I Cannot Reach You, éveil tout doux à l'amour

Attention, ce manga contient une relation tendre et touchante

Pour leur premier Boy’s Love, les éditions Kana font dans la douceur avec I Cannot Reach You. L’éditeur franco-belge n’en est pas à son coup d’essai avec une romance queer, ayant déjà publié l’excellent Bloom Into You. Et il a plutôt raison de recommander à ses lecteurs de se pencher sur cette nouvelle série, à l’esprit assez similaire. Les deux partagent, en effet, une tranche de vie introspective et élégante sur fond d’éveil à l’homosexualité.

Le récit se concentre sur deux figures parfaitement opposées. Kakeru enchaine les mauvaises notes, est quelconque physiquement et affiche un enthousiasme rayonnant. Yamato est beau garçon et bon élève, mais arbore une attitude particulièrement taciturne. Les deux sont pourtant amis d’enfance et se fréquentent depuis des années. Pourquoi une personne aussi formidable que Yamato se contente de rester avec quelqu’un d’aussi banal que Kakeru ? C’est ce que se demande le jeune garçon, sauf que ses interrogations vont l’amener à explorer les sentiments de son camarade et qui ne se résument peut-être pas simplement à de l’amitié.

La romance de I Cannot Reach You part sur une dynamique particulièrement classique, mais toujours efficace. Aux profils parfaitement divergents, l’admiration de Kakeru pour Yamato l’empêche de concevoir que celui-ci puisse le voir de manière romantique. La pensée du « Il mérite mieux que moi » hante le récit en permanence et témoigne autant de l’adoration de Kakeru pour son ami, que son propre manque de confiance en lui. Son duo principal se complète néanmoins étrangement bien et parvient rapidement à convaincre de cet attachement particulier, mais insoupçonné qui les lie.

Le manga n’apparait pas particulièrement novateur sur cet aspect, toutefois c’est pour le mieux. En gardant des bases simples largement reconnaissables, il peut davantage se concentrer sur la dimension introspective de son récit. Les réflexions et les doutes concernant l’éveil des sentiments entre les jeunes garçons est ainsi traité avec une tendre bienveillance. Entre peur de briser leur longue amitié et la difficulté d’envisager une perpective amoureuse, ils avancent tous deux à tâtons et maladresse (surtout Kakeru).

Tout est aussi plus difficile quand la perspective d’une relation homosexuelle n’est pas évidente. Le titre aborde cette question de manière aussi légère que concrète, et nul doute que cela va être un des thèmes forts du titre par la suite. La question de sortir avec une fille « parce que c’est comme ça » pèse, elle aussi, sur ses personnages. En résulte de nombreuses interactions à demi-mots où les sentiments de Yamato interviennent de manière parfois évidente (sauf pour Kakeru qui a choisi le déni, car il ne se pense pas assez bon pour que son ami le voie de manière romantique).

©Mika 2019,2022 / KADOKAWA CORPORATION

Cela amène I Cannot Reach You à être particulièrement savoureux à lire avec une narration limpide et sensible. Couplé au trait doux et épuré de Mika, on obtient un manga particulièrement jovial à lire malgré les tourments de ses protagonistes. À cela s’ajoutent de sympathiques personnages secondaires auxquels on s’attache rapidement. En témoigne la peine que l’on peut déjà ressentir pour certains dont les perspectives amoureuses semblent compromises d’emblée.

Cette première proposition boy’s love de la part de Kana est assez séduisante. Elle pose en un seul volume de solides bases pour un développement romantique satisfaisant, avec déjà de beaux développements. Avec déjà huit tomes au Japon, nul doute que l’autrice va avoir le temps d’approfondir cette relation et de faire grandir ses personnages, avec tendresse et affection. Le second volume est prévu chez nous pour le 5 juillet.

©Mika 2019,2022 / KADOKAWA CORPORATION

Léonard Fougère est rédacteur freelance chez IGN. Toujours prêt à forcer sur Love Live, il adore aussi les tranches de vie et autres weeberies du genre qu’il partage allègrement sur Twitter, Bluesky et Instagram

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