[VDC - Terminé] **Cendre et la Vallée Oubliée**

par Nathalie986
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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap39

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Chapitre 39 - Le bal des Epines


 

Le bal avait allègrement commencé sous le regard avisé de Jessie qui avait proposé ses services de mixologues (et de chaperon) pour la nuit.
Cendre avait tout de suite accepté, imaginant que ses enfants seraient plus à l’aise si elle n’était pas dans les parages.

Révélation

Au même moment, Lucas questionnait Cendre sur le jeune homme au tatouage an forme de lune. 


Cendre avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’elle ressentait, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’avait pas réussi à entrevoir complètement son désarroi.
- Tu le connais, n’est-ce pas ?
- Je crois, oui... mais c’est impossible... 


- Raconte-moi.
Lucas sentit que Cendre avait besoin de mettre des mots sur ce qu’elle avait du mal à exprimer. 


- Trois ans après mon adoption par Oba-san, celui-ci me présenta à l’un de ses prestigieux amis, un mécène renommé que toutes les galeries d’art s’arrachaient. Je n’avais à l’époque que dix-sept-ans. 


- Le mécène en question, également trafiquant d’art, avait alors une quarantaine d’années. Il avait besoin qu’on lui fasse en urgence une copie de l’une de ses dernières acquisitions. Oba-san m’a envoyée chez lui, seule. 


- Je te laisse imaginer la suite... Le mécène n’avait que faire d’une copie d’œuvre d’art... J’ai vécu un calvaire du haut de mes dix-sept ans et je suis tombée enceinte. 


- Je suis désolé...
- C’est du passé, Lucas. Sauf que ce passé vient de me sauter au visage. Gabin est le prénom que j’avais donné à cet enfant. Oba-san m’a dit qu’il n’avait pas survécu à l’accouchement. Ce ne peut donc pas être lui. 


- Et s’il avait survécu, Cendre ? 


Au jardin, la fête battait son plein. 


Tandis que Clotaire et Alaric dansaient sur la piste installée pour l’occasion, Blanche se liait d’amitié avec une jeune femme dénommée Virginie. 


Samuel avait rejoint le bar et discutait joyeusement avec Maurice, le fils de Francis, ainsi qu’avec Armelle Rocca et une jeune fille qui s’appelait Chloé. 


Tous étaient pendu à ses lèvres. L’occasion ne se présenterait pas tous les jours de boire un plasma mary avec le fils de la Grande Maîtresse. 


Samuel, qui était tombé précédemment sous le charme d’Armelle lors des présentations, se demandait à présent si Chloé ne lui plairait pas davantage. Les deux jeunes femmes étaient tout simplement délicieuses et d’agréable compagnie, autant l’une que l’autre. 


Tout pris qu’il était par ces nouvelles considérations romantiques, il en oublia qu’Isaure s’était éloignée pour discuter avec Ulysse Caron. 


Il ne la vit pas non plus s’isoler au fond de son petit jardin avec le fils de Francis. 


Pourtant, tous deux discutaient comme s’ils s’étaient toujours connus. Isaure lui faisait part de ses inquiétudes concernant les combats et Ulysse écoutait, effaré de découvrir de plus près une tradition dont il n’avait pas imaginé une seconde qu’elle puisse être aussi cruelle. 


- Tu sais, je vivais cela de très loin... Depuis tout jeune, on me parle des portes de la Vallée, de l’espoir de tous de les voir se rouvrir, grâce à ta mère... Mais jamais je n’ai soupçonné ce qu’il pouvait y avoir derrière tout cela... la souffrance de ta famille... la tienne. 


Ulysse s’était interrompu un instant puis il avait regardé Isaure :
- Je fais partie de ceux qui ont voté pour que les combats aient lieu après vos anniversaires... Je suis tellement désolée...
Isaure ravala sa salive :
- Ne t’en fais pas... Tu as voté en ton âme et conscience. Les combats auraient eu lieu, de toute façon, tôt ou tard. Cela n’a plus d’importance. 


- Cela en a pour moi... Nous venons tout juste de nous rencontrer et je sais que je ne veux pas te perdre.
- Moi non plus, je ne veux pas, Ulysse... 


- Et s’il avait survécu ?
- C’est impossible... Gabin aurait trente-neuf ans aujourd’hui. Ce jeune homme doit avoir vingt ans à peine, et c’est un vampire.
- Justement. Mais bon... admettons que ce ne soit pas lui. Il m’inquiète tout de même. As-tu remarqué la façon dont il s’adressait à toi ? J’ai eu la nette impression qu’il te provoquait. 


- Cela ne m’a pas échappé, oui, mais dans quel but ? Je suis certaine que ce jouvenceau nous cache quelque chose et j’aimerais savoir ce que c’est.
- Nous allons l’avoir à l’œil. 


Il y avait de la romance dans l’air au Bal des Épines.
Clotaire avait fait la connaissance de Caroline Boyer, une pétillante jeune femme qui aimait bien frimer avec ses pouvoirs. 


Clotaire lui avait expliqué que lui-même n’était pas autorisé à les utiliser car il devait rester un vampire néophyte jusqu’aux combats. Mais cela n’avait pas d’importance puisque les deux jeunes gens s’étaient découvert une passion commune pour les échecs. Et puis, qu’est-ce qu’il était beau, le fils de la Grande Maîtresse ! 


Sur un banc, non loin de là, Blanche et Virginie semblaient faire plus ample connaissance... 


Les deux jeunes femmes ne se quittaient pas et paraissaient se suffire l’une à l’autre, seules au monde et ignorantes de ce qui se passait autour d’elles. 


Samuel avait finalement laissé son cœur choisir et lui non plus ne quittait pas sa dulcinée. C’était la première fois qu’il ressentait quelque chose de semblable pour une personne qu’il connaissait à peine. 


Cela n’avait rien de comparable à ce qu’il ressentait pour Isaure mais il savait une chose ; il voulait rester près de Chloé et ne se lassait pas de sa conversation. 


Isaure et Ulysse avaient aussi décidé de rester ensemble dans le petit jardin d’Isaure. Ils souhaitaient profiter de ces moments éphémères, ne sachant de quoi serait fait leur lendemain.
- Quel malheur que nous ne nous soyons pas connus plus tôt. 


Si Alaric ne vivait aucune romance, il s’était cependant lié d’amitié avec Gabin. Le jeune vampire avait eu l’audace d’interroger son invité sur son bien mystérieux tatouage. 


- Ce tatouage ne veut rien dire ! avec ri Gabin. C’est juste un pari qui a mal tourné. Rien d’extraordinaire, vous voyez ! 


Les deux garçons avaient bien rigolé puis Gabin avait raconté une partie de son passé à Alaric. Leurs histoires étaient bien différentes. 


Au petit jour, Cendre et Lucas regardèrent les enfants dire au revoir à leurs invités. 


Isaure et Ulysse semblaient avoir beaucoup de mal à se quitter... 


... mais ils n’étaient pas les seuls. De longues embrassades avaient lieu, où qu’ils posent leur regard.
Cendre vit Gabin qui s’en allait d’un pas décidé. Il faudrait qu’elle demande à Alaric de quoi ils avaient parlé. 


Après une journée ponctuée d’un sommeil agité, les enfants s’étaient réunis de concert autour de Cendre pour lui faire part de leurs souhaits d’inviter leurs nouveaux amis à assister au premier combat. Alaric, qui n’avait de son côté aucune requête, était là pour soutenir ses frères et sœurs. 


Après avoir hésité, Cendre accepta uniquement la présence des amis de Samuel et Isaure. Ce sont eux qui allaient combattre. Eux seuls aurait donc le privilège de recevoir leurs amis. 


Samuel souffla ses bougies quelques heures après... 


... suivi de près par Isaure. 


L’heure n’était pas à la fête... Samuel prit Isaure dans ses bras durant de longues minutes...
Il sentit sa sœur trembler et ne la lâcha que lorsqu’elle se fut apaisée. 


Cendre les observait douloureusement. Ils étaient si proches l’un de l’autre... Demain, à la même heure, l’un d’eux ne sera plus là...

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap40

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Chapitre 40 - Samuel vs Isaure


 

Révélation

Samuel et Isaure se réfugièrent une partie de la nuit dans la salle de classe où ils avaient passé beaucoup d’heures à écouter Jessie.

 

Aujourd’hui, ils étaient adultes et c’en était fini de leur insouciance. Ils se combattraient la nuit suivante et l’un d’eux n’y survivrait pas.


Alors ils se rappelèrent tous ces merveilleux moments qu’ils avaient passés ensemble, des moments qui n’avaient pas de prix.


- On s’aimait déjà si fort lorsqu’on était bambins, tu te rappelles, Isaure ? On ne se quittait pas. 


- C’est vrai et qu’est-ce que tu m’impressionnais ! Tu faisais toujours des bêtises et moi, je n’osais pas. 


- Toi, tu étais toute sage, même lorsqu’on s’amusait avec Mère. 


- Sauf quand tu m’entraînais à faire aussi des bêtises, ne l’oublie pas ! 


- Certaines fois, tu te débrouillais toute seule. Rappelle-toi lorsque tu as interrompu le mariage de Jessie. 


- Et puis, un jour, Maman est partie au combat. J’avais tellement peur et tu me rassurais en disant qu’elle était la plus forte.
- Je le dis toujours. 


- Tu me rassurais, sauf lorsque je n’étais pas d’accord avec toi. 


- Ça n’a jamais duré. On s’aime trop, Isaure. 


- Nous avons bien grandi depuis...
- Nous sommes toujours les mêmes. 


Isaure s’était alors effondrée, en larmes, dans les bras de son frère mais celui-ci ne pouvait plus la rassurer. Sa peine était aussi grande que la sienne cette fois... et il ne put que partager sa douleur en silence. 


Cendre aussi cherchait du réconfort auprès de Lucas car elle n’arrivait pas à réaliser qu’elle allait être séparée de l’un de ses enfants. 


Son chagrin ne cesserait donc jamais... Cette maudite tradition lui enlevait ses petits, les uns après les autres. 


Samuel et Isaure décidèrent de se séparer. Ils s’étaient dit tout ce qu’il y avait à dire et ils en arrivèrent à la conclusion qu’ils seraient mieux pour eux de ne plus se voir jusqu’au combat qui les opposerait. 


Le reste de la fratrie, abattu par un ultimatum qui était très proche, se réunit dans la chambre de Clovis. 


Mais tous n’étaient pas affectés de la même façon ; la petite Mélusine déclara qu’elle aurait bien aimé être à la place de Samuel ou d’Isaure.
- Non mais je rêve ! s’exclama Alaric. 


Clotaire essaya de calmer l’ambiance, déjà suffisamment électrique, avant que Blanche n’en rajoute :
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Parce que je veux me battre. Nous sommes nés pour cela, non ?
- Elle devrait aller dans sa chambre. Sa place n’est pas avec nous, ce soir, s’énerva une nouvelle Alaric.
- Clotaire ! Dis quelque chose ! Tu sais que j’ai raison, se défendit Mélusine.
Blanche était complètement éberluée par les propos de sa jeune sœur. 


- Supposons que tu n’aies pas tout à fait tort ? Quelle importance ?
- Je veux gagner ! Je battrai Alaric et je serai la plus forte !
Mélusine toisa son frère aîné... 


... qui lui répondit, avec un sourire :
- Ça, c’est encore à voir, petite chose ! 


- Mélusine, arrête de divaguer, s’il te plait. Tu ne peux pas savoir à l’avance si tu seras gagnante ou perdante, lui dit gentiment Clotaire pour la remettre à sa place.
- Je serai plus forte que vous tous, je le sais. Parce que j’ai envie de vous battre. Et l’héritière, ce sera moi et moi toute seule ! 


- Ah et puis, au fait ! Je compte bien assister au combat de Samuel et Isaure !
- Elle me désespère, soupira Alaric. 


- Pas tant que moi ! intervint Blanche. Alors, soit elle quitte cette pièce, soit c’est moi qui m’en vais. 


Blanche n’eut pas à quitter la pièce. Mélusine se rendit directement dans la chambre de sa mère avec la ferme intention de lui exposer ce qu’elle voulait.
Evidemment, son enthousiasme débordant lui avait fait oublier de frapper à la porte et, Lucas et Cendre lui firent immédiatement part de leur mécontentement. 


- Je suis désolée, Mère, mais ce que j’ai à vous dire est de la plus haute importance.
- Est-ce une raison pour négliger la plus élémentaire des politesses ? Que veux-tu ?


Mélusine prit place sur un tabouret.
- Je veux voir le combat.
- Rien que ça ?! s’étonna Cendre. Sache que tu n’as rien à vouloir. Tu demandes ou tu aimerais, mais je veux, lorsque tu t’adresses à moi, n’est pas envisageable. 


La fillette s’excusa puis s’ensuivit une longue conversation au cours de laquelle Lucas n’intervint pas. Cendre expliqua à sa fille qu’elle n’avait pas l’âge requis et Mélusine leva les yeux au ciel à plusieurs reprises. 


La fillette se tourna alors vers Lucas :
- Père, je vous en supplie. Vous savez que cela fait longtemps que je m’intéresse à nos coutumes !
- C’est vrai, mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée que tu assistes à ce combat. 


- Mère ! Je vous promets que toutes nos traditions me passionnent ! Je veux juste voir un combat de plus près pour en avoir une meilleure vision. Et puis, j’aimerais être à égalité avec mes frères et sœurs qui, eux, pourront observer de près les techniques de combat de nos aînés. 


Mélusine avait touché une corde sensible chez Cendre qui n’avait jamais fait de différence entre ses enfants, et elle ne souhaitait pas que Mélusine ressente un sentiment d’injustice par rapport à ses frères et sœur.
- Très bien, je suis d’accord. Tu assisteras au combat.
- Oh merci, Mère ! 


- Mais attention ! rajouta Lucas. Tu resteras à ta place sans mot dire. J’y veillerai personnellement.
- Ne vous inquiétez pas, Père. Je ne vous décevrai pas, Mère et vous. 


- C’est promis ! ajouta-t-elle en s’éloignant, tout heureuse. 


Lucas se rapprocha de Cendre après le départ de Mélusine.
- Qu’y a-t-il, Lucas ? Tu sembles soucieux.
- Je pense que le combat de Samuel et Isaure pourrait être un déclencheur pour Mélusine et je ne suis pas du tout serein. 


- Qu’est-ce que tu entends par là ? Un déclencheur à quoi ?
- A une certaine forme sous-jacente de violence... Mélusine est fascinée par ce qui peut faire mal, et j’ai peur que les combats n’éveillent en elle quelque chose d’insoupçonné jusqu’à maintenant. 


- Tu t’inquiètes beaucoup trop, mon amour. Rappelle-toi qu’un jour, c’est moi qui aie eu des inquiétudes par rapport à Samuel et c’est toi qui m’as rassurée. Il a grandi et s’est adouci finalement. Mélusine n’est qu’une petite fille, et c’est peut-être l’occasion de lui démontrer qu’on a confiance en elle. 


Cette nuit-là, nuit qui précéda celle du combat le confrontant à sa sœur, Samuel donna rendez-vous à Armelle près de la cascade. 


Isaure choisit le promontoire pour rencontrer Ulysse. 


C’était une nuit de pleine lune, une merveilleuse nuit étoilée. 


La nuit où Samuel arracha à Armelle la promesse qu’elle serait heureuse, quoiqu’il arrive. 


La nuit où Isaure reçut son premier baiser. 


La nuit où Samuel promit à Armelle d’être toujours là pour elle s’il sortait vainqueur du combat. 


La nuit où Ulysse jura à Isaure de la pleurer à jamais si elle ne sortait pas vainqueur du combat... 


La nuit où Samuel et Isaure, réalisèrent qu’ils n’étaient pas mieux l’un sans l’autre. 


Au lever du jour, Samuel avait couru jusqu’à la chapelle pour dire à Isaure qu’il leur fallait rester ensemble. Il la trouva endormie dans sa chambre. 


Il déposa délicatement un bai.ser sur sa tempe en murmurant :
- Toi et moi, c’est jusqu’au bout. 


Elle ouvrit les yeux :
- C’est vrai... C’était une erreur. On doit rester ensemble jusqu’à la fin. Tu veux bien dormir avec moi ici ?
- Oui, je suis là maintenant. 


Samuel enlaça sa sœur d’un geste protecteur et, ensemble, ils passèrent une grande partie de cette longue journée, endormis l’un contre l’autre. 


Samuel et Isaure prirent place dans la salle de combat à minuit. 


Ils étaient autant déstabilisés l’un que l’autre mais se firent face, décidés à affronter dignement une tradition qui allait les séparer. 


