[VDC - Terminé] **Cendre et la Vallée Oubliée**

par Nathalie986
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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap29

★★ Guide

 

Chapitre 29 - Lorsque le sort s'en mêle


 

La vie dans la crypte n’était pas toujours facile. Cendre veillait à ce que les enfants fassent scrupuleusement les devoirs que Jessie leur donnait.
Clotaire finissait souvent les siens avant Blanche et s’empressait d’aller très vite jouer aux échecs. Cendre sentait que c’était un petit génie en herbe.
Quant à Isaure et Samuel, ils trouvaient toujours le moyen de se chamailler lorsqu’ils révisaient leurs cours de coutumes vampiriques. La jeune fille pensait que certaines traditions mériteraient d’être assouplies et elle s’évertuait, chaque fois sans succès, à vouloir convaincre son frère.
Alaric, lui, était encore bien trop jeune pour avoir des devoirs et il passait son temps à regarder les photos accrochées au mur.

Révélation

Il le faisait très souvent et, lorsque Cendre lui en demandait la raison, il répondait invariablement, dans son langage babilleur : « Il manque quelque chose ».
Elle avait bien essayé de comprendre ce que ses petites paroles signifiaient mais le bambin ne savait pas l’expliquer.


Alaric était un petit garçonnet très pénible et enclin aux caprices, qui réclamait une attention de tous les instants, encore plus que Blanche au même âge, et de manière différente. 


Il n’était jamais satisfait et piquait des crises pour obtenir ce qu’il voulait. Cendre mettait parfois de très longues minutes à le calmer, pour ne pas parler d’heures, mais elle se refusait à en faire un enfant gâté. 


Isaure elle-même, qui était pourtant un modèle de patience, commençait à voir son calme légendaire sérieusement entamé face à ce petit bonhomme et son caractère de cochon. 


Samuel, lui, attendait que la crise passe et que son petit frère cesse de lui casser les oreilles. 


Et lorsqu’il se calmait, il avait toujours des mots très justes à lui adresser :
- Tu vois, Alaric, tu viens de dépenser inutilement de l’énergie à me casser les pieds alors que tu aurais pu passer ce temps-là à jouer avec Clotaire. Et tu n’as rien gagné. »


Il n’y avait réellement que lorsqu’il jouait avec Clotaire que Cendre sentait son plus jeune fils apaisé, ou encore lorsqu’elle leur lisait une histoire à tous les deux. 


Blanche, elle, aimait toujours passer du temps auprès de sa maman, surtout lorsqu’elles se faisaient plein de câlins, mais, en grandissant, elle devenait tout de même moins « pot de colle ». 


Blanche passait à présent beaucoup de temps sur sa table d’activité à dessiner ou à découper et faire de jolis collages.
Mais elle aimait aussi regarder sa mère méditer. Elle espérait faire comme elle plus tard : décoller ses pieds du sol et se transformer en chauve-souris pour aller voler. Ça devait être vraiment cool d’être vampire ! 


Ce qu’elle appréciait également, c’était de faire ses devoirs dans la chambre d’Isaure, avec Clotaire. Ils étaient bien tous les trois sans Samuel pour jouer les rabats-joies et Alaric pour faire des caprices.
La chambre de sa grande sœur était calme et elle y travaillait beaucoup mieux que dans le grand salon. 


Samuel, lui, aspirait aussi à la tranquillité et s’enfermait, dans ces moments-là, dans sa propre chambre pour y étudier sous l’œil bienveillant des photos de sa sœur. 


Le lendemain de sa visite à Louise, Cendre avait convié son vieil ami Timothée Renard, le Vidame de Montsimpa, à un rendez-vous amical dans la crypte.
Après l’avoir chaleureusement accueilli, elle lui demanda abruptement ce qui s’était passé le jour où le Comte et lui avaient trouvé Lestat près de son corps blessé, dans les catacombes. Mais la question se retourna contre elle :
- Comment pouvez-vous être au courant, Cendre ? Seuls le Comte et moi-même étions présents et nous n’avons parlé de ce moment à personne. 


Cendre se sentit prise en défaut, mais elle s’était déjà trahie envers le Comte en lui demandant s’il savait où était le Duc... Alors, un peu plus, un peu moins... Peu importait... Sa peine était trop grande et elle voulait savoir. Savoir ce qui était arrivé, elle n’aspirait qu’à cela. L’ignorance la tuait à petit feu.
- C’est Lestat qui me l’a dit.
- Evidemment... Ce ne pouvait être que lui... 


Il n’y avait aucun reproche dans la voix du Vidame, ni même dans son regard. Il avait juste compris.
- Alors, que s’est-il passé ? Je vous implore de me le dire.
- J’ai fait une promesse au Comte, ce jour-là. Je lui ai promis de n’avoir rien vu... 


- Je vous en prie, Timothée, ne me faites pas cela... Je sais votre amitié avec Vladislaus mais je mourrais de rester dans la méconnaissance de ce qui a touché le Duc. Il était aussi votre ami.
- Je ne l’oublie pas et, devant votre déclaration, je vais faire une entorse à ma promesse. En mémoire de Lestat. 


Le Vidame lui avait alors confié ce qui s’était passé : le Comte, humilié de découvrir la situation, trahi par son ami et sa future Grande Maîtresse, et tout cela sous les yeux d’un témoin.
Dans toute sa noblesse, il ne voulut aucun scandale, le plus urgent pour lui étant de sauver la Vallée.
- Cela a toujours été sa priorité..., avait dit Cendre. Ce serait donc pour cette seule raison qu’il ne m’en a jamais parlé ?


- J’ai eu une occasion de reparler de cet « incident » une très brève fois avec le Comte. Il m’a avoué avoir fait mine de rien pour vous laisser le champ libre. Puisque vos agissements étaient discrets au point qu’il ne s’en soit pas aperçu, cela l’a conforté dans l’idée que, vous aussi, vouliez sauver la Vallée. Si, au contraire, vous vous étiez dévoilés en plein jour, il aurait douté de votre loyauté et n’aurait pas pris de gants.
Cendre repensa à Lucas qui était parti, cette nuit-là, pour tout lui dévoiler...
- En somme, depuis cet épisode dans les catacombes, il joue les aveugles... C’est pour ça qu’il ne veut pas m’en parler franchement.
- Et il ne vous dira rien. Son honneur serait bien trop sali s’il savait que vous savez...
- Oh, mais il le sait maintenant ! Et vous, Timothée ? Savez-vous où est Lestat ? 


- Non... Mais j’imagine que le Comte s’est débarrassé de lui... Cela fait plus de cinq ans que l’on a pas vu le Duc et, sincèrement, je n’ai plus jamais entretenu Vladislaus sur son sujet, même si je pleure mon ami en silence. Je n’ai rien vu, rappelez-vous... Nous sommes ici dans sa contrée.
- Je m’en souviendrai, ne vous tourmentez point. 


Au moment où il prit congé, Cendre remercia le Vidame pour son honnêteté envers elle.
- Il était votre Unique, n’est-ce-pas ?
- Oui... il l’était...
- J'en suis navré... 


Le jour d’après, Cendre avait réuni ses enfants dans la crypte qui leur était dédiée. Les travaux avaient été achevés quelques heures plus tôt et elle souhaitait leur faire découvrir le résultat sans plus tarder. 


Ils étaient tous ravis de pénétrer en ces lieux qui deviendraient les leurs et Blanche montra la première son enthousiasme :
- Maman, c’est trop chouette ! Je pourrai choisir mon cercueil ? 


Samuel et Isaure, eux, avaient déjà pris possession de l’endroit et prévu de passer la nuit journée dans leurs propres cercueils.
- Ça va être formidable ! 


Cendre expliqua à Blanche que les cercueils seraient choisis en suivant le droit d’aînesse et la petite fille proposa tout de suite de laisser sa place à Clotaire « au cas où il aurait déjà repéré son cercueil » car elle ne savait pas encore lequel lui plaisait le plus.
Mais Clotaire n’était pas non plus pressé, et tous actèrent qu’ils décideraient plus tard. 


Ce jour-là, Samuel et Isaure avaient endossé leurs pyjamas pour passer une partie de la journée dans leurs cercueils respectifs.
- Tu en fais une drôle de tête, Samuel...
- Je respire l’endroit. Ne sens-tu pas comme on y est bien ? 


- Bien sûr que si ! Je sens que je vais passer la meilleure nuit journée de ma vie et dormir d’un sommeil de plomb.
- Alors tu vois ! Nos traditions ne sont pas complètement dérisoires ! 


- Attends une seconde, je n’ai jamais dit qu’elles étaient dérisoires ! Je trouve juste que certaines d’entre elles mériteraient d’être améliorées, c’est tout. Notamment en ce qui concerne cette tradition de la descendance.
Samuel ne releva pas.
- J’adore quand tu défends ton point de vue ! On va se coucher, maintenant ? 


Sans grande surprise, Samuel avait choisi le cercueil qui trônait au milieu de la crypte, et Isaure s’était installée à côté de lui.
- Bonne nuit, Isaure.
- Bonne nuit, Samuel. 

 

Elle le regarda se coucher le premier. Il était tellement sûr de lui, il ne redoutait rien. Elle savait que sa journée serait paisible avec son frère à ses côtés. 


Isaure éteignit alors les lumières et prit place à son tour dans son cercueil, rassurée d’avoir Samuel auprès d’elle. 


Le sommeil vampirique enveloppa alors les jumeaux, un sommeil régénérant et entier, comme ils n’en avaient jamais connu jusque-là. 


Au même moment, dans la chapelle, Jessie ouvrit la porta à Louise qui semblait dans l’urgence de s’entretenir avec Madame Valrose. 


Louise avait un air grave.
- Puis-je vous parler en privé ?
- Bien sûr. J’étais sur le point de te rendre visite, justement. 


Cendre se voulut assurée, mais elle se liquéfia de l’intérieur et sentit l’angoisse envahir ses entrailles. Elle savait que Louise venait pour lui donner des informations sur Lucas,
et elle doutait que les nouvelles fussent bonnes... 


 

Elle avait conduit la jeune femme jusqu’à sa crypte puis avait fermé la porte à double tour afin de s’assurer qu’on ne vienne pas les déranger.
Louise avait la mine défaite.
- Ce que j’ai à vous dire est très délicat, Cendre. J’admets que je ne sais pas du tout par où commencer...
- Par le début. Tu es venue pour me parler de Lucas, n’est-ce-pas ? 


- Oui... et je crains qu’après vous avoir révélé ce que j’ai fait, vous ne vouliez me tuer... 


- Dis-moi tout ce que tu sais, et tout de suite ! Sinon, c’est maintenant que je risque de te tuer ! Qu’as-tu fait à Lucas ? 


- Il m’a appelée un soir... et m’a demandé de le retrouver chez le Comte Straud... 


Le Comte lui-même m’a ouvert la porte et m’a priée de le suivre. 


Il m’a conduite jusqu’à un sous-sol où mon Maître m’attendait. Il était assis au milieu d’une grande pièce pleine de cercueils où un orgue trônait. Le Comte nous a alors laissé seuls.
- Je vois très bien de quelle pièce il s’agit... 


- Mon Maître m’a remerciée d’être venue aussi rapidement puis il m’a ordonné de lui jeter un sort afin que ses pensées ne soient plus détectables par vous. Et il exigea que ce soit fait tout de suite. 


- Tu es en train de me dire que c’est Lucas qui a souhaité que je ne sache pas où il était ?
- Oui, mais c’est plus compliqué que cela. 


Mon Maître a dû sentir que son ordre m’avait bouleversée car il m’a demandé de lui faire confiance, que c’était pour le bien de tous, même si cela me paraissait bin incompréhensible pour le moment. 

 

- J’ai fait une grosse erreur, Louise, et je dois la réparer mais tu dois me promettre que jamais Cendre ne saura ce qui s’est passé ici cette nuit.
- Je vous le promets, Maître.
Que pouvais-je dire d’autre ? Il stipula aussi que le Comte assisterait au lancement du sort. 


Le Comte est arrivé quelques minutes après et s’est assuré auprès de mon Maître que j’avais bien compris ce qu’il fallait faire, puis mon Maître me signe de commencer. 


J’ai demandé au Comte de s’éloigner pour éviter qu’il ne soit touché par le sort puis j’ai officié sur mon Maître. 


Lorsque j’eus terminé, le Comte ne jugea plus ma présence utile.
- Je crois que votre servante peut se retirer à présent, Monsieur le Duc. La suite va se dérouler entre vous et moi. Mais n’oubliez pas que si votre servante nous trahit, je la tuerai sur le champ.
Mon Maître assura le Comte de ma loyauté puis me demanda de quitter le manoir. 


...mais je ne suis pas partie. Je sais que j’ai désobéi mais je sentais qu’il se tramait quelque chose. Alors, je me suis enveloppée d’un voile de protection magique afin qu’ils ne devinent plus ma présence et je suis restée en haut des escaliers à les écouter. 


- Finissons-en, Vladislaus. Les adieux les plus courts sont les meilleurs.
- Vous devez l’aimer infiniment pour accepter d’être ainsi enterré vivant pour l’éternité.
- Vous connaissez la réponse, mon ami. 

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap30

★★ Guide

 

Chapitre 30 - Dérapages


 

- Ce n’est pas vrai !  

Révélation

- Lucas est enterré vivant quelque part ! Où est-il, Louise ?
- Je n’en sais rien ! Mon voile de protection magique s’est dissipé et j’ai dû partir. Si vous saviez comme je m’en veux. 


- Il doit bien y avoir un moyen de le retrouver. Avec ta magie, tu n’as pas prévu un antidote, ou un contre-sort ? Un truc de sorcière, quoi...
- J’ai juste prévu que le sort serait rompu dès que vous le retrouveriez... mais je ne savais pas que le Comte allait l’enterrer...
- C’est bien ma veine. 


- Je suis désolée, Cendre...
- Pas tant que moi. 


Elle s’était levée et avait fait les cent pas dans la pièce sous l’œil de Louise qui n’osait plus rien dire.
Cinq ans que Lucas était enterré quelque part, seul. Elle en aurait hurlé... 


Il valait mieux que Louise arrive à retrouver Lucas car Cendre se jura à elle-même que si cela n’était pas le cas, elle tuerait le Comte de ses propres mains. Et tant pis pour la Vallée. De toute façon, elle avait de plus en plus envie de le tuer... 


- Je vais convoquer ma milice. De ton côté, trouve une solution. Si ta magie peut permettre d’aller plus vite, il faut s’en servir. Ouvre tes bouquins, potasse, il doit forcément y avoir un sujet pour retrouver les personnes disparues.
- Je vais m’y mettre tout de suite. 


Trois soldats de la milice personnelle de Cendre furent conviés dans la crypte afin qu’elle leur explique ce qu’elle attendait exactement d’eux : Diego Lobo, Olivia Kim-Lewis et Nina Rocca. Ils furent enchantés de connaître leur mission. Ils devraient fouiller les moindres recoins des catacombes résidentielles ainsi que celles de la milice straudienne puisqu’ils y avaient leurs entrées, et la forêt bien sûr. Tout cela afin de retrouver l’un des leurs qui avait disparu il y a cinq ans environ, probablement enterré vivant. 


Bien sûr, la mission était top secrète et le Comte ne devrait rien savoir. Ils ne devraient rendre compte qu’à Cendre, et à personne d’autre, pas même à Francis Caron.
- Bien sûr, Maîtresse, avait entonné Olivia.
- Nous sommes fiers de pouvoir vous montrer notre valeur, avait rajouté Diego. C’est un coup de ce Blaise Williams, à tous les coups. Nous avons entendu parler de lui lors de notre formation avec Francis. 


- Et bien, je n’en suis pas sûre, justement. C’est pour cette raison que je compte sur votre discrétion absolue. Vous creusez, vous reboucher ensuite. Vous m’avez comprise ?
- C’est très clair, Maîtresse. On va réunir les autres et leur en parler. Diego répartira les tâches. Il adore faire ce genre de trucs.
- C’est vrai. Je pense quadriller la Vallée et envoyer des groupes de trois par secteur. Nous irons plus vite.
- Je n’en attendais pas moins toi, Diego. 


Cendre était restée seule dans la salle des combats après le départ de sa milice, encore plus secrète que celle de Vlad.
« Je savais qu’ils me seraient utiles un jour... J’espère juste qu’ils vont retrouver Lucas... » 


Quelqu’un avait observé furtivement derrière la porte ce conciliabule inattendu et n’en avait pas perdu une miette.
Samuel aimait bien se tenir au courant de ce qui se passait dans la Vallée et il n’aimait pas être tenu à l’écart, surtout que cette fois, il y avait du croustillant ! 


