[VDC - Terminé] **Cendre et la Vallée Oubliée**

par Nathalie986
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[VDC - Terminé] **Cendre et la Vallée Oubliée**

[ modifié ]
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"Cendre et la Vallée Oubliée" est une histoire que j'ai écrite à partir du challenge "Vampire de cimetière" créé par Bellepinte.

Les règles de son challenge m'ont énormément séduite, moi qui adore l'univers vampire tout en étant quand même un peu "fleur bleue". 😉

 

J'ai commencé l'histoire de Cendre en Août 2020 et j'ai mis un petit peu plus d'un an pour l'écrire. Et je dois vous avouer que je suis carrément sortie de ma zone de confort! 😈

Cette histoire est également la première que j'ai publiée sur le forum officiel Les Sims 🥰 et elle est particulièrement chère à mon cœur. 

 

Voilà, je vous ai tout dit. Je vous laisse donc maintenant découvrir les aventures et les mésaventures ma challengeuse.

Bonne lecture ! 

 

 


 

SOMMAIRE

 

Chapitre 1 La Vallée Oubliée 

Chapitre 2 Le pacte 

Chapitre 3 Une semaine de réflexion 

Chapitre 4 Une morsure et un regard 

Chapitre 5 Transition 

Chapitre 6 Premiers pas dans une nouvelle vie 

Chapitre 7 Jess 

Chapitre 8 Un géniteur de marque 

Chapitre 9 L'Unique 

Chapitre 10 Un comte à la maison 

Chapitre 11 Une loyauté assurée 

Chapitre 12 Impitoyable Tradition 

Chapitre 13 Générations humaines 

Chapitre 14 Du changement dans la crypte 

Chapitre 15 Une ombre au tableau 

Chapitre 16 Des bambins au top ! 

Chapitre 17 Amour et vengeance 

Chapitre 18 Consentement et maîtrise 

Chapitre 19 Un beau mariage 

Chapitre 20 Escapade interdite 

Chapitre 21 Des nouvelles de Riverview 

Chapitre 22 Malveillances 

Chapitre 23 Catacombes 

Chapitre 24 Un bien triste bilan 

Chapitre 25 Retour à la chapelle 

Chapitre 26 Cinq années... 

Chapitre 27 Paroles d'enfants 

Chapitre 28 Espoirs 

Chapitre 29 Lorsque le sort s'en mêle 

Chapitre 30 Dérapages 

Chapitre 31 Conseils 

Chapitre 32 La fin d'un règne 

Chapitre 33 Différents 

Chapitre 34 Un parfum d'apaisement 

Chapitre 35 En voie de guérison 

Chapitre 36 Renaissance 

Chapitre 37 Une vie après les votes 

Chapitre 38 Festivités à venir 

Chapitre 39 Le bal des Epines 

Chapitre 40 Samuel vs Isaure 

Chapitre 41 Isaure

Chapitre 42 Le prisonnier 

Chapitre 43 Des enfants qui grandissent 

Chapitre 44 Blanche vs Clotaire 

Chapitre 45 Des vampires et des lois 

Chapitre 46 Affaires de famille / partie 1 

Chapitre 47 Affaires de famille / partie 2 

Chapitre 48 Imprévu 

Chapitre 49 Ultimes combats 

Chapitre 50 Une vallée moins oubliée 

Chapitre 51 Révélations 

Chapitre 52 Un humain nommé Samuel 

Chapitre 53 Jumeaux 

Chapitre 54 Quand Samuel retrouve Isaure 

Chapitre 55 Propositions 

Chapitre 56 Décisions 

Chapitre 57 Epilogue 

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 05/07/24 - Chap1

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Chapitre 1 - La Vallée Oubliée


 

La douleur était cuisante. Elle la ressentait dans tout le corps et n’arrivait plus à bouger. Elle avait fait un interminable trajet dans le coffre de cette voiture et avait fini, au bout d’une heure, par perdre tout sens de l’orientation.
Puis le véhicule s’était arrêté, le coffre s’était ouvert et les deux comparses l’avaient jetée brutalement au sol, tel un paquet encombrant. Elle s’était efforcée de ne pas émettre un son et de se faire lourde, pour les conforter dans leur idée qu’elle avait quitté ce monde. Elle les avait alors entendus rire : « Au moins, on lui aura passé l’envie de voler ! C’est le patron qui va être content ! »
Elle se sentait très faible. Les portières claquèrent et la berline démarra en trombe.

Révélation

Elle ouvrit alors les yeux et chercha ses lunettes. Quelle chance, malgré ce qu’elle venait de subir, elles étaient intactes.
En les chaussant, il lui sembla que, de l’autre côté de la rue, quelqu’un l’observait. Elle essaya d’appeler au secours mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il lui sembla que la personne s’était approchée mais ses paupières s’étaient refermées laissant la place à une nuit sans rêve.


Lorsqu’elle rouvrit les yeux, la personne qu’elle avait aperçue plus tôt n’était plus là. Elle puisa dans le peu de forces qui lui restait pour se relever et marcher péniblement jusqu’à la maison d’en face.


Elle frappa à la porte mais la douleur de ce geste fut si violente qu’elle s’affaissa contre le mur. Est-ce que quelqu’un viendrait l’aider ?


Alors qu’elle commençait à désespérer, une femme brune vint lui ouvrir. Il lui semblait vaguement se souvenir que la personne qui avait observé son calvaire avait la même tenue. Ce jaune, elle s’en rappelait.
Elle essaya de se tenir droite devant l’inconnue qui s’adressa à elle mais ce fut peine perdue : « Ça alors ! La petite blondinette ! Mais que fais-tu chez moi ? »
Elle s’effondra sur le sol.
- « Tu n’as pas l’air en forme.
- Aidez-moi... ».


La blonde s’était écroulée à ses pieds. Il ne manquait plus que ça, il allait falloir qu’elle s’occupe de cette humaine imbuvable. Elle aurait dû lui briser la nuque mais la curiosité était la plus forte. Elle la porta donc jusqu’à sa chambre et la déposa sur son lit.
Elle resta là, à l’observer, pendant qu’elle dormait d’un sommeil agité. La petite avait l’air de souffrir et elle était couverte de bleus. Elle lui fit avaler un calmant sans qu’elle ne se réveille.


Cendre se réveilla quelques heures plus tard.
- « Tu as bien dormi ?
- Oui. Merci. Merci de m’avoir accueillie chez vous.
- Tu as dormi douze heures. Tu te sens mieux ? Tu ne tenais même pas debout.
- Oui, j’ai moins mal.
- Tu as eu de la chance, tu n’as rien de cassé, seulement quelques contusions. Comment t’appelles-tu ?
- Cendre.
- Cendre ? C’est un prénom, ça ? Moi, je m’appelle Lilith. » 


Lilith l’avait alors conviée à venir prendre un repas. En descendant l’escalier, Cendre avait entendu de la musique, une musique merveilleuse, un son envoûtant qu’elle ne connaissait pas. Elle en fit la remarque à son hôtesse. « C’est mon frère, il est en train de jouer de l’orgue », lui dit-elle simplement, puis elle lui servit un petit bol de salade.
- « Vous avez vu ce qui s’est passé, n’est-ce-pas ?
- Deux malabars t’ont balancée d’une voiture. Oui, j’ai vu.
- Et vous ne me demandez pas ce qui m’est arrivé ?
- Ce ne sont pas mes affaires, si tu as envie d’en parler, fais-le ».


Mais Cendre n’avait pas envie de raconter sa mésaventure à cette femme qui, de toute évidence, n’aurait pas pu la comprendre. Elle plongea le nez dans sa salade, ignorant que Lilith était intriguée par bien autre chose, et qu’elle était en train d’apporter de l’eau à son moulin, sans même le vouloir, en cherchant juste à être polie.
- « Elle est très bonne, votre salade.
- J’en suis ravie. Je ne suis pas très bonne cuisinière, même pour la salade.
- Moi, j’adore cuisiner. Tenez, dans votre salade, j’aurais rajouté un petit peu d’ail, pour la relever un peu.
- Tu manges de l’ail ?
- Oui j’adore ça ! J’en rajoute dans chacun de mes plats. Vous n’aimez pas ça ? » 


Lilith n’avait pas répondu. Elle s’était subitement excusée et avait quitté la pièce. La musique envoûtante avait cessé et Cendre entendit une conversation à voix basse.
Elle s’était alors approchée pour écouter ce qui se disait.
- « Elle mange de l’ail à tous les repas, c’est pour ça que je n’ai pas pu me nourrir d’elle. Je savais bien qu’il y avait une raison logique !
- Et bien, nous nous occuperons d’elle dans deux ou trois jours. Je pense qu’elle sera décontaminée. Et nous ferons un bon festin ! »
Cendre n’en croyait pas ses oreilles. Elle avait à faire à des cannibales qui détestaient l’ail ! Heureusement il lui restait quelques gousses dans sa poche. Il fallait qu’elle quitte cet endroit.


Elle retourna vite s’asseoir en voyant Lilith et son frère se diriger vers la cuisine.
Lilith : « Cendre, je te présente mon frère, Caleb Vatore. »
Caleb : « Enchanté, Cendre. Lilith m’a dit que tu étais en difficulté en ce moment. Tu peux rester quelques temps avec nous, si tu veux. Tu es la bienvenue. »
Et puis quoi encore ? Pour servir de dîner ? Non merci. Elle répondit le plus calmement possible à Caleb : « Cela aurait été avec plaisir mais il faut que je rentre chez moi, maintenant. » 


A sa grande surprise, le frère et la sœur la laissèrent partir sans difficulté. Elle se retrouva seule dans les rues de cette petite ville étrange dont elle ne connaissait même pas le nom mais dont elle devait absolument s’éloigner, elle le sentait. 


Elle observa un instant l’immense statue qui trônait au milieu de la place principale. « Il n’a pas l’air commode, celui-là », se surprit-elle à penser puis elle se mit en route pour partir.


Alors qu’elle avançait péniblement, elle se rendit compte qu’elle n’était pas au mieux de sa forme. Ses contusions étaient encore douloureuses. Ses vêtements déchirés et maculés de peinture lui rappelaient qu’elle était en train de peindre la mer lorsque ces brutes avaient débarqué, et, ses pieds la faisaient souffrir également à force de marcher sans chaussures... Elle n’avait pas réussi à les retrouver. 


Et malheureusement, elle ne pouvait pas rentrer chez elle. Le Patron avait dû mettre des gardes devant sa maison. Elle le connaissait bien. Il voudrait s’assurer qu’elle était bien morte et ne se contenterait pas de la parole de ses deux acolytes qui n’avaient rien dans le cerveau.
Rien dans le cerveau mais déterminés tout de même... Ils avaient réussi à tout lui faire avouer. Elle avait pourtant résisté un moment mais leurs méthodes très persuasives avaient fini par avoir raison d’elle et de ses dernières forces.
Ils lui avaient tout pris, jusqu’au dernier centime, et l’avaient ensuite laissée pour morte dans cette bourgade paumée.


Les deux jours qui suivirent, Cendre chercha un moyen de quitter la ville mais, à sa grand déconvenue, force était de constater qu’elle ne parvenait pas. Elle empruntait chaque route et chaque sentier qui semblaient mener vers l’extérieur mais se retrouvait chaque fois face à un *-de-sac.


Elle rebroussait alors chemin, bredouille et complètement désemparée. Elle avait même réussi à se perdre dans la forêt en empruntant ce joli petit pont de bois qui l’avait, lui aussi, conduite nulle part.


A la fin du deuxième jour, elle s’était résignée et baissa complètement les bras. La solitude et le désespoir prirent le dessus. A part Lilith et Caleb, elle n’avait croisé personne dans cette ville fantôme. Elle était épuisée, elle avait faim et froid... Comment avait-elle pu tomber si bas ? Et pourquoi ne pouvait-elle pas sortir de cette maudite ville ?


Elle se laissa tomber, frigorifiée, sur un banc. Finalement, elle allait sûrement mourir ici... C’était assez ironique quand on y pense. Elle sentit le sommeil l’envahir. Elle partirait donc ainsi, engourdie par le froid glacial, sans chaussures aux pieds, telle une pauvrette.


Son corps pourtant sembla se réchauffer d’une douce chaleur qui montait et l’envahissait peu à peu. Le banc lui sembla moins dur et, dans le lointain, elle entendit des voix.


Elle émergea tout doucement, se demandant où elle était puis vit Lilith en grande conversation avec cet étrange personnage au nez crochu. Il ressemblait énormément au type de la statue.
La présence de Lilith en ce lieu ne la rassurait pas du tout mais elle décida de n’en rien montrer.


L’homme ordonna à Lilith de prendre congé, et elle s’exécuta sans mot dire. Cendre en profita alors pour jauger son environnement. La décoration des lieux était plutôt macabre et lugubre mais il y avait ici, des toiles inestimables.


Nez Crochu vint ensuite s’asseoir près d’elle. Il l’impressionnait mais, là encore, elle s’efforça de ne rien laisser paraître. Elle préféra alerter l’homme au sujet de Lilith.
- « Vous savez que cette femme est cannibale ? Vous ne devriez pas l’inviter chez vous !
- Lilith Vatore n’est pas un cannibale. C’est un vampire. ». 


Le visage de Cendre s’était décomposé. Elle n’arrivait plus à faire bonne figure. Nez Crochu avait l’air très sérieux.
Il la regarda un instant puis lui proposa un repas chaud. Elle aurait voulu refuser et s’en aller tout de suite mais elle mourait de faim et avait besoin de reprendre des forces. Et elle ne savait pas elle pourrait manger à nouveau. Aussi, malgré les circonstances alarmantes, elles se laissa séduire par la proposition. 


Son hôte lui servit un plat de haricots aux saucisses ! Pouah ! C’est le genre de plat qu’elle aurait laissé de côté quelques jours en arrière, car elle ne l’aurait pas trouvé assez raffiné, et pourtant, elle se régala. C’était délicieux et surtout, c’était chaud.
Nez Crochu la regarda dévorer son assiette sans l’interrompre. Elle faisait plaisir à voir et il espérait qu’il ne s’était pas trompé sur son compte.


Lorsqu’elle eut fini son repas, il l’envoya prendre un bain et lui demanda de le retrouver ensuite sur son balcon. Lilith l’y conduirait et il lui assura que la brune vampire ne lui ferai rien de mal.
Ce bain chaud était une bénédiction. Elle s’assoupit même un petit instant et ses pensées volèrent vers ces personnes étranges qu’elle avait rencontrées depuis deux jours. Lilith, tout comme Nez Crochu étaient vraiment avares de paroles. Elle se rendit compte qu’elle avait à peine échangé deux mots avec chacun d’entre eux. Nez Crochu aussi, était peut-être un vampire et si c’était le cas, il ne faudrait pas qu’elle s’éternise ici.


Lorsqu’elle sortit de la salle de bain, Lilith l’attendait avec un visage amical.
- « Le Comte t’attend sur le balcon. Ne le fais pas attendre ».
Et elle ouvrit la petite porte qui se trouvait à sa droite. 


« Le Comte ? », pensa-t-elle. « Nez Crochu a donc des lettres de noblesse ».
- « Arrêtez de m’appeler Nez Crochu, Mademoiselle Valrose. Je m’appelle Vladislaus Straud. Venez plutôt prendre un siège. ».
« Bon sang ! Je n’ai quand même pas parlé tout haut ? » 


- « Vous êtes comte, c’est ça ? Mais comment connaissez-vous mon nom ?
- J’ai fait mes petites recherches. Vous êtes portée disparue depuis deux semaines. La police a retrouvé vos chaussures à plus de deux cents kilomètres d’ici, sur un viaduc, avec des traces de sang, du sang qui était le vôtre. Ils en ont conclu que vous aviez été lestée et jetée du haut du pont suite à des représailles mafieuses. Seul votre corps n’a pas été retrouvé. La déduction était donc aisée. Vous êtes Cendre Valrose. 


- J’ai aussi appris que vous étiez peintre et critique d’art de renom, mais que vous étiez soupçonnée depuis fort longtemps de travailler avec la Pègre locale. Les forces de l’ordre n’ont jamais eu de preuves contre vous mais vous avaient à l’œil. Vous auriez volé pour plus de huit millions de simflouz de tableaux et les auriez remplacés par des faux. Tout cela est-il vrai, Mademoiselle Valrose ? »


Elle n’essaya même pas de lui mentir car elle sentit que sa question n’était que pure formalité.
- « Vous êtes drôlement bien renseigné, Monsieur le Comte mais qui me dit que vous n’irez pas me donner à la police si je vous raconte mon histoire ? 


- Ce n’est pas dans mon intérêt, Mademoiselle Valrose.
- Bien sûr que si. Vous avez une collection impressionnante de toiles. Vous n’avez certainement pas envie qu’une voleuse de mon envergure vienne vous les dérober. Votre intérêt est donc de me livrer.
- Vous regarderez ces toiles de plus près à l’occasion. Elles sont uniques, et dans ma famille depuis des siècles. Vous ne le déroberez pas car vous n’aurez pas envie de le faire. 


- Je n’ai malheureusement aucune raison de le faire. Je veux juste partir d’ici, quitter votre ville... Comment s’appelle-t-elle d’ailleurs ? Je ne sais même pas où je suis.


- Vous êtes à Forgotten Hollow, la Vallée Oubliée, ma vallée. Et j’ai le regret de vous dire que vous ne repartirez jamais d’ici. On entre dans la vallée mais on en ressort pas. 