Lucas s’était installé dans l’aile avec Armelle Rocca et Ulysse Caron.
Aux côtés de Cendre, se trouvaient ses autres enfants ainsi que Francis Caron et Diego Lobo qui étaient là pour s’assurer du bon déroulement du combat et retransmettre ensuite son issue, au peuple. 


- Tu es prête ?
- Oui, Samuel, je le suis.
- Je t’aime, tu sais.
- Moi aussi, je t’aime. 


Samuel prit sa sœur dans les bras une toute dernière fois.
- Il faut qu’on y aille maintenant... 


Isaure s’était élancée la première vers Samuel, et tout le monde commença à s’avancer pour apprécier le combat de plus près. 


Elle semblait déterminée et en position de force par rapport à son jumeau, et tous craignirent pour Samuel. 


Le jeune vampire fut lui-même surpris par la puissance de sa sœur, à laquelle il ne s’attendait pas. 


Il répliqua aussitôt pour ne pas la laisser prendre le dessus.
Tout le monde retenait son souffle. 


Le suspense était insoutenable. Les combattants avaient disparu dans un épais nuage noir et on ne voyait plus rien de ce qui s’y passait.
Ulysse espéra que tout allait bien pour Isaure. 


Mais c’est Samuel qui refit surface le premier et il imagina le pire pour sa belle...
Armelle laissa échapper un gros soupir de soulagement. 


Isaure se releva mais son frère l’attendait d’une main ferme.
Mélusine se réjouissait de ce combat qui était encore mieux que tout ce dont elle avait rêvé. 


Les jumeaux quittèrent le sol pour poursuivre le combat.
Isaure avait brandi son poing, prête à frapper.
Samuel la regarda d’un regard plein d’amour, et lui dit d’une voix douce :
- Vas-y... un grand coup et c’est fini. 


Le coup porté fut très violent. 


Samuel relâcha tous ses muscles et tomba au sol. 


Sous l’œil de sa petite amie décomposée, Isaure aida son frère à se relever.
- Bravo sœurette ! Tu as été formidable ! 


- Tu aurais pu gagner, espèce de fou...
- Ne crois pas ça !
Toute la fratrie était sous le choc. Cendre retenait des larmes et Mélusine regrettait que son favori ait perdu le combat. 


- Cette fois, c’est vraiment fini, petite sœur...
La voix de Samuel s’étrangla imperceptiblement. 


Isaure ne put répondre car Cendre venait de s’approcher pour la féliciter. 


Puis elle se tourna vers Samuel
- Tu as été à la hauteur, mon enfant, un valeureux combattant. Je suis fière de toi.
- Merci Mère.
Cendre aurait voulu le serrer dans ses bras mais ce n’était pas encore le moment. 


- Va t’asseoir avec les autres, Isaure. Ton frère va devoir boire la potion, maintenant. 


« La potion qui le rendra humain », pensa-t-elle.
Isaure alla s’asseoir à contre-cœur car elle aurait souhaité rester auprès de Samuel jusqu’à la fin, mais le protocole étant ce qu’il était, elle n’avait eu d’autre choix que de s’exécuter. 


Cendre invita Samuel à aller boire l’élixir qui se trouvait sur le petit guéridon que Diego avait installé.
Elle avait mis des années à chercher ce remède miracle pour elle-même et, quand enfin elle le trouvât, ce fut pour l’élaborer pour son enfant. Quelle ironie du sort ! 


Samuel était quelqu’un de naturellement fier, aussi, il s’avança d’un pas décidé vers le guéridon, tout en rassurant Cendre dont le cœur était sur le point de se briser une nouvelle fois :
- Ça va aller, Mère. Je te le promets. 


Il se saisit du verre d’un geste sûr tout en pensant à Isaure qui allait rester seule sans lui. 


Elle aussi était fière. Et en cet instant, elle donnait parfaitement le change. 


Il croisa le regard triste de Blanche puis porta le verre à ses lèvres. 


Il avala la potion entière d’une traite. 


Puis quelque chose se produisit, quelque chose qui empêcha Isaure de rester aussi calme que prévu. Les pieds de son frère se décollèrent du sol et il fut pris de convulsions. 


Son aura vampirique le fit tournoyer sur lui-même et Samuel semblait souffrir le martyr.
Francis et Lucas, qui étaient pourtant d’anciens vampires, n’avaient jamais vu une telle chose. 


Samuel jeta un regard implorant à Lucas qui essaya de le calmer d’une voix douce.
Isaure commença à se sentir mal tant elle avait du mal à supporter de voir son frère autant souffrir. 


Puis, tout s’arrêta. L’aura noirâtre céda la place à un halo de lumière. 


Samuel s’étonna ; la douleur avait disparu tout aussi soudainement qu’elle était venue.
La peur le saisit, une peur qu’il s’efforça de cacher : il ne ressentait plus rien d’autre... aucune force, aucune puissance en lui... Plus rien.
Pas de doute, il était devenu humain. 


Il se ressaisit cependant très vite et approcha de Cendre en souriant :
- Tout va bien, Mère. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer. 


Elle le prit dans ses bras sous le regard abattu d’Isaure qui n’avait pas échappé à sa sœur Blanche.
- Je t’aime, Samuel, ne l’oublie jamais, murmura Cendre à l’oreille de son fils. 


Puis Samuel ressentit soudainement une faiblesse et tomba sur un genou. 


Tous le virent se plier en deux et se levèrent, impuissants face à son agonie. 


Dans un dernier effort, il se redressa pourtant... 


... mais il retomba, pour ne plus se relever cette fois.
- Isaure...
- Je suis là, Samuel... 


Elle s’agenouilla et le prit contre elle au moment où il ferma les yeux :
- Samuel ! Noooon !.... 


Diego choisit cet instant pour inviter Ulysse et Armelle à se retirer. Preuve était faite que le premier combat avait eu lieu, qu’un vainqueur s’était distingué et que l’un des héritiers avait expiré.
Il fallait à présent laisser la famille souveraine à sa tristesse. 


Isaure avait reposé le corps de son frère sur le sol. Elle ne pouvait y croire. Un chagrin indéfinissable l’envahit tout entière... 


Elle poussa alors un cri d’outre-tombe qui n’en finissait plus... 


Un cri de désespoir qui fut perçu dans toute la Vallée. 


Lorsqu’elle eut retrouvé ses esprits, elle laissa Lucas œuvrer pour récupérer Samuel. 


Lucas emmena le fils aîné de Cendre... Il le porta comme un jour, Samuel l’avait aussi porté pour le ramener à sa mère. Mais aujourd’hui, le scenario était tristement différent. 


Samuel quittait définitivement sa famille sous les regards de ses petits frères accablés. 


De l’autre côté du trône, Mélusine semblait moins affectée que le reste de la fratrie.
- Je ne comprends pas ! C’est Samuel qui aurait dû gagner ! T’es pas d’accord ?
- Mélusine... ce n’est pas le moment. Nous venons de perdre notre frère... Ton commentaire est déplacé. 


- N’empêche que, comme c’est Isaure qui reste, je la battrai très facilement. Tu verras, je vous gagnerai tous !

 

A suivre 🙂

 

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap41

★★ Guide

 

Chapitre 41 - Isaure


 

Cendre avait agrandi le jardin des enfants pour y installer la sépulture de Samuel.

Révélation

Même si son fils était mort humain, il était né vampire et avait combattu en vampire, et Cendre lui avait choisi pour tombe, une tombe de vampire. Pour elle, il ne pouvait en être autrement.


Isaure passait toutes ses nuits auprès de lui, à pleurer et à refuser qu’il ne soit plus. Son cœur ne cessait de saigner. 


Cela dura des mois. Elle s’installait près de la tombe de son jumeau et lui parlait pendant des heures, comme s’il pouvait l’entendre. 


Alaric, qui venait presque tous les soir aussi dans le jardin, entendait ses sanglots étouffés et ses hoquets de tristesse. 


Il ne la dérangeait jamais car il savait qu’elle avait besoin d’être seule., tout comme lui avait besoin d’être seul. Il comprenait tellement sa douleur. 


Isaure n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle ne dormait plus dans son cercueil car la vue du cercueil vide de Samuel, à côté du sien, lui était insupportable. 


Son désir de solitude lui faisait éviter sa famille et, quand elle ne s’isolait pas dans la chambre de son jumeau durant la journée, elle se réfugiait dans la sienne. 


Isaure ne prit plus la peine de s’habiller et ne dormit plus. Elle déambulait dans la crypte la journée, en tenue de nuit et s’arrangeait pour ne croiser personne.
Elle voulait se morfondre, seule. 


Le souvenir du combat contre son frère tournait en boucle dans sa tête et les tentatives de Cendre pour tenter de soigner le cœur blessé échouaient les unes après les autres.
Régulièrement, elle la trouvait dans sa chambre, la tête enfouie dans son oreiller. 


Elle se retournait systématiquement en entendant sa mère lui parler et faisait semblant de dormir.
- Ulysse est encore passé prendre de tes nouvelles. Il s’inquiète pour toi.
Mais rien ne soulageait Isaure. 


Ulysse se rendait souvent à la chapelle pour s’enquérir de la santé d’Isaure. Lucas, Cendre, ainsi que les enfants commençaient à bien le connaître. 


Cette nuit-là, Lucas dut à nouveau lui annoncer que l’état de sa belle ne s’était pas amélioré et qu’elle ne voulait toujours voir personne. 


Il essaya alors de le tranquilliser en lui rappelant que le temps allégerait la tristesse d’Isaure et cicatriserait son cœur, un temps qu’il était nécessaire de lui accorder. 


- J’aimerais tellement faire quelque chose pour elle, Monsieur le Duc...
- Elle a perdu son frère jumeau et ils étaient très proches. La meilleure que vous puissiez faire est de lui faire don de votre patience. 


- Nous avons l’éternité, rien ne presse. Songez-y.
- Oui, Monsieur, mais l’éternité me parait bien infinie en ce moment. 


Une nuit, Alaric arriva au jardin des enfants avant Isaure et elle fut obligée de répondre au « bonsoir » qu’il lui lança. 


Si le projet d’Isaure avait été de se rendre directement sur la tombe de Samuel, Alaric l’en empêcha en entamant la conversation.
- J’aimerais bien te parler un peu, tu veux bien ?
- Je ne veux pas parler, Alaric...
- Alors, écoute-moi seulement. 


Isaure ne bougea pas.
- On ne l’évoque jamais mais tout le monde sait que j’ai, moi aussi, une jumelle. Elle est une partie de moi. Je ne la connais pas mais je sens si elle est heureuse ou malheureuse, lorsqu’elle rit ou lorsqu’elle pleure, ou encore lorsqu’elle se fait mal. Et je n’aime pas qu’elle soit malheureuse, car je sais qu’elle est pleine de vie. Je le supporte très mal. 


- Alors, tu vois... Samuel... Il n’aurait pas voulu te voir ainsi. Lorsque je te regarde errer dans la crypte en pyjama, je pense à lui... Il n’aurait pas voulu ça... Il en aurait été malade... Il aurait voulu que tu continues à vivre... 


- Alaric... je t’en supplie... arrête. 


- Je ne peux pas. Je ne peux pas te laisser faire, en mémoire de lui... Tu peux continuer à l’aimer, ne pas l’oublier, mais reprends ta vie en main. Pour lui. 


- Mais c’est impossible ! Je l’ai tué ! Je ne peux pas vivre avec ça ! 


- Tu ne l’as pas tué. C’est la potion qui l’a tué. Uniquement la potion. Maman a fait mettre le poison dans le verre pour que tu n’aies pas à le faire. Vous deviez combattre. Ça aurait pu être toi. Aucun d’entre nous n’a le choix. 


Alaric s’était levé :
- Isaure, réponds franchement à ma question. Crois-tu que Samuel aimerait te voir ainsi ?
- Non. Je sais qu’il n’aimerait pas. 


- Alors, si tu es d’accord, va sur sa tombe, dis-lui aurevoir une dernière fois et fais-lui la promesse de redevenir celle que tu étais.
- Je n’y arriverais pas... 


Il prit sa sœur dans les bras et lui glissa quelque chose à l’oreille, quelque chose dont il lui fit promettre de garder le secret. 


Puis ils se rendirent sur la tombe de Samuel. Alaric fit aussi, cette nuit-là, le deuil de son frère. 


Ils pleurèrent de concert et se soutinrent mutuellement.
Ils n’avaient plus besoin de parler mais parler avait fait du bien à Isaure. 


Elle avait promis qu’elle se ressaisirait. Il fallait à présent qu’elle puise la force nécessaire en elle pour le faire.
Alaric l’aiderait, elle en était sûre, mais ce ne serait pas chose aisée.
Adieu Samuel. 

 

Cendre fit irruption dans la chambre de sa fille au milieu de la journée.
- Allez, lève-toi ! ça fait des mois que ça dure. Il faut te remuer. Et arrête de faire semblant de dormir et de changer de côté dès que j’approche. Je peux faire le tour du lit indéfiniment. Je suis patiente. 


- Je dormais réellement, Maman. Ne crie pas ainsi.
- Alaric m’a dit que tu allais un peu mieux. Est-ce vrai ? 


- Je ne sais pas. Je crois, oui... Je pense que je vais faire face.
- C’est une bonne chose, ma chérie.
- Tu sais, Alaric m’a dit quelque chose de très bizarre, cette nuit... 


- Bizarre ? C’est-à-dire ?
- Probablement rien... Je t’en reparlerai plus tard. J’ai envie de dormir un peu. 


- Très bien, je te laisse. Mais tu devrais dormir dans ton cercueil.
- Demain... j’irai demain. 


Le lendemain, en rejoignant la crypte, Isaure eût la surprise de trouver Mélusine devant le cercueil de Samuel.
- Il te manque aussi, n’est-ce pas Mélusine ? 


- J’étais en train de me dire que, comme Samuel était mort, je vais réclamer son cercueil quand je serai ado. Après tout, il est disponible maintenant. Et il avait la meilleure place. 


Isaure avait rejoint sa sœur, médusée par ce qu’elle venait d’entendre.
- Ce cercueil est celui de Samuel. Il faudra que tu en choisisses un autre. Ce ne serait pas correct. 


- Ben... j’en ai pas envie. Moi, je veux ce cercueil.
- Je crois que tu n’as pas très bien compris ce que j’ai dit alors je vais le formuler autrement : personne ne récupèrera le cercueil de Samuel. Je m’y opposerai. 


- Mais qu’est-ce que ça peut te faire, d’abord ? Il est mort ! ça sert à rien de laisser son cercueil tout vide ! Tu devrais être contente ! T’as gagné le combat ! 


Isaure se retint pour ne pas envoyer voler sa petite sœur à travers la crypte.
- Et puis, de toute façon, je demanderai à Mère ! Elle me dira oui, j’en suis sûre ! 


- Arrête un peu ! Maman n’autorisera jamais une telle chose ! Elle fait preuve de bon sens, contrairement à toi ! 


- Je te déteste ! Mère, elle me dira oui. Elle me dit toujours oui. Et je veux ce cercueil, alors, je l’aurai. 


Isaure se rendit bien compte que la conversation ne mènerait nulle part, aussi, elle décida de ne pas envenimer davantage la situation.
- Sors d’ici. Tu n’as rien à faire là de toute façon. Cette crypte est réservée aux grands et je dois dormir.
- Ah, parce que tu dors en pleine nuit, maintenant ?
- Sors... 


Mélusine s’éloigna, toute contente d’avoir mis sa grande sœur en pétard.
- Je te gagnerai aux combats, tu verras.
Mais ce qu’elle ignorait, c’est qu’Isaure avait été à deux doigts de perdre sa maîtrise de soi, et de lui faire vraiment mal. 


L’aînée de la fratrie avait besoin de reprendre ses esprits. Mélusine avait mis ses nerfs à rude épreuve et il faudrait qu’elle en discute avec sa mère. Mais en attendant, elle avait besoin de s’aérer. 


Elle partit courir. Il fallait qu’elle s’éloigne un peu de la chapelle. L’air frais lui faisait du bien et elle avait besoin de revêtir sa forme sombre. Elle l’avait tellement réprimée lorsque Mélusine l’avait fait sortir de ses gonds, qu’elle la ressentait à présent comme indispensable. 


Elle courut jusqu’au sous-bois et y fit la rencontre inattendue de Gabin, le jeune homme au tatouage en forme de lune. Il était apparu derrière elle, croyant la surprendre, mais elle l’avait entendu arriver...
- Vous n’avez pas l’air en forme, Mademoiselle Valrose. 