Lorsqu’il avait vu sa mère congédier les vampires présents, il s’était empressé de se diriger vers le garde-manger. Il avait hâte de raconter à Isaure ce qu’il avait entendu. Et puis, lui aussi, avait soif. 


Mais lorsqu’il passa la porte du vestibule, il trouva sa sœur, presque en train de pleurer, devant la cellule de numéro vingt-cinq.
- Je crois que j’ai tué Duane, avait-elle dit. 


- Tu en es certaine ?
- Il s’est écroulé... J’avais très soif et puis, il est tombé par terre. Je ne l’ai pas fait exprès, je t’assure. 


- Ça, je le sais. Mais Mère ne va pas être contente... Je vais la prévenir.
- Merci. Je ne savais plus du tout quoi faire... 


Samuel avait retrouvé Cendre dans la salle de combat et l’avait informée que son garde-manger avait été réduit de moitié.
Il avait alors suivi sa mère qui s’était précipité auprès d’Isaure.
- Que s’est-il passé exactement ? avait demandé Cendre.


- J’avais tellement soif que j’ai presque sauté sur lui... Ma soif était plus forte que tout. Je te promets que je n’arrivais plus à la contrôler... Je ne voulais pas ça... 


- Et puis, tout à coup, il est tombé par terre. Il m’a glissé entre les bras... Je crois qu’il est mort. 


Pour avoir perdu le contrôle elle-même le jour elle avait transformé involontairement Dina en vampire, Cendre ne tint pas rigueur de cet incident à sa fille.
- Je vais aller vérifier cela. La Faucheuse s’est-elle pointée ?
- Non... je ne l’ai pas vue... 


Lorsqu’elle entra dans la cellule, Cendre sut tout de suite qu’Isaure ne s’était pas trompée (et la Faucheuse était là). Samuel regarda sa sœur, envieux.
- Tu avais raison. Tu l’as tué. Qu’est-ce que j’aurais aimé être à ta place. Quel effet ça fait ?
- Ne me parle plus... Surtout, ne me parle plus... 


Samuel s’était écarté de sa sœur pour la laisser pleurer tandis que Cendre, effarée, voyait une partie de son garde-manger se vider... Il allait falloir repartir en chasse et elle avait bien d’autres choses en têtes pour le moment... ça ne pouvait pas tomber plus mal. 


Son fils avait l’air aux anges et sa fille complètement désemparée. Alors qu’elle était en train de se dire que ce constat était déplorable, la Faucheuse choisit ce moment pour lui adresser la parole, alors qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant.
- Vous êtes une mine d’or, Cendre Valrose. Je n’ai jamais eu autant de boulot que chez vous. 


Elle avait fait face à la créature qu’elle détestait encore plus que son ami Vlad.
- Tu vois, Faucheuse, si un jour j’en ai l’opportunité, je te supprimerai. Je ne sais pas encore comment, mais ça pourrait arriver.
- Vous avez le droit d’y croire, Cendre Valrose. Je sais bien que vous ne m’aimez pas mais je suis la Mort et on ne tue pas la Mort. 


- Je ne t’aime pas ? Le mot est faible, Faucheuse. Sors d’ici, à présent.
- Je reviendrai, vous le savez autant que moi.
- Oh oui... je ne le sais que trop. 


Lorsque la Faucheuse s’en alla, Cendre se retrouva seule dans la cellule de Duane Talla. Elle s’occuperait de son urne plus tard. Les enfants étaient partis et elle se dit qu’elle aimerait ne plus voir la voleuse d’âmes aussi souvent...
Mais en attendant, il fallait qu’elle retrouve Isaure. Isaure n’allait pas bien et c’était son devoir de mère de la rassurer. 


Sa fille n’était pas loin. Elle s’était réfugiée dans la cuisine, assise comme une âme en peine, en train de s’apitoyer.
- Ce n’est pas de ta faute. Cela aurait pu arriver à n’importe qui. 


- Ah non ! Ça, ça m’étonnerait. C’est pas un truc qui arriverait à Monsieur Parfait, ça ! Il fait tout tellement bien.
Cendre en déduisit que ce Monsieur Parfait devait être Samuel et elle n’était pas tout à fait d’accord avec les propos de sa fille, mais elle la laissa s’exprimer car elle sentit qu’elle en avait besoin. 


Elle se demanda cependant si Isaure ne faisait pas une petit crise d’ado, façon vampire. Et elle criait plus qu’elle ne parlait, d’ailleurs.
- Il est meilleur vampire que moi ! Moi, je n’aime pas tuer les humains, je déteste ça ! Et je n’aime pas me battre et boire du plasma humain ! Mais pourquoi n’ai-je pas le droit de ne boire que du plasmafruit ?!
- Mais personne ne t’en empêche... 


Cendre était consternée, et un peu décontenancée.
- Mais si ! Samuel dit que ce n’est pas bien ! Que les vampires ne sont pas des frugivores ! Il me saoule toutes les nuits pour que je devienne une bonne vampire et que je sois ton héritière ! Mais je m’en fiche royalement de tout ça ! 


Cendre avait envie de soulager sa fille chez qui elle ressentait un malaise profond.
- Et est-ce que tu crois que c’est à ton frère de décider pour toi ? Crois-tu que tu serais vraiment une mauvaise vampire parce que tu te nourris uniquement de plasmafruits et que tu n’aimes pas te battre ? Que crois-tu au fond de toi, Isaure ? Et que veux-tu ?
- Je ne veux plus boire sur les humains. Moi, ça me plairait bien d’être végétarienne. 


- Et bien, sois végétarienne et fais fi de ton frère. Mais veille cependant à manger régulièrement pour ne pas en arriver à avoir une soif incontrôlable. Les plasmafruits ne sont pas aussi nourrissants que le plasma humain.
- Ça ne te dérangerait pas ? 


- Mais non ! Et puis, cela évitera que tu détruises les réserves de mon garde-manger !
Cendre crut apercevoir une ébauche de sourire derrière la moue de sa fille. De toute évidence, elle avait réussi à la calmer et à la rassurer. 


- Il faut que tu t’affirmes par rapport à ton frère, Isaure. Tu te sentiras peut-être mieux ensuite.
- Merci, Mamounette. Te parler m’a fait du bien. Tu devrais parler, toi aussi, de temps en temps.


Après sa conversation avec Isaure, Cendre éprouva le besoin d’aller se détendre un peu. Sa fille n’avait pas tort... Elle aussi devrait parler... Mais comment raconter à ses propres enfants ce qui la minait au plus profond de son être ? Cette souffrance incommensurable et infinie... Comment ?
Elle avait à peine entamé quelques notes sur l’orgue que Samuel arriva dans la chapelle.
- Puis-je te déranger, Mère ? J’ai une question à te poser. 


- Bien sûr. Qu’y a-t-il ?
Comme à son habitude, Samuel ne s’embarrassa pas de préliminaires, ni de courtoisie.
- J’ai surpris, bien malgré moi, ta conversation avec ces trois vampires dans la salle de combat... J’aimerais savoir s’il est possible de connaître le nom de la personne que tu recherches. Je pourrais peut-être t’aider.
- Rien que ça... 


- Qui est-ce, Mère ? Et pourquoi est-ce important au point de retourner toute la Vallée sans que le Comte n’en sache rien ? 


Effectivement, Samuel n’avait rien raté de son entretien avec les vampires de sa milice...
- C’est un vieil ami, une personne chère à mon cœur... Le Comte n’approuverait pas et je ne peux donc pas lui faire part de mes recherches. 


- Je le croyais ton ami, pourtant. Vous poursuivez le même but, non ?
- C’était vrai, mais les choses ont changé. L’ami n’en est plus un et nous nous sommes trahis mutuellement.
- A cause de cette personne que tu recherches ? 


- Non, pas à cause de lui. Je t’interdis de dire cela, tu m’entends ?
- Lui ? C’est un homme ? Le Duc Lestat de Riverview ? Il s’agit de lui ? Isaure m’a dit que tu avais un portrait de lui dans ta crypte. 


Cendre resta un instant silencieuse, les yeux dans le vague. Ses enfants en savaient beaucoup trop, et elle songea qu’il était peut-être temps de leur dévoiler la vérité.
Elle prit une profonde inspiration puis se leva. 


- Oui, Samuel. Il s’agit bien du Duc de Riverview.
Samuel parut soudainement inquiet.
- Mère... Si le Comte apprend cela, tu seras en danger.
- Le Comte sait déjà tout. Et si tu veux aussi tout savoir, ce n’est pas moi qui suis en danger, mais lui.

 

Le premier fils de Cendre ne put s’empêcher de sourire.
- Là, j’avoue que je suis en admiration. Il n’y a aucune peur dans tes yeux. Tu es définitivement très forte si tu as réussi à inverser la vapeur dans ton intérêt. Mais ça, je l’ai toujours su. Alors, tu me racontes ?
- Ce n’est pas un jeu, Samuel... 

 

- Je pense réunir très vite un conseil de famille pour vous expliquer la situation mais, avant cela, j’ai quelques petites choses à régler. Tu tiendras bien une petite semaine, n’est-ce pas ?
- Ça risque d’être long, mais je survivrai, oui Mère. 


Isaure, qui avait planté des arbres à plasma au fond du jardin, avait très sérieusement entrepris de se mettre au jardinage après la discussion qu’elle avait eu avec sa mère. Elle passait ses soirées, et une partie de ses nuits, à les bichonner, au grand dam de Samuel qui finit tout de même par se faire à l’idée que sa sœur ne boirait plus de plasma humain. 


Cette semaine-là, Cendre avait été trouver ses plus fidèles amis pour leur parler de ses intentions au cas où Lucas ne serait pas retrouvé, des intentions masquées, qui avaient évolué, mais tant qu’elle n’était pas sûre, elle ne pouvait pas tout dévoiler.
Elle avait commencé par les Vatore dont elle ne doutait pas de la loyauté et dont elle était persuadée qu’ils rejoindraient ses rangs.
Elle avait été moyennement surprise de trouver chez eux le Vidame de Montsimpa car il semblait que, depuis quelques temps, Lilith et lui se voyaient souvent. Tant mieux, ce serait une visite de moins à faire. 


Elle s’était ensuite rendue chez Bella, sa vielle amie, même si elles ne se rencontraient plus qu’épisodiquement depuis les combats qui eurent lieu dans les catacombes. 


Elle avait longuement hésité avant d’aller chez Francis car elle n’ignorait pas que, même s’il avait toujours été son ami, celui-ci était avant tout le chef de la milice straudienne. Si elle se trompait sur son compte, elle perdrait gros. 


Elle invita chez elle Salim, le dernier vivant de l’ancienne génération de ses géniteurs, le seul de la milice de Straud à ne pas avoir été envoûté par Louise. Il devrait faire son choix en son âme et conscience. 


Puis elle était retournée voir Louise pour savoir si elle avait avancé dans sa quête de retrouver Lucas. Celle-ci était affligée, manquait cruellement de sommeil car elle travaillait jour et nuit à chercher une solution, mais elle avoua à Cendre qu’elle n’y était pas encore parvenue. 


Cendre attendit une bonne semaine supplémentaire avant d’avoir des nouvelles de Francis mais celui-ci lui affirma, par talkie-walkie interposé, qu’il la suivrait. Il lui dit avoir hâte de connaître ses raisons profondes.
Samuel était enchanté car cela faisait maintenant deux semaines que sa mère lui avait annoncé qu’elle lui expliquerait tout dans un conseil de famille, mais il attendait encore... 

 

Cendre convoqua, cette même-nuit, tous ceux qui avaient adhéré à sa première idée afin de leur exposer ce qu’elle comptait faire concrètement. Les enfants avaient été mis à l’écart de ce Conseil extraordinaire car elle était consciente que lorsqu’elle aurait dévoilé ses intentions véritables, la majorité du Conseil pourrait très bien se retourner contre elle.
Le conseil de famille se tiendrait donc plus tard. 

 

 

A suivre 🙂

 

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap31

★★ Guide

 

Chapitre 31 - Conseils


 

Cendre avait, ce jour-là, à ses côtés, tous ceux qu’elle désirait avoir. Elle les avait choisis, leur faisait confiance, et elle espérait que cette confiance-là ne serait pas trahie...

Révélation

En commençant par sa droite, il y avait Diego Lobo, descendant vampire, force de proposition et d’esprit d’initiative... Il s’était naturellement imposé auprès des descendants de Cendre comme leur chef et dirigeait les recherches dans la Vallée. 


Lilith Vatore, fidèle amie de Cendre, elle était, depuis le tout premier baiser de Lucas, dans la confidence de l’amour qui les liait l’un à l’autre et ne l’avait jamais trahie, bien qu’étant lieutenant de la milice straudienne. 


Salim Benali, descendant vampire mais aussi géniteur de sa fille Blanche, il était le seul des prisonniers de Cendre à avoir survécu aux combats qui frappèrent les catacombes cinq ans plus tôt. 


Jessie Vatore, qu’elle avait connue autrefois sous le nom de Jesminder Beedha, fidèle servante et descendant vampire. Elle avait demandé sa transformation afin de pouvoir épouser Caleb Vatore. Sa loyauté n’est plus à prouver. 


Francis Caron, ami de longue date, chef de la milice straudienne, mais aussi propriétaire de sa propre galerie d’art... C’est lui qui avait acheté les toiles de Cendre, à ses débuts dans la Vallée. Il avait répondu favorablement à sa convocation, mais elle ignorait encore si, à la fin du Conseil, il accepterait de la suivre. 


Timothée Renard, Vidame de Montsimpa, vieil ami de Lucas Lestat et amant de Lilith Vatore ; il s’est retrouvé coincé dans la Vallée le jour où les portes se sont refermées, voilà deux-cent-quatorze ans. Ils avaient, Lucas et lui, répondu à une invitation de leur ami Vladislaus et n’avaient jamais pu retourner dans leurs contrées. 


Bella Swan, mère célibataire, amie de Cendre, elle a été mise dans la confidence de sa relation avec Lucas le jour où il est sorti d’hibernation. Cendre n’a aucun doute sur sa loyauté, d’autant plus qu’elles partagent un bien plus lourd secret. 


Caleb Vatore, frère de Lilith, époux chanceux de Jessie et ami de Cendre ; il la suivra jusqu’au bout quoiqu’il arrive car Caleb, bien qu’il s’en défende, vénère Cendre et déteste le Comte Vladislaus Straud. 


Louise Chevalier, servante du Duc Lestat, sorcière par hérédité, elle est aussi la seule humaine présente autour de la table. Son dévouement sans faille à son Maître, mais aussi à Cendre, ainsi que sa magie, font d’elle une alliée de poids. 


J. Huntington III, appelé aussi Jamie Huntington, descendant vampire encore néophyte, il a été choisi par Diego Lobo pour l’accompagner à cette réunion de la plus haute importance et représenter, avec lui, la milice de Cendre. La loyauté de Jamie à l’égard de Cendre est incontestable grâce aux pouvoirs magiques de Louise. 


Cendre avait ouvert le Conseil en expliquant sans ménagement à ses invités le différend qui l’opposait au Comte.
Elle les informa sur le sort qui avait été réservé au Duc de Riverview et sur les recherches qu’elle avait mis en place avec l’aide de Diego et de Louise. 


Les réactions furent diverses. Le Vidame sembla sous le choc de la nouvelle et ne réagit pas tout de suite. Bella était horrifiée et ne manqua pas de le monter à tous, tandis que Caleb, très calme, n’était même pas étonné que le Comte puisse ainsi agir avec ses vieux amis.
Si chacun s’était exprimé, seul Francis ne pipa mot... 


Cendre leur fit part ensuite de sa volonté de mettre fin aux agissements du Comte, et c’est sur ce point qu’elle avait besoin d’eux. Ils seraient chargés de rallier la communauté vampire afin qu’elle soit acceptée comme leur nouvelle souveraine. 


- Un coup d’état, Vous n'y allez pas de main morte ? avait dit Timothée.
- Oui, et j’en assumerai pleinement les conséquences pour le cas où l’un d’entre vous ne serait pas déterminé à me suivre.
- Moi, je suis partant ! s’était ravi Caleb. 


De l’autre côté de la table, Cendre avait également eu l’aval de Salim, Diego (qui parlait au nom de tous ses descendants) et Jessie (qui, de toute façon, suivrait Cendre et Caleb au bout du monde).
Lilith hésitait encore.
- Et qu’en est-il de ton mariage avec Vlad ? Es-tu consciente que si tu l’épouses pas, les portes de la Vallée seront fermées à jamais ? 

 

- J’en suis très consciente mais je ne l’épouserais pas. Je conçois que ce soit difficile à entendre mais c’est ainsi et je ne reviendrai pas dessus.
- Comment espères-tu alors que la communauté te suive ? Ils te considèrent comme leur sauveur. Si tu déroges à tes obligations, il ne faudra pas leur demander l’impossible. 