- Vous essayez de me faire peur, n’est-ce pas ?
- Et de ce que je vois, j’y arrive très bien.
- Deux personnes au moins en sont ressorties, celles qui m’ont abandonnée ici, deux grands costauds.
- Ils ne sont pas repartis, ma chère. Ils ne sont plus.


- Maintenant, racontez-moi un peu votre histoire, je vous prie.
- Vous savez déjà presque tout. J’adore peindre. La peinture a toujours été une passion, depuis toute petite.
Mes parents sont morts dans un accident d’avion alors que j’étais encore adolescente et j’ai été ensuite adoptée par un homme puissant, le parrain de la mafia newcrestoise. Il a parfait mon éducation pour ce qu’il voulait faire de moi.
J’ai ensuite grandi et suis devenue critique d’art pour un grand magazine. Mes critiques sont rapidement devenues légion. J’étais invitée dans les plus grands vernissages, je menais la belle vie et je possédais une maison de luxe à vingt-deux ans à peine.


- Mais votre vie ne ressemblait pas qu’à cela, n’est-ce pas ? Vous voliez aussi pour votre père.
- Oui, je volais dans les plus belles galeries pour lui et je remplaçais les toiles par des faux. Je suis un bon peintre, je peux reproduire n’importe quel original. Et je suis devenue aussi maîtresse dans l’art de la substitution.
- Vous avez été beaucoup plus loin que cela, Mademoiselle Valrose. Vous avez volé votre père adoptif.


- La plus grosse erreur de ma vie. Cela fait un peu plus d’un an que je récupérais un ou deux tableaux par-ci, par-là, pour mon compte. J’avais un réseau qui me permettait d’écouler les marchandises et de récolter un maximum d’argent. Tout se passait bien et le Patron ne se doutait de rien. J’ai été trahie par mon amant. Les confidences sur l’oreiller, vous savez ce que c’est... bref, il a tout balancé au Patron, tout ça pour avoir de l’avancement et la suite, vous la connaissez.


- Et le Patron ? C’est votre père, j’imagine ?


- Ce n’est pas mon père, il n’est rien pour moi. C’est un mafieux très dangereux. J’espère sincèrement qu’il me croit morte. Il s’appelle Oba-san. Il pourrait vous réduire en bouillie, et moi avec. 


- Ma chère, je peux vous assurer que cela n’arrivera jamais. J’ai un marché à vous proposer. Êtes-vous prête à l’entendre ? 


- J’avoue qu’en l’état actuel des choses, je suis prête à tout. Si je ne peux pas quitter cette ville, autant que j’y vive bien et que je m’y intègre. »


Le comte changea alors d’apparence et bizarrement, Cendre ne s’en inquiéta pas. Elle se préoccupait davantage de la teneur de ce marché qu’il allait lui proposer, car en marchés, elle s’y connaissait et le comte ne lui paraissait guère plus honnête qu’Oba-san. Mais était-elle honnête elle-même ?

 

A suivre... 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 05/07/24 - Chap2

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Chapitre 2 - Le pacte


 

Le comte se rassit en lui disant qu’il était grand temps pour lui d’aller dormir car le jour se levait. Mais qu’elle se rassure, Lilith resterait auprès d’elle pour lui tenir compagnie. Il lui donna rendez-vous à dix-sept-heures pour lui exposer les termes du marché. 

Révélation

Il l’avait laissé seule en proie à de terribles doutes et à une inquiétude grandissante. Elle prenait pourtant sur elle pour adopter une attitude naturelle et faire comme si la situation était normale mais la réalité était qu’il n’y avait rien de normal dans cette ville. 


Elle redoutait de connaître la nature de ce marché sordide qu’elle devrait accepter tant cette histoire de vampires la mettait mal à l’aise, mais avait-elle d’autre choix que d’y consentir ? Elle n’avait aucun moyen de sortir de la vallée.


Lilith apparut alors sur le balcon, l’empêchant d’aller plus loin dans ses réflexions. Elle se serait bien passé de sa compagnie.
- Alors qu’est-ce que tu veux faire ? Ça te dit, un tour du propriétaire ?
- Pourquoi pas ?
- Super ! On va commencer par le jardin ! 


Le jardin en question n’en avait que le nom. Le terrain du comte était en réalité un vaste cimetière orné de pierres tombales de styles et d’époques différentes, certaines très anciennes et d’autres plus récentes. L’endroit faisait froid dans le dos.
« Tu vois toutes ces tombes ? », en rajouta Lilith, « Ce sont les tombes des humains dont Vladislaus s’est abreuvé. Ils n’ont pas fait long feu, crois-moi ! », ricana-t-elle.
A ses paroles, Cendre sentit tout son corps se glacer, ou peut-être était-ce simplement que l’air ambiant devenait de plus en plus froid.


Elle décida de provoquer la brune.
- Alors, comme ça, tu veux boire mon sang, Lilith Vatore ? Pourquoi ne le fais-tu pas ? Nous sommes seules ici.
- J’aurais bien voulu mais le Comte me l’a interdit. Il te réserve à de plus grands projets. Je suis donc là pour faire amie-amie avec toi et, accessoirement, te surveiller.


- Parfait ! Dans ce cas, je crois que je préfère aller dormir. J’en ai assez vu de toutes façons et je suis épuisée. Je suis sûre que tu ne m’en voudras pas.
- J’en serais ravie, tu veux dire ! Je vais pouvoir rentrer chez moi avant que le soleil se pointe. Et puis, j’ai horreur de jouer les gardes-chiourmes !
Elle avait alors quitté le manoir, laissant Cendre seule.


La jeune femme avait tenu bon devant Lilith en revêtant un visage serein et impassible mais tout cela devenait bien trop pour elle.
Une fois seule, elle se laissa tomber à terre et évacua sa peur et son angoisse en pleurant à chaudes larmes. Elle resta ainsi plusieurs heures, prostrée, dans la plus grande détresse. 


Des vampires, des tombes partout, une ville dont on ne peut pas sortir... et en plus, elle venait d’avaler sa dernière gousse d’ail, sa seule et unique protection contre ces créatures d’épouvante.
Elle se ressaisit et prit la décision de quitter le manoir. Elle était en danger en ces lieux et il fallait s’en éloigner. Tant pis pour le marché !


Sa détermination était telle que rien n’aurait pu la faire changer d’avis, sauf peut-être la neige qui avait recouvert le sol de la vallée et qui n’était pas prévue au programme. Il ne manquait plus que ça ! Sans chaussures, elle ne risquait pas d’aller bien loin...


« Et bien voilà ! Je suis coincée ici avec cette bande de suceurs de sang ! Chouette perspective ! » , admit-elle tristement.
« Vous n’êtes coincée nulle part. », dit une voix derrière elle. « Vous êtes libre d’aller où bon vous semble. »
- Vous lisez dans les pensées ?
- Je lis dans les pensées humaines et les vôtres m’ont réveillé. Vos jérémiades, votre envie de partir, que de bruit !


- Oh mais vous m’en voyez sincèrement navrée, Monsieur le Comte.
- N’utilisez pas ce ton caustique avec moi. Avez-vous oublié que nous avions rendez-vous à dix-sept heures ? Je me demande si j’ai bien fait de croire en vous.
- Il n’est pas dix-sept heures
- Allons-nous asseoir. Je vais vous raconter pourquoi nous ne pouvons pas quitter la Vallée Oubliée, si tant est que cela vous intéresse, bien sûr. »


Evidemment que cela l’intéressait. Cendre emboîta immédiatement le pas au Comte. Il avait alors commencé son récit :
- Forgotten Hollow est un monde qui appartient depuis toujours aux créatures de la nuit. Les humains y venaient autrefois dans la journée et en repartaient sans encombre puisque nous dormions. De même, nous, vampires, pouvions sortir de la vallée et nous rendre où nous voulions. A l’époque, nous ne prenions jamais de vie humaine sur le sol de Forgotten Hollow. Cela aurait attiré l’attention sur nous et nous tenions à ce que cet endroit reste notre repaire et notre refuge.
Malheureusement, il y a cent-soixante-seize ans, les choses ont changé et si la vallée est toujours accessible de l’extérieur, personne ne peut plus en repartir. 


- Que s’est-il passé ?
- Mon épouse est décédée. C’est sa mort qui nous a enfermés ici.
- Je suis navrée pour votre épouse...
- C’était il y a bien longtemps...
Le comte avait tout de même interrompu son récit quelques secondes et reprit sou souffle avant de continuer :
- Ingrid était partie chasser à San Myshuno mais elle est tombée dans un traquenard. Deux humains l’ont prise à revers et l’ont aspergée d’un liquide dont nous ignorions jusque-là l’existence, une véritable arme pour détruire notre race. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait d’une potion visant à rendre les vampires humains. 


Cendre écoutait attentivement. Si cette potion pouvait guérir les vampires, elle avait un petit espoir de pouvoir s’en servir sur Lilith et le Comte. Encore fallait-il que cette potion existât dans ce monde...
« N’y songez même pas », invectiva le Comte en coupant net au déroulement de sa pensée. « Voulez-vous connaître la suite de mon histoire ou préférez-vous partir, Demoiselle Valrose ? ».
Cendre s’excusa platement et le pria de continuer :
- Mon épouse est donc redevenue humaine et elle est morte une semaine après. Ce qu’il vous faut savoir, c’est que lorsque j’ai transformé Ingrid, elle était atteinte d’une maladie incurable en phase terminale. En la transformant, je l’ai guérie. Mais lorsqu’elle a retrouvé son humanité, la maladie est réapparue et l’a emportée très rapidement.
- Votre histoire est très triste, Monsieur le Comte, mais je ne vois toujours pas le rapport avec le fait que nous ne puissions pas quitter la Vallée Oubliée. 


- J’y viens.
Les portes de la vallée se sont fermées le jour où Ingrid est redevenue humaine et est retombée malade. Il faut que vous sachiez, Demoiselle Valrose que le destin de Forgotten Hollow est étroitement lié au couple de Grands Maîtres qui en sont les souverains, comme nous l’étions Ingrid et moi.
- Vous êtes un grand maître de quoi ?
- Je suis un grand Maître vampire. J’ai atteint le rang ultime que tout vampire rêverait d’atteindre. J’ai la force, la puissance et tous les pouvoirs. Nul en ce monde n’est plus puissant que moi.
- Impressionnant, Monsieur le Comte ! Et donc, votre femme était aussi un grand maître vampire ?


- Oui. Une grande Maîtresse vampire, pour être plus exact. Et lorsqu’elle est redevenue humaine, elle a forcément perdu ce privilège.
- Et c’est pour ça que nous ne pouvons plus sortir de Forgotten Hollow ?
- Vous avez tout compris. Il faut une nouvelle grande maîtresse vampire à cette vallée pour qu’elle rouvre ses portes, mais l’ennui est que je ne l’ai pas encore trouvée et lorsque ce sera le cas, il faudra encore que je la forme.
- Et pourquoi pas Lilith ? Elle a l’air d’être à votre botte, il me semble.
- Lilith est déjà vampire et ce n’est pas moi qui l’ai transformée.


Le comte arrêta alors de parler et plongea son regard indéchiffrable dans celui de Cendre.
- Est-ce que vous comprenez ce que je viens de dire, Demoiselle Valrose ? 


Cendre avait blêmi. Elle était malheureusement persuadée de n’avoir que trop bien discerné ce qui se cachait derrière la dernière phrase de Vladislaus Straud.
- Ha, non, non, non ! Vous ne ferez pas de moi votre grande maîtresse vampire !


Elle était pourtant consciente que, consentante ou pas, il ferait bien ce qu’il voudrait.
- Voilà qui nous amène au marché que je veux vous proposer, ou plus exactement au pacte que je veux vous proposer.
- J’ai besoin de prendre l’air. 


Vladislaus l’avait conduite à l’étage, sur une terrasse couverte.
- Le marché, le pacte... tout cela me fait peur, Monsieur le Comte... et je ne suis pourtant pas femme à avoir peur, d’ordinaire.


- J’en suis bien conscient, ma chère mais laissez-moi vous éclairer sur la teneur de notre pacte. 


- Oh mais je vois très bien où vous voulez en venir ! Vous voulez me transformer, faire de moi une grande maîtresse vampire et m’épouser. Mon avenir semble tout tracé ! Est-ce que je me trompe ?


- Dans les grandes lignes, oui. Vous devriez vous sentir flattée au lieu de me prendre de haut. Combien aurait voulu que je les choisisse pour ce grand destin ? Elles se seraient senties honorées.


- Cent-soixante-seize ans ! Les portes de la vallée se sont refermées il y a cent-soixante-seize ans et vous n’avez choisi aucune prétendante ? Vous avez attendu que j’arrive ? Pourquoi moi, Monsieur le Comte ? 


- Parce que je sens que vous réussirez. J’en ai la certitude. Je me trompe rarement sur les humains. Réfléchissez un peu, vous ne pouvez pas sortir d’ici, vous n’avez pas d’argent et je sais que vous n’avez plus d’ail sur vous. Votre odeur pestilentielle se dissipe et bientôt, vous servirez de repas aux vampires de Forgotten Hollow ou pire encore, vous mourrez de froid dans la forêt. Le pacte que je vous propose est des plus honnêtes. Je vous offre l’éternité.


- L’éternité à vos côtés, vous voulez dire. Quelle joie immense ! Je suis encore jeune, moi ! Je n’ai pas envie de me marier avec un vieillard de plus de cent ans ! J’aspire à autre chose, figurez-vous.


- Allons donc ! Et qu’elle est votre aspiration ? Nous sommes tous coincés ici. Ne vous méprenez pas, mais le plus important dans ce pacte n’est pas notre mariage. C’est votre aptitude à réussir toutes les épreuves qui vous mèneront au rang de maîtresse vampire. Ensuite seulement, nous nous marierons et vous pourrez prétendre à être Grande maîtresse vampire, mais seulement à certaines conditions que je vous révélerai en temps utile. En attendant, il y a du boulot, et cela risque de prendre des années, excusez mon langage.


- Vous voulez dire que ce mariage n’aura pas lieu tout de suite ?
- Non, il va falloir d’abord faire vos preuves, vous entraîner, connaître toutes nos coutumes et réussir. Ensuite seulement, vous pourrez prétendre être mon épouse. Et si, à ce terme, vous ne le voulez pas, je me verrai dans l’obligation de vous faire griller en place publique.
- Charmante menace. En gros, je vous épouse ou je grille...
- Je ne pourrais pas me permettre de recevoir un tel affront sans réagir. Mon peuple ne comprendrait pas. Mais voyez le bon côté des choses : il sera toujours impossible de sortir de la Vallée Oubliée mais vous aurez gagné quelques dizaine d’années de vie supplémentaire.
- Evidemment ! Quel bonheur...
- Par contre si vous décidez de continuer, nous nous marierons et vous pourrez prétendre au titre de Grande Maîtresse Vampire. Une fois, que vous aurez obtenu ce rang, les portes de Forgotten Hollow pourront de nouveau s’ouvrir. Voilà le pacte que je vous propose.


- Ce qui me chiffonne, c’est cette histoire de mariage. Je ne vous aime pas et vous ne m’aimez pas, je le sais. Et pour moi, un mariage, c’est l’amour, et je vous avoue ne pas encore l’avoir trouvé. Et je ne suis pas sûr que vous soyez mon prince charmant.


- A vous de voir alors, Demoiselle Valrose. Vous avez toutes les données en main. (La voix du Comte s’était durcie.)
- Et sachez que notre mariage sera platonique, uniquement pour ouvrir les portes. Je vous donne une semaine pour réfléchir. Je vous offre le terrain de la Fledermaüs, celui-là même où vous avez atterrie le jour de votre arrivée dans la vallée. Vous vous débrouillerez là-bas. Dans une semaine, nous nous retrouverons et vous me direz quelle décision vous avez prise. Une semaine. Il vous faudra survivre d’ici là. Sachez que nous avons ici de formidables réseaux marchands. Il vous suffit pour cela de prendre contact avec les vampires de la forêt.


- Les vampires de la forêt ? Je n’ai vu que quatre ou cinq habitations dans le coin et très peu de monde.


- Seuls les plus grands vampires ont une maison sur la place. Les autres vivent dans la forêt et mettent tout en œuvre pour nous permettre de faire vivre notre économie autarcique : commerces et boutiques diverses et variées. Leurs demeures ne sont pas visibles à l’œil nu mais si vous cherchez bien, vous trouverez des entrées ici et là. La Vallée Oubliée est un sous-sol immense empli de catacombes habitées et de commerces. Une vraie petite ville souterraine. 


- Je n’ai pas un sou en poche, vous savez. Alors, je ne vois pas très bien ce que je pourrais acheter dans vos commerces.
- Vous n’êtes pas obligée d’acheter, vous pouvez aussi vendre pour vous faire de l’argent ou échanger des objets. Il y a plein de petites astuces. Vous savez jardiner ? Vous vendez les fleurs que vous récoltez. Vous pêchez ? Vous vendez votre poisson. Vous voyez où je veux en venir ?


- Utilisez ce que vous savez faire pour vivre.
- Je crois que j’ai compris.
- Alors, je crois qu’il est temps de vous laisser partir. Profitez de ce qu’il fasse jour pour repérer les lieux et faites un tour derrière cette petite maison rouge qui se trouve sur la place. Il y a quelques plants d’ail, par-là. 


Cendre se leva pour prendre congé.
- Ah j’oubliais ! Lilith a laissé une paire de chaussures pour vous dans l’entrée. Il y a également un canne à pêche. Servez-vous. On se revoit dans une semaine.


Le Comte avait permis à Cendre de prendre une douche et de se nourrir avant de partir. Elle avait ensuite franchi les portes du manoir, chaussée des savates « confortables » que Lilith avait « gentiment » laissées pour elle, trop heureuse de s’éloigner du maître des lieux.


