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De la banlieue a la ville centre: determinants de la mobilite residentielle des banlieusards de Montreal.

Abstract

The objective of this study is to identify the determinants of mobility from the suburbs to the inner city in the Montreal metropolitan area. Our analyses focus on all suburban municipalities and use data from the 2006 Census. Adopting a lifecycle perspective, a specific logistic regression model is developed. The results show that being young, single, having a low income, and attending school are the most significant factors of migrating to the inner city. The typical migrant leaving the suburbs to the inner city is a young adult leaving parental home. The inner city can then be seen as a place of transition for many people. The results also show that ethnocultural factors, such as the language spoken at home and the visible minority status, have no significant impact.

Keywords: Intrametropolitan migration, internal migration, residential mobility, inner city, suburb, spatial segregation

Resume

L'objectif de la presente etude est d'identifier les determinants de la mobilite entre la banlieue et la ville centre dans la region metropolitaine de Montreal. Nos analyses portent sur l'ensemble des municipalites de banlieue et utilisent les donnees du Recensement de 2006. Adoptant une perspective de cycle de vie, un modele de regression logistique specifique est developpe. Les resultats montrent que le fait d'etre jeune, celibataire, d'avoir un faible revenu et de frequenter un etablissement scolaire sont les facteurs les plus influents. Le portrait type du banlieusard quittant la banlieue pour la ville centre est un jeune adulte quittant le domicile familial. La ville centre peut alors etre consideree comme un lieu de transition pour plusieurs personnes. Les resultats montrent aussi que les facteurs ethnoculturels, cest-a-dire la langue parlee a la maison et le statut de minorite visible, n'ont pas d'impact significatif.

Mots cles: Migration intrametropolitaine, migration interne, mobilite residentielle, ville centre, banlieue, segregation spatiale

1. INTRODUCTION

1.1 Le dedin de la ville centre dans les metropoles nord-americaines

Le 20e siecle a vu apparaitre une nouvelle forme d'amenagement urbain qui a pris de plus en plus d'importance dans la structure des metropoles americaines: la banlieue. Sa caracteristique architecturale dominante, dans l'imaginaire collectif comme dans la realite montrealaise, est l'abondance de maisons individuelles (Mercier 2006; Ghorra-Gobin 2006). Leclosion de cette forme urbaine sexplique par divers facteurs tels que la mise en place de programmes facilitant l'acces a la propriete la poursuite de l'exode rural, l'explosion dune classe moyenne engendree par un essor demographique et economique sans precedent, la diminution des couts du transport provoquee par l'emergence de l'automobile, l'essence a bon marche et l'amelioration du systeme routier (Bussiere 1993; Downs 1997; Brueckner 2000; Bourne 2000).

Dans un premier temps, la croissance des banlieues montrealaises s'est faite en parallele a celui de la ville centre : la part relative de l'une et de l'autre dans l'ensemble metropolitain demeure a peu pres les memes jusqu'au milieu du siecle. Plus recemment, la croissance demographique et l'exode rural se sont essouffles, mais la croissance des banlieues ne s'est pas pour autant attenuee. Malgre le tarissement des forts excedents de population alimentant traditionnellement l'expansion de la banlieue, sa croissance s'est maintenue, mais aux depens de celle de la ville centre (Bussiere 1993), y engendrant, comme dans la plupart des metropoles nord-americaines, un declin relatif de sa population, parfois accompagne d'un declin absolu. Dans la region metropolitaine de Montreal, la part relative de la ville centre, selon les limites actuelles, est passee denviron 90% avant les annees 40 a moins de 50% a partir des annees 90 (Tableau 1). Malgre certains signes de revitalisation dans quelques secteurs centraux de certaines metropoles nord-americaines, les mouvements migratoires favorisent encore la banlieue au detriment de la ville centre (Kasarda et al. 1997). Les donnees du dernier recensement montrent que le poids demographique de la ville centre dans Fensemble metropolitain a continue de decliner au cours du dernier lustre.

De nombreuses consequences decoulent de l'accroissement des banlieues et, plus generalement, de l'etalement urbain. Parmi celles-ci, notons la disparition de terres agricoles et de milieux humides, la reduction de la biodiversite, la pollution de l'air, l'augmentation de la congestion routiere, la segmentation du marche immobilier, la decentralisation des emplois et la diminution de la rentabilite des transports en commun (Ritchot et al. 1994; Bussiere, Bernard et Thouez 1999; Ewing et al. 2005; Knox 2008).

La decision d'aller vivre en banlieue est egalement associee a des variables economiques et ethnoculturelles (Clark et al. 1994; South et Crowder 1997; Seligman 2005; Boustan 2010; Marois et Belanger (sous presse)). De ce fait, les mouvements migratoires internes peuvent mener a des formes de segregations spatiales basees sur ces facteurs. Il peut en resulter une concentration de la pauvrete dans un secteur de la ville centre qui resultera en une depreciation sociale et materielle de celui-ci (Downs 1997), notamment en ce qui concerne la qualite des infrastructures financees par l'impot foncier. Des lors, les facteurs repulsifs prennent de l'ampleur et un cercle vicieux peut s'installer dans un secteur et affecter de maniere importante la viabilite sociale et fiscale de celui-ci (Downs 1997).

Le declin absolu ou relatif de la ville centre suscite donc des preoccupations. Il preoccupe a la fois les gouvernements locaux et municipaux, appeles a gerer le zonage de leur territoire et a offrir des services de proximite, de meme que les gouvernements des paliers superieurs, souvent charges d'assurer une certaine coherence metropolitaine dans le developpement regional et dans l'amenagement des grands axes routiers et du transport en commun. A Montreal, des mesures sont en place pour freiner l'exode des families, notamment l'instauration d'incitatifs financiers et le developpement de l'offre de logements plus grands.

