rime
rime
n.f. [ du frq. rîm, rang ]RIME
(ri-m') s. f.HISTORIQUE
- XIIIe s. Li sentiers de rime est plus estroiz et plus fors [que la prose], si comme cil qui est clos et fermez de murs et de paliz, ce est à dire de poinz et de numbre et de mesure certaine, de quoi on ne puet ne ne doit trespasser [BRUN. LATINI, Trésor, p. 481]À fere ce qui me delite [plaît], Une aventure à mettre en rime [, Lai de l'ombre]
- XVe s. Il n'y a rime ne raison En tout quant que vous rafardez [, Pathelin]Le chevalier, qui entendoit ceste rime [les affaires d'amour] comme celuy qui y avoit esté versé [, Perceforest, t. IV, f° 17]Lequel Guillaume respondi qu'ils ne cesseroient point et feroient la rime [le tapage] et tout le pertinent à chalivaly [DU CANGE, rima.]Rigme batelée, brisée, en chaînée, à double queue, rigme en forme de complainte amoureuse [HENRI DE CROY, dans Hist. litt. de la France, t. XXIV, p. 451]À la porte de mon logis et de ma chambre me firent plus de cent croix blanches et des rymes contenant que le roy de France et le conte de Varvic estoient tout ung [COMM., III, 6]
- XVIe s. Petrarque aussi, le Romant de la rose, Sont les messels, breviaire et psautier, Qu'en ce saint temple on list, en rithme et prose ; Et les leçons, que chanter on y ose, Ce sont rondeaux, ballades, virelais, Mots à plaisir, rithmes et triolets [MAROT, I, 184]
ÉTYMOLOGIE
- Prov. rim, s. m. rima, rime, poëme, anc. cat. rim ; espagn. portug. et ital. rima. On hésite entre le latin rhythmus, rhythme, et l'ancien haut-allemand rim, nombre ; allem. mod. Reim, rime (le mot se trouve aussi dans le celtique : ancirl. rîm ; kymri, rhif). Diez se prononce pour l'étymologie allemande, vu que rhythmus ne peut donner en italien rima ; il aurait donné rimmo ou remmo, tandis que toutes les formes romanes sortent sans peine du germanique ou celtique rîm.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- RIME. Ajoutez :
rime
Mettre en rimes, mettre en rime, Mettre en vers.
Rime masculine, Rime où la dernière syllabe accentuée n'est pas suivie d'un e muet. Rime féminine, Rime où la dernière syllabe accentuée est suivie d'un e muet.
Rime riche, Rime pourvue de la consonne dite d'appui. Rime suffisante, Rime qui n'est pas pourvue de la consonne d'appui.
Rimes plates, Celles qui se suivent sans s'entrelacer à d'autres. Rimes croisées, Rimes masculines et féminines entrelacées. Rimes embrassées, Deux rimes masculines comprises entre deux rimes féminines, ou inversement.
Rimes redoublées se dit quand plus de deux vers ont la même rime.
Fig. et fam., Il n'y a ni rime ni raison dans tout ce qu'il dit, dans tout ce qu'il fait, Il n'y a point de bon sens dans ce qu'il dit, dans ce qu'il fait. Tout ce qu'il propose est sans rime ni raison. Se plaindre sans rime ni raison.
RIMES au pluriel s'emploie pour signifier Vers. Je vous envoie mes rimes. Dans ses rimes légères, il a chanté le vin et l'amour. Il est vieux.
rime
Rime, f. penac. Est consonance en terminaison finale de deux ou plusieurs vers mesurez entiers ou brisez, s'entresuyvans ou intervallez, comme, Des grands forests la frayeuse espaisseur, Toy Dieu devant, m'estoit claire lueur. et, Aux assaults qu'elle me livre, Ne puis vivre, et, Comme en ces temples devots, et comme si toutes choses, Pesle mesle estoient rencloses Dedans leur premier caos, Laquelle rime est usitée és poëmes des langues vulgaires, Françoise, Espagnole, Italiene et autres de telle facture. On tient ce mot venir de ce Grec rhuthmos. Lequel signifie aussi consonance et mesme son de terminaison et cadence de deux ou plusieurs membres d'un periode, et selon cela il faudroit l'escrire par y Grec, Ryme. Car de dire qu'il vienne de Arithmos, qui signifie nombre, pource que certain nombre de syllabes est observé, retenu et suyvi en telles Rimes, cela n'approche en rien la signification que nous donnons à ce mot Ryme, et pour ce regard il ne se faudroit despartir dudit mot rhuthmos, car il signifie aussi nombre. Selon ce on dit escrire en rime, Rythmice scribere. Aucuns disent que les anciens poëtes Provensaulx ont voulu donner à entendre que c'est que Ryme, par ces deux mots couplez ensemble, son et mot; et alleguent à ceste fin Pierre d'Auvergne en une de ses chansons: Cui bon vers agrad'ausir, De mi conseilh he que 'l escout, Aquest que ora comens à dir, que pos li er'sos cors assis, Deu ben entendre 'l son e 'ls mots: Et Arnauld Daniel en une sienne chanson: Mas amors mi assauta, Qu'ils mots ab lo son accorda: Et Jaufré Rudel, aussi en une sienne chanson: No sap chantar qu'il so non dis, Ni vers trobar qu'ils mots non fa. Et ce vers de Aymeric de Belenuci: Per ço non puese mots ni sos accordar, Laquelle opinion n'est pas sans raison. Rime en ce proverbe François, Il n'y a rime ne raison, signifie verisimilitude, suyte, illation, ordre, consequence, convenance, correspondance, comme, Il n'y a rime ne raison en ce que vous dites et faites, Absonum, absurdum, haud verisimile, dissitum, inordinatum, non cohaerens ac rationis iudiciique expers est quod dicis ac facis, Rimes en pluriel, se prend pour les vers et poëmes mesmes qui sont faits en rime, ce que l'Italien observe exactement, disant, Le Rime del Bembo, del firenzuola, Et comprend soubs ce mot toute sorte de rime, sonets, chansons, madrigauls, sestines, tiercets, et autres, mettant à l'opposite ce mot prose, comme Le prose del Bembo, del firenzuola, Par lequel il entend la composition vulgaire qui n'est en Rime, ce que Marot en une de ses Epistres au Roy a observé en ce vers, Afin qu'on die en prose, ou en rimant, Le François à present n'a pas en frequent usage ce mot en pluriel, Rimes, pour les vers ou oeuvres faites en rime, ce qu'il avoit neantmoins anciennement. Marot en une Epistre au Roy le prent en ceste signification. Car vous trouvez assez de rime ailleurs et, Mais moy à tout ma rime et ma rimaille. et, Elle prendra plaisir en rime oyant.