doute
doute
n.m.DOUTE
(dou-t') s. m.PROVERBE
- Dans le doute abstiens-toi, c'est-à-dire quand une action est douteuse, il est plus prudent, plus sage, plus honnête de s'en abstenir.
REMARQUE
- 1. Mettre en doute, dans une phrase négative ou interrogative, suivi de que, demande la particule ne : Lorsqu'on me trouvera morte, il n'y aura personne qui mette en doute que ce ne soit vous qui m'aurez tuée [MOL., G. Dand. III, 8]Cependant le ne peut se supprimer : Je ne mets pas en doute que cela soit.
- 2. Doute a été longtemps féminin ; il l'est encore dans Malherbe : Nos doutes seront éclaircies, Et mentiront les prophéties.... III, 1. La seule chose Qui m'empêche la mort, c'est la doute que j'ai, V, 13. Rotrou aussi le fait féminin : Son mépris paraît trop, ma doute n'est point vaine, Bélis. I, 6.
HISTORIQUE
- XIIe s. Sans doute [crainte] de perir [, Couci, XVIII]
- XIIIe s. Là s'aresterent-il à grant doute, car il douterent [craignirent] ceus de fors, et autant doutoient-il ceus dedens [VILLEH., CXXXVII]Et pour chou [ce] qu'il ot paour et doute que ses chevaus ne feust mors ou meshaignés, il s'en tourna le petit pas [H. DE VALENC., IV]Car donc, quel part la pointe [de l'aiguille aimantée] vise, La tresmontaigne [le nord] est là sans doute [, Lais inédits, p. IV]Et li autre [larrecins] sont en doute, à savoir se c'est larrecins ou non [BEAUMANOIR, XXXI, 1]
- XIVe s. Eustrace fait ici une doubte.... [ORESME, Eth. 51]Une doubte semble apparoir en ce qu'il dient [ID., ib. VI, 11]
- XVe s. Pour la doute [crainte] des rebellions [FROISS., II, II, 27]Sans doute, si ce n'eust esté.... le roy n'eust jamais souffert.... [COMM., VI, 2]Et y mettoient grans doubtes aucuns, veu que à leurs dos n'avoyent nulles places pour eux retirer [ID., I, 2]Le duc [de Bourgongne] lui fist faire [à Louis XI] son logis [à Péronne], et l'asseura fort de n'avoir nulle doubte (le roy estoit entré en grant paour apprenant l'arrivée de ses malvueillans auprès du duc de Bourgongne) [ID., II, 5]
- XVIe s. N'en faictes doubte aucune [J. MAROT, V, 21]Cela ne se peut revoquer en doute [CALV., Instit. 784]Il n'y a nulle doute que c'est une exhortation que Dieu lui fait [ID., ib. 266]Vous m'en avés escript si honnestement que jamais je n'en ay faict une seule doubte [MARG., Lett. 101]Puisqu'on est en doubte du plus court chemin, il fault tenir le droict [MONT., I, 132]Il n'y a point de doubte qu'il ne soit plus beau de pardonner.... [ID., I, 132]Qui y peult faire doubte [qui peut en douter] ? [ID., I, 174]La chose est de soy tant notoire, que la doute en seroit trop plus deraisonnable, que la preuve necessaire [AMYOT, Préf. XVIII, 47]Non seulement le commun peuple flottoit et branloit en ce doubte, mais aussi les senateurs [ID., Numa, 4]Les reformez, eslevez de leur droict, estimoient toutes doutes effacées [D'AUB., Hist. I, 129]On l'empeschoit, tant sur la reverence du traitté, comme sur le doute de l'execution [ID., ib. I, 185]
ÉTYMOLOGIE
- Substantif abstrait de douter ; bourguig. d"te ; proven). dopte, dubte, s. m. ; catal. dubte ; espagn. duda ; portug. duida ; ital. dotta. Doute a été d'abord féminin dans la langue ; c'est vers la fin du XVIe siècle que le genre en commence à devenir incertain, et que quelques-uns le font tantôt féminin, tantôt masculin. Palsgrave, p. 26, remarque qu'on écrit doubte, et qu'on prononce doute. Ce mot, dans l'ancienne langue, à côté du sens de doute, a aussi celui de crainte.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- DOUTE. - REM. Ajoutez :
- 3. J. J. Rousseau a employé doute au sens de crainte ; c'est un archaïsme. Je suis ainsi toujours dans le doute de manquer à vous ou à moi, d'être familier ou rampant, Lettre au maréchal de Luxembourg, 30 avril 1759.
- 4. On trouve aussi dans des textes anciens : doute que, pour : de peur que. Mais doute qu'autres le voulussent faire imprimer.... [, Privilége en 1636, dans BAYLE, article Neufgermain, note A]
doute
Maladie du doute, Maladie mentale caractérisée par la difficulté, parfois invincible, d'asseoir son esprit dans une certitude.
Mettre une chose en doute, la révoquer en doute, En contester la certitude.
Ne faire aucun doute d'une chose, L'admettre comme certaine.
Hors de doute, Certain, hors de toute contestation. Cela est hors de doute.
