.
guet
Il se disait particulièrement de la Surveillance qu'on exerçait, pendant la nuit, dans une place de guerre pour prévenir les surprises de l'ennemi, ou dans une ville quelconque pour maintenir le bon ordre, etc. Dans cette ville, ce sont les bourgeois qui font le guet. Être chargé du guet.
Il se disait aussi de la Troupe chargée de faire le guet ou la ronde pendant la nuit. Guet à pied. Guet à cheval. Le guet vient de passer.
guet
Guet, m. Vient de guetter, qui signifie adviser regarder, et espier, dont l'Italien use aussi disant Guattare, et signifie l'acte de ainsi soigneusement adviser. Selon ce on dit, Il est au guet, Il fait bon guet, Speculationi instat, Speculationem agit. Il se prend aussi pour celuy ou ceux qui font le guet. Selon ce on dit, Le guet de pied ou de cheval d'une ville, Vigiles pedestres, aut Equestres, seu pedestres equestresue excubiae ciuitatis. Et le guet de nuict, Vigiles excubatores, aut vigiliae excubiaeue. Et le Capitaine du guet, Praefectus vigilum, qu'on appelle Vighier, en Languedoc et Provence, de ce mot Vegghia Italien, qui signifie veille, et Veggiare, veiller.
Le guet et la garde qu'on fait sur aucun, Custodia.
Le guet des gens de guerre, Statio militum.
Le guet qu'on fait pour avoir et prendre quelque chose, Captatio.
Le guet et espie qu'on fait pour surprendre quelqu'un, Obsidiae obsidiarum.
Le mot du guet, Tessera, Vigiliarum tessera. Bud.
Il entend le mot du guet, Hic nouit tesseram excubiarum rogare et reddere.
Les gens qui font le guet, Vigiliae vigiliarum.
A qui on ne fait point le guet, Inobseruatus.
Aller au guet, Ire in vigiliam.
Estre au guet, ou faire le guet, In speculis esse, Excubare, Munus vigiliarum obire, Obire vigilias, Obsidiari, In insidiis esse, Habere excubias.
Faire le guet au temps, Seruare de caelo.
Faire le guet aux portes, Explorare portas.
Faire le guet de nuict au temple, Vigilias noctu agere aedes sacras.
Faire le guet et estre aux escoutes pres la ville, Manere in vigilia vrbis.
Faire le guet sur la ville, Custodiam vrbis agere.
Qui de nuict fait le guet devant le camp, Procubitor.
Plusieurs yeux et oreilles te font le guet, et espient pour veoir ce que tu feras, Oculi et aures omnium te speculantur et custodiunt.
Tenir le guet, Excubare.
L'oye est de meilleur guet que le chien, Solertiorem custodiam praebet anser quam canis.
Qui va de guet à ses affaires, et ne se haste point, Cunctator et segnis.
Guet appensé, ou à pensé, n. qu'on dit Guet appens, ou à pens, par apocope, signifie embusche premeditée, pourpensée, Insidiae praemeditatae, ex consulto et praeparato structae. Il se prend aussi pour le delict commis et perpetré par voye de telle embusche, Scelus, facinus meditato perpetratum, comme, C'est un guet appensé, ou à pens, et se prend tousjours en mauvaise part pour un vilain cas commis, apres longue menée et deliberation faite et euë sur iceluy, Crimen conspirato admissum, De quo quis diu agitauit, cogitauit. Et n'est, à bien le considerer, un mot seul, ne deux aussi, ains sont trois mots desquels est faite cette locution, à sçavoir Guet à pens, et le dernier d'iceux estoit anciennement en commun et frequent usage, pour dire pensée. Rigauld de Berbezill en une sienne chanson: Tan m'abelis lamoros pensamens, Que ses venguts en mon fin cor assire, Que no i pot nuils autre pens caber.
Guet à pens, est ce que S. Gregoire dit, ék pronoias, qui est l'opposite de to tukhon, comme si l'on disoit, Cas pourpensé, et Cas fortuit, ce que Aule Gelle au livr. 20. chap. 1. appelle Consultum et Fortuitum.
Meurtrier de guet à pensé et propos deliberé, Meditatus sicarius. B.
Faire un meurtre de guet à pensé, ou appens, ou appensé, et de propos deliberé, Subducta et meditata ratione caedem perpetrare.
guet
GUET, s. m. GUETTER ou GUÉTER, v. act. [ghè, ghété: dans le 1er, è moy. dans le 2d, 1re et 2 é fer. Devant l'e muet, le 1er e se change en è moy. Je guette, ou guète; il guettera, ou guètera, etc.] Guet, est 1°. l'action d'épier, en parlant des Soldats. Faire le guet. = 2°. Ceux qui épient. "Le guet vient de pâsser. "On crie au guet. = Guetter, épier, observer à dessein de surprendre (st. fam.) "Les voleurs guettent les passans. "Le chat guette la souris. = Fig. Atendre quelqu'un à un endroit où il doit pâsser. "Il guettait son débiteur, pour lui demander de l'argent.
En st. prov. on dit, avoir l'oeil ou l'oreille au guet; ou faire le guet, observer ce qui se pâsse. = Mot du guet, parole qui sert à discerner les amis des énemis. Il se dit au propre et au figuré. "Ils se sont donné le mot du guet; ils sont d'intelligence.
GUET-APENS. [Ghètapan.] Embuche dressée pour assassiner quelqu'un, ou pour lui faire quelque outrage. "Ce n'est point une rencontre, ni un duel, c'est un guet-apens.