Elle savait qu’elle ne devait pas perdre de temps car la nuit tombait très vite sur Forgotten Hollow. Vladislaus lui avait donné quelques conseils pour l’aider à survivre et il lui faudrait les mettre en pratique si elle souhaitait tenir une semaine entière. La dernière fois qu’elle avait été livrée à elle-même, elle avait failli mourir au bout de deux jours.
Elle tiendrait le coup, elle y arriverait. Quant à ce pacte, il était hors de question de l’accepter. Une éternité avec Vladislaus Straud, le quatrième ! Et puis quoi encore ? Elle chercherait plutôt cette potion qui permet de rendre les vampires humains...

 

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 05/07/24 - Chap3

★★ Guide

 

Chapitre3 - Une semaine de réflexion


 

La première chose que fit Cendre fut d’aller ramasser de l’ail. Cette plante qu’elle adorait était désormais devenue un sauf-conduit lui permettant de se déplacer tranquillement dans la vallée. Et dire qu’elle lui devait la vie !

Révélation

Elle avait essayé de pêcher mais l’eau du lac était tellement gelée qu’il lui avait été impossible de lancer une ligne. De toute façon, elle n’était pas certaine d’être très douée pour ça.


Elle avait alors sillonné la bourgade et ramassé plusieurs plantes locales. Elle avait aussi cueilli les fruits d’un arbre assez étrange et dont le goût était vraiment particulier. Cela l’avait presque rendue malade.
Elle conserva tout de même sa récolte, se persuadant qu’elle intéresserait peut-être quelqu’un. 


Durant deux jours, elle avait cherché des moyens de se faire de l’argent et la chance lui avait souri devant l’entrée d’une grotte condamnée lorsqu’elle trouva un marteau et un burin abandonnés sur le sol.


Elle s’était alors attaquée à cette roche cristalline qui se trouvait là, dans l’espoir d’y extraire un peu de cristal et sa patience fut récompensée lorsqu’un joli cristal rose se détacha de la pierre. Elle en tirerait sûrement un bon prix dans ces fameuses catacombes qu’elle n’avait pas encore trouvées.


Cendre s’astreignit, cette semaine-là, à dormir la journée au soleil. Elle dormait peu, et par étapes, car il faisait tout de même très froid, mais elle savait que si elle s’endormait la nuit, elle risquait de ne jamais se réveiller tant les températures étaient glaciales.

 

Le deuxième jour, elle s’essaya au jardinage mais sans plus de succès que pour la pêche.
Elle avait tenté de creuser la terre avec son marteau mais, sous la neige, il y avait une épaisse couche de glace impossible à casser. Il lui faudrait attendre des jours meilleurs pour essayer de planter quelque chose à nouveau.


Evidemment, la pêche et le jardinage n’étaient pas ses points forts. Son point fort à elle, c’était la peinture.
Oba-san rigolerait bien s’il la savait coincée ici à creuser la terre et la roche, avec ses mains d’artiste...
La voix de Lilith la ramena soudain à la réalité. Que venait faire cette fille ici ? Ne pouvait-elle pas la laisser tranquille dans sa galère ?

 

Cendre était furieuse. Elle s’avança vers l’intruse, folle de rage.
- Toi ? Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Sors de chez moi !
- Chez toi ? Ce grand terrain vide ! 


- Tu t’es bien fou.tue de moi en me laissant des savates en guise de chaussures !
- Je savais que tu apprécierais !


Le ton railleur de Lilith la mit hors d’elle :
- Alors écoute-moi bien, Vampirette ! Je ne m’amuse pas ici, je survis et j’ai froid. Je me tue à la tâche pour trouver des bricoles à vendre ou à échanger dans les catacombes et je suis épuisée ! Et toi ? Toi, tu débarques avec ton gros pull confortable pour me narguer ? Fiche-le camp, tu me dégoûtes ! 


Cendre s’attendait à ce que la brune lui sautât dessus mais, à sa grande surprise, elle changea de ton et s’excusa.
- D’accord, désolée. C’est vrai que j’ai un peu exagéré avec cette histoire de sandales. Mais je suis venue pour t’aider cette fois.


- Et pourquoi m’aiderais-tu ?
- Je te propose de te conduire aux catacombes. Je sais que tu as déjà pas mal de petites choses à vendre et ce sera plus sûr si tu es accompagnée. Tu es partante ?
Bien que méfiante envers Lilith, Cendre accepta tout de suite. Après tout, elle n’avait toujours pas trouvé comment accéder à cette ville souterraine.


L’entrée des catacombes correspondait à l’entrée de cette grotte que Cendre avait cru condamnée lorsqu’elle avait trouvé son marteau.
Elle aurait dû se douter, en voyant toutes les chauves-souris qui rodaient autour, que cela cachait autre chose.
Cendre obtint trois-cent-dix-neuf simflouz en vendant ses trouvailles et ses récoltes. C’était une belle somme mais elle ne lui permettait pas encore de se payer le chevalet qu’elle avait aperçu dans une des boutique.


A leur retour à l’air libre, Lilith l’entraîna dans une partie d’échecs et Cendre en profita pour lui poser quelques questions sur le fait qu’elle ne voyait jamais personne dans les rues de Forgotten Hollow.
- La ville est pourtant accessible de l’extérieur...
- Elle l’est. Mais le Comte a mandaté des gardiens à chaque accès de la ville pour intercepter les indésirables. Il ne veut pas que tu puisses t’entretenir avec un humain durant ta semaine de réflexion.
- Ben voyons ! Je croyais que les vampires ne supportaient pas le soleil. Comment font-ils pour surveiller les entrées durant la journée ?
- C’est une légende, tout ça ! Certains vampires supportent très bien le soleil. C’est mon cas et celui de mon frère. D’autres, plus puissants, comme le Comte, le craignent énormément.
- Et les humains qui entrent ici, qu’en faites-vous ?
- Je crois que tu le devines très bien sans que je n’aie à te le dire.


Lilith s’en alla lorsque la nuit tomba, laissant Cendre seule au milieu de son terrain inhospitalier, sans même un toit sur la tête.
Elle avait froid et faim. Elle grignota quelques fleurs d’aconit et un peu d’ail mais cela ne la rassasia pas longtemps...


Caleb, le frère de Lilith était alors apparu devant elle, surgi de nulle part, et la faisant sursauter. Son visage était amical et il la pria de venir passer la nuit dans sa maison. Il lui fit miroiter un bain chaud, un vrai repas et un bon lit.
Bien qu’elle trouvât la proposition très tentante, Cendre déclina l’invitation. Le diable n’avait-il pas plusieurs visages ? Elle n’avait absolument aucune confiance en cet homme qu’elle n’avait que vaguement aperçu une seule fois. Et elle n’oubliait pas qu’il avait envisagé de faire d’elle un bon festin. 


Cendre regretta cependant très vite le départ de Caleb car plus la nuit avançait et plus elle avait froid, faim et sommeil. Or, elle ne pouvait pas se permettre de s’endormir avec le froid qu’il faisait. Elle décida qu’elle devait s’activer et partir à la recherche de nouvelles plantes. Cela la maintiendrait éveillée.


Si elle s’était un instant imaginé qu’elle pourrait lutter contre son corps en détresse, elle constata, à ses dépends, que celui-ci la rappelait à l’ordre.
Ses forces l’abandonnèrent sans prévenir et elle tomba d’épuisement face contre terre, devant le regard médusé de Caleb Vatore qui était revenu pour s’assurer qu’elle n’avait pas changé d’avis.


- Relevez-vous, Cendre, enfin ! Ce n’est pas une position convenable pour une demoiselle !


Elle s’était relevée péniblement pour constater que le regard de Caleb n’était ni moqueur, ni malveillant. Le timbre de sa voix, non plus.
- Alors, tenez-vous réellement à passer la nuit ici ?


Cendre l’avait suivi jusque chez lui. Elle ne se sentait vraiment pas bien mais l’urgence était de se nourrir et Caleb l’avait compris.
Lorsque Cendre lui demanda ce qu’il advenait des humains qui pénétraient dans la Vallée, Caleb fut un peu plus explicite que sa sœur. Il donna à la jeune femme des détails qu’elle aurait préféré ne pas connaître mais elle l’avait bien cherché. Lorsqu’on ne veut pas connaître la réponse, on ne pose pas la question.
Quand elle eût fini son assiette, il l’accompagna jusqu’à sa chambre, lui passa un t-shirt et un short appartenant à Lilith, et se retira.


Elle dormit d’un sommeil sans rêves et fut réveillée au petit matin par le son de l’orgue. Tout comme la première fois qu’elle l’avait entendue, elle trouva la mélodie merveilleuse.
Elle descendit doucement l’escalier et, sans faire de bruit, s’installa sur une chaise près de Caleb. Elle ne voulait surtout pas interrompre la magie de l’instant. 


Le quatrième jour, Cendre avait réuni assez d’argent pour s’offrir son chevalet.
Lilith l’accompagnait chaque fois qu’elle devait se rendre dans les catacombes et, son frère et elle lui avaient définitivement ouvert leur maison. Cendre y était la bienvenue chaque fois qu’elle ressentait le besoin de dormir, de manger ou de se laver.


Le reste du temps, elle le passait chez elle, sur son terrain vide en compagnie de son chevalet.
Elle avait peint plusieurs toiles dans la journée qu’elle comptait bien vendre à un bon prix.
Peindre lui avait aussi permis de pallier cet énorme manque de distraction qu’elle ressentait depuis qu’elle était arrivée dans la vallée.
Elle aurait presque pu être heureuse si le pacte de Vladislaus Straud ne venait pas hanter régulièrement ses pensées. 


Contre toute attente, Lilith était sa plus grande admiratrice et elle venait régulièrement la regarder peindre. Elle aussi adorait la peinture et elle débordait d’enthousiasme devant chaque toile de Cendre, estimant chaque fois la valeur de l’œuvre.


Et elle se trompait rarement.
Le cinquième jour, Cendre avait gagné suffisamment de simflouz pour s’acheter une commode et deux petites lampes de sol, afin de pouvoir peindre le soir.
Cette nuit-là, elle était tellement absorbée par une toile qu’elle désirait absolument finir que Lilith avait dû lui rappeler que c’était l’heure du dîner. Il était déjà presque une heure du matin.


Mais en lieu et place du dîner, Lilith avait fait manger de la neige à Cendre qui ne s’était pas laissé faire. Une bataille de boules de neige avait alors eu lieu entre les deux femmes qui firent la paix autour de la création commune d’un bonhomme de neige.


Cendre découvrit cette nuit-là une autre facette de Lilith mais, peut-être cette facette n’était autre que celle qu’ « on » lui avait ordonné de revêtir pour faire « amie-amie » avec l’humaine... Tant pis, ces jeux tout simples furent un exutoire salvateur à sa vie dans cette sombre vallée, une bouffée d’air pur.
- On n’est pas bien ici, Cendre ?
- Oh si, mais je vais être trempée !


Elles s’étaient alors retrouvées chez Lilith, comme deux vieilles copines, à papoter, mais malgré cela, Cendre ne perdait jamais de vue que la brune représentait avant tout un potentiel danger.
- As-tu décidé de ce que tu voulais faire ? La semaine se termine demain soir. Vas-tu accepter la transformation ?
- Je n’en sais rien... Vivre éternellement n’était pas dans mes projets. Et ton Comte semble trop bizarre à mon goût. 

 

En gage d’amitié, Lilith lui offrit quelques vêtements chauds.
- Tu sais, nous sommes tous bizarres si tu vas chercher par là. C’est notre forme sombre qui veut ça. Un jour, je te montrerai la mienne.


Au petit matin, Cendre était retournée sur ses terres vêtue d’un pull, d’une casquette et d’une écharpe. Et surtout, elle avait les jambes et les pieds au chaud.
Caleb était venu lui apporter du bois. Il semblait sincèrement inquiet de la décision qu’elle allait prendre.
- Nous n’aimerions pas te voir tré.passer, Lilith et moi... 


- Crois-tu que j’ai envie de finir en festin pour l’un de tes congénères ?
- Si nous devions en arriver là, je m’en occuperais personnellement, sois rassurée. Tu ne sentiras rien. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu n’as pas encore pris de décision.
- Mourir humaine ou vivre vampire une éternité auprès du comte... 

 

Cendre s’interrompit alors. Sa voix s’était brisée malgré elle, la montrant vulnérable, et elle avait peur de finir sa phrase en pleurant.
Caleb la laissa se ressaisir sans mot dire. Le silence s’installa entre eux durant quelques secondes avant qu’elle ne reprenne d’une voix désemparée :
- Aide-moi, Caleb. Qu’est-ce que je dois faire ?


- Tu me flattes en demandant mon aide mais toi seule doit décider. Il s’agit de ta vie. Je ne peux t’influencer en aucune manière.
Il entreprit alors de lui changer les idées puis lui proposa de l’emmener faire les boutiques pour vendre ses toiles et acheter de nouvelles choses pour son terrain. Ravie de pouvoir penser à autre chose, elle ne se fit pas prier. 


Le lendemain, Cendre exigea de Caleb et Lilith qu’ils la laissassent seule.
A la tombée de la nuit, elle devrait informer le Comte de la décision qu’elle avait prise et elle avait besoin de se concentrer sur le bon choix à faire sans que personne ne vienne interférer dans ses réflexions.


Une chose était certaine, elle ne voulait pas mourir.
Peut-être que ce n’était pas si horrible que ça d’être un vampire. Caleb et Lilith avaient même l’air de très bien le vivre...


Et puis il y avait toujours cette fameuse potion à trouver. Elle pourrait alors se guérir elle-même en plus de guérir les autres...
Quant à son mariage avec le Comte, elle aurait le temps de voir venir... 


Cendre était en train de peindre lorsque le comte arriva. Se yeux brillaient dans la nuit noire.
- Bonsoir, Demoiselle Valrose. Avez-vous pris votre décision ?


Elle lâcha ses pinceaux, manqua de s’oublier, puis lui fit face.
- J’ai vraiment les chocottes, Monsieur le Comte, mais oui, je suis d’accord. Faites de moi un vampire.

 

Il lui sembla que le comte avait esquissé un sourire. Il lui tendit la main.
- Je me félicite de votre choix. Venez avec moi, nous allons au manoir.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 05/07/24 - Chap4

[ modifié ]
★★ Guide

 

Chapitre 4 - Une morsure et un regard


 

Le Comte la conduisit jusqu’au manoir. Ils empruntèrent une porte dérobée qui se trouvait dans le salon et qu’elle n’avait encore jamais vue jusque-là.
- Bienvenue dans ma crypte, Demoiselle Valrose. J’espère que vous vous y sentirez bien. 

Révélation

Bien ?... Il devait plaisanter. Les cercueils faisaient ici office de mobilier... Les choses sérieuses allaient donc commencer... Peut-être lui sauterait-il dessus sans qu’elle ne le vit venir...
Cendre regarda le Comte. Elle était terrifiée et se demandait ce qui allait maintenant se passer.


- Allons-nous asseoir. Nous serons plus à l’aise pour parler. Il faut que je vous explique ce que j’attends de vous et ce que toute la communauté vampire attend de vous. Ce sera ensuite votre dernière chance de vous dédire mais vous le ferez en connaissance de cause.


Elle s’était alors assise, rassurée ; le Comte lui offrait une autre chance de refuser ce pacte effroyable.
Il commença alors à énumérer les points essentiels de celui-ci... 


Tout cela lui paraissait irréel... Pourtant, le Comte était très sérieux. Avait-il parlé de descendance ? d’enfants qu’il faudrait occire s’ils n’étaient pas humains ? Avait-il réellement parlé de tout cela ? 


Cendre avait écouté attentivement tous les propos de Vladislaus Straud le quatrième, et elle était horrifiée. Il parlait de garde-manger, de pères humains procréateurs et puis d’autres humains qu’il faudrait tuer tandis que d’autres seraient transformés...


Elle nageait en plein cauchemar et sombrait dans les abîmes d’un océan sans fond.
Le Comte continuait à lui décrire toutes ces choses horribles qu’elle aurait à faire si elle acceptait de devenir Maîtresse Vampire. Son regard était impassible. Aucune émotion ne s’en dégageait. Elle frissonna...


Tout cela pour quoi finalement ? Tout ce carnage à venir... Et pour en arriver où ?... Pour finalement épouser le Comte quelques années plus tard ? Celui-là même qui m’aura conduite à accomplir des choses terribles ?
Il faudrait être folle pour consentir à un tel pacte.


Le Comte sembla s’apercevoir de son trouble et coupa court en lui disant que Lilith viendrait la retrouver dans sa chambre en vue de la préparer à la cérémonie de transformation. Si elle ne souhaitait plus y participer, elle devrait en faire part à cette dernière.
Il lui assura aussi, qu’une fois transformée, toutes les craintes qui la rongeaient en ce moment-même, n’auraient plus aucune raison d’être.


Cendre s’était alors levée. Elle n’avait pas dit grand-chose depuis le début de son entretien avec le comte mais elle réussit tout de même à articuler quelques mots.
- Vous serez très vite informé de ma décision, Monsieur le Comte.
Et elle s’empressa de rejoindre les étages pour retrouver Lilith.


- Ce n’était pas censé se passer comme ça ! Le Comte ne devait t’exposer le détail de tes missions qu’après la transformation ! Je me demande ce qui lui a pris...
Lilith était blême de rage. Mais elle se calma en réalisant que Cendre était encore choquée par ce qu’elle avait dû entendre.
- Que vas-tu faire maintenant ?

