coûter
coûter
v.i. [ lat. constare, être fixé ]COÛTER
(kou-té) v. n.REMARQUE
- 1. Coûter est un verbe neutre, et quand on dit : cela m'a coûté dix francs, beaucoup de peine, quelques larmes, francs, peine, larmes ne sont point des régimes directs ; il y a une ellipse, et la locution entière est : cela m'a coûté (pour) dix francs, (pour) beaucoup de peine, (pour) quelques larmes. En effet on ne peut pas dire : dix francs m'ont été coûtés ; des larmes me sont coûtées, etc. Coûter ne pouvant se tourner par le passif, n'a donc dans les phrases de ce genre que l'apparence de l'actif ; il dérive du latin constare qui signifie proprement être avec, être acquis, de là provient l'impossibilité d'un passif.
- 2. Coûter n'étant pas actif, il faut dire : la somme que cette maison a coûté, et non coûtée ; les pleurs que la mort de cet enfant a coûté à sa mère, et non coûtés, etc. Cependant l'Académie, qui dit bien que coûté est toujours invariable, note que plusieurs écrivains ont accordé coûté en ces cas-là. En voici en effet des exemples. Après tous les ennuis que ce jour m'a coûtés [RAC., Brit. V, 3]Que de soins m'eût coûtés cette tête si chère ! [ID., Phèd. II, 5]Vous n'avez pas oublié les soins que vous m'avez coûtés depuis votre enfance [FÉN., Tél. VII]Il paraît en effet digne de vos bontés ; Il mérite surtout les pleurs qu'il m'a coûtés [VOLT., Comtesse de Givry, II, 2]Mes manuscrits raturés, barbouillés et même indéchiffrables, attestent la peine qu'ils m'ont coûtée [J. J. ROUSS., Ém. liv. I]Un enfant devient plus précieux en avançant en âge ; au prix de sa personne se joint celui des soins qu'il a coûtés [ID., ib.]On ne peut considérer ces exemples que comme des licences condamnables en prose et tout au plus permises en poésie.
HISTORIQUE
- XIIe s. Car qui le sien donne retraianment [de mauvaise grâce], Son gré en pert, et si couste ensement Com à celui qui volontiers l'otroie [, Couci, XVI]
- XIIIe s. Sixante sols [il] cousta, un an a, en certain [, Berte, LXXIII]Ma volonté ferez, quoi qu'il doie couster [, ib. CXII]Renart me quide plus coster Que ne me costera des mois [, Ren. 16432]Et me dit la royne, que la façon avoit cousté cent livres [JOINV., 285]
- XIVe s. De ci ne partirons, quoi qu'il doie couster, S'arons prise la ville.... [, Guesclin. 8092]
- XVe s. Je voudroie bien avoir un tel messager ; il ne vous couste rien, et si savez veritablement tout quant que il avient par le monde [FROISS., II, III, 22]Dit en soi-mesme Jean Lyon : Je mettrai un tel trouble entre cette ville et le comte, qu'il coustera cent mille vies [ID., II, II, 52]Quand le capitaine vit que les seigneurs françois ne se departiroient point sans avoir le fort, quoique il coustast [ID., II, III, 23].... Ne me chault couste et vaille ! Encor ay denier et maille Qu'oncques ne virent pere ne mere, [, Patelin, 215]Alors luy bailla le varlet un glaive dont la hante estoit à merveilles moult forte et le fer tranchant, et la damoyselle dist que elle veult veoir comment il couste [comment il vaut, est mis en usage] [, Lancelot du Lac, t. III, f° 37]
- XVIe s. Les lettres qui me coustent le plus sont celles qui valent le moins [MONT., I, 293]Il me coustoit à m'empescher de le faire [ID., I, 315]Quoyqu'il me couste, je delibere de dire ce qui en est [ID., III, 67]Il ne porta onques robbe qui eust cousté plus de cent drachmes d'argent [AMYOT, Caton, 10]Il ne leur feist pas couster pour luy un tout seul denier [ID., ib. 13]Il leur portoit envie, de ce qu'ilz avoient la guerre à des ennemis qui leur cousteroient si peu à desfaire [ID., Philop. 29]Il se jettoit à clos yeux au danger : aussi lui en cousta il la vie dedans l'isle de Chio [ID., Phocion, 8]Cela, direz vous, est bien cher ; toutes fois couste mais que [pourvu que] vaille [CHOLIÈRES, Contes de CHOLIÈRES, f° 20, dans LACURNE]
ÉTYMOLOGIE
- Provenç. et espagn. costar ; portug. custar ; ital. costare ; du latin constare, coûter, proprement, être avec, être fixé, déterminé, de cum, et stare, demeurer (voy. STABLE).
coûter
Prix coûtant, Le prix qu'a coûté une chose au marchand qui la vend.
Il signifie aussi Occasionner une dépense. L'entretien d'un cheval, d'une voiture coûte tant par an. Ma nourriture ne me coûte rien. Ses enfants lui coûtent beaucoup. Ce voyage vous coûtera peu. Ne plaidons point, les procès coûtent trop. Absolument, Les voyages coûtent. Tout coûte en ce monde.
Fig. et fam., Cela ne lui coûte guère, Cela lui est facile. L'argent ne lui coûte guère, Il ne le ménage pas.
Fig. et fam., Coûter les yeux de la tête, Coûter un prix excessif.