Francis, qui s’était tu jusqu’alors, prit tout de même la parole :
- Si tu n’épouses pas le Comte, j’imagine que tu as d’autres projets pour lui. Pourrais-tu nous en faire part ? 


Cendre l’avait alors regardé droit dans les yeux. Sa question avait été franche. Sa réponse le serait aussi.
- Je vais le tuer. C’est le seul projet que je lui réserve. 


Mais la réaction de Francis n’avait pas été celle attendue...
- Je ne te suivrai pas. C’est de la pure folie. Tu vas priver les habitants de la Vallée de tous leurs espoirs de voir un jour les portes se rouvrir. Tout ça pour une histoire de sentiments ? Moi aussi, j’aimerais le voir mort. Je le sers bien que je sache qu’il nous soit néfaste. En d’autres temps, en d’autres lieux, j’aurais été ton plus fidèle soldat. Mais là, je ne peux pas. Ton peuple a besoin de vous DEUX, vivants.
- Je comprends. 


Le Vidame, qui n’avait lui non plus, pas encore avancé de décision, se rangea du côté de Francis.
- Monsieur Caron a raison. Je suis certainement l’un des plus touchés ici, avec vous, par ce qui est arrivé au Duc qui est un ami de toujours... mais vous allez anéantir les habitants de cette Vallée à cause de votre colère si vous tuez le Comte Straud. 


- C’est un Grand Maître. Si vous le tuez, vous ne pourrez pas rouvrir les portes. Et il n’y a pas d’autres Grand Maître à Forgotten Hollow pour vous suivre jusqu’au pouvoir. Laissez tomber, je vous en prie.
Elle perdait Timothée mais aussi Francis et Lilith... Cependant, son envie de tuer Vladislaus était la plus forte.
- Je ne peux pas. Tout ce que je peux vous promettre est de tout faire pour trouver une solution. 

 

Francis comprit mais il rappela l’évidence à Cendre :
- Ce n’est pas suffisant. Cela risque de prendre encore plusieurs dizaines d’années...
Sans Francis, Lilith et Timothée à ses côtés, Cendre se rendait bien compte que ses chances de rallier la population étaient réduites à néant.
C’est à ce moment-là que Louise demanda la permission de parler, permission que Cendre lui accorda tout de suite. 


- J’aimerais poser une question à Monsieur le Vidame. Vous avez dit qu’il n’y avait pas d’autres Grands Maîtres dans la Vallée mais ce n’est pas tout à fait exact... Mon Maître... il est Grand Maître depuis très longtemps... Alors, si on le retrouve, il y aura un autre Grand Maître à Forgotten Hollow, non ? Est-ce important, selon vous ? 


Toute l’assemblée fut soudain suspendue aux lèvres de la jeune humaine. Personne ne s’était attendu à une telle révélation. Cendre avala la nouvelle.
Elle avait été loin d’imaginer que son Unique était un Grand Maître. Jamais ils n’en avaient parlé, après tout. 


- C’est très important, Mademoiselle Chevalier, avait repris le Vidame. Et ce que vous venez de nous apprendre risque de changer complètement la donne. Pour ma part, en tous cas. 


Francis sembla enchanté par cette nouvelle.
- Pour moi aussi. Si le Duc est un Grand Maître, les portes de la Vallée vont pouvoir se rouvrir. 


Cendre mit quelques minutes à assimiler ce qui venait de se passer.
- Qu’êtes-vous en train de dire ? Que le Duc pourrait être mon Grand Maître ? Que je n’ai pas besoin du Comte ?
- C’est ce que nous disons, en effet.
Exceptés Francis et Timothée, tous paraissaient ignorer ce petit « point de détail ». 


Francis reprit :
- Le destin de la Vallée a toujours été lié à son couple de Grands Maîtres. Il était évident pour tout le monde que le Comte serait celui qui t’accompagnerait car il règne sur la Vallée depuis des siècles, mais en réalité, ton Grand Maître peut très bien en être un autre. 


Elle se rappela alors les dernières paroles de Blaise Williams : « Le Comte n’est pas important ». C’est cela qu’il avait voulu dire et, pour Cendre, ce fut la meilleure nouvelle de la nuit. Elle sentit un regain d’énergie. Tout n’était donc pas perdu.
- Tout le monde me suit alors ?
- Avec plaisir ! Nous avons maintenant matière à argumenter auprès du peuple lorsque tu auras vaincu le Comte. Cela me va. 


Tous se rallièrent à la future Grande Maîtresse, y compris Lilith qui était enchantée de ce revirement inattendu de situation :
- Si j’avais su cela, j’aurais tué le Comte de mes propres mains, il y a bien longtemps. 


Cendre se tourna alors vers la jeune sorcière :
- Merci à toi, Louise. Sans ton intervention auprès du Vidame, nous n’aurions jamais pu nous mettre d’accord. 


- Je suis confuse de tant d’éloges mais honorée d’avoir pu vous aider. Mais si j’avais su que cela était si important, je vous en aurais entretenu avant. Les éléments me manquaient, j'en suis navrée. 


Après la réunion du Conseil, Cendre et Jessie se retrouvèrent seules. Cendre avait prévu de tenir son conseil de famille à la suite de celui-ci et Jessie s’était proposée pour garder Alaric tant elle était heureuse pour sa maîtresse.
- Si on m’avait dit un jour que le Duc Lestat était votre Unique, je ne l’aurais probablement pas cru. Vous avez bien caché votre jeu !
- Tu devrais demander à ton mari de t’en parler... 


- Oh le coquin ! Il était au courant ? Il ne m’en a rien dit ! Il va m’entendre, ce chenapan ! 


Puis elle reprit son sérieux :
- Vous rappelez-vous ce jour où je vous ai dit que vous méritiez mieux qu’un mariage avec le Comte ? Nous étions assises sur mon lit et vous veniez de me transformer. Je me refusais à croire que vous puissiez passer votre éternité auprès de lui, et je m’y refuse encore. 


- Oh oui, je m’en souviens parfaitement. Lucas était déjà mon Unique, à cette époque-là, et je ne pouvais pas te le dire... mais notre amour a toujours été contrarié... C’est la deuxième fois que je le perds... La première a duré une vingtaine d’années. Je l’ai connu le jour de ma transformation... 


Jessie avait lu une tristesse indéfinissable dans le regard de sa maîtresse et cela l’avait touchée au plus profond de son être.
- Vous allez le retrouver, je le sais. Rien ne vous résiste bien longtemps.
- Merci Jessie. Et si nous allions voir les enfants, maintenant ? 


Lorsqu’elles étaient arrivées dans le salon, Clotaire et Blanche étaient en pleine discussion sur une histoire de dinosaure qui sauvait une princesse tandis que Samuel et Isaure jouaient aux échecs et qu’Alaric s’amusait sur une vieille tablette sans connexion où il y avait des personnages très rigolos. 


Jessie avait pris Alaric dans les bras alors que Cendre annonçait aux plus grands qu’elle donnait, cette nuit, un conseil de famille.
Samuel et Isaure s’étaient regardés, ravis d’être sur le point d'en savoir plus sur ce qui se tramait dans la Vallée.
Blanche et Clotaire, eux, ne comprenaient pas trop mais ils savaient qu’ils veilleraient plus tard que d’habitude, et seraient au courant (de quoi ? peu importe) comme les grands. 

 

Ce conseil-là avait été bien plus difficile à tenir que le précédent car il avait fallu exposer aux enfants les mêmes faits, tout en essayant d’édulcorer la situation...
Mais aucun d’eux n’avait été dupe, et les plus jeunes se trouvaient, pour la première fois, confrontés à la réalité de leur vie de vampire. 


Les paroles de Samuel avaient été les plus dures mais allaient dans son sens :
- Tu auras la peau du Comte, Mère, je ne donne pas cher de ses vieux os face à toi. 


Isaure, elle, avait une autre vision de l’issue de cet affrontement.
- Et si c’était Maman qui périssait au combat ? Que deviendrions-nous ? 


- Maman ne périra pas. Elle est indestructible, j’en suis sûre.
La répartie de Blanche, désavouant son regard si triste, avait surpris tout le monde, et surtout Samuel. 


- Je suis bien de ton avis ! Mère est la plus forte. Elle a toujours vaincu ceux qui se mettaient en travers de sa route. Tu m’épates, gamine !
Isaure avait l’air enchanté de voir son frère s’adresser ainsi à leur jeune sœur. Blanche était très fière et Clotaire se posait beaucoup de questions...
- Mais c’est qui ce Lestat ?
Questions auxquelles il allait falloir répondre. 


- Mais c’est le Unique de Maman ! T’as rien compris ou quoi ? Et les cours de Jessie sur les Uniques ?
Samuel observa sa plus jeune sœur qui énonçait des réalités à Clotaire alors qu’Isaure se demandait comment tout cela allait finir et que Cendre ne pouvait pas lui garantir une fin heureuse.
- Mais alors, il pourrait être notre Papa !
- Eh oui ! Voilà, tu comprends, maintenant ! 


Isaure prit le relais de sa sœur :
- Ok, tu vas tuer le Comte mais quand envisages-tu de le faire ? Ce serait bien qu’on le sache, histoire de nous préparer.
- Cette nuit. Dès que notre conseil de famille aura pris fin. 


Leur mère ne s’embarrassait jamais d’enluminures. Elle avait dit « cette nuit », ce serait donc cette nuit. Elle avait embrassé ces cinq enfants puis s’en était allée, seule, jusqu’au manoir Straud. 


Il lui faisait face, imposant et effrayant à la fois avec ses deux énormes gargouilles qui vous accueillaient dès l’entrée, mais Cendre n’avait plus peur depuis longtemps et le manoir restait effrayant uniquement pour ceux qui se seraient aventurés à venir jusqu’à lui sans en connaître son maître. 


Cendre n’était pas effrayée. Elle avait franchi autrefois le manoir de Straud avec des tongs aux pieds (merci Lilith). Il ne lui faisait pas peur non plus car elle savait ses pouvoirs au moins aussi puissants que les siens, voire même plus encore...
Cette nuit, elle se libèrerait de lui. C’en était fini de sa suprématie abusive. Elle lui ferait payer le calvaire de Lucas, un calvaire sentimental qu’elle vivait elle-même depuis vingt-huit années... 


Elle avait pénétré en sa demeure, le pas léger mais, une fois dans les lieux, elle avait presque hurlé son nom.
Puis, elle s’était murmuré à elle-même : « Je t’attends, Vlad... mais cette nuit, tu ne m’échapperas pas. »
- Je suis au salon, avait-elle entendu pour toute réponse.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap32

★★ Guide

 

Chapitre 32 - La fin d'un règne


 

Cendre avait trouvé Vlad, assis seul dans son salon, comme à son habitude. Pauvre vieux vampire solitaire...
Elle savait que, cette nuit, aucune personne de la milice ne serait dans les parages car Francis lui avait promis de rappeler discrètement ses hommes.
Ce serait donc elle contre le Comte, seuls sans personne, et elle se battrait jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.

Révélation

Mais avant d’en arriver là, elle devait absolument savoir où était Lucas, et elle comptait sur le bon sens de Vladislaus pour le lui dire.
- Bonsoir, Monsieur le Comte. Je crois que nous avons une conversation à terminer...
- Je ne vous dirai rien de plus sur le Duc de Riverview, si c’est pour cela que vous êtes ici.


- Alors, c’est moi qui vais vous en parler. Vous avez enterré le Duc quelque part dans la Vallée, le Duc, votre ami, vous vous rappelez ? Dites-moi où il se trouve. 


- J’ai l’impression que votre visite n’est pas une simple visite de courtoisie, Madame Valrose... Votre ton est très déplaisant. 


Le Comte avait instantanément revêtu sa forme sombre.
- Je ne vous dirai rien, entendez-vous ! Il s’agit d’une affaire entre le Duc et moi. Elle ne vous concerne aucunement. 


- Oh mais si, elle me concerne ! Le Duc est mon Unique. N’imaginez pas une seconde que je vais le laisser moisir une nuit de plus sous terre. Je vous repose donc ma question : où est-il ? 


Le Comte était allé s’asseoir et avait prié Cendre de faire de même.
- Vous aussi m’avez trahi... J’avais mis ma confiance en vous et vous avez pris un amant alors que vous m’étiez promise... 


- Un amant ? Vous me sous-estimez, Monsieur le Comte. Je n’ai pas eu un amant mais plusieurs, et vous le savez très bien puisqu’ils ont servi à ma descendance.
- Il n’y a rien de comparable. Ces géniteurs ne sont que des humains sans grand intérêt, ni pour vous, ni pour moi. Vous voulez savoir ce qui est arrivé au Duc ? Je vais vous le dire... 


- Mon ami Lestat est venu une nuit me raconter combien il vous aimait. Il m’a fallu écouter ses palabres un moment et surtout supporter cette tristesse qu’il avait de m’avoir trahi. Oh, je savais qu’il vous aimait, j’ai pu le constater de mes yeux dans les catacombes. 


Mais qu’il vienne m’en parler avec autant de franchise a été une grossière erreur, car si j’avais un doute quant à la réciprocité de cette coquetterie, je n’eus ensuite que des certitudes. 


Sa visite était destinée à m’égarer quant à votre propre implication, et je le lui ai fait gentiment remarquer. 


Etant officiellement au courant de votre situation libertine, nous savions tous les deux que je ne pourrais décemment plus laisser l’outrage impuni. Le Duc en était pleinement conscient.
Il me laissa donc décider du châtiment que je jugerais acceptable pour réparer votre offense commune, mais sous condition tout de même que vous ne subiriez aucun courroux de ma part, condition que j’ai acceptée, bien sûr, dans ma toute bonté.
Je devais bien cela à un homme qui fut mon ami durant plusieurs siècles et qui n’éprouvait aucune peur, je dois bien le reconnaître. 


Je lui ai toutefois demandé quel degré d’amour il y avait entre vous et, lorsqu’il m’a révélé que vous étiez Uniques l’un pour l’autre, j’ai estimé que la sanction devrait être exceptionnelle. Il le savait... 


Les vampires savent tous que les Uniques ont ce don de pouvoir communiquer entre eux et je me refusais de laisser arriver une telle chose. Vous deviez vous concentrer sur votre destin. Et vous y êtes magnifiquement parvenue. 


Je pris donc la douloureuse décision d’enterrer mon ami et lui demandai de faire venir sa servante-sorcière afin qu’elle lui jette un sort l’empêchant de communiquer avec vous. 


- Le Duc a accepté son malheur avec une grande fierté et beaucoup de distinction. Je lui ai promis que l’affront serait lavé le jour où je le libèrerai.


- Et quand avez-vous donc prévu de le libérer ?
Le Comte parla plus fort :
- Quand, à votre avis ?! Lorsque nous serons mariés et que les portes de la Vallée seront ouvertes, bien sûr ! Avez-vous oublié votre destinée ? 


- Mais vous êtes complètement fou ! Si vous ne le libérez pas cette nuit, je ne vous épouserai pas, Vlad ! C’est tout ce que vous aurez obtenu ! Et votre Vallée restera fermée à jamais ! 


- Je vous ferai brûler en place publique, vous le savez très bien. 


- Sincèrement, vous croyez que je suis encore la jeune fille apeurée qui est arrivée dans votre manoir il y a vingt-huit ans ? Vous croyez que je n’ai rien appris ? Cessez de vous imaginer que je suis candide, vous m’insultez. Je ne brûlerai pas en place publique. Et si vous avez besoin de moi pour ouvrir les portes de la Vallée, moi, je n’ai pas besoin de vous. 


- Et vous feriez comment, jeune Dame ? Le destin de la Vallée est lié à son couple de Grands Maîtres.
- Lucas... Le Duc Lestat de Riverview... Lui aussi est un Grand Maître. 


- Je vous interdis de dire une chose pareille ! Cette Vallée est à moi ! A moi et à moi seul ! 


- Alors, dites-moi où il est, et je vous épouserai comme prévu.
Cendre n’en pensait pas un mot mais sa patience avait été péniblement mise à l’épreuve, et elle voulait amener Vlad à céder. 


- Pauvre enfant ! Mais vous n’avez donc pas compris que votre destin est avec moi ! Vous ne saurez jamais où est le Duc. Je préfèrerais mourir.
- Très bien ! Dans ce cas, je vous défie dans un combat à mort. 


Ils s’étaient alors levés tous les deux. Leurs regards s’affrontèrent, plein de haine, durant plusieurs minutes interminables. Aucun des deux ne cèderait.
- Alors, ça va finir comme ça ? lui avait dit le Comte.
- Il le faut. Ce sera vous ou moi. 


Ils savaient tous les deux que la nuit allait être très brève, ou très longue... mais l’un d’entre eux n’y survivrait pas.
- Un combat à la loyale, n’est-ce-pas, Monsieur le Comte ?
- Je ne l’envisageai pas autrement, Madame Valrose. 