- Que me voulez-vous, Monsieur Gabin « Sans-nom » ? Je tiens à vous prévenir, je ne suis pas d’humeur, cette nuit. Un rien pourrait m’agacer. 


- Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour votre victoire et vous présenter mes condoléances pour votre frère.
- Très bien, je vous remercie. 


Ils avaient marché tout en bavardant et atterri au bord du lac.
- Je vais avoir besoin de vous, Mademoiselle. 


- Et pour quelle sombre raison auriez-vous besoin de moi ?
- J’aimerais que vous intercédiez en ma faveur afin que j’obtienne une entrevue avec votre mère. 


- Je vous reconnais une qualité, Monsieur « Sans-nom », celle de ne douter de rien... La Grande Maîtresse ne reçoit personne s’il n’y a pas de bonne raison. Il va donc falloir que vous vous épanchiez un peu plus ou que vous abandonniez votre projet. 


- Et si je vous disais que je suis votre frère, iriez-vous parler à Madame Valrose ? 


Isaure ne mit pas longtemps à réfléchir. Ce garçon se moquait d’elle, et elle n’apprécia pas du tout. Il fera moins le fier lorsqu’il verra quel sort elle lui aura réservé et qu’il lui faudra révéler le véritable but de cette entrevue.
- Je vais voir ce que je peux faire. Vous serez mis au courant dès la nuit prochaine, lui répondit-elle.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap42

★★ Guide

 

Chapitre 42 - Le prisonnier


 

Francis avait demandé à voir Cendre, très tôt dans la matinée ce jour-là, et en toute confidentialité.
Ce n’était pas l’ami qui était venu lui rendre visite mais le chef de sa milice qui venait l’informer d’une « situation délicate ».

Révélation

Cendre le convia dans sa crypte afin de discuter en toute intimité. Les nouvelles étaient alarmantes et Francis désirait savoir comment il convenait d’agir. 


Cendre le renseigna en quelques phrases sur ce qu’elle avait elle-même soupçonné ; son passé, la possibilité d’une filiation, mais un doute tout de même quant aux dates et aux évènements. 


Francis enregistra tout ce qu’elle venait de dire. Cette femme n’était pas une Grande Maîtresse pour rien. Elle exposait les faits, simplement, alors que son passé d’humaine avait certainement été douloureux. Il n’était pas peu fier de la servir. 


Elle lui intima l’ordre d’interroger le prisonnier sous son toit et de mener une enquête à son sujet, ce que Francis aurait fait, de toute façon ; puis elle émit le désir d’assister aux interrogatoires. Francis n’en attendait pas moins d’elle et sa Maîtresse voulait avoir le cœur net de toute cette histoire. 


Il faut dire que l’histoire était plutôt inattendue.
Isaure Valrose était venu le trouver la nuit précédente, avec une histoire à dormir debout concernant un jeune homme qui avait participé au Bal des Épines et qui prétendrait être son frère. 


Elle avait commencé à attirer son attention lorsqu’elle avait mentionné que le vampire en question insistait pour avoir une entrevue avec Cendre, et il avait immédiatement avisé ses lieutenants pour qu’ils fassent le nécessaire.
Le jeune Gabin avait été arrêté et transféré dans les geôles des catacombes miliciennes. 


- A-t-il été fouillé ? demanda Cendre. Je ne saurais dire pourquoi mais ce jeune homme semblait m’en vouloir.
- Oui... Nous avons trouvé sur lui plusieurs armes blanches et un pieu et je ne parle même pas de l’arsenal que mes hommes ont saisi chez lui. Je ne sais pas si ces armes t’étaient destinées mais nous allons creuser. 


- Parfait. Mais transfère-le d’abord dans mes cellules. Tu creuseras ici, et en ma présence. Je veux tout savoir de lui.
- Ce sera fait. 


Cendre avait ensuite sommé Alaric de la rejoindre dans son boudoir.
Lorsqu’il entra dans la pièce, il fut émerveillé par le son de l’orgue. Sa mère jouait tellement bien. 


Il s’approcha mais la mélodie s’arrêta.
- C’est dommage... J’aime tellement t’entendre jouer.
- Je t’ai fait convoquer, Alaric. L’affaire est sérieuse et tu vas peut-être pouvoir m’éclairer. 


Alaric se demandait de quoi il s’agissait. Le ton de sa mère était des plus graves.
- Nous avons arrêté un suspect et, d’après Jessie, tu aurais longuement discuté avec lui au Bal des Épines. Je veux tout savoir de cette discussion. 


- Tu ne parles quand même pas de Gabin ? Il est suspect de quoi ? J’ai discuté avec lui presque toute la nuit,
lors du bal. Ce gars-là est complètement inoffensif, je t’assure. C’est juste un boute-en-train. 

 

- Parfait. Alors tu vas savoir m’expliquer pourquoi le boute-en-train a abordé ta sœur Isaure la nuit dernière, dans le but d’avoir une entrevue avec moi, et pourquoi il avait autant d’armes sur lui alors qu’il comptait rencontrer la Grande Maîtresse. 


- Isaure ? Comment ça, Isaure ? Elle est fragile en ce moment... Il faut la laisser se remettre... Maman, je ne comprends rien... 


- Ne t’inquiète pas pour ta sœur. Elle a eu, malgré sa douleur, la présence d’esprit d’aller signaler l’incident au chef de la milice. C’est la preuve qu’elle va mieux. 


- Raconte-moi tout de cette soirée, Alaric, c’est important.
- Il n’y a pas grand-chose à en dire, je t’assure. Nous avons pas mal plaisanté au sujet des filles de la soirée. En fait, je l’ai abordé pour parler de son tatouage mais il s’avère qu’il s’agissait juste d’un pari entre amis. Nous avons aussi parlé de son enfance, c’est tout. Rien ne laisse supposer qu’il soit un criminel... 


- Son enfance ? Et qu’en a-t-il dit ? 


- Une bien triste histoire, je t’assure. Il a été abandonné par sa mère à la naissance, et a été élevé par un père violent qui semblait aussi avoir des griefs contre la mère. Le père est mort alors qu’il avait dix ans. Il a ensuite été trimballé de famille d’accueil en famille d’accueil. 


- Tu veux dire que Gabin était humain ? Il n’est pas né vampire ?
- C’est ça. D’après ce que j’ai compris, il s’est retrouvé dans la Vallée Oubliée alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il a été transformé quelques années plus tard. Il ne m’en a pas dit plus. C’est triste, non ? 


- Oui... C’est très triste. 


Cendre n’avait pas repensé à ces évènements depuis des années. Après un accouchement difficile, elle s’était réveillée dans une chambre de l’hôpital. Oba-san, en bon « père », était à son chevet accompagné d’un parfait inconnu. Il lui avait tristement annoncé que son bébé n’avait pas survécu. 


Elle avait eu tant de mal à y croire... Elle s’y était attachée à ce petit être qu’elle avait porté et, malgré les terribles circonstances de sa conception, elle avait désiré l’élever. Oba-san lui avait même promis de l’aider. 


- Tu vas t’en remettre, tu es jeune, lui avait-il dit. Et tu as la peinture, c’est ta passion. Ne l’oublie pas.
Elle était bien jeune en effet du haut de ses dix-sept-ans, fragile et affaiblie aussi par ce qu’elle venait de vivre. Elle aurait tant voulu disparaître à ce moment-là...
- Je l’ai appelé Gabin, avait-elle répondu. 


- C’est ce que m’a dit le médecin, et c’est ainsi qu’il a été enregistré à l’état civil.
- Merci.
L’innocente qu’elle était alors n’avait jamais mis en doute la parole d’Oba-san. Il était l’adulte, et, à ce moment-là, elle le respectait encore. 


Le jeune homme qui accompagnait son père était Alexandre Gageure. C’est ce jour-là qu’elle fit la connaissance de celui qui, plus tard, la trahirait et deviendrait le père d’Alaric et Aliénor.
Il lui avait donné quelques paroles de sympathie et d’encouragement puis les deux hommes s’en étaient allés.


- Mais pourquoi, Isaure ? Pourquoi as-tu fait cela ?
- Tu ne vois donc pas que je suis venue parler à Samuel !
- Et moi je te parle de Gabin ! Tu l’as donné en pâture à la milice ! 


- Et que voulais-tu que je fasse d’autre franchement ? Ce type était vraiment louche et je ne pouvais pas le laisser rencontrer Maman sous un prétexte fallacieux. 


- As-tu pensé une seconde que ce prétexte n’en était peut-être pas un et que Gabin était peut-être réellement notre frère ? J’ai discuté avec lui, j’ai rigolé avec lui... je ne le crois pas criminel. Il était sincère, je ne pense pas me tromper. 


- Ok, mais que fais-tu de toutes les armes qu’il avait en sa possession ?
- Il les avait sûrement pour se défendre. Pourquoi voir le mal partout ? 


- Se défendre ? Mais dans quel monde vis-tu Alaric ? J’ai fait ce qu’il y avait à faire. Point. Et Samuel aurait été d’accord avec moi. Ce gars-là ne peut pas être notre frère. 


Cendre était en train de raconter à Lucas ce qui s’était passé la nuit précédente lorsque Francis vint les surprendre pour leur annoncer que le prisonnier avait rejoint les cellules. 


- Tu sais que je peux t’accompagner, avait dit Lucas. Si cela peut adoucir ta confrontation avec lui, je suis là, tu le sais. 


Cendre avait décliné la proposition. Francis lui indiqua que Lilith et le prisonnier se trouvait dans l’ancienne cellule des géniteurs. Lui-même devait se retirer. 


En arrivant dans la cellule, Cendre découvrit que Gabin avait été sérieusement immobilisé. Des chaînes le maintenaient au plafond et il ne pouvait pas s’adosser contre le mur. Elle remarqua aussi ses blessures :
- Pourquoi est-il dans cet état ? 


- Ne t’inquiète pas, c’est superficiel. Mais il en a fait baver à ses geôliers. Il a fallu le calmer. Nos hommes ont dû s’y mettre à plusieurs pour l’amener dans tes cellules.
- Je vois... A-t-on tiré quelque chose de lui ? 


- Absolument rien. Il refuse obstinément d’avouer.
- Bien. Je vais le réveiller pour avoir une petite discussion avec lui.
- Je te souhaite bien du courage. 


- Laisse-nous seuls, mais ne t’éloigne pas trop. Ah... une dernière chose : je ne veux plus que notre prisonnier soit maltraité de la sorte, tu m’as bien comprise ?
- Je transmettrai tes ordres, ne t’en fais pas. 


Cendre s’était approchée de Gabin qui avait instantanément relevé la tête et ouvert les yeux.
- Je crois qu’il faut que nous parlions toi et moi. Tu voulais me tuer n’est-ce pas ?
- Je n’ai jamais dit une telle chose. 


- Pourtant, nous savons tous les deux que c’est le cas. Ce que j’ignore, c’est... pourquoi...
Plus elle l’observait, et plus cette histoire de filiation lui semblait crédible. Elle reçut comme une gifle son regard rempli de haine et ses paroles qui lui faisaient écho :
- Vous êtes la personne que je déteste le plus au monde. 


- Me voilà prévenue et que me vaut cet honneur ? 


Ses mots furent violents :
- Vous avez fait de ma vie un Enfer, vous êtes l’Enfer de ma vie ! Je vous hais et vous méprise. Votre mort seule pourrait venir à bout de mon calvaire. Et je vous tuerai, c’est une promesse !
Cendre déglutit, non pas de peur, mais de désolation. Si Gabin était réellement son fils, ce dont elle était presque convaincue, son hostilité envers elle serait une enclume écrasant son cœur de mère.
- Je reviendrai te voir demain. 


Cendre avait rejoint Lilith dans le couloir.
- Fais en sorte qu’il se retrouve dans une posture inconfortable. Et tant que tu y es, supprime-lui les packs de plasma jusqu’à mon retour, demain. 


- Compte sur moi, ce sera fait. Ça s’est mal passé, hein ?
- Le mot est faible... 


Lilith allait s’occuper du prisonnier lorsque Mélusine, qui avait sagement attendu que sa mère s’éloigne, apparut dans la cellule :
- Est-ce que je peux le voir ? 


- Tu n’as rien à faire ici. Retourne dans la crypte. 


La petite fille s’était quand même rapprochée de Gabin et n’avait pas été déçue par ce qu’elle avait voulu voir de plus près :
- Wow, c’est trop cool ! Quand je serai une Grande Maîtresse, j’aurais plein de prisonniers ! 


Lilith n’en crut pas ses oreilles :
- Quitte le quartier des cellules tout de suite ! Ici, c’est moi qui commande et si tu ne files pas très vite, je te fais enfermer pour désobéissance.
- Oh, ça va, j’y vais... mais je dirai à Mère que tu m’as menacée.
- J’y compte bien. 


Mélusine s’en alla mais gratifia tout d’abord Gabin d’un bon coup de pied dans les tibias :
- A plus, Lilith ! 


Cendre avait écouté patiemment la plainte de sa fille à l’encontre de Lilith, sachant pertinemment que son amie n’aurait pas proféré une telle menace gratuitement. Mélusine avait encore certainement fait des siennes.
- Tu as interdiction de te rendre dans le quartier des prisonniers. Tu as encore désobéi.
- Je ne le ferai plus, je vous le promets, Mère. 


Le comportement de sa fille la désespérait. Il n’y avait pas une journée qui ne passait sans que ses frères et sœurs viennent lui rapporter des propos ou des faits inquiétants la concernant, et Cendre commençait à se demander si les craintes de Lucas n’étaient pas fondées... 


En arrivant le lendemain dans les cellules, Lilith expliqua à Cendre ce qui s’était réellement produit.


Evidemment, sa charmante fille avait omis de lui raconter qu’elle avait donné un coup de pied au prisonnier.
- Je suis navrée, Lilith. Tu as très bien fait de réagir comme tu l’as fait.


- Merci. J’ai une bonne nouvelle pour toi. Le prisonnier semble décidé à te parler...
- Nous avons bien fait d’attendre, alors ! 


- Il parait que tu as envie de t’épancher...
- Je vous donnerai ma version, mais j’aimerais entendre la vôtre. C’est à cette condition seulement que je vous parlerai. Et aussi, si vous m’enlevez ces chaînes. 


- Cela fait deux conditions. Je les accepte, mais à la moindre entourloupe, tu ne seras plus de ce monde.
- Je suis un homme de parole. Je ne tenterai rien.


Lilith avait détaché le prisonnier puis l’avait aidé à s’asseoir avant de s’éclipser. Cendre lui avait alors tendu le pack de plasma qu’Alaric avait préparé à son intention. 


- Hum, un vrai délice ! Merci beaucoup, je commence à me sentir mieux.
- Et si nous bavardions maintenant ?


Gabin lui avait alors raconté sa triste vie. Il était né en 2013 à l’hôpital d’Oasis Spring, et il avait été élevé par un père violent et imbibé de trop de nectar, durant les dix premières années de sa vie. Lorsque son père était décédé, les familles d’accueil avaient pris le relais mais il ne s’était senti chez lui nulle part, un petit garçon trop grand qui devint adolescent et dont personne ne voulait. Il était un éternel invité, où qu’il aille.


Cendre avait de moins en moins de doutes... Les dates et les évènements correspondaient... Le père de Gabin avait été ruiné par le chef de la mafia newcrestoise qui n’avait pas supporté qu’il mette enceinte sa fille. Il l’avait alors sommé de disparaître avec le bébé et de ne jamais revenir dans le coin. 


Jamais le mécène n’était revenu mais il détestait son fils autant que la mère biologique de celui-ci et Gabin en avait fait les frais durant sa plus jeune enfance. Un soir, alors qu’il était encore petit, son père qui était rentré nectarisé plus que d’ordinaire, avait tatoué le pauvre enfant qui était déjà couché dans sa chambre.
- Je dormais sur le côté... Il est arrivé derrière moi, m’a maintenu et a gravé ce croissant de lune qui n’en est pas un sur mon front en me disant que chaque fois qu’il me regarderait, il n’oublierait pas pourquoi il me déteste autant. 


Cendre était sous le choc de cette révélation :
- Ce n’est pas un croissant de lune... C’est une lettre. La lettre C, comme mon prénom. Pauvre petit... Jamais je n’aurais pu savoir... 


- Vous auriez pu si vous ne m’aviez pas abandonné. C’est pourquoi je vous déteste tant à mon tour. 


- Je peux le comprendre, mais nous sommes là pour parler et tu voulais connaître ma version alors, à toi de m’écouter.


Elle lui avait alors tout raconté, les circonstances de sa naissance, Oba-san qui lui avait dit qu’il était mort et jusqu’à la petite tombe qu’il lui avait montrée. Non, elle n’aurait jamais pu savoir car, pour elle, il n’était plus en vie. 