 

Cendre lui répondit d’une voix éteinte :
- Ces missions, comme tu les appelles, sont au-dessus de mes forces. Jamais je ne pourrais prendre la vie d’innocents, comme ça, gratuitement. Je ne peux pas, Lilith...


- Lorsque tu seras vampire, tu n’auras aucune considération pour ce genre de détails, crois-moi ! Le comte ne te l’a pas dit ?


- Des détails, dis-tu ? Mais ils n’en sont pas pour moi !


- Cendre... Tu ne le sais peut-être pas, ou alors tu as du mal à l’accepter, mais je suis ton amie. Si tu viens à refuser ce pacte, tu seras livrée en pâture aux vampires. Je ne suis pas sûre que tu aies envie de ça.


Elles restèrent alors un moment à discuter. Cendre avançait ces arguments tandis que Lilith les contrait tous avec une logique bien à elle mais elle acheva de persuader son amie d’accepter la transformation.
Cendre repensa alors à cette potion guérisseuse. Oui, elle accepterait le pacte mais ne s’avouerait jamais vaincue et redeviendrait humaine. Un jour... Peu importe le temps qu’il faudrait.


Lilith l’avait alors aidée à s’habiller d’une robe corsetée dans laquelle elle se sentait oppressée.
- Le Comte l’a choisie pour toi.
- Et je devrais me sentir flattée ?
Sa nouvelle amie improbable avait elle aussi revêtu une robe de soirée mais, également sa forme sombre, ce qui surprit Cendre, qui ne s’y pas du tout préparée.


- Je t’avais dit que tu la verrais un jour ! Et bien, c’est aujourd’hui. Tous les vampires présents auront leurs véritables apparences ce soir. En ton honneur, Cendre !


Cendre ne partageait pas du tout l’excitation de Lilith.
- Et je devrais me sentir flattée, c’est ça ?
Elle respira un grand coup avant de s’apprêter à descendre l’escalier qui la mènerait sûrement à sa perte.


En longeant le corridor, elle entendit des bruits de conversations en provenance du salon. Le Comte et Caleb étaient en grande discussion avec deux inconnus, vampires tout comme eux.


L’un des deux leva la tête vers elle et leurs regards se croisèrent immédiatement. Quelque chose se passa, une chose qu’elle ne saurait décrire, comme si le regard de ce vampire balafré avait pénétré les tréfonds de son âme. Elle tourna la tête.

 

- Il faudrait qu’on y aille, Cendre
- Qui sont ces deux-là ?
- Celui qui porte un gilet est Lucas Lestat, le Duc de Riverview, et à sa droite, c’est Timothée Renard, le Vidame de Montsimpa. Ce sont tous deux de vieux amis du Comte. Il les a invités pour ta transformation.


Cendre se dirigea vers les escaliers.
- Allons-y, ne faisons pas attendre ces messieurs. J’ai hâte d’en finir avec tout ça !


Le comte avait alors présenté brièvement Cendre à ses invités puis tous s’étaient assis dans le petit salon où l’agencement des meubles avait dû être repensé pour l’occasion. Tous, sauf elle.


Elle avait été priée de rester debout et d’annoncer devant les personnes présentes sa décision d’être transformée, décision prise en toute connaissance de ses obligations à venir, ni sous la contrainte, ni sous la menace, ni sous état hypnotique.


C’était la condition sine qua non pour qu’elle puisse être reconnue plus tard Maîtresse Vampire par la communauté de la Vallée.
Cendre improvisa donc un petit discours pour déclarer qu’elle acceptait son futur rôle et que rien, ni personne, ne l’y avait forcée.


Tout se passa ensuite très vite. Vladislaus Straud avait surgi derrière l’humaine et avait saisi sa gorge. Lilith paraissait complètement excitée et le Vidame de Montsimpa observait la scène avec grand intérêt.


Caleb lui lança un petit sourire d’encouragement tandis que le Duc de Riverview capta une nouvelle fois son regard.


Lorsque le Comte planta ses canines dans sa nuque, elle se retint de hurler. Il lui était impensable de donner à cette assemblée de vampires, la satisfaction de la voir s’époumoner de douleur. Un petit cri malheureux s’échappa tout de même de ses lèvres, bien malgré elle.


Lucas Lestat avait toujours les yeux rivés sur elle tandis que Cendre fermait les siens en espérant que sa souffrance allait s’atténuer.


Lorsqu’elle les rouvrit, le Duc était debout, devant elle en train de presser le Comte d’arrêter de la boire, sous peine de la voir mourir.
- Ou vous pourriez dire adieu à votre maîtresse vampire, mon ami.

Tous savaient que le Duc était la seule personne dans le salon qui pouvait se permettre d’interrompre ainsi le Comte Vladislaus Straud, quatrième du nom.


Et tandis qu’il s’adressait au Comte, Lucas Lestat ne cessait de la dévisager doucement.
Son regard l’apaisa. Tout se passerait bien, elle en était persuadée.


Vladislaus sembla entendre la demande de Lestat car il se retira immédiatement, au grand soulagement de Cendre qui se sentait de plus en plus faible.


Le Comte entailla alors son propre poignet puis le lui présenta. La seule idée de devoir boire le sang du vampire la répugnait mais elle n’était pas sans ignorer que cela faisait partie du rituel et qu’elle ne pourrait s’y soustraire.


Une nouvelle fois, le regard de Lestat se posa sur elle et l’emplit de courage. Elle se saisit alors du poignet comtal et entreprit d’y boire.


Lorsque Vladislaus lui intima l’ordre de s’arrêter, elle se redressa et se tordit soudainement sous les violentes contractions de son estomac.
- « Mais qu’est-ce que j’ai ? », gémit-elle


- Ne vous en faites pas. Cela va passer dans une seconde.
Caleb avait applaudi. Il semblait sincèrement heureux.
- Tu seras bientôt des nôtres, Cendre ! Voilà ce que tu as.


Le Comte, impassible, avait rejoint son fauteuil. Il s’adressa à elle :
- Vous allez pouvoir rentrer chez vous maintenant, Demoiselle Valrose. La transformation n’aura lieu que dans deux ou trois jours. C’est différent selon les humains. Ensuite, nous nous reverrons.


Cendre n’était pas très rassurée :
- Vous me renvoyez chez moi ? Mais que ferais-je une fois transformée ? Que devrais-je faire ?


- Votre question est légitime et surtout, très pertinente.
Vous rentrez chez vous, oui, mais vous serez accompagnée. Le Duc de Riverview, ici présent, sera à vos côtés durant la transition. Il se chargera de veiller sur votre santé et de vous informer plus en détails sur les tâches qui attendent une future Maîtresse Vampire.
Le duc, apparemment surpris, s’exprima alors :
- Vladislaus, vous me faites là un véritable honneur mais ne croyez-vous pas que Monsieur Vatore serait plus à même de mener cette mission ? Il connait Mademoiselle Valrose tandis que je l’entrevois à peine.
- Ne m’offensez pas, Lucas, je vous en saurai gré.
Puis il se tourna vers Cendre.
- Je disais donc que le Duc de Riverview resterait à vos côtés afin de veiller à ce que votre transition se passe bien.
Cendre jeta un œil vers Lestat et Caleb. Les deux hommes semblaient déçus par la décision du Comte.


Mais cette décision fut sans appel.
Cendre quitta donc le manoir avec Lucas Lestat. Le comte les accompagna jusqu’au perron.
- Prenez-soin d’elle, mon ami.
- Comptez sur moi, Vladislaus.


- Allons-y, Mademoiselle Valrose. Je suis votre chevalier servant pour les deux ou trois jours à venir.


Arrivés sur la place, Lestat se tourna vers elle.
- Il va encore geler cette nuit, je vous invite à partager ma demeure. Nous ne voudrions pas que vous attrapiez froid, n’est-ce pas ?
Il la conduisit alors jusqu’à cette petite maison rouge qui se trouvait de l’autre côté de la place, cette maison derrière laquelle elle récoltait son ail. Il ouvrit la porte et la fit entrer.

 

A suivre 🙂

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 06/07/24 - Chap5

★★ Guide

 

Chapitre 5 - Transition


 

La porte se referma sur eux. Cendre ne savait pas trop à quoi s’attendre de cet inconnu qui l’avait tout à l’heure, presqu’envoûtée...
Avait-elle rêvé tous ces regards échangés ?

Révélation

Le vampire n’y fit aucune allusion et resta très pragmatique. Il indiqua à Cendre où se trouvaient les chambres et lui montra la cuisine.
- Faites comme chez vous. Je dois me reposer quelques heures. Je vais dans ma crypte. Utilisez la salle de bain, si besoin, et si vous voulez vous changer, il y a des vêtements de femme dans la commode de la petite chambre.


Elle aurait bien voulu discuter davantage avec le beau ténébreux mais il la planta là :
- A tout à l’heure, Mademoiselle Valrose
- A tout à l’heure, Monsieur le Duc


Lestat avait disparu derrière la porte arrière de la maison, la laissant seule dans cet endroit qu’elle ne connaissait pas.
Attristée par son comportement distant, elle décida d’aller se faire à manger. Elle avait faim et, cuisiner lui changerait les idées. Elle fit avec ce qu’elle trouva sur place : deux tomates et quelques pâtes. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y avait pas grand-chose dans le frigo et les placards de cet homme-là. Elle préférait ne pas penser à ce qu’il prenait lorsqu’il se restaurait...
Mais, alors qu’elle tranchait les tomates, une douleur immense la submergea, encore plus violente que celle qu’elle avait ressentie la première fois.


Malgré son malaise, elle réussit à finaliser ses spaghettis à la sauce tomate et même à faire honneur à son plat. Elle devait manger pour prendre des forces.
Tout en dînant, elle se demanda pourquoi il y avait autant d’ail dans cette maison. Cela lui semblait être un non-sens dans la demeure d’un vampire.


Après avoir terminé son repas, elle fit le tour de la maison et découvrit, dans une petite alcôve près de la cuisine, un bureau avec un ordinateur. C’était la première fois qu’elle en voyait un depuis son arrivée à Forgotten Hollow. Il faudrait qu’elle demande au Duc, s’il fonctionnait.


Elle trouva ensuite la petite chambre dont Lestat lui avait parlé plus tôt et là encore, il y avait de l’ail partout sur les murs. Elle s’interrogeait de plus en plus mais le sommeil était en train de la gagner.
Elle choisit quelques vêtements dans la commode puis s’endormit dans le petit lit.


Elle se réveilla au milieu de la nuit à cause de nouvelles douleurs à l’estomac. Le Duc n’était toujours pas revenu.
Elle boirait donc un café en attendant que monsieur ne se décide à se montrer. Cela lui ferait du bien. De toutes façons, elle n’arriverait plus à dormir.
A sa grande surprise, il n’y avait aucune cafetière dans la cuisine. Elle chercha dans tous les placards sans succès, mais, ce qu’elle découvrit, dissimulé derrière une boîte à biscuits vide, lui fit tout de suite oublier son café.
Il y avait là un très beau livre relié et qui paraissait vraiment ancien. Elle commença à en feuilleter quelques pages mais son contenu la captiva tellement qu’elle finit par aller s’asseoir au salon pour en reprendre la lecture depuis le début.


Ce livre était une vraie mine d’or, un recueil très ancien sur les vampires, écrit par les vampires eux-mêmes. Il était riche d’informations inestimables.
Absorbée par sa lecture et par ce qu’elle venait d’apprendre dans le recueil, Cendre n’entendit pas Lucas Lestat entrer dans la pièce.
- L’histoire vous plait-elle, Mademoiselle Valrose ?


- Oh... Monsieur le Duc... J’ai trouvé ce livre...
- Je sais où vous l’avez trouvé. Puisque vous êtes réveillée, nous allons pouvoir discuter. Posez-donc cette encyclopédie et allez vous couvrir. Je vous attends ici.

 

Mince, le Duc n’était vraiment pas content, et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait tout de même fouillé dans ses affaires.
- Je ne voulais pas être indiscrète, je vous assure. Je cherchais juste une cafetière et j’ai trouvé ce recueil...


- Je m’occupe de votre café. Montez-vous couvrir.
- Merci beaucoup.
Cendre monta vite se changer. Elle avait compris qu’il ne tenait pas à la voir en tenue légère dans sa demeure. Il en faisait bien des manières, tout de même !


Lorsqu’elle redescendit, la cheminée était allumée et le Duc lui avait préparé du café.
Il la regardait de nouveau avec ce regard qu’elle lui avait vu chez le Comte, un regard intense et profond.
- Vous êtes magnifique !


Ne sachant que répondre à ce compliment inattendu, Cendre répliqua d’un banal « merci ». S’ensuivit alors une longue conversation durant laquelle il lui expliqua quelles étaient les obligations d’une future maîtresse vampire. Elle devrait s’entraîner à combattre, obtenir des pouvoirs et surtout, assurer sa descendance.


Cendre l’écouta avec précaution. La façon dont il présentait les choses semblaient si naturelle, si normale qu’elle aurait presque pu croire qu’elle avait un destin bien commun mais elle savait que ce n’était pas le cas. La vraie vie, ce n’était pas cela.
- Je ne suis pas sûre que je ferais une bonne maîtresse vampire, vous savez...


- Pourquoi dites-vous cela ? Je suis sûr, au contraire, que vous serez largement à la hauteur. Si le Comte vous a choisie, ce n’est pas un hasard.
Je ne regrette d’ailleurs qu’une chose, c’est qu’il vous ait vue et connue avant moi.


Cendre ignora volontairement sa dernière phrase.
- Je ne suis qu’une petite humaine apeurée, je n’ai pas l’envergure pour tout cela. Je l’avais dans mon ancien monde mais ici, c’est différent...
- Je ne suis pas du tout d’accord avec ça !


- Vous êtes courageuse et fière. Je vous ai bien observée lors de la cérémonie de la morsure. Vous étiez admirable. Et même avant, sur ce balcon. J’ai senti votre peur, c’est pour cela que j’ai levé les yeux vers vous. Et vous avez plongé votre regard dans le mien. Malgré votre peur, vous n’avez pas cillé, vous avez soutenu mon regard. Vous étiez remarquable de justesse et de beauté. Vladislaus ne s’est pas trompé sur vous.


Avait-elle bien entendu ? Il avait fait référence à ces regards qu’ils avaient échangés durant la cérémonie, et même avant... Quelque chose s’était passé. Elle ne l’avait pas rêvé.
Malgré tout, une nouvelle fois embarrassée par les galantes louanges du Duc, elle préféra dévier la conversation sur les tresses d’ail qui ornaient tous les murs de sa maison.


Ils discutèrent jusqu’au petit matin. Lestat lui expliqua qu’il avait eu une fille, humaine, avec une femme qui avait tré-passé en couches. Il avait alors souhaité élever cette enfant, estimant qu’elle avait besoin de l’un de ses parents auprès d’elle.
L’ail servait à la protéger, elle.
Sa fille était décédée à l’âge de quatre-vingt-dix ans, il y a quelques années, après une vie heureuse et bien remplie. Depuis, il n’avait jamais pensé à enlever l’ail et s’en accommodait parfaitement. Cette maison avait d’ailleurs été surnommée par les habitants de la Vallée, la maison de l’ail.


Cendre s’étonna qu’il ne soit pas mort alors que sa propriété était envahie par l’ail. Elle ne comprenait pas qu’il puisse s’en accommoder aussi facilement.
- Je suis immunisé contre l’ail.
- Comment est-ce possible ? Je croyais que tous les vampires craignaient l’ail.


- Pas tous, non. Certains d’entre nous ont développé une immunité et ne le craignent absolument pas, comme moi. Il m’en faudrait beaucoup plus pour m’arrêter.
Devant l’incrédulité de Cendre qui ne s’expliquait pas comment, dans ce cas, elle n’avait pas encore servi de repas aux vampires du coin, le Duc révéla que c’était grâce au Comte qui avait informé la population qu’elle était sa protégée et que nul ne devait la toucher. Il lui apprit également que c’était pour cette raison que Lilith ou Caleb l’accompagnait toujours dans les catacombes. Il ne fallait quand même pas tenter ces pauvres diables ! 


Durant cette période de transition, Lucas Lestat ne quitta plus Cendre.
Il lui prodigua quelques conseils qu’elle jugea farfelus sur le coup mais qui lui serviraient probablement dans sa future vie, de judicieux conseils, en somme : construire une crypte, un garde-manger... Toute chose fort utile à tout vampire mais encore plus à une future maîtresse vampire.


Cendre avait découvert qu’elle pouvait rester parler des heures avec le Duc et que, plus ils parlaient, plus ils étaient proches l’un de l’autre.
Elle avait même fini par lui parler de son passé, de son amant et de Oba-san.
- Cet homme exploitait vos talents. Il s’est joué de vous. Je n’appelle pas ça un père, adoptif ou non.


Cendre se sentait protégée et en confiance auprès du Duc de Riverview.
Plus que ça, elle éprouvait pour lui une attirance irrésistible qui parvenait à lui faire perdre tous ses moyens.


Lestat avait décidé d’aider Cendre à construire son refuge et elle avait une idée bien précise de ce qu’elle voulait : une chapelle. Elle semblait croire en cet édifice qui la protégerait d’une emprise vampirique définitive. Soit. Il érigerait donc son abri comme elle le désirait.


Il avait donc réuni ses amis Caleb et Timothée pour leur expliquer son projet. Caleb était proche de Cendre et avait énormément de contacts dans la ville souterraine. Il pourrait donc les y introduire, Timothée et lui.