Ils avaient pris place, l’un en face de l’autre, prêts à s’affronter. 


Le Comte avait bien essayé de faire entendre raison à sa jeune descendante, lui faisant remarquer qu’elle ne ferait pas le poids contre lui, mais Cendre clama qu’il avait tort de croire qu’elle ne serait pas à la hauteur. 


Pourtant, lorsque l’affrontement commença, Cendre eut beaucoup de mal à parer les coups de Vladislaus. Elle s’en sortait mais elle était loin d’avoir réellement le dessus sur lui. 


Il jouait avec elle comme avec une poupée.
- Allez, Madame Valrose ! Vous êtes capable de bien meilleur que cela, non ? Oubliez vos sentiments et battez-vous comme un vampire !

Elle réalisa alors que le Comte avait raison. Oui, elle le haïssait, oui elle lui en voulait, mais quelque part, elle avait encore le souvenir de ces instants qu’ils avaient passés ensemble autrefois, des souvenirs qui l’empêchaient d’utiliser complètement sa force brute contre son vieil ami. 


Elle se rappela alors pourquoi elle était là, pour Lucas, parce que le Comte l’avait enterré sans pitié, aucune, l’abandonnant à son sort depuis cinq ans déjà. Il n’avait eu aucune commisération pour son ami, lui. Il l’avait juste jeté aux oubliettes et elle le haïssait tellement pour cela !
Le duel prit alors une autre tournure... 


Elle se jeta sur le Comte, sans état d’âme cette fois, bien décidée à en finir rapidement avec lui. Il n’était pas question qu’il s’en sorte et elle devait rester en vie pour sortir Lucas de son tombeau de terre. 


Et elle vainquit le Comte. Sa victoire n’eut rien d’héroïque ni de prestigieux. Elle avait un goût amer et douloureux, le goût de la trahison. En tuant Vlad, elle prenait sa place et devenait, de par la loi des vampires, Grande Maîtresse Vampire. 

 

- Vous êtes un idiot. Vous auriez dû me dire où se trouvait Lucas... Vous saviez comment tout cela allait finir.
Il le savait. Il l’avait provoquée car il voulait en finir dignement et ne pas avoir à subir une opprobre publique lorsque son peuple découvrirait que sa promise l’avait abandonné. 


Elle le serra un instant contre elle. Elle avait vaincu, certes, mais tout cela avait commencé par leur trahison à Lucas et à elle, une trahison qu’il leur avait été impossible d’éviter mais qu’elle ne regrettait pas. Seul l’effet papillon était bien regrettable... 


Cendre entreprit de reposer le corps du Comte délicatement sur le sol. La Faucheuse n’allait pas tarder et elle ne souhaitait pas la croiser. Elle reviendrait chercher son urne plus tard. 


Caleb, Lilith, Francis et Diego l’attendait à la sortie du manoir. Ils avaient senti, comme tous les vampires de la Vallée, qu’un Grand Maître s’était éteint et avait laissé sa place à un autre. Un autre règne allait commencer.
Cendre demanda à Caleb d’aller chercher l’urne du Comte et de la ramener à la chapelle. Elle statua que les trois autres iraient dans les catacombes pour informer la population que Cendre Valrose était à présent souveraine de la Vallée. 


Lorsqu’elle eut prévenu les enfants, elle s’occupa, avec Caleb de donner une sépulture décente à celui qui avait été autrefois son ami. Ils l’enterrèrent dignement dans le jardin de la chapelle puis Cendre s’isola dans sa crypte, laissant son ami et sa femme préparer les enfants à ce que serait la cérémonie du lendemain. 


Le décorum des Grands Maîtres eut lieu la nuit suivante. Cendre fut reconnue par ses pairs, Grande Maîtresse Vampire et fut couronnée souveraine de la Vallée. Un représentant de chaque famille de Forgotten Hollow avait été invité et tous avaient répondu présents. 


Elle était entourée de ses enfants et elle avait elle-même présenté, à son peuple, ses héritiers qui furent acclamés vivement et chaleureusement. 


Les enfants n’étaient pas peu fiers. Samuel et Isaure portaient la couronne des héritiers, et Blanche et Clotaire, bien qu’étant encore trop jeunes pour avoir cet honneur, se rendaient bien compte qu’ils étaient les petits « rois » de la cérémonie. 


Lorsque le cérémonial fut achevé, Cendre pria ses invités de s’asseoir.
- J’imagine que vous avez beaucoup de questions, je me ferai donc un devoir d’y répondre. Vous vous exprimerez chacun à votre tour, selon les directives qui vous ont été transmises à votre arrivée par Monsieur Caron. Je ne tolèrerai aucun chahut. 


Il y eut un murmure dans l’assemblée. Jamais la communauté de la Vallée n’avait été invitée à s’exprimer devant un Grand Maître, et encore moins devant le Comte Vladislaus Straud. La sollicitation de la Grande Maîtresse était donc une bonne surprise, mais une surprise de taille. 


Tous s’assirent, comme elle le leur avait demandé, mais personne n’osa formuler de question... Pourtant, tous s’inquiétaient pour le devenir de la Vallée maintenant que le Comte n’était plus. Mais qui serait assez fou pour se hasarder à demander des explications à la Grande Maîtresse ? 


Cendre comprit immédiatement ce qui se passait et elle s’employa à rassurer son peuple :
- Il n’y aura pas de bonnes et de mauvaises questions, et aucun châtiment à la suite de celles-ci. J’attends de vous de la franchise et je vous répondrai de même. J’attends la première question. 


C’était ce qu’elle voulait : dire la vérité à son peuple sur la mort de Vlad, sur l’enterrement de Lucas. Elle souhait qu’il comprenne les raisons de son acte mais aussi qu’ils sachent qu’elle ne les abandonnerait pas. 


La première question fut la plus difficile car, c’est de celle-ci que découlèrent toutes les suivantes. Les échanges avec son peuple séduisirent Cendre par leurs sincérités et leurs naturels et elle répondit sans faillir aux foules d’interrogations que chacun se posait, les rassurant chaque fois, mais ne leur cachant pas pour autant que l’ouverture des portes de la Vallée serait retardée, le temps de trouver le Duc Lestat de Riverview. 


A l’issue du décorum des Grands Maîtres, Louise, qui s’était occupée d’Alaric puisque Jessie faisait partie des invités, vint chercher Blanche et Clotaire. Il était temps pour eux de dormir un peu. 


Cendre désirait rester seule avec ses aînés. Elle les convia à partager un verre de plasmamary afin de faire le bilan de la cérémonie.
- Ça s’est plutôt bien passé, tu ne trouves pas ? Ils t’adorent, Mère ! Je les ai observés un par un ! Ils t’adorent, tous autant qu’ils sont ! lui dit Samuel avec un enthousiasme non dissimulé. 


- N’est-ce pas Isaure ? Tu l’as vu comme moi, tu me l’as dit.
- C’est vrai, mais je les ai aussi senti déçus parce leur espoir de voir les portes de la Vallée se rouvrir a fondu comme vampire au soleil.
Cendre avait ressenti la même chose, bien qu’étant certaine que son peuple croyait en elle. 


- Ne te tourmente pas ainsi, lui avait-elle dit. Le bilan du Décorum est quand même positif et nous trouverons une solution pour ramener Lucas. As-tu entendu tous ceux qui se sont proposés pour se joindre aux recherches ? 


- Bien sûr, mais le retrouveront-ils ? Les recherches n’ont rien donné jusqu’à présent. Le Duc est introuvable. Tu es en train de les nourrir de faux espoirs, Maman.
- L’espoir fait vivre, Isaure..., rétorqua Samuel en regardant Cendre. Tant qu’on leur en donne, Mère sera toujours la plus forte. Elle vient encore de le démontrer en tuant ce vieux Comte.


- Je ne dirai pas cela comme ça mais ton frère n’a pas tort. L’espoir est un moteur, il fait avancer, et, tant que mon peuple sait que je garde cet espoir, il le gardera aussi. Et de l’espoir, j’en ai à revendre ! 


- Peut-être, reprit Isaure. Ils sont ravis parce qu’ils recherchent un autre Grand Maître qui leur tombe du ciel, mais tu as omis de leur dire que le Duc de Riverview était ton Unique. Pourtant, cela leur aurait permis de comprendre à quel point tu es investie dans ces recherches... 


- Je ne leur ai rien dit car ceci est une affaire personnelle. Il serait inconvenable que le peuple soit informé de mes histoires sentimentales ! Nous ne sommes pas dans « Gala », jeune fille !
- Dans quoi ? 


- Rien... Oublie ce que je viens de dire... Un truc d’humain... Tu peux comprendre que je n’ai pas envie de voir ma vie privée s’étaler dans toute la communauté vampire, non ? 


- Oui, Maman, je comprends. Tu sais, ils sont tous derrière toi. Tu as été grandiose lorsque tu leur as donné la parole. Ils ne s’y attendaient pas ! C’était très bien joué.
- Je confirme, approuva Samuel en avalant une gorgée de plasmamary.
- On retrouvera Lucas, les enfants, j’en suis sûre. Et les portes de la Vallée s’ouvriront sur le monde. 


- Et si on ne le retrouvait jamais ? Que se passerait-il ? 

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap33

[ modifié ]
★★ Guide

 

Chapitre 33 - Différents


 

On ne retrouva jamais Lucas Lestat. Trois ans s’étaient écoulés et les recherches infructueuses avaient eu raison de la volonté et de l’enthousiasme des vampires de la vallée.
Seul un petit groupe de convaincus, dirigé par Diego, sous l’autorité de Samuel, continuait de fouiller chaque recoin.

Révélation

Alaric fêta son anniversaire en juin 2049. 


Neuf mois plus tard, ce fut au tour de Blanche de fêter le sien. 


Tous les deux avaient bien grandi. 

 

Cette année-là, Cendre avait conduit sa fille, nouvellement adolescente, jusqu’à la « crypte des enfants » où elle put enfin choisir le cercueil qu’elle désirait.
- Ici... Ce sera mon petit coin à moi, tout près d’Isaure. 


Ce petit coin l’avait attendu depuis son enfance et, ce jour-là, elle savait qu’elle dormirait d’un sommeil bienfaiteur auprès de sa sœur et de son frère. 


- Tu crois que je pourrais bientôt méditer, tout comme toi ?
- Bien sûr, je t’apprendrai, mais n’oublie pas que tu dois rester néophyte jusqu’aux combats de la cérémonie de la descendance. 


- Je ne survivrai pas à ces combats, je le sens. Samuel se fera un plaisir de me tuer.
- Ne dis pas cela... Samuel est néophyte, tout comme toi. Et il ne souhaite pas ta mort. 


Cendre ne s’était pas inquiétée plus que cela de ce qu’elle considérait être une jalousie fraternelle mais les propos de Blanche l’avaient tout de même ébranlée. 


Un an plus tard, au mois de mai, la petite Mélusine dévoila ses canines à sa mère ainsi qu’à ses frère et sœur, de bien jolies canines de vampire.
Blanche n’avait pas souhaité participer à cet anniversaire dont Isaure lui avait conté la triste fin du dernier, et elle était restée avec Jessie pour s’occuper de ses petits frères. 

Mélusine avait hérité de la couleur des yeux de sa mère et avait des cheveux noirs de geai. Avec elle, la descendance de Cendre était maintenant au complet. 


Samuel et Isaure étaient réjouis de savoir que la petite fille rejoignait la famille. Pas de départ inopportun cette fois !
Don qui, lui séjournait dans cette cellule depuis de trop nombreuses années, arborait un sourire fatigué et espérait une délivrance. 


Les jumeaux furent chargés de présenter la petite dernière au reste de la fratrie.
Ils étaient soulagés de ne pas avoir eu à revivre le même anniversaire que celui de Geoffroy mais ils étaient conscients que maintenant, la fratrie était au complet.
- On y est, n’est-ce-pas, Samuel ?
- Dans quinze ans, oui... mais c’est tout proche. 


Cendre avait tenu à rester seule avec Don. Il la regarda approcher avec espérance. Il savait ce qu’il voulait : qu’elle en finisse, et vite ! 


- Je ne veux pas te tuer, lui avait-elle dit. Nous avons partagé tant de choses que je ne l’envisage pas une seconde. Je vais te rendre ta liberté, mais elle a un prix. 


- Tout a un prix avec toi. Quel est celui-ci ?
- Je vais te transformer. Tu ne te rappelleras pas de moi, ni de tes enfants... 


Don Lothario croupissait ici depuis trop longtemps. Il était fatigué, et l’engouement qu’il avait à son arrivée dans la chapelle, ainsi que le charme irrésistible qu’il avait trouvé à Cendre, avaient bien disparu.
- Alors, qu’attendons-nous ? Je souhaite en finir... et si je n’ai aucun souvenir, ce n’est que mieux. 


Cendre avait transformé Don, son compagnon de huit ans, avec la boule au ventre car il ne se souviendrait pas d’elle mais elle, elle l’oublierait lui aussi, comme tous les autres.
Seul Lucas comptait et elle ne désespérait pas d’un jour le retrouver. Elle composa ce soir-là une ode à son Unique. 


Malgré tout, la vie continuait dans la chapelle. Cendre avait enfin réussi à connaître toutes les ficelles de la mixologie et Jessie n’était pas peu fière de tout ce qu’elle lui avait appris. 


- Vous voilà aussi douée que moi, Maîtresse ! Je dirais même que vous m’avez surpassée ! 


Jessie se faisait aussi un devoir chaque jour d’enseigner aux enfants les coutumes de vampires ainsi que les matières essentielles à leur culture générale. 


Et comme dans toutes les écoles, les cinq jeunes vampires n’échappaient pas à des contrôles « surprise » destinés à vérifier leurs connaissances. 


Clotaire était celui qui s’en sortait le mieux. C’était le petit génie de la famille. Le petit garçon était très intelligent et il pouvait passer des heures à consulter des encyclopédies scientifiques et à jouer aux échecs. 


Cela ne dérangeait pas Alaric que son frère préfère jouer à des jeux de grands car lui, il préférait être seul. Il aimait bien s’isoler au jardin, toujours non loin du jardin des enfants. 


Il s’asseyait souvent sur l’échelle horizontale et regardait ces jolies fleurs qui ornaient les cinq petites tombes mais, il ne savait pas pourquoi, il ne se sentait réellement bien que tout près d’elles et il connaissait les prénoms gravés par cœur. 


Toutes ses craintes et ses sensations de malaise semblaient s’envoler lorsqu’il était ici.
Il n’était peut-être pas un petit génie mais il avait très bien écouté les cours sur la tradition de la descendance et il savait que d’autres frères et sœurs dormaient ici. Ce sont eux qui lui manquaient, il en était sûr, le petit Alaric. 


Isaure, elle, passait par une phase compliquée pour Samuel car elle ne supportait plus sa présence ni ses conseils bien intentionnés, et elle le lui faisait bien comprendre.
- Sors de ma chambre, s’il te plait ! Je veux être seule. 


Samuel ne disait rien et repartait chaque fois, impuissant devant les réactions si excessives de sa sœur, se demandant ce qu’il avait bien pu faire pour mériter un tel rejet. 


Il se sentait abandonné par sa sœur et passait donc la plupart de ses nuits dans la forêt à chasser et à diriger, aux côtés de Diego Lobo, les recherches du petit groupe de volontaires qui avait encore espoir de retrouver le Duc de Riverview. Joindre l’utile à l’agréable... 


Isaure et Blanche partageaient de plus en plus de bons moments ensemble, et Blanche, bien qu’adolescente, aimait toujours grimper sur le dos de sa sœur comme elle le faisait lors de ses années bambinette ! 


Les deux jeunes filles ne se quittaient presque plus et Samuel semblait avoir compris qu’il ne servait à rien de vouloir les séparer, d’autant plus qu’il avait perdu Isaure à cause de cela , et qu’il appréciait Blanche de plus en plus. 


Ils étaient plusieurs fois partis chasser ensemble, et Samuel avait constaté que sa sœur aimait chasser tout autant que lui. 


Blanche aimait être un vampire, elle aimait dormir dans un cercueil, chasser et boire du plasma humain. En cela, elle ressemblait beaucoup à Samuel. Mais elle avait aussi de l’empathie, tout comme Isaure et elle n’aurait pas envisagé de tuer un humain pour rien. 


Mélusine, la petite dernière, était la reine des bêtises. Elle adorait jouer avec l’eau des toilettes et avait un jour entrepris de faire le tour de tous les sanitaires de la crypte. Heureusement, Clotaire était arrivé à temps pour épargner sa propre salle de bain. 