- Si tu es mon fils, Gabin, il y a quelque chose que j’ai laissé pour toi, dans ton berceau...
- Un petit coussin bleu. Il avait une broderie dans le coin droit. Il y était écrit « je t’aime pour toujours, ta maman ». Je l’ai gardé longtemps... 


Le doute n’était plus de mise. Il se regardèrent en silence, découvrant qui ils étaient l’un pour l’autre. 


Gabin prit conscience que sa mère ne l’avait jamais abandonné... 


...et Cendre réalisa que ce fils qu’elle croyait mort depuis longtemps, et qu’elle avait presque oublié, faisait à présent partie de sa vie. Ils avaient tous deux été victimes de l’ignominie d’Oba-san.

 

A suivre 🙂

 

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 08/07/24 - Chap43

★★ Guide

 

Chapitre 43 - Des enfants qui grandissent


 

La première année qui avait suivi l’arrivée de Gabin au sein du clan Valrose avait été un peu compliquée pour toute la famille, bien que tous aient acceptés de le rencontrer.

Révélation

Gabin, le premier, avait senti qu’il n’était pas forcément le bienvenu dans cette famille déjà unie sans lui, et il avait décliné la proposition de Cendre de s’installer à la chapelle. 


Après ses deux nuits dans les cellules de Cendre, et la confirmation qu’il était bien son fils, celle-ci l’avait libéré et il était retourné habiter dans son petit studio situé en plein centre des catacombes. 

Cendre avait voulu voir de ses yeux l’endroit où vivait son fils, un endroit composé d’une pièce unique, très petite et pitoyablement meublée. 


Gabin avait essayé de décorer son espace avec une plante et quelques tulipes mais l lieu était complètement déprimant, avec des revêtements qui n’étaient pas de toute première fraîcheur. 


La première chose qu’elle remarqua cependant était un petit portrait d’elle accroché au mur.
- Tu jouais aux fléchettes sur ma tête ou ce tableau est là pour une autre raison ?
- Il est là parce que vous êtes ma mère. 


Elle aurait voulu le prendre dans ses bras mais quelque chose la retenait. Peut-être était-ce trop tôt, ou peut-être était-ce simplement difficile de nouer un lien avec un enfant qu’elle n’avait pas vu grandir. 


Ils s’assirent tous les deux et Cendre entreprit d’essayer de convaincre le jeune homme de venir à la Chapelle. Son cœur de mère avait du mal à accepter de voir vivre son enfant dans des conditions aussi déplorables. 


Mais Gabin ne voulut rien entendre.
- Je ne suis pas à ma place à la chapelle. Je suis bien mieux ici et puis, j’y ai des souvenirs de jeune vampire, pas si anciens que cela et cette maison représente ma liberté.
- Ta liberté ? 


Ils n’en avaient encore jamais parlé mais Gabin commença à lui raconter comment il s’était retrouvé dans la Vallée Oubliée.
Peu après ses seize ans, il avait entamé des recherches sur la fille du magnat de pègre newcrestoise dans le but de la contacter.
A cette époque-là, il s’était émancipé, en avait fini avec les foyers d’accueil et désirait reprendre contact avec sa mère. 


Dans la crypte, les aînés s’étaient retrouvés autour de Lucas pour spéculer sur l’arrivée possible de Gabin. Alaric était enthousiaste.
- J’espère que Maman va réussir à le convaincre, parce qu’il me parait être une véritable tête de mule celui-là ! 


- Nous verrons bien. Mais sachez que votre mère fera tout pour le ramener ici, avait dit Lucas. 


- Ça, nous le savons, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée, après tout... Ok, c’est notre frère mais nous ne le connaissons pas. Il débarque dans nos vies subitement et nous devrions l’accepter en claquant des doigts ?
Isaure n’était pas d’accord avec Blanche :
- Personne n’a dit une telle chose, il me semble. 


- Il est notre frère, tu viens de le dire, alors pourquoi ne l’accepterions-nous pas comme tel et n’apprendrions-nous pas à le connaître ? J’ai déjà fait une bourde en le livrant à la milice et je n’ai pas envie d’en commettre une deuxième. 


- Pourquoi ? Mais il connait quoi, lui, de nos traditions et des peines qu’on subit lorsque l’on tue un frère dans un combat que l’on a pas voulu ? Il connait quoi, hein ? 


- Merci Blanche. Là, tu me portes un coup bas... Je ne te savais pas capable de ça... 


Lucas essaya de détendre l’atmosphère.
- Ecoutez, les enfants. Nous pouvons ne pas être d’accord mais évitons que les mots ne dépassent notre pensée.
- Très bien, j’ai compris, soupira Blanche. Désolée Isaure. 


- J’ai découvert que vous étiez morte neuf ans auparavant et j’ai voulu savoir pourquoi. Tous les journaux de l’époque montraient Oba-san pleurant sur votre tombe, toujours accompagné de son bras droit, un grand blond aux cheveux longs. 


- Je n’avais entendu parler d’eux que par l’intermédiaire des médias mais ces gars-là ne m’inspiraient pas du tout confiance. Je crois que l’archiviste de Newcrest n’a vu que moi cette année-là. Elle m’a même aidé dans mes recherches et nous avons tous deux conclu que vous étiez seulement portée disparue. Votre corps n’a jamais été retrouvé. 


- J’ai alors pris contact avec l’inspecteur qui était en charge de l’affaire à l’époque. Il m’a confirmé nos soupçons. Le pauvre avait été mis à la retraite anticipée pour excès de zèle, d’après lui. Oba-san avait le bras long. Il m’a fait promettre de revenir le voir si je vous retrouvais... Il doit être mort depuis longtemps à l’heure qu’il est.
- Mais pourquoi as-tu rejoint la Vallée ? Qu’est-ce qui t’a motivé ? 


- Sans vouloir vous contredire, Lucas, je trouve que ces échanges sont plutôt constructifs et, somme toute, logiques. 


- Il nous semble difficile d’aimer et d’accepter ce nouveau frère sorti de nulle part.… sauf pour Alaric, bien sûr, hein Alaric ? 


- Que me reproches-tu exactement ? Je connais Gabin depuis le Bal de Épines et c’est un garçon très sympa. Qu’il soir notre frère me ravit et je clame haut et fort le vouloir dans notre famille. Je ne fais que suivre votre exemple à tous : chaque nouveau frère, chaque nouvelle sœur a toujours été accepté en notre demeure. Pourquoi pas lui ? Parce qu’il est adulte ? 


- Je ne te reproche rien. Ce que tu dis est très sensé, au contraire. C’est l’essence même de ce qui fait de nous une famille unie. 


- Mais Blanche aussi a fait preuve d’un raisonnement juste. Gabin ne connait rien des traditions ancestrales. Il ignore tout de la Tradition et de ce que nous devons endurer... mourir ou tuer... à moins que...
- A moins que ? demanda Blanche 

 

- L’inspecteur en charge de votre affaire était persuadé que vous aviez disparu du côté de Forgotten Hollow. Il y a envoyé plusieurs hommes qui ne sont jamais revenus, puis on l’a « écarté » avec cette mise à la retraite. C’était en 2030, j’avais dix-sept ans et j’ai moi-même franchi les portes de la Vallée. Je voulais savoir. 


2030... Cendre avait déjà perdu Amandine et Hortense qui avaient été de magnifiques bébés humains. Violette venait de naître... Si seulement elle avait pu savoir cette année-là que son premier né avait foulé le sol de la Vallée.
- Pourquoi ne t’es-tu pas manifesté en arrivant ? 


- Je n’en ai pas eu le temps. Vous savez comment sont les vampires... J’étais là depuis deux heures à peine que j’ai été fait prisonnier et jeté dans le garde-manger des catacombes où j’ai servi de nourriture pendant deux ans...Je vous laisse imaginer ma vie. 


- Mon Dieu... s’étrangla Cendre. Tu devais être bien vigoureux pour avoir survécu...
Cendre n’ignorait pas dans quelles conditions étaient gardés les humains dans les catacombes et la seule pensé d’imaginer Gabin au milieu de ces pauvres bougres, lui était insupportable. 


- J’étais vigoureux, oui... si vigoureux que je fus choisi pour emménager dans le garde-manger personnel du Comte Straud... Tous les prisonniers n’attendaient que ça. On disait que ces cellules étaient confortables et que nous n’y étions pas entassés à plusieurs. Un bel espoir... 


Cendre repensa à toutes ces fois où elle s’était rendue chez Vlad, ignorant que son fils lui servait de nourriture. Elle connaissait bien le Comte et elle savait que cet espoir avait dû être réduit à néant :
- Ce ne fut pas le cas, n’est-ce pas ?
- Non... 


- J’avais, certes, une cellule pour moi tout seul, j’étais nourri correctement, mais la cruauté du vampire des lieux était innommable. Il m’arrivait parfois de mettre plus d’une semaine à me remettre de ses assauts assoiffés. 


- Jamais je n’avais connu telle faiblesse... Je n’étais plus rien, mais par je ne sais quelle volonté, j’aspirai à m’en sortir. 


- A moins que ? demanda Blanche. 


- A moins que Gabin ne participe aussi aux combats. Je sais que cela peut paraître fou mais ce serait peut-être la solution pour qu’il soit accepté de la fratrie sans condition. C’est tellement logique ! Il faudrait vraiment y réfléchir.
- C’est clair, tu es complètement fou, commenta Isaure.
- En effet, ça me parait difficilement envisageable, ajouta Lucas. 


- Ne vous tourmentez pas, Mère. Vous n’y pouviez rien et tout cela est bien loin de moi maintenant.
- Comment as-tu réussi à te tirer de là ? 


- Grâce à l’un de mes geôliers, mais il m’a fallu du temps. Deux ans encore. Ils étaient deux à se relayer et j’ai sympathisé avec la femme. Quelques jours après mes vingt-et-un ans, elle a accepté de me transformer. Je fus libéré et elle a fini sur un bûcher en place publique pour avoir failli à son devoir envers le Grand Maître. 


Cendre se rappelait vaguement cette histoire mais, à l’époque, Samuel et Isaure venaient de naître et elle avait d’autres préoccupations... 2034... 


Gabin lui raconta alors qu’il avait été hébergé par le frère de sa défunte Maîtresse de quelques heures et que celui-ci lui avait ensuite trouvé son studio.
Ses premiers mois en tant que vampires avaient été très difficiles mais il s’était fait de nombreux amis prêts à l’aider. Il était libre et c’est tout ce qu’il avait souhaité après quatre années d’enfermement. 


Gabin l’avait raccompagnée sur le pas de la porte :
- Vous voyez, je suis bien chez moi mais vous y serez toujours la bienvenue. Je ne veux pas vivre ailleurs. 


- Je comprends. Tout ce que tu viens de m’apprendre me désole. Tu seras toujours le bienvenu chez moi, toi aussi, et si un jour tu changes d’avis, n’hésite pas, viens à la Chapelle.
En attendant, si tu as besoin, je serai là pour toi. 


- Merci Mère, je saurai m’en rappeler. 


- Isaure a raison, tu es complètement fou ! Ce n’est pas parce que Gabin combattra qu’il deviendra l’un des nôtres. Il ne nous connait pas. Il n’aura donc pas la même douleur que nous lorsque nous devons tuer un des nôtres. 


- Ça, tu n’en sais rien, grande sœur. Aucun de nous ne peut savoir à l’avance ce qui reste du domaine de la probabilité. Disons... Cinquante, cinquante. Mais ça pourrait être une solution. 


Alaric n’était pas de cet avis. Il n’envisageait pas une seconde de voir Gabin se battre à leurs côtés. Il considérait que ce serait le mettre en danger inutilement alors qu’il n’était pas né suite à cette « maudite Tradition ». 

 

Mélusine, qui avait débarqué dans le salon alors qu’elle était supposée être occupée avec Jessie, ne put s’empêcher de mettre son grain de sel :
- Père, j’aimerais vraiment que ce faux-vampire combatte. Nous pourrions alors lui montrer que nous sommes les plus forts. 


- Lucas... Il faut qu’elle sorte d’ici sinon je ne réponds plus de rien... avait soufflé Isaure.
- Je suis d’accord, retourne avec Jessie. Où est-elle d’ailleurs ?
- Là où je ne peux pas aller à sa place. J’en ai profité pour m’éclipser. 


- Et bien, tu as eu tort. Retourne vite à tes cours, autrement c’est moi qui ne répondrai plus de rien. 


- Je ne la supporte plus ! Mais quand est-ce qu’elle nous fichera la paix ! 


Au fur et à mesure que le temps passait, Lucas se rendait compte qu’un petit grain de sable commençait sérieusement à gripper les rouages de cette fratrie unie... un grain de sable qui agaçait à l’unanimité les aînés de Cendre... 


... et il ne s’agissait pas de Gabin. 


Mélusine fêta son anniversaire l’année suivante. Toute la famille était au complet sauf Gabin qui malgré l’invitation de Cendre et Alaric avait jugé préférable de ne pas se montrer. Mélusine et lui avaient un vieux contentieux à régler. 


Blanche aurait aimé être dispensée de cette petite fête mais Cendre ne lui laissa pas le choix et elle dut assister au changement d’âge de sa petite sœur. 


Mélusine était méconnaissable et tous espéraient que la petite dernière s’assagirait maintenant qu’elle était adolescente. 


Mais rien n’était moins sûr...
- Alors, qui m’emmène chasser ? Père... vous m’honoreriez... 


- Avec plaisir.
Lucas ayant élevé Mélusine depuis qu’elle était bambinette, était aussi fier que Cendre de voir la belle jeune fille qu’elle était devenue. 

Trois mois plus tard, il fut temps pour Blanche de devenir adulte même si elle savait ce que cela impliquait.
« Un vœu... un tout petit vœu pour que tout aille bien... N’écoute pas Clotaire et Mélusine... » 


- Fous-moi la paix, Mélusine.
- Je ne vois pas pourquoi tu te braques. Tu devrais être heureux. Votre heure se rapproche.
- Tu es toujours aussi illogique ! Je n’ai pas envie de combattre Blanche.
- C’est toi qui es illogique. Une envie n’a rien de logique, Clotaire. Garde tes discours rationnels pour d’autres. 


Isaure félicita sa sœur :
- Ça te va bien la maturité, tu sais ! 


Puis vint le tour de Clotaire.
- C’est vraiment une peste ! lui dit Blanche. Elle ne respecte rien. 


- Clotaire sait que j’ai raison. Il l’a toujours su mais ça le dérange. Vous bataillerez, quoiqu’il arrive, alors ne m’insulte pas, lui répondit Mélusine. Dans un an, tu ne seras peut-être plus là.
- Ne l’écoute pas, Blanche, on a mieux à faire. 


Le frère et la sœur s’enlacèrent sous le regard de Mélusine.
- Félicitations. Tu es une belle adulte !
- Oh, Clotaire ! Ne me rejoins pas trop vite. 


- Il est bien loin le temps où nous étions bambins et où je grimpais sur ton dos... J’espère une chose, c’est que nous serons aussi forts que Samuel et Isaure.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 08/07/24 - Chap44

★★ Guide

 

Chapitre 44 - Blanche vs Clotaire


 

Lucas avait parlé à Cendre du désir de certains de ses enfants de voir participer Gabin au combat des héritiers, ce à quoi elle avait opposé un « non » catégorique.

Révélation

Clotaire n’avait pas été ravi car il pensait sincèrement que leur nouveau frère devait au contraire se battre à leurs côtés et Cendre avait dû lui rappeler fermement que ce n’était pas à lui de prendre les décisions concernant les traditions. 


Blanche avait craint que la discussion ne s’envenime mais son frère avait eu le bon sens de ne pas l’envenimer. Le sujet était clos pour tout le monde. 


Gabin avait gardé le contact avec sa mère et appris à connaître le Duc de Riverview, Grand Maître et futur mari de Cendre. Mais il s’était surtout rapproché d’Alaric et Isaure. 


Son frère et sa sœur lui rendaint souvent visite dans les catacombes et ils passaient beaucoup de temps à l’auberge du vieux Luigi pour y discuter autour de ses délicieux packs de plasma. 


Alaric et Isaure en apprirent ainsi plus sur la vie de leur frère et Gabin put imaginer ce qu’avait été leur enfance, peut-être pas meilleure que la sienne finalement, car ils avaient été conçus et élevés pour ensuite s’entretuer, et cela leur semblait tout à fait naturel. 