1.2 La perspective du cycle de vie

L'approche la plus ancienne et la plus repandue pour letude de la mobilite residentielle est la perspective du cycle de vie (Glick 1947; Rossi 1955; Speare, Goldstein et Frey 1975; Landale and Guest 1985; South et Crowder 1997). Selon ce cadre theorique, les differents evenements marquant le cycle de la vie des individus (formation du couple, naissance des enfants, depart des enfants, deces d'un des conjoints) forment des episodes dans lesquels les besoins relatifs au logement evoluent entrainant ainsi souvent une relocalisation residentielle pour permettre l'adaptation de lespace habite a ces nouveaux besoins. Les individus, cherchant a maximiser l'utilite de leur lieu de residence, choisiront celui-ci en faisant un arbitrage entre les avantages et desavantages relatifs de chacun des choix qui leur sont offerts en fonction de leurs nouveaux besoins.

La litterature a deja montre que les jeunes couples preferent la banlieue, malgre son eloignement du centre-ville, car elle offrirait un environnement plus calme et des ecoles de meilleure qualite (Frey et Kobrin 1982; Freitjen et Mulder 2002; AEro 2006; Karsten 2007; Kim et al. 2007). Ces couples qui ont ou prevoient avoir des enfants, seront ainsi prets a sacrifier les avantages lies a l'accessibilite a l'emploi au profit de ceux relies a la superficie habitable et a l'environnement. Corolairement, un individu a une autre etape de son cycle de vie evaluera differemment les avantages et les desavantages de chacune des possibilites offertes. Le jeune souhaitant quitter la residence familiale, par exemple, sans enfants a sa charge n'a pas besoin d'un grand logement et pourrait preferer un logement plus petit, mais a proximite du centre-ville. L'accessibilite des services et l'environnement offert dans les quartiers centraux peuvent mieux correspondre a ses besoins qui sont de terminer ses etudes, de trouver un premier travail ou de rencontrer des gens (Glaeser et al. 2001; Frechette et al. 2004; Turcotte et Vezina 2010). Glaeser et al. (2001) rapportent egalement qu'une plus forte densite de population peut etre recherchee par les celibataires de tout age, celle-ci accroissant et diversifiant les rencontres possibles. Le fait que les universites et les colleges soient generalement situes dans les quartiers centraux peut egalement attirer les etudiants (Kasarda et al. 1997). En somme, si, pour les jeunes families, les facteurs lies a l'environnement sont generalement plus importants que ceux lies a l'accessibilite (Kim et al. 2007), l'inverse peut etre vrai pour les personnes sans enfant (Van Ommeren et al. 1999).

1.3 Objectifs de recherche

Les determinants de la migration de la ville centre vers la banlieue sont bien connus. Les jeunes families de la classe moyenne sont particulierement attirees vers celleci, puisque l'environnement offert repond mieux a leurs besoins (South et Crowder 1997). A Montreal, de precedentes analyses ont montre que le fait de vivre au sein d'un couple avec de jeunes enfants ou sans enfant, d'etre age de 20 a 39 ans, de parler le francais a la maison, de travailler et de ne pas etre pauvre etaient les principaux determinants de cette decision (Marois et Belanger (sous presse)).

Les etudes sur la mobilite intrametropolitaine se concentrent souvent sur le flux de la ville centre vers la banlieue, mais oublient souvent le contre-flux de la banlieue vers la ville centre. Celui-ci, bien que generalement de moins grande ampleur, contribue neanmoins au brassage et de la population et a la configuration de la geographie sociale. L'objectif de la presente etude est d'identifier les determinants de la migration des banlieusards vers la ville centre. Si les determinants de ce type de mouvement agissent de la meme facon que ceux expliquant les migrations de la ville centre vers la banlieue, alors, la segregation spatiale engendree par la mobilite intra-metropolitaine serait amoindrie. A l'inverse, s'ils agissent de maniere differente, la segregation spatiale en serait amplifiee. Puisque la langue parlee a la maison est ressortie parmi les determinants les plus importants pour expliquer la migration de la ville centre vers la banlieue --les francophones etant nettement plus susceptibles d'effectuer ce mouvement que les anglophones et allophones (Marois et Belanger (sous presse))--nous mettrons cette variable en evidence dans nos analyses afin de verifier si le contre-flux de la banlieue vers la ville centre pourrait aussi amplifier la segregation spatiale basee sur la langue.

2. METHODE

2.1 Source de donnees

Si la mobilite residentielle peut etre mesuree par certaines sources administratives telles que le Fichier d'inscription des personnes assurees (FIPA) de la Regie de l'assurance maladie du Quebec, ces sources ne contiennent qu'un nombre limite de variables socioeconomiques pouvant etre analysees en lien avec cet evenement. De plus, les contraintes liees a l'aeces a ces bases de donnees obligent par ailleurs a les ecarter. En l'absence de registre de la population, la version longue du recensement le plus recent, celui de 2006, administree a 20% des menages, demeure donc la source d'informations la plus riche pour analyser les determinants la migration interne. Les Centres de donnees de recherche mis en place par Statistique Canada rendent accessibles aux chercheurs universitaires les fichiers de microdonnees des recensements permettant l'analyse statistique multivariee.

Le recensement canadien compte deux questions sur le lieu de residence anterieur: un an et cinq ans auparavant. Pour assurer une plus grande adequation entre les caracteristiques individuelles pre-migratoires, la mobilite intrametropolitaine est ici definie a l'aide des reponses a la question sur le lieu de residence un an auparavant, soit en 2005. Cette source de donnees comporte neanmoins certaines limites. Parmi celles-ci, notons:

1. Bien que les demenagements au sein dune meme municipalite soient mesures, les informations fournies ne permettent pas de connaitre l'adresse de residence anterieure exacte de l'individu, ni son quartier. Seule l'information sur la municipalite de residence un an auparavant est recueillie.

2. Elle ne mesure pas les changements multiples de municipalite. Par exemple, si, au cours d'une meme annee, un individu demenage de la ville A a la ville B puis de B a la ville C, l'information recueillie sera que l'individu a demenage de A a C, sans egard a la ville B.

3. Elle ne mesure pas un changement de municipalite suivi d'un retour a la municipalite d'origine au cours de la meme periode. II s'agirait ici d'un individu partant de la ville A a la ville B, puis revenant a la ville A. Selon les informations deduites du recensement, cet individu n'aurait pas change de municipalite.