Mélusine piquait régulièrement les pots de peinture de Cendre et de Blanche, les deux artistes de la chapelle, pour les vider un peu partout. Cela l’amusait beaucoup. 


Ses sœurs aînées avaient beau la réprimander et tout nettoyer derrière elle, il n’y avait pas un jour où elle ne recommençait pas.
- Je crois qu’il va encore falloir que je trouve une autre cachette pour mes tubes, avait soupiré Blanche. 


Cette nuit-là, Diego était venu à la chapelle pour prévenir Samuel qu’ils avaient fait une découverte encourageante. 


Louise était venu le trouver un peu plus tôt pour l’informer qu’elle avait retrouvé son Maître. Elle avait essayé un nouveau sort de localisation avec l’aide d’un pendule. 


Le pendule les avait menés tout droit à un endroit de la forêt qu’ils avaient déjà fouillé mais dont ils n’avaient pas encore rebouché la cavité. Le trou était déjà très profond. 


- Vous pensez qu’il faut creuser encore plus profond que ça ?
- J’en suis persuadée. Il est là.
- C’est Monsieur Valrose qui va être content. Je vais l’avertir tout de suite. 


Samuel suivit immédiatement Diego sur les lieux, sans même aller voir Cendre. Il souhaitait d’abord s’assurer que le Duc était bien enterré là avant de lui causer une faux espoir.
Salim Benali et Don Lothario étaient déjà sur place, attendant les ordres de leur jeune Maître.
- Allez-y, ne perdons pas une seconde. 


Les deux hommes avaient tout d’abord enlevé les planches de fortune qui avaient servi à reboucher provisoirement la cavité puis étaient descendus pour creuser. 


La surprise et le choc furent grands lorsque Salim remonta à la surface le corps de ce qu’il affirmait être le Duc de Riverview.
- Comment peux-tu être certain qu’il s’agit bien de lui ?
- Il portait encore ses vêtements. Ils ont glissé lorsqu’on l’a soulevé. Don est en train de les récupérer.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? avait demandé Diego
- Je l’emmène à la chapelle. 


Samuel s’était alors penché sur les os du Duc et l’avait pris dans ses bras. Il avait promis à sa mère de lui ramener Lestat dès qu’il le retrouverait et il tiendrait sa promesse. 

 

Lorsque Samuel avait fait irruption dans la chapelle, Cendre avait tout de suite su qu’il revenait avec Lucas. Il était méconnaissable et elle ne parvenait pas à l’ « entendre » mais ce ne pouvait être que lui. 


Cela faisait plus d’un an que son fils aîné remuait toute la vallée pour le retrouver, sans jamais faiblir, et il l’avait retrouvé. Elle s’était doutée que son Unique ne serait pas beau à voir une fois sorti de terre, mais elle ne s’était pas attendu à cela... 


Cendre conduisit Samuel jusqu’à sa chambre, pour qu’il y allonge Lucas. 


Ils s’apprêtaient à quitter la pièce lorsque Cendre s’effondra. Samuel essaya de la réconforter comme il pouvait mais, face à la détresse de sa mère, il n’avait pas les mots...
Il se contenta de se blottir contre elle afin qu’elle sache qu’il partageait son lourd fardeau.
- Vas chercher Francis, s’il te plait, formula-t-elle, et dis-lui d’être ici dans deux heures. 


Cendre avait mis ce temps à profit pour nettoyer un par un les os de son Unique qui avaient été noircis par le temps et la terre. 


Elle réussit même à sourire :
- Tu es bien plus beau ainsi, tu sais. 

 

 

A suivre 🙂

 

 

 

BONUS

 

Révélation

Etant donné que Cendre a maintenant une descendance au complet, je vous présente tous les petits bambins qu’elle a mis au monde, dans l’ordre de leur naissance :

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap34

★★ Guide

 

Chapitre 34 - Un parfum d'apaisement


 

Francis Caron était un vampire ancien et Cendre l’avait fait mander car elle l’imaginait capable de savoir que faire, face à la forme squelettique de Lucas.

Révélation

Francis alla voir de ses yeux l’état du Duc puis il s’installa au jardin avec Cendre. Il lui exposa aussitôt, et sans ambages, que ce qu’il avait vu n’était pas bon signe mais que le Duc n’était pas mort.
- Et que pouvons-nous faire pour qu’il aille mieux ? Va-t-il rester ainsi ? 


- Nous avons déjà une chance inouïe qu’il ait survécu à ce traitement après tant d’années mais c’est un Grand Maître, alors cela n’a rien de surprenant. Les Grands Maîtres ont une force qui nous dépasse tous, sauf toi, Cendre puisque tu en es un.
- Venons-en aux faits, tu veux... 


- Le Duc est simplement déshydraté. Si tu ne veux pas qu’il succombe, il va falloir l’hydrater avec du plasma pour commencer... Et j’entends par là, du plasma humain. Oublie les cultures de ta fille. 


- Très bien, tout ce que tu veux. Mais comment vais-je le faire boire ? C’est un squelette, Francis ! 


- Ça va être dur mais il va falloir que tu enduises ses os de ce plasma à l’aurore et à l’aube, toutes les nuits. 


- J’ai de l’entraînement. Je viens juste de passer deux heures à nettoyer ses os. Il est mon Unique. Je le veux sauf, et tel qu’il était avant. 


- C’est parfait. C’est tout ce que veut la communauté, tout ce que nous souhaitons ; que le Grand Maître ressurgisse de ses ossements. L’espoir va renaître, Cendre ! Puis- annoncer cela à notre peuple ? 


- Bien sûr, fais-le ! Je m’adresserai à eux plus tard. Dis-leur que leur Grande Maîtresse va leur ramener un Grand Maître. Explique-leur. Moi, je dois m’occuper de Lucas. 


- C’est la meilleure chose que tu puisses faire pour les rassurer. Je vais leur dire que Lestat est ton Unique. Ils sauront ainsi que tu feras tout ce qu’il faut pour qu’il se remette. Tu n’y vois aucun inconvénient, je suppose. 


Lorsqu’elle entendit cela, Cendre ne contraria pas Francis. Bien sûr que c’était la meilleure chose à faire pour rallier le peuple... Isaure le lui avait déjà dit après son Decorum des Grands Maîtres. 


Francis lui expliqua alors comment procéder une fois que le Duc aurait retrouvé ses chairs. Cendre l’écouta attentivement. Il était vraiment l’homme de toutes les situations. 


Durant ce temps, les enfants conversaient dans la salle à manger. Ils avaient même emmené Mélusine pour éviter qu’elle n’arpente les couloirs de la crypte à faire des bêtises.
Samuel leur avait annoncé que l’Unique de leur mère avait été retrouvé, et dans quel état. 


- Je trouve ça vraiment triste, avait dit Blanche.
- Moi aussi. Et je n’imagine même pas notre pauvre Maman... lui répondit Isaure.
- Il y a forcément une solution, renchérit le jeune Alaric. Un Unique, c’est comme un jumeau, non ?
- Oui... tu as raison, petit frère, approuva Samuel d’une voix triste. 


Clotaire avait alors lancé, d’une voix claire et assurée, qu’il ne servait à rien de s’apitoyer et que la solution serait le plasma humain.
- Les vampires n’ont besoin que de lui. C’est une question de logique. Sans plasma humain, nous périclitons. 


- Je ne suis pas d’accord, avait répliqué Isaure. Le plasma végétal est tout aussi efficace, et j’en suis la preuve vivante. Il est un peu plus contraignant, certes, mais il peut très bien convenir. 


Samuel avait alors regardé sa sœur avec le même regard complice que dans leurs jeunes années :
- Tu as raison. Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises solutions, et nous avons tous nos convictions et nos façons d’agir. Je ne suis pas meilleur vampire que toi, Isaure. Nous sommes différents, c’est tout. 


- Tu reconnais donc que le plasmafruit est une bonne solution ? 


- Je n’ai pas dit cela. J’ai juste convenu qu’il fallait se respecter les uns les autres. Si tu préfères le plasmafruit, je ne t’en tiendrai pas rigueur. Je t’aime trop pour ça, mais reconnais, dans ce cas, que je puisse savourer du plasma humain. Et puis, honnêtement, je crois que ce sera le seul plasma efficace pour Lestat. 


Isaure n’eut pas le loisir de répondre car sa mère venait d’entrer dans la pièce pour constater que ses enfants étaient en pleine conversation autour du sujet « Lucas ». Tous se turent à son arrivée, y compris Mélusine. 


Cendre s’était d’abord adressée à ses trois aînés.
- La vie et la mort ne sont pas un jeu de statistiques ou de suppositions, et j’aimerais que vous vous en rappeliez à chaque instant. Nous sommes immortels, oui, mais pas toujours... Notre vie est fragile...
Elle regarda, à ce moment-là, son fils Samuel... 


- Notre vie éternelle est précieuse et je viens de m’en rendre compte. Elle est moins fragile que celle d’un humain, il est vrai, mais elle peut disparaître aussi. Il faut que vous en soyez conscients. 


Samuel avait baissé les yeux alors qu’Isaure et Blanche désiraient en savoir plus. 


Les plus jeunes, eux, faisaient mine de s’intéresser, mais il leur tardait à présent, de vaquer à leurs occupations favorites. 


Mais Maman avait remis les choses à leur place et il n'était pas question de filer :
- Le plasmafruit n’est pas une solution pour Lestat, Isaure, et ton frère l’a justement dit. Tu peux t’en contenter parce que tu es vivante mais il ne suffit pas en cas de « mort vampirique ». Lestat a besoin de sang, de plasma humain, le seul qui pourra le ramener à la vie... 


Cendre se tourna vers son fils :
- Tu as fait preuve d’empathie cette nuit... en me le ramenant... Tu peux en être fier. Sans toi, je n’aurais jamais retrouvé mon Unique. Tu as tenu ta promesse. Tu sais, en cela, tu ne diffères pas de ta jumelle. Vous êtes les mêmes... Essaye un peu de t’en apercevoir... 


Samuel reconnut cette nuit-là, en regardant sa fratrie, qu’ils étaient une grande famille, et il promit à chacun de ses frères et sœurs de faire au mieux pour les aimer tous à l’identique. Cendre s’étonna de ses propos mais elle était tellement heureuse, qu’elle jugea que c’était un bon début... 


Et Samuel fit des efforts considérables et surtout remarquables pour s’intéresser à la vie de ses frères et sœurs. Il joua régulièrement aux avec Clotaire... 


... écouta Blanche jouer du piano et réalisa qu’elle était vraiment très douée... 


Il tapa dans le ballon avec Alaric... 


... et donna même son bain à sa sœur Mélusine pour découvrir que c’était très amusant. 


Samuel reconnut apprécier tous ses moments partagés avec les plus jeunes, mais surtout, il avait retrouvé sa complicité avec Isaure. 


Ils étaient jumeaux, mais différents, et il avait compris avec le temps qu’il ne servait à rien de s’entêter à vouloir changer sa sœur, car il ne parviendrait qu’à l’éloigner de lui. 


Et il ne prendrait plus jamais le risque de la perdre à nouveau, et encore moins pour une histoire de plasmafruits... 


Cette nuit-là, Samuel et Isaure discutèrent beaucoup de l’arrivée du Duc de Riverview dans la crypte. Ils savaient qu’il serait un jour l’époux de leur mère et qu’alors, il partagerait leurs vies.
- Tu en penses quoi, Samuel ? 


- Le Duc est un Grand Maître, nous lui devons donc le respect. Et il est aussi l’Unique de Mère. Rien que pour cela, il est important de lui faire bon accueil.
- Je suis d’accord avec toi. 


- Et s’il rend Maman heureuse, il sera même le bienvenu. Elle a bien le droit à un peu de bonheur. Je pense qu’il faudrait le dire aux autres, pour s’assurer qu’on est bien tous sur la même longueur d’ondes. 


- C’est une très bonne idée mais, de ce qu’ai j’ai constaté, j’ai bien l’impression qu’ils sont déjà d’accord avec nous. Je vais parler aux garçons. Tu te charges de Blanche ?
- Ça marche ! Et si on rentrait maintenant ? Le jour commence à se lever et je n’ai pas envie de finir flambée. 


Ses aînés avaient rapporté à Cendre les conversations qu’ils avaient eues avec les plus jeunes, exceptée Mélusine qui n’était pas en âge de tout comprendre, et ils lui avaient assuré que toute sa famille était derrière elle pour la soutenir. 


Elle s’occupait matin et soir de Lucas, à enduire ses os de plasma humain, sans voir, pour le moment, le moindre signe de changement. Le soutien de sa famille lui était donc indispensable, et savoir que ses enfants faisaient bloc autour d’elle dans cette situation difficile, lui réchauffait le cœur.
- Tu vois, Lucas, je ne suis pas seule à t’attendre. Nous t’attendons tous. 


Les chairs de Lucas Lestat réapparurent petit à petit grâce aux bons soins de Cendre. Elle constata au bout de plusieurs mois qu’il était redevenu lui-même, bien que considérablement amaigri. Son visage avait repris « forme humaine » et elle avait même cru voir ses paupières bouger. 


Une nuit, elle le frôla à peine pour s’en assurer mais il eut un mouvement de défense et tenta de cacher son visage.
- Va-t’en ! Ne me regarde pas ! Va-t’en !
Sa réaction la surprit autant qu’elle la peina. 


Elle déposa un bai.ser sur son front et Lucas sembla se calmer.
- M’en aller ? N’y pense pas, lui dit-elle doucement. Je t’ai retrouvé, je te garde, mon amour. 


Il avait beaucoup de mal à s’exprimer et son regard vide de désespoir la poignardait jusque dans son âme.
- Je... je ne suis plus... pareil, s’étrangla-t-il
- Et tu crois sincèrement que c’est cela qui va m’arrêter ? Lucas ! Regarde-moi bien ! 


Cendre venait souvent s’allonger auprès de son Unique pour veiller sur ses sommeils agités. 


Il se réveillait régulièrement en hurlant, en proie à d’horribles cauchemars dont elle ne soupçonnait pas le contenu, et elle passait des heures à tenter de l’apaiser, parfois sans succès. 


D’autres fois, elle parvenait à croiser son regard et le sentait se détendre peu à peu au contact de sa main sur sa joue :
- Je suis là, mon amour, je suis près de toi.
Et il essayait de lui conter ce qu’il avait vécu :
- J’étais en Enfer... 


- C’est terminé... Tu es chez moi, maintenant... C’est fini, Lucas, je te le promets.
Puis il se rendormait. 


Cette année-là, Clotaire devint adolescent. 


Cendre se rendait compte que le temps ne leur laissait aucun répit et que le moment approchait, impitoyable, où ses enfants devraient combattre les uns contre les autres. 

Dans quatre mois, Samuel et Isaure seraient de jeunes adultes et il lui faudrait prendre une décision concernant les premiers combats... Une lourde décision...

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap35

★★ Guide

 

Chapitre 35 - En voie de guérison


 

Ce jour-là, alors que Cendre apportait à Lucas sa quatrième ration de plasma humain de la nuit, elle le trouva debout et chancelant au milieu de la chambre.
- Mais qu’est-ce que tu fais debout ? Tu devrais être couché...

Révélation

- Je n’en peux plus d’être inutile. Je veux partir. J’ai besoin de mes vêtements.
- Arrête de dire des bêtises. Tu tiens à peine debout. Viens t’asseoir. 


Il s’effondra contre Cendre. Lucas était encore très faible et elle pouvait sentir combien il était toujours maigre à travers le tissus de sa robe de chambre. Cela lui fendait le cœur. 


- Te rends-tu compte que je n’arrive même plus à prendre ma forme sombre ! Je ne suis plus un vampire, je ne suis plus rien ! s’étrangla-t-il dans un sanglot. 


Déjà bouleversée de voir Lucas amoindri et si peu sûr de lui, elle s’efforçait aussi de le maintenir debout comme elle pouvait car elle percevait que ses jambes ne supportaient plus le faible poids de son corps. 


- Allez, viens t’asseoir. Je t’ai apporté du plasma. Et cesse de dire que tu n’es plus un vampire. Tu n’as simplement pas assez de forces pour te transformer, mais elles vont revenir. 


Lucas se ressaisit et attrapa le verre de plasma qui attendait sur la table, puis il la regarda tristement :
- M’aimes-tu encore, Cendre ? Je n’entends même plus tes pensées...
- Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Moi non plus, je ne t’entends plus. Il nous faut te laisser le temps de guérir. Francis m’a assuré que cela reviendrait naturellement. 


- C’est aussi Francis qui m’interdit de boire directement sur un humain ?
- Oui. Tu as été privé de plasma durant plusieurs années. Il faut donc te réhydrater tout doucement. 


- Si Francis le dit, alors, écoutons-le.
- C’est le meilleur expert que nous ayons et lorsque je te regarde aujourd’hui, je pense que j’ai eu raison de lui faire confiance. 