Il avait peine à imaginer toute une fratrie apprenant à s’aimer chaque jour mais consciente qu’à la fin, il ne restera que l’un d’entre eux.
Il savait combien les vampires pouvaient être parfois cruels mais le destin de sa famille, bien qu’il le comprit, dépassait son entendement. 


Isaure, toujours affectée par la mort de Samuel, se changeait les idées comme elle le pouvait. Elle lui rendait toujours visite bien sûr, mais elle réussissait à lui parler sans pleurer.


Elle s’était trouvé un merveilleux passe-temps en gardant Giuseppe et Chiara, les bambins respectifs de Jessie et Caleb, et de Lilith et Thimothée. 


Leurs parents adoraient chasser ensemble et ils avaient accueilli avec joie la proposition d’Isaure de gérer les cousins. 


Elle aimait tant ces petits bouts plein d’énergie, déjà habitués à vivre la nuit. En rendant visite à Gabin, elle s’était même arrêté dans une boutique des catacombes pour leur acheter des jeux d’extérieur 

Révélation
Les jeux sont une création de Sandy (Around the sim)


Et ils le lui rendaient bien ces petits, si bien qu’ils l’avaient surnommée « Tatie Zizaure » ! 


Pour oublier Samuel, elle avait aussi son jardin. Il lui prenait beaucoup de temps mais elle s’y sentait surtout extrêmement bien. 


Chaque fois qu’elle s’occupait de ses arbres à plasma, elle repensait aux innombrables discussions qu’elle avait eues avec Samuel sur le sujet. Et quand elle y repensait, elle se disait qu’ils avaient été idiots de se disputer pour si peu. 


Il lui manquait tant... Alors parfois, elle fermait les yeux, comme le lui avait dit Alaric, espérant entendre son jumeau quelque part... Mais il ne se passait rien. Si ! Une fois ! Elle avait cru l’entendre pleurer... mais Samuel ne pleurait jamais... C’était certainement le vent. 


Alaric l’avait aidée à surmonter son immense chagrin mais elle allait mieux aussi grâce à Ulysse car, si les années n’avaient pas suffi à alléger sa peine, Ulysse avait toujours été là pour la soutenir. Il avait tenu la promesse qu’il lui avait faite la veille du combat.
Il la surprenait parfois au jardin et n’avait cure de son apparence débraillée. 


Il avait séché ses larmes et réussi à la faire rire tant de fois... même s’il ne comprenait pas toujours pourquoi elle riait. 


Et il l’avait surtout écoutée et comprise. Cela lui semblait tellement évident d’être à même de soulager celle qu’il aimait. 


Jusqu’au jour où... l’amour et la passion avaient pris le dessus sur cette belle amitié amoureuse.
Elle l’avait trouvé si attirant... 


Il l’avait trouvée si belle... C’était la première fois qu’ils se voyaient ainsi... Lui n’avait pas trop changé mais elle était merveilleuse. 


Il avait alors caressé sa joue, son adorable joue. Isaure avait senti la chaleur de sa main au-delà de leurs corps si froids... 


- Je t’aime, mon Isaure. A nous deux, nous soulèverons des montagnes. 


Ils savaient où tout cela allait les mener. Ils y avaient pensé depuis longtemps, avaient reculé le moment mais ce jour-là était le leur. 


Ils s’aimaient tant... Cette force-là était indestructible... Un regard, un sourire... Une pensée... U
*... 

 

Les chauves-souris tapies dans les différents coins de la crypte s’envolèrent, surprises par l’ambiance qui y régna soudain... 


Et Isaure et Ulysse étaient tombés du cercueil, unis à jamais. 


Ils surent à ce moment-là que rien ne les séparerait, pas même l’éternité. 


Cette année-là, Cendre réunit plusieurs fois le conseil. Isaure et Blanche y étaient désormais conviées car elles avaient atteint l’âge requis. 


Elle comptait préparer dès maintenant la Vallée à l’ouverture de ses portes en établissant de nouvelles lois. 


La nouvelle avait tout d’abord surpris mais tous finirent par voter « oui ». Jessie n’en revenait pas : Cendre venait de proposer une loi déterminant que les servants seraient désormais rétribués pour leur travail, soit en numéraire, soit en nature sous forme de packs de plasma ou autre. 


Cendre cita en exemple le duché de Riverview qui était un duché paisible dans lequel une telle règle avait été mise en place. 


Les servants auraient même le droit à des jours de congés, à la convenance de leurs maîtres, bien évidemment. Sa Maîtresse devait être devenue folle mais tous avaient accepté le projet, Jessie la première. 


Le plus compliqué à présent serait de mettre la loi en place en en rédigeant tout d’abord des textes précis, ce qui nécessiterait plusieurs séances du conseil. Il faudrait ensuite la faire respecter. 


Cendre clôtura la réunion en promettant qu’elle mettrait tout en œuvre pour faire de la Vallée Oubliée, une petite vallée où il fait bon vivre, et où tous, vampires, humains et sorciers, seraient les bienvenus. 


Tous s’attendaient donc à ce que les mois ou les années qui suivraient la promulgation de cette première loi, Cendre fasse d’autres propositions inattendues. Elle avait l’air déterminée à dépoussiérer les usages. 


Mélusine n’appréciait pas d’être tenue à l’écart des conseils. Elle était certes la petite dernière mais elle s’estimait plus forte et plus responsable que Clotaire et Alaric qui étaient ses aînés mais qui, eux n’y avaient pas leur place, c’est certain. Cela la mettait hors d’elle. 


Un jour où elle aperçut Gabin se diriger vers les Catacombes, elle ne put s’empêcher de le suivre, bravant l’interdiction de son père et de sa mère de sortir en plein jour. 


Elle s’en prit ouvertement à lui. Sa famille lui tapait sur les nerfs (sauf Père et Mère, bien sûr) et elle avait besoin d’évacuer. 


Gabin, ce faux-frère, avait bien évidemment essayé de la calmer, très diplomatiquement, cela va de soi mais elle avait senti son air agacé. 


Elle n’avait pas hésité... Elle voulait une confrontation, une vraie, avec celui qui ne se battrait jamais officiellement contre elle. Alors, elle l’avait provoqué. 


Ils se firent face, les poings serrés... et elle le provoqua encore... 


Mais ce que Mélusine n’avait pas anticipé fut la transformation de Gabin... Elle essaya de faire de même mais n’y parvint pas et recula d’un pas. 


- Tu te rappelles ce coup de pied dans les tibias ? lui cria-t-il
- Oui, je sais... bafouilla-t-elle 


- Un jour, je te le rendrai au centuple ! Maintenant, rentre chez toi ! Tu es en train de brûler, pauvre petite fille ! 


Mélusine s’était éloignée tranquillement. Il n’avait pas tort. Sa peau était en train de frétiller sous l’effet du soleil. Gabin ne l’avait pas quitté des yeux. Elle s’en alla sans même courir. 

 

Sa jeune sœur était une personne très fière? mais il se demandait si elle ferait un bon vampire. Elle lui faisait l’effet d’un électron libre. Il l’aurait à l’œil, c’est certain. 

 

L’anniversaire de Clotaire eut lieu au mois d’août de l’année suivante. Personne n’ignorait ce que ce moment signifiait. Blanche s’angoissa... Sa mère et son beau-père essayèrent de l’encourager... Isaure et Alaric essayèrent de prendre le « bon » côté des choses « ou le moins bon ». Quant à Mélusine, elle s’enthousiasmait déjà à la pensée du combat à venir. 


Le principal intéressé souffla ses bougies parce qu’il fallait le faire. Sa famille y assista tristement, sauf Mélusine qui retint un sourire mal dissimulé. 


Le jour suivant, Clotaire fit face à Blanche devant sa famille. Venant de l’extérieur, seul Francis Caron était là, ami de tous, chef de la milice et garant du peuple pour ce qui concernait l’issue du combat.
Clotaire avait souhaité avoir sa belle Caroline auprès de lui... 


... mais, après l’issue du dernier combat, sa mère avait décidé de ne plus autoriser l’accès aux « petits amis » de ses enfants. Trop dur... trop impressionnant... Et surtout elle avait jugé qu’ils étaient source de déconcentration durant le combat. 


Clotaire et Blanche avait donc dit au revoir à leurs bien-aimées la veille au soir. 


Ils leur avaient expliqué qu’ils pourraient ne jamais se revoir, que l’issue n’était pas certaine. 


Mais toutes deux le savaient. Le combat des héritiers pouvait ne pas leur faire de cadeau mais chacune avait confiance en son couple et donnait pour vainqueur son amour. 


Le duel avait commencé très rapidement... 


...et il était difficile de déterminer qui de Clotaire ou de Blanche était plus fort que l’autre. 


Ils se trouvaient chacun à leur tour mis en difficulté. 


Mais finalement... 


Clotaire gagna le combat. 


Blanche eut du mal à se relever et refusa la main tendue de son frère. 


Elle le félicita mais elle pensait à Virginie. Elle aurait le cœur brisé. 


- Dis-lui de vivre sa vie... Remonte-lui le moral. Elle va avoir besoin de soutien. Fais-le pour moi, s’il te plait. 


- Je te le promets. 


- Merci, tu as été un merveilleux petit frère. Je suis sûre que tu le resteras. Prends soin de toi et des nôtres. Adieu. 


Blanche s’était ensuite dirigée vers le guéridon et avait saisi le verre contenant la potion pour le porter directement à ses lèvres. 


Les conséquences furent vraisemblablement aussi douloureuses que pour Samuel... 


... mais tout aussi spectaculaires. 


Elle se tourna vers Isaure.
- Je t’emmène avec moi, dans mon cœur, tu as été une grande sœur formidable. 


- Maman... je suis désolée.
- Ne t’en fais pas, ma chérie. 


Cendre eut le temps de serrer sa fille dans les bras et de lui murmurer qu’elle l’aime avant de la sentir glisser tout doucement le long de son corps. 


Lucas se chargea une nouvelle fois d’emmener un enfant de Cendre pour lui donner une sépulture. Il ne voyait pas les larmes de son Unique mais il savait qu’elle pleurait.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 08/07/24 - Chap45

★★ Guide

 

Chapitre 45 - Des vampires et des lois


 

Mélusine avait pris place au milieu de la salle de combat, se demandant qui d’Isaure ou de Clotaire elle devrait combattre une fois qu’elle aurait vaincu Alaric.
Il lui tardait tant...

Révélation

Blanche avait trouvé sa place aux côtés de Samuel et c’est une bonne chose. Sa défunte sœur avait été une vraie plaie à toujours lui faire la morale et elle ne lui manquait pas le moins du monde. 


« Je serai votre héritière, Mère, vous verrez. Vous ne me laissez pas assister à vos conseils mais vous avez tort. Je pourrais vous être d’une grande aide. ». 


Elle s’était alors rapprochée de la bibliothèque. Elle savait que celle-ci dissimulait une porte qui menait à la salle du Conseil mais elle n’avait jamais réussi à l’ouvrir. Ce n’était pas faute d’avoir essayé pourtant. 


Combien de fois avait-elle passé ses journées, alors que tout le monde dormait à tenter de trouver le mécanisme qui lui cèderait un passage vers la pièce interdite ? Trop de tentatives échouées...
Alors, elle essayait d’écouter pour surprendre quelques bribes de conversations. 


Sans succès non plus...
Les murs étaient épais, et la porte devait l’être tout autant. La poisse !
Toute à ses pensées, elle sursauta lorsqu’elle entendit la voix de Lucas :
- Tu écoutes aux portes maintenant ? 


- Père ! Je croyais que vous étiez au Conseil...
- Je m’apprêtais à m’y rendre. Et toi, que faisais-tu donc ? Tu pousses les limites de l’inconvenance un peu loin... 


- Je venais vous solliciter pour aller chasser, c’est tout.
- Ne me prends pas pour un idiot, Mélusine. Tu faisais preuve d’une curiosité mal à propos. Je ne veux plus te surprendre à écouter aux portes. Ce n’est pas ainsi que nous t’avons élevée. 


- D’accord, je l’avoue, je ne recommencerai pas. Mais j’aimerais vraiment participer à ces réunions.
- Tu auras l’occasion de découvrir les « joies » de la politiques lorsque tu seras majeure, pas avant. Et ne sois pas pressée, ces réunions sont barbantes et interminables. 


- Mais je n’ai pas envie d’attendre d’être majeure ! Je ne les trouverai pas barbantes, moi, ces réunions ! Je m’intéresse beaucoup à la vie politique de notre Vallée, figure-toi ! 


- Je comprends ta déception mais tu feras comme tout le monde et tu attendras. Alaric n’est pas sans arrêt à se plaindre. Tu devrais prendre exemple sur lui. 


- Prendre exemple sur Alaric ? Mais tu vois pas qu’il est complètement barré ! Il est pas tout seul ! Il entend la voix de sa jumelle dans sa tête. 


- Je n’apprécie pas que tu critiques ainsi ton frère, alors la conversation est close. Je pense que tu as des choses plus intéressantes à faire que d’écouter aux portes.
- Oui, tu as raison. Je vais aller chasser. Ça va me faire du bien ! 


Lucas était conscient que Mélusine était en colère et qu’elle risquait de la déverser sur ses proies au point de pouvoir perdre le contrôle. C’était un risque qu’il ne voulait pas courir.
- Très bien, je viens avec toi, soupira-t-il
- J’ai pas besoin de baby-sitter ! Tu n’es pas attendu au Conseil ?
- Je viens avec toi. 


- Je comprends mieux pourquoi je ne t’ai pas vu réapparaître durant la réunion. 


- Et j’ai bien fait de l’accompagner. Si je n’avais pas été là, elle aurait été capable de tuer tous les humains qui s’aventuraient dans la Vallée. Heureusement, il n’y en avait pas beaucoup à cette heure-ci.
- Ça n’arrange pas mes affaires tout, ça... 


- Et le Conseil ? Vous avez avancé ?
- Oui, plus qu’une séance ou deux et la loi sur les servants sera promulguée. J’ai dû cependant transiger sur quelques points nécessaires afin d’être assurée de maintenir le peuple à mes côtés. Heureusement que Francis et Lilith sont mes alliés dans les catacombes et que Gabin prend aussi la température. 


- Et sur quels point as-tu transigé ?
- De gros points, malheureusement. Tout d’abord sur le droit de vie et de mort du Maître sur le servant, et aussi sur la notion d’appartenance. 


- Je comprends que tu sois déçue mais tu vois, ces deux points sont fondamentalement liés et il est très difficile d’y toucher.
Les servants sont fiers de leur statut. Il fait partie de leur identité, de même que leur Maître. A Riverview, j’ai maintenu ce statut d’appartenance depuis toujours car tout le monde y trouve son compte. 


- Les Maîtres sont heureux car ils gardent toute leur puissance et les servants aussi car cela a toujours été un honneur pour eux de servir leur Maître. Ils y sont préparés dès la naissance, pour certains. Et dans notre société vampire, être servant est une belle position sociale.
Les servants sont reconnus et respectés, et plus leur Maître est puissant, plus ils seront respectés. Il ne faut pas leur enlever cela ; leur statut fait leur fierté. 


- Et que fais-tu du droit de vie et de mort ?
- Personnellement, je l’ai aboli à Riverview, mais au bout de plusieurs décennies seulement car il a fallu amener l’idée progressivement. Les Maîtres n’étaient pas prêts à lâcher ce droit ancestral. Mais, honnêtement, je n’en ai pas vu tant que ça tuer leurs servants... 

 

- Il suffit d’un seul... Comment as-tu fait pour l’abolir, finalement ?
- Je l’ai transformé en droit de punition.
- Et tu crois que c’est mieux ?
- Bien sûr ! Un châtiment n’a jamais tué personne et ça remet les idées en place au servant qui aurait désobéi ou manqué de respect à son Maître. 


- Evidemment... Il faut pouvoir contenter tout le monde... De toute façon, je reste persuadée qu’un Maître qui choisit bien son servant n’a pas à se fourvoyer en utilisant ce genre de méthode. 


- Je suis d’accord avec toi. D’ailleurs, je suis émerveillée par la façon dont tu gères ces comités de rédaction. Sais-tu déjà sur quel sujet portera ta prochaine loi ?
- Les humains. 


- Vous voulez dire que Maman va rendre une loi officielle sur les servants ? demanda Alaric
- Oui, c’est ça, confirma Clotaire d’un ton sec sous le regard désapprobateur de leur sœur. 


- Maman leur a obtenu dix jours de congés par an. Moi je trouve que c’est une belle réussite, enchaîna Isaure.
- C’est génial, oui ! Mais tu n’as pas l’air d’accord, Clotaire... s’étonna son jeune frère.
- Je leur aurais donné deux jours. C’était déjà largement suffisant. 