4. Les autres questions du recensement concernent generalement la situation actuelle de l'individu et non ce quelle etait au moment ou la decision de migrer a ete prise. Les analyses doivent donc admettre l'hypothese que les conditions de la personne etaient les memes, ou tout au moins semblables, avant son demenagement. Cette hypothese ne pose pas de serieux problemes pour la plupart des variables, puisque celles-ci ne changent pas ou rarement au cours de la vie (par exemple, la langue parlee a la maison, le sexe, le statut d'immigrant, la scolarite, etc.). Par ailleurs, pour d'autres variables qui sont plus susceptibles de changer d'une annee a l'autre, il est bien plus probable que le choix de la municipalite de residence a l'interieur dune region metropolitaine soit determine en partie par cette variable plutot que le contraire. II est plus probable qu'une personne ait un bon revenu avant de s'acheter une maison dans un quartier cossu que l'inverse. Toutes les municipality de la region metropolitaine sont en definitive dans le meme marche de l'emploi. Pour d'autres variables, le biais pourrait etre plus important. Par exemple, lors de la formation d'un couple reunissant deux celibataires amenageant ensemble, l'evenement se produit simultanement au demenagement (le changement de residence entraine le changement du statut conjugal). Or, la mesure du statut conjugal au moment du recensement ferait en sorte qu'ils seront consideres vivant en couple. Quoi qu'il en soit, puisque des donnees exhaustives et longitudinales permettant d'eviter ce biais n'existent pas, nous devons accepter cette hypothese. C'est pour en amoindrir les effets que les reponses a la question sur le lieu de residence un an auparavant sont preferees a celle sur le lieu de residence cinq ans auparavant pour definir la variable dependante de cette analyse.

En somme, l'utilisation dune seule source de donnees transversales entraine une limite intrinseque a l'analyse : elle doit se faire de maniere statique. Cette limite est importante d'un point de vue analytique et empirique, dans la mesure ou l'analyse de la mobilite residentielle suit, dans ses aspects theoriques, un processus dynamique. Or, l'absence de donnees longitudinales ne laisse d'autres choix que d'accepter cette optique d'analyse. Il devient des lors essentiel de garder en tete que les estimations et resultats ne concernent qu'une annee et peuvent par consequent etre sujets a des effets conjoncturels qui ne sont ici pas pris en compte.

2.2 Population a l'etude

Etant donne la nature des variables explicatives de la mobilite qui sont modelisees--notamment le statut linguistique, l'appartenance a un groupe de minorites visibles, la scolarite et l'age, les analyses porteront sur les particuliers et non sur les families, bien que la mobilite residentielle soit generalement un evenement vecu en famille. Ce genre de variable individuelle se transpose en effet difficilement dans l'univers des menages ou des families. A l'inverse, les variables concernant generalement les families, tels le revenu familial ou la structure familiale, peuvent aisement etre adaptees a l'univers des particuliers, moyennant quelques transformations. Par exemple, le revenu de la famille peut etre rajuste selon la taille et la composition de celle-ci et etre mis sur une meme echelle de comparaison que le revenu des personnes vivant hors famille.

La population a risque d'effectuer une migration vers la ville centre est celle qui habitait l'une des banlieues de la region metropolitaine de recensement (RMR) de Montreal en 2005 et qui en 2006 etaient toujours presentes dans la RMR. Sont donc exclues de la population a l'etude les personnes qui ont migre a l'exterieur de la region metropolitaine au cours de l'annee, que ce soit ailleurs au Quebec, au Canada ou dans le monde, de meme que celles qui sont decedees. L'evenement analyse est donc conditionnel au fait de resider toujours dans la region metropolitaine en 2006.

Par ailleurs, les personnes agees de moins de 15 ans au moment du recensement ont egalement ete exclues des analyses, puisque dune part, il est peu probable que la decision de migrer leur revienne et, d'autre part, plusieurs des variables independantes utilisees lors des analyses ne les concernent pas, par exemple, l'activite ou la scolarite. La taille de l'echantillon resultant est d'environ 280 000 individus.

2.3 Analyses statistiques

Dans un premier temps, une analyse descriptive de la population a l'etude est effectuee afin de dresser le portrait des migrants de la banlieue vers la ville centre. Ensuite, a partir des probability conditionnelles que l'evenement se produise, une analyse multivariee est effectuee a l'aide de regressions logistiques. Ce controle statistique sur les caracteristiques individuelles de la population a l'etude degagera l'influence nette des determinants de la mobilite de la banlieue vers la ville centre.

2.4 Distinguer la ville centre de la banlieue

Une approche interessante visant a reconnaitre la banlieue consiste a decouper la region metropolitaine selon l'appartenance ou non d'un secteur a un noyau central, constitue du quartier des affaires et des secteurs anciens adjacents (Turcotte 2008). Selon cette definition, tout secteur n'appartenant pas a ce noyau central serait la banlieue. Il n'y a cependant pas de definition universelle et consensuelle pour identifier ce noyau central. Tant l'identification du quartier des affaires que celle des secteurs adjacents sont problematiques d'un point de vue statistique. Quels criteres doit-on utiliser et sur quelles bases? D'autres approches utilisent une definition beaucoup plus simple a partir de criteres bien precis relies a la distance, a la densite ou encore, a l'annee de construction. Il serait possible d'utiliser ce genre d'approches pour decouper la region metropolitaine de Montreal, car le recensement permet de recueillir des informations sur la population a une echelle beaucoup plus fine que la municipalite : les secteurs de recensement. Cependant, s'il est possible de faire une telle classification pour la region metropolitaine de Montreal, nous nous heurterons a un probleme technique insurmontable pour analyser la migration intrametropolitaine : le recensement de la population ne permet pas de cibler une geographic plus fine que l'echelle municipale afin de mesurer les migrations internes. S'il est possible de savoir avec une tres grande precision le lieu de residence des individus, la question sur le lieu de residence un an auparavant ne renseigne cependant que sur la municipalite. A partir du recensement, il est ainsi impossible de differencier une personne amenageant au centre-ville a partir d'un quartier de Montreal assimilable a une banlieue telle que Pointe-aux-Trembles de celle provenant d'un autre logement du centre-ville: les deux sont categorisees comme etant une migration a l'interieur de la meme municipalite. Quoiqu'en dise la theorie, pour des raisons techniques, les analyses quantitatives de la mobilite intrametropolitaine doivent donc utiliser un decoupage en ville centre et banlieues beaucoup plus simple.

