Taxis volants : pourquoi le projet, validé par le gouvernement, suscite une large opposition

Alors que le sujet des taxis volants est au coeur des débats depuis des mois, le gouvernement vient de donner son feu vert à l'exploitation d'une plateforme à Paris. Une décision vivement critiquée.

Un appareil de Volocopter, taxi volant qui pourrait circuler dans les airs de Paris pour les JO (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)
Un appareil de Volocopter, taxi volant qui pourrait circuler dans les airs de Paris pour les JO (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

Attendu depuis plusieurs mois, le feu vert est donné à quelques jours de la fin de l'actuel gouvernement. Dans le Journal officiel paru ce mardi, l’exécutif donne son accord à la création d’une plateforme pour les taxis volants à Paris. Celle-ci, déjà en préparation, est amarrée sur le quai d'Austerlitz, dans le XIIIe arrondissement.

Une décision prise alors que le gouvernement vit sans doute ses derniers jours et qui suscitent la colère à la mairie de Paris. "Nous allons employer tous les leviers juridiques en notre possession pour bloquer ce projet", réagit Dan Lert, adjoint en charge du développement durable à Paris.

"Le décret paru ce matin officialise le vertiport amarré quai d’Austerlitz et nous n’en voulons pas. Tout le Conseil de Paris s’est opposé à ce projet de taxi volants pour ultra riches. La parution de ce décret ce matin, c’est un passage en force d’un gouvernement démissionnaire". Des propos répétés par David Belliard sur France Bleu ce mardi, qui dénonce ", le dernier cadeau du gouvernement à quelques copains".

Un accord donné à un projet à certaines conditions : la plateforme prendre fin le "31 décembre 2024 au plus tard". Un quota de vols sur la période est fixé : pas plus de 900 vols "entre 8 heures et 17 heures". Le projet suscite, depuis des mois des leviers de boucliers, notamment au niveau local.

Un projet qui suscite une large opposition jusqu'au niveau ultra-local : Jérôme Coumet, maire du XIIIe arrondissement où se situe le vertiport d'Austerlitz, partage sa colère : "Notre pays traverse une crise majeure, mais l’urgence est de céder aux lobbys, contre les élus locaux et contre les citoyens", écrit-il sur Facebook. Une opposition qui s'est également matérialisée par une pétition réunissant 15 750 signatures ainsi qu'un courrier au Ministre signé due collectif "Taxis volants non merci". En vain donc.

Dans Ouest France samedi, le PDG d'ADP lançait une invitation à Emmanuel Macron : "s’il souhaitait être le premier Européen à voler sur ce type de véhicule, en conditions réelles, au moment des JO, il serait le bienvenu".

Chose rare, le dossier a même mis d'accord élus de la majorité comme de l'opposition de droite au Conseil de Paris, tous fustigeant une aberration écologique.

En septembre 2023, l’Autorité environnementale avait rendu un avis défavorable concernant la ligne Austerlitz-Issy. À l’époque, l’instance indépendante avait demandé au groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens d’Orly, Roissy, du Bourget, et opérateur des taxis volants, de revoir sa copie. Pour expliquer son refus, l’Autorité environnementale avait estimé "incomplète" l’étude d’impact du vertiport parisien, jugeant les appareils trop bruyants et pas assez sobres.

Il consomme 12 fois plus d’énergie qu’une voiture électrique et émet ainsi à l’utilisation l’équivalent d’une voiture thermique. Il est également bruyant, de l’ordre de 70dB, c’est-à-dire un niveau largement suffisant pour avoir des effets sérieux sur la santé humaine.

En février dernier, le commissaire chargé de mener une enquête publique estimait qu’une plate-forme d’atterrissage et de décollage à Paris pour les taxis volants générerait trop d’inconvénients, rendant un avis défavorable, mais uniquement consultatif.

Le projet "ne présente pas d'intérêt a priori si elle est centrée sur des vols commerciaux correspondant à un mode de transport qui, dans les transports franciliens, ne peut offrir d'alternative aux modes actuels ni participer à une décongestion du trafic". "Je considère que les gains potentiellement apportés par le projet ne justifient pas les inconvénients qui seront supportés pendant l'expérimentation", a ajouté l'enquêteur. Seul point positif retenu, en cas d'utilisation à des fins médicales en lieu et place d'ambulances ou d'hélicoptères.

Initialement, le projet était de transporter une clientèle payante pendant les JO, prévus à partir u 26 juillet et donc de profiter du rayonnement international de la compétition. Mais en l’absence de certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne, seuls des vols de démonstration, avec des passagers gratuits, sont envisageables.

"Nous espérons avoir la certification le 8 décembre 2024 pour la réouverture de Notre-Dame puisque notre “vertiport” est amarré à proximité de la cathédrale", a confié samedi à Ouest France Augustin de Romanet, PDG d’Aéroports de Paris.

Plusieurs lignes sont envisagées, notamment une reliant l'aéroport de Roissy à la ville de Paris en passant par l'aéroport du Bourget. Coût du voyage : environ 110 euros, soit deux fois plus qu'en taxi, et 10 fois plus qu'en transports en commun.