- On ne va pas refaire le débat, de toute façon.
- Non, Isaure. Toi tu es contente pour le nombre de jour de congés accordés, et moi je suis heureux que le choix de horaires de travail et le choix des congés restent à la seule charge du Maître. 


Isaure aurait juré que Clotaire cherchait volontairement une querelle. C’est dans ces moments-là que Samuel manquait le plus. Il aurait su quoi dire ou l’aurait rassurée en lui disant qu’elle imaginait des choses. Au lieu de cela, elle toisa son frère, complètement désarçonnée. Pourquoi agissait-il ainsi ? 


Alaric sembla avoir compris qu’un malaise s’était instauré, et qu’Isaure et Clotaire avaient des opinions divergentes :
- Même si tu es déçue, Isaure, dis-toi que Maman vient de promulguer sa première loi avec l’accord de tous. Ça, ça n’a pas de prix.
- Je suis d’accord avec Alaric, dit Clotaire. Nous pouvons être fiers de notre mère.
- Mais j’en suis très fière, approuva Isaure, seulement, j’espère qu’un jour, on pourra aller plus loin. 

 

Clotaire avait tenu la promesse faite à Blanche de s’occuper de Virginie et ils se voyaient souvent, avec ou sans Caroline, la petite amie de celui-ci, mais, cette nuit-là, Virginie lui rendit visite pour lui dire qu’elle ne viendrait plus. 


- Cela fait quatre ans que je la pleure et que je viens régulièrement sur sa tombe. Je ne peux pas passer l’éternité ainsi. Il faut que je vive et que je pense à moi.
- Tu as rencontré quelqu’un d’autre ? 


- Clotaire ! Ta sœur est morte. Quelle importance cela aurait ? Je ne vais pas rester fidèle à une morte... mais si cela peut te rassurer, non, je n’ai rencontré personne. Je veux juste me sentir libre et je ne le serai pas tant que tu seras là à me couver. Je te libère de la promesse que tu as faite à Blanche mais je préfère ne plus te voir. 


- Je te comprends. Je dois reconnaître que tout cela me soulage. J’ai un peu trop pris à cœur cette promesse et j’ai besoin moi aussi d’aller de l’avant par rapport à ma sœur.
- Tu es formidable ! Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. 


Alaric avait tenu à ce que Gabin soit présent pour fêter son anniversaire et il avait aussi proposé à Isaure et Clotaire d’inviter leurs amis de cœur. Ulysse avait répondu présent à l’invitation mais Caroline n’avait malheureusement pas pu se libérer.
Cendre remarqua très vite qu’Isaure et Ulysse ne se quittait pas des yeux, comme chaque fois qu’ils étaient ensemble. Ils avaient l’air de communiquer... Elle se demanda si le lien qui les unissait n’était pas semblable à celui qui l’unissait à Lucas...
Lucas qui donna le feu vert à Alaric pour souffler ses bougies. 


Alaric s’y reprit à deux fois pour y arriver. 


Et comme tout sim qui se respecte, les vampires ne faisant pas exception à la règle, il s’éloigna discrètement pour vieillir. 


Cendre était très fière de son plus jeune fils et Lucas ne l’était pas moins car il l’avait élevé depuis ses six ans. Les deux parents étaient très émus. 


Après la découverte d’un Alaric à présent barbu, tous prirent place au salon pour discuter. Mélusine faisait des efforts considérables pour ne pas être désagréable malgré la présence de Gabin, et c’était une grande première. 


Pourtant, cela la démangeait... Mais ce n’était ni le moment, ni l’endroit car elle savait que Père et Mère ne lui auraient jamais donné gain de cause si elle en était venue à ternir la fête d’anniversaire d’Alaric. 


Alors, elle préférait regarder le bel Ulysse qui faisait une démonstration magistrale de ses pouvoirs. Dommage qu’elle ne l’ait pas connu avant Isaure... 


Après la fête, Alaric et Gabin se rendirent ensemble à l’Auberge du vieux Luigi.
- Alors ? Quel effet ça te fait d’avoir fêté ton dernier anniversaire ? 

 

- Je ne sais pas... Je me dis que bientôt Mélusine fêtera aussi le sien et que je devrais la combattre. Cela n’a rien de réjouissant. 


- Franchement, j’espère que tu lui mettras une belle raclée ! Elle a le don de me taper sur les nerfs même si je dois reconnaître qu’elle a du cran.
- Elle fait cet effet-là à tout le monde. 


- Mais tu vois, c’est quand même ma petite sœur, notre petite sœur, et je n’ai pas envie de lui faire du mal. Cette tradition est une vraie malédiction. 


- C’est vrai, pardonne-moi. J’ai un grief personnel contre cette petite peste et j’en oublie parfois l’issue terrible du combat des héritiers. 


- Le coup de pied, hein ?
- Oui, mais je crois que je vais en faire mon deuil... 


- Tu sais, même si je lui en ai beaucoup voulu, c’est du passé. Cela fait tellement longtemps, maintenant... et puis, je ne souhaite pas sa mort. Au contraire, j’aimerais mieux la connaître, tout comme Clotaire d’ailleurs.
- Il faudrait pour ça qu’elle t’en donne l’occasion. C’est une fille assez solitaire. Pour Clotaire, c’est différent... mais je le sens s’éloigner de la famille depuis qu’il a rencontré Caroline. 


- Un jour peut-être... As-tu pensé à ce que tu feras lorsque les portes de la Vallée vont se rouvrir, et si tu es héritier, bien sûr ? 


- Je poursuivrai sur la voie de Maman. Elle est en train de faire de grandes choses pour la Vallée et j’ai hâte d’assister au prochain Conseil, d’ailleurs. Et toi ? Que feras-tu ?
- Je quitterai cette Vallée. J’y ai trop de mauvais souvenirs. 


Alaric prit la nouvelle comme un coup de massue :
- Oh... c’est dommage. Nous nous entendons si bien, et Isaure t’apprécie aussi beaucoup. Tu viendras nous voir de temps en temps ? 


- Non. Je ne remettrai plus jamais les pieds ici. J’ai fait la paix avec mon passé en ayant retrouvé notre mère et en sachant qu’elle ne m’a jamais abandonné. J’ai maintenant envie d’aller de l’avant.
- Et où iras-tu ? 


- Où le vent m’emportera. Isaure m’a parlé d’un remède contre le vampirisme. Mère est d’accord pour me l’administrer, mais uniquement lorsque les portes seront ouvertes. Elle craint trop pour ma sécurité. Ensuite, je partirai. Ma future vie sera de toute évidence plus belle que celle que j’ai ici. 

 

Clotaire, lui aussi, s’était éclipsé après la fête d’anniversaire. Il avait rejoint Caroline chez elle.
- Tu sais que ta mère a réussi à faire passer la loi sur les servants ? Et le pire, c’est que la grande majorité de notre peuple en est satisfaite ! 


- Charmant accueil ! Même pas un bisou ?
- Clotaire... la situation est grave, soupira Caroline. Je pensais que notre projet avait de l’importance à tes yeux. Tu dois gagner tous les combats et nous règnerons côte à côte. Les idées de ta mère ne sont pas les bonnes. 


- Bien sûr que notre projet a de l’importance mais un peu de tendresse ne te tuera pas, si ? 


- Tu as raison comme toujours, mon amour. Voilà c’est réparé. Tu te sens mieux ?
- Définitivement mieux, oui. 


- Dis-moi, tu as réussi à prendre un peu de distance avec ton frère et tes sœurs ?
- Je m’y emploie, oui. 


- Avec Mélusine, ce n’est pas difficile. Elle ne recherche pas ma compagnie. Avec Isaure et Alaric, la distance se creuse naturellement à cause de nos divergences d’opinions politiques. Il suffit que j’aborde le sujet pour qu’ils se renfrognent.
- Mon pauvre chéri... 


- Ça ne doit pas être facile pour toi... mais tu fais le bon choix. Tu auras ainsi moins de peine lorsqu’ils seront morts.
- Faudra-t-il encore que je sorte vainqueur... 


- Il ne peut en être autrement, répondit Caroline, j’ai pleinement confiance en toi. 

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 08/07/24 - Chap46

★★ Guide

 

Chapitre 46 - Affaires de famille / partie 1


 

Quatre ans plus tard...


Cendre avait promulgué la loi sur les humains, baptisée Humanum Lex, partant du fait que les humains pouvaient entrer dans la Vallée sans pouvoir en ressortir. Cette loi devait préparer la Vallée à la prochaine ouverture de ses portes vers le monde extérieur dans le but principal d’une vie harmonieuse entre vampires et humains. Mais ce n’était pas si simple...

Révélation
Il avait fallu plusieurs années pour mettre en place les différents alinéas du texte législatif et le consolider mais c’était chose faite.
La communauté était plusieurs fois passée par les urnes et la loi avant finalement vu le jour.


Chaque humain qui entrait dans la Vallée se voyait accueilli par un « comité de bienvenue » chargé d’expliquer au nouvel arrivant, qui avait déjà constaté de lui-même l’impossibilité de quitter les lieux, la nature véritable de ses habitants. Les réactions pouvaient être diverses, allant de la peur à la suspicion, mais tous se rendaient à l’évidence lorsque leurs hôtes dévoilaient leurs vrais visages. 

Ils étaient ensuite conduits dans leurs quartiers, dans un coin retiré des catacombes, quartiers où leur était fourni un logement comprenant tout ce dont avait besoin les humains. 

Les nouveaux arrivants avaient dans l’obligation de se rendre chaque jour durant une semaine à des cours spécifiquement élaborés pour eux sur les habitudes alimentaires de la communauté locale, ainsi que sur leurs traditions et coutumes.
Jessie et Louise comptaient parmi ceux qui s’étaient portés volontaires pour dispenser ces cours, cours qui démontraient à chacun qu’un humain pouvait parfaitement vivre parmi les humains.
Tous avaient la promesse d’être libérés lorsque les portes s’ouvriraient. 

A la fin de la semaine, la question primordiale était alors posée à ces élèves involontaires : Accepterez-vous de votre plein gré de donner votre sang à un vampire ? 

Il faut savoir qu’avant d’en arriver là, cette question avait d’abord été posée à tous les humains prisonniers des garde-mangers de la Vallée. Tous avaient accepté bien sûr puisque la contrepartie non négligeable de cet arrangement avait été leur liberté. 

Ce sont eux qui, les premiers, se prêtèrent au jeu de la démonstration devant un public, parfois fasciné, parfois mitigé ou apeuré, et qui, discourraient ensuite sur les bienfaits du don de plasma. 

Les nouveaux arrivants étaient, après cela, conviés à ne plus quitter leurs quartiers durant une semaine. Une semaine de réflexion avec, à la clé, la liberté pleine et entière de pouvoir circuler en toute sécurité dans la Vallée et d’y travailler. 

La plupart acceptait et découvrait que, même si cette ponction de plasma les épuisait dans un premier temps, l’expérience était magnifique et leur apportait une exaltation qu’ils n’avaient jamais connue auparavant. Tous ceux qui profitèrent de cette ivresse mystique y revinrent donc volontiers et en firent une publicité convaincante auprès des autres. C’était allé très vite. 

Ceux qui refusaient, et ils étaient de moins en moins nombreux avec le temps, se voyaient proposer une transformation qui était, elle aussi refusée dans la majorité des cas. Il était donc nécessaire de les vider de leur esprit de vie avant de les transformer malgré tout.
A mesure que le temps passait et que les humains se portaient volontaires avec enthousiasme pour donner leur sang, Cendre espérait atteindre un taux de 0% de refus. 

Les vampires étaient heureux des changements survenus dans la vallée suite à l’Humanum Lex. Leur vallée revivait et les humains libres participaient activement à la vie de la communauté. Certains s’en firent même des amis, et plus si affinités... Il avait donc fallu modifier la loi interdisant aux vampires de se marier avec des humains. 

La chasse, telle qu’elle existait auparavant avait aussi été prohibée car les humains libres étaient également intouchables, mais elle n’avait pas été complètement supprimée car certains humains s’étaient proposés pour être chassés. Des parties de chasse étaient donc organisées régulièrement et tous s’en donnaient à cœur joie. 

- Quel merveilleux moment ! Tu es sûr que nous sommes seuls ?
- Oui. Isaure est chez Ulysse et le reste de la famille est parti chasser. Nous avons la chapelle pour nous seuls. 

- Chasser ? La chasse est devenue une véritable parodie.
- Moi, je m’y amuse beaucoup. Je trouve qu’il y a actuellement plus de piment qu’il n’y en avait. Les humains courent et se cachent, et parfois ils ont l’art de trouver des cachettes très ingénieuses. Je suis admiratif. 

- Si tu le dis...
- Franchement, c’est quand même mieux que sauter sur un humain qui ne s’y attend pas. Il n’y avait jamais aucune surprise. Les parties de chasses sont maintenant bien plus excitantes qu’avant. Et ce sont des humains qui en ont eu l’idée ! 

- Tu ne vas pas me dire que tu approuves ?!
- Je ne désapprouve pas.
- Et qu’en est-il de notre projet de faire tomber ta mère et de régner sur la Vallée ? 

- Notre projet est toujours d’actualité mais je pense que nous maintiendrons ce type de chasse. Cela me plait beaucoup.
- Dans ce cas-là, il faudra corser les règles !
- Il faudrait aussi qu’on ait plus de vampires de notre côté. 

Mélusine, dont la chambre était située face à celle de Clotaire, sortit à ce moment-là et ne manqua pas d’entendre ce qui se tramait dans la chambre de son frère.

Isaure avait eu une petite faim et venait de se régaler d’un plasmafruit juteux lorsqu’elle tomba nez à nez avec Francis en sortant de la cuisine alors qu’elle n’était que légèrement vêtue.
- Isaure ?...
- Oh... Bonsoir Francis... 

La gêne était palpable entre la fille aînée de la Grande Maîtresse et son chef de la milice.
- Je... je suis venue voir Ulysse...
- Et bien... Je n’en doute pas un instant...
- Je crois que je vais remonter... 

- C’est une bonne idée... J’ai des choses à faire. A plus tard.
« Et mince ! », pensa Isaure 

- Ulysse ! Je viens de croiser ton père ! Il m’a vue en petite tenue ! Quel embarras !
- Mon père est là ? Mais je croyais qu’il était à la chasse !... 

- Il faut croire que la partie s’est terminée plus tôt que prévu.
- C’est fâcheux. Il risque de raconter à ta mère que tu étais en nuisette chez moi, et elle va savoir que nous ne nous voyons pas uniquement pour discuter... 

- Parce que tu crois qu’elle ne s’en doute pas ? Nous sommes ensemble depuis bien longtemps maintenant... Certaines choses semblent inévitables. 

- Peut-être mais j’aurais aimé qu’elle pense que je m’étais comporté honorablement envers toi avant de lui demander ta main 

- Tu veux lui demander ma main ?
- Uniquement si tu veux m’épouser, bien sûr. Mais c’est une évidence. Je t’aime comme un fou ! Tu es la lune de mes nuits.
- Oui, je désire t’épouser. Ce serait la plus belle chose qui puisse m’arriver. Mais, même si Maman accepte, nous ne pourrions pas nous marier avant la fin des combats, à condition que je sois encore en vie d’ici-là... 

Isaure avait alors embrassé son promis. Ils n’ignoraient pas que le destin pourrait se jouer d’eux et leur mariage ne jamais voir le jour mais elle se battrait pour lui, pour eux, pour leur amour. 

Mélusine entra en trombe dans le boudoir de Cendre :
- Père ! Mère ! Il faut que je vous parle, c’est très important !
- Je crois que tu as une nouvelle fois oublié de frapper à la porte, la sermonna Lucas.
- Oui je sais, Père, mais cette fois j’insiste sur le fait que c’est VRAIMENT très important. 

- D’accord, viens te joindre à nous, lui dit Cendre, mais essaye VRAIMENT de frapper avant d’entrer. Tu vas bientôt devenir adulte et ce ne sont pas des manières. Alors ? Qu’y a-t-il ? 

- Je crois que Clotaire et sa douce sont en train de comploter contre votre souveraineté, Mère.
Le visage de Lucas s’assombrit :
- Et d’où tiens-tu ces renseignements ? Ce que tu allègues est très grave. 

- Je sais que c’est grave mais ce ne sont pas des on-dit. Je l’ai entendu de mes propres oreilles. J’étais derrière la porte de Clotaire !
- Et voilà ! s’énerva Lucas. Tu écoutais encore aux portes ! J’espère que tes oreilles sont fiables au moins.
- Que se sont-ils dit exactement ? lui demanda Cendre dont le cœur se serrait à la perspective d’une éventuelle trahison de l’un de ses enfants. 