La plupart des etudes faisant la distinction entre la ville centre et la banlieue se rabattent sur une distinction administrative de celles-ci: la ville centre est la municipalite principale de l'agglomeration, celle ou l'on trouve le centre d'affaires, alors que la banlieue est constituee de toutes les autres municipality de la region metropolitaine (Turcotte 2008). Cette methode apporte cependant son lot de confusions, car les limites municipales sont issues de decisions politiques et elles ne cherchent pas necessairement a distinguer la banlieue de la ville centre en tant que telle. Avec une telle definition, l'image de la region urbaine est donc imparfaite. Certaines regions metropolitaines ou le territoire municipal de la ville centre est tres vaste n'ont donc qu'une banlieue legale tres limitee, bien que, dans les faits, celle-ci puisse setre tout de meme developpee (Gober et Behr 1982). La taille de la ville centre dependrait alors de l'ampleur du morcellement de la region metropolitaine. Qui plus est, ces limites sont variables dans le temps. Dans le cas de Montreal ou Toronto, par exemple, des fusions municipales ont fait agrandir geographiquement et demographiquement la municipalite centrale traditionnelle, sans que la nature de chaque quartier en soit changee pour autant. Cela dit, cette approche demeure tres pertinente, puisque plusieurs decisions politiques sont prises au niveau des gouvernements municipaux. Pour ces raisons, notre etude utilisera les frontieres municipales afin de distinguer la ville centre de la banlieue, tel qu'illustre a la carte 1. La ville centre est donc constituee de la municipalite de Montreal telle quelle etait au recensement de 2006. La banlieue ou reside la population a risque est constituee du restant de la region metropolitaine de recensement.

[ILLUSTRATION OMITTED]

3. RESULTATS

Parmi la population agee de 15 ans et plus, residant dans la banlieue de Montreal en 2005 et toujours presente dans la region metropolitaine un an plus tard, 11,2 [per thousand] ont migre vers la ville centre en 2006. En comparaison, la propension a effectuer le mouvement inverse, soit de Montreal a la banlieue, est deux fois plus importante : 22,5 %o (donnee non presentee). Cest donc pres de 17 600 banlieusards qui ont choisi de s'installer dans la municipalite de Montreal, alors que 29 400 Montrealais ont demenage pour la banlieue. Les statistiques descriptives sont presentees en annexe A.

Le tableau 2 presente les impacts bruts et nets, exprimes sous forme de rapport de cotes (rc) de chacune des variables a l'etude sur la migration entre la banlieue et la ville centre. L'impact brut, e'est-a-dire sans controle des autres caracteristiques socioeconomiques, est en fait la transformation en rapports de cotes des propensions de migrer de la banlieue vers la ville centre, alors que l'impact net correspond aux rapports de cotes resultants de regressions logistiques multivariees integrant simultanement toutes les variables socioeconomiques afin de degager leur effet reel et controle sur la variable dependante quest la migration de la banlieue a la ville centre.

3.1 Caracteristiques demographiques

Conformement aux tendances definies par Rogers, Raquillet et Castro (1978) dans leur etude sur le calendrier des divers types de migration, lage ressort comme facteur determinant de levenement. Le rapport de cotes pour les 20-24 ans est tres eleve, soit de 4,0 par rapport au groupe de reference qui est les 40-44 ans. Des le groupe d'age des 25-29 ans, le rapport de cotes descend a 2,6 puis continue a diminuer pour les groupes suivants, devenant inferieur ala partir du groupe des 45-49 ans et inferieur a 0,5 a partir du groupe des 55-59 ans. En somme, les jeunes adultes sont donc beaucoup plus attires par la ville centre que les autres. Pour plusieurs de ceux-ci, l'on peut se douter qu'il s'agit de personnes quittant la residence parentale de banlieue et attirees par la ville centre. Peut-etre, par le biais de la frequentation scolaire (rc=1,3), l'impact net des groupes correspondant aux ages de frequentation des institutions postsecondaires est cependant attenue pour ce groupe d'age, puisque les rapports de cotes de l'analyse univariee (impact brut) sont plus eleves.

L'analyse multivariee confirme egalement l'impact de la structure familiale sur la migration de la banlieue vers Montreal. Les personnes seules (categorie de reference) sont les plus susceptibles d'effectuer un mouvement, puisque les rapports de cotes de toutes les autres categories sont inferieurs a 1. De fait, seules les personnes vivant au sein d'un couple sans enfant ont un rapport de cote superieur a 0,5 (rc =0,6). En somme, les personnes vivant dans une famille composee d'un couple avec enfants (rc = 0,1) et les personnes vivant au sein de families monoparentales (rc = 0,2) sont les moins enclines a quitter la banlieue pour Montreal. Ces resultats reaffirment par la meme occasion l'impact dissuasif de la presence d'enfants pour la mobilite residentielle (Long 1972; Lee et Waddel 2010; Marois et Belanger (sous presse)). Selon l'approche du cycle de vie, ce sont les grands bouleversements qui entrainent une insatisfaction du lieu de residence et menent au changement du lieu de residence. La naissance d'un premier enfant constitue Fun de ces bouleversements, mais cet evenement entraine par la suite une certaine periode de stabilite, puisque les besoins du menage demeurent similaires tant que les enfants ne quittent pas le foyer.