Ce fut fait. Dans les catacombes, les vampires virent cette nuit-là ce qu’ils n’avaient encore jamais vu, un duc et un vidame leur rendant visite. Deux nobles... Une première dans l’histoire de Forgotten Hollow.
Tous se proposèrent pour aider à cette fabuleuse construction que la future maîtresse voulait faire bâtir.


Chaque nuit, ces vampires de bonne volonté travaillaient dur pour répondre aux attentes de celle qu’ils appelaient leur maîtresse et en qui, ils mettaient tous leurs espoirs de voir un jour se rouvrir les portes de Forgotten Hollow.
Et au petit matin, ils rejoignaient les catacombes pour y retrouver leurs familles ou leurs boutiques, laissant les vampires résistants au soleil en compagnie de celle qui les sauverait tous.


Au lever du jour, Caleb, Lilith, Timothée Renard et Lucas Lestat se retrouvaient tous auprès de Cendre qui les conviait autour d’un bon feu, à de belles discussions.


Certes, la nouvelle maison n’avait pas encore de toit, mais qu’est-ce qu’ils avaient pu s’amuser, quand elle y repense...


Et elle revoyait le visage de Lucas à travers les flammes du feu de camp...
A cette époque-là, elle ne l’appelait pas encore Lucas.


Cendre s’était remise à la peinture et à revendre ses toiles. Dans les catacombes, tout le monde la reconnaissait et la saluait avec le plus grand respect.
D’ailleurs, ces toiles étaient dorénavant rachetées à prix d’or, ce qui soulageait énormément ses finances. Sa chapelle allait pouvoir avancer.


Le Duc de Riverview y veillait chaque jour et faisait travailler les pauvres bougres jusqu’à ce que leur énergie vampirique nécessite une régénération dans leurs cercueils.
Plus le temps passait, plus Cendre admirait les méthodes du duc sans s’en offusquer.


Le troisième jour, Lestat avait montré à Cendre ce qu’il avait été possible de réaliser avec ses deniers.
Il avait mis de côté tous ses effets personnels mais sa chapelle était là. Elle se dressait, avec des murs et un toit, prête à accueillir de fidèles humains ignorant qu’ils allaient servir à sa descendance.
Avait-elle réellement pensé cela ? Elle savait que oui et même si elle luttait contre, elle s’apercevait que sa façon de penser était en train de se modifier. Son estomac aussi. Il la faisait souffrir de plus en plus souvent et elle supposait que sa transformation aurait bientôt lieu.


Cela l’inquiétait un peu, mais sans plus. Il aurait été plus juste de qualifier ce qu’elle ressentait de petite contrariété. Elle en fit part à Lestat qui ne paraissait guère surpris.
- Vos pensées humaines sont en train de s’amoindrir. Vous vous rapprochez de nous, Mademoiselle Valrose, et je trouve que c’est une bonne chose.


Lestat lui avait alors montré l’intérieur de la chapelle qui n’était certes pas encore achevée mais Cendre était conquise.
Cet endroit était tout à fait tel qu’elle l’avait imaginé et elle le devait au Duc.
- Comment avez-vous fait ? Tous ces détails ?


- Je vous ai écoutée et j’ai entendu vos pensées. Je savais exactement ce que vous vouliez et je voulais le réaliser pour vous. Par amour.
A mon grand désarroi, je vous aime, Cendre. Je vous ai aimée dès que je vous ai vue sur ce balcon, alors même que je savais que vous étiez destinée à mon ami Vladislaus.


Cendre... C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom.
Elle se sentit complètement désorientée et tellement affligée, presqu’en colère.
- Mais pourquoi ? Pourquoi ne m’en avez-vous rien dit ? J’aurais évité de faire mon petit discours au Comte !


- Pourquoi ? Vous êtes promise au Comte et surtout, vous êtes la future Maîtresse Vampire, celle qui va sauver la Vallée Oubliée et rouvrir ses portes. Tout le monde croit en vous. N’avez-vous pas remarqué la façon dont vous êtes accueillie dans les catacombes ? Vous êtes leur espoir.


- Peut-être mais vous ? Suis-je aussi votre espoir ? Maîtresse vampire ? C’est un rôle que je n’ai jamais voulu, je tiens à vous le rappeler.


Le duc la prit alors dans ses bras et l’embrassa. Elle ne put que répondre à ce bai.ser passionné et sincère. Si ses paroles et ses regards l’avaient déjà séduite, elle acheva de l’être à cet instant.


Ils n’arrivaient plus à se détacher l’un de l’autre. Leur étreinte était fusionnelle mais surtout, Cendre ressentait quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti avant, un attrait puissant et passionnel envers cet autre qui la comprenait plus que quiconque ne l’avait jamais fait jusque-là.


Puis Lestat rompit le charme en s’éloignant brusquement d’elle, et ses paroles furent une véritable souffrance.
- Nous n’avons pas le droit...


- Comment ça, nous n’avons pas le droit ? Tu viens de m’embrasser fougueusement et tu me dis ensuite que nous n’avons pas le droit...
Elle était terrassée. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle venait de le tutoyer.


Le Duc aussi semblait anéanti.
- Il faut que vous compreniez... Vlad... enfin Vladislaus... Nous sommes amis depuis toujours. Et il attendait après vous depuis longtemps... Je savais au fond de moi, lorsqu’il m’a désigné pour être celui qui allait suivre votre transition, que je ne serais pas capable de résister. Caleb Vatore aurait dû être celui-là.


Cendre, émue par ce que le Duc venait de lui confier, et aussi par respect envers lui, se reprit à le vouvoyer :
- Il s’est passé quelque chose ce jour-là, n’est-ce pas, Monsieur le Duc ? Je l’ai ressenti. Et vous aussi...
Vous m’avez donné le courage et la force d’y arriver. Sans vous, je me serais effondrée comme une petite fille.


- Et sans vous, sans vos yeux rivés sur moi, je n’aurais pas eu la force de vous avouer aujourd’hui que je vous aime.
- Mais qu’allons-nous faire ?


Lestat mit son bras autour des épaules de Cendre.
- Rien. Ce serait beaucoup trop risqué. En espérant que personne ne découvre que je vous aime et que j’ai un jour, goûté à vos lèvres.


- Je ne veux pas vous compromettre et je ne me hasarderais pas à le faire car toute la communauté vampire vous lyncherait ou pire encore. Et je ne le supporterais pas. Vous êtes au Comte. Ils le savent tous. Vous et moi, c’est impossible.


Puis il la tutoya à son tour :
- Tu as un destin, Cendre, un grand destin. Il ne faut pas le gâcher. Et il n’est pas avec moi.

 

La suite, juste en dessous🙂

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 06/07/24 - Chap5

★★ Guide

Suite Chapitre 5


 

Révélation

Lucas Lestat était alors parti, la laissant seule.
Tous croyaient que son destin était lié à Vladislaus Straud, le quatrième, mais ils devaient se tromper car jamais son cœur n’avait battu aussi fort pour quelqu’un que ce qu’il battait pour le Duc de Riverview.


Elle regarda alors la toile qu’elle avait commencé à peindre il y a un jour à peine. La Maison de l’Ail vue de la Fledermaüs. Cette toile représentait tellement de choses pour elle, une sorte d’union entre leurs deux habitations... mais l’union était impossible, il l’avait dit.
Elle n’avait plus envie d’achever cette toile à présent. Leur union avait été si brève, le temps d’un bai.ser, et encore... Comment avait-il pu être si proche d’elle et, l’instant d’après, la rejeter ?


Cendre avait alors eu besoin de se confier à la seule amie qu’elle connaissait par ici : Lilith Vatore.
Mais lorsqu’elle arriva devant sa demeure, celle-ci était en train de boire le plasma d’une pauvre humaine, une certaine Lili Feng, lui dit-elle plus tard.
C’était la première fois que Cendre assistait à une telle démonstration vampirique, mais, bizarrement, elle ne s’en choqua point. Elle fut juste surprise.


Et puis, sa préoccupation était ailleurs et son humanité partait à vau-l’eau.
Elle avait vu la Faucheuse apparaître et Lilith rester de marbre. Elle s’approcha d’elle
- Il faut que je te parle. Tu peux venir ? Elle n’a plus besoin de toi maintenant. La Faucheuse va se charger d’elle.


Cendre raconta à Lilith ce qui s’était passé dans la chapelle.
- Il t’a embrassée ? Mais ce n’est pas possible, ça ! Il est complètement fou. Le comte pourrait le tuer pour ça.


- Et qu’est-ce que tu voulais que je fasse ?
- Le repousser, par exemple. Ce n’est quand même pas si compliqué ! En plus, Lucas Lestat est un vrai bourreau des cœurs, et ton destin n’est pas avec lui. Alors, laisse tomber.


- Tu n’es pas obligée de me dire qu’il est un bourreau des cœurs pour que je sache qu’on a fait une bêtise, tu sais.
- C’en est un. Tout le monde le sait ici, surtout les femmes. Je n’arrive pas à comprendre comment il a osé te courtiser alors qu’il te sait promise au comte ! C’est indigne de lui.


- Je ne crois pas une seconde à cette histoire de bourreau des cœurs, Lilith. Je suis persuadée qu’il était sincère, je le sais.
- Non mais je rêve ! Ne me dis pas que tu es amoureuse de lui !


- Je n’en sais rien. Ça ne m’est jamais arrivé. Mais je crois que ça y ressemble.


- Alors là, c’est la poisse ! Arrange-toi pour que le Comte n’en sache jamais rien... De mon côté, je me tairai. Même mon frère ne sera pas au courant.


Cendre était retournée chez elle, dans la chapelle. Elle avait décidé qu’elle passerait la nuit ici, sur un des bancs. Elle s’imaginait mal aller chez Lestat comme s’il ne s’était rien passé entre eux.
Et il fallait qu’elle oublie cet homme...
Elle se mit à jouer frénétiquement sur l’harmonium.


C’est Lestat qui vint lui-même la chercher. Elle entendit la porte s’ouvrir et un pas décidé la franchir.
- Il faut que vous rentriez avec moi, Cendre. Il va bientôt faire nuit et les ouvriers ne vont pas tarder à arriver.
- Et alors ? 


- Le Comte m’a chargé de prendre soin de vous. Si vous restez ici, sans moi, les ouvriers vont certainement le rapporter à Vladislaus et la situation risque de paraître suspecte à ses yeux. Il voudra savoir. Alors, soit, je reste avec vous, soit vous venez avec moi.


- Très bien, je viens avec vous. Mais sachez que je n’en ai pas envie.
- Vous m’en voyez navré.


Ce soir-là, le duc et Cendre évitèrent de se parler et chacun vaqua à ses occupations sans prêter attention à l’autre, du moins jusqu’à ce que le Comte vienne leur rendre visite.


Cendre avait bien entendu frapper à la porte mais ce ne fut que lorsqu’elle entendit la voix du Comte qu’elle réalisa qu’il était peut-être déjà au courant de ce qui s’était passé dans la chapelle.
Ce fut à ce moment précis que son estomac se mit à la faire violemment souffrir.


Elle entendit vaguement le Comte faire part de son étonnement que Cendre ne soit pas encore revenue au manoir. Cela faisait déjà trois jours que la cérémonie de la morsure avait eu lieu.


Quel soulagement ! Le Comte ne savait donc rien et il ne venait pas pour les tuer. Quelle peur elle avait eue !


Le Comte s’avança vers elle :
- Comment vous sentez-vous, Demoiselle Valrose ?
- Je vais bien, Monsieur le Comte. Merci.
- Vous m’en voyez heureux mais je suis tourmenté que vous ne soyez pas encore des nôtres.
- J’ai bien peur de subir le cours des évènements, Monsieur le Comte.


Lucas Lestat proposa alors de se retirer dans sa crypte afin de les laisser seuls.
- Je reconnais là votre délicatesse, mon ami, et je vous en sais gré.
Cendre fut rassurée par le départ du duc. Elle avait craint que Vladislaus Straud ne puisse surprendre leurs échanges de regards involontaires, ce qui les aurait mis tous les deux dans une fâcheuse posture.


- Que pensez-vous de mon ami le Duc, ma chère ?
Cendre se fit violence pour lui répondre de la façon la plus neutre qui soit.
- Que du bien. Il m’a bien fait la leçon sur la conduite à tenir d’une future maîtresse vampire. Vous seriez fier de lui.


Elle était mal à l’aise et espérait que son ton ironique avait échappé au comte. Il ne releva pas et lui parla de sa chapelle.
- Les travaux ont vraiment bien avancé et j’ai été heureux d’apprendre que presque toute la communauté se mobilisait pour faire votre demeure.
- Oui. Ceux qui ne sont pas là s’occupent de leurs familles. Ils se relayent. Ils m’appellent Maîtresse, c’est très bizarre.


- Ce n’est pas bizarre, c’est normal. N’en ressentez-vous pas de la fierté ?
- Je ne suis pas habituée à cela. Ce que je ressens, c’est plutôt de la joie à me sentir aimée et valorisée de la sorte. C’est très égocentrique, je l’avoue, mais j’aime qu’ils soient tous derrière moi. 


- Je suis allé voir votre chapelle avant de venir. Ils ont déjà bien avancé votre crypte. Ils se sont attaqués au garde-manger. Je pense que demain, vous aurez une ou deux cellules de construites.
Apparemment, vos toiles se vendent très bien, m’a-t-on dit.
- Oui, je les vends à quelques collectionneurs fortunés qui veulent absolument avoir les toiles de la future maîtresse vampire dans leur salon. Quant aux autres, c’est Francis qui me les achète. C’est un vampire qui possède sa propre galerie d’art.
- Rien d’étonnant à ce que votre « chez vous » prenne forme ! Je suis heureux d’entendre cela.


Le comte resta encore un moment à discuter puis s’excusa auprès de Cendre.
- Mon repas m’attend. J’espère que vous comprenez.
- Oh, je vois...
Il s’agissait probablement encore d’un humain qui avait souhaité visiter Forgotten Hollow. Elle avait su par Francis, avec qui elle avait sympathisé, qu’un deuxième sous-sol existait sous les catacombes : le garde-manger de la population vampire. Le comte, lui, se faisait directement livrer son repas au manoir, deux fois par jour. Curieusement, Cendre ne se choqua pas de la raison pour laquelle le comte devait prendre congé.


Deux jours passèrent encore, deux jours durant lesquels Cendre évita soigneusement le duc et ne lui adressa pas la parole ; elle préférait passer son temps à peindre et à oublier sa déception... car le savoir si proche et si loin à la fois en ajoutait à sa désespérance.


Deux jours durant lesquels le Comte vint scrupuleusement leur rendre visite à la même heure chaque nuit, pour s’enquérir de l’avancée de la transformation de sa protégée.
Le comte commençait à s’impatienter face à cette transition qui n’avait que trop duré. Lestat et Cendre, de connivence tacite, lui assuraient alors que tout se passait bien et leurs propos étaient appuyés par les symptômes de plus en plus fréquents et visibles de cette dernière.
- Vous voyez, mon ami, tout se déroule comme prévu.
Et le comte repartait alors.


Ce furent également deux jours pendant lesquels la crypte de la chapelle fut achevée, pour le plus grand bonheur de tous.
Les ouvriers, les premiers furent heureux d’avoir un peu de répit. Leur maîtresse n’avait, pour le moment, plus les moyens de les payer et leur avait donné congé provisoirement. Elle ne voulait pas que leur travail ne fut pas monnayé.
Lestat, lui, était heureux car c’était lui qui avait conçu les plans de la chapelle et de la crypte, lui qui avait voulu satisfaire celle qu’il aimait. Il avait voulu que tout soit parfait pour elle, et tant pis si elle ne l’aimait pas. De toute façon, même si son cœur de vampire saignait, il savait que jamais il ne possèderait Cendre puisqu’elle était promise à son ami Vladislaus.


D’ailleurs, c’est avec lui qu’elle visita sa crypte, lui qui se satisfaisait de ce que sa future maîtresse vampire s’enthousiasmât de son logement. Il avait senti, à mesure de leurs discussions, que ses pensées humaines faisaient place à des pensées plus « vampiriques ».
Les ouvriers avaient construit un vestibule au premier niveau du sous-sol. Il était accessible par un escalier situé derrière la chapelle principale. Une porte menait au futur garde-manger, une autre à la salle d’entrainement au combat et un escalier descendait au deuxième sous-sol, directement dans la crypte de Cendre, qu’elle appellerait plus tard ses quartiers.


En visitant la crypte de la future maîtresse vampire, le Comte fit remarquer à Cendre que son cercueil était vraiment primitif.
- Il y a des cercueils qui correspondent davantage à votre futur rang, ma chère. Vous l’ignorez donc ? Le Duc ne vous en a-t-il pas informée ?
- Si, il l’a fait, Monsieur le Comte.
Cendre se sentait de plus en plus mal. Ses brûlures d’estomac ne faisaient qu’empirer.


- C’est dommage que vous ne l’ayez point écouté... Avec ce misérable cercueil de bois, vous ne pourrez vous nourrir que sur un humain par semaine.
- Ce n’est pas grave, Monsieur le Comte, je vous assure. Je suis un peu à cours d’argent mais j’aurai très vite un meilleur cercueil.
- Le diable vous entende. Vous avez quand même préféré investir dans une cheminée de luxe plutôt que dans un cercueil digne de vous...


- Ne pourrait-on pas en reparler plus tard ? Ces douleurs à l’estomac sont en train d’avoir raison de moi.
- Très bien, je vous laisse, Demoiselle Valrose. En espérant que ces douleurs auront VRAIMENT raison de vous très vite.