Il signifie encore figurément être cause de quelque perte, de quelque douleur, de quelque peine, etc., et, dans cette acception, il est transitif. Cette victoire a coûté beaucoup de sang. Cette recherche lui a coûté bien du temps, un grand travail. Impersonnellement, Il lui en a coûté un bras. Il vous en coûtera la vie. Les efforts que ce travail m'a coûtés.
Il se dit particulièrement, au figuré, des Choses que l'on ne fait qu'à regret, auxquelles on ne se détermine que difficilement. Je ne vous cache pas que cette démarche me coûte un peu, ou absolument me coûte. Cela me coûte à dire. Il m'en coûte de vous faire ces reproches. Il coûte de renoncer à d'anciennes habitudes.
Rien ne lui coûte, Il n'épargne rien, ou Il ne trouve rien d'impossible. Quand il est question d'obliger ses amis, rien ne lui coûte.
Tout lui coûte, Il a de la peine à faire tout ce qu'il fait. Il rend service à regret, tout lui coûte.
Coûte que coûte, À quelque prix que ce soit, quoi qu'il puisse arriver.
coûter
COûTER, v. a. et n.[1re lon. Koû-té, plus longue encôre devant l'e muet, il coûte.] Être acheté un certain prix. Au propre, il s'entend toujours de l'argent; mais au figuré, il signifie, peine et travail. Cette étofe coûte beaucoup. "Ses lettres lui cûtent beaucoup. Les vers ne lui coûtent rien. Bouh. — Il régit la persone au datif, et, à l'acusatif, le nom de ce qu'il en coûte: Ce bijou lui coûte cinquante louis: ce chagrin lui a coûté la vie. = Il régit encôre la prép. à devant les verbes: Il vous a beaucoup coûté à le réduire: jamais résolution ne m'a tant coûté à prendre. = Il se dit aussi sans régime. Les procès, les voyages coûtent: on sous-entend, beaucoup d'argent.
Rem. Dans, il en coûte de, ou pour faire, la particule en est nécessaire, et l'on ne doit pas la retrancher, même en vers.
En vain appellons-nous mille gens à notre aide:
Plus ils sont, plus il coûte... La Font.
Il faut, plus il en coûte. = Molière a dit aussi, parlant des femmes:
- - - Et je sais ce qu'il coûte à de certaines gens,
Pour avoir pris les leurs avec trop de talens.
Sans changer le vers, il aurait pu dire:
Je sais ce qu'il en coûte à de certains gens.
Et L. Racine:
- - - La vertu, qui n'admet que de sages plaisirs,
Semble, d'un ton trop dur, gourmander nos desirs:
Mais quoique pour la suivre, il coûte quelques larmes,
Toute austère qu'elle est, nous admirons ses charmes.
Il faut, quoiqu'il en coûte quelques larmes, etc. — Cette faûte est encôre moins pardonable en prôse. "Il ne lui coûta presque rien pour rendre à cette Chrétienté son premier lustre. Charlev. "Il ne nous coûtera pas beaucoup pour faire une lieue de chemin. Pluche. "Vous ne sauriez croire ce qui lui coûte de peines et de fatigues pour rassembler les Indiens. P. Fauque, Let. Édif. "Ils oublioient ce qui leur en coûte pour figurer dans la société des ames foibles et des esprits forts. Sabatier. Trois Siècles. — Dans les deux derniers exemples on retranche le pron. il, ce qui est une aûtre faûte. Il faut dire, ce qu'il lui coûte de peines, etc., ce qu'il leur en coûte, comme on dit, ce qui leur plaît de faire, et non pas, ce qui leur plaît.
Quand coûter est employé impersonellement, il faut donc, ou la prép. en, ou la prép. de; ce qu'il m'en coûte, ou, ce qu'il me coûte d'argent, de soins, etc., pour réussir. Remarquez qu'alors il régit, non pas à, mais de ou pour, devant les verbes: "Il lui en coûte beaucoup de s'abaisser: il en coûte beaucoup pour parvenir. On met de, quand, il en coûte régit les noms au datif, comme dans le 1er exemple, et pour, quand il n'a pas ce régime, comme dans le second.
On dit figurément, que quelque chose ne coûte guère à un homme, quand il ne la ménage pas, et qu'il la prodigue; que rien ne lui coûte pour se satisfaire, pour obliger ses amis, etc.; qu'il n'épargne rien pour cela, ou qu'il ne troûve rien de dificile; et au contraire, que tout lui coûte, quand il a de la peine à le faire.
coûter
coûter
coûter
kostencostkosten, moeite kosten, zwaar vallenעלה (פ'), שווה (פ'), עָלָהcostarstátcostarcostarberharga, hargacostareστοιχίζω, κοστίζωيُكَلِّفُkostemaksaakoštatiかかる비용이 들다kostekosztowaćcustarстоитьkostaมีมูลค่าmal olmakphải trả花费разходи成本 (kute)verbe intransitif
coûter
[kute]Est-ce que ça coûte cher? → Does it cost a lot?, Is it expensive?
coûter 200 euros → to cost 200 euros
combien ça coûte? → how much is it?
Je peux vous garantir que ça m'a coûté → I can assure you that it was hard for me.
Ça lui a coûté de s'excuser → It was hard for him to apologize.
coûter cher à qn → to cost sb dear