3.2 Caracteristiques socioprofessionnelles

Les resultats revelent egalement l'importance du lieu de travail. Les personnes travaillant en banlieue (reference) ou ne travaillant pas du tout (rc=1,2) sont nettement moins enclines a quitter la banlieue pour Montreal que celles travaillant dans la ville centre (rc=4,5). Selon la theorie de la maximisation de Futilite aleatoire, les individus, agissant de maniere rationnelle, cherchent a minimiser les couts de transport (Alonso 1964). A cet egard, une personne travaillant en banlieue a done un interet moindre pour aller vivre dans la ville centre qu'une personne travaillant dans cette derniere. Le lieu de travail analyse dans cette regression s'assimile ainsi a Fimportance de Faccessibilite a Femploi, facteur qui ressort regulierement dans la litterature sur la localisation residentielle (Fujita 1989; Van Ommeren et al. 1997; Homocianu 2009).

L'analyse multivariee revele egalement Fimpact de la scolarite. Plus une personne habitant en banlieue detient un haut diplome, plus elle sera susceptible de demenager dans la ville centre. Cette relation nest sans doute pas etrangere au fait que les emplois avec des niveaux de competence elevee sont majoritairement concentres dans la ville centre, notamment au centre-ville. Les personnes hautement scolarisees chercheraient ainsi a se rapprocher de leur lieu de travail. Mentionnons egalement que le fait de frequenter un etablissement scolaire augmente le risque de migrer vers la ville centre (rc=1,3). Cette relation n'est sans doute pas etrangere au fait que les institutions postsecondaires sont essentiellement concentrees a Montreal.

L'impact du revenu rajuste de la famille economique ressort egalement de l'analyse multivariee (figure 3). A cet egard, une relation negative presqu'exponentielle s'observe, car la probabilite de quitter la banlieue pour Montreal diminue rapidement entre les premieres tranches de revenu, mais beaucoup plus lentement pour les suivantes, jusqu a une apparente stabilite a partir de la tranche 40 000 $ a 50 000 $.

3.3 Caracteristiqu.s ethnoculturelles

Contrairement aux autres variables du modele, les impacts bruts et nets des variables ethniques et linguistiques different : les impacts bruts sont significatifs pour les personnes appartenant a un groupe de minorite visible (rc=1,7) par rapport aux blancs et pour les anglophones (rc=1,2) et les allophones (rc=1,2) par rapport aux francophones, mais les impacts nets ne le sont pas. Cela signifie que les flux relatifs differentiels entre les groupes s'expliquent par leur composition demographique et socioprofessionnelle differente. Si Ion observe une plus forte propension des personnes appartenant a un groupe de minorite visible et des non-francophones a quitter la banlieue pour Montreal, cest que ces sous- populations presentent des profils sociodemographiques favorables a cette migration. Parmi les caracteristiques ethnoculturelles, seul le fait d'etre ne a letranger a un impact net significatif (rc=1,2), mais a un seuil peu robuste (p=0,04).

4. DISCUSSION

Notre principale question de recherche etait d'identifier les determinants de la migration de la banlieue vers la ville centre. Les analyses ont permis de constater que le portrait type du banlieusard quittant la banlieue pour la ville centre est un jeune adulte quittant le domicile familial. Son revenu est faible et il est souvent celibataire. Le fait de frequenter un etablissement scolaire est egalement un incitatif a effectuer un tel demenagement. Ces analyses ne revelent ainsi pas de situation particuliere sortant du cadre normal de la perspective du cycle de vie soutenant qua chaque etape de la vie correspondent des besoins specifiques en matiere de logement.

Le choix du lieu de residence a lechelle intrametropolitaine resulte d'un arbitrage entre des facteurs lies a la residence, a l'environnement, a l'accessibilite et au voisinage (Kasarda et al. 1997). La banlieue, qui se trouve generalement plus eloignee du centre-ville, mais offre un environnement plus calme et des logements plus grands, convient a un certain type de besoins plus axes sur les valeurs familiales et les enfants (Frey et Kobrin 1982; Freitjen et Mulder 2002; Aero 2006; Karsten 2007; Kim et al. 2007). Les couples qui ont ou prevoient avoir des enfants, sont ainsi prets a sacrifier les facteurs lies a l'accessibilite a l'emploi au profit de ceux relies a la grandeur de l'habitation et a l'environnement. La ville centre offre en revanche plusieurs avantages qui ne se retrouvent pas en banlieue : une plus grande diversite de population et de style de vie, une architecture residentielle historique, une vie nocturne, un plus grand choix de restaurants, de boutiques et de services et surtout une meilleure accessibility aux emplois et aux services (Kasarda et al. T997). Les convenances offertes par la ville centre conviennent done generalement mieux a un individu etant a une autre etape de son cycle de vie que celle de la famille. Les jeunes quittant le foyer familial y trouvent particulierement leur compte, puisque leurs besoins sont souvent de terminer leurs etudes, de trouver un premier travail ou de rencontrer des gens (Glaeser et al. 2001; Frechette et al. 2004; Turcotte et Vezina 2010). Vivant seul ou en colocation et n'ayant pas denfant a charge, ceux-ci s'accommodent mieux d'un logement plus petit, mais situe dans un quartier repond mieux a leur mode de vie et a leurs besoins. Pour les celibataires de tout age, Glaeser et al. (2001) rapportent egalement qu'une plus forte densite de population peut etre recherchee, celle-ci diversifiant les rencontres possibles pour rencontrer un conjoint.

Lage et la structure familiale sont des determinants incontournables de la mobilite de la banlieue vers la ville centre : les resultats de nos analyses confirment l'attrait quexerce la ville centre, Montreal dans notre cas, chez les jeunes et les celibataires. A ce chapitre, ces variables agissent de maniere tout a fait contraire a la migration vers la banlieue (Marois et Belanger (sous presse)). D'un cote, les celibataires sont peu nombreux a migrer de Montreal vers la banlieue, alors qu'ils sont surrepresentes dans le flux inverse. De l'autre cote, les jeunes families sont nombreuses a quitter la ville centre pour la banlieue, alors que tres peu font le trajet contraire. La combinaison des flux et contre-flux entre la ville centre et la banlieue contribue done a amplifier la concentration geographique de la population selon lage et la structure familiale.