En milieu de matinée, ce jour-là, Alaric vint réveiller Cendre qui s’était endormie une vingtaine de minutes à peine. Il désirait ardemment s’entretenir avec sa maman et cela ne pouvait pas attendre. 


Cendre, qui commençait à sombrer dans un sommeil vampirique profond, eut beaucoup de mal à émerger.
- Maman... C’est juste moi, Alaric. J’ai besoin de te parler. 


Cendre s’inquiéta immédiatement.
- Qu’y a-t-il, mon chéri ? ça ne va pas ?
- Si, mais je n’arrive plus à dormir la nuit et je suis très fatigué. 


Elle fit asseoir le petit garçon près d’elle car elle sentait qu’il y avait bien plus que cela.
- Il va peut-être falloir que tu te mettes à dormir la journée. Tu es un vampire et tu grandis. Il n’y a rien d’anormal à cela. 


- Super ! Alors, je peux louper les cours de Jessie aujourd’hui ?
- Et ils commencent quand les cours de Jessie ?
- Dans une heure. Mais moi, j’ai besoin de dormir beaucoup plus ! 


- Tu sais que je n’aime pas qu’on me mente, Alaric ? Je n’apprécierais pas du tout que tu uses de subterfuge pour rater l’école.
- Je te promets que je suis très fatigué, Maman. Ce n’est pas pour sécher le cours de Jessie. Je te donne ma parole. 


Cendre constata de visu que les cernes sous les yeux de son jeune fils ne dissimulaient aucun mensonge.
- C’est d’accord. J’expliquerai tout à l’heure à Jessie pourquoi tu n’étais pas à son cours. De toute façon, Jessie m’informe toujours lorsque l’un d’entre vous est absent. Tu peux aller dormir mais tu devras rattraper ton travail en *, c’est compris ?
- Oh oui, je te le promets ! Je peux dormir avec toi ? 


Cendre avait accepté et Alaric s’était assis au bord du cercueil, le regard pensif.
- J’ai l’impression que tu ne me dis pas tout. Quelque chose te contrarie-t-il ?
- Le cimetière des enfants... 


- Le jardin des enfants ?
- Oui... Il est plein de tombes et j’ai l’impression qu’ils me manquent... enfin... une, surtout...
Alaric avait beaucoup de mal à exprimer ses sentiments mais Cendre désirait qu’il les extériorise. Elle réalisait que son fils avait besoin de parler et, bien que ce fut compliqué, elle était prête à lui apporter des réponses.
- Une ? Comment ça ? 


Le petit vampire ne la regardait pas. Il avait les yeux dans le vague et paraissait très triste, mais il répondit malgré tout :
- Elle s’appelle Aliénor. J’ai lu son nom sur la pierre... Des fois, je crois qu’elle est là, avec moi. Je crois qu’elle n’est pas morte... 


Cendre était sous le choc de cette révélation. Son fils ressentait la présence de sa jumelle et, à aucun moment, elle n’avait anticipé cela. Elle visait d’en savoir plus avant de lui dire quoique ce soit.
- Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle n’est pas morte ? 


- Je sais quand elle a mal car j’ai mal pareil. Et l’autre jour, je venais d’avoir une mauvaise note avec Jessie mais j’étais tout heureux. Un truc est arrivé à Aliénor. Je crois qu’elle, elle était heureuse, alors moi aussi. Je ne sais pas si tu comprends, Maman... Je crois que Aliénor, elle n’était pas vampire... alors elle est partie mais je pense toujours à elle. Elle a vraiment existé ? 


Cendre s’était allongée auprès de son fils et ne lui cacha rien :
- Oui, Aliénor existe. Elle est ta jumelle. Elle est née une minute avant toi. Je pense que c’est pour ça que tu ressens ce qu’elle ressent.
- Elle existe encore ?
Cendre embrassa son fils :
- Oui, elle existe encore. Mais cela doit rester entre toi et moi. Un jour, vous vous retrouverez. 


Alaric n’avait plus rien dit et s’était endormi, confiant et serein dans les bras de sa maman. Cendre ne s’était pas imaginé qu’une telle séparation puisse bouleverser à ce point la vie de deux enfants.
Malgré son jeune âge et des souvenirs flous, Alaric n’avait pas oublié... Et qu’en était-il d’Aliénor ? Vivait-elle le même calvaire que son plus jeune fils ? Son cœur se serrait à cette pensée. 


Elle avait tout de même fini par fermer les yeux, oubliant de rabattre le couvercle du cercueil, et apaisée au contact d’Alaric. La seule mention d’Aliénor avait fait ressurgir à la surface de sa mémoire tous les autres : Amandine, Hortense, Violette, Geoffroy... Que de douleurs...
Cendre serra son fils fort contre elle puis se laissa aller au sommeil. 


Les enfants continuaient d’étudier sérieusement. Souvent, Samuel et Clotaire se retrouvaient ensemble, toujours suivis de près par Mélusine. 


Les filles, elles, se retiraient dans les chambres de l’une ou l’autre, surtout lorsqu’elles devaient plancher sur les coutumes de vampire, car elles avaient toutes les deux une opinion bien tranchée sur la question, qui n’était pas celle des garçons. 


Pourtant, les quatre ados se retrouvaient souvent pour travailler. Et lorsque Blanche séchait sur un sujet, Samuel était le premier à lui apporter la solution. Avec l’âge, et la découverte de Lucas, il avait appris à s’intéresser davantage aux coutumes vampires et elles n’avaient presque plus de secret pour lui. Il avait pu réaliser à quel point ces cours-là relevaient de la pratique. 


Et la pratique était ce qui convenait le mieux à sa curiosité inébranlable.
Cette nuit-là, alors que sa mère était partie chasser, il s’était introduit dans sa chambre. Il voulait voir à quoi ressemblait celui qu’il avait sauvé et surtout, celui qui était l’Unique de sa mère, le Grand Maître. 

 

L’homme était assis seul devant un verre de plasma. Il était maigre et semblait sans défense...Etait-ce vraiment un Grand Maître ? Samuel se posa la question. Le bougre paraissait bien faible et arborait une tenue fort peu adéquate... 


Cependant, il fut auprès de lui en très peu de temps. Le Grand Maître lui faisait face dans un accoutrement certes inhabituel pour un vampire de son statut, mais son seul regard réussit à lui faire baisser les yeux et il perdit de son arrogance, sans même s’en apercevoir. 


Samuel essaya de reprendre contenance lorsque le Duc s’adressa à lui :
- Que me vaut cette intrusion, fils de Cendre ? Serais-tu sans savoir que ta mère a interdit l’accès de cette chambre à toute sa famille, y compris toi ?
- Je ne l’ignore pas, Grand Maître, mais je voulais vous rencontrer. C’est moi qui vous ai ramené à ma tendre mère.
- Cela te donne-t-il le droit de pénétrer dans ma chambre sans y être invité ? 


La voix du Duc était aussi glaciale que son regard, et Samuel détourna la tête. Jamais il n’avait ressenti cela auparavant... Le Duc posait sur lui un regard accusateur et inamical. 


Devant la menace imaginaire, Samuel s’empara de sa forme sombre. Le Duc n’aurait qu’à bien se tenir ! Ce maigrichon sans force ne pourrait rien contre lui, Grand Maître ou non, foi de Samuel !
- Cette chambre n’est pas la vôtre. C’est celle de ma mère ! Et je suis ici chez moi, ce qui n’est pas votre cas. J’entre où je veux ! Et n’oubliez pas que je vous ai sauvé la vie ! 


Le Duc s’était dangereusement approché et il le fixait sans même laisser trembler un sourcil.
- Tu as fait ce qu’il fallait pour ta mère. C’est à elle de te remercier de m’avoir ramener. Moi, je ne t’ai rien demandé, jeune méprisant. Tu aurais dû me laisser là où j’étais. 


Au lieu de faire profil bas devant une détresse qui lui échappa et qu’il prenait pour de la condescendance, Samuel entreprit de provoquer Lucas Lestat :
- Nous pourrions peut-être régler ce différend en duel, qu’en pensez-vous ? 


Le Grand Maître qui, depuis son retour, n’avait pas réussi à reprendre forme sombre, s’en para instantanément de colère, et avança d’un pas supplémentaire vers Samuel :
- Nous pourrions, en effet, mais je doute que ta mère observe notre désaccord en toute sérénité. Je te rappelle également que tu n’as aucun droit de combattre avant les combats des héritiers. Je te conseille donc d’abandonner cette idée, et très vite.


Le Duc le foudroyait du regard et Samuel ne doutait plus de sa puissance. Ce vampire-là ne craignait rien, et surtout pas un petit vampire comme lui. Il abdiqua. 

 

- D’accord... Je suis désolé. Vous ne direz rien à Mère de notre petite entrevue, n’est-ce pas ?
- Je ne dirai rien. Mais ne t’attaque plus à un Grand Maître comme tu viens de le faire. Tu perdrais gros. 


- Merci, lui répondit Samuel. Je comprends mieux pourquoi Mère est si attachée à vous.
- Sors de ma chambre, maintenant. 


Cet épisode ne fut jamais relaté à Cendre.
Lucas avait rejoint son verre de plasma, heureux d’avoir pu se transformer à nouveau. Sa forme sombre lui avait redonné un peu de force et de vigueur, et il entrevoyait dorénavant un avenir possible avec son Unique adorée.
Il pouvait remercier le jeune Samuel de l’avoir fait sortir de ses gonds. 


Cette semaine-là, Cendre réunit tous ses enfants pour leur annoncer qu’elle comptait soumettre à un vote du peuple le combat des héritiers.
- Je n’arrive pas à me décider sur ce que serait la meilleure solution parce que je pense qu’il n’y a en aucune de bonne. Alors, je vais m’en remettre à toute cette communauté qui croit en nous. Au moins, leur avis sera impartial. Et puis, cela va dans mon sens de voir un jour le peuple s’exprimer davantage. 


Tous l’écoutèrent attentivement, l’air incrédule, excepté Alaric qui se demandait ce qu’il faisait là. Ces petits conseils de famille commençaient à l’ennuyer vraiment et il n’avait jamais rien à y dire.
Blanche, par contre, se choqua de la volonté de sa mère :
- Tu ne vas pas sérieusement demander l’avis du peuple ? Ils ne savent rien de nous, Maman ! Je ne peux pas y croire. 


- Baisse d’un ton, Blanche, intima Cendre. C’est ainsi, voilà tout.
- Tu ne devrais pas t’opposer aux décisions de Mère. Elle ne nous demande pas notre avis, elle nous l’expose, lui dit gentiment Samuel.
Isaure était inquiète. Elle était du même avis que son jumeau mais elle appréhendait un choix qui ne leur reviendrait pas.
- Je n’ai pas envie de te combattre après nos anniversaires. Samuel... L’un de nous y restera. Et ni toi, ni moi, ne bous en remettrons. 


- Elle a raison, dit Blanche. Je n’ai pas envie de me retrouver face à Clotaire lorsque nous serons tous deux jeunes adultes. Et pourtant, c’est ce qui risque d’arriver si le peuple va voter. 


Tandis que Blanche et Clotaire, plus jeunes que leurs aînés, semblaient bouleversés par cette nouvelle, Isaure expliqua qu’elle voyait les choses du même point de vue que leur mère. Elle pensait intimement que le peuple avait le droit à la parole.
Samuel regardait sa sœur s’exprimer, avec beaucoup de fierté. 


- Je suis persuadée qu’une communauté qui peut donner son avis sur les choses importantes, comme le combat des héritiers, est une communauté qui nous est acquise. Peu importe le vainqueur. L’essentiel est que le peuple soit derrière nous.
- Tout cela est très logique, s’enthousiasma Clotaire. Je me demande pourquoi je n’y ai pas songé avant. Trop de sentiments, certainement. 


Samuel était en admiration devant sa sœur. Si le peuple faisait le mauvais choix pour eux, ce qu’il n’espérait pas, il combattrait sa jumelle très bientôt. Mais surtout, ils combattraient à égalité car Isaure était forte, très forte mentalement alors que sa propre force était purement physique. Elle serait une adversaire sérieuse. 


Cendre était fière de la maturité dont faisait preuve Isaure mais elle concevait aussi que sa fille souffrit de sa décision :
- Ce ne sera facile pour aucun de nous, Isaure... surtout si le choix est fait pour des combats qui vous mettraient face à face, ton jumeau et toi...
- Maman, tu as pris la bonne décision. Samuel et moi savons bien à quoi nous en tenir. Et puis, notre combat pourrait tout de même avoir lieu, même si on attend que les petits derniers soient adultes. Nous ne sommes pas à l’abri.
- Mère, Isaure a raison... Ne t’en fais pas... Jessie nous a bien préparés à la Tradition. C’est une prof formidable. 

 

- Je sais que Jessie est formidable. Elle l’a toujours été. Mais mesures-tu que la théorie va bientôt devenir de la pratique ? Que vous risquez de vous perdre, Isaure et toi ? Que je vais perdre un autre de mes enfants ? Le perdant redeviendra humain et mourra. Ainsi le veut cette cruelle tradition. Mais une Grande Maîtresse se doit d’avoir un seul et unique héritier. Nous faisons tout cela pour ça. 


Clotaire avait alors pris la parole malgré la tristesse de Blanche :
- Je suis avec toi, Maman. Tu as toujours pris les bonnes décisions et, même si elles sont dures, c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
Samuel était pantois devant une telle déclaration de son frère et il se dit qu’il ferait plus d’effort pour mieux le connaître.
- Merci, mon fils. Ce que tu viens de me dire me touche beaucoup, lui répondit Cendre.
Blanche, quant à elle, sentit qu’elle n’avait pas le dessus dans ces décisions qu’elle n’approuvait pas, et elle décida de ne plus rien dire. 


Cendre mit un terme à la discussion pour ne pas qu’elle s’envenime dans la fratrie.
Peu importe les opinions de ses enfants, sa décision était irréversible et il faudrait faire avec. Elle avait d’ailleurs déjà mandaté Francis Caron pour informer le peuple à propos des votes qui auraient lieu dans la chapelle.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap36

★★ Guide

 

Chapitre 36 - Renaissance


 

Le mariage de Lilith Vatore et Timothée Renard eut lieu dans l’intimité au Manoir de l’Aconit

Révélation

Jessie, qui avait annoncé sa grossesse à Cendre six mois auparavant, était resplendissante. 


Lilith aussi attendait son petit vampire et c’est pourquoi son mariage se fit dans la précipitation. 


Enceinte de tout juste trois semaines, elle avait souhaité épouser Timothée avant que son ventre ne s’arrondisse. Il faisait d’elle la Vicomtesse de Montsimpa. 


Cendre trouva Jessie fatiguée lorsqu’elle vint ce jour-là dans la crypte pour s’occuper des prisonniers. Aussi lui proposa-t-elle de lui donner un congé. 


Jessie n’était pas de cet avis :
- Je suis en pleine forme, Maîtresse. Je ne me suis jamais sentie aussi bien ! Je n’ai pas besoin de congé, je vous assure. 


- Il faut prendre soin de ce bébé, et ce n’est pas en restant debout à faire la cuisine et le ménage que tu te reposeras. 


Jessie lui avait fait toucher son ventre :
- Vous voyez, il va très bien. Il n’y a pas de soucis à se faire. Et puis, qui fera la classe aux enfants si je ne viens pas ? 


- Aurais-tu des doutes sur mes capacités à leur donner des cours ?
- Pas du tout, non ! 


- Je pense simplement que vous en faites déjà beaucoup à soigner Monsieur le Duc et que vous méritez aussi un peu de repos. 


- Très bien. Tu continueras à faire la classe aux enfants mais c’est Louise qui prendra le relais pour les prisonniers jusqu’à ton accouchement.
- D’accord, Maîtresse. 


- Et ne t’en fais pas pour moi. Monsieur le Duc se porte de mieux en mieux. On le verra bientôt déambuler dans la crypte. 


Lucas n’avait pas encore retrouvé le magnifique corps qu’il avait quand ils se sont connus et son visage était encore creusé, mais, depuis qu’il avait réussi à reprendre forme sombre, Cendre l’entraînait régulièrement au combat même s'il finissait par renoncer chaque fois, sur la fin. 


Cette nuit-là, il lui avait murmuré sensuellement à l’oreille :
- Prépares-toi à perdre... Je suis en pleine forme. 


Le combat n’avait pas été facile. Elle ressentait la volonté de vaincre de Lucas dans chacune de ses attaques. 


Contrairement aux autres duels, il ne partait pas vaincu d’avance, il avait retrouvé une hargne digne d’un Grand Maître même s’il n’arrivait pas encore au niveau qu’il avait perdu. 


