Dead Rock, Hiro Mashima de retour dans son pur jus

On s'éclate bien, à condition d'avoir un bon souffle

Malgré le florilège de projets annexes toujours en cours autour de Fairy Tail, la fin de Edens Zero qui approche et même la participation à un manga pour Square Enix, Hiro Mashima a apparement encore assez de temps pour se consacrer à une nouvelle série. Avec Dead Rock, il semble vouloir proposer quelque chose d’aussi loufoque et bourrin qu’à ses habitudes, avec cette fois la promesse en plus de quelque chose de plus sombre et violent. Pari réussi pour cet auteur ô combien prolifique ?

L’univers de Dead Rock ne fait pas dans la subtilité et pose d’emblée le décor d’une prestigieuse école des Enfers dans laquelle tout démon rêve d’entrer. Un prétexte scolaire très courant, pourtant jamais employé par Mashima et qui va servir de base à l’introduction rapide de nombreux personnages aux archétypes très prononcés. Au milieu de ce bazar se trouve le gentil et poli Yakuto qui fait pâle figure dans ce monde de démons, de violence et de bagarres. Mais c’est sans surprises qu’après quelques bastons expéditives, il réussit l’examen d’entrée.

Cette mise en bouche est aussi divertissante que précipitée. Les affrontements sont très brefs et permettent simplement d’entrapercevoir ceux qui vont être les camarades de classe de Yakuto par la suite. Les heureux élus de cet examen mortellement sanglant (ils sont sept) rejoignent effectivement la même classe, et c’est à partir de là que Dead Rock débute réellement. Le but de Yakuto est de vaincre le directeur de l’école, à savoir « Dieu », qu’il soupçonne être un imposteur qui règne sur les enfers à la place de leur réel souverain.

C’est plutôt évident, mais Dead Rock laisse peu de place à la subtilité dans sa narration. Hiro Mashima n’est pas réputé pour être un bon scénariste, et cette nouvelle série ne va pas faire mentir cette idée. Pourtant, il y a un certain plaisir à suivre une histoire aussi directe dans son déroulement. Ça va droit au but et ne perd pas de temps à proposer ce qu’il a de plus divertissant à offrir. Surtout quand on a l’imagination de Hiro Mashima qui est particulièrement doué pour proposer des designs variés et inventifs. À l’image de Honey, personnage en forme de statuette haniwa et à la personnalité particulièrement comique. Sans surprises, cela implique aussi de composer avec designs de personnages féminins aux physiques plantureux régulièrement mis en avant pour l’auteur.

Cependant, Dead Rock a le défaut de ses qualités. En racontant son récit de manière aussi vive, le manga ne prend pas le temps de poser convenablement son univers. Il peine à paraitre de manière organique malgré une excellente inventivité visuelle donnant justement envie d’en voir davantage. Les archétypes de chaque protagoniste se repère à des kilomètres, ce qui ne permet pas d’avoir un casting particulièrement original. À contrario, on identifie très clairement chacun d’entre eux très rapidement, ce qui est plutôt un gage pour une série qui se veut aussi concise.

Mashima semble vouloir que ce manga soit assez court, et c’est peut-être sa principale limite. On aimerait profiter davantage de son récit, aussi peu subtil soit-il, et de sa troupe certes peu inventive, mais déjà attachante. La touche Mashima suffit à apporter ce qu’il faut de fantaisie pour rendre la lecture plaisante et captivante. L’idée de conférer à chaque personnage des pouvoirs liés à leurs « roots », soit leurs origines liées à une divinité ou créature fantastique, est intéressante, en plus de rappeler l’excellent Area 51. Il est toutefois difficile de croire que le manga parvienne à exploiter au mieux tous ces aspects en continuant d’être aussi hâtif.

La frustration qui ressort de Dead Rock est à la hauteur du plaisir qu’il procure à sa lecture. Ce n’est pas le plus fin des récits, mais il parvient à captiver en posant rapidement et clairement ses intentions. Il rappelle aussi que Mashima reste très fort dès qu’il s’agit d’être divertissant avec assez de fond pour être accrocheur.

Par contre, s’il est peut-être un poil plus brutal que ses autres œuvres, Dead Rock n’est pas particulièrement sombre pour autant. Un poil plus sanglant tout au plus, ce qui peut néanmoins suffire à l’en prévenir de très jeunes lecteurs. On aimerait que le manga approfondisse ses propositions, mais son ambition d’être une courte série devrait au moins lui éviter de se disperser. Pour l’instant, le premier tome est sorti le 15 mai dernier chez Pika tandis que la série est toujours en cours au Japon avec deux volumes.


Léonard Fougère est rédacteur freelance chez IGN. Toujours prêt à forcer sur Love Live, il adore aussi les tranches de vie et autres weeberies du genre qu’il partage allègrement sur Twitter, Bluesky et Instagram

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