Le revenu ressort egalement au sein des facteurs determinants de la mobilite vers la ville centre : les plus pauvres sont nettement plus susceptibles deffectuer cette migration. De precedentes analyses avaient egalement montre que les plus pauvres sont beaucoup moins enclins a quitter la ville centre pour la banlieue (Marois et Belanger (sous presse)). Les mouvements migratoires intrametropoliains favorisent done une plus forte segregation spatiale selon le revenu. Ce constat rencherit l'idee selon laquelle le revenu constitue un frein aux aspirations des families les plus demunies (Clark et al. 1994). Meme si les plus pauvres ont les memes aspirations et les memes besoins que les autres, le fait qu'ils ne puissent souvent pas acceder a la propriete (Stone, Whelan et Murin, 1986; Seitles 1998) ou posseder une voiture, necessaire a la vie de banlieue (Downs 1997) peut les obliger a vivre dans la ville centre, la ou le transport en commun est plus developpe et ou se concentre beaucoup de logements sociaux et locatifs. La segregation spatiale basee sur le revenu peut etre inquietante, car elle se repercute en inegalites spatiales dont les consequences sociales sont importantes : la qualite des services offerts, notamment les ecoles, les etablissements de sante et les infrastructures de transports, varie fortement d'un quartier a l'autre (Greenstein et al. 2000).

En somme, la ville centre peut etre consideree comme un lieu de transition pour plusieurs personnes. Pour les jeunes et les celibataires, c'est l'endroit pour terminer les etudes, trouver un premier travail et rencontrer son conjoint. Conformement a la perspective du cycle de vie, ceux-ci la quitteront lorsqu'ils seront professionnellement stables et seront a letape de fonder une famille. Montreal voit egalement arriver chaque annee sur son territoire un tres important contingent d'immigrants (Ministere de l'lmmigration et des communautes culturelles 2012). Pour l'immigrant qui vient de s'installer et qui a souvent peu de moyens financiers, la ville centre est naturellement choisie comme premier lieu de residence etant donne la presence souvent importante de la communaute dorigine, de la grande offre de logements locatifs et de l'accessibilite des transports en commun (Logan, Alba et Zhang, 2002). Pour la plupart des immigrants, elle ne figure toutefois pas comme etant le lieu de residence pour s'installer definitivement et passer l'essentiel de sa vie. Apres quelques annees, les immigrants qui en ont les moyens chercheront un autre environnement qui repond mieux a leurs besoins changeants au fur et a mesure de leur integration (Marois et Belanger (sous presse)), ce qui tend a appuyer la theorie de l'assimilation spatiale qui stipule que leurs preferences se distingueront de moins en moins de celles des natifs a mesure que leur duree de residence au pays augmentera (Massey et Denton 1985). Nous retrouvons done la representation de la ville centre comme etant un lieu de transition non seulement en ce qui concerne le cycle de vie, mais egalement pour l'integration economique et culturelle des immigrants.

L'analyse descriptive a egalement revele que cet evenement est proportionnellement plus prevalent chez les minorites visibles et les personnes parlant une autre langue que le fran(;ais a la maison. Toutefois, ces variables, lorsque controlees par les autres caracteristiques du modele, ne sont plus significatives. Les differences relatives observees dans les flux de la banlieue vers la ville centre selon le statut de minorite visible et la langue parlee a la maison s'expliquent done par la composition differentielle de ces sous-populations, notamment au chapitre du revenu. Concernant la langue parlee a la maison, ces resultats contrastent toutefois avec le flux de la ville centre vers la banlieue. Un fort clivage linguistique s'observe pour ce type de mouvement (Marois et Belanger (sous presse)): toute chose etant egale par ailleurs, les francophones sont beaucoup plus nombreux que les anglophones et allophones a deserter la ville centre, phenomene que l'on peut designer comme etant un << French Flight>> en reference au << White Flight >> observe aux Etats-Unis. Toutefois, les resultats de nos analyses indiquent que la segregation spatiale nest pas amplifiee par le contre-flux de la banlieue vers la ville centre, puisque la langue parlee a la maison nest plus un facteur determinant de cet evenement lorsque controle par les autres variables socioeconomiques.

5. CONCLUSION

Cette etude a permis de reaffirmer que la dynamique migratoire interne de la region metropolitaine de Montreal suit une perspective de cycle de vie conforme a la litterature theorique et empirique portant sur les autres metropoles. Si nous savions deja que la banlieue attire les jeunes families, cette etude rencherit que la ville centre attire les jeunes et les celibataires et quelle agit a ce titre comme un lieu de transition.

Contrairement a la migration de la ville centre vers la banlieue pour laquelle un fort clivage linguistique existe, notre etude a revele que la langue parlee a la maison nest pas un facteur determinant de la mobilite vers la ville centre, tout comme l'appartenance a un groupe de minorite visible. Toutefois, cela n'implique pas que la composition ethnoculturelle du voisinage n'importe pas. Le territoire de la municipality de Montreal est vaste et le choix du quartier de residence pourrait quant a lui resulter d'un arbitrage sur ces caracteristiques. Des analyses plus poussees relatives aux quartiers de destination pourraient par ailleurs montrer qu'une segregation spatiale basee sur la langue ou le statut de minorite visible existe tout de meme, puisqu'une concentration geographique basee sur ces criteres est observee (Apparicio et Seguin 2002; Apparicio, Charbonneau et Dussault 2008).