Mais elle souhaitait qu’il reprenne confiance en lui et elle l’avait laissé exprimer ses faibles forces contre elle :
- Attention ma tête ! Tu ne comptes pas m’écraser sur le plafond quand même !
- Et pourquoi pas ? Tu t’en remettras de toute façon ! avait-il rigolé. 


Elle était alors retombée à terre, victime volontaire de celui qu’elle aimait plus que tout. Il lui tendit une main secourable :
- Navré, jeune Dame, mais je t’avais prévenue. Mes forces reviennent. 


Elle ne le contredit pas car elle sentit, sans même l’entendre, que son merveilleux Unique allait mieux.
- Bravo mon amour. Tu t’es surpassé aujourd’hui mais la prochaine fois, je ne ferai de toi qu’une bouchée ! lui annonça-t-elle quand même. 


Elle le serra dans ses bras. Elle le voyait revivre. Il cauchemardait encore sur ses années d’enterrement mais elle le retrouvait peu à peu, timidement mais sûrement.
Et elle ne désirait pas qu’il perdit cette confiance en lui. 


Lucas était tellement heureux qu’il la conduisit, après leur combat, vers un autre duel, plus romantique cette fois. 


Un duel qui les ramena sur terre dans un fou-rire commun, un de ces fou-rires qu’ils avaient déjà eu tellement de fois auparavant. 


Lucas regarda Cendre, ému :
- Je t’ai entendue... J’ai entendu toutes tes pensées. J’ai pourtant craint que cela n’arriverait plus, mais tu étais là...
- Moi aussi je t’ai entendu, Lucas. C’était magique. J’espère que nous ne nous perdrons plus jamais ainsi. 


Ils n’en avaient pas envie, ni l’un, ni l’autre. La proximité de leurs corps unis suffisait à leur rappeler qu’ils n’étaient pas nés pour être séparés. 


Lucas entoura Cendre de ses mains amoureuses et prévenantes :
- Sais-tu que tes pensées m’ont rappelé à quel point tu m’aimais ?
- Tiens donc ! Tu en doutais encore ? Bien sûr que je t’aime !
- Je t’aime tellement, moi aussi ! 


Lucas avait alors embrassé Cendre... ou est-ce Cendre qui embrassa Lucas ? Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’ils se jurèrent cette nuit-là, de ne plus jamais se quitter. 


Après son entraînement au combat et les tendres débats s’ensuivirent dans les bras de son Unique, le Duc Lestat éprouva le besoin irrésistible de se nourrir d’autre chose que de ridicules verres de plasma. 


Cendre le conduisit donc jusqu’à son garde-manger.
- Voici numéro vingt-sept, elle s’appelle Eliane. Elle est à toi, mon amour. 


Lucas s’était jeté sur le repas qui lui était gracieusement offert et Cendre espéra qu’il n’était pas trop tôt pour qu’il se nourrisse ainsi de la sorte. 


Elle s’inquiétait un peu car elle n’avait pas demandé son avis d’expert à Francis. Et puis, Lucas n’avait rien connu de tel depuis plus de six ans et elle avait peur qu’il ne s’emballe et manque de contrôle...
- Merci ma douce. Ton garde-manger est de première qualité ! 


Lucas ne semblait pas se rassasier. Il était comme fou en face de cette nourriture fraîche. 


Il remerciait Cendre, encore et encore, pour le merveilleux festin qu’elle lui offrait. Et Cendre lui souriait car elle était heureuse de sentir son Unique se régaler de la sorte. Ses pensées ne la trompaient pas. Lucas semblait revivre et survivre à un monde cauchemardesque qui l’avait happé des années durant. 


Alors que faire ? Elle lui avait bien demandé de sauvegarder son garde-manger et de ne pas lui vider une cellule mais elle réalisa en l’observant que ce serait pure utopie. 


Il planta une dernière fois ses canines dans le tendre cou d’Eliane... Elle le regarda faire sans intervenir bien qu’elle sut qu’elle aurait dû l’arrêter... 


- Et voilà, clama Lucas. Je me sens pleinement rassasié à présent. Je ne me suis pas senti aussi bien depuis fort longtemps.
Cendre était heureuse pour lui mais son garde-manger en pâtissait encore... 


Elle regarda la pauvre numéro vingt-sept s’effondrer sur le sol tandis que Lucas savourait encore le merveilleux plasma qu’il venait de boire. Cendre espéra que Lestat le Sanguinaire ne venait pas de renaître de ses ossements. Elle n’entrevoyait aucune pitié pour sa pauvre victime lorsqu’elle scrutait ses pensées. 


La Faucheuse ne tarda pas à arriver... Cendre détestait cette créature sans visage par-dessus tout.
- Tu n’as pas traîné, dis donc ! 


- Laissez-moi donc passer, Cendre Valrose. Et je ne traîne jamais. Vous devriez le savoir depuis le temps ! 


Cendre s’en était alors pris à Lucas :
- Bon sang, mais qu’est-ce que tu as fait ? Tu ne pouvais pas la laisser en vie ?! C’était trop te demander ?
- Son plasma était jeune et frais... Je suis désolé mais j’en avais besoin... jusqu’au bout.
Dans la cellule voisine, on entendait pleurer. 


Lestat avait franchi les portes, repu du plasma qu’il venait d’engloutir :
- Cesse de pleurer. Ton tour viendra. 


A cet instant précis, il n’avait plus aucune pitié pour ces êtres humains si pitoyables. Seule la soif comptait... Il en avait souffert si longtemps... 


Cendre et Lucas s’étaient ensuite retrouvés dans leur chambre.
- Je sens que tu m’en veux...
- Je ne t’en veux pas mais je constate qu’une fois de plus mon garde-manger a été saccagé. Et puis, je déteste cette Faucheuse.
- J’en suis navré. 


- Je le sais bien mais oublie ça. Je voudrais te parler d’une chose beaucoup plus importante. 


- Plus importante que ce qui vient de se passer ?
- Oui. Il s’agit des enfants... J’aimerais avoir ton avis. 


- Les enfants ? Tu t’inquiètes pour les futurs combats, n’est-ce pas ?
- C’est incroyable comme tu me connais bien, Lucas...
Cendre expliqua à Lucas le choix qu’elle avait fait de faire participer le peuple aux combats des héritiers, en leur donnant le droit de voter. 


- Je souhaite qu’ils s’impliquent. Le choix de l’héritier peut être très lourd de conséquences, et leur demander leur avis me parait une bonne idée.
- Je te rejoins complètement, la rassura Lucas. 


- J’ai fait moi-même de Riverview une contrée paisible en donnant par moment la parole à mon peuple. Nous vivions en harmonie, vampires, humains, sorciers, grâce à cela. Mais fais attention si tu choisis de mêler le peuple à tes décisions, de ne le faire que lorsque cela est nécessaire. Pour les décisions que tu estimes devoir gérer, ne le fais pas. Toi seule est la Grande Maîtresse, et toi seule peut prendre certaines décisions. 


- Ces décisions-là concernent mes enfants. Crois-tu que j’ai tort de les confier à notre peuple ?
- Non. Tu ne sais pas quoi faire parce que tu es intimement impliquée. C’est donc la meilleure décision que tu aies prise. Ne te tourmente pas avec cela. En plus, c’est une garantie d’avoir la communauté derrière toi.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap37

★★ Guide

 

Chapitre 37 - Une vie après les votes


 

Il fallut le temps de tout organiser, comme créer de parfaits isoloirs mais tout fut prêt dans les temps. La salle était prête pour accueillir les votants.

Révélation
Cendre avait une idée de ce qu’était un pays ou une nation, et elle rêvait que la Vallée Oubliée s’ouvrit à ces usages qu’elle avait connus autrefois en tant qu’humaine, de beaux usages aussi appelés démocratie mais Lucas avait raison, il fallait être très prudents quant à ces usages.
Le peuple vampire s’était senti concerné par cet appel au vote, une première dans la vallée, et tous tenaient à faire entendre leurs voix. 

Ils étaient arrivés nombreux des quatre coins des catacombes et de la forêt, tous présents pour voter, les fidèles amis comme les inconnus. Lilith et Jessie, qui avaient toutes deux accouché à quelques mois d’intervalle, étaient aussi présentes.
Cendre, assise sur son trône, soutenait Francis qui supervisait les votes de son lointain. 

Samuel avait été désigné président du bureau de vote et ses deux sœurs l’assistaient en tant qu’assesseurs.
Les votes eurent lieu cette nuit-là entre vingt heures et quatre heures du matin. Le bureau de vote ne désemplissait pas. 

Les votants se succédaient à vitesse phénoménale et il était difficile de deviner quels seraient leurs choix. 

Les trois aînés de la fratrie n’ignoraient pas que leur sort dépendait de chacun des vampires qui se présentaient devant eux mais ils savaient aussi que, peu importe ce qui arriverait, ils devraient un jour se combattre. 

Certains membres de la communauté vampire se réunirent peu avant la clôture des votes afin d’assister au dépouillement. Les retardataires étaient encore en train de choisir leurs bulletins dans les isoloirs... 

C’est ce moment-là que choisit le Duc Lestat de Riverview pour faire son entrée, après six ans d’absence.
Samuel était béat de stupéfaction et interpella ses sœurs :
- Regardez qui vient nous rendre visite... 

Le Duc s’était avancé vers le bureau d’un pas assuré. Tous les vampires présents avaient cessé leurs conversations et n’avaient d’yeux que pour lui.
- Que nous vaut cet honneur ? avait demandé Samuel.
- C’est un bureau de vote, il me semble. Je viens voter, répondit Lucas tout en regardant Cendre sur son trône. 

Cendre avait également capté le regard de Lucas mais Isaure le détourna d’elle. Elle paraissait complètement exaltée :
- Oh mais bien sûr que vous pouvez voter ! Les isoloirs sont juste là et, après, vous pourrez glisser votre vote dans la petite fente de l’urne située juste devant mon frère !
- Merci Mademoiselle Valrose, avait simplement dit le Duc. 

Lucas était allé voter puis avait rejoint la Grande Maîtresse sur l’estrade. Tous les vampires avaient reconnu en lui le Grand Maître dont Francis leur avait annoncé qu’il était l’Unique de leur Grande Maîtresse. La liesse était palpable dans l’assemblée. 

Cendre murmura à Lucas :
- Tu es fou... Il va falloir que je leur parle, maintenant...
- Tue es douée pour ça. Je te fais confiance. 

Elle s’approcha donc de l’assemblée, Lucas à ses côtés. Tous connaissaient le Duc Lestat de Riverview, et tous avaient espéré qu’on le retrouve. L’espoir et la joie pouvaient se lire sur tous les visages. 

Cendre confirma à son peuple que le Duc était son Unique et qu’elle l’épouserait, selon la tradition, après les combats des héritiers.
Il leur faudrait encore patienter un peu mais tous envisageaient la fin proche de leur autarcie. 

Le dépouillement de l’urne était à présent terminé et le résultat des votes allaient bientôt être connu.
Isaure regarda Samuel avec appréhension et se saisit de sa main. Elle la sentit trembler. Malgré son sourire, son frère était aussi anxieux qu’elle. 

Cendre se tourna vers Clotaire et lui donna le feu vert. Le résultat des votes devait maintenant être annoncé. 

Selon le protocole mis en place, le chef de la milice, qui avait également veillé au bon fonctionnement des votes, était le seul à pouvoir les annoncer. Clotaire s’avança donc vers lui pour lui soumettre les résultats. 

Francis se tourna ensuite vers l’assemblée et proclama le résultat :
- Avec 66,7% des voix, le peuple a choisi que les premiers combats devraient avoir lieu lorsque les deux premiers descendants auraient atteint leur majorité vampirique. Il en sera donc de même pour les descendants suivants. 

Isaure sembla assommée par la nouvelle et fixa Francis comme s’il avait le pouvoir de changer ce qui avait été dit. Samuel vit sa mère fermer les yeux avant de reprendre son souffle et de déclarer :
- Qu’il soit fait ainsi.
L’assemblée de vampires était mitigée ; certains paraissaient heureux tandis que d’autres s’attristaient du résultat, surtout parmi les amis de Cendre. 

Samuel tenta de rassurer sa sœur :
- Ne t’en fais pas, ça va aller.
- Non, ça n’ira pas. L’un de nous deux va mourir, et nos anniversaires approchent. Ça n’ira plus jamais. 

Les proches de Cendre étaient restés dans la crypte après le départ des votants.
Cendre avait pris Bella dans ses bras et avait murmuré à son oreille :
- Heureusement, tu es là... 

La vampire avait compris ; il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Elle savait qu’elle pouvait compter sur elle et que son dévouement n’était plus à prouver. 

Après le départ de ses amis, et alors que Samuel s’entretenait avec Lucas, Cendre se rapprocha de la table où Francis s’était évertué à recompter les bulletins un par un. 

Il lui confirma qu’il n’y avait aucun doute possible. Clotaire et Blanche avaient parfaitement pourvu au dépouillement, et aucune erreur n’avait été commise. Samuel et Isaure devraient donc se combattre une fois jeune adultes. 

Au lever du jour, les quatre aînés de la fratrie restèrent un moment discuter dans leur crypte avant d’aller se coucher.
Ils partagèrent leurs émotions et leurs inquiétudes face à ce que seraient ces combats, et ils savaient tous que rien ne serait plus jamais pareil... 

Deux mois plus tard...
Bien qu’il ait retrouvé sa forme physique d’autrefois, les nuits de Lucas étaient encore très agitées et ponctuées d’effroyables cauchemars qui glaçaient les os de Cendre.
Depuis qu’elle pouvait à nouveau ressentir les pensées de son Unique, elle mesurait aussi l’horreur qu’il avait subi après cinq ans d’enterrement. 

Elle avait alors abandonné l’idée de le convaincre de dormir dans un cercueil. Lucas refusait de s’y régénérer. Il avait développé une phobie sévère de l’enfermement et elle ne le comprenait malheureusement que trop bien même si elle était persuadée que le cercueil lui aurait été bénéfique. 

Il rejetait cette idée de tout son être et elle ne pouvait l’en blâmer.
Bizarrement, il n’était jamais contre une partie de « cracotte » dans le cercueil, mais elle supposait que c’était parce qu’elle était avec lui. De ce fait, elle l’encourageait dans cette voie, espérant que ses cauchemars finiraient par cesser. 

Lucas faisait dorénavant partie intégrante de la famille et passait beaucoup plus de temps dans la chapelle que chez lui, au désespoir de Louise.
Il apportait un nouveau souffle dans la crypte en racontant sa vie passée et ses exploits de vampire. Les plus grands étaient passionnés par ses aventures et les prouesses qu’il avait accomplies pour faire de Riverview une contrée sereine.
Isaure était sans nul doute celle qui était le plus séduite par les récits du Duc. 

Lucas avait aussi apporté de l’apaisement aux enfants en partageant avec eux sa vision des combats des héritiers. Il mit des mots sur ce qui leur paraissait injuste et leur expliqua que les vampires de leur rang se devaient de montrer l’exemple en accomplissant leur devoir.
Cette notion de devoir leur permit de mieux accepter les duels qui les attendaient mais surtout, les décidèrent à profiter de leurs vies tant qu’ils le pouvaient encore. Lucas avait chassé la déprime ambiante de la crypte. 

Clotaire était ravi car il avait trouvé en lui un partenaire digne de ce nom pour jouer aux échecs. 

Samuel et Lucas avaient fini par s’apprivoiser et passaient de longues heures à discuter. Samuel s’était aventuré à lui poser des questions sur son enterrement et Lucas s’en était ouvert à lui. Extérioriser ainsi ce qu’il avait vécu lui faisait beaucoup de bien. 

Samuel fut le seul à qui il raconta les méfaits qu’il avait commis lorsqu’il était Lestat le Sanguinaire. Il n’épargna rien au jeune vampire, aucun détail cruel sur le malheur qu’il avait causé aux humains. 

Lucas prenait un gros risque car Samuel aurait pu ressentir une certaine envie à vouloir la même existence, mais ses réactions ne laissèrent aucun doute. Le fils aîné de Cendre était horrifié par ce qu’il entendait et le Grand Maître espérait bien qu’il ne commettrait jamais les mêmes actes que lui. 

Lucas apprit également quelques astuces de jardinage auprès d’Isaure... 

Et il découvrit que la jeune fille aimait beaucoup écrire. Elle avait déjà écrit cinq livres pour enfants et travaillait sur un sixième livre, de fantaisie, cette fois.
Toutes ses histoires contaient, jusqu’à présent, les aventures de petits vampires.
Lucas était impressionné et lui demanda l’autorisation d’emprunter un de ses livres afin de mieux apprécier le travail qu’elle avait fourni. Isaure était enchantée. 

Blanche avait fait de Lucas son confident. Elle lui avait raconté combien son enfance avait été difficile auprès de Samuel. Le Grand Maître prêtait une oreille attentive mais se gardait bien d’émettre le moindre jugement. 