Au sixième jour, Cendre avait tellement faim malgré son estomac irrité, qu’elle décida de se préparer des pâtes à l’ail ! C’était son plat favori et elle savait que d’ici peu, elle ne pourrait plus l’apprécier. Ce serait donc son repas du condamné ! Après tout, il valait mieux en rire.


Elle avait à peine commencé à manger que le Duc prit place sur une chaise auprès d’elle. Il la regardait de ce regard qu’elle n’aurait plus jamais voulu voir, et lui adressa même la parole :
- Vous avez l’air affamée...


Cendre n’avait pas pu lui répondre. A la première bouchée, elle avait senti que les pâtes à l’ail ne seraient plus jamais son plat favori.


Lestat lui sourit. Il savait ce qu’elle endurait. Elle en était sûre.
- Est-ce que tout va bien, Cendre ?
- Non, tout ne va pas bien ! Fichez-moi la paix !


Elle avait laissé son assiette puis s’était levée.
- Laissez-moi vous aider, vous le voulez bien ?
- Non. Je veux être seule. Je n’ai pas besoin de vous, Monsieur le Duc de Riverview !


Elle avait ensuite pris une douche et s’était réfugiée dans la grande chambre de la maison. Elle avait tellement mal qu’elle aurait voulu que tout s’arrête. Être un vampire, ce soir... Tout mais pourvu que ça cesse ! Cela faisait six jours. Vladislaus avait pourtant parlé de deux à trois jours... Lui-même ne comprenait pas.

 

Ce soir-là, Cendre se rendit compte qu’elle n’avait plus besoin de lunettes pour voir clairement. Elle les posa dans un tiroir, se changea puis sortit prendre l’air.
Il faisait froid mais étrangement, elle se sentait bien dans son corps malade. Pourtant, des larmes se mirent à couler inopinément le long de ses joues.


Elle ignorait alors que, derrière l’une des fenêtres de la Maison de l’Ail, quelqu’un l’observait, le Duc de Riverview dont le cœur bouleversé aurait vraiment voulu soulager les souffrances de sa dulcinée, si obstinée à le rejeter.


Cendre ne cessait de verser des larmes ; des larmes de désarroi tout d’abord, puis des larmes de colère et de fureur contre ce destin qui l’avait conduite ici. Elle n’en voulait pas au comte, non. Elle en voulait, en tout premier lieu, à son amant, Alexandre Gageure, qui l’avait trahie et avait informé son père adoptif qu’elle l’avait volé. Elle en voulait aussi énormément à Oba-san, ce fameux père adoptif de pacotille, qui avait cru la vouer à une mort certaine en l’envoyant dans la Vallée Oubliée. Elle ne pourrait jamais se venger de lui, malheureusement...
Ses dernières larmes furent des larmes d’amertume car elle n’avait plus personne contre qui les diriger.


Elle s’apprêtait à quitter la maison de l’Ail lorsque Lestat la rattrapa par le bras.
- Ne fais pas ça. Sans toi, je ne pourrais plus être.
- Moi, je ne suis plus moi... depuis que je suis arrivée ici.


- Cendre, voilà trois jours qu’on ne se parle plus. J’aimerais vraiment t’aider. Je sais que ta transition est particulièrement difficile. Et mon amour pour toi n’a pas changé, tu le sais.
- Et qu’en sais-je exactement ? J’ai appris que tu étais homme de peu de foi envers les femmes, homme à les séduire et à t’en débarrasser dès lors qu’elles avaient accédé à tes demandes.


- Ma douce, ces ragots sont malheureusement vrais mais ils ne te concernent pas, crois-moi.
- J’aimerais tellement... mais tu es là à m’avouer tes frasques sans pudeur.


Le duc apaisa Cendre de quelques paroles amoureuses et sincères, et elle finit par rejoindre ses bras consolateurs et réconfortants.
- Je t’aimerai toujours. Tu es la seule pour moi et ce, même si je sais que ton destin te mène ailleurs.


Ils restèrent ainsi un moment. Cendre souffrait de plus en plus et ils savaient tous les deux qu’elle deviendrait bientôt un vampire. Et alors, seul son destin de futur maîtresse vampire compterait, seuls Vladislaus Straud et l’avenir de Forgotten Hollow compteraient. Il n’y avait plus que cette nuit...


Alors, cette nuit-là, Lestat fit descendre Cendre dans sa crypte. Ils savaient tous deux ce qui allait se passer mais ils convinrent de concert que jamais plus cela ne se reproduirait. Une première et une dernière nuit pour eux... mais ils seraient ensemble, coûte que coûte.


Ensemble pour une première vraie fois, la preuve de ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre et qui ne serait jamais plus. Ils en avaient pourtant connu d’autres... mais rien de ce qu’ils vécurent cette nuit-là ne les avait préparés à cela.


Des moments de pur bonheur, rien qu’à eux, des moments interdits, certes mais qu’ils étaient prêts à payer s’il le fallait...
Cendre, en y repensant, n’aurait jamais pensé qu’elle aurait pu risquer sa vie pour quelqu’un.


Mais Lucas était arrivé dans sa vie.
Lucas, Lucas Lestat, le Duc de Riverview. Il lui avait dit « je t’aime », le premier à le lui dire.


Quand ils eurent fini de jouer dans le cercueil, Lucas lui ôta ses lunettes.
- Pourquoi les as-tu remises ? Tu vois très bien sans à présent, tu le sais. Et je ne t’aime pas pour tes lunettes. C’est toi que j’aime, ma douce, toi entière.


Cette nuit-là, ils dépassèrent les limites de l’acceptable pour le Comte Vladislaus Straud, et ils savaient que leur petit secret devrait à tout jamais rester caché au fond de leurs cœurs. Personne ne devrait savoir.
Ils se promirent de belles choses, tellement de belles choses.

 



Alors que Cendre dormait encore d’un sommeil agité, au petit matin, Lucas Lestat se demanda s’il faisait bien de la torturer avec l’amour qu’il lui vouait. Tout cela était-il juste ? Elle devrait dorénavant se concentrer sur son destin, sa mission et son rôle de future maîtresse vampire. Il devrait l’oublier.


Cendre s’était réveillée vers sept heures du matin.
- Qu’y a-t-il, Lucas ? Tu me sembles tourmenté...


Ils se serrèrent alors l’un contre l’autre comme deux âmes perdues, deux âmes qui ne se rencontreraient plus avant longtemps... Lestat, qui avait l’habitude des transformations, savait que Cendre ne lui appartiendrait plus dans une heure ou deux.


Ils finirent malgré tout par s’endormir l’un contre l’autre, s’étreignant désespérément. Il la pleurait déjà car, innocente encore qu’elle était, il savait que dans très peu de temps, un temps qui finissait par se compter en minutes, elle ne serait plus la même.


Vers neuf heures, ils s’étaient rhabillés et avaient rejoint le salon. Cendre avait été prise de douleurs si violentes qu’elle en avait hurlé. Lestat savait que c’était la fin de son humanité et même si cela transperçait son cœur comme un coup de poignard, il ne voulait pas le lui dire...


Lorsque sa souffrance cessa, elle le regarda alors.
- C’est la fin, n’est-ce pas, Lucas ? C’est la fin pour toi et moi...


- Toi et moi... Cela n’aurait jamais dû commencer... mais nous n’aurions jamais eu ces moments privilégiés que nous avons partagés cette nuit. Un jour, nous nous retrouverons, je te l’ai dit.


- Je t’en fais encore la promesse, Cendre. Dans cent ans, dans mille ans... mais toi et moi, nous serons ensemble.


Cent ans, mille ans, cela lui paraissait si lointain. Pourtant le duc l’assura que ce n’était pas le cas.
- Tu dois d’abord accomplir ton destin.


- Mon destin est funeste et encore plus pernicieux puisqu’il va me priver de toi.
- Lorsque tu l’accompliras, ne nous oublie pas. N’oublie pas mon amour pour toi, je t’en conjure.
Cendre le lui promit.


Cendre se transforma le septième jour de sa transition, en plein jour et à la vue de tous.
Vladislaus, qui avait senti le moment arriver, s’était même offert le luxe de sortir sous le soleil, affublé d’un parasol pour se protéger.
Caleb et Lilith Vatore aussi étaient présents, tout comme Lucas Lestat. Ils avaient tous tellement attendu cet instant.


Après la transformation de Cendre, le Comte s’était empressé de la mettre à l’abri des rayons du soleil, dans la chapelle.
- Nous attendrons ici la tombée de la nuit. Ensuite, je vous emmène au manoir. Comment vous sentez-vous ?
- J’ai soif.

 

 

A suivre 🙂

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 06/07/24 - Chap6

★★ Guide

 

Chapitre 6 - Premiers pas dans une nouvelle vie


 

Les semaines et les mois qui suivirent sa transformation, Cendre apprit à étancher sa soif aux côtés de Lilith.

Révélation

Elle ne s’était encore jamais nourrie sur les humains mais avait déjà vu faire Lilith et Caleb, ainsi de que le Vidame de Montsimpa, à maintes reprises. Elle ne se sentait pas prête, alors elle évitait de sortir lorsqu’elle voyait des humains traîner dans les rues. Lilith la rassurait en lui disant que lorsqu’elle serait prête, elle le saurait. 


Ce fut Caleb qui se chargea de l’entrainer au combat, le combat étant l’un des domaines où la future maîtresse vampire devait absolument exceller. 


Cendre était encore loin d’avoir un bon niveau mais elle progressait un peu plus à chaque rencontre avec son ami vampire. C’es combats étaient grisants et elle découvrait qu’elle adorait ça ! 


- Si tu continues ainsi, tu deviendras très vite une vampire mineure. Tu es sacrément douée. 


- Et je pourrais utiliser le charme vampirique sur les humains ?
- Bien sûr. A l’allure où tu assimiles les techniques de combat, tu gagneras bientôt un rang de vampire. 


Le comte, en parallèle, enseignait les méthodes de méditation obscure à sa protégée et il se félicitait de la voir appliquée et attentive, même si elle avait parfois quelques ratés.


De son côté, Cendre était très réceptive à cette pratique qui lui permettait de régénérer son énergie et de faire le vide dans sa tête. 


Elle avait tellement souffert le jour où elle avait vu Lestat user de son visage séduisant sur une petite humaine rousse à couettes ! 


Elle avait d’abord cru qu’il allait s’en nourrir mais il l’avait enlacée et embrassée sous ses yeux. Il l’avait ensuite prise par la main et Cendre les avait vus se diriger tout droit vers la maison de l’Ail. Il ne fallait pas être née de la dernière pluie pour imaginer ce qui allait s’y passer. 


Comment avait-il osé se jouer d’elle de la sorte ? Après tout ce qu’ils s’étaient dit ? Cendre sentit la fureur s’emparer d’elle. Il valait mieux pour la « miss à couettes » que le duc se charge d’elle après avoir fait son affaire, car, s’il ne s’en occupait pas, elle le ferait elle-même. 


C’est la hargne au ventre qu’elle s’approcha donc d’un humain qui avait contourné la place, sûrement prêt à rentrer dans son foyer à cette heure tardive, et ignorant qu’il ne pourrait pas sortir de la ville. Elle se sentait prête à boire son plasma. Lestat l’avait vraiment énervée. 


C’est alors que l’humain se mit à lui parler :
- Ça alors ! Je ne m’attendais plus à trouver quelqu’un à cette heure du soir. Vous êtes du village ? 


Pourquoi avait-il entamé cette discussion ? Il lui faudrait le tuer à présent. Le Comte avait été clair sur le sujet :
« Ne jamais s’entretenir avec un humain, ou alors il vous faudra le tuer ou le transformer, Demoiselle Valrose. ». Ses paroles résonnaient encore à ses oreilles, car, bien qu’il en doutât, le comte évaluait le risque que les portes de la Vallée Oubliée ne s’ouvrissent inopinément. Un estimation à un pour cent, lui avait-il dit, mais une menace beaucoup trop grande pour que l’on prenne le risque de laisser s’échapper un humain.
« Vous pouvez aussi choisir de l’enfermer dans votre garde-manger si vous le souhaitez. » 


Très bien. Qu’à cela ne tienne. Elle avait très soif et elle n’avait encore aucune denrée dans son garde-manger. Cendre fit alors son plus beau sourire à l’humain.
- Oui, je suis du village. J’allais justement prier dans notre chapelle. Vous devriez m’accompagner, c’est un joyau de notre patrimoine. Elle vaut vraiment le coup d’œil.
- Avec grand plaisir. Je m’appelle Vladimir Gothik. 


Cendre ne lui répondit pas. Elle l’emmena jusqu’à la chapelle et lui proposa de lui faire visiter les chambres des religieux, qui se trouvaient au sous-sol. Vladimir la suivit sans se méfier et recula de trois pas, effrayé, lorsqu’il la vit bondir et se transformer. La jeune femme, qui semblait si fragile la seconde d’avant, était devenue un monstre. 


Cendre s’essaya à l’hypnose sur sa proie. Ce n’était plus un entraînement, ni de la théorie. C’était la réalité et sa victime était là, devant elle. Elle entendit son cœur battre à tout rompre et elle se sentit brutalement exaltée. L’hypnose avait fonctionné, elle allait pouvoir s’abreuver de plasma chaud pour la première fois. 


Cendre n’avait jamais rien goûté de tel, un régal tel qu’elle revint se nourrir sur l’homme à plusieurs reprises. 

 

Vladimir se sentit faible et trembla face à cette créature sauvage à la voix de glace.
- Tu es mon prisonnier à présent, numéro un. Cet endroit est ta nouvelle demeure et je me servirai sur toi chaque fois que l’envie m’en prendra. 


Cendre reprit forme humaine et tourna le dos à l’humain insignifiant qui trouva la force de balbutier timidement quelques mots.
- Mais qui êtes-vous, bon sang ? J’ai une famille, je ne peux pas rester ici...
- Sois heureux, tu as la plus grande cellule. 


C’était la première qu’elle utilisait son garde-manger et elle en était très heureuse. Le sang humain lui donnait de la puissance et une vigueur qu’elle n’avait jamais eue avec les plasma fruits ou les packs de plasma. Il ne lui restait plus qu’à espérer que numéro un serait suffisamment solide pour lui servir de repas à plusieurs reprises, ou tout du moins suffisamment longtemps pour qu’elle se trouve une nouvelle proie. En attendant, il faudrait qu’elle apprenne à calmer son enthousiasme, car elle lui avait pris beaucoup trop de plasma en une seule fois. 


Au même moment, de l’autre côté de la place, Lucas Lestat, lui aussi se nourrissait, mais sur la jeune femme qui lui avait servi d’appât pour détourner le cœur de Cendre du sien. Une jeune femme qu’il n’avait jamais possédée. 


Il n’avait jamais eu l’intention de la courtiser. Il était plutôt du genre à bondir sur ses proies et à s’en nourrir jusqu’à ce mort s’ensuive. Mais Cendre était apparue sur le pas de sa porte, et l’occasion avait été trop belle, il n’avait pas pu faire autrement. 


Il hurla de désespoir devant l’urne de sa victime, non pour elle, mais pour son amour qu’il savait désormais perdu à jamais. Cendre ne lui pardonnerait pas, et elle ne devait pas lui pardonner... 


Elle avait un destin à suivre... Elle devait rouvrir les portes de la Vallée Oubliée. Chaque vampire de la communauté comptait sur elle et lui, Lestat, le sanguinaire, ne pouvait pas s’élever contre cela. La vie de la Vallée passait avant les desideratas de chacun et il ne faisait pas exception à la règle.
Alors il avait fait son choix : ce soir, Cendre devrait le détester et le considérer comme le plus abominable des bourreaux des cœurs, et tant pis si cela lui coûtait !
Un coût astronomique puisque jamais il n’avait ressenti une telle chose, jamais il ne s’était senti aussi proche d’une femme, qu’elle soit humaine ou vampire, et sa vie éternelle lui sembla désormais bien trop longue... 


Cette nuit-là, le Duc appela son ami Vladislaus pour lui faire part de son intention d’hiberner. Il lui fit promettre de n’en rien dire à personne et ne lui en donna pas la raison. 


- Mais pour combien de temps, mon ami ?
- Le temps qu’il faudra. J’ai besoin de repos. 


Après avoir planté Vladimir Gothik dans sa cellule, Cendre était remontée dans la chapelle. Il lui avait semblé entendre un hurlement au loin mais elle l’avait ignoré et regardé cette toile non terminée qui représentait à ses yeux tout l’amour que Lucas et elle se portaient. L’amour ? Lui seul lui avait dit « je t’aime » et cela l’avait bouleversée... Mais elle ? Qu’avait-elle répondu ? Rien. A aucun moment. Elle aurait peut-être dû, finalement... 


Est-ce qu’elle l’aimait seulement ? Oui, elle en était sûre, maintenant qu’elle l’avait perdu. Mais Lilith ne s’était pas trompée... Lestat n’était qu’un vulgaire bourreau des cœurs... 


Il lui avait fait croire le contraire mais elle n’était plus dupe à présent. La petite humaine apeurée et influençable qu’elle était, n’existait plus. Qu’il aille au diable ! Il ne méritait rien d’autre. 


Le cœur lourd et asséché, elle accrocha tout de même la toile dans sa crypte, car, même si tout avait une fin, elle ne voulait surtout pas oublier ces merveilleux moments que Lucas et elle avaient partagés... à la maison de l’Ail... Ces heures-là avaient été les plus belles de sa vie. 