Malgre lexhaustivite de notre base de donnees, il convient de rappeler une importante limite de notre etude : la perspective statique des analyses. Seule la mobilite sur une annee est analysee. Or, la mobilite residentielle est un processus dynamique qui se prete mieux theoriquement a une analyse longitudinale. L'absence denquete sur la mobilite suivant cette perspective nous oblige toutefois a y renoncer. Des analyses temporelles et sur d'autres metropoles canadiennes permettraient de verifier si les variables agissent avec la meme intensite dans le temps et dans lespace.
ANNEXE A--Description de la population a letude1 et
proportion ayant migre de la banlieuevers Montreal

                                         POPULATION        PROPORTION
                                         VIVANT DANS          AYANT
                                        LA BANUEUE DE      MIGRE DE LA
                                         MONTREAL EN      BANLIEUE VERS
                                            2005            MONTREAL

                                              N          [per thousand]

Toute la population                       1 574 855           11,2
Age                                           %                %0
  15-19 ans                                  8,7               8,2
  20-24 ans                                  7.3              36,0
  25-29 ans                                  6,8              33,8
  30-34 ans                                  7.3              16,3
  35-39 ans                                  8.7              10,8
  40-44 ans                                 11,0               8,0
  45-49 ans                                 11,0               5,8
  50-54 ans                                  9.5               6,0
  55-59 ans                                  8.3               4,7
  60-64 ans                                  6.7               3,7
  65 ans et plus                            14.7               4,6

Structure familial                            %          [per thousand]
  Couple avec enfants                       47,5               3,4
    Au moins un enfant
      de 5 ans ou moins                     10,7               6,1
    Tous les enfants ages
      de plus de 5 ans                      36,9               2,7
  Couple sans enfant                        26,1              12,1
  Famille monoparentale                     10,1               9,8
    Au moins un enfant
      de 5 ans ou moins                      0,8              21,2
    Tous les enfants ages
      deplus de 5 ans                        9,4               8,9
  Personne seule                            16,3              33,1
Scolarite                                     %                %0
  Aucun diplome                             21,5               6,9
  Diplome detude secondaire (DES)           23.5              10,0
  Diplome superieur au DES,
    mais inferieur au                       37,1              12,0
  baccalaureat
  Diplome detudes universitaires
    egal ou superieur au                    17,9              16,0
  baccalaureat

Revenu rajuste de la
famille economique1 (2)                       %          [per thousand]
  Moins de 10 000$                           4.2              35,0
  De 10 000$ a 20 000$                      11.3              21,4
  De 20 000$ a 30 000$                      16,7              12,6
  De 30 000$ a 40 000$                      17.9              10,1
  De 40 000$ a 50 000$                      15,9               6,7
  De 50 000$ a 60 000$                      11,7               5,5
  De 60 000$ a 70 000$                       7,8               8,0
  De 70 000$ a 80 000$                       4,8               7,6
  80 000$ et plus                            9,8               7,0

Seuil de faible revenu                        %          [per thousand]
  Superieur ou egal au
     seuil de faible revenu                 90,7               9,0
  Inferieur au seuil
     de faible revenu                        9,1              33,2

Travail                                       %          [per thousand]
  Travaille                                 72,9              13,1
  Travaille dans la meme zone
    que la zone de residence                40,6               6,7
  Travaille dans une autre zone
    que la zone de residence                23,5              24,8
  Travaille a l'exterieur de la RMR          2,4               8,9
  Sans adresse de travail fixe               6,3              12,2
  Ne travaille pas                          27,1               6,0

Frequentation scolaire                        %          [per thousand]
  Ne frequente pas une ecole                80,8               9,5
  Frequente une ecole                       19,2              18,3

Statut de minorite visible                    %          [per thousand]
  Non minorite visible (NMV)                92,2              10,6
  Minorite visible (MV)                      7,8              17,7

Lieu de naissance                             %         [per thousand]
  Ne au Canada                              85,6              10,9
  Ne a letranger                            14,4              12,8

Langue parlee a la maison                     %         [per thousand]
  Francais                                  77,4              10,7
  Anglais                                   15,3              12,5
  Francais et anglais                        1,0              15,5
  Autre(s)                                   6,2              12,5

(1.) Population agee de 15 ans et plus, residant dans la
municipality de Montreal en 2005 et toujours presente dans
la region metropolitaine en 2006.

(2.) II s'agit de la valeur du revenu de la famille
economique rajustee par un facteur qui prend en compte la
composition et taille de la famille.

Source: Statistique Canada, recensement de 2006.


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Guillaume Marois and Alain Belanger

Institut national de la recherche scientifique

Centre Urbanisation Culture Societe
TABLEAU 1--Evolution de la population de la ville et de la
region metropolitaine de Montreal, 1871-2011

          VILLE                      VILLE/REGION
           (1)         REGION        METROPOLITAINE
ANNEE       N       METROPOLITAINE         %

1871     141 276          174 090             81,2
1881     189 168          223 512             84,6
1891     271 352          308 169             88,i
1901     347 817          393 665             88,4
1911     533 341           594812             89>7
1921     693 225          774 330             89.5
1931     959 198        1 064 448             90,1
1941    1 064 653       1 192 235             89,3
1951    1 247 647       1 539 308             81,1
1961    1 607 641       2 215 627             72,6
1971    1 765 553       2 743 208             64,4
1981    1 554 761       2 862 286             54.3
1991    1 553 356       3 127 242             49,7
2001    1 583 590       3 426 350             46,2
2006    1 620 693       3 635 571             44,6
2011    1 649 519       3 824 221             43,1

(1.) Selon les limites municipales de 2006

Source : Pour la region metropolitaine: Ville de Montreal,
base de donnees Adhemar, Groupe de recherche sur Montreal,
Statistique Canada; Pour la ville : ISQ

TABLEAU 2--Influence exprimee sous forme de rapport de cotes des
caracteristiques personnelles sur la migration de la banlieue
vers Montreal

                                       EFFET BRUT     EFFET NET

Intercept                                 S/O        -3,0    -3,010 ***

Age

  15-19 ans                           1,021          2,805 ***
  20-24 ans                           4,632 ***      3,962 ***
  25-29 ans                           4,335 ***      2,590 ***
  30-34 ans                           2,050 ***      1,520 ***
  35-39 ans                           1,36 **        1,229 *
  40-44 ans                           Ref            Ref
  45-49 ans                           0,727 **       0,705 **
  50-54 ans                           0,747 **       0,559 ***
  55-59 ans                           0,587 ***      0,361 ***
  60-64 ans                           0,456 ***      0,253 ***
  65 ans et plus                      0,572 ***      0,301 ***