- Heureusement, il a changé ! Mais vous rendez-vous compte, à un moment, j’étais persuadée qu’il voulait me tuer !
Lucas rit avec Blanche sur le fait que les enfants pouvaient parfois être cruels entre eux, et tous deux convinrent que cette période-là était belle et bien révolue. 

Lucas s’était pris d’affection pour Mélusine qui, très tôt, avait commencé à l’appeler Papa. Il séchait ses larmes... 

... jouait avec elle... 

... et ils passaient tous deux du temps au jardin, chose que Cendre ne pouvait faire à cause de son intolérance au soleil. 

Elle enviait ces moments qu’il partageait avec ses enfants, des moments qu’elle ne pourrait jamais vivre... 

Lucas lui avait dit qu’il apprenait à Mélusine à canaliser son énergie. La bambinette semblait en vouloir au monde entier et seul, Lucas parvenait à l’adoucir. 

Pourtant, à la nuit tombée, elle avait toujours besoin de sa maman. C’est à elle qu’elle voulait raconter sa journée palpitante... 

... et c’est contre elle aussi qu’elle s’endormait après des heures de babillage. 

Lucas jouait beaucoup avec Alaric. À son contact, Cendre trouvait que le petit garçon s’épanouissait de jour en jour. Lui aussi avait laissé échapper quelques « Papa » en s’adressant à Lucas mais il s’était chaque fois repris comme s’il avait commis un impair. 

Lucas emmenait souvent les plus petits se promener dans la Vallée. Il leur contait son histoire, ses légendes, et surtout la plus belle de toutes, celle qui verrait un jour ses portes se rouvrir. Mélusine et Alaric étaient émerveillés. 

Cendre guettait souvent leur retour à l’ombre du porche.
La promenade leur faisait du bien. Alaric était rayonnant et Mélusine, aux petites jambes fatiguées, s’assoupissait régulièrement sur l’épaule de Lucas.
Comment faisait-il ? Les enfants étaient tous épanouis à son contact. 

- Tu as une famille merveilleuse, lui avait-il dit un soir. Je suis vraiment heureux de savoir qu’un jour, j’en ferai partie. 

- Tu fais déjà partie de cette famille. Les enfants t’adorent et je t’en aime que davantage. Comment fais-tu pour savoir ce qu’il faut faire et ce qu’il faut dire ? Je peux ressentir que tu les aimes vraiment. Je suis tellement touchée. 

- Bien sûr que je les aime ! Ils font partie de toi ! Quant à deviner comment il faut agir, j’ai eu une fille, rappelle-toi ! J’ai tout de même un peu d’expérience.
- Tu es merveilleux ! J’en ai eu onze, et six à élever, mais je crois que je n’ai jamais eu ta fibre parentale.
- Tu as des obligations mais tu es une bonne mère, Cendre, n’en doute pas. 

Ce mois-là, Mélusine fêta son anniversaire. 
Très peu de temps après, Alaric grandit à son tour. L’horloge tournait, impitoyable... 
Alaric était heureux, entouré de sa mère, de ses frères et sœurs, et de Lucas qu’il considérait depuis longtemps comme son père. Ils formaient tous une belle famille mais elle n’était pas complète... 

Quelqu’un manquait à l’appel, et il savait maintenant qu’il s’agissait de sa jumelle. Au moment où il avait soufflé ses bougies, il lui avait semblé entendre le rire d’Aliénor.
Elle aussi avait fêté son anniversaire et il ressentait qu’elle était aussi bien entourée que lui pour partager cet instant. Elle était heureuse et paraissait s’amuser. 

C’est ce même soir que Cendre entreprit de demander à Lucas pourquoi il ne lui avait jamais dit qu’il était un Grand Maître. 

- Je ne pouvais pas te le dire, Cendre... 

- Si. Tu aurais pu me le dire. A maintes reprises.
- Vladislaus était mon ami... 

- Ce n’est pas une excuse, ça ! Tu aurais pu me dire que tu étais un Grand Maître mais que, par égard pour cet idiot, tu ne voulais pas m’épouser ! Tu aurais pu le dire ! Juste la vérité !
- Tu n’aurais pas accepté... dit Lucas d’une voix douce. 

- Et il y a plus que ce cela... La loi vampire défend un Grand Maître d’en trahir un autre. Cette loi ne devait pas être bafouée.
De toute façon, je doute sincèrement que tu accepterais mieux la situation si elle se reproduisait aujourd’hui. 

- Et qu’en sais-tu ?
- Je te connais bien. Et puis, tu viens de penser si fort que j’avais raison... Il n’y avait pas d’autre solution, ma douce, je te le promets. 

- Et bien maintenant, il y en a une ! 

- Il y en a une parce que tu as tué le Comte.
- Et tu m’en veux ?
- Non, mais mon ami est mort et j’en suis attristé. 

- Comment peux-tu dire cela après de qu’il t’a fait subir ?
- Je lui en ai voulu. J’ai souhaité sa mort aussi... 

- Mais aujourd’hui, je vais mieux et je lui ai pardonné. On ne peut pas rayer plusieurs siècles d’amitié ainsi. Et c’est moi qui l’ai trahi, ne l’oublie pas. Pas l’inverse.
- Peut-être mais tu ne méritais pas cela... 

Lucas avait embrassé Cendre puis l’avait prié de l’excuser.
- J’ai quelque chose à faire. 

Cette nuit-là, il était allé se recueillir sur la tombe du Comte Vladislaus Straud, le quatrième. Il avait fait la paix avec ses cinq années d’enfer, et ses cauchemars avaient presque disparu.
Il était temps de faire aussi la paix avec Vlad et d’avancer enfin.
- Repose en paix, mon ami, murmura-t-il. 
 
A suivre 🙂
 
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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 07/07/24 - Chap38

★★ Guide

 

Chapitre 38 - Festivités à venir


 

Ce jour-là, les enfants étant en classe avec Jessie et Lucas ayant décidé de rentrer chez lui pour tenter de dormir dans son cercueil, Cendre avait expressément convoqué Louise et Bella.

Révélation

Les trois femmes s’installèrent dans le boudoir que Cendre avait fait aménager en lieu et place de l’une de ses anciennes cellules de géniteur, celle qui avait été occupée, la dernière fois, par Don Lothario il y a des années de cela. 


Elle leur exposa son plan puis les vit s’entretenir, enthousiastes, de la façon dont elles allaient gérer la requête de la Grande Maîtresse. 


Cendre avait le cœur serré mais elle était en confiance car les deux femmes ne failliraient pas. 


Pourtant, Bella s’inquiétait un peu :
- Les conditions seront un peu différentes que les fois précédentes... Que se passera-t-il si la prise en charge se passe mal ? 


- Pourquoi veux-tu qu’elle se passe mal ? Tu sauras gérer, je te fais confiance. Alors, aie confiance en toi, lui répondit Cendre. 


- De mon côté, ajouta Louise, j’ai deux missions en une. Cela ne me fait pas peur mais j’espère que je serai à la hauteur. 


- Je ne veux pas le savoir. Tu es déjà aguerrie pour l’une de tes deux missions. Et je compte sur tes pouvoirs, alors ne me déçois pas. 


- Très bien. J’y arriverai. 


- Parfait ! C’est ce que je voulais entendre. 


Louise et Bella se mirent ensuite d’accord pour se retrouver bientôt et s’organiser au mieux afin de satisfaire la Grande Maîtresse. 


Pendant ce temps, Lucas Lestat avait rejoint sa demeure et hésité longuement devant son cercueil... Aurait-il le courage de s’y allonger pour trouver le sommeil ? 


La raison l’emporta sur l’appréhension et il s’endormit finalement d’un sommeil sans cauchemar. 


Lorsqu’il se réveilla, à la tombée de la nuit, il était en pleine forme et il se précipita directement vers la chapelle. Il trouva Cendre dans sa crypte, en pleine contemplation devant les photos de ses enfants. 


Il suivit le fil de sa pensée :
« Il n’y a pas si longtemps, vous n’étiez que des enfants innocents... Bientôt, vous combattrez... J’ai déjà perdu vos frères et sœurs... et la tradition va également m’enlever cinq de vous. La douleur ne s’arrêtera donc jamais... 

 

Lucas Lestat ressentit la douleur de Cendre, et celle-ci se retourna :
- Je ne savais pas que tu étais là...
- Tu as l’air si triste, mais tu les retrouveras. Tous. Nous le savons.
- Cette tradition est mon fardeau, Lucas... 


Il se rapprocha d’elle :
- J’aimerais te parler d’une autre tradition, si tu veux bien. Bien plus agréable cette fois : le Bal des Épines.
- Le Bal des Épines ? Je n’en ai jamais entendu parler. 


- Elle n’est pas écrite dans les livres. Cela va sans doute te paraître inconvenant mais ce bal est organisé chaque fois qu’un Grand Maître voit son premier né devenir adulte et rejoindre la communauté vampire. Il doit se faire la veille de son anniversaire et tous les jeunes vampires célibataires y sont conviés.
C’est une grande fête, Cendre, et je pense que les vampires de la Vallée s’attendent à ce que tu l’organises. 


- Tu penses que j’ai le cœur à faire la fête alors que l’anniversaire de mes aînés va signer la fin de l’un d’entre eux ? 


- Ce ne sera pas toi qui fera la fête, mais tes enfants. As-tu pensé à eux ? Tu ne crois pas que cela leur ferait un peu de bien de rencontrer des jeunes de leur âge ? Il serait temps qu’ils s’amusent un peu, non ? 


- Qu’ils s’amusent ? Tu crois qu’ils ne s’amusent pas assez ?
- Ils sont cloîtrés dans la chapelle et la crypte depuis leur naissance. Ils ne connaissent que tes propres amis. Ils ont besoin de rencontrer un peu de jeunesse. 


Cendre réalisa avec consternation que Lucas avait raison. Ses enfants n’avaient jamais eu de véritables distractions en dehors des activités intellectuelles et artistiques proposées dans la crypte. Ils se connaissaient entre eux, s’aimaient ou se disputaient, ils discutaient intelligemment avec ses propres amis à elle, mais jamais elle n’avait pensé que ses enfants puissent s’ennuyer ou manquer de compagnie... Lucas avait atteint sa fibre maternelle. 


- D’accord. Organisons ce Bal des Épines. Mais promets-moi qu’il n’y aura pas débordement. 


- Ça, je ne peux pas te le garantir. La seule chose que je te promets est que nous pourrons chaperonner le bal, si le cœur t’en dit. 


- C’est parfait. L’idée de chaperonner toute cette jeunesse intrépide me sied tout à fait. Il est hors de question que mes enfants se fourvoient publiquement, et avec n’importe qui. 


Alaric se rendait souvent à la Maison de l’Ail pour y rencontrer Louise. Il se sentait plus proche d’elle que de Jessie. Non pas qu’il n’aimât pas son institutrice, mais, tout comme Mélusine, ils la connaissaient moins bien que ses aînés. 


Il aimait discuter avec Louise et s’intéressait beaucoup à la magie, aux sorts et aux potions. Les possibilités semblaient infinies. 


Alaric avait confié à Louise son manque de sa jumelle et combien il était triste de ne pas être auprès d’elle. Il s’était inquiété de savoir si elle avait des pouvoirs suffisamment puissants pour retrouver Aliénor 


- Bien sûr. J’ai utilisé un sort de localisation pour la toute première fois lorsqu’on recherchait le corps de mon Maître. A l’époque, j’avais eu besoin d’un pendule. Mais cet objet m’est inutile aujourd’hui.
- Alors tu vas pouvoir m’aider ? 


La réponse de Louise avait été sans appel :
- Je regrette, non. Ce ne sera pas possible.
Elle lui expliqua qu’elle était, d’une part, tenue au secret, et que, d’autre part, elle avait protégé l’endroit de sorte que les vampires ne puissent pas soupçonner qu’il existât. Si Alaric venait à s’y rendre, Aliénor serait en danger. 


Alaric était déçu mais il comprit. Son but n’était pas de mettre la vie de sa jumelle en danger. Il remercia Louise de sa franchise.
- Si je perds aux combats, je la retrouverai.
- Vous devrez vous battre pour gagner, jeune Maître, pas pour perdre. Vous le savez, n’est-ce pas ? 


Le Bal des Épines eut lieu, comme prévu par la tradition, la veille de l’anniversaire des jumeaux. Selon la tradition, les adolescents et jeunes adultes invités devaient être présentés par leurs parents à la famille souveraine, avant l’ouverture du bal. 


Francis Caron avait été le septième à s’avancer vers la Grande Maîtresse. Son ami lui avait déjà parlé de ses deux fils mais jamais elle ne les avait rencontrés : Ulysse et Maurice.
Samuel pensait à son anniversaire qui aurait lieu le lendemain et il n’avait pas le cœur à la fête.
De même qu’Alaric qu’il avait fallu « forcer » à venir au bal.
- Fais au moins semblant de t’intéresser, lui lança Blanche. Tu donnes l’impression de t’ennuyer.
- C’est le cas...
Quant à Isaure, elle était complètement sous le charme du beau brun qui venait d’être présenté par Francis. 


Il la regarda aussi... Ulysse ?... C’est ainsi que Francis l’avait annoncé à sa mère... Ils ne se quittèrent pas des yeux tandis que Francis continuait à faire l’éloge de ses fils. 


Nina Rocca fut le dernier parent à présenter sa fille, Armelle. Samuel retrouva le sourire. La jeune fille était merveilleusement belle et son port de tête, ainsi que sa posture élégante, lui plurent tout de suite. 


La fille de Nina Rocca ? Il avait du mal à le croire tant elle semblait différente de sa mère. En tous cas, elle n’avait pas hérité de sa vulgarité. Samuel était séduit mais, à son grand regret, la jeune femme n’avait d’yeux que pour sa mère et ne lui jeta même pas un regard. 


Se succédèrent ensuite des jeunes gens et des jeunes femmes que Cendre avait acceptés au bal bien que ne pouvant être présentés par leurs parents. Ceux-ci avaient été tués il y a trop longtemps lors des massacres instaurés par Blaise Williams ou par les combats qui eurent lieu dans les catacombes. Cendre avait jugé que tous ces jeunes avaient leur place au Bal des Épines. 


Le dernier à se présenter à la Grande Maîtresse captiva particulièrement Cendre et Alaric, qui sortit de sa torpeur. Il avait un tatouage sur le front qui interpella toute la famille : un croissant de lune dont l’orientation paraissait avoir 
été manipulée... Il déclara s’appeler Gabin. 

 

- N’avez-vous donc pas de nom de famille, jeune homme ?
Cendre était complètement ébranlée par celui qui se tenait devant elle et qui lui rappelait son passé, un terrible passé qu’elle avait pourtant cru oublier depuis longtemps...
Elle lui sourit car son cœur lui recommandait de le faire. 


Lucas Lestat avait capté les pensées déstabilisées de son Unique mais n’avait su comment les interpréter.
Alaric suivait de près les échanges de sa mère avec le jeune homme au tatouage car il sentait qu’ils avaient leur importance. Quant à Blanche, elle s’étonna du soudain intérêt de son frère pour la dernière présentation. 


- Non, Madame. Je n’ai pas de nom. Mon père a disparu depuis si longtemps que je ne m’en souviens point. 


A la surprise générale, la Grande Maîtresse se leva de son trône et approcha du jeune homme :
- Cela est bien triste... Gabin, dites-vous ? J’ai connu un Gabin... mais c’était il y a bien longtemps et il n’est malheureusement plus de ce monde, lui non plus... Vous êtes le bienvenu au Bal des Épines. 


- En êtes-vous sûre, Madame ? Je ne voudrais causer d’ennuis à personne.
Le regard du jeune homme semblait défier la Grande Maîtresse. 


Cela n’échappa pas au Duc de Riverview qui s’inquiéta immédiatement pour elle... Il trouvait que Cendre faisait un peu trop confiance au petit blond et, d’après les pensées qu’il avait saisies, il lui faudrait avoir une conversation sérieuse avec elle. 


Blanche et Isaure avaient, elles aussi, du mal à croire ce qu’elles venaient d’entendre. Non seulement leur mère ne s’offusquait pas de ce que cet étranger l’appelât « Madame » mais, en plus, elle l’accueillait à bras ouverts.
- Evidemment que j’en sûre, avait-elle répondu au jeune homme. 


- Merci, avait dit-il dit simplement. Vous ne le regretterez pas. 

 

A suivre 🙂

 

 

Bonus

 

Révélation

Giuseppe, le fils de Jessie et Caleb / Chiara, la fille de Lilith et Timothée. Je vous les mets ici car je ne pense pas les faire apparaître bambins dans l'histoire. 

 

 

 

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