Prov., Dans le doute, abstiens-toi, Quand on doute si une action est bonne ou mauvaise, utile ou nuisible, il ne faut pas agir.
Le doute philosophique ou méthodique, ou, absolument, Le doute, Méthode par laquelle l'esprit, suspendant son jugement, ne reçoit pour vrai que ce qu'il connaît évidemment être tel. Le doute de Descartes. On dit proverbialement Le doute est le commencement de la sagesse.
Il se dit aussi spécialement de l'État d'esprit de celui qui doute des vérités de la religion. Vivre dans le doute.
SANS DOUTE, loc. adv. Assurément, certes. Viendrez-vous demain? Sans doute. C'est là sans doute une très belle action. On dit plus souvent Sans aucun doute, sans nul doute.
Il signifie aussi Selon toutes les apparences, probablement. Il arrivera sans doute aujourd'hui.
doute
DOUTE, s. m. DOUTER, v. n. [2e e muet au 1er, é fer. au 2d.] On a fait aûtrefois doute féminin. * Malherbe dit:
Nos doutes seront éclaircies, etc.
C'est la doute que j'ai eue ce dernier effort, etc.
Coeffeteau en use de même, et Gombaud, dans son Amarante et dans les Danaïdes. Ces Auteurs, dit Ménage, avoient voulu imiter les Espagnols, qui disent, la duda. — Balzac, dans son Socrate Chrétien, se moque d'un vieux Pédagogue~ de Cour, que l'an climatérique surprit, délibérant si doute et erreur étaient masc. ou fém. — Depuis long-temps, doute est du 1er, et erreur du der genre.
DOUTE, est 1°. Incertitude. Être en doute, laisser en doute. Il n'y a point de doute: il lui reste encôre quelque doute. "Cela est hors de doute. Doute bien ou mal fondé. Former, lever, résoudre un doute. = 2°. Crainte. "Le doute où je suis qu'il ne lui arrive du mal, etc. = 3°. Scrupule. "La décision de ce câs de conscience me laisse encore quelque doute. Voy. INCERTITUDE.
Rem. Ce mot entre dans plusieurs expressions. — Révoquer en doute. * Bossuet dit, de l'Épître de St. Jacques, que l'Église ne l'a jamais révoquée en doute. L'ellipse est un peu forte. Il veut dire que l'Église n'a jamais révoqué en doute l'authenticité de cette Épitre. C'est ce qu'il falait exprimer; car on ne dit pas, révoquer en doute un livre, une Épitre, etc. — Mettre en doute régit, comme douter, la conjonct. que et le subjonctif; et quand le sens est négatif, la particule ne devant le verbe régi. "Il n'est persone qui puisse mettre en doute que ces réformes ne fussent les premières ressources qu'il falloit chercher. Necker. — On dit, former un doute sur. * Un célèbre Avocat dit, en ce sens, faire un doute, qui n'est pas aussi sûr. "Les.... ne faisoient pas le moindre doute sur la justice de leurs droits, et sur l'évidence de leurs moyens. Me. Cochu. Ferrière dit aussi: "On ne fait aucun doute que le Souverain n'ait droit de restreindre la liberté et l'usage de la chasse. Dict. de Droit. C'est une locution usitée au Bârreau. — Hors de doute. "C'est une chose hors de doute. Jeter des doutes dans l'esprit. "Le Gouverneur étoit obsédé d' Epicuriens, qui lui avoient jeté des doutes dans l'esprit. Fonten. — Répandre des doutes sur les vérités les plus claires.
Il n'y a pas de doute que; je ne doute pas que, il n'est pas douteux que vous ne deviez le faire. Ces expressions ayant toutes le même sens, ont toutes aussi le même régime, le subjonctif et la particule ne.
SANS DOUTE, adv. Il peut être placé, ou devant, ou après le verbe; et dans les temps composés, entre l'auxiliaire et le participe. Sans doute, il le fera; il le fera, sans doute. "Le but de cet arrangement a sans doute été de prolonger le jour. Pluche, parlant des crépuscules. — Il peut même se placer à la tête de la phrâse. "Sans doute, une haûte naissance est une prérogative illustre... mais ce n'est qu'un titre; ce n'est pas une vertu. Massillon. Il en est qui ajoutent à sans doute, la conjonction que, quand il est placé à la tête de la phrâse. Sans doute que vous l'avez fait par mégarde. Je n'oserais ni condamner, ni aprouver cette manière de parler. Voyez HEUREûSEMENT, qui est dans le même câs. — L'Acad. dit que sans doute se joint quelquefois avec que, et cite un exemple.
DOUTER, être dans l'incertitude. "Douter de tout; ne douter de rien. Je doute qu'il viène; je doute s'il viendra. — Se douter, conjecturer, soupçoner. "Il ne se doutoit de rien. "Il se doutoit bien qu'on en viendroit là. "Je ne m' en doutois pas. — On dit, d'un homme hardi à décider, ou à entreprendre, qu'il ne doute de rien. Cette locution est du style familier.
DOUTER, ne se dit point des persones en régime. * "Il n'y a que S. Thomas, dont Luther ait voulu douter. Boss. "Ne doutez non plus d'elles que de moi. Voiture.
