The Ichinose Family's Deadly Sins - Critique

Désacralisation de la famille, le manga.

La famille Ichinose, c'est quelque chose. Quand vous pensez avoir compris, eh bien, ce n'est pas ça en fait. Ou bien si, mais avec autre chose ? Bah vous verrez bien. La série terminée au Japon dont on parlait déjà au lancement sur Manga+ débarque en tomes chez nous via Kana. L'auteur de Takopi revient avec la même folie et un sujet percutant assez identique, la famille, qu'il décortique sans concession sur ce qui est moche ou beau.

Deux tomes de The Ichinose Family's Deadly Sins sont à présent disponibles dans vos librairies, et on comprendra aisément pourquoi Kana a choisi de livrer directement une bonne dose d'un manga qui en compte six au final, que l'on a lu sur Manga+ (ce qui nous permet de vous faire la critique complète). Oui vous avez déjà un tiers de l'oeuvre entre les mains, mais il faut bien cela pour devenir accroc aux cliffhangers et aux retournements de situation que nous pond Taizan5 comme une poule cocainomane.

The Ichinose Family, c'est l'histoire de Tsubasa Ichinose qui se réveille à l'hopital en ayant perdu la mémoire. Fait amusant (?), toute sa famille a aussi perdu la mémoire : ses grand-parents, ses parents, son grand frère et sa petite soeur. Ils sont sept en tous, comme les pêchés capitaux, mais on laisse découvrir si c'est important ou non. Cette situation encore et toujours plus étrange, part tellement moins dans l'aberration qu'elle en fait le tour pour revenir à la normalité.

Taizan5 n'a pas perdu sa capacité à dessiner de grosses larmes.

Parce que derrière les événements mystérieux de The Ichinose Family, il y a bien entendu des choses très normales, très banales, autour de la famille et tout ce que ça implique : la pression, l'abandon, le manque de considération, la jalousie, l'indifférence, etc. Autant de perversions de ce qu'on veut nous faire croire être l'idéal de la famille, et qui provoquent en effet boule de neige d'autres problèmes extérieurs comme le harcèlement, l'infidélité, etc. Donc oui, The Ichinose Family est aussi sombre que Takopi, mais on note aussi moins de pathos et un traitement affiné de chaque point sensible, voir de la scénarisation générale... Et un peu plus d'espoir au final.

Le trait lui aussi est affiné, et Taizan5 n'a pas perdu sa capacité à dessiner de grosses larmes. Ses personnages sont particulièrement expressifs, et les décors sont sacrément travaillés, souvent pour cacher des indices dans une myriade de détails. Il a vraiment son propre style déjà reconnaissable, ce qui est un bon point quand on dessine des mangas aussi percutants : un coup d'oeil suffit à prendre une position de lecture défensive.

Verdict

Le scénario alambiqué de Taizan5 nous perd parfois totalement, et c'est normal. Et parfois il se perd aussi un peu lui-même et cà, c'est un peu plus dommage. Heureusement le format assez court de cette expérimentation sociale en manga permet à la narration de retomber sur ses pieds assez vite en cas de problème, parfois en passant à autre chose rapidement. Au moins, nous avons un tableau un peu moins tragique que dans Takopi du sujet choisi : la famille, ses frasques, ses problèmes, ses avantages, son importance malgré tout. Tout ce qu'elle offre et tout ce qu'elle exige... Et encore, ce n'est qu'une facette, brillament traitée.

Critique The Ichinose Family's Deadly Sins : désacralisation de la famille, le manga

8
Très bon
La folie de l'auteur Taizan5 au service d'une démontage d'une structure sociale aussi complexe qu'absurde : la famille. Un étonnant foutoir (comme son sujet).
The Ichinose Family's Deadly Sins