Mélusine rapporta alors à ses parents la conversation qu’elle avait entendue.
- C’est tout ?
- Oui, mais si vous voulez mon ressenti, Clotaire n’est pas nettement contre nous. Je crois que c’est sa Caroline qui le manipule.
- Et tu peux nous dire ce qui te fait penser ça ? 

- Clotaire est très logique. Et là, son comportement ne correspond pas à ce que l’on connait de lui... Il doit être très amoureux de cette fille et il se laisse manœuvrer comme un pantin. 

- Pantin ou non, je n’accepterai pas d’être trahie par un de mes enfants. Et si Clotaire me trahit ou qu’il envisage de le faire, il en subira les conséquences. 

- Mélusine... intervint Lucas. Est-il possible que tu aies mal entendu ou mal compris les propos de ton frère ?
- Non, Père.


La jeune fille n’était pas dupe. Son père cherchait à savoir si elle ne tentait pas de jeter le discrédit sur son frère ou si elle ne mentait pas.
- Je sais que j’ai beaucoup menti par le passé mais je vous promets que je dis la vérité. J’ai bien entendu et j’ai bien compris. Seuls mes ressentis ne sont que supposition. 
 
- Nous te croyons, ma chérie, et je te remercie d’être venue nous informer aussitôt que tu as eu connaissance des faits.
- Merci de me croire, Mère. Je sais que je ne suis parfois pas un cadeau, mais jamais je ne vous trahirais. 
 
- Très bien. Tu peux te retirer maintenant. Ton père et moi allons devoir discuter. Pour le moment, j’aimerais que tu gardes ce que tu sais pour toi. Nous en reparlerons plus tard.
- Bien Mère, cela va de soi. 

- Et moi, j’aimerais que tu fasses un effort pour frapper aux portes. Tu vas devenir une adulte dans quelques jours et j’aimerais que tu te comportes comme telle.
- Oui Père, je vais faire des efforts, c’est promis. 

Cendre raccompagna sa fille jusqu’à la porte.
- Merci, Mère. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je suis soulagée que vous m’ayez crue. Merci beaucoup.
- C’est mon devoir de mère de t’écouter, Mélusine, et c’est mon cœur qui te fait confiance. 

Mélusine prit sa mère dans les bras, geste infiniment rare de sa part :
- C’est énorme pour moi, Mère. Merci encore.


A peine Mélusine s’était-elle éloignée qu’Isaure vint frapper à la porte du boudoir.
- Je pense que nous remettrons à plus tard notre petite conversation... dit Cendre à Lucas
- Je le crains, ma douce. 

- Je suis navrée de tomber si mal mais il faut que je te dise quelque chose avant que tu ne l’apprennes par Francis... balbutia Isaure. 

Cendre s’était levée, inquiète. Y avait-il un nouveau problème politique dans la Vallée ? Décidément, cette nuit ne finissait pas :
- Francis ?... Qu’y a-t-il, Isaure ? 

- Je ne sais pas trop comment te dire ça. C’est assez délicat...
Encouragée par sa mère, Isaure se lança et raconta sa brève rencontre avec Francis alors qu’elle était allée rendre visite à Ulysse. 

Cendre fut rapidement soulagée :
- C’est donc cela qui te contrarie ?
- Oui... Je sais que ce n’est pas un comportement très honorable, et je crains que tu ne m’en veuilles, ou que tu n’en tiennes rigueur à Ulysse. 
 
- Et pourquoi ferais-je une chose pareille. Ulysse et toi êtes adultes depuis longtemps et je me doute que votre relation a évolué.
- Quel soulagement, je me demandais comment tu allais le prendre. 

- Je le prends bien. Par contre, il serait judicieux, à l’avenir, que tu te rhabilles lorsque tu sors de la chambre d’Ulysse. 

- Ne t’en fais pas, ça m’a servi de leçon. Je ne veux plus croiser Francis en petite tenue ! 

Isaure prit alors congé. Lucas s’était rapproché de la porte.
- Où vas-tu ? lui demanda-t-elle. Il va falloir que nous parlions de Clotaire. 

- Je n’y tiens pas. Le jour va bientôt se lever et j’ai d’autres projets pour nous avant qu’un autre des enfants ne franchisse le pas de cette porte. Cette affaire peut attendre la tombée de la nuit, non ? 
 
- Je ne sais pas... peut-être bien. Clotaire ne s’envolera pas, de toute façon. Quels genres de projets as-tu ? 
 
- De ce genre-là, dit-il en l’embrassant. 

Je t’emmène avec moi à la Maison de l’Ail. 
 
A suivre 🙂
 
 
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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 08/07/24 - Chap47

★★ Guide

 

Chapitre 47 - Affaires de famille / partie 2


 

Lorsqu’elle franchit le seuil de la crypte de la Maison de l’Ail, Cendre reconnut tout de suite l’air qui se jouait sur le phonographe.
- Du tango ?
- Oui, nous allons danser.
- Danser ? Tu es sûr que c’est le moment ?

Révélation

- Ce ne sera jamais le bon moment, mais nous allons prendre le temps. Ici, nous sommes tranquilles et personne ne viendra nous déranger. Pas de politique, pas d’affaires de famille et pas d’enfants ! Juste toi et moi. 


- Alors ? M’accorderas-tu ce tango ?
- Avec plaisir, mon amour. 


Le duc la saisit doucement par la taille :
- Il y a une éternité que nous ne nous sommes pas retrouvés ainsi tous les deux. 


- Et une éternité que je n’ai pas dansé.
- Je n’ai jamais dansé le tango... 


Il enfouit sa tête dans les cheveux de Cendre :
- Suis-moi, laisse-toi guider... c’est aussi simple que ça.
Sa voix était chaude et grisante, un appel à la fièvre. Elle sentit son souffle sur sa nuque. 


Lorsque le morceau suivant commença, l’intensité de son regard manifesta autant de force que les bandonéons qui emplissaient la crypte.


Elle se laissa guider, envoûtée par le rythme des notes et la puissance de son cavalier.


Les mots se turent, désormais inutiles... leurs corps avaient rejoint leurs esprits. 


Leurs pensées devinrent une seule et unique, interdite et voluptueuse, manifestation sulfureuse de ce qui les unissait. 


Leurs regards se soutinrent et se foudroyèrent. L'envie... la violence de leur passion...



Les bandonéons effrénés accéléraient en fureur et faisaient tourner leurs cœurs endoloris de s'attendre ainsi.

 

Il se séparèrent et se retrouvèrent...


...dans un vertigineux duel qui les emportait dans les affres d’un tourbillon passionnel. L'histoire de leurs vies...

 

Leurs corps endiablés se promettaient... beaucoup... l'inconcevable pour tout profane.

 

La fusion à perdre la raison, brûlante comme l’enfer... Le bien et le mal... au corps à corps... 

 

Puis les notes ralentirent...


Leurs âmes, pourtant, peinaient à se quitter... violemment éprises, amoureusement tourmentées...

 

Toujours... 

 

Les bandonéons cessèrent leurs tourments mais la passion brûlait encore...

 

Elle les consumait entièrement, bouillant dans leurs veines...

 

Jusqu’à la fin... inavouable.

Révélation
Les poses tango sont de Pandora

Cendre et Lucas avaient rejoint la chapelle à la tombée de la nuit. La Grande Maîtresse avait immédiatement convoqué Clotaire dans sa chambre et en avait verrouillé la porte après son arrivée, afin de ne pas être dérangée.
- Ça a l’air grave, constata son fils
- Ça l’est. Tu n’as pas une idée de pourquoi nous sommes là ? 


- Aucune, mais j’imagine que tu vas m’en faire part.


- Des rumeurs courent sur ton compte. On m’a rapporté que ta petite amie et toi aviez dans l’idée de m’évincer afin de régner sur la Vallée à ma place. J’aimerais savoir ce que tu peux opposer à cela.


Clotaire resta silencieux quelques secondes devant la déception évidente de sa mère, puis il se ressaisit :
- Attends... Qui a pu te dire une chose pareille ? 


- Tu ne déments donc pas ?
- Maman... je crois qu’il y a un malentendu. 


- De toute évidence, il semblerait que non. Explique-moi ça tout de suite ou je te fais arrêter. Que tu sois mon fils n’y changera rien. 


- Maman... je te promets que je ne t’ai pas trahie.
- Tu envisages de le faire, c’est du pareil au même. Alors ? J’attends... Que complotes-tu avec Caroline Boyer ?


- Ce n’était qu’un jeu innocent entre nous... Caroline a imaginé en rigolant que nous étions les souverains de la Vallée. Nous ne faisions rien de mal... et puis...
Clotaire marqua une pause. 


- Et puis quoi, Clotaire ? Et puis quoi ?
- Je me suis rendu compte qu’on ne jouait plus... Je ne sais plus quand c’est arrivé, mais tout ce qu’on projetait était du domaine du réel. Au début, j’ai essayé de le faire comprendre à Caroline, mais elle était si enthousiaste que je me suis laissé entraîner... Son plan était tellement excitant... 


- Et moi ? Où me situes-tu dans vos projets ? Tu es donc prêt à me tuer pour les réaliser ?
Devant l’expression à la fois triste et déçue de Cendre, Clotaire laissa échapper une larme :
- Je n’ai jamais voulu te tuer, Maman... 


- Pourtant, tu finiras par y venir, car c’est le seul moyen que tu as de me détrôner. La mort, Clotaire, il s’agit de cela. Et je peux t’assurer que vous n’êtes pas prêts de parvenir à me tuer, ta belle et toi. 


Le verdict était tombé, implacable. Clotaire resterait confiné dans sa chambre jusqu’à son propre combat, et serait bien évidemment radié du Conseil. Il se nourrirait de packs de plasma, puisqu’il ne pourrait plus chasser, et son amie Caroline serait arrêtée.
Cendre lui confisqua séance tenante son talkie-walkie pour éviter qu’il ne la prévienne. Il fut également déchu de sa couronne. 


Afin que personne ne soit étonné de l’absence de Clotaire, ainsi que des mesures mises en place, Cendre réunit ses enfants. Elle les informa de la trahison de leur frère et des mesures qu’elle avait prises. 


Elle réunit ensuite le Conseil pour leur expliquer la situation, et Francis lui envoya un garde affecté à la surveillance du fils déloyal. 


Caroline Boyer fut arrêtée et conduite sous bonne escorte jusque dans les geôles des catacombes où elle allait être interrogée. Son sort serait statué lors d’une prochaine délibération du Conseil. 


C’est dans cette ambiance tendue que Mélusine fêta son anniversaire. Elle surprit tout le monde, ce jour-là, en insistant pour inviter Gabin. 


Cette fois, on y était. En regardant Mélusine souffler ses bougies, Cendre réalisa que son anniversaire serait le dernier qui serait fêté dans la crypte. Dès le lendemain, elle se battrait contre Alaric et les combats suivants s’enchaîneraient.


Il n’en resterait qu’un.
Tous ses enfants avaient bien grandi, certains étaient partis trop tôt et d’autres n’étaient plus là mais, en cet instant, elle pensa à tous ses enfants. Elle ne put s’empêcher de sourire à l’idée que les portes de la Vallée s’ouvriraient très prochainement.


L’atmosphère s’était détendue peu à peu. Mélusine et Gabin s’étaient retirés dans un coin de la pièce et semblaient discuter vivement, mais sans heurts.


Mélusine s’était excusée auprès de Gabin pour ses actes passés. Elle avait vieilli et voulait se comporter en adulte, mais surtout, elle était consciente que si elle devenait l’héritière de Cendre, elle devrait savoir se contrôler en toutes circonstances pour faire honneur à sa mère.
Présenter des excuses avait pourtant été délicat, d’autant que Gabin lui en voulait beaucoup et qu’il avait la rancune tenace, mais il essaya tout de même d’être conciliant. 


Ils convinrent donc que s’affronter en duel serait le seul moyen pour eux de faire table rase du passé et de repartir sur de bonnes bases. L’un comme l’autre sentait que cette étape était nécessaire.


Mélusine profita du reste de la nuit pour aller rendre visite à Clotaire et lui dire combien elle était désolée qu’il se retrouvât dans une situation aussi inconfortable pour le fils d’une Grande Maîtresse. 


Son frère se méprit cependant sur ses intentions en supposant que Mélusine était de son côté, et la jeune femme eut la surprise de se voir proposer une alliance pour déchoir Cendre de sa souveraineté. 


Elle resta sans voix face aux détails de ce marché dont Clotaire pensait qu’elle y adhérerait. Elle n’avait jamais vraiment cru que son frère était le meneur de cette conspiration mais elle commençait à douter... jusqu’à ce qu’il lui dise qu’il avait l’ambition de faire évader Caroline.
- Tu es complètement fou... Oublie cette fille. Elle veut le pouvoir. Elle ne t’aime pas. Je ne te suivrai pas, Clotaire. Je suis loyale envers Mère et tu devrais faire de même. 


- Je n’en reviens pas. Tu as toujours semé la zizanie et clamé haut et fort que tu serais l’héritière quitte à nous tuer tous, et maintenant, tu viens me faire la morale ? Je sais très bien que tu n’approuves pas toutes les décisions de Maman.
- Peu importe que ses décisions me plaisent ou non. Nous sommes ses enfants et nous avons le devoir de la soutenir et d’aller dans son sens. Et c’est ce que je ferai. Je ne m’abaisserai jamais à la trahison. Sache que je ne suis pas de ton côté. C’est moi qui aie avisé Mère de ta fourberie. Je vous ai entendu Caroline et toi. 


- Sors d’ici. Et prie pour qu’on ne se retrouve pas face à face lors d’un combat car je te tuerai sans scrupule. Tu n’auras même pas le temps d’avaler cette maudite potion. 


- Tu as le droit d’y croire. Adieu Clotaire. 


Mélusine quitta la chapelle et alla s’engouffrer dans les catacombes. Elle avait besoin de réfléchir loin de sa famille. Devait-elle informer Cendre de ce que venait de lui dire Clotaire ? Etait-ce vraiment nécessaire ? Sa mère était déjà suffisamment affectée par la trahison de son fils et elle n’avait pas envie d’en rajouter en lui disant qu’il avait voulu l’enrôler dans son lamentable projet. 


Après tout, Clotaire était enfermé jusqu’à son prochain combat et il ne s’en sortirait probablement pas. Alors à quoi bon tourmenter la Grande Maîtresse avec ça ?
Elle s’arrêta sur une petite place et s’assit au bord de la fontaine. Le bruit de l’eau la calmait...


Elle vit s’approcher un beau jeune homme aux cheveux longs. Il marchait d’un pas léger et semblait rejoindre la placette. Mélusine n’arrivait pas à défaire son regard de cet humain. Oui, il était humain, elle le sentait.


Pourtant, étrangement, cela n’avait aucune importance... Le jeune homme s’était arrêté en la voyant et la regardait intensément. 


Son cœur battait à tout rompre. Si elle avait un jour été attirée par Ulysse Caron, ce qu’elle ressentait à présent n’avait rien de comparable. Elle avait l’impression que cet homme-là était tout droit sorti de ses rêves les plus fous. 


Ils se regardèrent un long moment avant que le beau brun ne brise le silence :
- Bonsoir, je m’appelle Ladislas. Je ne vous avais jamais vue ici. Vous venez d’arriver ?
Elle comprit qu’il l’avait prise pour une humaine.
- Oh... non mais je viens rarement dans les catacombes.

 

Pendant que Mélusine faisait plus ample connaissance avec Ladislas, Alaric passa une partie de ses derniers moments avant le combat dans le jardin des enfants. Il s’était penché douloureusement sur la tombe de sa jumelle en lui disant qu’il la retrouverait peut-être bientôt.

 

Aurait-il une chance contre Mélusine ? Il l’ignorait mais il gardait un espoir au fond de son cœur, un espoir sorti d’une conversation qu’il avait eu avec sa mère alors qu’il était encore enfant... Le combat ne lui fait pas peur... Soit il vivrait, soit la vie lui rendrait ce qu’il avait perdu. Il en était convaincu. Il décida d’aller se promener un peu dans le jardin.


L’attirance avait été réciproque et immédiate. Ils avaient poussé la porte d’une maison vide de la place et avaient investi les lieux.
- Ce moment était magique, lui susurra Ladislas en l’embrassant. Tu es sûre que tu dois partir ? 


- Malheureusement, je n’ai pas le choix. Embrasse-moi encore. 


- Je crois que je t’aime...
- Comment est-ce possible ?
- C’est ainsi, c’est tout... 