Cendre avait continué à suivre assidûment les cours de Vladislaus, qui lui retraçait chaque chapitre de l’Encyclopédie Vampirique, au détail près. Le Comte tait pour elle un professeur exemplaire, ce genre de professeur qui était passionné par son sujet et qui savait vous le transmettre.Cendre avait continué à suivre assidûment les cours de Vladislaus, qui lui retraçait chaque chapitre de l’Encyclopédie Vampirique, au détail près. Le Comte tait pour elle un professeur exemplaire, ce genre de professeur qui était passionné par son sujet et qui savait vous le transmettre. 


Une nuit, alors que son mentor l’écoutait lire à haute voix le deuxième volume de l’Encyclopédie et lui faisait part de ses commentaires, un des chapitres fit une brève mention d’un remède contre le vampirisme. Cendre était tout excitée mais n’en laissa rien paraître, continuant sa lecture de façon fluide, pour ne pas éveiller les soupçons du Comte. 


« Il existe donc. », pensa-t-elle. Mais le Comte l’écouta sans l’interrompre cette fois-ci.
« Très bien, il ne veut pas m’en parler. Tant pis, je découvrirai bien de quoi il s’agit. ».
Son regard s’arrêta ensuite sur une recette de boisson prisée par les vampires : le plasma-mary. C’était la boisson idéale, semble-t-il, pour se nourrir dignement en public, et, en plus, elle avait les vertus d’un nectar. 


Cendre prit alors le parti de questionner le Comte sur cette boisson. Il serait moins suspicieux que si elle l’interrogeait sur le remède. Elle lui demanda donc si elle pouvait fabriquer elle-même une telle boisson.
- Vous le pourriez, oui, mais il vous faudrait avoir un niveau de mixologie élevé. 


La vampire néophyte qu’elle était réalisa alors qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais ce qu’elle voulait maintenant par-dessus tout, c’était apprendre la mixologie.
Si cet art lui permettrait de concocter de bons plasma-mary, elle subodorait qu’il lui permette aussi de fabriquer le remède. C’était clairement indiqué dans le livre qui en parlait comme d’une recette ancestrale. Mis où se trouvait cette recette ? Dommage que le recueil ne la lui donnait pas. 


A défaut de mixologie, le Comte lui enseigna l’orgue, et, comme dans chacun de ses enseignements, il maîtrisait son sujet et savait le transmettre. Elle n’avait certes pas encore le talent de Caleb dont elle avait entendu les prestations, mais cela l’aidait beaucoup de savoir déjà jouer du piano. Il y avait de nombreuses similitudes entre les deux instruments et sa tâche n’en devenait que plus facile. 


Le Comte, lui, était très fier de son élève et se félicitait à chaque instant de l’avoir choisie comme sa future Maîtresse Vampire.
Cendre, de son côté, s’aperçut qu’elle appréciait de plus en plus ses moments passés auprès du comte. Son savoir, son intelligence et sa distinction révélèrent un homme dont la compagnie était des plus agréables, et leurs conversations pouvaient durer des heures. 


Trois mois passèrent...

Cendre n’avait jamais revu le Duc depuis la nuit où elle avait essuyé son affront, cette nuit où son cœur avait commencé à se durcir. Elle s’était longtemps demandé où il avait bien pu passer mais personne ne semblait le savoir et elle finit par le rayer définitivement de sa vie et de ses pensées. 


Au fur et à mesure que le temps passait et qu’elle gagnait en puissance et en force, Cendre s’était couverte d’une cuirasse de plus en plus imperméable aux sentiments humains, et, si elle était encore un peu nostalgique de sa vie humaine, elle savourait chaque jour davantage sa vie de vampire, mais Lestat ne quittait jamais bien longtemps ses pensées. 


Elle adorait se nourrir des humains même si elle n’en avait goûté qu’un pour le moment. Leur plasma lui procurait une sensation une sensation de puissance et un bien-être inégalé.
Aussi, quel ne fut pas son agacement lorsqu’elle descendit ce jour-là au garde-manger pour y découvrir que son repas avait périmé ! 


Tant pis ! Numéro un n’était pas assez résistant.
Elle sortit alors à la recherche d’une nouvelle proie, et la chance lui sourit en la personne d’un jeune brune à lunettes. Elle avait l’air en pleine santé. Elle serait donc parfaite.
Elle aborda la jeune femme :
- Je peux vous aider ? Vous avez l’air perdue. 


Elle lui répondit, un peu gênée.
- Je cherche à sortir de cette ville. Je vais vous sembler ridicule mais ça fait une heure que je tourne en rond et je ne retrouve pas mon chemin. Pourtant, votre ville n’est pas si grande que cela. 


- Oh... Ce n’est pas ma ville. Je ne suis pas d’ici moi non plus et vous n’êtes pas ridicule du tout ! Moi aussi, je me suis perdue et ça me rassure de voir que je ne suis pas seule. 


- Alors, je crois que nous sommes dans la panade, vous et moi. 


- Pas tant que ça. Vous voyez la petite chapelle derrière nous ? Je l’ai visitée tout à l’heure et, au sous-sol, il y a des chambres. C’est plutôt spartiate mais ça fera l’affaire pour une nuit. Demain il fera jour et nous pourrons quitter cette ville. 


La jeune femme s’appelait Tina Tinker. Cendre l’emmena jusqu’au garde-manger et elle sentit tout de suite de que Tina n’était pas rassurée. Pourtant, il fallait que son numéro deux entre dans la cellule.
- C’est bizarre, vous ne trouvez pas ? On dirait une prison.


Cendre ouvrit la porte.
- Ça ressemble plutôt à des dortoirs abandonnés, si vous voulez mon avis. 


Elle s’était alors assis sur le lit, avait pris un visage rassurant et avait ainsi attiré la jeune femme dans sa future cellule.
- Vous voyez, c’est quand même beaucoup plus sympa que dehors ! 


- Vous avez raison. Heureusement que vous avez trouvé cet endroit. Autrement, nous aurions pu mourir de froid par ce temps glacial. Vous êtes ma providence.
- N’exagérons rien ! 


- C’est vrai, l’endroit n’est quand même pas terrible...
- Ne nous lamentons pas ! Moi, je vais voir comment est ma chambre ! 


Cendre avait fait mine de partir puis était revenue sur ses pas, sous son apparence de vampire, alors que Tina s’était approchée du lavabo.
Cette dernière avait eu le même mouvement de recul que Vladimir Gothik.
- Mais qu’est-ce que... 


La pauvre fille n’eut pas le temps de finir sa phrase. Cendre l’hypnotisa et la saisit par la nuque. Il était grand temps pour elle d’étancher sa soif.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 06/07/24 - Chap7

★★ Guide

 

Chapitre 7 - Jess


 

Cette nuit-là, Vladislaus Straud avait convié tout le monde en son manoir pour fêter l’accession de Cendre au rang de vampire mineure.
C’était un grand jour car elle pourrait dorénavant user de séduction vampirique sur les humains, et penser enfin à la Grande Tradition. C’était donc jour de fête dans toute la vallée, y compris dans les catacombes.

Révélation

Tous lui exposèrent en détail le contenu de cette grande tradition.
Elle devrait mettre au monde six enfants vampires dont le géniteur serait forcément un humain.
La difficulté majeure dans cette tradition était que l’union d’un humain et d’un vampire n’avait que cinquante pour cent de chance de voir la naissance d’un vampire. Cela pouvait prendre des années, voire des siècles. 


- Je vais vraiment devenir une poule pondeuse ! Je ne vois pas ce qu’il y a d’édifiant à cela. Au contraire, je pense que ça ruine le prestige de la future maîtresse vampire. Et il me faudra combien de bébés humains avant d’avoir mes bébés vampires ? 


- Le nombre qu’il faudra ! Sachez que c’est un honneur d’avoir été choisie pour accomplir notre tradition. Vous n’en serez que plus respectable aux yeux de la communauté. 


Caleb se rapprocha de Cendre.
- Tu devras occire tous les humains qui naîtront et lorsque tu auras donné naissance à tes six descendants, il te faudra les élever jusqu’à ce que le plus jeune devienne adulte.
Tous tes enfants devront alors se combattre et le dernier vivant sera ton héritier. Tu auras ainsi contribué à notre belle tradition. Tu vois, ce n’est pas simple. Beaucoup y ont renoncé car elles n’étaient pas assez fortes. Seule ta détermination te permettra d’accomplir de tels sacrifices. C’est l’épreuve la plus difficile que tu auras à réaliser avant de devenir maîtresse vampire. L’obtention de rangs n’est rien à côté de cela. 


Cendre et Vladislaus s’étaient alors rapprochés l’un de l’autre. Leur relation avait beaucoup évolué en une année. Ils avaient tissé des liens propres à eux, des liens que seul un descendant pouvait avoir avec son maître, des liens de respect et de confiance. Aussi, Cendre voulait lui montrer qu’elle ne flancherait pas.
- Ne vous en faites pas, Vlad. Je suis à vos côtés et votre Tradition ne me fait pas peur. J’y vois là, au contraire, un moyen de me divertir et de vous rendre fier. 


En un an, la vie de Cendre avait beaucoup changé et son côté malveillant s’était considérablement extériorisé depuis sa transformation. D’ailleurs, quatre malheureux humains, dont un jeteur de sort en avaient fait les frais en croisant sa route par malchance. Ils avaient fini dans l’espace cimetière spécialement créé à leur intention. 


Cette année-là, Cendre avait vendu tellement de toiles que les ouvriers des catacombes n’avaient pas chômé. Le garde-manger avait été agrandi afin d’accueillir plus de nourriture et satisfaire les exigences de la future maîtresse vampire qui souhaitait manger varié, et il comptait à présent trois cellules.


La crypte prenait forme. La salle de combat avait été meublée et quatre nouvelles pièces avaient été construites.
La cuisine avait été la première car il devenait urgent de pouvoir nourrir les invités du garde-manger afin de ne pas les voir disparaître au bout de trois jours.
Cendre retrouva donc le chemin des fourneaux et elle découvrit avec joie que même si elle ne pouvait plus avaler de nourriture humaine, elle avait toujours autant de plaisir à cuisiner.
- Hey, le repas est servi ! 



Une quatrième cellule, avec douche cette fois, et plus grande que les autres, vit le jour. Elle était destinée à accueillir les futurs géniteurs de sa descendance qui auraient l’honneur de partager sa couche dans la chambre qu’elle avait spécialement fait construire à côté de la cellule.


Et puis, plus tard, il y eut la chambre de Jess. 

Cendre avait rencontré Jesminder il y a quelques mois, une nuit où elle allait rendre visite à Caleb et Lilith. Elle s’était perdue, comme tous les autres, et avait demandé son chemin.


Elle était pressée. Elle avait raconté à Cendre qu’elle état mixologue et qu’elle était attendue pour faire un extra dans une boîte de nuit à la mode. 

 

Une mixologue ! L’occasion avait été beaucoup trop belle pour la laisser passer.
- Il est presqu’une heure ! Vous devez déjà être sérieusement en * !
- Ne m’en parlez pas. Moi qui aie bâti une partie de ma réputation sur ma ponctualité, je suis fichue.
- Vous êtes si connue que ça ? 


- Dans le monde de la nuit, oui, je suis considérée comme la meilleure des mixologues. Je maîtrise tous les cocktails existants et je peux même en créer si ça vous chante ! Les établissements nocturnes s’arrachent mes services. J’ai beaucoup de chance.


Cendre estimait que c’était elle qui était de plus en plus chanceuse.
- Je ne sais pas comment vous dire ça mais personne n’a jamais trouvé comment repartir de cette ville. On peut y entrer mais on n’en ressort pas. Vous êtes coincée ici.


Le visage de Jesminder s’était alors crispé :
- Vous me faites marcher ?


Cendre lui avait donc expliqué son arrivée à Forgotten Hollow, en omettant plusieurs détails « inutiles », puis elles avaient marché jusqu’à la chapelle.


- Vous vivez vraiment dans une chapelle ?
- C’est le seul endroit disponible que j’ai trouvé à mon arrivée ici.
- Ecoutez, ce n’est pas que je m’ennuie avec vous mais j’ai un mari et un fils qui m’attendent à la maison et si je ne suis pas rentrée demain matin, ils vont s’inquiéter.
- Justement, vous avez toute la nuit. Libre à vous ensuite de choisir de trouver une issue demain matin. Moi, je n’y suis jamais parvenue.


Jesminder s’était laissé convaincre et avait ainsi inauguré la future cellule des géniteurs au moment même où Cendre lui dévoilait son vrai visage. La jeune femme ne se laissa pas démonter pour autant.
- Vous êtes un vampire ? J’avais déjà entendu parler de votre existence. Voilà bien ma veine. Prenez mon sang mais laissez-moi partir. Je veux retrouver ma famille. 


- Tu ne peux aller nulle part. Je ne t’ai pas menti. On ne sort pas de la vallée. Je reviendrai te voir plus tard pour t’expliquer ce que j’attends de toi. 


- Je m’appelle Jesminder Bheeda. J’ai un mari, Arun, et un fils, Charlie.
La jeune femme, qui lisait beaucoup, avait déjà vu qu’il était bon de s’identifier auprès d’un kidnappeur afin que celui-ci ne perde pas de vue que vous étiez une personne. Mais est-ce que cela s’appliquait aussi aux vampires ?

 

- Très bien Jesminder. Je m’en rappellerai. Et n’aie pas peur, je ne te veux pas de mal. 


Cendre alla ensuite se nourrir chez numéro cinq tandis que Jesminder Bheeda ne pouvait qu’imaginer ce qui se passait dans la pièce voisine.


Cendre avait une idée bien précise de l’avenir de Jesminder. Celle-ci deviendrait son professeur particulier de mixologie et pourrait aussi s’occuper de l’entretien de la chapelle et de la crypte. 


Trois jours plus tard, Cendre avait expliqué à Jesminder ce qu’elle attendait d’elle. En plus des cours de mixologie qu’elle aurait à dispenser, elle devrait s’occuper du ménage des locaux et de la cuisine pour les prisonniers auxquels elle apporterait les repas. Mais ce ne fut pas sans une mise en garde :
- Attention, à la moindre tentative de complot, je les tue tous les trois et je te confine dans tes quartiers. 


Elle lui avait aussi raconté son arrivée à Forgotten Hollow, la vraie cette fois, ainsi que l’histoire de cette vallée et des ses habitants, les vampires, êtres qui vivaient principalement la nuit ou dans les catacombes.


Oui, elle lui avait raconté aussi fidèlement que possible sa propre histoire, à elle, car son souhait était, qu’avec le temps, Jesminder devienne d’une loyauté à toute épreuve, à son égard. La seule chose qu’elle avait passé sous silence était sa brève aventure avec Lestat.


La jeune myshunienne (Cendre avait appris qu’elle était originaire de San Myshuno) était atterrée par ce que venait de lui conter la vampire. Elle semblait si froide en parlant de son humanité passée qui n’était pourtant pas si loin d’elle. Une année à peine... 


- Pourquoi faites-vous cela ? 


- Que je fais quoi ? T’offrir un café ? Je suis aux petits soins avec toi. Tu vas être mon prof de mixologie alors je te dois bien ça. C’est aussi pour cela que je suis allée te chercher des vêtements dans les catacombes. Et ce pull est bien chaud, n’est-ce pas ? 


- Et c’est aussi pour cela que j’ai contacté mes ouvriers. Je vais faire construire ta propre chambre. Tu y seras beaucoup mieux que dans cette cellule. 


Jesminder énonça timidement quelques mots :
- Je ne parlais pas de ça.
- Ah non ? Et de quoi voulais-tu parler ? 


Tout aussi timidement, elle prit le risque de mettre en colère sa geôlière.
- Pourquoi me retenez-vous prisonnière ? Vous étiez humaine, il n’y a pas si longtemps... Vous savez ce que c’est d’avoir une famille...
- Alors là, tu me vexes Jesminder. Oh et puis non, tiens ! Je vais t’appeler Jess. Jesminder, c’est beaucoup trop long. 


- Ma famille n’est plus. Ne te fie pas à mon histoire pour imaginer que je puisse être bonne. La porte qui est derrière moi mène à mon garde-manger. Il y a trois cellules et, dans chacune d’elle, il y a un humain. Chaque jour, je bois leur plasma. Il en va peut-être de ma survie mais j’adore ça ! Je suis un vampire, alors ne te méprends pas sur mon compte.


- Pourquoi n’ai-je pas fini dans une de vos cellules comme les trois personnes dont vous me parlez et que j’entends gémir chaque nuit ? Pourquoi suis-je ici à discuter avec vous ?
- Tu es mixologue, Jess, c’est ça ton secret. 


Cendre s’était radoucie.
- Tu es mixologue et j’ai besoin de toi. C’est pour cela que tu auras des privilèges que les autres n’auront jamais. Je veux connaître tous tes secrets de fabrication. C’est à cela que tu dois d’être ici et non de l’autre côté de cette porte. 


- Mais cela va prendre un temps fou de tout vous enseigner !
- Nous avons tout le temps qu’il faut. Je ne suis pas pressée, ne t’inquiète pas. 


Jesminder poussa un soupir puis regarda Cendre dans les yeux. Elle voulait faire face à sa nouvelle réalité :
- Je suis donc condamnée à vivre ici, dans le sous-sol, avec vous ? Je ne connais même pas votre nom. 


- Pour toi, je serai Madame Valrose, ou Madame. Tu seras à mon service et j’attends de toi que mes consignes soient toujours entendues et appliquées, même si elles te choquent. 


Jesminder s’était levée pour débarrasser sa tasse.
- Bien Madame, j’en prends note.
Avait-elle capitulé ? Cendre était certaine que non, vu le ton un peu trop appuyé qu’elle avait utilisé pour prononcer le mot « madame ». Mais ce n’était pas grave car elle finirait par courber l’échine devant elle, comme tout le monde. 