Il doute de sa fille et de ses sentimens.
Voltaire.. Zaïre.
"Je ne puis douter d'Almanzor. Th. d'Éduc. "Comment, repris-je, en faisant un pas en arrière, vous doutez de moi, Mademoiselle? Mariv. Ce dernier exemple est plus suportable: c' est un paysan qui parle.
Rem. Le que après douter, régit le subjonctif. "Je doute qu'il veuille le faire. S'il est employé avec la négative, ou dans le sens interrogatif, on met devant le verbe régi, ne. "Je ne doute pas qu' il ne le fasse. Doutez-vous qu'il n'obéisse? — Crébillon a manqué à cette règle. Il fait dire à Pharasmane, dans Rhadamiste:
Doutez-vous, quels que soient vos services passés,
Qu'un retour criminel les ait tous effacés?
Il faut, ne les ait tous éfacés. M. Necker retranche aussi la négative; et de plus, il met le futur de l'indicatif à la place du présent du subjonctif. "Je ne doute point qu'en suivant cette marche sage... cette grande affaire cessera pour toujours d'être un objet de débats. Il faut que cette affaire ne cesse, etc. Le même Auteur a mis le subjonctif et la négative avec mettre en doute. Cela n'est pas conséquent. — L'Acad. ne met point d'exemple de phrâse négative, ou interrogative.
Quelques Écrivains substituent à la conjonct. que et au subjonctif, la prép. de et l'infinitif. "Ils ne doutoient pas de se voir assiégés. Vert. "Ce Prince ne doutoit pas d'être admis dans la ville d'Orléans. Ce régime n'est pas assez autorisé. * Ne pas douter, pour, ne pas craindre, est surané. "St. Chrysostôme n'a pas douté d'appeller St. Jean la colonne de toutes les Églises. La Rue.
2°. Si douter est suivi de la conjonction si, il régit le futur de l'indicatif. "Je doute s'il viendra. Avec les aûtres temps, on emploie que, plutôt que si: "Je doute qu'il soit venu. Avec la négative, on ne se sert pas non plus de si, mais de que. On ne dit point: je ne doute pas s'il viendra, mais, je ne doute pas qu' il ne viène. Dites-en de même du sens interrogatif.
3°. * D'Ablancourt a fait douter actif, lui donant le sens d'ignorer, de ne savoir pas. "Je doute ce qu'on veut reprendre. * Molière l'a employé dans le sens de soupçoner.
Sous couleur de changer de l'or, que l'on doutoit.
C. à. d., qu'on soupçonait d'être faux, ou de n'être pas de poids.
3°. * Corneille dit, être à douter, pour être douteux:
Outre que le succès est encore à douter.
Si cette locution a été aûtrefois en usage, elle n'y est plus aujourd'hui.
5°. DOUTER, ne s'emploie point au passif, puisqu'il est neutre, ni impersonellement. "Il ne peut plus être douté de, etc. Journ. de Gen. Dites, on ne peut plus douter: l'aûtre locution est un vrai barbarisme.
6°. SE DOUTER, ne régit point les persones, mais les chôses. On ne dit point, je me doute de lui, d'elle. On dit, je me doute de son dessein, de ce qu'elle veut faire. — Il régit que et le subjonctif, ou l'indicatif, suivant que la phrâse est négative ou interrogative, ou bien, qu'elle est afirmative. "Je ne me doutois pas qu'il vînt: Pouvois-je me douter qu'il dût venir si-tôt Je me doutois bien qu'il viendroit m'ataquer. Mais dans le sens négatif ou interrogatif, on ne met pas la particule ne, comme avec douter actif. Vaugelas, dans une phrâse afirmative, met le subjonctif et la particule ne; double irrégularité. "Je me doute que cette mauvaise façon de parler ne soit particulière à une certaine Province de France. On dit, je ne doute pas qu'elle ne soit, et je me doute qu'elle est. C'est comme le verbe craindre, dont les régimes varient, suivant que le sens est négatif, ou positif.
doute
doute
Zweifel, Bedenken, Verdachtdoubt, question, dubiety, misgivingtwijfel, twijfeling, onzekerheidאובדן דרך (ז), אי-ודאות (נ), דמאי (ז), לבטים (ז״ר), ספק (ז), ספקנות (נ), פקפוק (ז), פקפקנות (נ), אִי-וַדָּאוּת, סָפֵק, סַפְקָנוּת, פִּקְפּוּקpochybnost, pochybatvivldubodudaefidubiumdúvida, incertezadubbioشَكّαμφιβολίαepäilysumnja疑い의심tvilwątpliwośćсомнениеtvivelความสงสัยkuşkusự nghi ngờ怀疑съмнение疑問 (dut)nom masculin
de façon certaine Il est sans aucun doute très compétent.
doute
[dut] nm → doubtsans doute (= probablement) → no doubt, probably
Il est sans doute reparti → He's no doubt left again., He's probably left again.
sans nul doute, sans aucun doute → without doubt, without a doubt
hors de doute → beyond doubt
nul doute que → there's no doubt that
mettre en doute → to call into question
mettre en doute que → to question whether