Mélusine se dégagea de l’étreinte de son amant :
- Je dois vraiment y aller, Ladislas...
- Est-ce qu’on se reverra ? 


- Je n’en sais rien. J’ai une chose importante à faire. J’en saurais plus ensuite... Je crois que moi aussi, je t’aime...
- A bientôt alors, jolie vampire... Je ne t’oublierai pas. 


Mélusine tourna les talons et s’en alla. Elle trouva Alaric dans le jardin de la chapelle.
- Où étais-tu ? lui demanda-t-il. Je t’ai cherchée toute la journée. Tu n’étais pas dans ton cercueil.
- Je suis allée faire un tour hier dans les catacombes et j’ai été coincée là-bas lorsque le jour s’est levé. Tu m’as cherchée ? Tu n’as pas dormi ? 


- Non, je me suis inquiété. Nous combattons dans moins de deux heures, rappelle-toi.
- Nous serons sur un pied d’égalité dans ce cas, je n’ai pas dormi non plus. Tu sais, Alaric, j’ai dit des choses... comme par exemple que je vous battrai tous. J’y arriverai, je le sens mais je ne veux de mal à aucun de vous... Bon, sauf peut-être Clotaire... Je veux juste gagner, tu vois. Alors, je voulais te dire que je t’aime bien mais je ne pourrai pas te faire de cadeau. 


- Ne t’en fais pas, je sais tout ça. Et je suis certain que tu peux gagner.
- C’est vrai ? 


- Oui, mais moi non plus je ne te ferai pas de cadeau. Et moi aussi je t’aime, Mélusine.


- Chouette ! C’est super. Que le meilleur gagne dans ce cas ! Je vais filer me préparer.
- A tout à l’heure. Tu vas être resplendissante, je le sens. 


Le combat serait difficile, il le sentait. Comment se battre contre sa petite sœur ? Elle venait tout juste de grandir... 


- Et voilà ! Tu es magnifique !
- Toi aussi tu étais magnifique lorsque tu as envoyé Samuel à la mort. 


Isaure déglutit :
- Ce n’est pas très gentil de dire ça...
- Excuse-moi... Je suis trop directe parfois, je le sais bien. 


- C’est que... je crois que j’ai peur de mourir...

Mélusine ouvrait son coeur pour la première fois...

 

Que répondre à cela ? Mélusine sortait tout juste de l’adolescence, et elle devait combattre, sachant que l’issue de ce combat pouvait la mener à sa perte. Isaure avait connu cette peur elle aussi... 

 

Isaure prit sa jeune sœur dans ses bras :
- C’est bien naturel que tu aies peur mais tu verras, une fois dans l’action, tu n’y penseras plus.
- Merci Isaure. Tu ne répèteras à personne ce que je viens de te dire, n’est-ce-pas ? 


- Ce sera notre secret. 


- Et si on y allait, maintenant ? Alaric doit m’attendre. 


Lorsque Mélusine et Isaure arrivèrent dans la salle de combat, toute la famille était en place ainsi que Francis. Clotaire était le grand absent mais il n’avait pas été convié à assister au combat.
- Bonne chance, dit Isaure à sa sœur. 


Mélusine se positionna face à Alaric. 


Le combat commença sans attendre et tout le monde encouragea les combattants. 


Mélusine se laissa surprendre par son frère au début du duel...


...mais prit rapidement le dessus en le mettant, à plusieurs reprises, en fâcheuse posture.


Cendre pressentit que son fils allait perdre.


Mélusine lui porta le coup de grâce.


Elle le regarda retomber, vaincu...


...avant de redescendre à ses côtés 


- Je t’avais dit que tu pourrais gagner, lui souffla Alaric.
- Tu t’es bien battu aussi mais, oui, je suis la plus forte. 


- J’aurais juste préféré que ça ne se termine pas comme ça. Personne ne mérite de boire cette potion.


- Non, en effet. Prends soin de toi, Mélusine. 


Alaric se rapprocha de la table avant que sa mère ne vienne le chercher. 


Alors qu’il essayait de rassurer tout le monde, le cœur d’Isaure se serra. Après avoir perdu Samuel et Blanche, voilà que c’était le tour d’Alaric.


Il avala dignement la potion, sans ciller.


Puis la transformation s’opéra, apparemment moins violente que pour son frère et sa sœur. L’aura de lumière sembla chez lui prendre rapidement le pas sur le voile noir qui l’entourait.


Il se tourna vers Cendre.
- Je t’aime, Maman. 


- Vous savez, j’ai l’impression que je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie, mais je vais vous laisser. Je ne veux pas mourir ici devant vous.
- Attends... lui dit sa mère 

 

- Je t’aime aussi, tu sais.
- Je le sais, Maman, ne t’en fais pas. Tu as été une maman formidable. 


Elle le serra contre elle :
- Je t’ai fait un jour une promesse, tu te souviens ? Tu la retrouveras... Tout à l’heure. 


Personne n’entendit ce que Cendre avait murmuré à l’oreille d’Alaric mais Isaure aperçut un sourire heureux sur le visage de son frère juste avant qu’il ne s’éteigne dans les bras de leur mère


Lucas se chargea une nouvelle fois d’emmener un enfant du clan Valrose et Alaric quitta la pièce dans ses bras dans un silence accablé.


A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 09/07/24 - Chap48

★★ Guide

 

Chapitre 48 - Imprévu


 

Cendre avait déterminé qu’une semaine aurait lieu entre chaque combat et qu’Isaure serait face à Clotaire pour le suivant afin de laisser à Mélusine le temps de se reposer.

Révélation

Cette première semaine avant le duel avait été agitée. Francis avait appris à Cendre que non seulement Caroline Boyer affirmait que Clotaire état l’initiateur du complot mais, en plus, elle clamait haut et fort qu’elle attendait le petit-fils de la Grande Maîtresse, et elle demandait à être libérée. 

 

Cendre avait décidé qu’elle resterait tout de même prisonnière car, rien ne disait que Caroline soit réellement enceinte et, si elle l’était, il faudrait s’assurer que l’enfant soit bien celui de Clotaire.
En attendant, elle donna des consignes pour que la prisonnière soit bien traitée et suffisamment nourrie.


Lucas Lestat approuvait la décision de son Unique. Selon lui, Caroline bluffait pour sauver sa peau, et Cendre avait l’intime conviction que c’était bien le cas.
- De toute façon, nous verrons bien dans les mois qui suivent si son ventre lui donne raison ou non. 

 

- Et pour Clotaire ? Que comptes-tu faire ? Imagine qu’il gagne les deux prochains combats... Il deviendrait ton héritier.


- C’est inconcevable. Je ne peux pas imaginer une telle chose, mais si cela devait être, il me faudrait prendre une décision douloureuse. Je ne permettrai pas qu’il vienne saboter mes projets pour la Vallée. 


Clotaire avait été très heureux d’apprendre la grossesse de Caroline, dont il ne savait apparemment rien, et avait émis le désir de la voir. Sa mère avait évidemment rejeté sa requête en lui disant que, quoiqu’il arrive, il ne reverrait pas sa dulcinée.

 

En ce début de semaine, Mélusine se rendit dans les catacombes, dans le quartier des humains. Elle avait tout de suite repéré la place que Ladislas lui avait décrite et tout aussi rapidement identifié sa demeure. 

 

Elle frappa à la porte et le jeune homme vint lui ouvrir sans tarder. Elle perçut dans son regard cette mêmee joie qu’elle ressentait de le revoir.


Ils n’attendirent pas pour se jeter dans les bras l’un de l’autre... 


... pas plus qu’ils ne purent patienter pour se retrouver dignement.
Mélusine avait laissé Ladislas l’avant-veille en ne sachant pas si elle mourrait au combat, et elle comptait bien savourer les moments supplémentaires qui lui étaient offerts d’être auprès de lui. 

 

Ladislas était humain et avait des besoin humains. Mélusine découvrit qu’elle adorait le regarder manger. Elle le trouvait se-xy en tout...


Et pour certaines choses plus que pour d’autres. 


- Alors, as-tu réussi à faire ce que tu avais à faire, l’autre jour ?
- Oui, et j’ai même réussi plutôt bien.
- C’est une bonne chose. J’imagine que tu es libre comme l’air, maintenant ? 


- J’ai deux semaines devant moi. Ensuite, je ne sais pas...
- Et je suppose que tu ne veux pas me dire pourquoi tu es si mystérieuse à propos de tes occupations ?


- Je ne suis pas mystérieuse. Je tiens à t’éviter des désillusions pour le cas où je ne puisse pas revenir. Ma vie est malheureusement compliquée.
- Comme tu voudras. Je me contenterai de ça pour le moment. 


Ulysse vint officiellement demander la main d’Isaure à la Grande Maîtresse. Il était conscient qu’il pourrait la perdre lors du prochain combat mais il souhaitait qu’elle devienne sa promise même si le pire devait se produire. 


- J’accepte avec joie, Ulysse, et sache que ce sera un bonheur de t’accueillir dans notre famille.
- Je vous remercie, Maîtresse. Ce sera pour moi un grand honneur. 


Ulysse avait ensuite conduit Isaure chez lui pour lui faire sa demande dans les règles. 


Il lui rappela combien il l’aimait et lui jura un amour éternel, ceci peu importe l’issue du combat.
- Si le sort est contre nous, tu seras la fiancée éternelle de mon cœur. Je t’aime à jamais, Isaure. 


Isaure avait dit oui, bien sûr. Leurs cœurs battaient à l’unisson et ils se promirent de ne pas se quitter jusqu’aux combats. 


Ils s’étaient ensuite attablés amoureusement autour un dîner aux chandelles soigneusement préparé par Ulysse, en se jurant de profiter au maximum de ces journées qui les séparaient peut-être de l’inévitable. 


Deux heures avant le combat...

Alors que Lucas s’apprêtait à apporter la potion humanisante dans la salle de combat, puis à aller voir si Clotaire pensait à se préparer, il tomba nez à nez avec celui-ci dans le couloir. Son garde gisait à terre et Clotaire semblait, sans doute possible, déterminé à quitter les lieux. 

 

Il s’arrêta net en voyant le Duc et revêtit sa forme sombre en le menaçant.


Tout se passa ensuite très vite. Clotaire se rua sur Lestat, le verre se renversa sur son assaillant puis finit sa course sur la moquette.


Clotaire lâcha Lucas en hurlant, sous les yeux du garde qui venait de reprendre ses esprits. 


La potion révéla douloureusement son effet. 


Lorsqu’il réalisa qu’il était humain, le fils déloyal s’effondra dans les bras de son beau-père.
- Mais comment... ? se lamenta-t-il ?
- J’avais le remède sur moi. Tu n’aurais jamais dû me bousculer. 


Lucas laissa Clotaire entre les mains du garde et retrouva Cendre dans la crypte, où elle était en train de discuter avec Isaure. Toutes les deux étaient déjà prêtes. Il leur expliqua ce qui venait de se produire :
- Comment allons-nous faire ? demanda Isaure.
- Tu peux nous laisser, ma chérie ? Il faut que je m’entretienne avec Lucas. 


- Est-ce que je dois me changer ?
- J’en ai bien peur, oui... Je te tiendrai informée très vite sur la suite.


- C’est terrible, dit Cendre à Lucas. Elle était préparée psychologiquement et émotionnellement, et voilà que tout s’arrête.
- Que vas-tu faire ? Il va te manquer un enfant pour achever le rituel de la tradition... 

 

- Pas exactement...
- Tu penses à Gabin ?
- Oui. Il faut que je lui parle. 


Gabin n’avait pas été facile à trouver. Il avait rendez-vous cette nuit-là, à l’orée de la forêt, avec Mélusine.
- Tu es prête ? 


- Plus que jamais, mon cher frère, mais ne tardons pas. Je dois assister à un combat dans une petite heure et je ne compte pas rater la raclée qu’Isaure va mettre à Clotaire.
- Alors, allons-y. Je ne voudrais pas te retarder.


Les deux adversaires s’empanachèrent de leurs formes sombres. Ils étaient parés pour se battre sans se faire de cadeaux. 


Gabin, qui avaient derrière lui de longues années de combat, eut rapidement le dessus sur Mélusine, mais celle-ci n’eut cependant pas à rougir de sa performance. 

 

Cendre trouva Gabin au moment où il tendait la main à sa sœur pour l’aider à se redresser. 


Aucun des deux ne l’avait vue et elle les observa tout d’abord sans rien dire.
- Alors ? Qu’est-ce que tu en penses, Mélusine ? Nous sommes quittes, maintenant, non ?


- Nous le sommes. Bravo pour ta victoire.
- J’ai plus d’expérience que toi et plus de pouvoir. C’est normal que j’ai gagné. Mais tu t’es bien défendue et, franchement, je pense que tu égaleras très vite les plus grands d’entre nous.
- Tu veux certainement dire que je les dépasserai de loin ?
- C’est ce que je voulais dire, dit Gabin en souriant.
Cendre se racla la gorge pour signaler sa présence.
- Je suis heureuse que vous ayez fait la paix tous les deux mais je dois vous annoncer quelque chose. 


Cendre les informa de la tentative d’évasion de Clotaire, et de l’incident qui était survenu ensuite, laissant la fratrie amputée de l’un de ses frères et un cérémonial protocolaire inachevé.
Gabin comprit tout de suite pourquoi la Grande Maîtresse était là. 


- Vous voudriez que je prenne la place de Clotaire, n’est-ce pas ?
- J’aimerais bien, en effet. 


- Je ne suis pas sûr de le vouloir. Je trouve cette tradition cruelle et barbare. Et puis... nous nous sommes retrouvés il y a treize ans à peine, et vous voulez m’envoyer à la mort...
- J’aurais trouvé l’idée géniale, intervint Mélusine, mais Gabin a plus de pouvoirs que nous, et il nous vaincra forcément. Les combats seront inégaux.
- Il y a toujours une solution, Mélusine. 

 

- D’ailleurs, j’aimerais que tu nous laisses seuls, Gabin et moi. Je désire m’entretenir avec lui en privé.
- Parfait. Puisqu’il n’y aura pas de combat, j’ai un autre projet pour ce soir. 


- Quant à moi, déclara Gabin, je ne suis pas certain d’avoir envie d’entendre ce que vous avez à me dire, Mère.
- Descendons dans les catacombes, trouvons un coin tranquille et laisse-moi te parler. Ensuite, tu jugeras si tu as bien fait ou non d’entendre ce que je vais te dire. 


Par égard pour sa mère, Gabin avait tout de même consenti à l’écouter, et il resta interdit devant les révélations qu’elle venait de lui faire :
- Tout cela est vrai, n’est-ce pas ? Il ne s’agit pas d’une tentative désespérée visant à me convaincre...
- Ce n’en est pas une, Gabin. 

 

- Très bien. Dans ce cas, j’accepte avec plaisir de remplacer Clotaire.
- Acceptes-tu aussi de perdre tous tes pouvoirs pour être au même niveau que tes sœurs ?
- Bien sûr. 


- Dans ce cas, va voir Louise. J’y suis passée avant de venir ici et elle a déjà dû finir sa petite potion miracle, à l’heure qu’il est. Il n’y aura pas de retour possible, tu sais... 


Après avoir quitté Cendre, Gabin se rendit immédiatement à la Maison de l’Ail.
- J’ai été retardé.
- Je me doute, lui répondit Louise. Alors, as-tu pris une décision ? 


- J’ai accepté, lui dit-il en souriant car j’imagine que si ce qu’elle avait dit n’était pas vrai, tu me le dirais. 


- Je ne suis pas sûre du tout. Tu sembles oublier que je suis une servant loyale et dévouée. Mais je te rassure : tout ce que tu as appris aujourd’hui est la stricte vérité. 


Gabin embrassa alors tendrement la femme qu'il aimait en secret depuis un moment déjà. 


- La potion est prête ?
- Evidemment ! Tu n’as pas à faire à n’importe qui ! Je vais la chercher. 


Louise revint quelques secondes après avec la potion qu’elle avait appelée « rasade de reconfiguration ». Elle la déposa sur la table :
- Et toi, es-tu prêt à la boire ? 


- Ai-je l’air d’hésiter, mon amour ? Cette boisson sera peut-être ma planche de salut. Je te remercie pour le verre... Il est très beau. 


Gabin se saisit du joli verre en cristal dans lequel Louise avait versé la potion :
- Allons-y ! 


Il ne laissa pas une goutte de la mixture :
- Maintenant, je combattrai sur un pied d’égalité avec Isaure.
- J’aurais préféré que tu n’aies pas à combattre...
- Nous nous reverrons bientôt, Louise, tu le sais. 

 

 

A suivre 🙂

 

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