Trois mois s’’étaient alors écoulés. La chambre de Jesminder avait été achevée. Cendre lui avait même prêté quelques livres pour qu’elle puisse se divertir lors de ses heures de repos.
- Tu verras, je ne serai pas ingrate envers toi. Mais je compte aussi sur toi pour faire ce que je te demande. 


La jeune femme s’était révélée être une servante exemplaire et ses cours de mixologie étaient passionnants. Cendre était très enthousiaste pour la suite mais elle la gardait tout de même à l’œil. 


Jess passait beaucoup de temps en cuisine pour préparer le repas des prisonniers et elle se faisait même violence afin de leur cuisiner de la viande alors qu’elle était elle-même végétarienne.


Mais elle était comme ça, Jesminder ! Sang chaud, peut-être ! C’est en tous cas ce que lui affirmait Arun, son mari. Romantique et végétarienne, ça, elle en était sûre. Mais surtout, ce qu’elle aimait, c’était faire plaisir à son prochain.
Et si elle pouvait faire plaisir aux prisonniers de Cendre avec un sourire ou un plat de viande, elle le ferait. 


Elle n’avait pas été forcément la bienvenue, au début... 


Puis ils avaient tous compris que Jesminder était, tout comme eux la prisonnière de Cendre et cela avait ensuite facilité le contact.
Elle avait ainsi appris que Brant Hecking était marié à un cetain Brent du même nom, qui devait se demander où il était passé...
Finalement, son histoire n’était pas si différente de la sienne...


En discutant avec Liberty, elle sut que celle-ci était astronaute en herbe et promise à un brillant avenir.
Celle-ci habitait dans un corps de ferme rénové à Foundry Cove, la banlieue pauvre de Willow Creek. Elle était en colocation avec deux amis en attendant de gagner un meilleur salaire, et ceux-ci lui manquaient beaucoup. 


Et Julia ? Julia était pourtant la plus coriace des trois mais elle avait fini par lui raconter sa vie à l’université de Britechester et parler de sa meilleure amie Becca. Elles en faisaient des bêtises toutes les deux !


Oui, Jesminder avait su redonner le sourire et l’espoir à ces personnes emprisonnées ici depuis trop longtemps, et elle avait pris la décision de les sortir de là... 


Mais ces plans furent contrariés par le triste décès de Liberty Lee, alias numéro cinq, pour Madame Valrose. 


A la tombée de la nuit, une cinquième tombe avait rempli le cimetière de Madame. Ses ouvriers avaient veillé à la mettre en place et Madame Valrose avait voulu s’assurer que sa cinquième victime était bien là.


Jesminder pleurait à chaudes larmes. Elle repensait à cette jeune fille dont l’avenir n’avait été qu’une simple illusion, et, à sa vie à elle, à sa famille... Elle les oubliait presque dans cet enfer qu’était dvenue sa vie. La voix imperturbable de Madame Valrose la sortit de ses pensées :
- Ressaisis-toi, Jess, voyons ! Nous venons de perdre numéro cinq. C’est un moment solennel.
Jessminder pensa alors que quoiqu’il arrive, elle trouverait un moyen de sortir d’ici avec Brant et Julia. Sinon, ils risquaient fort de finir eux aussi dans ce cimetière, loin de chez eux.

 

A suivre 🙂

 

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Re: [VDC] **Cendre et la Vallée Oubliée** màj 06/07/24 - Chap8

★★ Guide

 

Chapitre 8 - Un géniteur de marque


 

La nuit-même du décès de numéro cinq Cendre avait ramené dans la chapelle une femme d’âge mûr du nom de Clara Bjergsen.
L’hiver était glacial, et même si elle ne percevait pas vraiment la température ambiante, l’esprit de Cendre vagabonda en arrière, plus d’un an auparavant, se remémorant ces nuits difficiles qu’elle avait passées dehors.
Mais aujourd’hui, elle se dit que c’était parfait et que cette femme serait son numéro huit.

Révélation

Elle était ensuite ressortie, laissant la blonde seule dans sa cellule, pour aller se trouver un géniteur. Cette nuit, elle était déterminée. Elle trouverait son premier reproducteur et elle serait enceinte. Il est temps que la descendance Valrose vint au monde.


Cendre avait rencontré Dirk Dreamer non loin de la cascade. Elle l’avait observé un moment avant de lui parler. Dirk Dreamer ! C’était une célébrité mondiale. Comment avait-il fait pour se perdre à Forgotten Hollow, seul, sans agent, ni garde du corps ?


Le pauvre bougre semblait s’escrimer sur son téléphone portable et Cendre l’entendait bougonner devant celui-ci.
- Vous avez un problème, Monsieur ?


- Oh bonsoir, Mademoiselle. Mon téléphone est hors service. Pas de réseau, semble-t-il. Auriez-vous une idée de comment sortir de cet endroit ?
Cendre était devenue maîtresse dans l’art du mensonge.
- J’ai bien peur de ne pouvoir vous aider. Les routes ont été bloquées pour la nuit. Pour faire place aux chasse-neiges.


- Des chasse-neiges, dites-vous ?
Dirk Dreamer était tel qu’il était décrit dans les magazines : beau gosse, musclé et surtout très sûr de lui envers les femmes qui le savaient célèbre.
- Vous habitez chez vos parents ? 


Cendre choisit donc de prendre le contre-pied face à cet homme imbu de lui-même. Elle se demandait même s’il serait utile de tester ses charmes vampiriques sur ce bellâtre. Elle choisit de faire comme si elle ne le reconnaissait pas.
- Non. J’habite chez moi, répondit-elle sèchement.


- Mille pardons, Mademoiselle. Si je puis me permettre, auriez-vous une place chez vous pour m’accueillir pour la nuit ?
- Vous ne manquez pas d’air ! Et pourquoi vous accorderais-je une telle faveur ?
- Je m’appelle Dirk Dreamer. Tout le monde me connait. 


- Ah oui ? Ben, moi, je ne vous connais pas.
L’homme était vraiment beau garçon et Cendre décida de le laisser lui-même user de ses charmes qu’il croyait irrésistibles.


- Ce n’est pas important, je suis une célébrité mais que vous ne me connaissiez pas en rajoute à votre innocente candeur. Je ne vous demande qu’un lit, ou même un canapé. Ne pourriez-vous faire cela pour moi ? Vous ne me laisseriez quand même pas passer la nuit dehors ?


Cendre prit une attitude innocente.
- D’accord. Mais en tout bien, tout honneur. Et j’habite dans une chapelle.


- Une chapelle ? C’est parfait. J’adore les chapelles.
Et elle pensa très fort : « Et moi, j’adore les beaux gosses musclés, comme toi ! Tu vas me faire un petit vampire, je le sens. » 


Cendre conduisit Dirk jusqu’à sa chambre. Il resta en contemplation devant son portrait durant un moment.
- Sacré tableau que celui-ci ! Personne n’en a fait de semblable de moi. Il ne vous ressemble pas trop, je trouve. Vous y paraissez bien triste.
- Pourtant, c’est bien de moi qu’il s’agit. C’est un ami qui m’a prise en photo ce jour-là.


Dirk s’était alors assis et il l’avait ouvertement galantisée.
Elle n’avait alors eu d’autre choix que de jouer les vierges effarouchées. Il fallait qu’il pense avoir le dessus.


Mais elle sentit que ce futur géniteur faisait lui aussi mine de lui plaire. Elle avait surpris sa moue de dégoût à son encontre et il ne faisait nul doute qu’il voulait juste un toit pour la nuit et qu’il comptait se servir d’elle pour l’obtenir : un brin de séduction sur la fille et, hop, je vais me coucher.


Mais le don juan ne savait pas encore à qui il avait à faire. Alors, elle s’était servie sur lui de son pouvoir de séduction. Qui était le plus fort maintenant ? La pauvre inconnue de Forgotten Hollow ou la célébrité mondiale qui se remettait à séduire la fille qu’il croyait sans le sou ? 


Cendre se délectait de son pouvoir et de sa puissance. Personne ne pouvait rien contre elle, et, qui le tentait, n’en serait que rapidement remis à sa place. Elle avait une Tradition à accomplir et Dirk ferait un parfait géniteur. Ce n’était pas à lui de mener la danse, mais à elle, et elle ne se priverait pas d’un tel potentiel reproducteur.

 

Elle le tenait dans ses filets alors même qu’il était persuadé de diriger le jeu ! Quelle satisfaction !


Et il ne fallut pas longtemps pour qu’il l’amenât jusqu’au lit. Cendre avait atteint son but. Il ne restait plus qu’à espérer que le bel humain lui fasse un petit vampire ! 


Après leurs ébats, Cendre le conduisit directement jusqu’à la cellule des géniteurs en lui disant qu’il s’agissait là des douches.
- Tes commodités sont vraiment rudimentaires, lui fit-il remarquer.
- Nous sommes dans une chapelle, Dirk, ne l’oublie pas.


Et alors que la star allait se doucher, elle tourna les talons et ferma la porte à double-tour.
« J’espère au moins porter son enfant. », pensa-t-elle.


Jesminder fut chargée d’annoncer à Dirk ses conditions de vie pour les mois à venir, et de lui expliquer pourquoi il était là. Elle était ravie car elle ne le supportait pas !
Elle se rappelait encore cette fois où, invité à une soirée à laquelle elle avait été embauchée, il avait fait un scandale sur l’un des cocktails qu’elle avait servi. Un cocktail sublime mais pas assez bien pour Monsieur qui aimait se faire valoir sur des sujets auxquels il n’entendait rien. Et il avait eu l’audace de la traiter comme une moins que rien durant toute la soirée. Oui, elle le détestait.
Et dire qu’avant, elle ne ratait aucun de ses passages à l’écran! 


- Tu plaisantes, j’espère ! Cette fille voulait juste un gosse du beau Dirk ? Et après, elle m’enferme ? Mais elle est complètement folle, celle-là ! 


De quel droit osait-il encore ce ton familier avec elle ? Elle n’était plus décidée à se laisser faire.
- Qui vous a autorisé à me tutoyer ? Nous ne sommes pas amis, que je sache.
Mais l’homme continua sur sa lancée :
- Tu es son employée, ça se voit. Autant dire que tu n’es rien. Laisse-moi sortir d’ici et je te donnerai un bon pactole. 


A ces mots, le sang chaud de Jesminder ne fit qu’un tour :
- Alors, écoute-moi bien, minable ! Ici, c’est toi qui n’es rien ! Et tu resteras là le temps que Madame en aura décidé, et je pense que tu ne quitteras pas ces lieux tout de suite ! 


- Tu es aussi folle qu’elle, ma parole ! Tu ne sais pas à qui tu parles ! Je vais vous mettre plus bas que terre, toi et ta Madame ! Vous aurez toutes les deux mes avocats sur le dos et je peux te dire que ça va saigner ! 


- Saigner ? Ouh la la ! Tu sais ce que ça veut dire au moins ? Tu ne me fais pas peur, Dirk Dreamer. C’est toi qui devrais avoir peur...
- Appelle-moi ta patronne ! Tout de suite ! J’en ai assez de parler à une subalterne.


Jesminder, choquée, avait alors rapporté les propos du géniteur à Cendre, qui s’amusa beaucoup de l’impertinence du jeune homme.
- Rassure-toi, Jess, je vais lui montrer à qui il a à faire !
- Vous n’allez quand même pas lui dire que vous êtes un vampire, Madame ?
- Oh que si ! Et je sens que je vais bien m’amuser. 


Cendre débarqua dans la cellule de Dirk Dreamer sans prévenir.
- Alors, Dirk ? On fait des misères à ma servante ?
- Tiens, voilà la petite arriviste ! Tu veux combien pour ne pas poster notre folle nuit sur ton blog ?


Elle s’était alors approchée de lui, vraiment approchée.
- Baisse d’un ton avec moi, beau gosse. Je ne suis pas quelqu’un de gentil et je m’énerve facilement.
- Et tu crois m’impressionner ? 


Dirk fut cependant impressionné, si impressionné qu’il en tomba assis sur son lit et qu’aucun son n’arrivait plus à sortir de sa bouche.
La femme qui était devant lui avait un tout autre visage et le cri qu’elle poussait était horrible. On aurait dit qu’elle voulait le dévorer. Une peur panique l’envahit alors.


Elle s’assit près de lui et attendit qu’il reprenne ses esprits.
- Tu es ici chez moi. Et chez moi, je ne tolère pas qu’on me manque de respect ou qu’on en manque à mes serviteurs. Ils me représentent, tu vois. Je pense que tu peux comprendre.


La célébrité mondiale ne répondit pas.
- Je crois que Jess t’a expliqué pourquoi tu étais là. Je te garde jusqu’à ce que je sois sûre d’être enceinte. Si je ne le suis pas, tant pis pour toi. Nous passerons à autre chose. Si je le suis, tu resteras encore quelques temps parmi nous. Mais sache que tu ne sortiras jamais d’ici. Alors, il ne dépend que de toi de rendre ta vie agréable.


Dirk s’était levé. Il avait retrouvé ses esprits et la parole, mais se faisait tout petit.
- Mais qui êtes-vous exactement ? Une sorte de veuve noire ?
- Pas du tout ! Je suis un vampire. Je pensais que ça se voyait.
- Pourquoi un bébé alors ?
- Il faut bien que je me reproduise, je dois assurer ma descendance, figure-toi.


- Mais pourquoi moi ?
- Parce que tu étais là ! Et puis, tu es beau, musclé et en pleine santé. Tu fais le candidat idéal. Que tu sois célèbre, ça n’était pas dans mes projets.


Cendre s’apprêtait à partir mais elle tint tout d’abord à lui faire passer un petit message.
- Ah ! Et ne t’avises plus jamais de nous tutoyer, moi ou ma servante. Ici, c’est nous qui tutoyons et toi qui n’es plus rien.


Lorsque sa grossesse fut confirmée, Cendre voulut en informer prioritairement le Comte.
- Votre musique est toujours aussi troublante, Vlad. Elle prend tellement aux tripes. C’est magnifique.
- Merci ma chère. Je sens quelque chose de changé en vous. Que se passe-t-il ?


Vladislaus Straud s’était levé.
- Je suis enceinte, Vlad ! Ça y est, mon futur héritier est peut-être en route !
- Mais quel bonheur ! C’est tout ce que je vous souhaite.


Il avait alors enlacé sa protégée.
- Ne perdez tout de même pas de vue qu’il pourrait ne pas être un vampire... Il ne faudra pas vous désespérer pour cela, n’est-ce pas ?
- Ne vous inquiétez pas. Je sais tout ce qu’il y a à savoir sur la GTD, grâce à vous. Ne pas se laisser envahir par des sentiments inutiles, jamais. Vous voyez, j’ai bien retenu ma leçon.


- En tous cas, la grossesse vous va à ravir. Vous êtes rayonnante.


- Vraiment ? Ça ne se voit pas beaucoup, pourtant.
- Cela se voit sur votre visage. Vous y portez votre future descendance.


La descendante et son maître discutèrent encore un peu puis Cendre s’excusa.
- Il faut que j’aille annoncer la nouvelle à Caleb et Lilith.
- C’est parfait. On se voit toujours demain pour votre leçon d’orgue ?


- Bien sûr. Je ne la manquerais pour rien au monde.
Puis le Comte laissa échapper quelque chose qu’il n’aurait jamais dû dire car il avait fait une promesse à un ami :
- C’est franchement dommage que Lestat se prive de voir quelle vampire vous êtes devenue. Lui qui vous a enseigné avant votre transformation serait fier de vous. 


- Comment ça, il se prive de voir ce que je suis devenue ? Il est vrai que cela fait des lustres que je ne l’ai pas vu... Où est-il passé ?


- Oubliez ce que je viens de vous dire. Il ne réapparaîtra pas tout de suite, de toute façon. Il semble qu’il ait besoin de repos.


Cendre sentit que le Comte n’en dirait pas davantage mais qu’il en savait beaucoup sur ce qu’il était advenu de Lucas. Malgré son émoi à l’évocation de celui qui fut le grand amour de sa vie, Cendre décida de ne pas insister. Elle n’entendait surtout pas heurter Vladislaus qu’elle appréciait et admirait de plus en plus, avec un souvenir passé.
- Je vais me retirer, mon cher ami. Il faut encore que j’aille visiter Caleb et Lilith avant d’aller me reposer.


- Faites donc, et n’oubliez pas que votre santé est primordiale en ces temps de grossesse.
- Je ne l’oublierai pas, je vous remercie.


Lorsqu’elle arriva à leur domicile, Caleb et Lilith avaient l’air de passer une très bonne soirée.
- Tiens, Cendre est là ! dit Caleb, et il me semble qu’elle est enceinte.


Cendre affirma la nouvelle.
- Tu vois ! Qu’est-ce que je t’avais dit, Lilith ! Plus de cours de combat. Je vais m’ennuyer à mourir.
- Tu pouponneras peut-être, frérot !


Cendre discuta avec eux de choses et d’autres avant de poser la question qui la démangeait depuis son entrevue avec le Comte :
- Vous avez croisé le Duc de Riverview, récemment ?
Lilith ouvrit de grands yeux, se demandant si son amie n’était pas encore sous le charme de ce bourreau des cœurs.
- Non, cela fait un bail que je ne l’ai pas vu, maintenant que tu le dis. Mais pourquoi cette question ?


- C’est lui qui m’a tout appris avant ma transformation. J’aurais bien aimé lui dire que je m’étais enfin lancée dans la Tradition.
Caleb la regarda alors :
- Moi, je sais où il est.

 

A suivre 🙂

 

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