Structure familial

  Couple avec au moins un
    enfant age de 5 ans ou moins      0,179 ***      0,104 ***
  Couple avec enfants, tous
    ages de plus de 5 ans             0,078 ***      0,063 ***
  Couple sans enfant                  0,356 ***      0,564 ***
  Famille monoparentale, au moins
    un enfant age de 5 ans ou moins   0,627 **       0,245 ***
  Famille monoparentale, tous les
    enfants ages de plus de 5 ans     0,263 ***      0,165 ***
  Personne seule                      Ref            Ref

                                      EFFETBRUT      EFFETNET

Scolarite

  Aucun diplome                       0,428 ***      0,437 ***
  Diplome detude secondaire (DES)     0,622 ***      0,583 ***
  Diplome superieur au DES, mais
    inferieur au baccalaureat         0,746 ***      0,629 ***
  Diplome detudes universitaires
    egal ou superieur
    au baccalaureat                   Ref            Ref

Frequentation scolaire
  Ne frequente pas une ecole          Ref            Ref
  Frequente une ecole                 1,951 ***      1,273 ***

Lieu de travail
  Travaille en banlieue               Ref            Ref
  Travaille a Montreal                3,764 ***      4,494 ***
  Travaille a l'exterieur de la RMR   i,345 *        1,409 **
  Sans adresse de travail fixe        1,833 ***      1,618 ***
  Ne travaille pas                    0,889 *        1,266 **

Revenu rajuste de la
  famille economique
  Moins de 10 000$                    Ref            Ref
  De 10 000$ a 20 000$                0,602 ***      0,966
  De 20 000$ a 30 000$                0,353 ***      0,618 ***
  De 30 000$ a 40 000$                0,280 ***      0,475 ***
  De 40 000$ a 50 000$                0,187 ***      0,296 ***
  De 50 000$ a 60 000$                0,153 ***      0,228 ***
  De 60 000$ a 70 000$                0,222 ***      0,314 ***
  De 70 000$ a 80 000$                0,211 ***      0,272 ***
  80 000$ et plus                     0,193 ***      0,265 ***

Statut de minorite visible
  Non minorite visible (NMV)          Ref            Ref
  Minorite visible (MV)               1,680 ***      1,005

Lieu de naissance
  Ne au Canada Ne a letranger         1,178 **       1,153 *

Langue parlee a la maison
  Francais                            Ref            Ref
  Anglais                             1,164 **       1,064
  Francais et anglais                 1,466 **       i,233
  Autre                               1,171 *        1,135

* p < 0,05

** p <0,01

*** p < 0,0001

Source : Calculs des auteurs a partir du recensement de 2006

FIGURE 1--Impact net du groupe d'age sur la probabilite de migrar de
la banlieue vers Montreal, 2005-2006

Groupe
d'age

15-19 ans   2,8 ***
20-24 ans   4,0 ***
25-29 ans   2,6 ***
30-34 ans   1,5 ***
35-39 ans   1,2 *
40-44 ans   1,0
 (ref)
45-49 ans   0,7 **
50-54 ans   0,6 ***
55-59 ans   0,4 ***
60-64 ans   0,3 ***
65 ans et   0,3 ***
 plus

* p<0,05
** p<0,01
*** p<0,0001

Source: annexe B

Note: Table made from bar graph.

FIGURE 2--Impact net de la structure familiale sur la probability
de migrer de la banlieue vers Montreal, 2005-2006

Structure familiale

                           Impact brut    Impact net

Couple avec au               0,2 ***         0,1 ***
mo insun enfant
agede 5 ans ou
moins

Coupleavec                   0,1 ***         0,1 ***
enfants, tous
ages de plus de 5
ans

Couple sans                  0,4 ***         0,6 ***
enfant

Famille                      0,6 ***         0,2 ***
mo no parent ale,
au moins un
enfant agede 5
ans ou moins

Famille                      0,3 ***         0,2 ***
mo no parent ale,
tous les enfants
ages de plus de 5
ans

Personneseule                1,2            1,0

** p<0,01

*** p<0,0001

Source: annexe B

Note: Table made from bar graph.

FIGURE 3--Impact net du revenu rajuste de la famille economique
sur la probabilite de migrer de la banlieue vers Montreal,
2005-2006

Revenu rajuste de la famille economique

Moins de 10 000$ (ref)   1,0
De 10 000$ a 20 000$)    1,0
De 20 000$ a 30 000$)    0,6 ***
De 30 000$ a 40 000$)    0,5 ***
De 40 000$ a 50 000$)    0,3 ***
De 50 000$ a 60 000$)    0,2 ***
De 60 000$ a 70 000$)    0,3 ***
De 70 000$ a 80 000$)    0,3 ***
80 000$ et plus          0,3 ***

*** p<0,0001

Source: annexe B

Note: Table made from bar graph.

FIGURE 4--Impact bru et net fait d'appartenir  aun
groupe de minorites visibles eet fait d'etre
ne hors du Canada sur la probabilite de migrer de la
banlieue vers Montreal, 2005-2006

                     Impact brut   Impact net

Appartient a un         1,7 ***        1,0
groupe de minorite
visible

Etre ne hor du          1,2 **         1,2 *
Canada

* p<0,05
** p<0,01
** p<0,0001

Source: annexe B

Note: Table made from bar graph.

FIGURE 5--Impact de la langue parlee a la maison sur la
probability de migrer de la banlieue vers Montreal, 2005-2006

Langue parlee a la maison

                     Impact brut   Impact net

Francais (ref)        1,0             1,0
Anglais               1,2 **          1,1
Francais et anglais   1,5 **          1,2
Autre                 1,2 *           1,1

* p<0,05
** p<0,01
** p<0,0001

Source: annexe B

Note: Table made from bar graph.
COPYRIGHT 2013 Institute of Urban Studies
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Article Details
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Author:Marois, Guillaume; Belanger, Alain
Publication:Canadian Journal of Urban Research
Article Type:Report
Geographic Code:1CQUE
Date:Dec 22, 2013
Words:8636
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